L’âme de chaque homme devint le sanctuaire intime de la Divinité. […] Mais elles s’acharnent à Oreste, parce que la femme dont il a osé devenir le meurtrier l’avait formé et nourri dans ses entrailles. […] Il devint subjectif. […] Ce pauvre garçon deviendrait imbécile, si la prose de la vie contre laquelle il proteste, ne se chargeait pas de le sauver. […] Il devient un inoffensif bourgeois, et pour comble d’horreur, un fonctionnaire du gouvernement.
On n’y a point rapporté un fait que bien des gens m’ont assûré, c’est qu’il ne se fit Comédien que pour être auprès d’une Comédienne dont il étoit devenu fort amoureux. […] On sera bien aise d’apprendre ce que devint après la mort de Moliere la troupe de Comédiens dont il avoit été le Chef (I) : cela peut fort servir à faire connoître le mérite de cet Acteur. […] Car à peine fut-elle à Chambor où le Roi donnoit ce divertissement, qu’elle devint folle du Comte de Guiche, & que le Comte de Lauzun devint fou d’elle. […] « Si les Comediens Italiens n’eussent jamais paru en France, peut-être que Moliere ne seroit pas devenu ce qu’il a été. […] Il devint amoureux de cette femme, & en fut aimé, & l’attira dans sa Troupe.
Pour Phédria, son pere ne fut pas plutôt parti, qu’il trouva une certaine chanteuse dont il devint fou. […] Je vois cela d’ici, il en devint amoureux dès le moment. […] Quelque temps après, Léandre fit rencontre d’une jeune Egyptienne, dont il devint amoureux. . . . . . . . . . . . . . . . […] Ses fréquentes visites sont rejettées de la servante, devenue la gouvernante par le trépas de la mere. […] Les reparties vives, positives & nettes de Madame Grognac établissent son caractere brusque ; & ses monosyllabes deviennent comiques.
Amante, que la pudeur avant tout, et l’honneur, et l’abnégation soient les vertus qui l’élèvent et la rendent digne de devenir femme352. Epouse, que son mari et ses enfants deviennent sa vie ; que le monde, les plaisirs de toute sorte353, les vanités de l’esprit354, la coquetterie355, la frivolité, soient oubliés, pour faire place aux devoirs et aux joies du foyer. Que la gracieuse Henriette devienne sans effort la digne Elmire ; car on ne peut guère citer comme modèle d’épouse, malgré la grâce et la chasteté antique de son amour, la mythologique Alcmène 356. […] Elle ne deviendra pas, comme Béline, un monstre dans lequel l’égoïsme et l’avarice ont effacé tout ce qui restait de la femme369 ; ni, comme Philaminte, une pédante orgueilleuse qui sacrifie son mari, sa fille, sa maison à la vanité, du bel esprit370 ; ni, comme Mme de Sotenville, une folle de Noblesse, en qui l’amour du nom et du titre a tué tout autre sentiment, et qui croit qu’une famille n’est qu’une généalogie371. […] Elle deviendra la sauvegarde et l’honneur de la famille, comme la sage et rieuse Nicole 377 et la médecine Toinette 378.
Vous voyez bien cet histrion qui joue la femme, il copie à ravir les passions impudiques, et ce mensonge aussitôt devient un feu terrible dans l’âme de l’auditoire. » Ainsi parlait un païen converti, un avocat de Rome devenu chrétien, Minutius Félix ! […] il me semble que je deviens plus cruel et moins accessible aux bons sentiments de l’humanité12 ? […] De grands poètes sont venus qui ont corrigé ces excès, je le veux bien, mais ils ont remplacé ces grossièretés, repoussantes à la longue, par un charme irrésistible à ce point que la comédie est devenue une force. […] Vous brisez mon idole, et maintenant que les fragments de sa statue sont épars autour de moi, que voulez-vous que je devienne ? […] Vous lui faites jouer cette niaise comédie dans laquelle toutes choses sont bouleversées, où le valet devient le maître, où le maître devient le valet, pendant que de leur côté Marton et sa maîtresse changent également de robe, d’allure, de langage et d’amours.
Guillaume contre un berger qui lui a volé des moutons, et les ruses de Patelin pour lui escroquer six aunes de drap, sont un fond bien mince, et qui est proprement d’un comique populaire : le juge Bartolin, qui prend une tète devenu pour une tête d’homme, est de la même force qu’Arlequin qui mange des chandelles et des bottes. […] On rira toujours de la scène où le marchand drapier confond sans cesse son drap et ses moutons; et celle où Patelin, à force de patelinage (car son nom est devenu celui d’un caractère) vient à bout, d’attraper une pièce de drap, sans la payer, à un vieux marchand avare et retors, est menée avec toute l’adresse possible. […] Il y réussit assez pour devenir un homme de bonne compagnie, et ses agréments le firent rechercher à la cour. […] Le roi d’Alger (quoiqu’il n’y ait point de roi à Alger) se trouve au port, à la descente des captifs, et ne manque pas de devenir tout d’un coup éperdument amoureux d’Elvire. […] Mais sa versification est souvent dure à force de viser à la précision : son dialogue, à force de vouloir être serré, est souvent hache en monosyllabes, et devient un cliquetis fatigant.
Le nom du personnage principal fut changé ; Tartuffe devint Panulphe, et la pièce parut avec le titre de L’Imposteur. […] Il est épris d’une jeune villageoise dont le mari est très jaloux, et il parvient à devenir le confesseur de la belle. […] S’il emploie le jargon de la dévotion, c’est qu’il est devenu le sien, et qu’il n’en saurait parler d’autre. […] À peine Louis XIV avait fermé les yeux que tous les dévots de la veille devinrent les roués du lendemain. […] Que deviendraient les charlatans s’il n’y avait pas de dupes ?
Magnifico a dessein de marier sa fille Eléonora ; il parle de ce mariage à Célio : celui-ci se persuade que Magnifico veut devenir son beau-pere, quand il voit tout-à-coup qu’il est question de faire épouser Eléonora par le Docteur. […] qu’est-il devenu ? […] La science du commerce qu’il feint de posséder, lui attire toute la confiance du vieillard, & toute la haine d’Arlequin, qui, étant valet dans la même maison, devient jaloux de son crédit, & n’oublie aucune occasion pour le détruire. […] Vous, monsieur le bœuf, me voyant couché si mollement, vous commencerez à me lancer des œillades de mépris, & vous n’aurez pas plus de considération pour mon ânerie que pour un ânon encore à naître : vous deviendrez rude & méchant à mon égard ; & les gens de ma sorte viendront me rire au nez. […] Mais, qu’est donc devenu mon homme ?
Mais la paix a tout ranimé ; et il n’est pas facile de dire comment elles sont devenues si communes. […] Nous allons voir ce qu’il devint, et, en apprenant le sort du mot, nous apprendrons celui des personnes qu’il désigne. […] Les Italiens affluaient à Paris, et il devint à la mode d’aller visiter Rome et l’Italie. […] Sa ruelle devint pour le parti le centre de ralliement, l’école normale, le château fort des précieuses de mauvais goût. […] Je trouvai qu’elle était devenue joueuse.
Le Lord Clarandon devient épris d’Eugénie ; elle est trop vertueuse pour qu’il puisse se flatter de l’avoir en qualité de maîtresse : il lui propose un hymen secret, afin de ménager, dit-il, un oncle qui s’indigneroit d’un mariage trop inégal. L’intendant du perfide est métamorphosé en Ministre : Eugénie se croit unie à son amant par des liens sacrés, devient enceinte, découvre que son hymen n’est que simulé, apprend que le Lord, cédant aux instances de son oncle, va faire un riche mariage : elle s’évanouit : son pere indigné veut s’aller jetter aux pieds du Roi. Le Lord, touché de la vertu d’Eugénie, attendri sur le sort de la malheureuse victime qu’elle porte dans son sein, se repent d’avoir plongé dans le chagrin une honnête famille, demande pardon à sa chere Eugénie, & devient solemnellement son époux. […] Thatley frémit d’abord d’une pareille perfidie : peu-à-peu il se familiarise avec elle, il devient heureux, autant qu’on peut l’être quand on sent des remords. […] Thatley devient veuf.
Qu’eût été, que fût devenu Louis XIV, abandonné aux seules suggestions de la morale littéraire ? […] La représentation de Tartuffe devint véritablement une affaire d’État. […] Il n’est pas possible de forcer plus outrageusement la nature, et Orgon devient une sorte de monstre plus rebutant que Tartuffe lui-même. […] Je l’avoue ; mais qu’on me dise alors ce que devient cette haute et tant préconisée morale du théâtre et de Molière. […] Le contraste va devenir plus éclatant.
