depuis quand faut-il étudier, faut-il réfléchir, avant de décider si telle ou telle comédie est bien ou mal comprise, bien ou mal rendue ? […] Penser par soi-même, exprimer sa pensée sans consulter personne, est une conduite dangereuse ; le moindre mal qui puisse vous arriver en pareille occasion est de passer pour mal élevé. […] Qu’un esprit mal fait s’avise de parler à sa guise, et tout se dérange. […] Puisqu’il est démontré que les comédiens comprennent mal et rendent mal les comédies de Molière, pourquoi donc hésiterait-on à leur dire nettement qu’ils se trompent ?
Il est dans cette résolution, quand Lisette vient lui annoncer que sa fille s’est trouvée mal. […] Monsieur, vous me paroissez être très mal. […] Pantalon demande à sa fille comment va sa santé : elle répond qu’elle est très mal. […] Lélio lui demande comment va Rosaura ; le Médecin lui répond qu’elle est très mal. […] Enfin, dans le reste de la piece, Rosaura se trouve plus mal.
Elle a enfin mis, tant bien que mal, son héros dans une situation qui contrarie son caractere, puisqu’il ne pourra plus faire de la dépense ; mais ses plaintes ne nous touchent ni ne nous intéressent. […] Pour vous, il vous sied bien, mon petit Financier, Fier d’un bien mal acquis, de blâmer l’alliance D’une fille d’honneur & d’illustre naissance ! […] Madame, il vous sied mal de prendre ce ton-là ; Et l’air dont vous venez de parler à mon frere, Me fait mal augurer de votre caractere. […] En sorte que nous ne devons point reprocher à Destouches de ne pas savoir faire des oppositions, mais de les mal placer.
Dufresny y parodie cette fameuse scene du Festin de Pierre de Moliere, dans laquelle Don Juan, après avoir querellé ses gens parcequ’ils reçoivent mal M. […] Il n’y a pas de mal à cela, mon bon-homme ; j’écoute tout le monde en quelque lieu que ce soit. […] Vous prenez mal les choses ; je suis votre ami. […] Lucinde, second personnage de la piece, est encore une mauvaise copie de la Beline du Malade imaginaire ; elle flatte la manie de la Malade, lui persuade qu’elle est très mal, le tout pour l’engager à lui donner son bien. […] Dans la piece de Champmeslé le rôle du Marquis n’est rien moins qu’honnête ; Mad. la Comtesse figureroit mieux dans une maison de force que sur la scene ; Catho & Manon sont en train de lui ressembler dans peu ; le Chevalier est aussi mal-adroit qu’effronté ; le pere est un imbécille ; les autres personnages sans caractere ne se montrent que pour disparoître, ou sont inutiles ; l’intrigue est traînante & mal combinée.
Don Garcie est une pièce froide un peu guindée et assez mal faite. […] C’est parfaitement mal raisonné. […] C’est proprement le mal français. […] Il est l’homme qui aime le mal pour le mal, qui aime à faire le mal parce que faire du mal est amusant. […] […] Quel mal cela vous peut-il faire ?
Selon lui, quelque temps après la scène que fît Montespan à madame de Montausier, « cette dame descendant, avec son écuyer et ses gens, un petit degré pour aller de chez elle chez la reine, elle trouva une femme assez mal mise qui l’arrêta, lui fit des reproches sanglants sur madame de Montespan, et lui parla même à l’oreille. Elle empêcha ses gens de la maltraiter, et tout éperdue remonta chez elle, s’y trouva mal, et tomba incontinent dans une maladie de langueur qui lui fit fermer sa porte à tout le monde. […] Il semble assez simple d’imaginer que cette femme mal mise, qui ressemblait à un fantôme, qui attendait madame de Montausier dans un passage obscur , pour lui faire des reproches sanglants sur madame de Montespan,n’était autre que Montespan lui-même, pressé du besoin de se venger, par un nouvel outrage sur la dame d’honneur, qu’il avait accusée hautement chez elle-même de son malheur. […] Elle alla à son retour voir madame de Montausier qui était malade à Paris depuis longtemps : l’origine de son mal venait d’une peur qu’elle avait eue dans un passage derrière la chambre de la reine. » Mademoiselle continue à dissimuler que la véritable cause de la maladie de madame de Montausier fût la certitude acquise inopinément de la trahison dont la reine et elle avaient été les dupes, et la honte d’avoir inconsidérément protégé l’outrage fait à un mari malheureux.
Sa présence me fit oublier toutes mes résolutions; et les premières paroles qu’elle me dit pour sa défense me laissèrent si convaincu que mes soupçons étaient mal fondés, que je lui demandai pardon d’avoir été si crédule. […] Ce n’est pas de la vertu chrétienne, modérée, passive ; c’est de la vertu d’application , de la vertu agissante, de la vertu française qui marche droit à l’obstacle, qui ne rêve pas, qui ne gémit pas, qui hait et qui attaque, c’est de la vertu révolutionnaire — Alceste est mal nommé le misantrope, il aime l’humanité, mais il abhorre les hommes vicieux ; il veut l’amélioration du genre humain ; mais il n’y songe pas pour les siècles futurs; il la veut immédiate. […] Mais est-elle plus mal partagée que le misantrope ? […] Le poète observateur a voulu peindre l’homme tel qu’il est, l’homme avec ses passions, ses instincts de bien et de mal, ses sentimens de calme et d’agitation, d’abattement et de courage; l’homme, en un mot, ondoyant et divers, celui qu’a si bien étudié le philosophe Montaigne.
Sa hauteur Avoit, ma foi, besoin d’un pareil précepteur ; Et si cet homme-là ne le rend pas traitable, Il faut que son orgueil soit un mal incurable. […] Il n’y a point de mal alors. […] Graces à la vanité mal entendue des Auteurs qui ont succédé à Moliere, il est devenu indécent de mettre des bourgeois sur la scene. […] J’ai dit que nous avions cette obligation à la vanité mal entendue des Auteurs, & je le soutiens. […] Voyons donc l’effet que peuvent produire des noms bien ou mal choisis.
Mais, mon cher Lothaire, lui dit Anselme, j’avoue que je te fais une priere injuste, que si je ne suis tes conseils, je m’écarte entiérement de la raison pour me jetter en aveugle dans un précipice : mais je suis malade, Lothaire, & d’un mal qui s’irrite incessamment... Je t’ai long-temps caché mon mal dans l’espérance de le surmonter, je n’ai pu m’en rendre le maître... […] Crispin fait les premieres tentatives auprès de Nérine, il est mal reçu. […] Timon est forcé de convenir que l’univers n’est pas sans vertu : il montre son trésor à Evandra, lui déclare qu’il veut sans cesse le tenir caché pour prévenir les maux dont on le feroit l’instrument. […] Timon refuse ses offres : il donne à Phriné & à Thaïs, concubines d’Alcibiade, beaucoup d’or, afin qu’elles aillent dans Athenes corrompre les Athéniens par leurs charmes, & couvrir la terre de plus de maux qu’il n’en sortit de la boîte de Pandore.
Le mal date de bien plus loin. […] Aujourd’hui un poète comique serait très mal venu à suivre l’exemple de Molière. […] Est-ce un mal? […] Cléante est un enfant mal élevé, qui dresse contre les trésors de son père toutes les batteries que peut imaginer la ruse. […] La politique de Bourdaloue fut en général celle du XVIIe siècle; mais la religion s’en est mal trouvée.
Je divertis le Prince par les spectacles que je lui donne ; je le rebuterai par un travail sérieux, et mal conduit. […] Il outre tout, disait-on ; il est inégal dans ses peintures ; il dénoue mal. […] Molière, qui connaissait l’action par principes, était indigné d’un jeu si mal réglé, et des applaudissements que le Public ignorant lui donnait. […] et se frappait la tête comme un possédé : Champmêlé crut qu’il tombait de quelque mal, et il était fort embarrassé. […] je suis bien aise que vous me connaissiez un peu, lui dit le Comte ; et j’étais étonné que vous m’eussiez si mal observé.
Aussi l’abbé Cotin, décrié par Boileau comme prédicateur et comme poète, fut joué sur le théâtre, par Molière, comme un mauvais poète, comme un pédant, et ce qui ne peut être jamais permis, à moins que la personne ne soit infâme, comme un mal honnête homme, du moins comme un homme sans délicatesse, et même sans principes. […] La querelle entre Trissotin et Vadius, au sujet de ce sonnet, eut réellement lieu entre l’abbé Cotin et Ménage, chez Mademoiselle où Cotin venait réciter son sonnet, lorsque Ménage entra, et en dit du mal de la manière exactement dont le fait est représenté dans les Femmes savantes.
Il me paraît que ce Livre n’a point d’autre ordre que celui des temps ; mais l’Auteur a mal fait, selon moi, d’y assujettir les Aventures dont son Ouvrage est rempli ; cela fait oublier la suite des Pièces de Molière, qui occupent plus les Gens de lettres, que des faits peu intéressants. […] Il fait dire à Molière en Languedoc qu’il est passable Auteur : il lui fait souhaiter de venir à Paris, parce qu’il se sentait assez de forces pour y soutenir un Théâtre Comique : et lorsqu’il y est arrivé, il se défie de lui, mal à propos ; puisque c’est après avoir plu au Roi ; après que sa Majesté lui eut accordé le Petit-Bourbon pour jouer la Comédie. […] L’Auteur à cette occasion nous étale fastueusement dans deux ou trois endroits de grands mots, pour nous faire entendre que le Métier de Comédien a de [trop] grands principes, pour que des gens si mal élevés puissent les savoir. […] Je le nommerais, si je ne voulais épargner à l’Auteur la confusion publique de l’avoir maltraité si mal à propos. […] La conversation de Molière avec Bernier me paraît fort plate ; et Baron, qui est le cheval de bataille de l’Auteur, m’y semble fort mal amené, et y faire un personnage impertinent.
