Moliere, le divin Moliere lui-même, n’a pas quatre pieces qui ne soient imitées, en général ou en partie, d’un autre Auteur ; & je vais le prouver : loin de vouloir par-là diminuer le nombre de ses lauriers, je prétends leur donner un nouvel éclat, puisque Moliere a si bien embelli ses copies, qu’on les préfere aux originaux, qu’il est devenu lui-même un objet d’imitation pour ses successeurs, & que tous n’ont obtenu des suffrages qu’en se rapprochant de ce grand homme. […] Nous avons assez parlé des parties de la comédie & de ses différents genres, pour savoir apprécier les changements heureux ou malheureux que notre guide fera, & pour nous instruire en même-temps dans l’art de l’imitation, art si difficile, que lui seul l’a connu supérieurement : c’est ce que nous prouverons encore en plaçant quelquefois Moliere imité à côté de Moliere imitateur, & en mettant sous les yeux du public les imitations de tous nos Auteurs, depuis Moliere jusqu’à nous.
Je prouverai, quand il en sera temps, que l’action principale marche, ou du moins doit marcher, lorsque le théâtre reste vuide par l’intervalle qu’on met entre les entr’actes. […] Prouvons à présent que ce défaut n’est pas dans l’original, par l’original lui-même. […] Au lieu de parler d’orchestre, de violon, de menétrier, ce qui n’est rien moins qu’imposant, j’aurois pu faire ronfler le chant des Anciens, dire & prouver que leurs scenes n’étoient pas liées lorsqu’on pouvoit placer les chœurs dans l’intervalle, & ne citer en conséquence que des exemples tirés du Grec.
et n’achève-t-il pas de prouver que Molière profitait, aussi bien dans la conduite de ses affaires que dans celle de ses ouvrages, de cette étude approfondie qu’il avait faite des hommes et du monde ? […] Voici de quelle manière le dévot calomniateur essaie de le prouver : Tartuffe ici nous en fait foi. […] Ainsi les Tartuffes, en accusant Molière, prouvaient la vérité de ses portraits ; ils mettaient leurs noms au bas comme si on ne les eût pas suffisamment reconnus. […] Cette coutume existe encore dans ce pays, dont l’exemple prouve que rien ne s’allie plus facilement que l’intolérance et la débauche, et que le vice ne se déguise jamais mieux que sous le manteau de la religion. […] Presque tous les commentateurs de Molière semblent avoir eu la prétention de prouver qu’ils savaient mieux le français que lui, comme s’ils avaient voulu se dédommager, par la critique de son style, de l’hommage qu’ils étaient forcés de rendre à son génie.
Il est très facile de tirer des scenes & des situations plaisantes du nom des personnages ; mais le comique qui en résulte, me paroît tout-à-fait indigne de la grande comédie : je vais le prouver par deux exemples, l’un pris chez les Italiens, & l’autre chez les Grecs. […] Le comique qu’Euripide a mêlé à son espece de Conte d’Ogre, ne fera pas, je crois, un grand nombre d’admirateurs, & me servira à prouver avec l’exemple précédent que le plaisant qui résulte des noms est digne tout au plus de la farce. […] Griffet, commissaire, fait venir la famille de son épouse, son jardinier & sa jardiniere qu’il croit les complices des déréglements de sa femme : il veut prouver à ses filles mêmes les torts de leur mere : enfin le fatal écrit est lu publiquement.
Il est question de prouver que ce même Térence, si poli, si recherché, est infiniment plus naturel que nos Modernes. Prenons, pour le prouver, le moment intéressant où Pamphile, amoureux de l’Andrienne, peint les chagrins que lui a causé son pere, en lui ordonnant de se préparer à épouser une autre femme. […] Mettons sous les yeux du Lecteur un exemple qui prouve le mauvais goût des auteurs de ce temps-là, & du spectateur qui les applaudissoit. […] Je suis persuadé que le goût d’expression qui regne aujourd’hui, vient moins d’une imagination heureuse que de la stérilité des Auteurs : la moindre réflexion suffit pour le prouver. […] On lui a encore reproché, avec justice, une basse bouffonnerie & une obscénité grossiere, qui prouvent autant la corruption du poëte que celle de ses contemporains.
On sait combien le roi goûtait peu ce bel-esprit chimérique, et la correspondance de Fénelon prouve qu’il n’était guère plus juste à l’égard du roi. […] Rien ne prouve d’ailleurs qu’il ait eu le moindre rapport avec le roi. […] Il reste prouvé pour bien des gens que le régime qu’il faut regretter quand on est poète, imiter quand on est prince, c’est celui des royales munificences, où les pensions et les encouragemens allaient, dit-on, éveiller le génie : le règne de Louis XIV. […] Il reste donc prouvé que les libéralités du roi ont pu récompenser les écrivains que l’opinion publique désignait à ses faveurs, mais qu’à l’exception de Racine il n’en est aucun dont Louis XIV ait soutenu les premiers pas. […] Au moins peuvent-ils servir à prouver qu’on a peu de raison de regretter à cet égard le temps passé, et qu’il n’est aucun gouvernement en France, depuis un demi-siècle, qui n’ait été à proportion beaucoup plus libéral envers les lettres que le grand roi.
Je le prouve en donnant un précis de l’ouvrage. […] Cela se peut ; mais je crois avoir déja prouvé que le spectateur, entraîné par l’habitude, & séduit par l’apparence, bat souvent des mains à des fautes qu’un vernis brillant lui cache.
Nous pourrions nous étendre beaucoup sur le genre mixte, & prouver qu’il se divise en plusieurs classes ; mais parlons seulement des deux qui sont les plus ordinaires, & dans lesquelles toutes les autres rentrent. […] Pour le prouver, mettons aux prises les deux héros une fois seulement. […] Opposons à la mal-adresse de Palaprat l’adresse de Moliere, & prouvons qu’il est un moyen sûr pour éviter les défauts reprochés avec juste raison à l’Auteur du Grondeur.
Je vais vous prouver le contraire, & cela par une piece que l’on joue très souvent sur le premier théâtre de l’Europe. […] Il le prouve par l’adresse avec laquelle il ménage ses perfidies. […] Moliere va nous le prouver.
Prouvons présentement qu’il a dégénéré, & que si les Auteurs n’y prennent garde, ils pourront bien le replonger insensiblement dans la barbarie dont nous l’avons vu sortir. […] Rochon & Sedaine ; mais j’ai prouvé que l’un lui a fait faire un pas en arriere, l’autre deux : & comme en toutes choses le premier pas est le seul qui coûte, gare que nous ne revoyons bientôt sur les planches les Bergers de Bethléem. […] Je pourrois aisément traiter tous les autres avec la même exactitude ; si je n’étois sûr de rendre par-là mon ouvrage trop monotone, il me seroit très aisé de démasquer la véritable origine de tous les genres, & de prouver, par des exemples frappants, que ceux à qui l’on veut donner un air de nouveauté, ne paroissent tels aux yeux de l’ignorance, qu’en s’éloignant des bons modeles, en se parant de toutes les vieilles rapsodies auxquelles l’enfance de l’art a donné naissance, & que le goût avoit fait oublier.
Les Auteurs doivent toujours, par préférence, faire choix des caracteres principaux, parcequ’ils sont plus frappants & bien plus propres à fournir l’action nécessaire à une Comédie que les caracteres accessoires, puisque ceux-ci ne sont qu’un diminutif des autres dont ils émanent : la chose est bien facile à prouver. […] Il suffit de mon choix pour prouver ma sagesse ; Mes feux sont raisonnés. […] Léandre, non content de prouver qu’on doit se marier & prendre un état, s’emporte contre le valet de son ami qui est d’un autre avis & qui vante les charmes de la douce paresse.
La sœur cadette paroît, surprend son aînée un portrait à la main, & comme elle aime aussi Celio en secret, elle lui reproche son attachement pour l’original dont elle tient la copie : Aurora lui jure le contraire, &, pour le lui prouver, lui abandonne cette miniature qui cause sa jalousie : la sœur cadette l’accepte avec transport, l’ouvre bien vîte, & voit avec étonnement la figure d’Arlequin. […] Arlequin lui fait part de son aventure, & des injures qu’on lui a écrites ; Argentine ramasse les morceaux de la lettre, prouve qu’elle est très tendre, & se découvre enfin.
Si tout ne prouve pas qu’il s’est altéré sur la route, que nous avons enfin une bonne et mauvaise tradition, et que la dernière est par malheur la plus accréditée ? […] La moralité. — Bonne ; elle nous prouve à quel point un cœur jaloux peut égarer l’imagination. […] Ces trois ouvrages vont nous prouver successivement s’il était prudent d’attaquer un athlète aussi vigoureux, et si l’athlète fit bien ou mal de se venger. […] En donner le précis, c’est prouver que Molière a bien fait de ne pas la prendre en entier. […] Chaque acte, chaque scène, chaque mot de sa pièce nous l’ont prouvé.