Régnier, devenu membre de la souscription nationale, proposa alors au préfet de ne faire qu’un seul et même édifice du monument de Molière et du château d’eau. […] Pourquoi cette irrégularité qui devient plus choquante quand on la regarde et finit par être insupportable ? […] Ordinairement, ces sortes de renfoncements dans le mur sont destinés à abriter des statues ; mais ici, la statue est sur un piédestal éloigné de cette niche, qui devient ainsi tout à fait inutile, et en architecture ce qui est inutile est ordinairement mauvais. […] Ce défaut devient surtout sensible dès qu’on s’en éloigne, et qu’on regarde la fontaine du haut de la rue Richelieu.
C’est Scapin qui est devenu « Fourbum imperator ». […] Le compère devient agressif ! […] Moi je vous peins tel que vous êtes et tel que ‘vous êtes en train de devenir. […] Et, comme il arrive toujours, votre sottise devenue manie vous rend méchant où au moins dur. […] Je vous dis seulement : prenez garde de le devenir !
On peut juger de là que Racine serait devenu un rival redoutable pour Molière, s’il avait continué à exercer le rare talent dont il a fait preuve dans Les Plaideurs. […] Il y aurait un vrai sentiment de l’art dans un tel genre, s’il ne devenait pas superficiel et insignifiant. […] Deux inventions extraordinaires peuvent devenir naturelles l’une par l’autre. […] La différence essentielle qui l’en distingue, c’est que le poète s’y passe du compositeur de musique, et qu’il se contente de choisir des airs connus et déjà devenus populaires. […] Sans être profond dans la théorie, on peut être devenu connaisseur par l’observation.
Cette pièce de L’Inavertito, qui est devenu L’Étourdi, ou les Contre-temps, eut un grand succès que Beltrame constate dans sa dédicace à Madame Christine de France, princesse de Piémont. […] D’autre part, les créanciers deviennent de plus en plus pressants ; la faillite arrive. […] Les écoliers devenaient les maîtres.
Dupuis guérit, devient veuf : sa femme ne lui laisse qu’une fille fort belle. […] Mademoiselle Dupuis devient infidelle. […] Dupuis, trompé jadis par ses amis, sa femme, ses parents, est devenu défiant, & qu’il est peut-être alarmé par la galanterie de Desronais. […] il ne se soucie pas de devenir plus grand, il ne craint pas d’être plus petit. […] Celui-ci donc chez sire Gasparin Tant fréquenta, qu’il devint à la fin De son épouse amoureux sans mesure.
Jourdain auprès d’une belle marquise dont il est lui-même l’amant ; et, ce qui n’est pas une feinte, il enrichit sa maîtresse, qui va devenir sa femme, des dons précieux qu’il est chargé par un autre de lui faire accepter. […] Il avait, depuis longtemps, des lettres de noblesse ; mais, ayant entendu dire que, s’il avait voulu être secrétaire du Roi, la compagnie se serait opposée à ce qu’il le fût, il se mit en tête de le devenir, pour mortifier leur vanité, beaucoup plus que pour flatter la sienne. […] Ensuite, il a plus qu’un ridicule ; il a un tort, et même assez grave, celui de donner les mains à une insolente mystification dirigée contre l’homme dont il veut devenir le gendre, et, qui plus est, d’y prendre le principal rôle. […] L’ouvrage plut, le sujet devint populaire, et dès lors le théâtre ne devait pas tarder à s’en emparer. […] Voilà ce qu’ont refusé de voir quelques aveugles enthousiastes de Molière, devenus, en cette occasion, de ridicules adversaires de Boileau, qui n’ont su défendre l’un qu’en attaquant l’autre avec indécence, et qui ont prouvé par là qu’ils étaient incapables de les apprécier tous les deux.
Cependant Delmire devient sensible pour Don Rodrigue. […] Ma sœur, Sa Majesté vous fait une grande faveur en daignant devenir votre maître. […] êtes-vous devenu de marbre ? […] Profite de ces dispositions tandis qu’il en est temps : n’attends pas que le dépit & la colere deviennent les plus forts dans mon cœur. […] Si vous voulez vous contenter de mon serment, pour seule preuve de mon innocence, je suis prête à accomplir la parole que je vous ai donnée de devenir votre épouse.
Le sujet du Curieux impertinent, qu’il a emprunté du roman de Don Quichotte de Cervantes, quoiqu’assez passable à la lecture, devient froid & triste au théâtre. […] Anselme étoit devenu très passionnément amoureux d’une très belle personne de la même ville ; & c’étoit un parti si grand, & pour le bien & pour l’alliance, qu’il résolut, avec le consentement de son ami, sans quoi il ne faisoit rien, de la demander en mariage. […] L’épouse devient aussi infidelle que l’ami : ils jouissent tranquillement de leur perfidie, grace aux soins de Léonelle qu’ils admettent dans leur confidence. […] Damon vient dire à Léandre qu’il ne peut se déterminer à parler d’amour à Julie, il craint que la feinte ne devienne une réalité. […] C’est une femme qui aime son mari de bonne foi : l’ingrat se refroidit pour elle ; mais il la voit dans un bal, déguisée en Vénitienne, & il en devient passionnément amoureux.
On n’y a point raporté un fait que bien des gens m’ont assûré, c’est qu’il ne se fit Comedien que pour être auprès d’une Comedienne dont il étoit devenu fort amoureux. […] Car à peine fut-elle à Chambor où le Roi donnoit ce divertissement, qu’elle devint folle du Comte de Guiche, & que le Comte de Lauzun devint fou d’elle. […] Il devint amoureux de cette femme, & en fut aimé, & l’attira dans sa Troupe.
. — Si le spectateur est censé n’être pas présent, sa présence peut-elle faire qu’une chose naturelle par elle-même devienne tout de suite contre nature ? […] Par conséquent les aparté, quoique dans la nature par eux-mêmes, peuvent devenir plus ou moins vicieux, plus ou moins naturels, selon l’art des Auteurs. […] Ils doivent sur-tout être extrêmement courts : & pour lors, maniés par un homme ingénieux, ils peuvent devenir une source très féconde du comique le plus plaisant. […] A cette derniere épithete, l’actrice s’emporta, devint furieuse.
Il serait trop long d’énumérer ses succès dans les autres pays de l’Europe : en Angleterre, où dès le xviie siècle, son Misanthrope est grossièrement imité et devient un loup de mer brutal, jureur et ivrogne ; dans la Hollande, qui eut une part capitale à la publication de ses œuvres ; en Autriche, où son Don Juan inspire Mozart : en Italie, où les pièces de la Commedia dell’ Arte et celles de la Commedia Sostenuta, après lui avoir tant donné, lui empruntent à leur tour non moins abondamment. […] Que devient-il avec Molière ? […] sont devenus une sorte de monnaie courante qui fait circuler avec elle à travers le monde la gloire de Molière. *** Pour cet ensemble de raisons, Molière est devenu, dès le principe, un des plus populaires de nos écrivains et un de ceux qui ont le plus fidèlement représenté à l’étranger le génie moyen de la France.
Le salon ou cabinet, devenu si fameux par la réunion des hommes célèbres et des femmes illustres du temps, était au rez-de-chaussée. […] La conversation devint bientôt le principal attrait de cette société, et fut placée entre les plus vives et les plus nobles jouissances de la vie : c’était la préparation et le complément de toutes celles qui étaient réservées à l’intimité. Bientôt aussi le talent de converser devînt le but d’une émulation vive et générale : on en vint plus tard à mettre par écrit les conversations des sociétés particulières, on les livra à l’impression : on envoya ses conversations à ses amis et à ses connaissances13. […] Malherbe et Racan furent de la société la plus intime de la marquise, Racan devint passionnément amoureux d’elle.
Plus ce Don Juan était un être impossible, et plus il devenait digne de cette adoption du poète. […] Il n’y a pas jusqu’à ce brave, loyal et tremblant serviteur Sganarelle, qui ne soit devenu : juste ciel ! […] L’éclat de rire devient plus rare, il prend même quelque chose de funèbre. […] À peine mort, il devint le sujet de louanges sans fin… le héros de mille apothéoses ! […] L’amour est mort, excepté dans mon cœur, et cet amour, amour survivant, se transforme et devient désespoir !
Je sais que vous voulez devenir mon beau-frere : C’est fort bien fait à vous. […] qu’est-il devenu ? […] Enfin est-il dans la nature qu’Isabelle devienne éprise du Chevalier, qui ne lui parle jamais que de ses débauches ? […] Pendant son voyage, Philolache son fils devient éperdument amoureux d’une musicienne, qu’il achete & qu’il entretient à grands frais. […] Celui-ci devient grand ; il forme le dessein de voyager, débarque à Epidaure avec un esclave.