Mogicon a beau lui représenter qu’il pense mal, il persiste dans sa résolution. […] Ces paysans Bretons sont les plus mal appris... […] Voyez-vous, cela part de mon invention : Et si l’on a mal fait, j’en conviens, c’est ma faute. […] Voilà une grande fille qui n’est pas mal faite. […] Y a-t-il du mal à se promener ?
Je n’entends point de mal dans tout ce que j’ai fait. […] Quel mal cela peut-il vous faire ? […] Est-ce la vertu d’Alceste, ou sa mauvaise humeur si mal placée, et son amour si mal entendu pour la vérité ? […] Sans doute il faut être sincère; mais quelle règle de morale nous oblige à dire à un homme qu’il fait mal des vers ? […] Assurément les mauvais vers et la mauvaise prose sont le plus petit mal qu’il y ait au monde.
Presque toujours souffrant, et ayant en vain demandé l’adoucissement de ses maux à des hommes qui se vantaient du pouvoir de les guérir, il était naturel qu’il fît peu de cas d’un art, dont les promesses sont si trompeuses, les moyens si insuffisants, les erreurs si fréquentes et si funestes. […] Leur avidité mal déguisée transformait un art en métier, une science en trafic, et les faisait soupçonner de reculer le terme de leurs cures, afin de grossir le montant de leurs honoraires. […] De tous ces noms inscrits par la malignité contemporaine au bas des portraits placés dans Le Misanthrope comme en une vaste galerie, quelques-uns nous ont été conservés par la tradition ; mais ou ils vont mal aux figures, ou ils sont trop peu connus pour intéresser notre curiosité. […] Il est aujourd’hui démontré à tous les bons esprits que Rousseau, confondant très mal à propos, dans le personnage d’Alceste, la vertu qui le fait estimer, avec la morosité qui le rend insociable, a fort inutilement voulu venger l’une des traits qui n’étaient dirigés que contre l’autre et ne tombaient que sur elle. […] On croit que Molière, dont cette fois le zèle avait été mal secondé par son génie, s’empressa d’anéantir un ouvrage fait à la hâte, dont rien ne pouvait déguiser ni justifier l’imperfection aux regards du lecteur.
Une lecture attentive de la comédie M. de Pourceaugnac laisse dans l’esprit 1’idée d’une chose incomplète, mal finie, soit dès 1’origine, soit par suite d’un remaniement ; il y a des hésitations dans la marche de l’intrigue, dans l’enchaînement de certains dialogues, dans l’ordre de quelques scènes. […] Les indications du catalogue Soleine ne nous paraissent pas parfaitement exactes ; il y a erreur sur la date de la représentation ; le nombre des entrées est mal indiqué, et si Quinault ou Benserade (et non les deux, et c’est plutôt Benserade) a fourni quelque chose, ce ne peut être que dans l’introduction, la très courte 9ª entrée et le finale, intermèdes tirés d’un même et seul divertissement, intermèdes très secondaires, méritant à peine qu’on les cite. […] Quant au rôle de Pourceaugnac, gentilhomme italien, le mélange de sa langue avec le français mal baragouiné (mélange excusé et expliqué par la nationalité du héros) pouvait amener un élément de bouffonnerie comme on le voit parfois encore au Théâtre-Italien dans les rôles comiques. […] Ces mots semblent ajoutés ; l’époque de la représentation de Pourceaugnac ne fait nullement penser au divertissement populaire du carnaval, amenant des masques au travers de l’intrigue, chose usuelle à la Cour, mais qui eût semblé mal justifiée à la Comédie, sans quelques mots de préparation. […] Il y a donc là un problème de critique littéraire dont, il nous semble, on n’a pas encore parlé et que nous signalons, si l’on trouve qu’il est mal résolu par nous.
Ses envieux ne purent pourtant s’empêcher de parler mal de son Ouvrage. […] Il outre tout, disoit-on ; il est inégal dans ses peintures, il dénouë mal. […] Il seroit excellent, par ma foi, lui repartit le Comte ; car le pauvre homme n’extravague pas mal. […] M. de P... lui repliqua qu’il étoit bien hardi de lui parler mal de son ami. […] Mais, ajoûta-t-il, vous me paroissez plus mal que tantôt.
La fable de la Métromanie ne peut pas être censée commencer & finir dans trois heures ; & l’Auteur a très bien fait de prendre le temps qui lui étoit nécessaire, d’abord qu’il n’excédoit pas les vingt-quatre heures : mais Moliere a très mal fait d’user de la permission, & d’envoyer dormir les personnages de son Malade imaginaire entre le premier & le second acte. […] Mais tous ces changements de décoration détruisent du moins l’illusion, & c’est un très grand mal. […] Mais on doit prodiguer des éloges à ce même Moliere, qui, dans moins de vingt-quatre heures, nous fait voir son héros refuser le nécessaire à ses enfants, conseiller à son fils, qui se trouve mal, de boire un verre d’eau, parceque l’eau ne coûte rien ; donner sa fille à un vieillard, parcequ’il la prend sans bien ; cacher son argent, prêter à usure, ordonner un repas mesquin, donner ordre qu’on ne frotte pas trop fort les meubles crainte de les user, & qu’on ne presse pas trop les convives de boire ; vouloir se pendre s’il ne trouve pas la cassette qu’on lui a volée, renoncer enfin à son amour, & consentir à donner sa maîtresse à son fils, si on lui rend son argent, & si l’on lui fait présent d’un habit neuf. […] Vous en pouvez être soulagée ; Mais, pour guérir à fond votre mal, Je crois que vous serez obligée D’aller prendre à la fin l’air natal.
Puis-je guérir le mal qu’a fait votre imprudence ? […] Pas mal !... […] Pas mal !... […] Il prie son esclave de réparer le mal qu’il a fait, & d’avoir soin de ses affaires.
On insiste sévèrement sur ce point, parce que l’étude que l’on fait ici ne peut avoir d’intérêt qu’à la condition de blâmer le mal avec autant d’énergie qu’on en met à louer le bien. […] Ce chapitre explique en partie les condamnations qui l’ont frappé : aux yeux d’un évêque, qu’importait le beau, le bon, le sublime, quand la part du mal était si grande653 ? […] VI : Ô fâcheux examen d’un mystère fatal, Où l’examinateur souffre seul tout le mal ! […] Un mal d’opinion ne touche que les sots, Et je prendrais pour ma devise : Moins d’honneur et plus de repos.. […] Molière devait être le génie du mal aux yeux de Bossuet.
Enfin, tant bien que mal, se termina cette sublime bouffonnerie. […] ne ressemble pas mal au hasard qui a dicté cette comédie : L’Étourdi. […] Il fait le mal, uniquement pour le plaisir de faire le mal ; il n’aime personne, il aime l’intrigue ; il se fait un point d’honneur de passer, aussi près que possible, de la potence et des galères sans être jamais ni pendu ni forcé de ramer. […] On a répété, bien souvent, que la pièce est mal écrite, et je trouve qu’on a été sévère. […] Nous ne sommes que des bourgeois, restons des bourgeois, et surtout ne donnons pas la patte, mal à propos.
Est-ce à dire que la femme ait le droit de satisfaire à ses caprices, de vivre bien ou mal comme il lui plaît ? […] Il ne pourra jamais avoir au cœur la tendresse naturelle du père pour les siens et sera souvent tenté d’user mal de son influence spirituelle, afin de contenter de temporels désirs. […] Selon divers besoins, il est une science D’étendre les liens de notre conscience, Et de rectifier le mal de l’action Avec la pureté de notre intention. […] Conteniez mon désir, et n’ayez point d’effroi ; Je vous réponds de tout, et prends le mal sur moi. […] Les véritables dévots : Ce ne sont point du tout fanfarons de vertu : On ne voit point en eux ce faste insupportable, Et leur dévotion est humaine et traitable : Ils ne censurent point toutes nos actions… … L’apparence du mal a chez eux peu d’appui, Et leur âme est portée à juger bien d’autrui.
elles sont donc mal placées ; ce qui est à-peu-près la même chose. […] Je crois qu’on donnera la préférence à Regnard ; & la Chaussée pouvoit se dispenser de le copier pour faire plus mal que lui. […] Il ne s’attend à rien moins qu’à celle-ci ; & il ne sera pas mal étonné. […] Il en usa mal avec moi la derniere fois que nous nous rencontrâmes. […] Il est vrai que les acteurs, en les répétant, ont soin de prendre diverses attitudes pittoresques : mais si la reconnoissance est froide, forcée, mal amenée, tout-à-fait contre nature, les comédiens ont beau faire les grands bras, se précipiter sur le sein l’un de l’autre, affecter l’anéantissement, la surprise, ou tirer de grands mouchoirs, le tableau aura toujours les défauts de la situation qu’il peindra.
