On se trompe, Arnolphe n’est pas un barbon ; il a quarante ans, et à quarante ans on n’est pas absolument sexagénaire ; c’est dit dans la pièce. […] Il avait vu jusqu’à présent des fâcheux, des marquis, des maris trompés, mais il n’avait pas encore vu de près cette secte ou cette cabale. […] On s’est trompé du tout au tout. […] Pardonnez-moi, madame ; je me suis trompé ; il vous faut sans doute des renommées plus hautes et des gloires moins frivoles. […] ——— Outre ce don précieux de transformation, les femmes savent cacher avec tant d’art leurs plus vifs sentiments et mettre de l’exactitude jusque dans la profusion de leurs paroles, qu’elles seraient les plus dangereux diplomates si elles n’étaient sujettes à se laisser grossièrement tromper chaque jour par ces mêmes passions qui leur font tromper tout le monde.
Il renferme toute son intelligence dans les prétextes présents, sans aller plus loin ; il s’applique à ce qu’il voit ; il ne previent pas ce qui doit arriver, & son imagination se laissant tromper par l’art du poëte, sa satisfaction est plus ou moins grande, selon l’adresse avec laquelle on lui a ménagé un plaisir que l’illusion peut rendre toujours nouveau.
Mais j’ai pu me tromper moi-même.
Dans cette comédie unique, si je ne me trompe, sur le théâtre français, Molière met en scène sa propre personne, et se joue hardiment de tout le monde comme de lui-même : ce qui est, vous le savez, Monsieur, un des éléments du vrai comique.
Sganarelle ; intervention d’un mari trompé. […] Vous croyez peut-être, ajouta-t-il, qu’elle a ses agréments : vous vous trompez. […] Nous ne le devinons pas, à moins cependant que la moralité de la pièce ne soit renfermée dans ces deux vers aux maris trompés : Quel mal cela fait-il ? […] Ce commerce dura quelque temps ; mais d’obligeants amis, d’autres disent un amant trompé, l’abbé de Richelieu, en instruisirent Molière. […] Ce mari trompé était un des habitués de son théâtre.
Au lieu que quand un autre a paru avant son retour, l’imagination du spectateur qui a été divertie par cet autre acteur, ne trouve rien à redire quand il revient ; & comme les spectateurs aident eux-mêmes au théâtre à se tromper, pourvu qu’il y ait quelque vraisemblance, ils s’imaginent facilement que ce personnage a eu assez de temps pour ce qu’il vouloit faire, quand avec la musique ils ont eu devant les yeux un autre objet qui a presque effacé l’image qu’ils avoient de celui qui leur étoit demeuré le dernier à l’esprit, dans l’acte précédent ».
Mais si cette raison fait une objection contre mon sentiment, elle ne suffit point pour prouver le sentiment opposé à celui que j’expose ; d’ailleurs, je répondrai à l’objection, que Plaute & Térence ont pu se tromper.
Lorsqu’il en sort, Sganarelle le voit, ce qui le confirme encore plus dans l’idée qu’il est trompé par sa femme.
Aussi le public ne fut point, trompé sur la prétendue Armande-Grésinde.