Il s’en empara à son tour, après d’autres écrivains français ; et l’on sait avec quelle puissance et quelle hardiesse il transforma un sujet devenu banal. […] Qui ne se montre ami des vices devient ennemi des hommes. […] Elles sont donc devenues des saintes ?
Alors, aidé de Luynes, qui avait dressé pour lui des pies-grièches à prendre des moineaux et qui était devenu son favori, le jeune roi secoue l’autorité de sa mère. […] Dans la société de l’hôtel de Rambouillet, au contraire, l’homme de lettres était dégagé de ses liens personnels ; il n’était plus l’homme ou l’esprit d’un autre homme ; il était devenu maître à son tour de choisir, de placer, de graduer ses préférences entre les grands, comme précédemment les grands l’avaient été de choisir entre les gens de lettres. […] Ce fut en 1607 que la marquise eut sa cinquième fille, Julie, devenue depuis si célèbre par la passion du duc de Montausier, et sa guirlande, par ses places à la cour, par sa mort, dont la cause est aussi honorable que le reste de sa vie.
À l’époque de son mariage, Montausier avait à peine trente-cinq ans ; depuis l’âge de vingt ans, il était au service et engagé dans des guerres successives, en Italie, en Lorraine, en Alsace ; en 1638, parvenu au grade de maréchal de camp, bien qu’âgé seulement de vingt-huit ans, il fut nommé gouverneur de l’Alsace, province alors d’une soumission équivoque, où le roi avait besoin d’un homme qui réunit l’art et le courage du guerrier au tarent et à la sagesse de l’administrateur ; en 1638, il se signala au siège de Brissac ; revenu à Paris pendant l’hiver de 1641, il fut rappelé à l’ouverture de la campagne par Guébriant devenu général en chef de l’armée d’Allemagne et peu après maréchal de France ; le maréchal, qui avait une grande confiance en Montausier, ayant été tué en 1643, celui-ci fut fait prisonnier, peu de temps après, à la déroute de Dillingen ; il ne recouvra la liberté qu’en 1644 ; alors enfin il lui restait encore un obstacle à franchir pour se marier ; c’était sa religion. […] L’anarchie se mit dans le bel esprit et dans les usages de bienséance ; les mauvaises copies de l’hôtel de Rambouillet eurent la prétention de devenir modèles. […] Avant d’aller plus loin et de rechercher ce qui succéda dans la société des gens du monde à l’hôtel de Rambouillet, ce que devinrent les éléments dispersés de sa composition, jetons encore un regard sur cette maison qui a rempli un demi-siècle de son nom.
C’est environ à la même époque que le mystique Morin, livré par Saint-Sorlin, de libertin devenu cafard, endura le même supplice3. […] Molière se hâta de mettre l’autorisation à profit ; et, pour surcroit de précaution, il changea encore le nom de son héros : Tartuffe devint Panulphe. […] Mais ce n’est pas tout ; c’est par cette sincérité même, qu’on lui a déniée si mal à propos, que Tartuffe offre prise et qu’il devient, comme ne le voudrait pas La Bruyère, très ridicule . […] Qu’est-ce que le Ciel deviendrait ? […] Molière a vu que la dévotion, même sincère, lorsqu’elle va à l’excès peut devenir un danger pour la famille.
À cet égard elles sont devenues cruellement prosaïques. […] Ici l’image c’est l’idée même, l’idée qui est devenue chair et os. […] Voltaire n’a-t-il pas dit que l’on reconnaît les beaux vers à ce qu’ils deviennent traduits en prose. […] C’est d’ailleurs avec une rare aisance que Molière devient régulier dans la haute comédie ! […] Le sujet étant devenu plus vaste, il a bien fallu agrandir la toile et élargir le cadre.
que te voilà devenu penaud et contristé ! […] À l’instant même où Beethoven est devenu sourd ! […] qu’est-elle devenue ? […] Que sont-ils devenus depuis que Molière est mort ? […] Le haillon devient à la mode.
A peine elle a seize ans que Stalinon & Cuthinic son fils en deviennent passionnément amoureux. […] Il est au siege d’Eleusipolis en Arabie, lorsque Toxile, son esclave, qu’il a laissé dans Athenes, devient éperdument amoureux de Lemniselene, courtisanne qui loge chez Dordale, fameux M...... […] Cinquièmement, les frippons d’Athenes, & tous leurs imitateurs, trop fiers des services qu’ils rendent, deviennent impertinents à l’excès, & ravalent trop leurs maîtres.
Mais toute cette étude du cœur humain, si profonde, si philosophique même, Molière ne s’y est pas livré dans un but moral, pas plus que Raphaël n’a étudié les muscles et le squelette pour devenir un chirurgien ; il n’a pas fait ses drames les plus moraux pour instruire, pas plus que Michel-Ange n’a taillé ses torses pour enseigner la myologie. […] Tout cela est si gaiement présenté, qu’il est bien difficile de ne pas oublier toute la morale outragée pour applaudir au succès de la ruse, et quoiqu’il ne s’agisse que de crimes imaginaires, le rire devient une complicité réelle. […] Le Sganarelle du Cocu imaginaire, avec ses plaisanteries et ses actes grivois243, est un type si peu honorable qu’on serait presque heureux de le voir devenir ce qu’il s’imagine être. […] En lui, Molière a entrepris de produire le type idéal, quoique humain, de l’homme accompli, Homme d’honneur, d’esprit, de cœur et de conduite 278, à qui ne manque ni la rigide honnêteté d’Alceste ni la grâce de don Juan ; qui unit au raffinement d’esprit et à la politesse qu’offrait la cour de Louis XIV, la solidité du bon sens, la douceur de la charité et l’énergie du devoir279 ; qui devient, en vieillissant, le bon, raisonnable et aimable Cléante du Tartuffe 280.
En 1670, à l’approche de l’accouchement qui devait donner le jour au duc du Maine, les négociations devinrent plus pressantes. […] Le roi la reçut pour la seconde fois en particulier, lui demanda ses soirs pour ses enfants, et elle devint leur gouvernante. […] Par la piété, il est vrai, elle put à la suite combattre la faiblesse du roi pour madame de Montespan ; mais par l’emploi de ce moyen, elle s’interdisait de profiter de ses succès, en combattant l’habitude des maîtresses par la religion, et ne prenait pas le chemin de le devenir. […] De capitaine de cavalerie, il était devenu docteur de Sorbonne, et d’homme du monde, chrétien rigide.
Il a raison de s’indigner contre la vénalité de la justice ; mais il a tort et il devient ridicule, quand il en vient à vouloir perdre sa cause pour la beauté du fait 137. […] Enfin, surtout, il a tort, et ses travers, jusqu’ici excusables, nobles, héroïques même143, deviennent une faute véritable quand, pour tous les ridicules, tous les vices qu’il voit autour de lui, il conçoit contre l’humanité cette haine violente qu’il ne cesse d’exprimer depuis la première scène jusqu’à la dernière : Tous les hommes me sont à tel point odieux Que je serois fâché d’être sage à leurs yeux. […] Mais, dans tous les plaisirs permis, utiles même, tant qu’ils ne deviennent pas des passions, c’est l’excès seulement que Molière condamne avec une verve sans pareille, en montrant combien deviennent maniaques et ridicules ceux qui, même dans leurs divertissements, se laissent aller au delà de la juste mesure. […] Molière semble n’avoir oublié aucun des points sur lesquels doit être parfait son honnête homme : il ne tolère ni l’extravagance de l’important-, qui dérange tout le monde, qui veut que tous S’occupent de lui, et qui tranche toutes lés questions avec une suffisance burlesque176 ; ni la politesse écervelée de ceux qui se rendent importuns à force de civilités, et s’obstinent à rendre service aux gens malgré eux177 ; ni la sotte vanité de rougir de Ses pères, de se faire appeler M. de la Souche au lieu d’Arnolphe 178, ou de vouloir, au risque de ruiner sa maison, devenir, de bourgeois, gentilhomme179 : ce travers, qui semblerait au premier abord excusable, peut aller pourtant, jusqu’à une réelle dégradation morale, aboutir à la perle des biens péniblement acquis, et au malheur des enfants ridiculement mariés180.