Mais comme il n’est si bonne chose qui ne puisse se corrompre, toutes ces qualités admirables tournèrent bientôt à mal. […] Et cette autre Climène, qui se trouve mal pour avoir vu l’École des Femmes, et qui pousse la pudeur jusqu’à l’obscénité 289 : « cette personne qui est précieuse depuis les pieds- jusqu’à la tête, et la plus grande façonnière du monde ; il semble que tout son corps soit démonté, et que les mouvements de ses hanches, de ses épaules et de sa tête n’aillent que par ressorts ; elle affecte toujours un ton de voix languissant et niais, fait la moue pour montrer une petite bouche, et roule les yeux pour les faire paroître grands : » en somme, « la plus sotte bête qui se soit jamais.mêlée de raisonner290 ! […] Leur sexe aime à jouir d’un peu de liberté ; On le retient fort mal par tant d’austérité, Et les soins défiants, les verrous et les grilles Ne font pas la vertu des femmes ni des filles. […] La belle théorie, d’enfermer une femme dans la stupidité, afin d’être sûr qu’elle ignore le mal ! […] Le vrai mérite connaît le mal et sait l’éviter.
Il dogmatise mal à propos. […] La nuance est bien placée, mais elle est mal peinte. […] Ses confidences auraient fait mal au cœur. […] Il a une altercation ridicule avec un valet qui l’annonce mal en estropiant son titre. […] Oui, oui, mal fait à vous.
Un jour qu’il devoit joüer le Malade imaginaire, piece nouvelle alors, & la derniere qu’il avoit composée, il se trouva fort mal avant que de commencer, & fut prest de s’excuser de jouer sur sa maladie ; cependant comme il eut vu la foule du monde qui étoit à cette representation, & le chagrin qu’il y avoit de le renvoyer, il s’efforça, & joüa presque jusqu’à la fin, sans s’appercevoir que son incommodité fût augmentée : mais dans l’endroit où il contrefaisoit le mort, il demeura si foible, qu’on crut qu’il l’étoit effectivement, & on eut mille peines à le relever. […] Moliere, persuadé de sa vertu par ses larmes, lui fit mille excuses de son emportement, & lui remontra avec douceur, que ce n’étoit pas assez pour la reputation, que la pureté de la conscience nous justifiât ; qu’il falloit encore que les apparences ne fussent pas contre nous ; sur tout dans un siecle où l’on trouvoit les esprits disposez à croire mal, & fort éloignez de juger des choses avec indulgence 11. […] « Moliere averti, par des gens mal intentionnez pour son repos, de la conduite de son épouse, renouvella ses plaintes avec plus de violence qu’il n’avoit encore fait ; il la menaça même de la faire enfermer. […] « Ces plaisanteries, luy dis-je, ne sont pas desagréables dans vos Comedies, le mal est qu’elles ne sont pas toutes également bonnes. […] J’ai bien à faire de cela, dit l’un ; que m’importe, dit l’autre, qu’un tel ait été mal marié : à quoi bon tant de Citations, tant de pensées gaillardes, tant de réflexions Philosophiques, &c.
Oui, je sors de chez vous fort mal édifiée. […] Ne vaudroit-il pas mieux qu’il employât le temps à nous peindre les maux qu’on essuie au service d’un brelandier ? […] Ma foi, voilà un fort bon conseil : allez, allez, Monsieur, ne dois-je pas être trop content s’il ne m’arrive aucun mal pour votre beau mariage, sans que vous m’engagiez encore à m’aller faire pendre pour lui ? […] ne crains rien ; nous partagerons ensemble le bien & le mal. […] Que le lecteur soit sincere : il a surement cru que Géta, touché des prieres de son maître, alloit le tirer de peine en lui remettant l’argent qu’il a reçu de Dave ; & il s’ensuit de là qu’il veut beaucoup de mal à l’Auteur de l’avoir annoncé, ou à Géta de ne l’avoir pas remis, & d’aller chercher bien loin des expédients pour procurer à Phédria une somme qu’il a entre ses mains.
Un jour qu’il devoit joüer le Malade imaginaire, piece nouvelle alors, & la derniere qu’il avoit composée, il se trouva fort mal avant que de commencer, & fut prest de s’excuser de joüer sur sa maladie ; cependant comme il eut vu la foule du monde qui étoit à cette representation, & le chagrin qu’il y avoit de le renvoyer, il s’efforça, & joüa presque jusqu’à la fin, sans s’appercevoir que son incommodité fût augmentée : mais dans l’endroit où il contrefaisoit le mort, il demeura si foible, qu’on crut qu’il l’étoit effectivement, & on eut mille peines à le relever. […] Joignons à ces vers Latins cette épitaphe Françoisee : Cy git qui parut sur la Scene Le singe de la vie humaine, Qui n’aura jamais son égal, Qui voulant de la Mort, ainsi que de la Vie, Estre l’imitateur dans une Comedie, Pour trop bien reüssir, y reüssit fort mal ; Car la Mort en estant ravie, Trouva si belle la copie, Qu’elle en fit un original. […] Moliere persuadé de sa vertu par ses larmes, lui fit mille excuses de son emportement, & lui remontra avec douceur, que ce n’étoit pas assez pour la reputation, que la pureté de la conscience nous justifiât ; qu’il falloit encore que les apparences ne fussent pas contre nous ; sur tout dans un siecle où l’on trouvoit les esprits disposez à croire mal, & fort éloignez de juger des choses avec indulgence. […] gMoliere averti par des gens mal intentionnez pour son repos, de la conduite de son épouse, renouvella ses plaintes avec plus de violence qu’il n’avoit encore fait ; il la menaça même de la faire enfermer.
Ils sont en effet, comme le monstre d’Horace, composés de parties prises dans la nature, mais si mal placées, si mal assorties qu’elles font un ensemble détestable.
Dans presque toutes ses meilleures comédies, on voit de jeunes amants sacrifiés par leurs parents, et sur le point d’être arrachés pour toujours à ce qu’ils aiment ; par la peinture de leur amour, des maux, des tourments qu’ils éprouvent, de ceux qu’ils se causent d’eux-mêmes, de leurs légères brouilleries et de leurs raccommodements, le cœur du spectateur est satisfait, en même temps que son esprit s’instruit et se forme. […] On pourrait donc compter deux sortes d’intérêt : l’un qui découle toujours de la manière dont l’auteur a fait envisager aux spectateurs ses personnages ; l’autre qui naît de la peinture des contrariétés, des maux ordinaires que l’on éprouve dans la société. […] Concevant avec cette profondeur que lui seul a connue, d’un côté il lui a découvert tout le cœur humain, lui a montré la société entière, tous les vices attachés à son essence même, les inutiles efforts qu’elle ferait pour les corriger, les maux inévitables qu’elle s’attirerait ; de l’autre, il lui a imposé l’obligation de compatir aux faiblesses de ses semblables, en lui prouvant que son inflexibilité ne ferait qu’irriter les hommes et troubler la société. […] Il montra, en outre, le trouble, le désordre et tous les maux que sème l’hypocrisie. […] Quelle impression n’éprouve-t-on pas à la lecture ou à la représentation de ce chef-d’œuvre ; qui n’est pas ému, attendri au moment où un vil dénonciateur plonge une famille entière dans un abîme de maux !
non : il n’a pas eu le loisir de les apprendre ; il va les lire ; et, de fait, les ayant à peine lus une première fois, il les lit assez mal. […] Pour peu qu’on soit critique, on résout de se rendre compte des choses par le menu ; on feuillette une collection de vieilles affiches1; qu’importent un à-propos de plus ou de moins, et des vers récités ou lus, et bien lus ou mal, si l’œuvre de l’auteur qu’il s’agit de célébrer est maintenue en vie par les comédiens ? […] ce n’est pas si mal. […] Pour la comédie, le mal n’a pas encore empiré à ce point. […] Il y a deux ans déjà, nous avons signalé le mal : s’aperçoit-on qu’il est temps d’y porter remède ?
Laisser le théâtre vuide est une grande maladresse de la part d’un Auteur ; & s’il est plus mal de blesser l’esprit que les yeux, du moins la faute est-elle beaucoup moins dangereuse : elle ne peut être critiquée que par la réflexion, ou par un petit nombre de connoisseurs ; l’autre frappe sur-le-champ l’habile homme & l’ignorant, la femme instruite ou celle qui ne sait faire que des nœuds, l’orchestre même, qui, accoutumé à partir lorsqu’il ne voit plus d’acteur sur la scene, a souvent partagé un acte par une ariette, & fait en musique la critique la plus sanglante. […] Il s’ensuit donc clairement de là que deux scenes sont toujours mal liées quand, dans l’intervalle qui les sépare, l’orchestre est tenté de jouer. […] Mais il faut sur-tout que le monologue & celui qui le fait tiennent à la piece, sans quoi le remede est pire que le mal.