Sganarelle espere que son maître aura quelques remords ; Don Juan lui prouve le contraire, en sortant pour préparer l’enlevement projetté. […] Je ne sais si je survivrai au coup mortel qu’il m’a porté ; mais si tu fais quelque cas de ma tendresse & de mes ordres, si ton amour fut vrai, tu peux me le prouver dans cette occasion. […] Le Marquis prouve qu’il est innocent de la mort de Gonzalo, & que Don Juan l’a tué. […] Son infidelle veut lui prouver qu’elle est innocente ; elle y réussit, en feignant de se tuer. […] Don Juan se voyant pris fait un discours très pathétique à Don Alphonse, pour lui prouver que sa passion excessive pour Dona Anna doit le rendre excusable.
Ils pensent qu’il n’y a plus qu’à prendre la plume, comme si M. de Marmontel leur eût assuré, leur eût prouvé que chacun des fonds qu’il leur donne peut fournir cinq actes. […] Pour le prouver, réunissons quelques morceaux de l’Important 64, & comparons-les aux matériaux que nous avons ramassés pour composer le Petit Seigneur. […] J’entends la plupart de mes Lecteurs s’écrier « que ce que je dis pour persuader que le Défiant est très difficile à traiter, prouve tout le contraire, puisqu’on peut l’associer à une infinité de caracteres qui le rendront plus théâtral en redoublant ses forces ». […] En voilà suffisamment pour prouver qu’un Auteur seroit extrêmement gêné en traitant le Défiant. […] parbleu, je prouverai le contraire, s’écria le grand Rameau, & ma fille n’a qu’à s’arranger en conséquence : elle ne se mariera qu’après ma mort ».
Il suffit, pour le prouver, de comparer le dénouement du Distrait, dont j’ai déja parlé dans ce chapitre, avec celui des Femmes Savantes. […] Il paroît d’abord très ridicule de dire que la catastrophe principale, que ce qui fait le dénouement, doit être placé à la fin de la piece ; cependant ce que nous venons de voir prouve combien il est essentiel de rappeller cette regle aux Auteurs. […] Je pourrois encore citer Aristote, duquel j’ai pris ce que je viens de dire ; mais je me souviens de temps en temps que Sganarelle, dans le Médecin malgré lui, prouve, par le chapitre des chapeaux d’Aristote, qu’il doit se couvrir.
Depuis qu’il a prouvé qu’ici-bas tout est bien, Je verrois tout aller au diable, Que je croirois qu’il n’en est rien. […] J’ose parier que si le titre lui eût promis un Anglomane, il auroit été aussi satisfait qu’il étoit mécontent : il me l’a prouvé lui-même. […] Ai-je tort de dire que le public a prouvé ce que j’ai avancé, & que le sort d’une piece dépend souvent du titre ?
La seule de ces pièces qui soit restée au théâtre, est Le Menteur, imité de Lope de Vega, et qui, à mon avis, ne prouve aucun talent comique. […] L’exécution du Légataire universel prouve plus de talent comique ; mais l’absence de sentiment moral dans l’idée même de la pièce est cause que ce talent a été prodigué sans fruit. […] La première de ces pièces prouve de la verve, de l’invention. […] Je ne m’arrêterai pas à prouver qu’il méconnaît l’essence de la poésie et des beaux-arts, lorsqu’il leur attribue un but purement moral. […] Voilà une idée et des effets qui prouvent un vrai sentiment de l’art, mais l’exécution laisse encore beaucoup à désirer.
L’événement le prouva : car madame de Soubise ne tarda pas à lier avec le roi une intrigue qui dura quelque temps. […] Madame Scarron prouve encore ici, ne fût-ce que par l’absence de toute expression de gratitude, qu’elle ne craint rien tant que le soupçon d’une secrète intelligence avec le roi. […] Ensuite j’allai à la messe et je revins dîner avec le roi. »La brouillerie avec le roi n’était donc pas bien déclarée ; c’était de la froideur et de l’embarras de la part du roi, et rien de plus. « On rendit compte (madame de Montespan sans doute) à M. de Louvois de ce qui se passait. » Ceci prouve la crainte que la favorite avait de déplaire au roi en donnant lieu à l’éloignement de la gouvernante.
Il en prit occasion de représenter au roi qu’il était plus juste que jamais de lui permettre de faire jouer Le Tartuffe, puisqu’il n’avait que ce moyen de prouver au public l’innocence d’un ouvrage si odieusement calomnié par ses ennemis. […] J’ai prouvé jusqu’à l’évidence que le fond en était d’accord avec les sentiments les plus anciennement professés dans l’église, et que, si le moderne orateur s’est trompé, c’est avec saint Chrysostome et saint Augustin, les deux plus vives lumières du christianisme. […] Finissons par une remarque qui achève de prouver, contre l’opinion de La Bruyère, quelle idée juste Molière s’est formée du personnage d’hypocrite, et en même temps quel art il a employé dans la peinture de ce caractère. […] Les progrès de la civilisation n’avaient pas encore permis de mettre sur la scène l’adultère prouvé par les aveux de la coupable, et constaté par les fruits mêmes du crime. […] Il est vrai qu’Orgon veut donner sa fille en mariage à Tartuffe ; mais Philaminte aussi veut prendre Trissotin pour gendre ; et Trissotin est bien l’abbé Cotin, comme le prouvent le sonnet et le madrigal tirés des œuvres mêmes de cet auteur, et la fameuse scène copiée d’après une dispute qu’il avait eue avec Ménage.
Enfin, les mots et autres, qui suivent la mention des témoins, prouvent que ces derniers n’étaient pas les seuls assistans et permettent de supposer un cortège d’amis aussi nombreux que l’on voudra. […] Malheureusement pour l’effet de son récit, elle voulut trop prouver, et, surtout en pareille matière, qui veut trop prouver ne prouve rien. […] Epicurien insouciant, Chapelle n’en était pas moins sensible aux peines de ses amis ; il l’a prouvé en plusieurs circonstances. […] Malgré le coup terrible qui la frappait, la troupe ne fit relâche que six jours ; il n’y avait pas de temps à perdre si elle voulait prouver son intention de survivre. […] Ce qui prouve bien que, dans le premier, tous les torts n’étaient pas de son côté, c’est que, devenue la femme de Guérin, elle vécut parfaitement heureuse et que sa conduite ne donna plus lieu à aucun bruit fâcheux.
Oui par la forme, & jamais par le fond : je puis aisément le prouver par les plus fameuses de nos pieces fondées sur un déguisement. […] Tous prouvent que la seule différence gît dans la qualité ou dans la quantité des personnes qui se déguisent, & dans les habits qu’elles prennent.
On voit ensuite deux bavardes qui prétendent avoir l’art de se taire, & qui, pour le prouver, babillent sans cesse ; M. […] Mais ce n’est point assez ; je veux leur prouver présentement que Moliere, s’il l’eût jugé à propos, auroit pu précipiter davantage son intrigue, sans la priver d’aucune des parties qui lui sont essentielles, & que nous venons d’admirer en elle. On me soutiendra que la chose n’est pas faisable ; je prouverai le contraire par les vers mêmes de Moliere, puisqu’en les copiant j’en ai retranché la moitié sans toucher, comme l’on vient de le voir, aux ressorts nécessaires pour faire mouvoir une action complette, sans même déranger l’ordre des rimes.
Il est essentiel de prouver la vérité de ce que j’avance ; & je demande : Y a-t-il dans le grand monde de jeunes Demoiselles qui trompent leurs tuteurs, qui imaginent mille stratagêmes pour secouer leur tyrannie ? […] Thomas Corneille est de tous les Auteurs celui qui a fait imaginer par des maîtres l’intrigue la plus fine, la plus agréable ; mais cette même intrigue, toute fine, toute agréable qu’elle est, nous prouvera que les ressorts imaginés par des personnages distingués ne peuvent pas conduire la machine bien loin, avec ce ton, cette décence, ces égards quelquefois ridicules, que les gens du monde exigent aujourd’hui, & ne sauroient suffire à une grande piece. […] Tout cela prouve, comme je l’ai dit, que la politesse françoise, que le ton, l’éducation, les manieres du monde qu’on appelle comme il faut, sont incompatibles avec les ressorts d’une intrigue, & d’une intrigue plaisante sur-tout.