Les autres, comme Harpagon et Argan, sont devenus si durs et si égoïstes, que véritablement la révolte de leurs enfants devient un devoir, et la ligue de leurs domestiques un droit670. […] Cléonte et Clitandre deviendront-ils donc nécessairement des Chrysale et des Jourdain 685 ? […] Molière y alla sans marchander ; il mit sur la scène un gueux plus noble de cœur qu’un gentilhomme716 ; il bafoua les bourgeois qui croient que c’est une belle chose de devenir gentilhomme ; les Arnolphe qui se donnent le nom de Monsieur de la Souche ; les Gros-Pierre qui s’appellent pompeusement Monsieur de l’Isle 717 ; les George Dandin qui, par un allongement, reçoivent le titre de Monsieur de la Dandinière 718 ; on n’oubliera jamais l’illustre maison de Sotenville, dans laquelle « Bertrand de Sotenville fut si considéré en son temps que d’avoir permission de vendre tout son bien pour le voyage d’outre-mer719, » ni celle de la Prudoterie « où le ventre anoblit720 ; » on rira éternellement des manies de dignité et de vanité qui constituent toute la noblesse des Pourceaugnac et des Escarbagnas ; enfin le type du marquis, produit par Molière et prodigué dans toutes ses pièces, est resté et restera comme l’un des meilleurs personnages du théâtre comique. […] L’ignorance et l’inutilité, qui seraient à peine excusables ailleurs, deviennent là de véritables crimes envers la société qu’on doit servir à proportion de ses facultés.
. ; et elle se joue avec le privilège d’un prince qui gouverne ses sujets avec tant de sagesse et de piété, qui n’a pas dédaigné d’y assister lui-même, et qui n’aurait pas voulu autoriser par sa présence un crime dont il serait plus coupable que les autres ; » et cela en faveur des plates et misérables comédies de Boursault, dont plusieurs ne roulent que sur des équivoques honteuses, dégoûtantes806 ; — Bossuet, en lisant une telle lettre en tête de telles œuvres, sentit ranimée toute son indignation, devenue cette fois, il faut en convenir, légitime807. […] Caffaro, qui devint bientôt les Maximes et Réflexions sur la comédie 811. […] Pour des génies comme Molière, le rôle qu’ils jouent dans la vie des peuples n’est ni moins beau ni moins terrible : leur séduction est si victorieuse,. qu’il est impossible qu’une nation reste indifférente à leur charme ; et quand même ils ne le voudraient pas, ils en deviennent nécessairement les maîtres de par une puissance invincible. […] Si elle n’avait pas des prescriptions semblables, elle cesserait d’être une rigoureuse et toute pratique institution des devoirs ; elle deviendrait simplement une théorie morale, plus ou moins sévère que les théories philosophiques de même sorte, sans avoir ni plus d’influence ni plus d’autorité. […] Mais à notre époque, où l’activité intellectuelle prend chaque jour plus d’intensité, et où la civilisation urbaine envahit les campagnes, n’y a-t-il pas un intérêt grave, presque une nécessité, à ce que les distractions mêmes deviennent intellectuelles ?
L’étude et le goût de la langue espagnole s’étant introduits en France à la suite d’une reine, Anne d’Autriche, les auteurs dramatiques de sa nation étaient devenus familiers à ceux de la nôtre, qui puisèrent à l’envie des sujets dans les innombrables productions de Lope de Vega, de Calderon et de leurs disciples. […] On juge de son trouble, de son désespoir, de l’horreur qu’elle se fait à elle-même ; mais elle appuie si fortement sur la nature du crime, elle en développe si complaisamment toutes les circonstances, que ses remords finissent par devenir presque aussi scandaleux que l’action même qui les a produits. Voilà pourtant ce que, chez les Italiens qui nous avaient précédés de plusieurs siècles dans la carrière de tous les arts, était devenu l’art du théâtre à une époque où Corneille avait mis au jour tous ses chefs-d’œuvre et où Molière se préparait à enfanter les siens. […] Le dénouement des Adelphes n’a nulle vraisemblance : il n’est point dans la nature qu’un vieillard qui a été soixante-dix ans chagrin, sévère et avare, devienne tout à coup gai, complaisant et libéral. […] Dans le conteur italien, une femme, devenue amoureuse d’un jeune homme qui ne songe point à elle, se sert de l’entremise d’un moine pour lui reprocher les prétendues tentatives qu’il fait contre son honneur, et de cette manière l’avertit d’exécuter précisément les mêmes choses dont elle l’accuse.
Mais c’est particulièrement sous l’empire du christianisme que, la piété devenant une vertu plus difficile, plus haute et conséquemment plus honorée, le vice qui la contrefait est devenu plus profitable et nécessairement plus commun. […] Il arriva que cet abbé, devenu évêque, fut chargé de faire l’oraison funèbre de madame de Longueville. […] Substituons le mot d’hypocrite à celui de dévot ; et cette excuse du personnage deviendra l’apologie du poète. […] Que le valet, double comme le maître, soit comme lui marié, et l’intrigue en deviendra doublement divertissante. […] Il en résulte qu’Amphitryon lui-même en devient plus intéressant.
Auguste Comte a, depuis, félicité la classe des médecins d’avoir su seule utiliser dignement la censure de Molière, qui l’a poussée à se dégager des entraves métaphysiques et littéraires pour devenir le meilleur appui du Positivisme naissant. […] » Et Madelon, dans sa vanité coupable, en arrive à espérer que sa mère a pu devenir la maîtresse de quelque prince charmant : « Je crois que quelque aventure un jour me viendra développer une naissance plus illustre. » Comme nous la comprenons alors, cette fureur de Gorgibus, s’indignant contre la préciosité, le bel esprit, qui ont empoisonné l’âme des deux jeunes filles, et envoyant à tous les diables ces « sottes billevesées, amusements des esprits oisifs, romans, vers, chansons, sonnets et sonnettes ». […] Elle ne veut pas devenir Mme Sganarelle. […] Dorine a beaucoup d’affection pour son maître, elle l’a connu généreux, capable de servir son prince… Mais il est devenu comme un homme hébété Depuis que de Tartuffe on le voit entêté : Il l’appelle son frère et l’aime dans son âme Cent fois plus qu’il ne fait mère, fils, fille et femme… Tout cela inquiète la servante. […] Sinon notre indulgence à l’égard des autres deviendrait de la complicité.
Une grande Dame a les épaules en avant ; les épaules effacées deviennent ignobles, & il n’est permis qu’aux grisettes d’en avoir de pareilles. […] Démocrite, retiré dans une solitude, y devient amoureux de Criseis sa jeune éleve. Agelas, Roi d’Athenes, s’égare dans une partie de chasse, devient épris de la jeune Criseis & la conduit à la Cour avec Démocrite. […] Il vient de m’ordonner de disposer votre ame A devenir sensible à sa nouvelle flamme. […] Ceux-ci les font non seulement devenir malades tout de bon & précipitent leurs jours, mais les tourmentent encore en les soumettant à leurs perfides ordonnances.
» Ce que cette partition est devenue, Dieu le sait, mais en revanche, nous savons tous que le musicien est devenu fou et qu’il est mort à l’hôpital.
— Le conseil des peuples devient le mépris du chiffonnier qui passe ! […] Que de grands joueurs de violon, que d’illustres pianistes, que de chanteurs qui sont devenus… une ombre, un nom, un écho ! […] Une page oubliée au fond d’un journal devenu le jouet de la rage des vents, est-ce une si grande infortune lorsque tant de poèmes n’ont pas trouvé un acheteur ? […] « Je voudrais bien y être dans vingt ans, disait Fontenelle, pour savoir ce que ça deviendra ! […] il vient de briser la lampe merveilleuse, il a tué la poule aux œufs d’or ; et maintenant, abandonné à lui-même, privé du génie de Mascarille, que va-t-il devenir ?
Le père Poquelin, devenu veuf, changea tout cela. […] Dimanche est devenue le manuel. […] Dès qu’ils en sont possédés, ils en deviennent esclaves, et vont, sans faiblir, partout où elle doit les conduire : ils s’agitent, elle les mène. […] Qu’étaient cependant devenues les deux farces ? […] De zanni, il fit le joli diminutif zannarello, qui, prononcé à la française, devint Sganarelle.
Elle va indiquer le moyen dont l’amant doit se servir pour devenir heureux, quand l’Etourdi détruit tout l’effet de la ruse. […] Grichard, entreprend de le rompre ; & dès ce moment la piece que le titre nous annonce comme une comédie purement de caractere, devient une piece mixte, puisqu’un intrigant & un personnage à caractere vont être en opposition. Mais l’intrigant prend si bien le dessus sur le caractere, d’abord après le premier acte, que la comédie devient une piece d’intrigue ; ce n’est pas tout, la piece est gâtée par le caractere même qui devoit l’embellir.