Elle vivait fort mal avec madame de Montespan, qui, par les lettres qu’elle écrivait au roi, réussissait toujours à regagner, non son cœur, mais sa faveur. […] Quand nous aurons vu le roi, je vous écrirai le jour que M. du Maine et moi partirons, etc. » La même lettre, dans l’édition de Nancy, renferme ces mots : « Ne vous croyez point mal à la cour, nous nous y soutiendrons. » Ce que madame de Maintenon attendait du roi était un accueil bienveillant, pas autre chose. […] Pour moi, j’aimerais mieux ce haillon loin que près. » Le 4 septembre, elle raconte à sa fille cette anecdote : « Un homme de la cour disait l’autre jour à madame de Ludres : Madame, vous êtes, ma foi, plus belle que jamais. — Tout de bon, dit-elle ; j’en suis bien aise, c’est un ridicule de moins. « J’ai trouvé cela plaisant. » Le 6 septembre, elle écrivait de Vichy : « Madame disait l’autre jour à madame de Ludres, en badinant avec un compas : Il faut que je crève ces yeux-là, qui font tant de mal. — Crevez-les, madame, puisqu’ils n’ont pas fait tout ce que je voulais. » On voit dans les mémoires de Madame, que madame de Ludres finit par se retirer dans un couvent à Nancy, où elle vécut jusqu’à un âge fort avancé.
Une dernière fois, la passion a mal servi le poète ; pour un moment, elle est parvenue à le rendre diffus et froid. […] Son mal s’aggrave, et, bien qu’il ait jugé les guérisseurs du premier coup, il fait ce que les plus sceptiques font en pareil cas : il les appelle de nouveau, et les plus considérables, les plus renommés. […] Ce qui parait aussi certain, c’est que, à ces maux physiques, vint se joindre une affection morale, l’hypocondrie. […] Ces médecins ne purent manquer de lui signaler, outre ses maux physiques, le mal moral dont il souffrait. […] Mais c’étaient des fanatiques et des sots ; ceux de nos jours, hommes d’esprit doucement sceptiques, ne lui gardent, disent-ils, aucune rancune d’avoir si mal traité leurs devanciers.
Malheureusement l’amour de la patrie et la haine du despotisme n’étaient pas toujours les seuls sentiments que l’on y exaltait; ou du moins, dans certains ouvrages, ces sentiments mal compris et mal interprétés, loin d’exercer sur l’esprit du peuple une influence salutaire, tendaient plutôt à le corrompre. […] La sombre humeur d’Alceste est donc un mal plus commun qu’on ne croit. […] Au contraire, le philosophe Philinte devait voir tous les désordres de la société avec un flegme stoïque, et se mettre en fureur au moindre mal qui s’adressait directement à lui. […] On souffre sans doute de voir un amour comme le sien, aussi vrai, aussi passionné, payé de tant de perfidie; mais n’est-on pas aussi un peu en colère de le lui voir si mal placer? […] Si d’un tel refus vous êtes en courroux, Que le cœur d’une femme est mal connu de vous !
Si on les pillait pour faire plus mal, ils disaient : tant mieux ! […] La Fontaine est aussi profondément indifférent à tous ces maux que Molière lui-même ! […] Mais quand l’idée de la mort s’est mise quelque part, en revanche elle n’en déloge plus ; que cette idée provienne d’un mal réel ou d’un mal imaginaire, ses effets sont absolument les mêmes sur les hommes. […] C’était une pièce assez mal faite. […] Molière ne s’est pas seulement attaqué, dans Tartuffe, à un grand mal social futur, mais il a signalé et attaqué aussi un grand mal domestique présent et particulier à son temps.
Sa jalousie alla enfin si loin, qu’elle resolut de le faire mourir d’un mal qu’il craignoit à l’avance sans fondement. […] Les voisins, voyant toutes les apparences contre Tofan, commencerent à le blâmer, & à lui dire des injures, pour avoir mal parlé de sa femme. […] C’est assez raisonner sur une chose qu’il étoit bon, à la vérité, de faire remarquer, mais sur laquelle nous ferions mal de nous appesantir. […] Ils se chamaillerent long-temps sans se faire aucun mal.
» Constance se récrie sur le bonheur qu’elle a de plaire à son amant, elle trouve mal fondée la crainte qu’il a de fâcher par-là Clairville ; elle appréhende qu’il ne parte au moment même, & sort pour l’arrêter. […] A cette nouvelle Rosalie se trouve mal ; & lorsque Clairville veut la secourir, elle lui dit, en le repoussant, laissez-moi, je vous hais. […] Constance vient pour consoler Rosalie, & y réussit très mal puisqu’elle lui dit qu’en épousant d’Orval elle lui demandera la permission de garder Posalie auprès d’elle. […] Il se retire à Milan auprès de Mario, qui lui découvre l’état de son cœur, & lui apprend qu’il souffre en ce moment tous les maux que l’absence d’un objet adoré & l’attente d’un bonheur prochain peuvent faire éprouver à un amant passionné : il n’attend que le retour de cette personne chérie, que le Docteur son pere a demandée & obtenue : elle arrive enfin, & Mario la présente à Lélio.
Comme son but est d’émouvoir agréablement221, il mêle dans une proportion artistique le bien et le mal chez ses personnages222, en sorte qu’il faut un effort de réflexion pour discerner au fond et son opinion et son influence. […] N’en résulte-t-il pas dans l’âme un adoucissement de cette haine pour le mal que Molière a si bien enseignée ailleurs238 ? […] Le bien est à peine entrevu ; le mal illuminé et applaudi sans restriction. […] Quoique l’homme soit un insondable mélange de bien et de mal, c’est erreur d’imaginer que les qualités les plus délicates puissent s’accoupler avec les vices les plus honteux.
(17) Mais si fidèle représentant des anciens que fut Gui Patin, il eut un mal… Molière. […] Ferais-je bien ou mal de l’épouser ? […] Il faudrait s’étonner du contraire. — Et cet aveu ne s’accorde pas mal avec le peu de respect que nous avons vu Molière témoigner pour certaines parties du système gassendiste. […] L’un et l’autre excès choque… (Et) je tiens qu’il est mal, sur quoi que l’on se fonde De fuir obstinément ce que suit tout le monde ; Et qu’il vaut mieux souffrir d’être au nombre des fous Que du sage parti se voir seul contre tous (54). […] Gassendi définit le bien et le mal : « Rem, bonam voluptatis effectricem, malam molestive, »ajoutant, « neque obstat vero, quod res quae uni pilcet, alii dtspliceat (55). » — Son fidèle disciple et traducteur, Bernier, conclut de là « que ce n’est pas merveille si autant qu’il y a d’hommes, autant il y a d’opinions différentes, » et comme on le voit, il s’agit d’opinions sur le bien et sur le mal, continue Damiron qui le cite (56). — Gassendi enfin désigne nettement pour but de la vie le bonheur et le bien à cause du bonheur.
Tout Paris, enfin, vit et voulut revoir cette singulière pièce sur laquelle on s’accordait si peu ; et ceux qui en avaient dit le plus de mal, ne furent pas les moins empressés à y retourner. […] On se met à parler d’une comédie nouvelle qui fait courir tout Paris : ceux-ci en disent du bien, ceux-là en disent du mal. […] Dans les plus tristes situations, dans l’emportement le plus terrible, on lui voyait un visage riant qui s’accordait mal avec les sentiments dont il devait être animé. […] Le Souper mal apprêté, qui ne se joue plus, est assez agréable. […] Pour mal faits, les lecteurs en jugeront, et peut-être seront-ils surpris de la sévérité de l’éditeur.
L’un d’eux fait sa déclaration qui est mal reçue. […] Il est très mal reçu, & forme le dessein de se venger.
En pensant bien, il parle souvent mal. […] Par exemple, l’Avare est moins mal écrit que les Pièces qui sont en Vers.
Je divertis le prince par les spectacles que je lui donne ; je le rebuterai par un travail sérieux et mal conduit. […] Il outre tout, disait-on ; il est inégal dans ses peintures ; il dénoue mal. […] Champmêlé crut qu’il tombait de quelque mal, et il était fort embarrassé. […] je suis bien aise que vous me connaissiez un peu, lui dit le comte, et j’étais étonné que vous m’eussiez si mal observé. […] P.… lui répliqua qu’il était bien hardi de lui parler mal de son ami.
Les Auteurs qui ont écrit sur l’Art de la Comédie n’ont point parlé du genre mixte, ou l’ont mal connu. […] Il s’en suivroit de là que toutes les pieces à caractere seroient des pieces mixtes, puisqu’on n’en voit pas une où il n’y ait une espece d’intrigue bien ou mal filée. […] Si le caractere étouffe l’intrigant, le mal est moindre sans contredit : mais pourquoi lui associer un personnage dont il ne se sert presque point ?
Il s’y était arrangé en prince, en personnage d’État, et ce rôle lui allait mal. […] Une fenêtre ouverte ou fermée mal à propos, un livre déplacé, suffisaient pour le mettre en colère, comme cet excellent M. […] Jourdain sortait, ici, de toute vraisemblance; c’est connaître bien mal jusqu’où peut aller notre crédulité. […] Je fais le bien et le mal tour à tour. […] Molière, dans sa joie magnanime, oublia tout, même son mal.