Un Auteur doit s’appliquer à prouver au spectateur que la ressemblance qu’il va mettre en jeu pour l’amuser, peut être possible. […] Nous allons opposer les deux Jumeaux Italiens aux deux Jumeaux François ; prouver que l’Auteur Italien, en composant sa piece, a pris soin de tramer l’intrigue, de la dénouer, & d’arranger les incidents de façon que les deux freres ne fussent jamais ensemble sur la scene, & qu’un seul pût remplir les deux rôles ; ensuite il nous sera facile de faire remarquer que ce qui est une beauté sur le théâtre Italien, seroit un défaut sur le nôtre. […] Tout cela prouve que les pieces intriguées par une ressemblance demandent le plus grand art.
Je ne sais si la Chaussée, gâté par son genre ou ses succès, dédaigna sur la fin de ses jours la véritable Thalie ; mais il est certain qu’épris de ses beautés, il tenta de mériter ses faveurs en entrant dans la carriere du Théâtre : sa Fausse Antipathie & son Amour Castillan le prouvent assez. […] Forçons maintenant la Chaussée à nous prouver qu’il est plus difficile d’être imitateur dans le vrai genre que dans le genre bâtard. […] Il exigea d’elle qu’elle lui promît par écrit de l’épouser lorsqu’il auroit prouvé clairement qu’il étoit libre ; &, sur cet écrit, il prit le parti le plus extravagant qu’un homme de sa sorte pût choisir.
Mais, avant que de finir cet article, j’aurai occasion de prendre la scene de Plaute d’un autre sens, & de prouver qu’elle est égale à celle de notre Poëte, si elle ne lui est pas supérieure. […] En voilà assez pour prouver que cette scene a les beautés & les défauts de celle de Plaute. […] Nous ne saurions mieux le faire qu’en rapprochant premiérement ce qu’on a dit de l’un & de l’autre, pour prouver leur avarice ; secondement, ce qu’ils ont dit eux-mêmes, & ce qu’ils ont fait dans les diverses situations où les Auteurs les ont mis. […] La Fleche, pour prouver à Frosine qu’elle ne pourra pas tirer de l’argent d’Harpagon. […] Strobile, pour prouver à Congrion que l’Avare ne se déterminera pas à faire de la dépense pour la noce de sa fille.
Mais le témoignage des auteurs qui ont travaillé sur les antiquités françaises, et les traductions que l’on fit de cette pièce en plusieurs langues, prouvent qu’elle eut de tout temps un très-grand succès, parce qu’en effet le naturel a le même droit sur les hommes dans tous les temps, et qu’il y en a beaucoup dans cet ouvrage. […] Ce qui le prouve, c’est, qu’ils sont dans la mémoire de tous ceux qui fréquentent le spectacle. […] Cela est très-gai; mais ce qui l’est un peu moins, c’est que des faits très attestés aient prouvé que ce n’est pas une plaisanterie. […] Le scepticisme dont Regnard faisait profession est porté jusqu’à l’excès dans une épître où il s’efforce de prouver qu’il n’y a réellement ni vice ni vertu, puisque telle action est criminelle dans un pays et louable dans un autre. […] Dufrény, qui fut longtemps lié avec Regnard, se brouilla avec lui à l’occasion du Joueur, dont il prétendit, avec assez de vraisemblance, que le sujet lui avait été dérobé; mais quand il donna son Chevalier joueur, il prouva que les sujets sont en effet à ceux qui savent le mieux les traiter.
Pour prouver ce que j’avance, revenons à deux pieces que j’ai citées plus haut. […] Ce qu’on voit de ce drame prouve assez que rien n’en peut être décent. […] Un seul exemple suffira pour le prouver. […] On doit cependant moins s’en prendre à lui qu’au mauvais goût de sa nation : il a su le prouver.
La reconnaissance et l’enchantement populaires ont attaché à cette brillante époque le nom du prince qui était le centre et le principal ressort de ce noble mouvement des cœurs et des intelligences : Voltaire a prouvé que ce n’était pas sans raison. […] Les hommes véritablement pieux ont une tout autre allure, et Molière a peint leurs mœurs avec une vérité qui prouve à quel point il les estimait, et que réellement il ne voyait au monde « chose plus noble et plus belle que la sainte ferveur d’un véritable zèle » : Point de cabale en eux, point d’intrigues à suivre ; On les voit pour tous soins se mêler de bien vivre. […] Dans cette double exécution, Molière prouve sa haute impartialité : de souche bourgeoise, il n’épargne pas les ridicules de la bourgeoisie, obligé de vivre avec les grands, il ne ménage pas davantage les vices de la cour. […] Ce qui prouve victorieusement la parenté et la puissance de leur génie, c’est le don qu’ils possèdent au même degré de transformer ce qu’ils touchent, et de s’assimiler ce qu’ils empruntent.
Revenons un peu sur nos pas ; je vais prouver ce que j’avance. […] Oh çà, je dis moi, en style comique, qu’il pouvoit faire autrement ; & la Sémiramis du Chantre immortel de Jeanne d’Arc me le prouve. […] Je viens de leur prouver qu’ils pouvoient introduire, faire parler, agir avec plus de décence certains personnages dans les rues d’une petite ville que dans celles de la capitale ; par conséquent ils ont le plus grand tort du monde de ne pas se mettre à leur aise quand ils le peuvent sans s’écarter de la vraisemblance & du naturel.
Le public est-il une fois instruit de la pureté, de la vivacité de leur tendresse, qu’ils cessent de disserter sur leur passion, qu’ils en prouvent la violence en agissant ou en faisant agir tout ce qui les entoure pour parvenir à l’hymen qui doit combler leurs vœux. […] Oui, ces beautés superficielles qui, n’allant au spectacle que pour y voir ou y être vues, sont bien aises d’y trouver une scene détachée qu’elles puissent écouter comme une ariette, sans être obligées de suivre la marche d’une piece ; ou ces nymphes qui, blasées sur l’amour par l’amour même, feignent cependant d’en avoir toute la vivacité, toute la délicatesse, & pensent le prouver en s’extasiant au seul mot de tendresse, en sautillant dans leur loge quand un acteur qui connoît leur foible, sautille sur les planches, & fait semblant d’appeller l’ame sur ses levres toutes les fois qu’il a besoin de respirer. […] Citons pour exemple une scene qui soit bien applaudie, qui serve de cheval de bataille à tous les comédiens de l’un & de l’autre sexe qui débutent dans les rôles amoureux ; & prouvons qu’avec tout l’esprit possible, elle n’a pas le sens commun.
J’aurois à batailler en demandant si cette façon de présenter les vices changeroit leur nature, ou les rendroit plus comiques & plus moraux : mais j’aime mieux aller au fait dont il est question dans cet article, & prouver que l’Auteur qui suivroit cette route se trouveroit encore devancé par Poisson. […] Tout cela prouve qu’en remettant les états, les professions sur la scene, on risque de se trouver volé par ses prédécesseurs, & de ne pouvoir pas faire même un bon Drame. Il en est des caracteres du cœur humain, comme du caractere des états ou des professions ; ils n’ont pas varié davantage : nous tâcherons de le prouver dans le chapitre suivant.
Il ne prouve plus, par Aristote et par Horace, que L’École des femmes pèche contre ces règles éternelles. […] Vous le dites, il faut le prouver. […] 3º Elle ne prouve rien. […] Il lui est absolument impossible de prouver que Molière soit un poète comique. Il est vrai qu’elle s’y résigne, en considérant que les vérités les plus simples, comme les vérités les plus hautes, ne sont pas susceptibles d’une démonstration rationnelle, et que, pour prouver qu’il fait jour, comme pour prouver Dieu, il ne faut point raisonner, mais ouvrir les yeux et sentir.
Si Jean-Jacques avait pu deviner ce mystère, il ne se serait pas mis en si grands frais de sophismes, pour nous prouver que Molière n’avait eu d’autre but, dans son Misanthrope, que de « rendre la vertu ridicule. » Et voilà comme on avilit le génie ! […] « Il peut regarder avec loisir ce portrait que j’ai fait de lui- même 27. » Quand ou n’aurait que ce seul mot de sa préface, il y aurait là de quoi nous prouver que les procédés du moraliste diffèrent essentiellement de ceux de Molière. […] Cette scène si émouvante et si vraie, dans laquelle Alceste laisse éclater son désespoir à propos d’une lettre adressée à Oronte, que la perfide Arsinoé lui a remis entre les mains, ne rappelle-t-elle pas cette autre lettre qu’un lâche fit tenir à Molière pour lui prouver l’infidélité d’Armande 42 ? […] Armande Béjart, sœur et non fille de Madeleine Béjart, ainsi que le prouvent d’une manière irréfutable les savantes et consciencieuses recherches de Beffera.
