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25. (1812) Essai sur la comédie, suivi d’analyses du Misanthrope et du Tartuffe pp. 4-32

Quel sujet sera assez fécond pour lui fournir ces aperçus profonds, ces saillies qui décèlent de nouvelles découvertes dans le cœur humain ? […] Par ce moyen, il a produit des beautés du premier ordre et multiplié les effets ; mais en même temps, il a toujours su fixer l’attention du spectateur sur le sujet principal ? […] Le dénouement que les anciens appelaient catastrophe, est l’instant où tout s’explique, se découvre, s’éclaircit : il faut qu’il naisse, qu’il découle du sujet même. […] L’auteur a alors plus de facilité pour développer et faire connaître son sujet. […] Des difficultés sans nombre entouraient ce sujet : comment peindre la fausse dévotion sans alarmer la véritable, la première prenant adroitement le masque de l’autre ?

26. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du point où doit commencer l’action d’une fable comique. » pp. 172-177

« Après qu’un Auteur aura choisi son sujet, il faut qu’il se souvienne de prendre l’action qu’il veut mettre sur le théâtre à son dernier point, &, s’il faut ainsi dire, à son dernier moment ; & qu’il croie, pourvu qu’il n’ait point l’esprit stérile, que moins il aura de matiere empruntée, plus il aura de liberté pour en inventer d’agréable ; &, à toute extrémité, qu’il se restreigne jusqu’à n’en avoir en apparence que pour faire un acte : les choses passées lui fourniront assez pour remplir les autres, soit par récits, soit en rapprochant les événements de l’histoire, soit par quelques ingénieuses inventions ». M. l’Abbé d’Aubignac parle un peu lestement sur un sujet aussi délicat. […] Je défie qu’on puisse établir des loix bien positives sur un sujet pareil. […] Il a fait à ce sujet l’épigramme suivante : sur l’air de Joconde.

27. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. De l’Action, du Nœud, des Incidents. » pp. 165-171

Ils doivent premiérement naître naturellement du fond du sujet. […] Il ne suffit pas que les incidents tiennent naturellement au sujet, il faut encore qu’ils se préparent mutuellement, & qu’ils naissent l’un de l’autre ; que la chaîne qui les lie parte du même point. […] Il n’est pas nécessaire de faire une récapitulation de ces incidents pour prouver qu’ils tiennent tous naturellement au fond du sujet ; qu’ils sont accrochés l’un à l’autre, & qu’ils se donnent mutuellement naissance. […] Les incidents ont beau naître d’un sujet, être accrochés les uns aux autres, ou terminés naturellement, ils ne donnent point une marche rapide à l’action, s’ils n’ont pas le mérite de la variété, c’est-à-dire, s’ils ne sont alternativement heureux & malheureux.

28. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

Il n’y en a pas moins dans le Dépit amoureux : le sujet est absolument incroyable. […] Il est vrai, j’ai sujet d’en être réjoui. […] Mais comme le peuple est partout le même, ce sujet n’eut pas moins de succès à Paris sur le théâtre d’Arlequin. […] Si j’ai cru devoir réfuter Rousseau au sujet du Misanthrope, je crois devoir convenir qu’il a raison sur George Dandin, dont il trouve le sujet immoral. […] On s’aperçut de toutes les ressources que Molière avait tirées de son génie pour enrichir l’indigence de son sujet.

29. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Prologues. » pp. 118-138

Il lui communiqua plusieurs sujets de comédies presque finies, entre autres, ceux du Joueur & d’Attendez-moi sous l’orme, dans le dessein de les achever ensemble ; mais Regnard, qui sentoit la valeur de cette premiere piece surtout, amusa son ami, y fit quelques changements, la mit en vers, & la donna aux comédiens sous son nom : ce fait est connu. […] Je prétends te prouver qu’elles n’ont rien de semblable que le fond du sujet, & deux ou trois idées de scenes qui se sont trouvées dans les mémoires que l’un des deux Auteurs a dérobés à l’autre. […] Prologues qui instruisent les spectateurs du sujet, de l’intrigue, du dénouement d’une piece, &c. […] Si je trouve ridicule qu’on m’expose l’avant-scene avant que la piece commence, je dois bien plus blâmer les Auteurs qui m’instruisent à fond du sujet, de l’intrigue & du dénouement. […] Pour cet effet il ébauche grossiérement tous ses sujets en vers alexandrins, & peu à peu, corrigeant son ouvrage, il corrompt avec soin la cadence des vers, & parvient à réduire le tout en prose très naturelle.

30. (1739) Vie de Molière

Il semblait qu’un sujet ainsi traité ne dût fournir qu’un acte. Mais c’est le caractère du vrai génie, de répandre sa fécondité sur un sujet stérile, et de varier ce qui semble uniforme. […] Molière voulut aussi traiter ce bizarre sujet. […] Le sujet du Misanthrope a réussi chez toutes les nations longtemps avant Molière, et après lui. […] Il s’est fait à lui-même un sujet stérile, privé d’action, dénué d’intérêt.

31. (1824) Notices des œuvres de Molière (VIII) : Le Bourgeois gentilhomme ; Psyché ; Les Fourberies de Scapin pp. 186-466

Molière s’empara de ces deux sujets : il fit de l’un George Dandin, et de l’autre Le Bourgeois gentilhomme. […] Ce fut probablement cette publication qui donna à Molière l’idée de traiter ce sujet si propre, satisfaire les intentions du monarque, ce sujet qui, comme a dit ingénieusement Lamotte, « eût pu faire inventer l’opéra ». […] L’ouvrage plut, le sujet devint populaire, et dès lors le théâtre ne devait pas tarder à s’en emparer. […] Peut-être se faisait-il un scrupule respectueux d’avoir traité un sujet auquel son oncle, le grand Corneille, avait mis la main, et voulait-il, au moins, que d’autres ne pussent pas lui reprocher cette espèce de témérité. […] Auteur du plan tout entier, Molière, jeté, pour ainsi dire, par un ordre suprême, hors de sa sphère accoutumée, ne put déployer, dans ce sujet merveilleux, héroïque et galant, aucune des ressources de son génie.

32. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. M. PALISSOT. » pp. 297-316

Ressemblance dans le fond du sujet & de l’intrigue. […] « Le sujet de cette bagatelle est tiré des Contes Arabes, connus sous le nom des Mille & une Nuits. […] Le reste de la piece n’est que le sujet même mis en dialogue : on a cru devoir conserver jusqu’aux expressions, qui dans l’original sont en effet aussi plaisantes qu’elles puissent l’être ». […] Nous avons dit à ce sujet, dans le troisieme volume, que la scene de Moliere étoit imitée du Phormion de Térence : celle qui suit leur ressemble un peu. […] Cette piece étoit en deux actes lorsqu’on la représenta : on dit dans un avis de l’Editeur : « L’Auteur a revu cette piece & l’a augmentée d’un acte que lui fournissoit son sujet.

33. (1820) Notices des œuvres de Molière (V) : L’Amour médecin ; Le Misanthrope ; Le Médecin malgré lui ; Mélicerte ; La Pastorale comique pp. 75-436

Quelques motifs de scènes de L’Amour médecin ont été transportés par Molière dans Le Médecin malgré lui, et Regnard a pris le sujet de la pièce pour en faire ses Folies amoureuses. […] Chef zélé d’une troupe de comédiens, il avait consenti, pour l’intérêt de son théâtre, à traiter le monstrueux sujet du Festin de Pierre. […] Le sujet du Médecin malgré lui est une ancienne historiette qui se trouve en divers endroits, et dont il est impossible d’assigner la source première. […] Le roi voulut bien s’en contenter ; et Molière, heureux d’en être quitte à ce prix, abandonna sans peine un ingrat et fade sujet qu’il n’avait sûrement pas entamé sans répugnance. […] Il mit en vers irréguliers les deux actes que Molière avait laissés, et il y ajouta un troisième acte entièrement de sa façon, dont il avait pris le sujet dans l’épisode de Sésostris et de Timarète, du roman de Cyrus, de mademoiselle de Scudéry.

34. (1725) Vie de l’auteur (Les Œuvres de Monsieur de Molière) [graphies originales] pp. 8-116

Perrault* nous fait un conte à ce sujet. […] Mais je sai par de très-bons Memoires qu’on ne lui a jamais donné de sujets. […] Baron a toûjours été de ces sujets heureux qui touchent à la premiere vuë. […] C’est pour cela qu’il choisit pour sujet le Misantrope qui ne fut representé qu’au mois de Juin 1666. […] Où a-t-il été déterrer, ajoûtoit M. le Comte de... ces sottes Femmes, sur lesquelles il a travaillé aussi serieusement que sur un bon sujet ?

35. (1819) Notices des œuvres de Molière (III) : L’École des femmes ; La Critique de l’École des femmes ; L’Impromptu de Versailles ; Le Mariage forcé pp. 164-421

une suite de récits faits au même personnage, sur le même sujet, par le même interlocuteur. […] Plusieurs sortes d’invraisemblances résultaient nécessairement du sujet de L’École des femmes. […] Tels étaient les inconvénients inévitables du sujet. […] ce titre alors, au lieu de donner une idée du sujet, ne ferait que rappeler une des moindres circonstances de la pièce. […] Brécourt fut un très grand comédien et un très mauvais sujet.

36. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. Des Actes. » pp. 274-288

Ce joug volontaire que les Auteurs s’imposoient, étoit aussi ridicule qu’embarrassant, parcequ’il est des sujets qui, féconds ou stériles par eux-mêmes, peuvent fournir beaucoup ou bien peu à l’Auteur. […] Mais tel qui en fait bien cinq avec un sujet passable, peut avoir le bonheur d’en trouver un qui ne lui permette pas de se resserrer dans les bornes ordinaires. […] L’essentiel est de bien posséder son sujet avant que de distribuer les actes. […] Diafoirus, parceque les grains de sel égrugé & tels qu’on les met dans un œuf, sont à-peu-près de la même grosseur, & que les scenes sont tantôt longues, tantôt courtes, selon leur sujet, le caprice de l’Auteur ou celui de sa Muse. […] Pour se passer de conseils sur un sujet pareil, il ne faut avoir que très peu de lecture, le goût le plus ordinaire & l’ombre du bon sens.

37. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIX. Des Caracteres propres aux personnes d’un certain rang seulement. » pp. 312-327

J’ai dit ailleurs que nombre d’Auteurs, entraînés par la vanité de prouver ou de faire croire qu’ils vivent dans le grand monde, craindroient de passer pour des roturiers s’ils ne puisoient leurs sujets & leurs caracteres chez nos demi-Dieux. […] Ces farces dont le sujet éternel est le train de vie des gens de mauvaises mœurs, sont autant contre les regles que contre les bienséances. […] Chaque femme n’a-t-elle pas sujet de crier lorsqu’elle a un mari qui perd son temps, qui néglige sa maison, & qui laisse souffrir sa femme & ses enfants ? […] Don Fernand, sujet du Roi de Castille, non content d’être le favori de son maître, de voir son frere premier Ministre, d’avoir obtenu pour son pere la dignité de Grand de la premiere classe, forme encore le projet téméraire de s’allier à son Souverain, de partager avec lui l’autorité, de tenir sa grandeur moins de ses faveurs que de la nécessité, & de se préparer par là des moyens surs de pouvoir être ingrat sans danger. […] Que le Lecteur décide ; mais qu’il songe auparavant, qu’il y a dans tous les pays dix mille fous qui s’avisent de crier à tort & à travers contre les Ministres, & qu’il n’y a pas dans toutes les Cours du monde deux sujets qui soient assez extravagants pour vouloir s’allier à leur maître.

38. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. » pp. 274-278

Bien des personnes prétendent que Moliere doit aussi le sujet de cette comédie aux Italiens ; &, pour appuyer leur sentiment, elles citent une lettre manuscrite de M. de Tralage, qui se trouve à la Bibliotheque de S. […] La lettre est conçue en ces termes : Lettre de M. de Tralage au sujet du Misanthrope. […] de Tralage qui parle) que Moliere, qui étoit de ses amis, l’ayant un jour rencontré dans le jardin du Palais Royal, après avoir parlé des nouvelles de théâtre & autres, le même sieur Angelo dit à Moliere qu’il avoit vu représenter en Italie, à Naples, une piece intitulée le Misanthrope, & que l’on devroit traiter ce sujet.

39. (1697) Poquelin (Dictionnaire historique, 1re éd.) [graphies originales] pp. 870-873

Il ne faudroit pas s’étonner qu’il ait si bien réussi à representer les desordres des mauvais menages, & les chagrins des maris jaloux, ou qui ont sujet de l’être ; car on assûre qu’il savoit (C) cela par expérience autant qu’homme du monde. […] Moliere n’est pas sujet à ce contre-tems : nous savons à qui il en veut, & nous sentons facilement s’il peint bien le ridicule de nôtre siecle ; rien ne nous échape de tout ce qui lui réüssit. […] (C) Qu’il savoit par expérience les chagrins des maris jaloux, ou qui ont sujet.] […] Il s’empressa fort à la faire revenir, en la conjurant de considerer que l’amour seul avoit causé son emportement, & qu’elle pouvoit juger du pouvoir qu’elle avoit sur son esprit, puis que malgré tous les sujets qu’il avoit de se plaindre d’elle, il étoit prêt de lui pardonner, pourveu qu’elle eût une conduite plus reservée. […] Il y rêvoit un jour dans son jardin d’Auteuil, quand un de ses amis nommé Chapelle, qui s’y venoit promener par hazard, l’aborda, & le trouva plus inquiet que de coutume : il lui en demanda plusieurs fois le sujet.

40. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLI. Des Episodes. Maniere de les lier aux Caracteres principaux, & de placer les Caracteres accessoires. Embonpoint d’une Piece. » pp. 475-492

Les autres semblent ne le savoir que pour amener, tant bien que mal, des épisodes, sans prendre la peine de les coudre à leurs sujets, ou pour en choisir qui sont incompatibles avec eux. […] L’autre maniere est de coudre à son sujet quelques personnages qui aient part à l’intrigue. […] Et pourquoi Moliere, en traitant le même sujet, l’a-t-il, pour ainsi dire, épuisé ? […] Si les Auteurs dramatiques, lorsqu’ils n’ont qu’une bonne scene à placer dans un acte, convenoient du moins avec courage que leurs forces ne s’étendent pas plus loin, s’ils ne nous donnoient qu’un acte composé d’une seule scene ou de deux, comme Plaute dans sa Persane, ils feroient un bien petit mal : mais ils ne veulent pas avouer leur foiblesse ; ils se croiroient déshonorés si leurs pieces n’avoient pas cinq actes, leurs actes cinq scenes, & leurs scenes une certaine longueur ; de sorte que pour faire disparoître les lacunes que laisse le génie, il faut appeller au secours l’esprit, qui les remplit à son ordinaire avec des sentences, des madrigaux, des épigrammes, des pointes, des exclamations, des dissertations amoureuses ou philosophiques, des scenes détachées, des personnages étrangers au sujet, des caracteres qui n’ont aucun rapport avec le principal. […] Dans le temps où les drames n’avoient pour but & pour sujet que la gloire de Bacchus, Phrinicus, disciple de Thesphis, & quelques autres, à l’exemple de leur maître, insérerent dans leurs pieces des vers qui n’étoient point à la louange de Bacchus.

41. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

L’antiquité lui offrait ce sujet ; il s’en empara et laissa loin derrière lui son modèle. […] Voilà, dans cette seule scène, tous les personnages connus et le sujet de l’action même indiqué. […] Il y a le dénouement de l’action ; il y a aussi le dénouement du sujet, c’est-à-dire de la partie comique et morale de l’ouvrage. […] Si l’Italie en était crue, c’est à son théâtre que Molière devrait presque tous les sujets dont il a enrichi le nôtre. […] Ce sujet était Molière et son génie : je m’estimerai trop heureux si l’image que j’en ai tracée n’est pas jugée tout-à-fait indigne du modèle.

42. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Presque tous les historiens de la vie de Molière et ses commentateurs prétendent que ce furent ses camarades qui, séduits par la vogue qu’avait obtenue le nouvel ouvrage, l’engagèrent à s’emparer de ce sujet, et qu’il ne céda qu’avec une extrême répugnance à leurs sollicitations. […] tu serais sujet à la tentation ! […] Ce nom de Tartuffe a été un sujet de longues investigations pour les érudits, qui, en général, s’occupent beaucoup plus des mots que des choses. […] L’exempt le terminait en disant que l’hypocrisie était autant en horreur dans l’esprit du roi quelle était accréditée parmi ses sujets. […] s’écrie à ce sujet M.

43. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Regnard imitateur comparé avec la Bruyere, Plaute, & la nature. » pp. 5-50

Nous avons déja dit ailleurs qu’on accuse l’Auteur d’avoir pris ce sujet à Dufresny. […] Le sujet est tiré de la Mostellaria de Plaute, qui l’avoit imitée de Ménandre. […] Le sujet est très mince, & tout-à-fait usé : on peut dire que M.  […] Quel sujet ?... […] Quel sujet ?...

44. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

De ce moment, le théâtre italien prend aux yeux de l’histoire un intérêt d’une autre sorte ; mais il perd celui qu’il offrait pour le sujet qui nous occupe principalement ; ou plutôt la thèse se retourne pour ainsi dire : les Italiens nous imitèrent à leur tour. […] Il suffit de lire l’analyse que donnent de ce scénario les auteurs de l’Histoire de l’ancien théâtre italien, pour se convaincre que les traits de ressemblance qu’il présente avec la fameuse comédie sont d’abord tout à fait insignifiants, qu’en outre ils ne tiennent nullement, dans la farce italienne, au fond du sujet et y semblent au contraire introduits après coup ; d’où l’on peut conclure à peu près certainement que Il Basilico di Bernagasso s’est enrichi de ces traits aux dépens du Tartuffe. […] Il souffrait déjà depuis quelque temps, si l’on s’en rapporte à une anecdote qui courut à son sujet. […] Une foule extraordinaire de toutes sortes de personnes accompagna son corps jusques dans l’église de Saint-Eustache, où il fut inhumé avec une grande pompe, le huitième décembre 1694. » Arlequin enterré derrière le chœur, vis-à-vis la chapelle de la Vierge ; Scaramouche inhumé dans l’église Saint-Eustache en grande pompe ; on ne peut s’empêcher, en lisant ces mots, de songer au convoi de Molière, qui n’avait pas eu le temps de renoncer au théâtre, et qui fut conduit silencieusement, à neuf heures du soir, tout droit au petit cimetière de Saint-Joseph : contraste pénible et sujet d’immortel regret.

45. (1874) Leçon d’ouverture du cours de littérature française. Introduction au théâtre de Molière pp. 3-35

C’est, messieurs, ce caractère universel du théâtre de Molière et son intarissable popularité qui m’ont porté à le choisir pour sujet de nos premières études. […] Les sculptures et les vitraux de leurs cathédrales reproduisaient, sous mille formes, à la fois inspirées et naïves ou souvent même grotesques, les légendes sacrées ; et les peintres, à leur tour, en faisaient le sujet de leurs tableaux. […] Quant à l’imperfection de leur mécanisme théâtral, elle est d’autant plus sensible que les données même de leurs sujets les obligeaient à de multiples changements de décors. […] Je doute que ces plates inventions, sauf une ou deux peut-être, aient été jamais représentées : en tous cas elles n’offrent rien qui intéresse notre sujet. […] Vous en connaissez le sujet, que, pour clore notre séance, je vous rappellerai en peu de mots.

46. (1730) Poquelin (Dictionnaire historique, 4e éd.) [graphies originales] pp. 787-790

Il ne faudroit pas s’étonner qu’il ait si bien réussi à representer les desordres des mauvais ménages, & les chagrins des maris jaloux, ou qui ont sujet de l’être ; car on assûre qu’il savoit cela par expérience autant qu’homme du monde (C). […] Moliere n’est pas sujet à ce contre-tems : nous savons à qui il en veut, & nous sentons facilement s’il peint bien le ridicule de notre Siecle : rien ne nous échape de tout ce qui lui réussit. […] (C) On assûre qu’il savoit par expérience les chagrins des maris jaloux, ou qui ont sujet de l’être.] […] Il y rêvoit un jour dans son jardin d’Auteuil, quand un de ses amis nommé Chapelle, qui s’y venoit promener par hazard, l’aborda, & le trouva plus inquiet que de coutume : il lui en demanda plusieurs fois le sujet. […] ] Voici ce que j’ai trouvé sur ce sujet dans un Ouvrage de Mr. 