Vous voyez que l’ardeur qu’elle a pour Léandre est tout à fait contraire aux volontés du pere, qu’il n’y a point de temps à perdre, que les humeurs sont fort aigries, & qu’il est nécessaire de trouver promptement un remede à ce mal, qui pourroit empirer par le retardement. […] Dès qu’il la voit, il lui reproche ses escampativos nocturnes ; Angélique lui répond qu’il n’y a pas grand mal à prendre le frais de la nuit : alors George Dandin s’écrie : Eh ! […] Non, je soutiens que cela conclut mal ; Ces raisons sont raisons d’extravagantes têtes. […] Il ne prêche pas mal. […] Je m’étois introduit tantôt chez Isabelle, Que j’aime à la fureur, & qui m’aime encor plus ; J’y passois pour un autre, & Monsieur là-dessus Est venu brusquement gâter tout le mystere, Et m’a mal à propos fait connoître à la mere.
Molière reprit haleine au jugement de Sa Majesté, et aussitôt il fut accablé de louanges par les courtisans, qui tous d’une voix répétaient, tant bien que mal, ce que le Roi venait de dire à l’avantage de la pièce. […] Dans le mal que les courtisans dirent d’abord de la pièce, il n’y eut peut-être ni méprise, ni mauvaise foi. […] Louvois, le fier Louvois, qui, en qualité de Secrétaire d’état, appartenait à la compagnie, fut indigné de la témérité du farceur italien, et la lui reprocha avec une dureté qu’il employait quelquefois plus mal. […] La Fontaine a dit : La sotte vanité nous est particulière ; C’est proprement le mal français. […] Rousseau abuse ici d’un terme équivoque, et il feint de le mal comprendre, afin de l’appliquer plus mal encore.
Dans le moment on apporte une lettre à Elvire : Don Garcie se trouble, la jalousie le tourmente ; la Princesse a pitié de ses maux, & lui remet la lettre. […] Ignès est au désespoir de n’être pas unie à Don Silve : ses maux, dit-elle, sont adoucis en le voyant passer dans les bras de son amie. […] Ramassons maintenant les traits les plus frappants de la piece italienne & de celle de Moliere : pesons leur juste valeur ; instruisons-nous dans l’art de l’imitation, en voyant ce que notre Poëte a bien ou mal imité ; & lorsqu’il sera au-dessous de l’original, un respect mal entendu ne nous empêchera pas de le dire, puisque l’Auteur s’est rendu lui-même justice sur son ouvrage. […] Dans la piece italienne, la confidente de la Princesse a mal au doigt ; elle ne peut écrire à son amant, la Princesse veut bien prendre cette peine pour elle ; & la moitié de cette lettre, en tombant dans les mains du Prince, réveille ses soupçons jaloux. […] comme elle doit confondre le Prince, augmenter chez lui les regrets de s’être emporté pour un billet doux qui lui annonce son bonheur, & d’avoir, par des éclats impérieux, récompensé si mal les bontés d’une tendre amante !
Sganarelle prévoit qu’elle sera mal reçue : Don Juan le confirme dans cette opinion, en lui peignant les plaisirs d’un cœur volage, & en lui faisant part du dessein qu’il a formé depuis peu. […] Sganarelle désesperé moralise, en disant que la mort venge le ciel offensé, les loix violées, les filles séduites, les femmes mises à mal, & les maris poussés à bout. […] Il ajoute que Don Juan, avant de mourir, a confessé n’avoir pas eu le temps de mettre à mal Dona Anna. […] Comme le joueur est très mal vêtu, la Dame le rebute. […] Nous avons dit ailleurs que le second avoit été mal traduit.
Quand bien même j’aurais pris Molière, comme Comédien ; quel mal aurais-je fait de l’appeler, Monsieur ? […] On trouve presque toujours au spectacle les rôles mal distribués : des voix ingrates qui ne peuvent fournir dans les mouvements ; de glapissantes, dès qu’elles s’élèvent ; de faibles, qui ne se font point entendre ; de trop claires, qui n’imposent point, et qui ne peuvent varier dans la passion ; des Acteurs qui sans raison précipitent leur voix, par hémistiche, et qui font perdre la moitié de ce qu’ils disent : Défaut qui s’est glissé au Théâtre depuis quelques années. […] Il y en a qui en ont de lents, d’autres de précipités ; quelques-uns en ont de rudes, quelques autres d’affectés, et souvent mal ménagés, faute d’étudier le sens de l’Auteur. […] Autrefois les Comédiens les recevaient des Auteurs qui leur confiaient la représentation de leurs Pièces ; mais aujourd’hui ces Auteurs seraient très mal reçus à leur donner l’esprit d’un rôle. […] il en parle plus souvent en mal, que je n’en ai parlé en bien !
Je fus tenté de m’écrier comme faisait mademoiselle Mars dans Henri III : — Henri, vous me faites mal ! — Je ne lui dis pas cela tout à fait, car j’aurais été peut-être moins touchant que mademoiselle Mars ; — Mais, lui dis-je vous prenez mal votre temps pour m’interrompre ! […] Voilà cette histoire ; elle est bien simple, elle est facile à raconter ; et si vous n’étiez pas venu me chagriner par votre sortie contre Molière, je ne m’en serais pas mal tiré. […] vous me criez aux oreilles, vous entrez ici comme la tempête, vous déclamez à outrance, vous me faites mal, vous me faites peur : le moyen de raconter une si honnête histoire au milieu de tout ce bruit que vous faites là ! […] Il est vrai de dire que ce danger est assez rare. — « Il y en a beaucoup que le trop d’esprit gâte, qui voient mal les choses à force de lumière, et qui même seraient bien fâchés d’être de l’avis des autres pour avoir la gloire de décider. » Ces gens-là, si l’opinion publique s’exprime avant qu’ils n’aient parlé, s’écrient à l’attentat !
Ils sont plus ou moins bons, selon que le caractere simple, qui en est la principale branche, a été bien ou mal traité par un autre Auteur. […] Les petites simagrées & les affectations d’un pareil original figureroient, je crois, très mal à côté des traits mâles & vigoureux que Moliere leur a abandonnés. […] Monsieur votre oncle, dont je suis connu, sait si je dis la vérité : & puisque l’on me force de parler ; sachez, Madame, que Monsieur, à qui je vois que l’on donne la qualité de Comte, est à peine gentilhomme, & très mal dans ses affaires. […] Puisque vous prenez mal les choses, tant pis pour vous. […] Je ne décide pas si la signification est bien ou mal déterminée.
Le désintéressement de l’amour de Dieu, qu’il faut aimer par-dessus toute chose751, est exprimé eu action par le Pauvre qui « prie le ciel tout le jour, et qui est bien mal reconnu de ses soins, dit don Juan, puisqu’il est dans la plus grande nécessité du monde, et que, le plus souvent, il n’a pas un morceau depain à mettre sous les dents. » Pourtant, entre un louis d’or et un péché, il n’hésite pas ; et malgré le diable qui le tente et Sganarelle qui l’encourage, « il aime mieux mourir de faim752. » L’amour du prochain, qu’il faut aimer comme soi-même pour l’amour de Dieu753, quand a-t-il été pratiqué d’une manière plus touchante que par done Elvire, qui, trahie de la façon la plus injurieuse par un amant aimé, revient trouver ce scélérat, ce perfide, qu’elle a menacé de « la colère d’une femme offensée754, » pour adresser à ce cœur de tigre les paroles qui tirent des larmes à Sganarelle : « Je ne viens point ici pleine de ce courroux que j’ai tantôt fait éclater ; et vous me voyez bien changée de ce que j’étois ce matin. […] Quand Elmire oppose le ciel aux vœux de Tartuffe, « si ce n’est que le ciel..., » répond-il, et tout de suite il lui développe cette précieuse doctrine de la direction d’intention : Selon divers besoins, il est une science D’étendre les liens de notre conscience, Et de rectifier le mal de l’action Avec la pureté de notre intention784 . […] L’apparence du mal a chez eux peu d’appui, Et leur âme est portée à juger bien d’autrui. […] La morale naturelle est celle que chacun peut tirer de soi : morale de création divine comme nous-mêmes, qui existe essentiellement en nous tous, qui dit secrètement au cœur de chacun ce qui est bien ou mal ; lumière universelle, plus ou moins affaiblie çà et là, mais jamais éteinte ; dont les préceptes sont appuyés en chacun par le sentiment, par la raison morale, par l’opinion commune, par l’idée plus ou moins prochaine de Dieu : en un mot naturelle, c’est-à-dire fondée sur la nature que Dieu créateur nous a imposée formellement ; dont les règles immuables sont connues par l’observation de nous-mêmes ; dont la pratique est commandée par le sens moral et la conscience, et dont l’éternelle valeur, en dehors de toute révélation, est corroborée, chez les peuples chrétiens, par l’influence latente et générale du christianisme même sur les esprits qui lui sont en apparence rebelles. […] Il n’est pas vrai que le bien et le mal soient ainsi divinement récompensé et puni sur la terre, ni que tous les amoureux s’épousent, ni que tous les orphelins retrouvent leurs pères, ni que tous les coquins aillent en prison, ni que tous les athées soient foudroyés.
Mais je tiens qu’il est mal, sur quoi que l’on se fonde, De fuir obstinément ce que suit tout le monde, Et qu’il vaut mieux souffrir d’être au nombre des fous, Que du sage parti se voir seul contre tous76. […] Ces différentes variations ne font ni un grand mal ni un grand bien à l’humanité : les yeux libertins y gagnent plus ou moins, voilà tout ; & vu leur peu de conséquence, elles ne doivent pas occuper bien sérieusement un Poëte comique. […] Les femmes plus instruites que les autres, peuvent être aussi plus aimables, quand l’avantage que leur savoir leur donne n’est pas détruit par un étalage mal placé de leur érudition. […] Quel mal cela fait-il ? […] Des actions d’autrui l’on nous donne le blâme : Si nos femmes, sans nous, font un commerce infame, Il faut que tout le mal tombe sur notre dos : Elles font la sottise, & nous sommes les sots.