» Ce mouvement inverse, ce reflux, pour ainsi dire, que nous avons à constater fut par la suite une cause d’incertitude et de confusion : quand il devint difficile de démêler dans le répertoire italien ce qui avait précédé Molière ou ce qui l’avait suivi, on méconnut souvent les dettes réelles qu’il avait contractées pour lui attribuer des emprunts où il était, non plus débiteur, mais créancier. […] Le Livre sans nom, qui parut en 1695 et qui est attribué à Cotolendi, contient le passage suivant : « Si les comédiens italiens n’eussent jamais paru en France, peut-être que Molière ne serait pas devenu ce qu’il a été. […] Si ces erreurs étaient déjà si aisées à commettre au dix-septième siècle, elles le devinrent bien plus encore à mesure qu’on s’éloigna.
Le jargon des Précieuses ridicules disparut ; celui des Femmes Savantes devint intelligible. […] Le jargon des Précieuses ridicules disparut ; celui des Femmes Savantes devint intelligible. […] Devenu aveugle à quarante-trois ans, il prit son infirmité avec une résignation magnifique […]. […] Il devint le secrétaire, [...]. […] Fils d’un tapissier, Préville s’enfuit et devient comédien de campagne.
Devenu l’élève de Gassendi, il acquit sous ce philosophe célèbre les notions sublimes de la morale. […] sont devenues deux de ces formules heureuses dont on peut à tous moments faire l’application. […] Ses soins ne furent pas inutiles, La Grange devint un fort bon acteur. […] Il devint un excellent comédien. […] Ce Raisin devint un comédien excellent.
Les situations, presque toujours les mêmes, tournent autour de quelque amour qui, d’amour défendu, devient légitime. […] C’est un art nouveau : c’est nous qui de spectateurs sommes devenus les héros. […] L’aïeule est devenue l’ennemie des petits-enfants ; le père se fait le tyran de sa fille. […] Tantôt la même scène, déjà heureuse dans l’original, le devient plus encore dans l’imitation, par le changement d’un rôle. […] La langue qu’ils parlent, dans les changements que subit la langue générale, devient savante.
Un connoisseur y trouvera des beautés qui se renouvelleront & deviendront plus vives à chaque instant ; il suivra l’artiste dans sa marche ; &, grace à ses lumieres, il jouira presque autant que lui. […] « Je rends moins de graces aux Dieux, lui écrivit-il, de me l’avoir donné, que de l’avoir fait naître pendant votre vie : je compte que, par vos conseils, il deviendra digne de vous & de moi ». Une seconde lettre, bien flatteuse pour Aristote, est celle qu’Alexandre, devenu maître de la terre, lui écrivit. […] les sciences que tu m’as enseignées vont devenir communes : tu sais cependant que j’aime encore mieux surpasser les hommes par la science des choses sublimes, que par la puissance.
Que deviendrait Orgon et sa maison, si Elmire n’était que sa sœur, ou son amie, ou sa maîtresse, enfin toute autre que sa femme ? […] Cet enseignement, qui devient sérieux presque jusqu’au tragique, se retrouve tout comique, mais non moins formel, dans le dévouement de Mme Jourdain pour son fou de mari515 ; et certes c’est elle, si peu gracieuse qu’elle soit, qui a le beau rôle, quand elle dit à la belle marquise Dorimène, qu’elle trouve en partie fine chez son mari : « Pour une grande dame, cela n’est ni beau ni honnête à vous, de mettre de la dissension dans un ménage, et de souffrir que mon mari soit amoureux de vous516. » Il n’y a pas à hésiter sur l’opinion ni sur l’influence de Molière en fait de mariage : le mariage est une chose sainte à laquelle sont obligés les honnêtes gens qui s’aiment ; c’est un lien honnête : — Mais doux ? […] Si le mariage n’a d’autre mobile que la volupté, il devient semblable aux mariages de don Juan, où « lorsqu’on est maître une fois, il n’y a plus rien à souhaiter, et tout le beau de la passion est fini525. » Si on y est poussé par l’orgueil d’une noble alliance, il tourne comme le mariage de George Dandin, « qui est une leçon bien parlante526. » Si l’on épouse par intérêt d’argent, les maris sont des Trissotins et des Diafoirus 527, les femmes des Dorimènes et des Angéliques 528. […] VI, Ce que c’est que les mariages du théâtre : « On commence par se livrer aux impressions de l’amour sensuel ; le remède des réflexions ou du mariage vient trop tard ; déjà le faible du cœur est attaqué, s’il n’est vaincu ; et l’union conjugale, trop grave et trop sérieuse pour passionner un spectateur qui ne cherche que le plaisir, n’est que par façon et pour la forme dans la comédie… Toute comédie, selon l’idée de nos jours, veut inspirer le plaisir d’aimer ; on en regarde les personnages, non pas comme gens qui épousent, mais comme amants ; et c’est amant qu’on veut être, sans songer à ce qu’on pourra devenir après (chap.
Arlequin, devenu hardi, fait tapage et dit qu’il n’est pas honnête de conduire à pied devant un tribunal un seigneur qui a des chevaux et des carrosses. […] Dominique, le confirmèrent dans son opinion, et nous voyons la forme qu’ils donnèrent au caractère d’Arlequin, qui est bien différente de l’ancienne… Depuis lors, le caractère d’Arlequin est devenu l’effort de l’art et de l’esprit du théâtre. Lorsqu’il a été manié par des acteurs de quelque génie, il a fait les délices des plus grands rois et des gens du meilleur goût ; c’est un caméléon qui prend toutes les couleurs. » Arlequin, s’il n’était jadis naïf qu’à demi, devient alors tout à fait scélérat : « Arrogant dans la bonne fortune, dit M Jules Guillemot 48 , traître et rusé dans la mauvaise ; criant et pleurant à l’heure de la menace et du péril, en un mot Scapin doublé de Panurge, c’est le type du fourbe impudent, qui se sauve par son exagération même, et dont le cynisme plein de verve nous amuse précisément parce qu’il passe la mesure du possible pour tomber dans le domaine de la fantaisie. » Arlequin, avec ses nouvelles mœurs, court fréquemment le risque d’être pendu ; il n’y échappe qu’à force de lazzi. […] Qu’est devenu ce répertoire ?
Elle est très occupée de ses ouvriers, et va à Saint-Cloud où elle joue au Hoca. » Ce jeu de hasard était devenu en vogue après la bassette. […] « On devait partir aujourd’hui pour Fontainebleau, où les plaisirs devaient devenir des peines par leur multiplicité : tout était prêt. […] Malgré cette belle apparence, et la confiance présomptueuse, et l’insolence qu’affectait madame de Montespan, le dégoût du roi était devenu la mesure de ses scrupules de dévotion ; et il s’établit une séparation formelle entre le roi et elle. […] Je deviens la plus intéressée créature du monde, et je ne songe plus qu’à augmenter mon bien.
Qu’est devenue cette Léonor si intéressante par l’effort qu’elle fait sur son cœur en combattant sa passion & en la sacrifiant au devoir ? […] mon pauvre neveu, quand deviendras-tu sage ? […] Une fois possesseur du château de la Dame, il devint indifférent pour ses charmes : la Dame, de son côté, ne voulant pas être ingrate, eut pour lui l’indifférence la plus complette, & choisit pour son vengeur le Prieur de Meseray, son voisin & son Chapelain. L’époux s’apperçoit de sa disgrace, il ne veut pas éclater crainte de passer pour un mari qui ne sait pas vivre : son château lui devient aussi indifférent que sa femme ; il obtient de l’emploi dans un régiment, & part. […] Le meûnier Julien, las d’être persécuté par Julienne sa femme, se fait Rat-de-cave, devient amoureux de mademoiselle Margot, fille du cabaretier de l’Ecu à Nemours, dit qu’il est veuf & projette de l’épouser.
Bussy-Rabutin, dans ses Amours des Gaules 61, raconte comment il arriva que madame de Montespan, sous les yeux, dans la société intime de madame de La Vallière, devint sa rivale préférée, longtemps avant que cette amante passionnée s’en doutât, longtemps encore après qu’elle en eût la certitude ; le roi se trouvant alors partagé entre la maîtresse qu’il n’aimait plus, celle qu’il commençait à aimer, et la reine, dont il affligeait la tendresse, toutefois sans déserter sa couche. […] Les mémoires de mademoiselle de Montpensier nous apprennent que jusqu’à la mort de la reine-mère, arrivée le 20 janvier 1666, « le roi avait gardé quelques mesures de secret sur son amour pour madame de La Vallière, pour ne point donner de chagrin à la reine-mère ; mais que quand il fut hors de cette appréhension, cette affaire devint publique » ; et Mademoiselle ajoute que dans ce temps-là… madame de Montespan, qui était une des dames de la reine, « commença à aller chez madame de La Vallière, qui était ravie de la voir chez elle pour amuser le roi. » C’est cet amusement du roi qui commença l’intrigue dont Bussy-Rabutin raconte si bien l’origine. […] Les yeux qui veillaient pour éclairer la reine n’étaient pas plus pénétrants que ceux du marquis de Montespan depuis que sa femme, enivrée de la passion du roi, était devenue dédaigneuse et insolente pour ce mari jaloux.