Les Pensées de Pascal, ardente réfutation ou apologie passionnée du scepticisme, suffisaient à elles seules pour prouver la vérité de ce que nous avançons. […] Si de sa vie nous passons à ses écrits, pour que ces critiques aient tort, de ses écrits il but encore effacer tous les passages : 1° Où il nie l’existence des idées innées (Cinquièmes objections, p. 275); 2° Où il établit l’existence des atomes, bien qu’il leur refuse l’éternité (Damiron, p. 421); 3° Où il déclare que toute science est des sens ou vient des sens (Damiron, p. 400 ; Cinquièmes objections, p. 274) ; 4° Où à propos de la pensée, il trouve qu’elle pourrait bien convenir à la matière (Cinquièmes objections, p. 325, p. 259) ; 5° Où sur l’âme il déclare qu’il « balbutiera » seulement, où il admet en l’homme deux âmes, l’une matérielle, l’autre raisonnable, mais où il échoue quand il veut prouver que l’âme raisonnable n’est pas matérielle comme l’autre (Damiron, p. 478, 479, 480) ; 6° Où sur Dieu il déclare que nous ne le concevons que sous la forme corporelle : « Sub idea viri alicujus senis venerabilis » (Log., p. 93); En sorte qu’en dernière analyse nous ne concevons rien : « Quod nihil ornnino habeat corporeitatis., — quia mens nostra, quamdiu est illigate corpori, haurit per sensus notiones rerum; » 7° Où enfin comme conséquence de tout son système, il avoue son scepticisme. […] La philosophie seule est prouvée enchaînée, — le christianisme est affirmé, avancé. Or, comme on l’a très-bien dit, « un système ne consiste pas dans ce qu’un auteur avance, mais dans ce qu’il prouve. » Si le prêtre était chrétien, le philosophe était sensualiste, et ce fut au philosophe que Molière eut à faire. […] Ils suffisent presque pour prouver cette vérité, méconnue souvent : Des médecins de son siècle, Molière a fait non la caricature mais le portrait.
George Dandin, désespéré de n’avoir pu prouver son déshonneur, s’écrie : Je ne dis pas un mot ; car je ne gagnerois rien à parler. […] Si cette nouveauté peut contribuer à la gloire de notre théâtre, il faut l’adopter, & prouver notre reconnoissance à l’Auteur en marchant sur ses traces. […] On raconte qu’il avoit été chargé d’aller porter aux Administrateurs de l’Hôtel-Dieu la rétribution que la Comédie est obligée de donner à cet Hôpital, & qu’en s’acquittant de cette commission, il fit un beau & long discours pour prouver que les Comédiens méritoient, par le secours qu’ils procuroient aux pauvres, d’être a l’abri de l’excommunication ; mais son éloquence ne fut pas assez persuasive.
Je citerai, à la fin de ce Chapitre, l’exemple que j’ai en vue : il me servira à prouver plus d’une vérité. […] Je choisis l’Avare de Moliere, & je vais prouver que j’ai fait un bon choix. […] Elise dit à Valere qu’il ne la défend pas avec assez de vivacité : son amant lui prouve que c’est pour ne pas heurter de front le sentiment de son pere, qui ne consulte que son avarice seule dans l’établissement projetté.
Lucinde est éprise de Moncade ; on cherche à lui persuader que son amant est un perfide : pour le lui prouver, on dit à Moncade qu’une belle dame est charmée de son mérite, qu’il aura une conversation secrete avec elle, s’il veut se laisser conduire dans son appartement avec les yeux bandés ; il y consent, & assigne le lieu où on le trouvera. […] D’un autre côté Lisette assure à la jeune veuve que Valere est épris de ses charmes, & le lui prouve par un des traits le plus ingénieux qu’il y ait dans tous les théâtres.
Bélise devient encore plus plaisante qu’Hespérie en ce qu’elle s’obstine à compter parmi ses amants des personnes dont on lui prouve l’indifférence, & même les mauvais procédés à son égard. […] Ce jugement seul prouve la distance qu’il y a d’un Auteur à l’autre.
Ce genre, enfin, s’il n’était justifié par l’impossibilité de faire autrement, semblerait prouver l’impuissance de faire mieux. […] Si j’avais besoin de prouver à quel excès de ridicule un critique peut se laisser entraîner par la manie de trouver des imitations, je citerais l’opinion de Riccoboni relativement aux Fâcheux. […] On a vu, dans la Notice sur Le Cocu imaginaire, qu’un particulier, nommé Neufvillenaine, fit imprimer cette pièce qu’il avait apprise par cœur aux représentations, et la dédia à Molière lui-même, en essayant de lui prouver qu’il ne lui avait causé aucun préjudice. […] Le privilège obtenu par Molière pour l’impression de L’École des maris, porte ces mots : « Mais parce qu’il serait arrivé qu’ayant ci-devant composé quelques autres pièces de théâtre, aucunes d’icelles auraient été prises et transcrites par des particuliers qui les auraient fait imprimer, vendre et débiter en vertu des lettres de privilège qu’ils auraient surprises en notre grande chancellerie, à son préjudice et dommage ; pour raison de quoi il y aurait eu instance en notre conseil, jugée à l’encontre d’un nommé Ribou, libraire-imprimeur, en faveur de l’exposant ; lequel craignant que celle-ci ne lui soit pareillement prise, et que, par ce moyen, il ne soit privé du fruit qu’il en pourrait retirer, nous aurait requis de loi accorder nos Lettres, avec les défenses sur ce nécessaires. » La plainte de Molière mentionnée dans ce privilège, avait principalement pour objet l’édition du Cocu imaginaire, donnée par Neufvillenaine, et, ce qui le prouve, c’est cette instance jugée à l’encontre du libraire Ribou, lequel avait imprimé cette même édition.
La satire, il est vrai, sortait de la bouche de dom Juan, qui ne croit à rien de ce qu’il faut croire, ne respecte rien de ce qu’il faut respecter ; et, bien que son incrédulité, criminelle et absurde sur quelques points, pût être innocente et raisonnable sur d’autres, les médecins et le public hésitèrent peut-être d’abord à penser que l’auteur eût fait, d’un si odieux personnage, l’interprète de ses vrais sentiments, même en une matière qui n’intéresse ni la foi, ni la morale ; mais L’Amour médecin, qui suivit de près Le Festin de Pierre, vint dissiper le doute, et prouver que Molière n’était pas moins impie en médecine que dom Juan. […] Gui Patin a consigné, dans ses Lettres, la nouvelle de la représentation de L’Amour médecin, d’une manière inexacte, mais qui prouve que personne ne se méprit sur l’intention satirique de l’auteur. […] Je suis sûr d’avoir prouvé qu’elle n’a aucun fondement : je suis également sûr qu’on ne discontinuera pas d’y croire et de la répéter. […] Ces prétendues ressemblances prouvaient une seule chose, c’est qu’il existait dans le monde des gens ridicules de la même manière et au même degré que les personnages mis par Molière sur la scène, et qu’en fait de vices ou de travers, il est impossible de rien concevoir, de lien imaginer qui n’ait son type dans la réalité.
Ne lui auroit-il pas été bien facile de prouver ce qu’il étoit & à qui il appartenoit ? […] Chez Moliere comme chez Plaute, Mercure s’amuse à rosser Sosie, à lui voler sa ressemblance, à lui prouver qu’il est le vrai Sosie, à le renvoyer au port sans le laisser entrer chez Alcmene ; mais Moliere se garde bien de leur faire débiter toutes les mauvaises plaisanteries que le Comique Romain a mises dans leur bouche. […] Il m’est bien aisé de prouver le contraire en rapportant une scene dans laquelle les deux Auteurs ont suivi le même plan & les mêmes idées. […] Cet exemple suffit pour prouver combien le style de Moliere est supérieur à celui de son prédécesseur.
Aucun législateur n’a mieux tracé que lui les devoirs des époux et des femmes, des fils et des pères, ainsi que nous le prouverons dans l’analyse succincte de chacune de ses pièces prises au point de vue de la morale. […] Une anecdote prouve que Boursault avait au fond quelque noblesse dans l’âme. […] Ce qui sert à prouver son talent de mime. […] Nous en avons vu une marquée par un petit incident qui prouve que les spectateurs devraient souvent mettre un peu de réserve dans leur jugement et ne se permettre de signes d’improbation qu’à bon escient. […] Les Vendanges et l’Impromptu de Suresne semblent essayer de prouver l’excellence du vin de Suresne.
« Mais si, comme on l’a dit et comme de notre temps on ne se lasse pas de le prouver, l’histoire est toujours à faire, cela est vrai surtout de l’histoire des lettres, où les tentatives nouvelles du talent, les disputes des écoles, les prétentions du paradoxe et les démentis de l’expérience font incessamment découvrir des points de vue négligés dans l’art, des enseignements utiles pour le présent, des encouragements à la vraie nouveauté, des préservatifs contre la fausse et stérile hardiesse, et toute une étude d’imagination et le goût à faire pour l’avenir, sur les monuments du passé. » M.