Le comique naît encore de la simplicité de l’héroïne, qui blesse mortellement son jaloux sans penser faire le moindre mal, & le lui avoue avec l’ingénuité la plus piquante. […] « Non, dit-elle, vos yeux ont fait ce coup fatal, « Et c’est de leurs regards qu’est venu tout le mal ». […] Mes yeux ont-ils du mal pour en donner au monde ? […] « Vos yeux peuvent eux seuls empêcher sa ruine, « Et du mal qu’ils ont fait être la médecine. » Hélas ! […] « Quel mal trouves-tu « Dans un dessein honnête & tout plein de vertu ?
Que je suis malheureux de rencontrer si mal ! […] Moncade se trouve mal. Marton ne sait où donner de la tête : on se trouve mal là haut, on se trouve mal en bas, elle va chercher des gouttes d’Angleterre. […] Dans la premiere, Dave demande à Mysis des nouvelles de l’Andrienne ; elle répond que sa maîtresse appréhende de voir casser son mariage, & que cette crainte redouble son mal. […] Moliere peut encore ici nous servir de modele : il n’avoit que fort peu de temps pour composer les Fâcheux, Chapelle offrit de versifier la scene de Caritidès ; il le fit en effet, mais si mal qu’elle ne put servir à rien.
Dis-m’en, je t’en conjure, tout le mal que tu pourras. […] Sa présence me fit oublier mes résolutions, et les premières paroles qu’elle me dit pour sa défense me laissèrent si convaincu que mes soupçons étoient mal fondés, que je lui demandai pardon d’avoir été si crédule. […] L’un d’eux, selon Grimarest, lui en faisait un jour le reproche, et, comme de raison, traitait fort mal Mlle de Brie ; elle n’avait, disait-il, ni vertu, ni esprit, ni beauté. […] Les suites de ce brusque changement furent une aggravation rapide de son mal et une catastrophe foudroyante : on sait dans quelles circonstances dramatiques, le 17 février 1673, il était surpris par la mort. […] En somme, tout ce que les contemporains d’Armande ont écrit contre elle se trouve faux si on l’examine d’un peu près ; à plus forte raison ce qu’une admiration mal entendue pour, Molière a fait imaginer depuis.
Ses yeux, plus éclairés que ceux du Médecin, Pénetrent que mon mal vient d’un feu clandestin ; Et sa vive amitié tourne si bien mon ame, Qu’il arrache l’aveu de ma secrete flamme. […] Mais il n’a pas suffi pour guérir votre mal.
Ne nous voilà pas mal ! […] Souvent il vous interroge, & il est déja bien loin de vous quand vous songez à lui répondre : ou bien il vous demande en courant comment se porte votre pere ; & comme vous lui dites qu’il est fort mal, il vous crie qu’il en est bien aise. […] vous avez fort mal fait. […] On ne peut pas exprimer le mal que vous avez commis : il est grief, atroce, irréparable. […] Ce jour mal condamné me blesse encore l’œil.
En s’égayant des malheurs qui arrivent aux époux mal avisés, il était dans son droit comique ; il a suivi les lois de son art; il a servi le sens commun. […] C’est une juste mesure qu’il demande c’est une instruction convenable qui sache discerner le bien du mal. […] Rousseau, qui a vu le Misanthrope à travers de sa misanthropie personnelle, l’a fort mal jugé. […] sur ce pied-là, il faut que vous soyez plus bel esprit qu’un autre, car il paraît qu’elle vous traite plus mal que pas un. J’ai bien vu des auteurs ; mais tout franc, je n’en ai point encore vu d’aussi mal reliés que vous.
Vous verrez qu’ils ont part sans doute au mal que l’on m’a fait. […] Les acteurs font encore plus mal en s’adressant à des personnes toujours respectables pour eux, puisqu’elles ont payé à la porte.
C’est trop long-temps, Iris, me mettre à la torture ; Et si je suis vos loix, je les blâme tout bas De me forcer à taire un tourment que j’endure, Pour déclarer un mal que je ne ressens pas. […] Trouvez bon, Madame, que sans m’engager dans une énumération de vos perfections & charmes qui me jetteroit dans un progrès à l’infini, je conclue ce mot en vous faisant considérer que je suis d’un aussi franc chrétien que les poires que je vous envoie, puisque je rends le bien pour le mal ; c’est-à-dire, Madame, pour m’expliquer plus intelligiblement, puisque je vous présente des poires de bon chrétien pour des poires d’angoisse que vos cruautés me font avaler tous les jours.
Je sais que je fais mal. […] Le temps presse, lui dit-il ; chaque minute pourroit diminuer mon zele, & augmente à coup sûr le mal de Damon.
Car quoique fils d’un Chirurgien, il fit dans le cours de son Decanat, tout le mal qu’il put à la Societé de S. […] Le Chirurgien exagere peut-être un peu les maux que la Comédie du Malade imaginaire a fait à la Médecine.
C’était la guerre de la Fronde : guerre singulière, assez mal observée et fort mal caractérisée par les historiens, qui n’y ont vu qu’un soulèvement à l’occasion d’un accroissement d’impôts, ou une suite de l’esprit de révolte dont la Ligue avait fait une habitude.
(Il fait semblant de se trouver mal, & s’appuie sur Philipin qui lui conte tout à l’oreille.) […] il faut, à ce qu’il me semble, proportionner le remede au mal. […] que cette modestie vous sied mal !
Dans la même piece, Durval, jaloux, & se croyant trahi par sa femme, l’accable de reproches : elle se trouve mal, c’est dans l’ordre ; elle tire son mouchoir, & laisse en même temps tomber un paquet de lettres. […] La méprise de Bernadille, qui ne reconnoît pas sa femme, & qui croit avoir affaire à un juge très sévere, produit des choses charmantes ; mais elle est très mal amenée, puisqu’il n’est pas vraisemblable qu’un homme, à moins d’être aveugle, ne reconnoisse pas une femme avec laquelle il a eu les liaisons les plus intimes, sur-tout lorsqu’un long espace de temps ne s’est pas écoulé, & lorsque la femme ne met pour tout déguisement qu’un habit d’homme. […] On s’imagine bien qu’il va être mal reçu.
La plus grande partie des pieces à caractere sont foibles, mal remplies, & froides par conséquent, parceque les Auteurs ne savent pas leur donner l’embonpoint nécessaire par le moyen des épisodes. […] Les autres semblent ne le savoir que pour amener, tant bien que mal, des épisodes, sans prendre la peine de les coudre à leurs sujets, ou pour en choisir qui sont incompatibles avec eux. […] Si les Auteurs dramatiques, lorsqu’ils n’ont qu’une bonne scene à placer dans un acte, convenoient du moins avec courage que leurs forces ne s’étendent pas plus loin, s’ils ne nous donnoient qu’un acte composé d’une seule scene ou de deux, comme Plaute dans sa Persane, ils feroient un bien petit mal : mais ils ne veulent pas avouer leur foiblesse ; ils se croiroient déshonorés si leurs pieces n’avoient pas cinq actes, leurs actes cinq scenes, & leurs scenes une certaine longueur ; de sorte que pour faire disparoître les lacunes que laisse le génie, il faut appeller au secours l’esprit, qui les remplit à son ordinaire avec des sentences, des madrigaux, des épigrammes, des pointes, des exclamations, des dissertations amoureuses ou philosophiques, des scenes détachées, des personnages étrangers au sujet, des caracteres qui n’ont aucun rapport avec le principal.
Nicolas de Trallage avait dressé quelque part une liste des acteurs qui vivaient bien, et une liste de ceux qui vivaient mal. […] Et non seulement les classiques n’hésiteront pas à reprendre un sujet traité avant eux, mais ils le traiteront justement parce qu’il l’a été, mal selon eux, en ce sens que l’on n’en a pas tiré tout ce qu’il contenait de puissance tragique ou comique. […] et à moins de sortir des bornes de son art, à moins de prêcher sur la scène, comment voudrait-on que Molière nous eût dit qu’on ne change point la nature en son fonds ; que quiconque l’essaye, il lui en coûte cher ; et, conséquemment, que le principe de tous nos maux, c’est de vouloir le tenter ? […] Est-ce les maux dont le fanatisme a été la cause dans l’histoire ? […] Mais il se donnait trop de liberté d’inventer de nouveaux termes et de nouvelles expressions : il lui échappait même fort souvent des barbarismes. » Et en 1713 enfin, dans sa Lettre sur les occupations de l’Académie française, Fénelon enchérissait sur La Bruyère et sur Bayle : « En pensant bien, il parle souvent mal ; il se sert des phrases les plus forcées et les moins naturelles.