Pantalon, qui paroît entre elles, saisit les deux portraits, & devient furieux de la double perfidie de Celio qui a trahi tous les droits de l’hospitalité. Dans le troisieme acte, Arlequin ne sait plus ce qu’est devenu son portrait, quand il le reçoit par la petite poste dans un paquet avec dix louis, & une lettre anonyme.
Agnelet, sans être moins comique dans la nouvelle piece que dans l’ancienne, y devient plus intéressant ; il ne vole pas son vieux maître pour son compte ; son rôle est sur-tout bien plus essentiel, puisqu’il travaille de concert avec Colette au bonheur des amants. […] Cherea, frere de Phædria, l’a vue, en est devenu passionné, l’a suivie ; un fâcheux est cause qu’il l’a perdue de vue : il prie Parmenon de lui dire où elle est : Parmenon imagine de le présenter à Thaïs à la place de l’Eunuque qu’elle attend, & de le mettre à portée par-là de voir celle qu’il aime. […] Il paroît avec une robe & une barbe, feint de deviner que le Chevalier est amoureux de Zaïde, & conseille au Baron de faire ce mariage bien vîte, s’il veut conserver son fils, & s’il ne veut pas devenir paralytique lui-même. […] Brueys & Palaprat ont très bien fait encore de substituer un Muet à l’Eunuque de Térence, personnage révoltant par lui-même, & qui le devient davantage quand Phædria prouve qu’il n’est pas ce qu’on croit. […] Et moi je deviendrai paralytique ?
Laissons aux âmes communes (et madame de Montespan était du nombre, malgré la distinction de son esprit la satisfaction de penser, ou de le dire, que madame de Maintenon mit en œuvre tous les manèges de la coquetterie pour se faire aimer du roi, et elle qui, pouvant devenir sa maîtresse, le ramène à ses devoirs de mari. […] Les années 1680, 1681, 1682 virent Brest, Toulon, Dunkerque, le Havre, Rochefort, devenir des ports immenses, fortifiés, munis d’arsenaux et de magasins. […] L’éloquence de la chaire va s’élever à la plus grande hauteur, devenir la partie éminente de la littérature ; la satire, la comédie se tairont ou baisseront le ton devant elle. […] La tragédie, devenue si tendre par la muse de Racine, devient toute pieuse.
» Mais, rien n’empêche de l’avouer, la malveillance, l’envie, qui toujours veillent autour des grandes gloires, y ont aussi leur part ; elles s’ingénient à multiplier les allusions blessantes qui peuvent devenir fatales à l’auteur. […] Tandis que Fléchier nous le montre vertueux, franc, rigide et « méprisant les voies obliques des passions et des intérêts ; » tandis que Mme de Sévigné reconnaît « une sincérité et une honnêteté de l’ancienne chevalerie » dans ce courtisan « Qui pour le pape ne dirait, Une chose qu’il ne croirait ; » le malin Despréaux lui décoche un trait de satire et le peint en un vers : « Le ris sur son visage est en mauvaise humeur. » Le duc de Saint-Simon déclare que « parmi toutes ses; façons dures et austères, Montausier était infiniment respecté. » Enfin, la rude franchise de Montausier, et cette raideur qui, au dire de certains panégyristes, ne fléchissait pas même en présence du monarque le plus absolu de l’univers, étaient presque devenues proverbiales. […] Ici Alceste devient Molière lui-même ; sous les traits de Célimène, on reconnaît sa femme; dans le rôle d’Éliante, on devine Mlle de Brie, l’amie dévouée du grand homme; et l’acariâtre Du Parc est le type d’Arsinoé. […] Ce penchant, auquel nul écrivain n’échappe, devient un besoin impérieux, irrésistible, quand le cœur a été secoué par ces cruelles émotions qui laissent une trace profonde dans la vie. […] D’Ariste, doux, sociable, tendre, indulgent, il est devenu brusque, grondeur, sceptique et ombrageux.
Car enfin, la cuisine est devenue très libérale depuis le docteur Aristote. […] Elle est devenue trop banale. […] À mesure qu’il les frottait, l’argent disparaissait se changeant en cuivre, et notre mineur en devenait plus fier et plus joyeux, les trouvant de plus en plus brillantes ainsi, et plus semblables à l’or. […] Sans parler des littératures anciennes et étrangères qui sont devenues moins absurdes à leurs yeux, ils ont fait des progrès dans l’intelligence de Igor propre littérature. […] Enfin, la séparation entre l’idée et la forme, entre l’esprit et le corps, devenait à mes yeux de plus en plus sensible dans la sculpture sentimentale de notre époque.
S’il fut fort bon humaniste, il devint encore plus grand philosophe. […] Ce fut le premier des divers patrons sous lesquels elle se plaça avant de devenir la troupe du roi. […] En 1647, les renseignements deviennent un peu plus positifs. […] Il devenait parfois acteur lui-même. […] Il en devint amoureux, mais il fut repoussé par elle.
Ici les documents deviennent plus nombreux. […] Combien de Térence à qui peut-être il n’a manqué pour devenir des Plaute que d’avoir tourné la meule ! […] Dès lors tous les sujets deviennent bons. […] D’époux indulgent d’une jeune femme, le voilà devenu mari indifférent et quinteux ; le père tendre s’est changé en un tyran domestique ; l’homme d’honneur est devenu un dépositaire infidèle. […] Dès que la religion prétend s’ériger en guide de la vie, elle lui devient suspecte comme il dit encore, de « faste » et d’insincérité.
Oui, mais sans ses mauvais procédés il devenait époux comme son frère. […] Il a même fallu tout l’art de Molière pour qu’elle ne devînt pas intéressante. […] Que deviendrait le pompeux étalage de toute sa garde-robe ? […] Convenez, va-t-on me dire, qu’une pareille moralité est devenue inutile dans un siècle philosophique. […] Je n’ai pu m’en procurer la lecture, elle a été enlevée, dans ces derniers temps, des archives de la commune, et l’on ne sait ce qu’elle est devenue.
Race des Poquelin, que seriez-vous devenue sans ce nom de Molière ? […] De cette pièce est sortie la phrase devenue proverbiale : « Vous êtes orfèvre, M. […] Voilà un homme qui, tout d’un coup, devient un personnage. […] Elmire, Henriette, MmeJourdain, honnêtes femmes de tant de bons sens, qu’êtes-vous devenues ? […] Sire, souffrirez-vous que le théâtre, qui est le symbole de la joie, devienne celui de la douleur !
Les clabauderies perpétuelles de ces politiques subalternes, leurs impertinentes réflexions, peuvent s’accréditer peu-à-peu dans l’esprit du peuple, & devenir dangereuses. […] S’il venoit une ordonnance qui fît de l’Hercule 56 un livre évangélique, je crois que mon maître pourroit devenir un grand prédicateur. […] Dès qu’un homme devient membre de quelque College, il lui tombe une taie sur les yeux, de sorte qu’il ne reconnoît plus même ses meilleurs amis. . . . .
La statuaire devenait ainsi une école de patriotisme et de sagesse ; elle développait le sentiment du beau, elle vulgarisait l’héroïsme, et les généreux dévouements, elle plaçait dans la mémoire de tout un peuple, les images vivantes de ces génies aimés de Dieu qui nous ont versé l’amour et la lumière. […] Sans cette étude préliminaire, on ne saura jamais comment le fils du tapissier destiné par sa naissance à meubler les appartements du roi, put devenir un profond philosophe et un grand poète comique. […] M. de Rambuteau prit fait et cause et devint l’avocat de la ville de Paris, auprès du conseil municipal un peu confus de son inadvertance, mais qui, on doit le dire à sa louange, devint le promoteur le plus zélé du projet qu’il n’avait pas conçu. […] Comment se serait-elle montrée ingrate, cette dont le naturel, la grâce, l’intelligence exquise, étaient devenus comme la seconde couronne du poète. […] Enfin, en descendant des vices aux travers, Tous les faux sentiments sont par lui découverts : Le Bourgeois, dédaignant les vertus paternelles, Cherche parmi les grands de dangereux modèles, Le Valet qui naquit probe, sincère et bon, Veut imiter son maître et devient un fripon ; Le Médecin, gonflé d’orgueil et d’ignorance, Assassine les gens au nom de la science ; Dans sa prose ou ses vers un mauvais Écrivain Substitue à la langue un jargon fade et vain ; Et la Femme, suivant de pédantesques traces, Immole aux faux savoir son esprit et ses grâces !