Les dates ici ne prouvent rien, car elles plaident à la fois le pour et le contre. […] Cette mention est écrite d’une autre encre que le reste, ce qui prouve bien qu’elle est postérieure à la première visite. […] Prouver l’absurde méchanceté de ces bruits était impossible. […] C’est ce qui nous reste à prouver ; c’est le second point du débat. […] Il fallait un coup plus hardi pour prouver qu’il s’émancipait.
1775, Anecdotes dramatiques, tome I, p. 71 Madame Dacier 207, qui a fait honneur à son sexe par son érudition, et qui lui en eût fait davantage, si, avec la science des commentateurs, elle n’en eût pas eu l’esprit, fit une dissertation pour prouver que l’Amphitrion de Plaute était fort au-dessus du moderne ; mais ayant entendu dire que Molière voulait faire une comédie des Femmes savantes, elle supprima sa dissertation.
Cette scène suppose un amour extrême entre Valère et Élise, et ne le prouve point par le coloris. […] Le coloris de cette scène ne prouve point encore la résolution forte qui y est énoncée. […] iº la proposition morale que Molière tend à prouver me semble fausse. […] Cette scène est probante, prouve le caractère, mais ne fait nullement rire. […] Prouve le caractère.
Don Carlos, loin de combattre les sentiments de Diana, lui annonce qu’il pense comme elle ; qu’il ne lui donne des fêtes que pour lui prouver son respect, & non la sincérité d’une passion qu’il n’a jamais sentie, qu’il ne sentira jamais, quand même le Ciel, pour le toucher, formeroit une beauté chez qui toutes les graces des autres seroient réunies. […] Don Carlos lui dit que c’est à tort, puisqu’il ne s’est efforcé de feindre que pour suivre les regles de la fête ; il le lui prouve en prenant un prétexte pour se retirer. […] Les Italiens & leurs partisans prétendent que Moliere a pris l’idée de sa Princesse d’Elide dans une comédie italienne, intitulée Ritrosia per Ritrosia, qui est imitée del Desden con desden ; mais une légere esquisse de l’ouvrage italien prouvera que notre Poëte a puisé dans la source même.
Il est vrai qu’il se borne le plus souvent à déclarer qu’une façon de parler est vicieuse, sans prendre soin de le prouver par quelques mots d’explication. […] Mais, selon Voltaire, plusieurs personnes, indignées d’une telle calomnie, prirent le soin de la réfuter, et prouvèrent que Molière n’avait connu la mère qu’après la naissance de la fille. […] Au reste, l’absence des deux actes en question n’est encore qu’une preuve négative, c’est-à-dire une de ces preuves qui ne prouvent rien. […] Il prouva trop bien qu’il l’entendait ainsi.Le jour de la quatrième représentation du Malade imaginaire, il souffrait de la poitrine plus qu’à l’ordinaire. […] Loin de là : il a reconnu la dette avec une franchise et une bienséance d’expression qui prouvent la délicatesse de son esprit et l’honnêteté de son âme.
Mon assujettissement aux dates des faits, aux âges des personnes, à la nomenclature des ouvrages ; ma division en périodes, qui fait revenir souvent les mêmes noms sans autre motif que d’en présenter une revue à différentes époques, tout cela est très fastidieux ; et cependant comme mon but était de prouver que les notions généralement reçues confondaient des personnes, des choses sans relation, uniquement parce qu’on n’avait pas démêlé les temps de leur existence, j’ai voulu rendre aux amateurs d’histoire le service de remettre les choses en leur temps et les personnes à leur place.
Que reste-t-il donc de prouvé sur le caractère de la société de Rambouillet et sur ses effets pendant les vingt premières années de son existence ?
Je crois que c’est une erreur ; un bon Ecrivain peindra aussi fortement un caractere en prose qu’en vers : & je le prouve par le portrait que la Fleche fait d’Harpagon à Frosine. […] D’un autre côté, ceux qui ignorent l’art de rendre une piece comique par sa contexture, s’évertuent à prouver que les comédies doivent être versifiées ; c’est que les madrigaux, les jeux de mots, les pointes, les épigrammes dont ils veulent remplir leur ouvrage, n’ont pas le moindre sel en prose.
Si Regnard n’a pas eu cette idée, est-il vraisemblable qu’un homme se laisse impunément accuser d’avoir signé une promesse de mariage, qu’on lui montre sa prétendue signature, & que, la voyant tout-à-fait différente de la sienne, il ne le prouve pas. […] Pour mieux prouver ce que j’avance, qu’on me permette d’imaginer quelque léger changement, qui, en ne dérangeant rien à la situation, donne au mensonge un air plus vraisemblable ; nous verrons l’effet qui en résultera.
Nous avons d’ailleurs suffisamment prouvé, je pense, qu’aucun des successeurs de Moliere n’a le droit de lui reprocher ses imitations, encore moins celui de le traiter de copiste, de traducteur, de plagiaire. […] Le rang décerné à Regnard par tous les connoisseurs prouve incontestablement qu’on veut rire à la comédie & non y pleurer.
Les mauvais écrivains ne manquent jamais de se réunir contre le talent, sans songer que cette réunion même prouve sa supériorité. […] Il avait de l’esprit et du talent, et ce qui le prouve, c’est qu’on joue encore deux de ses pièces avec succès, Esope à la cour et le Mercure galant. […] Ce principe est si reconnu, qu’il serait superflu de le prouver. […] Il voulait prouver que la comédie était un établissement contraire aux bonnes mœurs. […] Convenons d’abord qu’il n’y attachait aucune prétention ; et ce qui le prouve, c’est que presque toutes ne furent imprimées qu’après sa mort.
Encore une fois, je ne donne ceci que comme une conjecture, car rien ne prouve qu’ils aient été déterminés par ce motif, et je croirais plutôt qu’ils n’en ont pas eu d’autre qu’un empressement indiscret à blâmer tout haut ce que le monarque semblait avoir désapprouvé tout bas. […] Ici, se présentent un maître de danse et un compositeur de musique : celui-ci, qu’un art plus noble devrait rendre plus sensible à l’amour de la gloire, confesse, avec une assez basse ingénuité, qu’il est mû principalement par l’amour de l’or ; et celui-là, plus jaloux de l’honneur, précisément parce qu’il a moins droit d’y prétendre, prouve que la vanité d’un artiste est toujours proportionnée à la futilité de l’art qu’il exerce. […] Je m’attacherai seulement aux paroles qui se rapportent plus directement à la pièce dont je viens de m’occuper moi-même ; et mon zèle prouvé pour la gloire de Molière, ne m’empêchera pas de souscrire à la sentence portée par l’auteur de l’Art poétique. […] Voilà ce qu’ont refusé de voir quelques aveugles enthousiastes de Molière, devenus, en cette occasion, de ridicules adversaires de Boileau, qui n’ont su défendre l’un qu’en attaquant l’autre avec indécence, et qui ont prouvé par là qu’ils étaient incapables de les apprécier tous les deux.
Ils savent trop bien leur métier, les poètes dramatiques surtout, qui sont obligés de plaire aux instincts, aux passions, aux penchants de la multitude, et qui savent que, surtout dans l’art de la comédie, il arrive souvent que celui-là ne prouve rien, qui veut trop prouver. […] Ce qui vous prouve que les chefs-d’œuvre ne portent jamais malheur à personne, et qu’une belle jeune fille n’est jamais perdue quand elle a, pour ses deux parrains, Molière et Marivaux. […] Ces grands hommes, l’honneur de l’esprit humain, reconnaissaient très volontiers les devoirs de la critique ; ils étaient, avant tout, de véritables hommes de lettres, et ils prouvaient, par leur exemple, que cette qualité d’homme de lettres est la plus grande et la plus honorable dont se puisse décorer un galant homme.
La première surtout de ces deux anecdotes a fait fortune ; outre qu’elle peut, comme l’a prouvé Alfred de Musset, être un thème à beaux vers, que, surtout, elle se prête à des considérations de haute littérature6, elle donne lieu d’admirer l’attachement de Molière pour ses vieux domestiques et la familiarité, pleine de bonhomie, dans laquelle il vivait avec eux. […] Le rôle de Louison, dans le Malade imaginaire, où il fait parler une petite fille avec un naturel si rare, prouve qu’il les connaissait bien, et l’on devine l’affection qu’il portait aux siens par la longue scène de Psyché, où le roi déplore d’avance la perte de sa fille par une lamentation prolongée, parfois déchirante. […] Au contraire, on lui reproche, à lui aussi, d’être emphatique, criard et tendu ; cela prouverait que la simplicité tragique est, comme je le viens de dire, chose assez contestable, puisque celui-là même qui en faisait profession cédait malgré lui à la nature du genre et s’efforçait inutilement de se guinder à sa hauteur. […] Ce n’est là qu’une caricature violente et grossière, mais l’Impromptu suffit à prouver qu’elle renferme une part de vérité, que la concorde ne régnait pas toujours au Palais-Royal, qu’il dut y avoir bien des scènes bruyantes, et que le directeur de ces comédiens illustres connut les ennuis de tous les directeurs. […] Elle contribue, en effet, à prouver que, comédien beaucoup plus qu’auteur, et subordonnant tout aux exigences de la scène, Molière faisait passer l’effet de la représentation bien avant celui de la lecture.