47. (1769) Éloge de Molière pp. 1-35

Je n’entrerai point à ce sujet dans une discussion où je serais à coup sûr contredit, quelque parti que je prisse. […] Toutefois je n’oublierai pas que je parle de Comédie ; je ne cacherai point la simplicité de mon sujet sous l’emphase monotone du Panégyrique, et je n’imiterai pas les Comédiens Français, qui ont fait peindre Molière sous l’habit d’Auguste. […] Chaque sujet n’emporte avec lui qu’un certain nombre de sentiments à produire, de vérités à développer, et Molière ne peut donner toutes les leçons à la fois. […] Telle est la richesse de mon sujet, qu’on imputera sans doute à l’oubli les sacrifices que je fais à la précision. […] de plus aride en apparence que le sujet des Femmes savantes ?

48. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

La plus aisée, qui cependant a ses difficultés, est de semer les moralités dans les détails, quand le sujet ne permet pas de faire mieux. […] Une piece peut être morale par le fond du sujet. […] De tous les sujets traités au théâtre, il n’en est pas un seul qui dût naturellement fournir plus de morale. […] Le reste de la piece est rempli par un roman presque étranger au sujet annoncé. […] Mais si on ne reproche rien à la conduite & au style, on se soulevera un peu contre le sujet même de la piece.

49. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Vers & de la Prose dans les Comédies. » pp. 103-117

Les Auteurs qui se bornent à faire des drames, parcequ’ils trouvent très commode de prendre dans un roman le fond de leur sujet, les scenes presque dialoguées, & les situations toutes marquées, trouvent encore plus commode de pouvoir transporter tout cela sur la scene sans prendre la peine de faire des vers, & ne manquent pas de s’écrier que la prose est plus naturelle. […] Toutes ces pieces peuvent être également bonnes en vers & en prose ; mais il faut que l’Auteur sache moduler sa prose & ses vers sur le ton du sujet qu’il traite. […] La prose, dans le Médecin malgré lui, dans l’Avare & dans la Princesse d’Elide, a un ton différent & conforme à chacun de ces trois sujets. […] le vice de leur sujet, de leur intrigue, de leur contexture, est masqué par le charme de quelques riens bien versifiés : on applaudit, l’Auteur croit avoir une maniere à lui, il se jette dans la carriere facile qui lui a valu quelque ombre de succès, & il la suit si bien qu’il s’éloigne toujours de la bonne.

50. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXV. Du contraste des Caracteres. » pp. 386-397

« D’ailleurs, si les deux personnages contrastants étoient dessinés avec la même force, ils rendroient le sujet du drame équivoque ». […] Si les deux personnages contrastants sont de la même force, le titre de la piece doit annoncer leurs deux caracteres ; & le sujet n’a plus le mérite de l’unité. […] « Oui : mais qu’un homme de génie s’en empare, qu’il donne à Philinte autant de sang froid, de fermeté, d’éloquence, d’honnêteté, d’amour pour les hommes, d’indulgence pour leur foiblesse, qu’un ami véritable du genre humain en doit avoir ; & tout-à-coup, sans toucher au discours d’Alceste, vous verrez le sujet de la piece devenir incertain. […] Je m’étendrai davantage là-dessus quand il sera question de l’art d’épuiser un sujet.

51. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. » pp. 71-105

Le même sujet a été traité en Espagne & en Italie. […]   Cette piece ne réussit point ; & on le croira sans peine, pour peu qu’on réfléchisse sur le fond du sujet & la nature des incidents, même sur le genre de l’ouvrage. […] La jalousie du Prince prend de nouvelles forces ; il reste anéanti, & fait avec Delmire la belle scene qui sans doute a séduit Moliere, & lui a donné l’envie de transporter le sujet italien sur son théâtre. […] Non, je ne pourrois employer aucun de ces prétextes sans offenser la vérité : au contraire, je veux augmenter la force de tes soupçons & de tes emportements, te fournir de nouveaux sujets de me croire coupable. […] Jusques-là le changement est heureux ; mais quelle peine ne faut-il pas pour deviner comment le Roi de Castille a pu persuader à ses sujets que Don Silve étoit Don Alphonse son fils ?

52. (1800) Des comiques d’un ordre inférieur dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VII) pp. 294-331

Dans ce genre de pièces, qu’on appelle improprement épisodiques, et qui seraient mieux nommées pièces à épisodes, le Mercure galant était un des sujets les mieux choisis : aucun autre ne pouvait lui fournir un plus grand nombre d’originaux faits pour un cadre comique. […] Le sujet est de Plante : nous avons vu, à l’article de ce poète latin, combien il est resté au-dessous de son imitateur: celui-ci multiplie bien davantage les méprises, et met à de bien plus grandes épreuves la patience du Ménecline campagnard. […] Les scènes épisodiques du Gascon et du tailleur sont dignes du reste pour l’effet comique, et ces sortes de méprises, nées de la ressemblance, sont un fonds si inépuisable, que nous avons au théâtre italien trois pièces sur le même sujet, qui toutes trois sont vues avec plaisir. […] Mais le Retour imprévu (dont le sujet est tiré de Plaute), quoique fondé aussi sur les mensonges d’un valet, est ce que nous avons de mieux en ce genre. […] Dufrény, qui fut longtemps lié avec Regnard, se brouilla avec lui à l’occasion du Joueur, dont il prétendit, avec assez de vraisemblance, que le sujet lui avait été dérobé; mais quand il donna son Chevalier joueur, il prouva que les sujets sont en effet à ceux qui savent le mieux les traiter.

53. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Des Comédies-Ballets. » pp. 37-44

Voici ce qu’en dit M. de Voltaire : « Louis XIV lui-même donna le sujet de cette piece à Moliere. […] « Cette piece ne fut jouée qu’à la Cour, & ne pouvoit guere réussir que par le mérite du divertissement & par celui de l’à-propos. » Ecoutons l’Editeur de Moliere : « Le Roi donna l’idée du sujet des Amants magnifiques. […] Moliere voyant par sa propre expérience, ou persuadé par la justesse de son goût, que les pieces faites pour amener des danses, des chants, des machines, des décorations, & analogues à la façon de penser ou à la situation momentanée de quelques personnes, ne pouvoient avoir qu’un succès passager, n’a traité dans ce genre que celles dont son maître ou les circonstances lui indiquoient le sujet.

54. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. De la Catastrophe ou du Dénouement. » pp. 503-516

Il faut premiérement que la catastrophe soit tirée du fond du sujet ; qu’elle soit préparée par divers nœuds qui, paroissant employés pour embarrasser l’intrigue, soient autant d’artifices pour amener le dénouement. […] Un dénouement tient quelquefois à un sujet, & n’est pas préparé : alors il est préférable à ceux qui ne naissent pas du fond de la piece, & que rien n’annonce ; mais il est très défectueux. […] Voilà l’Exempt qui sert certainement à bien peindre la scélératesse du Tartufe, & ce trait est divin dans un sujet où l’on attaque les imposteurs. […] Quel sujet de joie a-t-il ?

55. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

On se plaint volontiers de la pénurie des renseignements à son sujet, mais, en remontant aux sources, on s’aperçoit vile que les contemporains du poète peuvent amplement satisfaire notre curiosité. […] Nulle part il n’est plus nécessaire que dans le sujet qui nous occupe. […] Il en fait le ressort et le sujet de deux pièces entières : l’une sérieuse, Don Garcie de Navarre, l’autre grotesque, Sganarelle. […] Alors il est à la fois témoin et sujet d’une consultation semblable à celle de ’l’Amour médecin. […] Et aussi à la peinture anecdotique : sans parler des estampes, il y a, au moins, trois tableaux sur ce sujet, par Horace Vernet, Bugnet, M.

56. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Des Comédies Héroïques. » pp. 9-29

Il raconte à Clotalde tout ce qui a frappé ses yeux, & ce fidele sujet saisit cette occasion pour lui reprocher l’abus odieux qu’il a voulu faire de sa puissance ; il lui dit qu’un Roi ne doit jamais avoir, même en songe, des pensées qui puissent faire rougir sa vertu. […] M. de Voltaire en nomme trois : l’Ambitieux de Destouches ; Laure tirée d’une comédie espagnole, intitulée Laura perseguida, Laure persécutée ; & Don Sanche d’Aragon, dont le sujet appartient aussi aux Espagnols ; ils l’ont traité dans une piece connue sous ce titre, el Palatio confuso. […] Corneille va lui-même nous exposer son sujet. […] Cependant, tous les Grands de Castille ne voyant pas de Rois voisins qui pussent épouser leur Reine, prétendant à l’envi l’un de l’autre à ce mariage, & étant prêts de former une guerre civile à ce sujet, les Etats du Royaume la supplient de choisir un mari pour éviter les malheurs qu’ils prévoient devoir naître. […] Corneille, loin d’avoir gâté son sujet, & de n’avoir pas soutenu la gloire du genre héroïque, l’a embelli, de l’aveu de tous les connoisseurs.

57. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Peu importe le sujet de l’entretien : il n’est pas de sujets indifférents; les plus petites choses trahissent souvent le fond d’une âme. […] D’ailleurs il est tout un ordre de sujets qui ne peuvent être traités que dans ce genre et ce sont ceux-là même que Molière recherche, les sujets comiques fournis par les travers et les ridicules de société. […] Mais cette comparaison nous jetterait en dehors de notre sujet. […] Par la forme chaque poète imprime le sceau de son esprit sur les sujets qu’il aborde. […] La femme est peu sujette à de tels accidents.

58. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Fabio est furieux de voir rire tout le monde, sans qu’il puisse en deviner le sujet. […] Un des ennemis du poète comique, Saumaise, allait bientôt lui reprocher cette imitation comme « une singerie dont il était seul capable 41  », et bientôt aussi, en 1661, Boursault s’empara du même sujet en disant simplement : « Le sujet est italien : il a été traduit dans notre langue, représenté de tous côtés. » La Jalousie du Barbouillé a une autre origine. […] Ce n’était pas seulement le sujet qui était le plus souvent emprunté à l’Italie, c’était aussi la méthode, le jeu scénique. […] « Ils jouèrent tous ensemble sur un sujet qu’ils concertèrent », raconte Loret, c’est à-dire dans les conditions habituelles de la comédie impromptu. […] Les Italiens avaient, paraît-il, effleuré ce sujet : « Molière, dit l’auteur des Nouvelles nouvelles, eut recours aux Italiens ses bons amis, et accommoda au théâtre français les Précieuses qui avaient été jouées sur le leur et qui leur avaient été données par un abbé des plus galants (l’abbé de Pure). » Malgré cette affirmation, il nous paraît fort peu vraisemblable que les Italiens eussent pu faire la satire du ridicule que la pièce nouvelle attaquait et qui git principalement dans le langage.

59. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. La Chaussée, imitateur de Regnard, d’un Auteur Espagnol, d’un Auteur Italien, d’un Romancier François, &c. » pp. 262-276

Mais le Comte la rassura bientôt à ce sujet. — Il est vrai, lui dit-il, que Madame de Lon... passe pour être ma femme ; mais elle ne l’est point, & il manque tant de formalités à notre prétendu mariage, que je le regarde comme nul. […] & depuis que nous sommes ensemble, a-t-il eu sujet de se plaindre de moi ? […] J’ai bien d’autres sujets de me désespérer. […] Dans ces deux pieces, les deux meres prévenues pour un fils très mauvais sujet lui sacrifient leurs autres enfants, & finissent par recevoir de lui les chagrins les plus mortifiants.

60. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Flaminio, laissant à d’autres, comme il le dit, le soin de tracer le dialogue, s’est borné à reproduire le scénario des pièces, à l’usage des comédiens qui voudraient s’exercer sur les mêmes sujets. […] Elles sont toutes précédées d’un argument qui contient les explications indispensables et indique sommairement le sujet. […] Tourmentée par Cinthio à ce sujet, Isabelle (c’était le nom de la sœur) prit le parti de quitter le pays. […] Niccolo Barbieri dit simplement à ce sujet : « Ces fictions ne peuvent corrompre l’âme des comédiennes, puisque c’est l’usage de l’art. » À une époque plus rapprochée de nous, le marquis d’Argens, remarquant aussi le contraste existant entre la liberté presque illimitée de la scène italienne et les mœurs souvent correctes des actrices de cette nation, l’expliquait par la considération même dont les comédiennes jouissent en Italie.

61. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Du Choix du Titre. » pp. 94-102

Il en est du titre, comme du sujet que l’Auteur a choisi, du but qu’il s’est proposé, du rang, de l’état, de l’âge, de la fortune des personnages, du lieu de la scene. […] Une courte analyse du sujet fera voir au lecteur si son titre est mieux choisi que celui de ses concurrents. […] Dans la premiere piece, ce que disent, ce que font les acteurs principaux ne vaudroit rien s’ils n’étoient réellement des Procureurs en vacances, ou des personnes à-peu-près de leur état ; le titre va donc au sujet.

62. (1765) Molière dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (compilation) pp. 2668-16723

) Les comédies saintes étoient des especes de farces sur des sujets de piété, qu’on représentoit publiquement dans le quinzieme & le seizieme siecle. […] Leur premier essai se fit au bourg Saint-Maur ; ils prirent pour sujet la passion de Notre-Seigneur. […] La Mothe a manié son sujet d’une maniere originale. […] Il ne peut même guere s’appliquer à des sujets entierement éloignés de ceux dont il est préoccupé. […] Les inventeurs de nouveaux systèmes sont sur-tout extrémement sujets à la préoccupation.

63. (1705) La vie de M. de Molière pp. 1-314

Un Auteur grave nous fait un conte au sujet du parti que Molière avait pris, de jouer la Comédie. […] Mais je sais par de très bons mémoires qu’on ne lui a jamais donné de sujets. […] Mr le Baron a toujours été un de ces sujets heureux qui touchent à la première vue. […] Molière le traita cavalièrement sur le sujet de sa lettre, en lui donnant de bonnes raisons pour souhaiter qu’il ne se fût point avisé de défendre sa pièce. […] Molière n’était pas heureux en domestiques, les siens étaient sujets aux étourderies, ou celle-ci doit être encore imputée à celui qui le chaussait à l’envers.

64. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVII. Du Caractere des Professions. » pp. 284-302

Voilà qui nous enleve tout d’un coup une bonne partie de nos sujets, & peut-être les plus comiques. […] il n’y a qu’à traiter de nouveau le même sujet : les choses changent de face tous les cinquante ans ; & l’on peut les présenter sous un nouvel aspect ». […] Parcourons quelques-unes des comédies anciennes dans lesquelles on a joué des professions, & voyons si, à présent que les choses ont si bien changé, on pourroit remettre avec succès le même sujet sur la scene. […] Diderot dit, dans ses réflexions sur la Poésie dramatique, page 11 : « Que quelqu’un se propose de mettre sur la scene la condition de Juge ; qu’il intrigue son sujet d’une maniere aussi intéressante qu’il le comporte & que je le conçois ; que l’homme y soit forcé par les fonctions de son état, ou de manquer à la dignité & à la sainteté de son ministere, & de se déshonorer aux yeux des autres & des siens, ou de s’immoler lui-même dans ses passions, ses goûts, sa fortune, sa naissance, sa femme, ses enfants ; & l’on prononcera après, si l’on veut, que le Drame honnête & sérieux est sans chaleur, sans couleur & sans force ».

65. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. » pp. 397-410

Elle lui demanda souvent quel étoit le sujet de sa jalousie : mais elle n’eut pour réponse que les mauvaises raisons qu’on a coutume d’alléguer en pareil cas. […] Plutôt que de souffrir, repliqua-t-elle, la honte dont tu veux me couvrir sans sujet, je me précipiterai dans ce puits. […] On lui demande le sujet de son voyage à une heure si indue. […] C’est enfin dans ce conte que Moliere a puisé la morale qui naît tout naturellement du sujet, & qui donne une si belle leçon à l’humanité.

66. (1765) [Anecdotes et remarques sur Molière] (Récréations littéraires) [graphies originales] pp. 1-26

Ce fut le Roi lui-même qui lui donna le sujet, & voici comme. […] Le Sieur Angelo, (Docteur de l’ancienne Troupe Italienne) m’a dit, (c’est ce M. de Tralage qui parle) que Moliere qui étoit de ses amis, l’ayant un jour rencontré dans le jardin du Palais Royal, après avoir parlé des nouvelles de Théatre & d’autres, le même sieur Angelo, dit à Moliere, qu’il avoit vu représenter en Italie, (à Naples) une Piece intitulée le Misanthrope : & que l’on devroit traiter ce sujet ; il le lui rapporta tout en entier, & même quelques endroits particuliers qui lui avoient parus remarquables, & entr’autres ce caractere d’un homme de Cour fainéant, qui s’amuse à cracher dans un puits pour faire des ronds. […] Moliere n’auroit plus joué que dans les rôles du haut comique, mais sa mort précipitée le priva d’une place bien méritée, & l’Académie d’un sujet si digne de la remplir. […] Moliere lui fit entendre qu’il avoit eu dessein de traiter ce sujet-là : mais qu’il demandoit d’être traité avec la derniere délicatesse : qu’il ne falloit point sur-tout faire comme Desmarets, dans ses Visionnaires qui a justement mis sur le Théatre des fous dignes des Petites-Maisons.

67. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

En voici le sujet en quelques mots : Chrisoforo (Epidicus de Plaute), valet de Polipo (Strattippoclès), jeune soldat, fils d’un père opulent, a été chargé par son maître, qui est allé au siège de Nicosie, en l’île de Chypre, d’acquérir par tous moyens Flavia, esclave d’un marchand d’esclaves nommé Arpago. […] C’est à la clarté de la lune et du soleil que le poète en trois personnes fournit le sujet sublime. […] L’Impegno d’un acaso (les Engagements du hasard), tiré de la pièce de Calderon, Croire ce qu’on ne voit pas et ne pas croire ce qu’on voit, où Douville a pris le sujet des Fausses Vérités. […] Dans le dessein de recevoir la récompense qu’il espérait, il se rendit un matin chez le duc ; mais le suisse, se doutant du sujet de sa visite, ne voulut point le laisser entrer.

68. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Il engage Racine à traiter le sujet de La Thébaïde. […] Discussion au sujet du Joconde de ce dernier. […] L’indécence du sujet ne choque pas les censeurs du Tartuffe. […] Sonnet à ce sujet. […] « Quel est l’oiseau le plus sujet à être cocu ? 

69. (1870) La philosophie dans le théâtre de Molière (Revue chrétienne) pp. 326-347

Si, au point de vue seulement du sujet qui nous occupe, nous nous demandons ce qu’était la philosophie ancienne, nous la voyons se résumer pour nous dans un mot : l’École, et se personnifier dans un nom : Aristote. […] Le sujet lui parait si sérieux, qu’il croit devoir parler latin, la langue sacrée des savants. […] Or, en vue toujours de notre sujet, nous pouvons ramener à ces trois points la philosophie de Descartes : un principe, qui est en même temps une méthode, et deux thèses, qui en sont la conséquence. […] Aussi (et nous rentrons dans notre sujet, si l’on peut dire que nous en étions sortis), aussi que voyons-nous ? […] En voilà donc assez, ce me semble, sinon pour terminer toute discussion à ce sujet, du moins pour justifier les affirmations de l’étude qui précède.

70. (1882) M. Eugène Sauzay et Molière (Revue des deux mondes) pp. 207-209

Le sujet, si intéressant qu’il soit, n’était pourtant point absolument neuf, attendu qu’il existe un gros livre d’une érudition énorme, tout rempli, tout farci d’anecdotes et de dates, intitulé : Molière musicien, auquel les habiles du métier ne se font point scrupule de recourir, quittes à le décrier après l’avoir dévalisé. […] Tout ce qui alors écrivait, parlait, chantait ou dansait, devait se subordonner au caprice d’un monarque qui ne daignait lui-même s’amuser qu’à la condition de prélever une énorme somme d’adulations sur le divertissement de ses sujets.

71. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. Des Tableaux. » pp. 422-425

On ne sauroit trop les exhorter à continuer, parceque rien n’est à négliger quand on veut plaire, & qu’il est beau de parler quelquefois aux yeux comme aux oreilles : mais on doit les avertir qu’un tableau n’est frappant & ne produit son effet, que lorsqu’il est naturellement amené par le sujet, & que les scenes qui le précedent en ont préparé l’ordonnance. […] Parceque tout cela tient au sujet, & que les différentes nuances y répondent.

72. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLII. De l’art d’épuiser un Sujet, un Caractere. » pp. 493-503

De l’art d’épuiser un Sujet, un Caractere. […] Il me faut de ce pas aller faire mes plaintes au pere & à la mere, & les rendre témoins, à telle fin que de raison, des sujets de chagrin & de ressentiment que leur fille me donne. […] Nous avons dit ailleurs qu’un Auteur devoit donner à son héros l’âge où sa passion, son vice, son ridicule ont ordinairement le plus de force ; mais ne pourroit-on pas aussi, à l’exemple des Italiens qui font plusieurs pieces sur le même sujet pour suivre une intrigue, ne pourroit-on pas, dis-je, faire plusieurs pieces pour épuiser un caractere, en nous peignant sa naissance, ses divers progrès, & sa fin ?

73. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

On sait de quelle manière il y a excellé, non seulement comme Acteur, par le grand nombre d’Ouvrages qu’il nous a laissés, et qui ont tous leurs beautés proportionnées aux sujets qu’il a choisis. […] Ce qui était cause de cette inégalité dans ses ouvrages, dont quelques-uns semblent négligés en comparaison des autres, c’est qu’il était obligé d’assujettir son génie à des sujets qu’on lui prescrivait, et de travailler avec une très grande précipitation, soit par les Ordres du Roi, soit par la nécessité des affaires de la Troupe, sans que son travail le détournât de l’extrême application, et des études particulières qu’il faisait sur tous les grands rôles qu’il se donnait dans ses Pièces. […] Lorsqu’il commença les représentations de cette agréable Comédie, il était malade en effet d’une fluxion sur la poitrine qui l’incommodait beaucoup, et à laquelle il était sujet depuis quelques années.

74. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. » pp. 125-143

Comme nous avons beaucoup parlé de cette comédie dans le courant de cet ouvrage, il n’est pas nécessaire d’en faire un extrait bien étendu : il nous suffira d’en dire deux mots pour rappeller seulement le sujet au Lecteur. […] Sire, Votre très humble, très obéissant, très fidele & très savant sujet & serviteur Caritidès, François de nation, Grec de profession, ayant considéré les grands & notables abus qui se commettent aux inscriptions des enseignes des maisons, boutiques, cabarets, jeux de boules & autres lieux de votre bonne ville de Paris, en ce que certains ignorants, compositeurs desdites inscriptions, renversent, par une barbare, pernicieuse & détestable orthographe, toute sorte de sens & de raison, sans aucun égard d’étymologie, analogie, énergie, ni allégorie quelconque, au grand scandale de la République des Lettres & de la Nation Françoise, qui se décrient & se déshonorent par lesdits abus & fautes grossieres envers les étrangers, & notamment envers les Allemands, curieux lecteurs & spectateurs desdites inscriptions... […] Mais Moliere a-t-il employé tous les matériaux propres à son sujet ? […] Ce fut le Roi lui-même qui donna à Moliere le sujet de son chasseur, & voici comme.

75. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. M. DE BEAUMARCHAIS. » pp. 442-462

  Voyons le même sujet remanié par Boisrobert. […] O que non sans sujet ce discours me fait peur ! […] Mon pere, ma raison ne fut jamais plus saine : Mais un juste sujet.... […] Mais un juste sujet....

76. (1706) Addition à la Vie de Monsieur de Molière pp. 1-67

Il prend de là occasion de désapprouver l’Histoire de l’Épinette : Elle est, dit-il, hors de mon sujet. […] Ces caractères généraux peuvent s’appliquer à tant de sujets, que l’on peut aisément se tromper. […] L’aventure du Minime l’a réjoui ; j’ai eu en vue de réjouir ; si je n’y avais pas réussi, ce serait un sujet de me reprendre. […] C’est à ce sujet que le Critique s’épanche en faveur des Comédiens. […] Pourquoi l’Auteur ne choisit-il pas d’autres sujets pour travailler ?

77. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

C’est dans cette pensée que, déjà à Lausanne, il avait fait de ce sujet la matière de cours publics. […] Témoins en soient ses sujets favoris : don Carlos, Jeanne d’Arc, Guillaume Tell. […] Il descend même parfois en ce sujet plus bas que n’avait fait l’antiquité et va jusqu’à rabaisser gratuitement des types qu’il lui a empruntés. […] C’est une chose frappante que de voir la poésie française tourner, pendant des siècles, autour de ce sujet, chaque siècle ajouter quelques traits à cette figure repoussante et apporter son tribut à la formation de ce type hideux. […] Il était difficile, et surtout à un étranger, d’être neuf en un sujet comme celui qu’a choisi M.

78. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IX » pp. 77-82

Les plus grands orateurs de la chaire sacrée, Fléchier et Bossuet, en ont fait le sujet de leurs plus éloquentes oraisons funèbres ; un siècle après sa mort, l’Académie française aussi appelé sur ses hautes vertus l’éloquence philosophique ; le prix qu’elle offrit au meilleur éloge, fut partagé entre MM.  […] Remarquez aussi que si l’abbé Cottin était de cette société, Boisrobert, l’âme damnée du cardinal, le plus mauvais sujet de Paris, n’en était pas.

79. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVII » pp. 298-304

Le respect du roi très chrétien pour la religion et le soin de sa gloire que Bossuet avait réveillés, s’accroissaient à mesure que l’ardeur de l’amant satisfait diminuait ; et ce qu’écrit à ce sujet madame Scarron à madame de Saint-Géran, indique qu’elle connaissait le point par où le crédit de son ennemie était attaquable et peut-être le cœur du roi accessible. […] Elle était un des premiers sujets de l’école de Julie d’Angennes ; il y avait de la différence sans doute entre la place de gouvernante des enfants de France et celle des enfants naturels : il y avait aussi de la distance entre Julie d’Angennes, duchesse de Montausier, et Françoise d’Aubigné, veuve Scarron ; mais les traditions de la cour, depuis François Ier, l’élévation et l’insolence des maîtresses avouées, l’élévation, l’insolence et la turbulence des bâtards avaient habitué à regarder les légitimations de ceux-ci comme à peu près équivalentes à la légitimité.

80. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXII. De l’Intérêt. » pp. 385-398

Nos comiques modernes rient de la folie de nos voisins, ce n’est pas sans sujet ; mais nos voisins rient aussi de nous, de nos productions, & ce n’est pas avec moins de raison. […] Pour l’être, il n’est pas question de donner de temps en temps des secousses violentes à l’ame ; il faut s’emparer, dès le commencement de la piece, de l’attention du spectateur, & l’enchaîner à son sujet jusqu’à la fin. […] J’ai cru voir qu’on pense ajouter beaucoup à l’intérêt d’une piece en la remplissant de reconnoissances : elles seront le sujet de l’article suivant.

81. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

La fille crue garçon, sujet de la comédie de Molière, a tout à fait disparu. […] « Le beau sujet à divertir la cour que M. […] Nous reviendrons, à propos du Malade Imaginaire, plus sérieusement sur ce sujet. […] Auger, a traité ce sujet avec beaucoup de sagacité dans ses excellentes notices sur les pièces de Molière. […] Il indiqua lui-même à Molière le sujet de cette pièce.

82. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Mais quel triste sujet de gaieté, grand Dieu ! […] Pour ouvrir la porte au comique, il faudrait que je cessasse de prendre au sérieux mon sujet, et que mon imagination se jouât librement des critiques et des théories de mon auteur… Cela serait fort mal, et je déclare que je ne voudrais égayer personne à ce prix. […] Les scènes d’un vrai comique, telles que celle où Valère et maître Jacques se donnent des coups de bâton88, sont accessoires et ne procèdent pas nécessairement du sujet. […] Geniot lui propose son sujet, le Roi de Cocagne. […] Il ne sort de sa bienveillance qu’un instant pour dire : Cette invention n’était pas neuve ; peu de temps avant Molière, Scarron avait emprunté d’une nouvelle espagnole le fond d’un petit conte sur le même sujet.

83. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Unités. » pp. 352-366

Les autres assurent au contraire que ce fameux législateur a négligé d’établir des regles sur un sujet pareil, parcequ’il étoit impossible d’y manquer de son temps, puisque les chœurs qui ne sortoient jamais de dessus le théâtre, fixoient nécessairement le lieu de la scene, & marquoient qu’elle ne changeoit point. […] C’est à l’Auteur à voir, en choisissant son sujet, les différents endroits où son action doit se passer, & à disposer si bien son terrein qu’il puisse les y marquer tous sans blesser la vraisemblance & l’illusion. […] Quelques Commentateurs ont entendu par unité d’action, qu’il ne falloit employer pour le sujet d’une piece qu’une action unique d’un des principaux personnages.

84. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVI. Des Caracteres nationaux. » pp. 268-283

Ils conviennent entre eux de donner à leur niece la terre qui fait le sujet de leur dispute : ils ont été facilement d’accord sur ce point ; ils sont surpris d’avoir pu s’accorder si-tôt. […] En gagnant par justice, on a rarement tort : Mais supposé qu’on l’eût, tout est sujet au sort. […] Mais, là, de bonne foi, avons-nous sujet de nous en plaindre, tandis qu’ils se permettent de tourner en ridicule sur les planches, les choses & les personnes dont nous osons à peine parler dans nos foyers, tant elles sont respectables44 ?

85. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. » pp. 57-70

Elle est imitée presque en entier d’une piece italienne très ancienne, dont nous ferons l’extrait quand nous aurons rappellé au Lecteur le sujet du Cocu imaginaire de Moliere. […] Les deux époux armés restent un instant seuls sur la scene ; Scapin vient se jetter entre eux, leur demande quel est le sujet de leur querelle. […]   Voilà la piece telle qu’elle est jouée en Italie, telle que les anciens Comédiens Italiens la représentoient à Paris quand Moliere jugea à propos de s’emparer du sujet.

86. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. » pp. 201-217

Riccoboni dit que plusieurs lazzis de cette comédie sont pris dans le théâtre italien : comment a-t-il pu ignorer que le fond même du sujet est imité d’un canevas apporté en France par ses Confreres ? […] Un sujet le plus juste du monde. […] Arlequin, instruit du sujet de la querelle, en rit, & demande ensuite gravement au Docteur quel est son avis.

87. (1845) Œuvres de Molière, avec les notes de tous les commentateurs pp. -129

Baron a toujours été un de ces sujets heureux qui touchent à la première vue. […] Où a-t-il été déterrer, ajoutait M. le comte de…, ces sottes femmes sur lesquelles il a travaillé aussi sérieusement que sur un bon sujet ? […] Il aimait passionnément la comédie, et se plaisait même à imaginer des sujets propres à la scène ; depuis il a écrit contre les spectacles. […] Cette idée fut approfondie et discutée de manière qu’elle fournit à Boileau le sujet de sa quatrième satire. […] Quinault, ayant ensuite jugé à propos de faire une tragédie en musique sur le même sujet, reprit tout ce qu’il avait prêté à Molière.

88. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. » pp. 20-52

En voici le sujet, lui dit-il : « Je me trouvai avec mon frere un de ces jours : nous parlions, avec quelques amis, de Béatrix notre voisine : il me dit qu’il en étoit épris, & qu’il espéroit l’obtenir en mariage. […] Mais comme les bons Acteurs Italiens ont soin d’écrire les scenes essentielles de leurs sujets, qu’ils appellent scenes préméditées, j’ai eu soin d’en avoir des copies autant qu’il m’a été possible, & je vais en traduire une que mes Lecteurs pourront comparer ensuite avec la troisieme scene du quatrieme acte du Dépit amoureux françois. […] Arlequin lui répond naïvement qu’il a tort de lui faire ce reproche, puisqu’il a instruit du sujet de son voyage un crocheteur, le cabaretier, les servantes, les palefreniers, & que même en entrant dans la ville il s’en est entretenu avec son cheval, de façon à être entendu de tous les passants. […] Dans le Chapitre I, du choix d’un Sujet. […] D’Ouville a fait, avant Moliere, une comédie sur le même sujet, intitulée Aimer sans savoir qui ; mais elle ne mérite point d’être opposée au Dépit amoureux.

89. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

Cette ancienne Farce française, d’une composition généralement très simple, à qui tout sujet était bon, contes, fabliaux, proverbes, anecdotes contemporaines, ne pouvait se comparer sans doute aux pimpants imbroglios de la commedia dell’arte. […] L’autre était déjà sujet aux redites et montrait les recherches et les efforts des imaginations qui s’épuisent.

90.

Alphonse Pagès, dans une courte conférence, a résumé l’histoire des hommages à Molière en homme qui possède à fond le sujet. […] C’est peut-être pour cela qu’en voyant Racine chercher dans Aristophane un sujet de comédie, on ne saurait se défendre de suspecter encore son intention et de le trouver fidèle à son ingratitude. […] Le sujet représenté diffère, voilà tout. […] Il nous reste un mot à dire au sujet du fragment d’affiche des Comédiens de Monsieur. […] Le beau sujet à divertir la cour que M. 

91. (1863) Molière et la comédie italienne « Préface » pp. -

J’étais obligé, toutefois, de m’en tenir à ce qui touchait immédiatement mon sujet, à ce qui en était, du moins, très rapproché, sans m’étendre à l’ensemble de la tradition comique de l’Italie. […] L’étude de la comédie italienne antérieurement à Molière est un sujet infiniment vaste : je n’ai pu, évidemment, que l’effleurer.

92. (1900) Molière pp. -283

On s’était déjà occupé de Molière à l’Athénée ; tout un mois on disserta dans les journaux sur ce qui s’y était dit au sujet du grand poète comique. […] Pour se faire bien comprendre, il dut donner quelque développement à son sujet, et le partagea en quatre conférences. […]  Marmontel, au moment même où Favart faisait Annette et Lubin, sachant bien qu’il le faisait, conçoit ridée de mettre le même sujet au théâtre. […] Au contraire, la comédie choisit immédiatement ses sujets dans le monde dont les passions s’agitent sous ses yeux. […] Quel est le sujet de votre débat ?

93. (1922) La popularité de Molière (La Grande Revue)

Ici, on lui emprunte les sujets qu’il a immortalisés ; là, on le traduit. […] Il y a plus : le succès de Molière lient encore à ce qu’entre tous nos écrivains, si clairs, si humains qu’ils aient été, il a le don de clarifier et d’« humaniser » les sujets qu’il traite, les caractères qu’il étudie, les leçons qu’il donne. […] Prenons comme exemple celui qu’il a traité dans Le Festin de Pierre : la pièce espagnole, d’où le sujet est originaire, examinait une question religieuse qui, pour différents motifs, semble avoir été capitale pour l’Espagne dans les premières années du xviie  siècle : celle de savoir si le repentir in extremis suffit pour sauver le pécheur et si la foi qui n’agit qu’à l’heure dernière peut racheter une vie de crimes et d’erreurs.

94. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

L’inclination mutuelle des sexes est un sujet si fécond et si varié de conversation ; ils ont tant de choses à se dire pour faire entendre ce qu’il leur est prescrit de taire ; il faut tant de paroles pour expliquer cette prière muette 11 qu’ils s’adressent continuellement l’un à l’autre ; il faut partir de si loin, il va tant de circuits à faire pour arriver au but désiré, qu’on ne peut assez multiplier les occasions de se parler, de se communiquer, s’ouvrir assez de chances favorables, étendre la conversation à un assez grand nombre d’objets divers. […] Dans ces sociétés animées par la conversation des femmes, tous les intérêts se placent par la parole entre toutes les frivolités ; la raison la plus solide, l’imagination la plus active y apportent leurs tributs ; les aines les plus sensibles y versent leurs effusions ; les esprits les plus affinés y apportent leurs délicatesses : là, tous les sujets se prêtent aux conditions que la conversation impose ; les matières les plus abstraites s’y présentent sous des formes sensibles et animées, les plus compliquées avec simplicité, les plus graves et les plus sérieuses avec une certaine familiarité, les plus sèches et les plus froides avec aménité et douceur, les plus épineuses avec dextérité et finesse, toutes réduites à la plus simple expression, toutes riches de substance et surtout nettes de pédanterie et de doctrine. […] Et qui ne sait par cœur ces autres vers de la même pièce, La mort a des rigueurs à nulle autre pareilles, ………………………………………………… Le pauvre en sa cabane où le chaume le couvre                Est sujet à ses lois, Et la garde qui veille aux barrières du Louvre                N’en défend pas nos rois ?

95. (1886) Molière : nouvelles controverses sur sa vie et sa famille pp. -131

« Que l’on y prenne garde, écrit à ce sujet M. […] L’auteur était déjà connu par une thèse agréable sur Marivaux, sa vie et ses œuvres, un joli sujet qui a porté bonheur à plusieurs autres, depuis M. de Lescure jusqu’à M. […] Tout ce qu’on a écrit depuis sur ce sujet n’est que le développement de ces deux courtes observations. […] Au sujet des études qui précèdent, M. […] On peut lire à ce sujet un article de M.

96. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

Neuf mois après Sganarelle, il donna Don Garde de Navarre ou le Prince jaloux ; même sujet que le précédent, mais cette fois pris au sérieux. […] Tout cela fait place à la comédie dont le sujet est un homme arrêté par toutes sortes de gens, sur le point d’aller à une assignation amoureuse. […] Mais, quoi qu’il survînt, tout lui était sujet d’observation. […] Les médecins étaient depuis longtemps un grand sujet de rire : ils couraient crottés par la ville, en longues robes noires, ne parlaient que latin; et quelles belles choses disaient-ils ? […] Madeleine Béjart, qui était bel esprit, avait fait une comédie en cinq actes sur le sujet de Don Quichotte.

97. (1898) Molière jugé par Stendhal pp. -134

Les justes sujets de plainte d’Alceste sont le fil funeste qui le rapelle à la terre. […] Mais après cette scène traitez si vous pouvez le sujet du flatteur. […] Elle plaisante ses frères au sujet sur lequel elle doit, seule, être plaisantée. Ridicule bien du sujet. […] Le dénouement est vicieux, comme n’appartenant point au sujet.

98. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. » pp. 411-419

Enfin j’ai vu semel & bis La perle, la fleur des Marquis, De la façon du sieur Moliere, Si plaisante & si singuliere : Tout est, dans ce sujet follet De comédie & de ballet, Digne de son rare génie, Qu’il tourne certe & qu’il manie Comme il lui plaît incessamment, Avec un nouvel agrément, Comme il tourne aussi sa personne, Ce qui pas moins ne nous étonne, Selon les sujets, comme il veut.

99. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. De l’Etat, de la Fortune, de l’Age, du Rang, du Nom des Personnages. » pp. 39-75

C’est le sujet qu’un Auteur a choisi, qui doit déterminer l’état, la fortune, l’âge, le rang, le nom des principaux personnages. […] Qu’on enleve à Ariste sa robe, son état ; qu’on en fasse un bon gentilhomme, comme il en est, qui se font un plaisir de mettre fin aux différends de leurs vassaux, & qu’on traite le même sujet, la plus grande portion du comique & du moral de la piece sera enlevée : les détails même ne pourront avoir rien d’aussi saillant ; & Ariste deviendra bien moins intéressant. […] M. de Voltaire a très grande raison de s’écrier à ce sujet : « La licence de l’ancienne comédie grecque n’allait pas plus loin ; il eût été de la bienséance & de l’honnêteté publique de supprimer la satyre de Boursault & celle de Moliere. […] Nous examinerons ailleurs si Destouches a bien pris son sujet lorsqu’il a donné à son Glorieux l’envie de s’allier à un bourgeois. […] Le beau sujet à divertir la Cour que Monsieur Boursault !