Chapelle lui offrit de faire la scène de Caritidès 27 et l’exécuta si mal qu’elle fut rejetée. […] La moralité. — Bien propre à faire frémir quiconque voudrait risquer un mariage mal assorti. […] Ces trois ouvrages vont nous prouver successivement s’il était prudent d’attaquer un athlète aussi vigoureux, et si l’athlète fit bien ou mal de se venger. […] Que le personnage principal amène la catastrophe par un trait bien marqué de son caractère ; qu’elle change en bien tout le mal que l’on redoute ; que la vertu soit récompensée, et le vice puni. […] Molière reprit haleine, au jugement de sa majesté ; et aussitôt il fut accablé de louanges par les courtisans, qui tous, d’une voix, répétaient tant bien que mal ce que le roi venait de dire de l’ouvrage.
ils sont bien mal avec le public. Et vous avez beau dire avec un mépris mal dissimulé : le public ! […] Une lois mariés, songez-y, vous vous verrez, sans cesse, l’un l’autre, mal vêtus, mal peignés, mal lavés, grondeurs, grognons, peut-être sifflés la veille, à coup sûr inquiets pour le soir ! […] Et puis, quand il continuerait à abuser toutes les Lucinde de la terre, où est le mal ? […] Mais n’est-ce pas se donner bien du mal pour détacher Lucinde de Moncade ?
Je m’érigerai en censeur des actions d’autrui, jugerai mal de tout le monde, et n’aurai bonne opinion que de moi. […] En un pareil dessein, C’est mal suivre Tartuffe, il n’y met qu’une main. […] Qu’une telle action est bien digne de toi, Et que tu connais mal le cœur d’un si grand roi ! […] Cléante remarquait même à ce sujet « qu’il sied mal à ces sortes de gens de se vanter des avantages du monde. » Molière a donc transporté ce passage, et il l’a fait avec beaucoup de raison ; il est bien plus convenable qu’Orgon énumère toutes les qualités de Tartuffe au moment où il le propose à sa fille, qu’à une époque où l’action est déjà si avancée, et où Elmire va proposer cette terrible épreuve qui doit enfin détromper son trop crédule époux. […] Si quelques traits heureux, quelques scènes même survivent à leur chute sans avoir pu l’empêcher, ils sont sa propriété légitime, parce qu’au théâtre le succès seul tient lieu de titre ; l’auteur primitif n’a plus rien à y prétendre : ce sont des richesses mal employées que le public a confisquées au profit du génie.
L’Huillier, homme de fortune, prenait un soin singulier de l’éducation du jeune Chapelle, son fils naturel ; et pour lui donner de l’émulation, il faisait étudier avec lui le jeune Bernier, dont les parents étaient mal à leur aise. […] Cette salle est aussi mal construite que la pièce pour laquelle elle fut bâtie ; et je suis obligé de remarquer à cette occasion, que nous n’avons aujourd’hui aucun théâtre supportable ; c’est une barbarie gothique, que les Italiens nous reprochent avec raison. […] Racine furent si mal reçus ; voilà pourquoi l’Avare, le Misanthrope, les Femmes savantes, l’École des Femmes n’eurent d’abord aucun succès. […] Cette pièce fit au roi un plaisir extrême, quoique les ballets des intermèdes fussent mal inventés et mal exécutés. […] On admire la conduite de la pièce jusqu’au dénouement ; on sent combien il est forcé, et combien les louanges du roi, quoique mal amenées, étaient nécessaires pour soutenir Molière contre ses ennemis.
Le jour où Molière peignit les jalousies d’Alceste, il souffrait d’un mal dont plusieurs souffraient avec lai, et, depuis deux cents ans, aucun de ceux qui ont aimé comme Alceste n’a entendu sans émotion ses reproches à Célimène. […] Ils discernent en lui, dès ses premiers pas, un amour propre irritable, un esprit caustique, une ambition qui cherche à se faire des appuis à la cour, un cœur faible, qui s’enflammait au vent de la prospérité et résistait mal à celui de la tempête; une singulière promptitude à oublier, lorsqu’il voguait sur une mer tranquille, le rivage qui l’avait naguère abrité. […] Elle s’y présente sous une forme toute générale, et sans qu’il y ait moyen de faire des applications directes; mais elle est bien là; Néron est l’homme qui s’arrête et délibère un instant à la croisée des routes du bien et du mal. […] Rambert, il sera difficile de le justifier de cet attentat; mais pour quiconque voit d’un peu haut, le mal date de plus loin. […] Ses perpétuelles colères répondent mal à l’esprit de cette religion qui, par une hardiesse divine, a fait de la joie un devoir.
Cette pièce a cinq actes : tous ceux qui l’ont vue sont demeurés d’accord qu’elle est mal nommée, et que c’est plutôt L’École des maris que L’École des femmes : mais comme il y en a déjà une sous ce titre, il n’a pu lui donner le même nom. […] Les dames l’ont blâmée, et l’ont été voir : elle a réussi sans avoir plu, et elle a plu à plusieurs qui ne l’ont pas trouvée bonne ; mais pour vous en dire mon sentiment, c’est le sujet le plus mal conduit qui fut jamais, et je suis prêt de soutenir qu’il n’y a point de scènes où l’on ne puisse faire voir une infinité de fautes. […] Il vaut donc mieux suspendre l’action pour un moment, que de la ralentir par une observation mal entendue des règles ; et les moins intelligents sentiront les motifs qui ont déterminé Molière à en user de la sorte, et le mérite qu’il a eu dans une pareille conduite. […] Les ballets et les intermèdes furent mal inventés et mal exécutés. […] Ce qui a été mal rendu en français par l’expression du Festin de Pierre.
Purgon vient le menacer de mille espèces de maux ; la quatorzième, où Toinette joue le médecin, et devine toutes ses maladies : voilà les traits les plus comiques de cette pièce, qui fut la dernière de l’inimitable Molière. […] La scène troisième du deuxième acte, entre le marquis et le poète sur Homère et Virgile ; la sixième du troisième acte, entre le marquis et Dorante, est la même que celle du Joueur de Regnard, où le Joueur se laisse mal mener et veut ensuite le faire dégainer. […] Joli sujet, mal traité.
Son trouble ne s’arrête pas à la personne qui en est l’occasion ; ses croyances mal assises, incertaines et tremblantes comme lui, menacent ruine ; la passion, comme la fondre, a passé par là ; comme la foudre éteinte, elle n’est plus visible que par ses ravages ; tout est anéanti derrière elle. […] Il ne fait pas non plus le mal pour le plaisir de le faire. […] N’ayant pas pénétré dans l’intime de nos souffrances, elle n’aperçoit pas le remède dont le secret est toujours caché dans la cause du mal.
Malgré les inconséquences du personnage principal et la légèreté de la pièce, comparé à tant de vains ouvrages sans invention et mal écrits qui défrayaient alors le théâtre, le Menteur était de la comédie. […] Le maître est dans l’embarras ; son travers gâte à chaque instant ses affaires : qui réparera le mal et renouera la pièce qui va finir ? […] Il est sorti sur les pas d’Isabelle, qu’il prend pour Léonor, et il l’a vue entrer chez Valère ; et comme il n’est pas homme à se contenter du bien qui lui arrive, s’il n’est mêlé du mal d’autrui, il court informer Ariste du tort que l’on fait à son honneur. […] Le mal, borné d’abord à la cour, avait gagné la bourgeoisie. […] Molière vint au secours des filles négligées par leurs mères, comme Henriette ; des maris dont les hauts-de-chausse étaient décousus et les rabats mal repassés, comme Chrysale ; des servantes chassées, comme Martine, parce qu’elles s’obstinaient à ne point parler le français de Vaugelas.
Fulvio survient encore une fois mal à propos, partage la colère de Lavinia, dément Scapin et ne reconnaît son tort que lorsque Scapin lui explique dans quel but il avait conçu ce projet. […] Quand le capitaine lui demande s’il aime Celia, Fulvio, sous l’empire de la même crainte, nie son amour ; il hésite à toucher la main de Celia qu’on lui donne et tourne toujours les yeux vers Scapin pour s’assurer qu’il n’a point mal fait.
Et ce nez épaté, et ces yeux mal ombragés, sans feu ni lumière ? […] Tout ce qu’elles font est bien, même si elles font mal ou si elles font le mal. […] Ne craignez rien : dans l’amoureux empire, Le mal n’est pas si grand que l’on le fait ; Et lorsqu’on aime et que le cœur soupire, Son propre mal souvent le satisfait. […] La belle-mère de la Du Parc la regrettait sans doute, parce que la Du Parc était généreuse ; elle en voulait à son amant qui, après tout, était la cause de sa mort par cet enfant venu si mal à propos9. […] pour moi je m’acquitterai fort mal de mon personnage, et je ne sais pas pourquoi vous m’avez donné ce rôle de façonnière.
Si bien qu’il résultait de ces tentatives mal combinées la plus singulière cacophonie : l’un disait vers, l’autre disait prose, et c’était à ne plus s’entendre. […] pauvre diable mal venu au monde, horrible avorton dont je ne sais que faire. — Va-t’en, Don Juan, frère cadet de Tartuffe. […] L’Anglais, prudent : — Les uns, répondit-il, disent qu’il va bien, et je ne le crois pas ; les autres, qu’il va mal, et je ne le crois pas ! […] » Sganarelle, tu parles bien, tu agis mal. […] On a pas goûté ce prologue en mal d’enfant !