La peine inutile que les uns prennent pour arranger cinq à six scenes sans suite & sans dénouement, l’estime, la vénération que les autres ont pour ces ouvrages décousus, prouvent assez que l’envie fait parler les premiers, & que leurs admirateurs ne connoissent ni les difficultés ni le mérite du genre qu’ils méprisent.
Les maris que la marquise de Rambouillet donnait à ses filles, prouvent mieux son bon goût que le contraire n’est prouvé par la fréquentation de quelques écrivains ridicules dans sa maison qui était ouverte à tout le monde.
Laurette profite de l’occasion pour prouver à sa jeune maîtresse qu’Accante la méprise à l’excès, puisqu’il fait si peu de cas de sa lettre. […] La précédente suffit pour prouver que l’enthousiasme de Frontin seroit aussi ridicule dans Laurette, que les petites grimaces de Laurette seroient minutieuses chez Frontin.
J’ai dit ailleurs que nombre d’Auteurs, entraînés par la vanité de prouver ou de faire croire qu’ils vivent dans le grand monde, craindroient de passer pour des roturiers s’ils ne puisoient leurs sujets & leurs caracteres chez nos demi-Dieux. […] Louis Halberg, Auteur de plusieurs Pieces Danoises, ne l’a pas trouvé indigne de ses soins ; il en a fait une piece très plaisante, très morale, très philosophique, dans laquelle il verse non seulement des flots de ridicule sur les originaux qu’il attaque ; il y prouve encore aux gens en place, que, loin de s’affecter sérieusement des propos de leurs imbécilles censeurs & d’avoir recours à des châtiments qui peuvent faire crier à la tyrannie, il doivent rire de leur extravagance & les livrer à tout le ridicule qu’ils méritent ; c’est le châtiment des sots.
Le Savant fait un grand raisonnement pour prouver que de tout temps la matiere fut avant la forme. […] Enfin, sans prendre la peine de copier toute la scene de Moliere, il suffit de savoir que Pancrace impatiente encore Sganarelle en voulant lui prouver, par raisons démonstratives & convaincantes & par arguments in barbara, qu’il n’est qu’une pécore de s’emporter contre le Docteur Pancrace, homme de suffisance, de capacité ; homme consommé dans toutes les sciences naturelles, morales & politiques ; homme savant, savantissime, per omnes modos & casus ; homme qui possede Fable, Mythologie, Histoire, Grammaire.
Il prouva qu’il en était digne. […] Les points placés avant le mot Bejard, font voir que ce qui précède était une simple note en marge, et que le manuscrit portait : « Le baron de Modène eut de la nommée Bejard, comédienne de la troupe de Molière, une fille naturelle que celui-ci épousa (Guérin, femme de). » Le texte ainsi rétabli, par une simple transposition facile à comprendre pour, un manuscrit dont l’auteur n’est pas l’éditeur, prouve que la tradition n’a pas varié, qu’elle est universelle, et ne peut être détruite par un acte que toutes les parties ont eu intérêt à falsifier, comme tant d’autres que nous connaissons.
Une simple observation suffit pour prouver que Les Précieuses ridicules et Les Femmes savantes, ces deux ouvrages dont, en quelque sorte, l’un ouvre et l’autre ferme la carrière dramatique de Molière, sont comme deux actes d’une même volonté, deux résultats d’un même dessein, c’est que la petite pièce en prose est proprement le germe de la grande comédie en vers. […] Alors, tel que Sophocle, lisant son Œdipe à Colone devant les magistrats, pour prouver que sa raison n’était point affaiblie, comme d’ingrats enfants le prétendaient, il invita ses juges à venir l’entendre prêcher, et il gagna sa cause tout d’une voix. […] Mais il a été prouvé plus d’une fois, dans le cours de la présente édition, qu’ils s’étaient permis d’altérer plus ou moins gravement le texte de leur auteur, constaté par des éditions faites sous ses yeux (voyez tome Ier, page 98, note 13). […] On peut, d’ailleurs, opposer à cette saillie d’un personnage imaginaire ce que dit Molière lui-même, dans la préface du Tartuffe : « La médecine est un art profitable, et chacun la révère comme une des plus excellentes choses que nous ayons. »Le seul rôle de Béralde prouve, mais prouve invinciblement que Molière, à l’époque du moins où il écrivit Le Malade imaginaire, n’avait aucune foi à la médecine, Béralde, l’homme raisonnable de la pièce, comme Cléante l’est dans Le Tartuffe ; Béralde, par la bouche de qui Molière attaque la manie d’Argan, comme il combat celle d’Orgon par l’organe de ce même Cléante, Béralde dit, comme l’athée don Juan, et en outrant même le mépris de ses expressions : « La médecine est une des plus grandes folies qui soient parmi les hommes ; et, à regarder les choses en philosophe, je ne vois point de plus plaisante momerie, je ne vois rien de plus ridicule qu’un homme qui veut se mêler d’en guérir un autre. »Ajoutons que la longue et vive argumentation de Béralde contre la médecine ne va point directement au sujet ; que l’important pour lui est de prouver à Argan, son frère, non pas qu’il aurait tort de se confier à la médecine, s’il était malade, mais qu’il fait mal de s’y livrer, puisqu’il se porte bien.
Les différentes éditions, traductions ou imitations qu’on en a faites11, prouvent qu’elle eut un grand succès dans son origine. […] Ce qui prouve que la véritable Thalie, amie des bienséances & de l’honnêteté, a sa façon de voir la nature, & sur-tout de la peindre. Brueys & Palaprat ont très bien fait encore de substituer un Muet à l’Eunuque de Térence, personnage révoltant par lui-même, & qui le devient davantage quand Phædria prouve qu’il n’est pas ce qu’on croit.
L’obligation de croire est mieux prouvée dans les ridicules paroles de Sganarelle que dans plus d’un sermon : DON JUAN Je crois que deux et deux sont quatre, Sganarelle, et que quatre et quatre sont huit. […] « Cléante nous rend l’homme du monde comme Louis XIV le voulait dés ce temps-là ; il a un fonds de religion, ce qu’il en faut : pas trop n’en faut, comme dit la chanson. » Cela n’est qu’un mot, d’un goût discutable, et qui ne prouve rien. […] Enfin, après une réfutation minutieuse des vingt-six arguments par lesquels l’épicurisme essaie de prouver que l’âme est mortelle, réfutation qui n’occupe pas moins de vingt-sept colonnes in-folio, Gassendi ajoute que son but n’est pas d’apporter à la foi, qui n’en a pas besoin, le secours des lumières de la raison, mais de montrer à ceux qui ferment les yeux pour ne point voir cette lumière, et qui attribuent une haute sagesse aux adversaires de l’immortalité, qu’ils se jettent non-seulement en dehors de la foi, mais aussi en dehors de la saine raison.
Nous espérons prouver encore par-là que les successeurs les plus célebres de Moliere sont ceux qui ont imité davantage leurs prédécesseurs, & que tous ont été plus ou moins applaudis, à mesure qu’ils se sont plus ou moins rapprochés de Moliere, le premier Poëte comique de tous les âges & de toutes les nations ».
La satire de d’Aubignac et Les Précieuses de Molière, deux ouvrages de la même année 1654, prouvent l’existence des Précieuses dans cette même année, et aussi leur nouveauté. […] J’espère que cette digression sera pardonnée au besoin de prouver une des puissances de la conversation et de revendiquer pour elle un droit qui n’a été reconnu qu’aux lettres. […] L’air précieux », dit-il plus loin, « n’a pas seulement infecté Paris, il s’est aussi répandu dans les provinces ; et nos donzelles ridicules en ont humé leur bonne part. » Si ces paroles ne prouvent pas positivement que la pièce ait été faite en province, elles ne détruisent pas non plus les témoignages qui prouvent qu’elle l’a été.