J’étois d’abord surpris ; je deviens effrayé. […] Milord, en confident discret, Se retire sans bruit, trompant le domestique, Après s’être saisi de la lumiere unique Qu’il avoit fait laisser dans son appartement : Crac, vous prenez, Monsieur, sa place doucement ; Et, sous le voile heureux de la nuit favorable, Vous devenez l’époux de cette Dame aimable.
Sans l’obligation à lui imposée de fournir dans les trois mois les marchés et devis représentant la somme prêtée, peut-on savoir ce que l’argent fût devenu ? […] Molière, baptisé, perd l’effet du baptême, Et dans sa sépulture il devient un mort-né. […] Tolérant à ce point que sa personnalité est devenue, presque autant que celle de son ami, l’objet de gloses contradictoires ! […] Tout devient intrigue, hypocrisie, mensonge ; tout est vénal : l’aristocratie, l’administration, la justice. […] On a signalé neuf baptistères où Molière figure comme parrain : c’était une faveur qu’il accordait volontiers aux actrices de sa troupe qui devenaient mères.
Depuis Regnard, un nombre infini d’auteurs ont travaillé sur ce modèle, et le dénouement surtout est devenu un expédient banal, une espèce de propriété commune. […] Jusque-là critique acharné de Molière, il devint tout à coup son ardent panégyriste. […] Comme il est douteux que Molière employât son temps à lire les relations de Grotius, les annales d’Olearius, ou le Mensa philosophica, de l’Irlandais Thibault Anguilbert, et que, d’un autre côté, il est certain qu’il trouvait plaisir et profit à la lecture des récits de nos vieux conteurs, c’est vraisemblablement dans le fabliau intitulé Le Médecin de Bray, autrement, Le Vilain Mire (le Paysan médecin), qu’il a pris l’idée de sa farce du Médecin par force, devenu Le Médecin malgré lui. […] Jamais pièce, surtout, n’a fourni un plus grand nombre de ces mots naïfs et piquants qui, devenus proverbes, sont des raisonnements, des axiomes, ou des plaisanteries dans la bouche de ceux qui savent les citer à propos. […] Mélicerte est reconnue pour fille d’Amasis, roi d’Égypte, qui avait usurpé la couronne sur Apriez ; et, dans Myrtil, on retrouve Sésostris, fils du roi légitime, devenu lui-même, par la mort de son père, légitime héritier du trône.
Amphitrion croit qu’il est ivre ou qu’il est devenu fou. […] Amphitrion devient furieux : il soutient qu’il n’est arrivé qu’au moment même. […] Chez Moliere comme chez Plaute, Sosie répete son rôle avec la lanterne, qu’il suppose être Alcmene : mais chez Moliere, la fausse Alcmene répond à Sosie ; ce qui devient bien plus plaisant. […] Nous ne nous amuserons pas à prononcer là-dessus ; nous ferions une faute bien plus essentielle que celle qui est reprochée par Despréaux, puisque nous deviendrions aussi minutieux qu’il l’est dans cette occasion. […] Cependant mes chevaux deviendront rétifs, faute d’exercice, & il naîtra des épines dans la carriere du soleil ; les hommes languiront dans les ténebres : & tout cela pour bâtir ce beau héros !
Voilà par conséquent Durval qui, aux yeux du spectateur, agit, dès ce moment, pour lui & pour son ami : l’intrigue, l’action, l’intérêt, tout devient double ; le spectateur verra un double dénouement, ou il n’en verra aucun. […] C’est aux Auteurs à sentir le fort & le foible de leur roman, à jetter dans l’avant-scene tout ce qui pourroit fatiguer ou refroidir le spectateur, & à faire naître l’action au point où la fable, commençant d’être intéressante, promet de le devenir encore davantage.
On trouve dans Gilblas une histoire qui a beaucoup de rapport avec le sujet de cette comédie : mais telle singularité est bonne dans un roman, qui devient détestable transplantée sur la scene. […] Arlequin, devenu hardi, fait tapage, & dit qu’il n’est pas honnête de conduire à pied devant un tribunal, un Seigneur qui a des chevaux & des carrosses.
Le jargon des mauvais romans, qui était devenu celui du beau monde ; le galimatias sentimental, le phébus des conversations, les compliments en métaphores et en énigmes, la galanterie ampoulée, la recherche des jeux de mots, toute cette malheureuse dépense d’esprit, pour n’avoir pas le sens commun, fut foudroyée d’un seul coup. […] Rien n’est plus propre à la comédie que ces sortes de personnages, en qui un principe faux est devenu un travers d’esprit habituel, et qui sont au point d’être dans l’ordre moral ce que les corps contrefaits sont dans l’ordre physique. […] Ainsi l’ouvrage de Molière fit un changement dans la langue comme dans les mœurs, et ce qui était une louange devint une censure. […] Il donna la farce du Fagotier, et, à la faveur de Sganarelle, on eut la complaisance d’écouter le Misanthrope, dont le succès alla toujours en croissant, à mesure que les spectateurs, en s’instruisant, devenaient plus dignes de l’ouvrage. […] En un mot, si la scène n’avait pas été fort sérieuse sous ce rapport, elle pouvait devenir, sous tous les autres, beaucoup trop gaie.
Et la façon dont Louis XIV, s’émancipant de son confesseur et de sa mère, se vengeait sur les dames d’honneur trop rigides des verrous opposés à ses amourettes, semblait présager que le futur souverain malmènerait les « austères » et les « hypocrites. » — Dans le monde, qui devenait assez fier et bruyant, des « beaux esprits, » même impatiente hostilité se marquait contre les influences religieuses militantes. […] II était devenu l’ami, le confident, il fut, dit-on, sur le point de devenir le secrétaire d’Armand de Bourbon, prince de Conti, frère de Condé et de Mme de Longueville, et de 1653 à 1656, « l’Illustre Théâtre, »parcourant le midi de la France, jouit de cette protection. […] « Il y a ici, écrit-il de Lyon à l’abbé de Ciron, des comédiens qui portent mon nom; je leur ai fait dire de le quitter, et vous croyez bien que je n’ai eu garde de les aller voir. » L’abbé de Ciron était membre de la Compagnie du Saint-Sacrement à Toulouse; le prince de Conti le devint à Bordeaux : Molière a bien pu l’apprendre, s’il a voulu se rendre compte de la volte-face de son protecteur. […] Faguet, — je suis heureux d’abriter des hypothèses affirmatives derrière son opinion prudente et ferme, — « sinon, d’une part, que la méchanceté, le libertinage, la débauche mènent premièrement à l’athéisme, secondement à l’hypocrisie religieuse; sinon, d’autre part, que le parti religieux se recrute parmi les Tartufe, parmi les imbéciles comme Sganarelle, et aussi parmi les débauchés, corrupteurs et scélérats quand ils sont devenus prudens ? […] Mantzius, « la Société du Saint-Sacrement était devenue, comme il arrive toujours dans les sociétés dévotes, le refuge d’une foule de coquins et de scélérats de la pire espèce, qui, grâce à leurs mômeries pieuses..., dissimulaient leurs friponneries et leurs vices.
On parle, on écoute, et il semble qu’on agisse ; de simples confidences deviennent des situations ; il n’y a aucun mouvement sur la scène, et tout y paraît animé. […] Une princesse, cousine du jeune roi, devenue générale d’armée, eut pour maréchales de camp des dames de son palais. […] Comme il perdait toujours au jeu le peu d’argent qu’il avait, la maison de Molière et des Béjart devint la sienne. […] L’affluence du public devint telle que, pour la diminuer et en profiter à la fois, la troupe augmenta le prix des places. […] La veuve de Molière lui avait confié, pour ce travail, tous les manuscrits de son mari : on ne sait ce qu’ils sont devenus, ni si l’on a fait une grande perte.
Il n’est pas douteux que le bonhomme de mari, n’étant plus le mari de sa femme, l’était devenu de plusieurs autres. […] Marie de Lécole n’en devint pas moins, par un légitime mariage, la femme de Paul Poisson, le célèbre comédien. […] Elle devint une épouse accomplie, presque légendaire : cela s’est vu au théâtre. […] Ces vers, que sont-ils devenus ? […] Nicolle Gassot Du Croissy prit le parti du théâtre comme son frère, et devint : Mlle de Bellerose.