« Au reste, comme j’ai toujours rendu justice aux Espagnols, de qui j’ai emprunté presque tous les sujets comiques que j’ai traités avant celui-ci, je n’en dois pas moins à l’incomparable auteur de la Cléopâtre *, et je croirais mal répondre à la profession que je fais de l’honorer, si je n’avouais hautement que l’histoire d’Alcamène et de Ménalippe m’a fourni les premières idées de cet ouvrage. […] La passion du bel esprit, ou plutôt l’abus qu’on en fait, espèce de maladie contagieuse, était alors à la mode. » « 1Il régnait dans la plupart des conversations un mélange de galanterie guindée, de sentiments romanesques et d’expressions bizarres, qui composaient un jargon nouveau, inintelligible et admiré ; les provinces, qui outrent toutes les modes, avaient encore enchéri sur ce ridicule ; les femmes qui se piquaient de cette espèce de bel esprit s’appelaient précieuses : ce nom, si décrié depuis par la pièce de Molière, était alors honorable, et Molière même dit dans la préface que les véritables précieuses auraient tort de se piquer, lorsqu’on joue les ridicules qui les imitent mal. […] « Il fit quelque temps la comédie à la campagne, et quoiqu’il jouât fort mal le sérieux, et que dans le comique il ne fût qu’une copie de Trivelin et de Scaramouche, il ne laissa pas de devenir en peu de temps, par son adresse et par son esprit, le chef de sa troupe, et de l’obliger à porter son nom. […] Il n’en va pas de même de son cadet ; et quoique ce soit une divinité parmi les comédiens, les encens qu’on lui donne ne sont pas si généraux que ceux de son frère : ne croyez pourtant pas que j’en veuille dire du mal ; au contraire, je tiens que c’est celui de tous les auteurs qui pense plus profondément : et sans doute l’envie avouera elle-même que son Stilicon est tout à fait beau. […] Cette pièce est fort mal versifiée : elle est précédée d’une préface, où Somaize répète encore tout ce qu’il avait dit contre Molière dans ses Véritables Précieuses.
Celui qui, au lieu de placer le dénouement à la fin d’un drame, ou n’en fait point, ou le met au milieu de la piece, fait voir une statue sans tête, ou une tête très mal placée. Vous, qui, loin de disposer votre sujet, votre intrigue, vos caracteres, dans les premieres scenes, & de bâtir ensuite là-dessus, offrez des choses qui ne sont pas étayées, ou qui le sont si mal qu’elles entraînent la chûte entiere de l’édifice, devez-vous être étonnés que le public fasse un si mauvais accueil à vos monstres dramatiques ? […] Elle est pitoyable, ou elle est délicieuse, s’écrie un merveilleux, qui de sa vie n’a su juger que par contagion : une jolie femme confirme son jugement du bout de la table, en ajoutant seulement que les actrices étoient bien ou mal coëffées.
Il enleve des paquets dont quelques fauteuils sont chargés, & sort, en regardant si tout est bien en ordre. » Ce jeu d’entr’acte remplit, je crois, très mal les vues de l’Auteur ; il ne peut pas lier les deux actes l’un à l’autre, parcequ’il n’y tient pas. […] Eugénie se trouve mal ; on l’emmene : son frere jure de la venger. […] D’Ancourt rendoit très bien les rôles du haut comique & mal les tragiques.
Le Marquis, trompé par le déguisement, dit à Cidalise beaucoup de mal d’elle-même : elle se démasque, le Marquis feint de l’avoir reconnue & d’avoir voulu la punir du piege qu’elle lui tendoit. […] (Le théâtre représente un sallon mal meublé & dont les murs sont presque nuds, avec des restes de dorure.) […] Madame Béverley a mal fait d’annoncer au troisieme acte que la vertu seroit récompensée.
Cette idée l’afflige au point qu’elle se trouve mal : dans ce temps l’amant qu’elle regrette paroît, elle le prend long-temps pour son esprit : mais elle reconnoît Don Alvar lui-même en qui Jacinthe retrouve son frere. […] Oui, mon fils, la venger : Au prix de notre mal c’est un fardeau léger. […] Va-t’en trouver ta sœur, apprends d’elle le reste : Mais si tu m’aimes bien parle-lui doucement, Parle-lui de pardon plus que de châtiment ; En apprenant son mal, apprends-lui son remede ; Car enfin, dans mon cœur, mon sang pour elle plaide : Et souviens-toi qu’elle est & ma fille & ta sœur.
l’amour vrai dépeint au précédent chapitre ; si, considérant avec toute leur raison la gravité’ de ce qu’ils font, ils se donnaient l’un à l’autre avec une franchise et un abandon sans bornes, décidés à trouver tout l’un en l’autre533 ; si l’aveuglement de la jalousie mal fondée ne venait pas troubler la sincérité de leur affection534 ; si, une fois unis, ils continuaient, comme le recommande Ariste, à garder entre eux toutes les délicatesses et les, prévenances de l’amour535 ; si, comme dit Mlle Molière, le mariage ne changeait pas tant les gens 536 ; s’ils négligeaient moins leurs enfants, ces seconds liens des cœurs, qui viennent remplacer ceux de l’amour qui s’usent537 ; s’ils se consacraient résolument aux soins de la maison commune538 ; si l’homme, pénétré de sa dignité et de ses obligations, n’abdiquait pas comme Chrysale, et ne tournait ni à l’Orgon ni au M. […] « La possession d’un cœur est fort mal assurée lorsqu’on prétend le retenir par force568. » « Le cœur est ce qu’il faut gagner569 ; c’est le cœur qu’il faut arrêter par la douceur et la complaisance570. » XX. […] Ce qu’on y veut, c’en est le mal ; ce qu’on y appelle les belles passions, sont la honte de la nature raisonnable ; l’empire d’une fragile et fausse beauté, et cette tyrannie, qu’on y étale sous les plus belles couleurs, flatte la vanité d’un sexe, dégrade la dignité de l’autre, et asservit l’un et l’autre au règne des sens (chap.
Son désespoir quand ses vers étaient mal débités. […] Il n’allait pas, comme certaines gens qui affectaient une sotte et orgueilleuse austérité, disant du mal de lui. […] Mais cette beauté orgueilleuse et froide accueillit mal la déclaration de son amour. […] Je divertis le prince par les spectacles que je lui donne ; je le rebuterai par un travail sérieux et mal conduit. […] Racine, qui en usait si mal que d’avoir donné et fait apprendre la pièce aux autres comédiens.
Je n’en sais rien, et je suis obligé de m’en rapporter là-dessus à un poète, peut-être mal renseigné, qui fait ainsi parler l’une d’entre elles, au moment de s’endormir : … Ah ! […] Et, comme dit Arnolphe : … Des chaudières bouillantes13 Où l’on plonge à jamais les femmes mal vivantes ? […] Il tâche de corriger le mal ; mais il s’y prend avec indulgence, d’une main douce, comme dit Sénèque27. […] Il les a vues, et il s’est plu à leur donner une place dans la comédie, qui, pour être, comme il le voulait, le tableau du monde, doit reproduire le bien comme le mal. […] Le langage d’Henriette est franc, parce qu’elle ne soupçonne point de mal dans une action qu’elle voit faire à tant de monde ; celui d’Armande est plein d’images impures, parce qu’elle a sali sa pensée en la traînant sur des détails auxquels Henriette n’a pas songé.
Le confessionnal blâmera le libertinage mais ne détournera pas de la piété ; au contraire, on conseillera d’y persévérer dans l’espoir que le bien finira par guérir le mal. […] Le mal est dans le vice, mais jamais dans la piété, même extérieure. […] Il ne faut pas oublier non plus que, pour le dévot libertin, il n’y a pas de vertu véritable ; il ne voit pas grand mal dans la séduction qu’il médite ; il prête aux autres ses propres désirs ; il suppose que toute femme est prête à accepter le plaisir quand il est facile. […] C’est un personnage plein de poésie, mais qui représente la poésie du mal. […] Boileau a renvoyé aux jésuites cette expression de loups dévorants dans son admirable épitaphe d’Arnauld : Et même par sa mort leur fureur mal éteinte.
Car pour la galanterie criminelle, l’envie, la fourberie, l’avarice, la vanité, et les autres crimes semblables ; il ne faut pas croire, selon l’observation du même auteur, qu’elles leur aient fait beaucoup de mal. […] Il faut avouer qu’il parlait assez bien français ; qu’il traduisait passablement l’italien ; qu’il ne copiait point mal ses auteurs : mais on dit peut-être trop légèrement, qu’il n’avait point le don de l’invention, ni le génie de la belle poésie11, quoique ses amis même convinssent que dans toutes ses pièces le comédien avait plus de part que le poète, et que leur principale beauté consistait dans l’action.
Vous seriez aujourd’hui mal reçu. […] C’est différent : au moins, vous avez une excuse ; Pleurez ; mais, croyez-moi, le rire vous va mieux : Laissez à Melpomène injurier les dieux, Apostropher le ciel d’une plainte importune, Quereller les destins et braver la fortune ; Vous, peignez la nature et l’homme tel qu’il est ; Qu’il s’amuse en voyant son bizarre portrait ; Tachez de corriger, mais surtout faites rire ; Rien ne vaut la gaîté ; l’espèce humaine en tire Des plaisirs toujours sûrs ; bien souvent la santé, Et presque autant de biens que de la Faculté L’on peut tirer de maux ; c’est dire assez, sans doute.