Oui, dis, si tu le veux, Je suis tout prêt, cruelle, à te prouver ma flamme. […] Ainsi parle Molière lui-même, dans cet extraordinaire poème sûr la Gloire du Dôme du Val de Grâce, qui prouvé entre parenthèse quel amateur il était ; et ce n’est pas moi qui dirai de lui ce qu’il dit du peintre commun. […] Mais pourquoi, me dira-t-on, tenez-vous tant à prouver que Molière ne s’est pas mis en scène dans ce ridicule Arnolphe, qu’il nous représente si gaiement berné par sa pupille, une innocente, et par ses valets, deux imbéciles ? […] Oui ; dis, si tu le veux, Je suis, tout prêt ; cruelle, à te prouver ma flamme Ah ! […] Voilà, je crois, ce qu’a voulu prouver Molière.
Non : il y a toujours un Dieu qui veut être adoré en esprit et en vérité : et quand tous les hommes lui refuseraient les justes hommages qui lui sont dus, ils ne lui seraient pas moins dus par chacun des hommes, et chacun des hommes ne serait pas moins criminel en les lui refusant. » C’est tout à fait dans le même sens et dans la même pensée que Kant a dit quelque part : « Il est absolument impossible de prouver par l’expérience avec une entière certitude qu’il y ait jamais eu un seul cas où une action, extérieurement conforme au devoir, a reposé uniquement sur des principes moraux et sur le respect intérieur du devoir. […] Cet exemple même prouve combien il est nécessaire que la police des travers et des ridicules soit exercée par un pouvoir indépendant comme la comédie ; car jamais aucune opinion ni aucune secte ne fera la police sur elle-même. […] » Ce dernier mot bref et irrité, par lequel don Juan coupe court à la prédication de son valet, ne prouve-t-il pas qu’il a été touché au vif et que les paroles de Sganarelle ont été à leur adresse ? […] Mais que dire de la scène où Sganarelle, voulant prouver l’existence de Dieu, s’embrouille dans son raisonnement et finit, en tournant sur lui-même, par tomber par terre, donnant par là occasion à don Juan de triompher de lui par cette pauvre plaisanterie : « Voilà ton raisonnement qui a le nez cassé ! […] … » Puis voulant prouver la force de la volonté, il tourne sur lui-même ; c’est alors qu’il tombe.
Qu’on le prouve mensonger, et la série entière des pièces où Armande est dite fille des époux Béjart-Hervé perd à l’instant toute créance. […] L’alibi n’est nullement prouvé, et je renvoie ceux qui seraient tentés de me contredire à l’article Guiche du Dictionnaire historique de Prosper Marchand, article que M. […] Larroumet aurait bien dû ne pas lui emprunter, car il tendrait à prouver que la mauvaise réputation d’Armande était un fait de commune renommée. […] L’enquête prouve que Molière, s’il ne s’est pas confessé, a du moins demandé un prêtre qui n’a pas voulu se déranger la nuit pour si peu, et un autre qui est arrivé trop tard. […] Qu’allègue-t-il pour prouver les tendances jansénistes du Misanthrope ?
Pendant que les Allemands nous prouvent que Molière n’est pas un bon poète comique, nous n’avons pas cessé d’entendre les Français chanter sa gloire : Gloire à Molière, le plus grand des poètes comiques !
Que Molière nous plaise encore cela prouve surtout qu’il n’a corrigé personne. […] On aura dit, pendant la querelle des Anciens et des Modernes : « Si Mme Dacier avait été là au temps d’Amphitryon, elle aurait prouvé la supériorité de celui de Plaute ! […] » Je dirai, moi que Molière donne un beau rôle, somme toute, à tous les deux, ce qui prouve qu’il n’est pas hostile à l’idée de Dieu, mais qu’il lui est indifférent. […] Or, que se laissant conduire par une théorie et éclairer par elle, un critique trouve jusqu’à trois, significations à un personnage, la première absolument contraire à la seconde et une troisième contredisant les deux autres cela prouve que la théorie est peu sûre, cela prouve que le guide trompe et que le flambeau vacille. […] Tout y est, je le reconnais ; mais c’est pour cela que c’est clef à toutes portes et c’est de ces clefs qu’il ne faut pas se servir, parce que ce qui peut tout prouver ne prouve lien.
Elle offre de lui prouver la scélératesse de son idole, le fait cacher sous une table, envoie chercher l’imposteur, risque des agaceries ; le traître ne veut se fier qu’à des réalités. […] On accuse Moliere de se répéter quelquefois ; & on pense le prouver en disant que la belle scene du Tartufe, dans laquelle Valere se brouille & se raccommode avec Mariane, est tout-à-fait semblable à celle qui donne le titre à la comédie du Dépit amoureux. […] Je le prouverai dans la suite par Scarron, l’Auteur de ce même roman que je viens de citer36.
lisons la scene IX, acte III du Bourgeois Gentilhomme : l’Auteur a non seulement imité les caprices que sa femme lui faisoit essuyer, les brouilleries, les tendres dépits, les raccommodements qui s’ensuivoient ; il y copie la taille, la façon de parler, la conversation, les manieres, les traits d’une épouse qu’il adora toujours, & qui, par des infidélités redoublées, sembla s’étudier à prouver que le génie n’est pas le mérite le plus estimé des femmes, ou du moins le plus propre à les fixer. […] Je l’ai déja dit en parlant de Scarron, & j’ai promis de le prouver par les ouvrages mêmes de cet Auteur : voici le vrai moment pour tenir ma parole. […] Nous espérons prouver encore par-là que les successeurs les plus célebres de Moliere sont ceux qui ont imité davantage leurs prédécesseurs ; que leurs meilleures pieces sont celles où l’on voit un plus grand nombre d’imitations, & que tous ont été plus ou moins applaudis, à mesure qu’ils ont plus ou moins imité Moliere, le premier Poëte comique de tous les âges & de toutes les nations.
Chappuzeau semble n’avoir refait sa piece que pour prouver la différence qu’il y a d’un bon à un mauvais imitateur.
Le voile de la piece italienne & celui de la françoise sont tous les deux les principaux ressorts des scenes qu’ils amenent, & nous paroissent également forcés, parceque nos yeux ne sont pas accoutumés aux grands voiles : ce qui prouve qu’un Auteur, en imitant, ne doit rien transporter sur son théâtre qui blesse les usages de sa nation.
Rien ne le prouve. […] Le séjour à Bordeaux, en 1648, semble prouvé par celui d’Agen en 1650. […] Si l’on ne saurait prouver qu’il ait jamais entendu ni beaucoup connu Gassendi, il peut suffire qu’en sortant du collège de Clermont il se soit lié d’amitié avec Chapelle, et que, par son intermédiaire, il ait fréquenté dans la maison de Lhuillier, le père de Chapelle, beaucoup plus cynique encore et plus débraillé son ivrogne de fils. […] La chronologie prouve bien en effet qu’elle est une réponse aux détracteurs de l’Ecole des Femmes. […] Ce qui le prouve bien, c’est qu’il y a de la « bourre » dans la prose aussi de Molière.
Son exemple ne prouverait pas contre sa théorie. […] Ce dénouement, dit-on, montre le vice du sujet; mais rien ne prouve qu’il fût le seul possible. […] Si le genre de La Fontaine n’est pas celui d’Esope, cela prouve tout simplement qu’il serait peut-être bon d’avoir deux noms pour les désigner; mais cela ne prouve pas que celui du fabuliste français soit nécessairement mauvais. […] Tartuffe est bien une création comique : nous désirons essayer de le prouver. […] Aristophane, dont l’âme, au dire de Platon, était le sanctuaire des grâces, nous le prouve à chaque page.
Passons à nos Auteurs modernes : les poétiques ne nous manqueront pas chez eux, puisque la plus petite piece est aujourd’hui précédée d’un long discours, dans lequel l’Auteur s’efforce de prouver modestement que Plaute, Térence, Lopez de Vega, Calderon, Moliere n’ont pas le sens commun ; que toutes les comédies doivent être faites précisément comme celle qu’il offre pour modele. […] La façon dont il en parle prouve qu’il est initié dans tous les secrets de Thalie.
Cet acte est tout-à-fait semblable à celui de la piece françoise, avec la différence qu’il n’y a point d’enfant ; que les scenes de Jarvis & de Stukéli se passent dans une salle de jeu où Béverley déplore son malheur auprès d’une table couverte de dés & de cornets ; que Stukéli exhorte encore Bates à se tenir prêt pour ruiner Béverley, & que Leuson, voulant prouver à son ami la fausseté de Stukéli, lui dit : « J’ai connu ce Stukéli au College. […] Il veut lui faire mettre l’épée à la main : Leuson refuse de se battre avec son ami, lui dit que Stukéli est un perfide, & promet de le lui prouver bientôt.
