Si l’on voulait juger de l’esprit de l’époque par les pièces contemporaines, celles de Regnard et de Lesage, qui toutes se rapportent à ces lugubres années, on croirait vraiment qu’alors la France était déjà la France de la régence ; valets escrocs, financiers ridicules, coquettes effrontées, gentilshommes aux gages de quelque vieille débauchée, tous ces héros de Lesage et de Regnard ne songent qu’à se bien divertir, sans scrupule et sans fin. […] On a bien souvent rappelé l’anecdote de Louis XIV partageant avec Molière son en cas de nuit, obtenant ainsi de ses valets de chambre qu’ils voulussent bien manger à la même table que l’auteur du Misanthrope et le traiter comme leur égal.
Mais Chapelle irrité le poursuit, et le prend au collet ; le valet se défend, et le cocher ne pouvait les séparer. […] Il avait un valet, dont je n’ai pu savoir ni le nom, ni la famille, ni le pays : mais je sais que c’était un domestique assez épais, et qu’il avait soin d’habiller Molière. […] Son emploi dans le comique était les pères et les seconds valets, et dans le tragique les troisièmes et quatrièmes rôles. […] Vous me voyez, leur dit le roi, occupé à faire manger Molière, que mes valets de chambre ne trouvent pas assez bonne compagnie pour eux. […] L’auteur de la Lettre critique sur la vie de Molière dit que ce valet, qui ne savait pas chausser son maître, devint habile mécanicien, et qu’il fit fortune dans les affaires.
Bien qu’on soit deux moitiés de la société, Ces deux moitiés pourtant n’ont point d’égalité ; L’une est moitié suprême, & l’autre subalterne ; L’une en tout est soumise à l’autre qui gouverne ; Et ce que le soldat, dans son devoir instruit, Montre d’obéissance au chef qui le conduit, Le valet à son maître, un enfant à son pere, A son supérieur le moindre petit frere, N’approche point encor de la docilité, Et de l’obéissance, & de l’humilité, Et du profond respect où la femme doit être Pour son mari, son chef, son seigneur & son maître.
Le frere du pere infortuné, & son valet Pasquin, se liguent pour lui faire voir dans tout son jour l’ingratitude de ses enfants, & pour lui faire rattrapper une partie des biens qu’il leur a cédés.
Je suis votre valet.
Léandre, non content de prouver qu’on doit se marier & prendre un état, s’emporte contre le valet de son ami qui est d’un autre avis & qui vante les charmes de la douce paresse.
« Je ne sais quel jugement on portera du Pere de famille ; mais s’il n’est que mauvais, je l’aurois rendu détestable en mettant le Commandeur en contraste avec le Pere de famille, Germénil avec Cécile, Saint-Albin avec Sophie, & la Femme-de-chambre avec un des Valets.
Ce sont celles que représentait la comédie antique, celles qui ont passé sur nos théâtres nouveaux, à l’époque de leur naissance, avec les imitations de Plaute et de Térence, et qui s’y sont perpétuées dans ces innombrables pièces où, sous les noms de Sbrigani, de Scapin, de Crispin, et autres valets de noms et de costumes divers, figurent des Daves et des Sosies déguisés, qui font métier de tromper les pères et de corrompre les fils, tour à tour servant et trahissant leurs maîtres, dont ils reçoivent alternativement des caresses et des menaces, de l’argent et des coups de bâton. […] La comédie des Fourberies de Scapin a donc les deux caractères principaux d’une comédie grecque ou romaine, puisqu’un valet, Scapin, est la cheville ouvrière de l’action, et que le dénouement consiste dans la reconnaissance de deux jeunes filles, ravies depuis longtemps à l’amour de leurs pères, et que des incidents inattendus remettent entre leurs bras.
Otez des œuvres de Moliere les scenes dans lesquelles les valets parodient leurs maîtres, & font l’amour pour leur compte ; enlevez-en encore toutes les aventures romanesques ; faites que les scenes du Misanthrope tiennent l’une à l’autre, & soient enchaînées comme celles de Pourceaugnac, Moliere deviendra tout-à-coup plus intéressant du double.