Plus les obstacles sont grands, plus l’acteur chargé lui seul de les détruire, devient attachant. […] Il joue alternativement le rôle de Campagnard, de Veuve, de Géronte lui-même ; aussi devient-il un personnage conséquent dans l’esprit du public : le gré qu’on lui sait de sa peine rejaillit sur la piece & sur l’Auteur.
Si l’un d’eux eût suffi pour déranger tout-à-fait les projets d’Eraste, les autres seroient devenus inutiles. […] Mais Moliere voulant filer une petite intrigue, a choisi le caractere de la Comtesse pour en faire le principe de l’action : & quoiqu’il le fasse agir de préférence, il ne lui donne jamais assez de supériorité sur les autres pour qu’il puisse les rendre subalternes, & devenir principal.
Lelio, c’est bien Giovanni-Battista Andreini : Florinde, c’est sa femme Virginia, qui mourut vers 1634 ; Lydia, c’est une jeune actrice que le directeur des Fedeli, devenu veuf, épousa en 1635. […] Les anciens masques satiriques devinrent des personnages de féerie.
La liaison des deux amants était devenue, par le nombre de leurs enfants, qui était alors de quatre, une espèce de mariage avoué ; c’était une bigamie ouverte95. […] Vers la fin de 1671, non seulement la bigamie du roi n’était plus un mystère, mais elle devint un titre patent et solennel d’orgueil pour l’adultère : en décembre, furent données et vérifiées, au parlement des lettres de légitimation au duc du Maine, âgé de moins de quatre ans ; au comte de Vexin, âgé d’environ trois ans ; et à mademoiselle de Nantes, qui fut depuis madame la duchesse (seconde), âgée de deux ans.
Le Cartésianisme était devenu pour elles une sorte de mode, et, dans son Voyage du monde de Descartes, le P. […] Ce qu’il y a de certain, c’est que si Molière est devenu cartésien en physique, il est demeuré fidèle aux leçons de Gassendi en métaphysique et en morale. […] Jamais leur passion n’y voit rien de blâmable, Et dans l’objet aimé tout leur devient aimable.
L’amour voudroit le ramener vers sa femme ; mais le préjugé à la mode & la crainte de se donner un ridicule en avouant son amour, le retiennent ; il devient cependant jaloux de celle qu’il feint de n’aimer point, il l’outrage. […] Comme la Dame est beaucoup plus jeune que la Demoiselle, il fait une méprise ; il la croit encore à marier, il en devient amoureux, & écrit une lettre fort tendre, qui, étant adressée à Mademoiselle Cléonte, parvient à la vieille folle : celle-ci est enchantée de sa conquête ; elle paroît tenant dans sa main la réponse au billet doux qu’elle a reçu. […] La révolte devient permise au désespoir.
Lorsqu’on m’ôte la liberté, Pour m’échapper j’use d’adresse, Et deviens femelle traîtresse De mâle que j’aurois été. […] Orphise paroît dans ce moment, devient jalouse ; & lorsqu’Eraste va la joindre, elle lui dit de ne pas quitter sa compagnie, & se retire. […] Va-t’en suivre leurs pas ; Vois ce qu’ils deviendront, & ne les quitte pas.
Il s’enivre, trouve par hasard dans la rue, pendant la nuit, une jeune Sicyonienne nommée Phanostrate, la viole, part pour son pays, s’y marie, & devient pere d’une fille. La jeune Phanostrate n’a pas été violée impunément ; elle devient enceinte, accouche d’une fille, met dans son secret un esclave nommé Lampadisque, qui va exposer l’enfant nouveau né avec des joujous dans un panier. […] Cependant Démiphon devient veuf, revient à Sicyone, voit par hasard Phanostrate, & l’épouse sans la reconnoître pour la personne qu’il a jadis violée.
Chez nous, le sermon deviendrait pamphlet et qui pis est pamphlet socialiste. […] Ce même amour, Arnolphe l’a gardé pour Agnès devenue jeune fille. […] Dorine, c’est Martine éduquée et devenue maîtresse femme. […] Quel siècle que celui où un divertissement de circonstance devenait un chef-d’œuvre ! […] Vous avouerez que l’erreur du duc de Richelieu devenait inexcusable et incompréhensible.
Les gravelures devenaient à la mode ; et Dancourt, comme bien des auteurs, servit le public selon son goût. […] Ce prince, devenu vieux et tombé dans la dévotion, ne voulait point croire ou taxait d’exagération et de médisance ce qu’on lui rapportait des débauches du duc d’Orléans. […] Pasquin lui dit que son neveu est devenu fort avare. […] Il en voulait à Gresset devenu dévot. […] À moins d’être stupide, il n’est pas permis de devenir sa dupe.
Le roi la fit jouer dans un divertissement qu’il donna à la reine et à sa mère devenue dévote depuis que Mazarin s’était refroidi pour elle. […] Molière devenu nécessaire au roi pour mes fêtes de Versailles et du Louvre, poète de tous les divertissements de la cour, était absous d’avance de toutes les libertés qu’il prenait avec le public.
Il remplit la scène de sa présence, et cette scène, dont Racine avait fait autrefois un salon, s’agrandit et devient un temple. […] Pendant que sa verve se répandait ainsi en un rire sans fin, la tristesse de son cœur allait croissant avec la gaieté de son génie ; le contraste entre le rire et les pleurs devint chaque jour plus intense jusqu’à celui où Molière, au sortir d’une représentation comique, tomba mourant dans les bras de deux religieuses qu’il avait comblées de ses bienfaits. » La vie de Molière, comme celle de Racine, se réfléchit dans son œuvre. […] Rambert, devenues, dans les salons, des instruments de faveur, les femmes étaient devenues aussi des centres d’intrigue. […] Dans Le Misanthrope Molière renverse de sa propre main l’idole qu’il avait élevée; après avoir morigéné son siècle au nom de l’idéal que ce siècle rêvait, il s’en prend tout à coup à cet idéal lui-même et le met en pièces dans une œuvre d’inspiration qui est devenue son meilleur titre de gloire.
On lui dit que le Capitaine va devenir son beau-frere. […] Il va le devenir ! […] Il m’auroit été aisé de citer des traits plus forts, mais je serois devenu moi-même indécent. […] J’ai assisté plusieurs fois aux représentations de l’Homme à bonne fortune, exprès pour voir l’effet que produiroit cette scene sur le spectateur ; je l’ai toujours vu indigné de l’indécente malhonnêteté avec laquelle Moncade parle à Eraste, & de la patience avec laquelle celui-ci l’écoute ; ce qui devient une seconde indécence, parcequ’il n’est pas reçu dans le monde qu’un homme entende de sang froid insulter sa sœur, & qu’il partage tranquillement avec elle l’affront qu’on lui fait.
Lorsque cette guerre d’intrigues, de chansons, de pamphlets, de perfidies réciproques a cessé, tous les acteurs après avoir changé de rôle plusieurs fois, n’ayant rien à s’envier ni à se reprocher en fait de versatilité et de ridicule, prennent bravement leur parti : les princes deviennent la décoration du trône et ses fidèles appuis ; le parlement, abandonnant toute ambition politique, se résigne à enregistrer docilement les édits de toute nature ; le clergé se retranche dans son domaine spirituel et fait retentir dans les temples la parole de Dieu, mêlant à ses leçons religieuses ses hommages au monarque, pendant que la nation sous l’aile de la royauté se fortifie par l’industrie et par la science, et prend peu à peu le sentiment de ses devoirs et de ses droits pour remplir les uns et faire valoir les autres quand son heure sera venue. […] La satire directe met en jeu l’amour-propre qui regimbe, qui s’irrite et qui récrimine : la comédie le ménage, elle dit le mot de tout le monde sans le dire à personne expressément, et c’est ainsi qu’elle devient tout ensemble un plaisir innocent et un enseignement profitable. […] Lié dès lors et comme enlacé à la vie de théâtre par ses goûts d’acteur, par ses succès d’auteur, et aussi, il faut bien l’avouer, par ses faiblesses d’homme, il comprit enfin que la tâche unique d’amuser ses contemporains était un rôle vulgaire, que la scène où il était monté devait être élevée et épurée, et qu’elle pouvait devenir une école pour réformer les travers de l’esprit et les vices du cœur, ou, tout au moins, pour les déconcerter par le ridicule. […] Elle leur sait gré à tous deux de n’avoir pas haï les hommes dont ils ont peint les travers et les faiblesses avec tant de fidélité et par des moyens analogues, car la fable, dans les mains de La Fontaine, est devenue Une ample comédie à cent actes divers.