Les paroles de Sganarelle ne sont que celles d’un valet ridicule, et le refrain qui ahurit M. de Pourceaugnac n’est que le couronnement d’une farce folle ; mais sous ce ridicule et cette folie demeure et brille une vérité morale de premier ordre, affirmée nettement par Henriette et Clitandre dans les Femmes savantes, prouvée implicitement de la manière la plus victorieuse et la plus touchante par Elmire dans le Tartuffe. […] sans doute, ceux qu’une passion déraisonnable fait passer outre à ces indispensables conditions, sont souvent bien innocents et bien excusables : Molière en fut lui-même un exemple531 ; et il y a un stoïcisme amer dans la façon joviale dont il essaye de prouver qu’on doit porter en galant homme de certaines disgrâces 532.
Les dépenses assez modestes des divertissements qu’ils donnaient à la cour prouvent que, d’ordinaire, ils étaient simplement appelés à y jouer leurs canevas, sans grand appareil. […] Allez vous promener. » Dans Le Médecin volant, le capitan vient consulter Arlequin qui fait le médecin, et lui demande un remède pour le mal de dents : « Prenez une pomme, répond Arlequin, coupez-la en quatre parties égales : mettez un des quartiers dans votre bouche, et ensuite tenez-vous ainsi la tête dans un four, jusqu’à ce que la pomme soit cuite, et je réponds que votre mal de dents se trouvera guéri. » Voilà qui prouve bien ce que dit un de ses panégyristes : « qu’il avait plusieurs connaissances particulières des secrets de la nature 52 ».
Il est au reste, inutile de faire remarquer ces mots : une terre que le roi m’a donnée ; ils prouvent, qu’outre les 200 000 francs dont nous avons vu le don, le roi avait ajouté le complément du prix de la terre, qui s’élevait à 50 000 francs. […] Il n’y a de fait prouvé dans ce que dit La Beaumelle que l’appel de madame de Maintenon près du roi, après le départ de madame de Montespan, ainsi que nous verrons tout à l’heure.
Il prouve qu’il est obligé de partir pour se rendre auprès de son pere. […] L’analyse de ces deux pieces doit non seulement prouver la mal-adresse, le peu de goût de d’Ancourt, elle peut encore nous faire juger de la gaucherie avec laquelle les Auteurs les plus spirituels15 ont transporté les pieces étrangeres sur notre théâtre, sans les accommoder à nos mœurs, à nos usages, à nos bienséances, sans même leur ôter leurs invraisemblances les plus ridicules. […] Parfait se trompent ; la chose est facile à prouver. […] D’Ancourt a mis dans ses éditions, je me suis étonné : mais il a laissé, que sans aucune connoissance du théâtre ; ce qui prouve que la piece n’étoit pas de lui, puisqu’il avoit déja donné sept comédies.
« Pour vous dire le vrai, je n’ai point grand goût pour cet auteur25. » Le changement qui s’opéra dans le goût de Voiture me paraît remarquable comme témoignage de celui qui dominait à l’hôtel de Rambouillet, et me semble prouver que les principaux personnages de cette société, au lieu d’être des modèles de mauvais langage, contribuaient à corriger et à épurer les ridicules qui depuis L’Astrée s’étaient propagés parmi les beaux esprits.
Il est néanmoins certain, et il sera prouvé que la guerre de Molière et de ses amis contre ce qu’ils appelaient les précieuses, a été fort malentendue dans le siècle dernier, qu’elle l’est toujours plus mal, à mesure que nous avançons ; il est de fait que l’unique intention de Molière a été d’attaquer les affectations et l’hypocrisie des Peckes (ou Pécores) provinciales et bourgeoises ; qu’il respectait, non pas l’hôtel de Rambouillet qui ne subsistait plus de son temps, mais les personnages qui en restaient, notamment le gendre de la marquise, ce duc de Montausier, dont il emprunta plusieurs traits pour peindre l’austérité de principes et de goût, et pour en orner le liant caractère de son Misanthrope.
Dans la période que nous parcourons de 1630 à 1640, l’accroissement de la société de Rambouillet prouva l’éloignement que la terreur avait inspiré pour la cour.
Ce qui prouve bien que, dans cette heureuse opposition des deux sœurs, la pensée de Molière a été uniquement de montrer toute la supériorité morale et intellectuelle de celle qui a su se conserver simple, vraie et modeste dans ce milieu tout d’affectation et de pédantisme, et non pas de glorifier l’ignorance et de la présenter comme la condition normale et désirable des filles ; c’est qu’au contraire, dans le rôle si charmant d’Agnès de son École des femmes, il s’est appliqué à faire ressortir les dangers que peut faire courir à l’innocence la plus pure un manque absolu de lumières. […] Ne vous semble-t-il pas, Messieurs, vous demanderai-je en terminant cet essai si imparfait, que j’étais du moins dans le vrai en disant tout d’abord que les divers portraits de femmes que nous a tracés ce grand peintre, qui se nomme Molière, prouvent que nul n’a mieux connu ni plus aimé ce sexe, qui, suivant l’expression de La Fontaine, fait notre joie ; ce sexe mobile qu’il faut encore aimer alors même qu’il nous désespère, et cela au dire de toutes ses victimes, aussi bien des plus nobles, comme le généreux Alceste, que des plus indignes, comme cet égoïste bourru d’Arnolphe, dont les plaintes impertinentes se terminent cependant par un trait qui restera éternellement vrai, sous sa forme d’un brutal comique : Tout le monde connaît leur imperfection, s’écrie-t-il, Ce n’est qu’extravagance et qu’indiscrétion, Leur esprit est méchant et leur âme est fragile.
Il est bien aise qu’elle fasse cette équipée, afin de prouver par-là à son frere la fausseté de son systême sur l’éducation : il presse lui-même l’hymen de la fugitive avec Valere ; &, lorsqu’il croit se moquer d’Ariste, il découvre à quel point il est dupe. […] Moliere, en prenant une route toute opposée à celle de Térence, a bien prouvé sa supériorité.
Nos ennemis éprouveront ce que peuvent les marques de distinction imaginées par un Ministre éclairé pour rapprocher le dernier des Soldats du premier des Officiers, pour lui assurer l’avantage de prouver qu’il fut utile à son pays, qu’il a marché long-temps dans le sentier de la gloire. […] Mais un théâtre ne peut se soutenir sans nouveautés, & je le prouve par l’Opéra, qui a le fonds le plus riche, qui peut le rajeunir en changeant la musique de quelques ariettes, ou les ballets, qui donne le même spectacle trois mois de suite, & qui languit faute de pieces nouvelles.
Un des détracteurs les plus acharnés de l’ouvrage, de Visé, a dit : « Jamais comédie ne fut si bien représentée, ni avec tant d’art : chaque acteur sait combien il y doit faire de pas, et toutes ses œillades sont comptées. » Ce passage prouve quelle importance et quel soin Molière mettait à la représentation de ses ouvrages. […] Connaissant tout l’avantage de l’attaque sur la défense, il songe moins à parer les coups de ses ennemis qu’à leur en porter lui-même ; il ne perd pas le temps à prouver froidement qu’ils ont eu tort en le critiquant, il fait voir qu’ils ne pouvaient avoir raison, tant leur esprit est faux, bizarre, inconséquent et rempli d’absurdes préventions ; ils ont voulu chasser L’École des femmes du théâtre, il les y traduit eux-mêmes ; ils n’ont pas voulu rire à cette pièce, il fait rire d’eux, en les peignant au naturel : ce n’est pas la vengeance d’un auteur entêté de son mérite et qui veut en convaincre les autres ; c’est celle d’un artiste, d’un homme de génie, qui peint gaiement ses ennemis ou plutôt ceux de son art, et qui pense que le meilleur argument en faveur de son talent méconnu est d’en donner une nouvelle preuve. […] Il joua d’original tous les premiers rôles des pièces de Molière, et celle-ci prouve tout ce qu’il valait. […] Inutiles, je viens de prouver qu’ils ne le sont pas entièrement.
Cette petite pièce des Précieuses faite en province, prouve assez que son auteur n’avait eu en vue que les ridicules des provinciales. […] On prouva que Molière n’avait connu la mère qu’après la naissance de cette fille. […] Ce peu d’empressement qu’on a d’un côté pour Le Misanthrope, et de l’autre la juste admiration qu’on a pour lui, prouve peut-être plus qu’on ne pense, que le public n’est point injuste. […] Mme Dacier, qui a fait honneur à son sexe par son érudition, et qui lui en eût fait davantage si avec la science des commentateurs elle n’en eût pas eu l’esprit, fit une dissertation pour prouver que l’Amphitryon de Plaute était fort au-dessus du moderne ; mais ayant ouï dire que Molière voulait faire une comédie des Femmes savantes, elle supprima sa dissertation.