100. (1802) Études sur Molière pp. -355

Molière, alors peu difficile sur le choix de ses sujets, doit encore celui-ci à un canevas italien, intitulé La Creduta Maschio, ou, La Fille crue Garçon. […] Les scènes. — Pas un ouvrage de Molière qui en offre un plus grand nombre de belles, et le vice des autres tient à celui du sujet. […] La contexture. — Traînante, embarrassée, et cela parce que le sujet est vicieux. […] Les Espagnols et les Italiens avoient déjà traité le sujet du Prince jaloux. […] Le titre. — La pièce en a deux : le second est le véritable, il nous annonce le sujet ; à quoi sert le premier ?

101.

Orgon s’assoit parce que le sujet de l’entretien est sérieux. […] Cependant, lorsque le Tartuffe parut, le sujet était plus que jamais en situation. […] Cependant, le sujet qui y est représenté est très-curieux. […] Mais je reviens à mon sujet. […] Mais on me pardonnera, je l’espère, en faveur du sujet sur lequel je prends la parole.

102. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Regnard imitateur de Moliere. » pp. 51-80

  S’il vous falloit donc, comme moi,   Eclairer la machine ronde,   Rendre la nature féconde,   Mener quatre chevaux quinteux,   Risquer de tomber avec eux   Et de faire un bûcher du monde ;   Dans ce métier pénible & dangereux,   Vous auriez sujet de vous plaindre. […] Parbleu, je ne vois pas, lorsque je m’examine, Où prendre aucun sujet d’avoir l’ame chagrine. […] Vous, Monsieur Galonier, quel sujet vous amene ? […] La Comtesse se persuade que tout le monde l’aime ; mais elle a quelque sujet de le croire, puisque le Marquis lui fait sa cour publiquement, & que le Joueur lui a fait sans doute quelque déclaration dans le besoin urgent ; il dit lui-même, en ce cas je pourrois rabattre sur la veuve la Comtesse sa sœur : & cette différence seule la rend bien moins comique que Bélise, à qui Clitandre est obligé de dire, je veux être pendu si je vous aime, sans qu’elle soit détrompée.

103. (1825) Notices des œuvres de Molière (IX) : La Comtesse d’Escarbagnas ; Les Femmes savantes ; Le Malade imaginaire pp. 53-492

Mais d’un accessoire hideux et nécessaire, il serait peut-être imprudent de faire le principal sujet d’un tableau destiné plutôt à corriger les esprits par la peinture du ridicule, qu’à révolter les âmes par le spectacle de la perversité. […] Vigée, réussit assez peu pour avertir de nouveau les auteurs du danger d’un semblable sujet. […] Quant au dénouement, il est impossible d’en trouver au théâtre un qui sorte mieux du sujet, qui soit à la fois plus naturel et plus imprévu, plus simple et plus frappant. […] Comment Dufresny ne s’est-il pas aperçu qu’en féminisant son sujet, si je puis parler ainsi, il le dénaturait entièrement ? […] Voilà pourquoi le sujet de La Malade sans maladie n’est nullement comique.

104. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Choix du lieu de la Scene. » pp. 76-93

Quand un Auteur s’est une fois déterminé pour un sujet, qu’il a fait choix de ses personnages, il doit faire passer la scene dans un lieu où ces mêmes personnages puissent agir sans blesser leur état, leur rang, leur fortune. […] Est-il besoin, pour remplir votre sujet, que plusieurs personnes paroissent & disparoissent avec rapidité ? […] Tout au contraire, ils se moquoient de moi, & de l’idée que j’avois de faire une comédie sur un sujet dont l’action devoit nécessairement se passer dans les rues d’une petite ville ; ce qui jetteroit un ton ignoble & de mauvaise compagnie sur mes acteurs, & sur tout le Drame.

105. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Dufresny imitateur comparé à Moliere, à Champmeslé, son Mariage fait & rompu comparé à l’histoire véritable du faux Martin-Guerre, & à la nature. » pp. 81-99

Il n’avoit aucune pratique rdu crayon, du pinceau, ni de la plume ; mais il s’étoit fait à lui-même un équivalent de tout cela, en prenant dans différentes estampes, des parties d’homme, d’animaux, de plante, ou d’arbre, qu’il découpoit, & dont il formoit un sujet dessiné seulement dans son imagination. Il les disposoit & les colloit les unes auprès des autres, selon que le sujet le demandoit ; il lui arrivoit même de changer l’expression des têtes qui ne convenoient pas à son idée, en supprimant les yeux, la bouche, le nez & les autres parties du visage, & y en substituant d’autres qui étoient propres à exprimer la passion qu’il vouloit peindre : tant il étoit sûr du jeu de ces parties pour l’effet qu’il en attendoit. […] L’aventure du faux Martin Guerre a fourni le fonds du sujet.

106. (1732) Jean-Baptiste Pocquelin de Molière (Le Parnasse françois) [graphies originales] « CII. JEAN-BAPTISTE POCQUELIN. DE MOLIERE, Le Prince des Poëtes Comiques en France, & celebre Acteur, né à Paris l’an 1620. mort le 17. Fevrier de l’année 1673. » pp. 308-320

On admire la maniere ingenieuse dont il a traité le sujet de Georges Dandin, tiré d’un Conte de Bocace, &c. […] M. de Harlay, Archevêque de Paris, auquel le Roi fit écrire à ce sujet, ordonna que le corps de Moliere seroit conduit seulement par deux Prêtres qui ne chanteroient point : cependant son convoi n’en fut pas moins nombreux, plusieurs de ses amis, & d’autres personnes zélées pour sa gloire, au nombre de plus de cent, y assisterent ayant chacun un flambeau à la main. […] Perrault en parla à plusieurs de ses Confreres, qui marquerent qu’un homme tel que Moliere meritoit des distinctions, & étoit au-dessus des regles ordinaires ; mais que s’il étoit reçu à l’Académie, il falloit qu’il ne jouât plus sur le théatre que des rôles graves & à manteau, & qu’il renonçât aux rôles de valets, qui sont sujets à recevoir quelques coups.

107. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

Le sujet de cette pièce présentait de graves difficultés. […] À ce sujet, nous reviendrons sur la pièce de Bertrand et Raton, le chef-d’œuvre de l’auteur, à notre avis, où brillent dans tout leur éclat ses éminentes qualités, mais où l’on trouve aussi non moins que dans ses plus faibles productions, tous les défauts de sa manière. […] Scribe ne manqua pas de l’introduire dans sa pièce nouvelle, dont le sujet cependant semblait être tout à fait du domaine de la comédie. […] » Les choses vont si loin que ce prétendu sage, pour ne pas démordre de son opinion sur un sujet futile, est au moment de s’aller couper la gorge avec un homme qui ne l’a nullement offensé, et dont le seul tort est de défendre ses faibles vers. […] On peut donc supposer que si Molière eût été maître de traiter son sujet entièrement à sa guise, il eût laissé d’abord quelque incertitude sur son personnage : on aurait vu Tartuffe agir dès les premiers actes, et dévoiler peu à peu son odieux caractère.

108. (1886) Molière et L’École des femmes pp. 1-47

En voyant toutes les flatteries, toutes les adulations, ce cortège d’honneur que font les écrivains du grand siècle autour du grand roi, est-ce qu’il ne vaut pas mieux penser pour eux qu’ils ont été des sujets très fidèles et très sincères ? […] On a dit alors que le sujet, l’imbroglio, les détails accessoires étaient pris un peu partout, et que tout cela d’ailleurs ne dépassait pas la moyenne des ouvrages courants. […] C’est l’Église, ce sont les évêques, c’est Fénelon, que ce sujet intéresse et captive tout particulièrement. […] Notre honneur est, monsieur, bien sujet à faiblesse, S’il faut qu’on ait besoin qu’on le garde sans cesse.

109. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. De l’Exposition. » pp. 139-164

A votre avis, avons-nous sujet de l’être tous deux ? […] Le moyen le plus sûr pour donner à l’exposition ces deux qualités, est de la débarrasser non seulement des personnages & des portraits qui sont étrangers au sujet, comme nous venons de le remarquer, mais encore de tous les détails, à moins qu’ils ne soient nécessaires pour annoncer quelque chose. […] Si les détails étrangers à un sujet sont contraires à la clarté & à la briéveté de l’exposition, quel coup mortel doivent lui porter des scenes entieres qui lui sont tout-à-fait inutiles ! […] Ce fils de Zanobio Ruberti annoncé seulement au quatrieme acte, fait tout le sujet du cinquieme, & se trouve intéressé au dénouement ; il méritoit bien que l’Auteur fît mention de lui dès le commencement de la piece.

110. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XI. De la Religion. Principe et Sanction de la Morale de Molière. » pp. 217-240

Vivant dans une société et’ parmi des amis illustres, qui discutaient vivement les questions religieuses ; protégé par un roi qui s’occupait de religion, même au milieu des plaisirs, et avait à ce sujet des opinions très arrêtées ; menacé comme comédien par la doctrine, et condamné par la discipline de l’Église ; ayant devant les yeux des exemples tristes de l’abus que les hypocrites et les ambitieux peuvent faire des choses saintes ; porté d’ailleurs par le caractère universel et touche-à-tout de son génie ; forcé enfin par les agressions déloyales de rivaux jaloux qui, le trouvant inattaquable sur tout le reste, croyaient le surprendre sur ce point, — un jour, il voulut dire, et dit franchement, dans deux comédies, ce qu’il pensait de la religion. […]   Chercher le principe de sa morale dans la philosophie d’Épicure, sous prétexte qu’il fut ami de Chapelle et disciple de Gassendi, c’est commettre une erreur non moins grave : quel rapport y a-t-il entre le système d’Épicure et toutes les idées morales de Molière qui font le sujet du présent livre793 ? […] Deuxième placet au sujet du Tartuffe. […] — Il faut remarquer que l’arrêt du parlement du 17 novembre 1548, donné quand la troupe des Confrères de la Passion s’établit à l’Hôtel de Bourgogne, ne leur confirma leur privilège qu’à condition qu’ils ne joueraient que des sujets honnêtes, licites et profanes.

111. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Baron, imitateur, comparé à Moliere, à Cicognini, à Térence, &c. » pp. 219-261

Nous avons vu avec quelle adresse Moliere fait usage de la piece latine dans l’Ecole des Maris, comme il sait accommoder le fonds du sujet à nos mœurs, à nos usages, comme il trouve moyen d’en tirer une morale saine. […] Baron, non content d’affoiblir la plus belle situation en substituant la mere de l’amante à l’amante même, acheve de gâter par ses personnages le sujet traité par Moliere & Cicognini. […] Il veut persuader à son fils que son mariage avec la fille de Chrémès est prêt à être conclu : s’il ne refuse pas d’épouser, il n’aura rien à lui dire ; mais s’il marque de la répugnance pour cet hymen, il aura pour lors tout sujet de s’emporter contre lui & contre Dave le plus scélérat des esclaves. […] Mysis ne veut pas aller chercher la sage-femme indiquée par Archillis, parcequ’elle est sujette à boire : elle prie les Dieux de ne pas permettre que la sage-femme fasse quelque faute en accouchant sa maîtresse : elle apperçoit de loin Pamphile ; elle voit le trouble répandu sur son visage : elle l’attend pour savoir ce qui l’afflige. […] Point de complaisance sur un pareil sujet, elle dégénere tout au moins en foiblesse ; & la calomnie ou la médisance, toujours éveillées sur les Gens de Lettres, peuvent la soupçonner d’être enfantée par un lâche intérêt.

112. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VIII. Le Mariage. » pp. 145-165

« Une grande inégalité d’âge, d’humeur et de sentiments rend un mariage sujet à des accidents très-fâcheux548. » VIII. C’est « une sottise, la plus grande du monde, de vouloir s’élever au-dessus de sa condition549. » « Les alliances avec plus grand que soi sont sujettes toujours à de fâcheux inconvénients550. » IX. […] Mais surtout elle doit « Songer qu’en la faisant moitié de sa personne C’est son honneur qu’un homme en ses mains abandonne ; Que cet honneur est tendre et se blesse de peu ; Que sur un tel sujet il ne faut point de jeu581. » XXIX.

113. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVIII. Les Caracteres des hommes n’ont pas plus changé que ceux des professions. » pp. 303-311

Mais elle gardera de préférence à un laquais actif, vigilant, fidele, un mauvais sujet qu’elle aura trouvé quelquefois dans son antichambre avec une brochure, sur-tout si elle est de sa composition, ou de celle de ce précepteur mielleux à qui elle permet de négliger l’éducation de son fils, pourvu qu’il sache faire une ariette, & qu’il concoure dans les académies de province, dût-il être mis constamment sous le tapis. […] Voiture le railloit à ce sujet ; Vaugelas lui répondit qu’il n’auroit jamais achevé, parceque dans le temps qu’il en polissoit une partie, notre langue venant à changer, l’obligeoit à refaire toutes les autres.

114. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. M. DE SAINT-FOIX. » pp. 288-296

Tout cela paroît bien ressemblant, cependant M. de Saint-Foix dit dans sa Préface : « Je finis vîte, en ajoutant que la fable ou l’invention du sujet étant, sans contredit, la partie du théâtre la plus difficile, elle est aussi celle qui peut faire le plus d’honneur. On doit donc, je crois, s’attacher à créer les sujets de ses comédies.

115. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [5, p. 37] »

Molière n’aurait plus joué que dans les rôles de haut comique : mais sa mort inattendue le priva d’une place bien méritée, et l’académie d’un sujet si propre à la bien remplir.

116. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du Genre larmoyant. » pp. 103-122

Le privilege qu’ils ont de n’être pas sujets aux fluxions de poitrine, comme le dit leur Polichinel, leur mérite-t-il cet honneur ? […] Les poëtes trouvent peu de sujets semblables & qui soient propres à faire passer de la bonne morale à la meilleure. […] c’est le sujet de l’Imposteur que tu nous débites. — Eh !

117. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE PREMIER. Part de la Morale dans la Comédie de Molière. » pp. 1-20

Sans doute, le sujet de, la pièce est heureux, les caractères sont d’un comique irrésistible, le dialogue est d’une vivacité naturelle, le style d’une pureté hardie : tout cela fait un plaisir extrême. […] Seulement, pour l’historien comme pour l’auteur comique, ces choses se trouvent dans ses œuvres sans qu’il les cherche : elles sont inhérentes à son sujet ; il les rencontre involontairement, et dans la matière qu’il traite et dans sa manière de la traiter, et pour tout résumer par un mot de Molière, il fait de la morale comme M. […] Voir les Placets au sujet du Tartuffe et la Préface de la même pièce.

118. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE V. L’Éducation des Femmes. » pp. 83-102

Mais, sans doute, empêcher les femmes d’être coquettes et façonnières. n’était pas une moindre tâche que de rendre les médecins instruits, charitables et modestes ; car, pour elles comme pour eux, Molière se crut obligé de reprendre le même sujet de comédie jusqu’à la fin de sa vie287. […] C’est alors que Molière frappa tous ces ridicules réunis dans une comédie qui est le développement parfait de toutes les autres sur le même sujet. […] La piquante Lisette de l’École des maris est le bon sens incarné, quand elle répond, avec un délicieux mélange de finesse et de naïveté, au Sganarelle qui croit s’assurer une femme parfaite en tenant sa pupille bien enfermée : Notre honneur est, monsieur, bien sujet à faiblesse, S’il faut qu’il ait besoin qu’on le garde sans cesse325 !

119. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Comme ma vieillesse ne me permet pas de suivre ma fille dans l’empire de la Lune, oserais-je demandera Votre Hautesse de quelle humeur sont ses sujets ? […] Mes sujets ? […] Il faut parler toujours sans rien dire pour sembler spirituelle ; rire sans sujet pour paraître enjouée ; se redresser à tout moment pour étaler sa gorge ; ouvrir les yeux pour les agrandir, se mordre les lèvres pour les rougir ; parler de la tête à l’un, de l’éventail à l’autre ; donner une louange à celle-ci, un lardon à celle-là ; enfin, badiner, gesticuler, minauder 60 . » L’arrivée du printemps, qui amène le départ des officiers, jette le désarroi dans le monde des promeneuses, et les force à se rabattre sur les robins et les petits collets fort peu demandés en hiver : Heureux les bourgeois de Paris, Quand le plumet court à la gloire !

120. (1868) Une représentation de M. de Pourceaugnac à Chambord. Examen de deux fragments inédits paraissant appartenir à l’œuvre de Molière (Revue contemporaine) pp. 700-722

Lully avait composé cette partition avec des divertissements pris dans diverses comédies de Molière; il ne s’était même pas donné la peine de réunir ces fragments par un sujet quelconque : chaque entrée se succédait sans liaison avec celle qui l’avait précédée et le carnaval était à lui seul un prétexte suffisant pour faire défiler et sauter des troupes de masques sur la scène. […] La comédie de M. de Pourceaugnac aurait été d’abord, selon nous, divisée en un seul acte long, précédé d’un prologue-sérénade, coupé par deux intermèdes amenés par le sujet, et suivi d’entrées nombreuses de masques. […] Après avoir parlé du talent merveilleux de Molière et de la hâte apportée par lui à son travail, l’auteur de la Relation s’exprime ainsi à propos de la Bergerie-Bachique mêlée à Georges Dandin, « Il semble que ce soit deux comédies que l’on joue en mesme temps, dont l’une soit en prose et l’autre en vers; elles sont pourtant si bien unies à un mesme sujet qu’elles ne font qu’une mesme pièce et ne représentent qu’une seule action. » Il y avait donc ici fusion complète des deux œuvres ; l’ouverture était faite par quatre bergers, et quatre autres, jouant de la flûte, faisaient une danse « où ils obligent d’entrer avec eux un riche païsan qu’ils rencontrent, et qui, mal satisfait de son mariage, n’a l’esprit remply que de fâcheuses pensées : aussi l’on voit qu’il se relire bientôt de leur compagnie, où il n’a demeuré que par contrainte. » Evidemment, ici, Georges Dandin était en scène. […] « Le sujet est qu’un riche païsan, s’estant marié à la fille d’un gentilhomme de campagne, ne reçoit que du mépris de sa femme, aussi bien que de son beau-père et de sa belle-mère, qui ne l’avoient pris pour leur gendre qu’à cause de ses grands biens...

121. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Elles sont fort railleuses et moqueuses, même des gens qui ne leur en donnent pas de sujet. »Huet, évêque d’Avranches, a publié, en 1659, les portraits écrits par Mademoiselle, portraits dont celui des précieuses fait partie. […] C’est dans la scène d’exposition de son sujet. […] Certes, il ne viendra dans l’esprit de personne que cela regarde la maison de Rambouillet Molière, dans la préface de la pièce, exprime positivement une intention opposée aux applications de nos biographes modernes : « Les vicieuses imitations de ce qu’il y a de plus parfait, ont été de tout temps, dit-il, la matière de la comédie ; les plus excellentes choses sont sujettes à être copiées par de mauvais singes. […] On y conversait d’une manière si alambiquée, que sur quelque sujet que ce fût, on finissait toujours par ne pas s’entendre. […] J’aurais voulu voir eu action, entre leurs mains, l’aiguille, la navette, le fuseau, la fusée, le dévidoir ; j’aurais désiré de voir ces femmes broder, faire de la tapisserie, des nœuds, des pelotons, en même temps qu’elles écoutaient une lecture, ou entendaient discourir sur quelque sujet moral ou littéraire.

122. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. » pp. 436-488

On reconnoît dans cette piece Térence à chaque pas : on y voit sa maniere de dialoguer : les détails & les scenes sont pour la plupart dans son Phormion ; le fond du sujet est le même. […] Sujet de la farce de Piphagne. […] Sujet de la farce de Francisquine. […] « Comme le Seigneur Léandre s’étoit promis à la Demoiselle fille unique de Monsieur Léonard, & que, depuis ce temps-là, il a voulu, sans aucun sujet légitime, se désister de sa promesse ; il est ainsi condamné à l’épouser dans six semaines ». […]   Un des fils de Pantalon est très mauvais sujet.

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