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5. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. Des Scenes. » pp. 223-249

Mais, Monsieur, savez-vous les nouvelles Que l’on dit à la cour, & qu’on tient pour fidelles ? […] Voilà comme les grands hommes tiennent souvent en suspens l’esprit du spectateur. […] S’il tient parole, l’exposition est excellente ; s’il n’en fait rien, l’exposition est défectueuse. […] Parbleu, s’il faut parler des gens extravagants, Je viens d’en essuyer un des plus fatigants ; Damon, le raisonneur, qui m’a, ne vous déplaise, Une heure, au grand soleil, tenu hors de ma chaise. […] Il a tenu parole, bien en prend à sa réputation, & à la gloire du Théâtre François.

6.

Mme Pernelle ne souffre pas qu’on lui tienne tête, si doucement qu’on le fasse. […] Dorine ferme naturellement la marche, comme une fille de chambre qui se tient à son rang. […] Elle quitte son fauteuil, il quitte son tabouret, il se tient haletant et pressant derrière elle. […] Boutet qui tient boutique en la rue ***, qui est nouveau seigneur de Franconville, à ce qu’il prétend. […] Le nouvel Orgon ne s’en tient pas à des paroles.

7. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. M. DE SAINT-FOIX. » pp. 288-296

Mais voilà une plaisante façon de céder aux desirs des gens, que de les tenir liés ! […] Il m’a paru tantôt que vous preniez bien du plaisir à me baiser la main : tenez, baisez-la encore... […] Aglaé, donne-lui la tienne. […] Je m’étois attaché tout à la fois à deux Dames fort aimables ; l’une étoit brune & l’autre blonde : leurs appas différents ne donnoient aucun avantage dans mon cœur à l’une sur l’autre, & ne servoient qu’à me tenir dans l’équilibre, & à me les faire aimer toutes deux également. […] Je me prétai volontiers à ce qu’elles me demanderent ; je me tins caché toute l’après-dînée dans ma chambre, où l’on m’apporta à souper : elles me venoient voir de temps en temps.

8. (1844) La fontaine Molière (La Revue indépendante) pp. 250-258

Mais cet enthousiasme peut-il et doit-il tenir devant une critique impartiale et sérieuse, qui cherche à s’appuyer sur les principes de l’art ? […] L’architrave, très-ornée, est surmontée du fronton circulaire au centre duquel, parmi des mascarons, des fleurs, des fruits, est assis un génie qui tient des couronnes. […] Elle est assise la tête légèrement inclinée ; d’une main elle tient un livre, de l’autre un style. […] La faute en est-elle à l’ignorance où l’on est de ces principes ou à l’isolement dans lequel se tiennent les artistes les uns des autres ? Nous tenons la seconde cause pour l’unique dans ce cas.

9. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XL. Du dénouement des Pieces à caractere. » pp. 469-474

Arbitre de mon sort, Vous tenez en vos mains & ma vie & ma mort. […] Monsieur tient la réponse & peut lire tout haut. […] de l’Empyrée ne tient pas davantage à la Métromanie qu’à tout autre passion ; à un poëte qu’à un orateur, un peintre, &c. […] Le Métromane en finissant la piece, dit : Vous, à qui cependant j’ai consacré mes jours, Muses, tenez-moi lieu de fortune & d’amours.

10. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXII. » pp. 426-435

La pauvre sorte ne sauroit comment se tenir, & feroit bien voir que ce n’est qu’une grosse paysanne. […] Je suis né de parents, sans doute, qui ont tenu des charges honorables ; je me suis acquis dans les armes l’honneur de six ans de service, & je me trouve assez de bien pour tenir dans le monde un rang assez passable ; mais, avec tout cela, je ne veux point me donner un nom où d’autres en ma place croiroient pouvoir prétendre, & je vous dirai franchement que je ne suis point gentilhomme. […] Jusqu’à ce temps là, j’estime Moliere tout autant que si Madame Jourdain eût été la premiere à les tenir. […] Il se passa cinq ou six jours avant que l’on représentât cette piece pour la seconde fois ; &, pendant ces cinq à six jours, Moliere, tout mortifié, se tint caché dans sa chambre : il appréhendoit le mauvais compliment du courtisan prévenu : il envoyoit seulement Baron à la découverte, qui lui rapportoit toujours de mauvaises nouvelles ; toute la Cour étoit révoltée.

11. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

Or sus, pour abréger, voyez, magister, à quoi vous voulez vous résoudre, ou venir en prison, ou donner la bonne main à la compagnie avec les écus qui sont restés dans votre robe ; car le voleur ne vous a pris que ceux que vous teniez pour les changer. […] Étends bien la main, te dis-je ; tiens la droite comme cela. […] Toi, Marca, tiens-lui ferme les pieds, qu’il ne puisse faire un mouvement. Toi, Corcovizzo, descends-lui les braies et tiens-les bien bas, et c’est moi qui me charge de l’étriller. […] réplique le Capitan ; le seul récit de mes hauts faits doit suffire à te tenir en vie.

12. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. » pp. 106-124

Sganarelle a une façon de penser & tient une conduite tout-à-fait opposée. […] La Dame ajouta, en se retirant : « S’il nie la chose, mon Révérend Pere, vous pouvez lui dire que c’est de moi dont vous la tenez, & que je vous en ai fait mes plaintes ». […] Il ne m’a pas tenu parole : mais je vous promets que je lui parlerai d’une maniere qui l’obligera à ne plus vous chagriner. […] Ce bon Pere, après l’avoir exhorté de son mieux à tenir sa parole plus religieusement qu’il n’avoit fait jusques-là, lui remit la bourse & la ceinture. […] Chez notre Poëte, Isabelle, poussée à bout par la contrainte où la tient son tuteur, se porte à mille extrémités ; & Léonor, qui jouit d’une honnête liberté, tient la conduite la plus irréprochable.

13. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE V. L’Éducation des Femmes. » pp. 83-102

Ce ne fut pas assez de tenir la plume et de transformer les salons en académies300, il fallut manier l’astrolabe et le bistouri301. […] Convaincu que la femme est un être libre et capable de conduite autant que l’homme, Molière s’indigne contre la prétention qu’on a eue longtemps de la faire vertueuse par force, et de la tenir ignorante par principe. […] C’est l’honneur qui les doit tenir dans le devoir, Non la sévérité que nous leur faisons voir. […] « Je tiens, » dit Ariste, Qu’il nous faut en riant instruire la jeunesse, Reprendre ses défauts avec grande douceur, Et du nom de vertu ne lui point faire peur. […]   Là du faux bel esprit se tiennent les bureaux ;   Là, tous les vers sont bons pourvu qu’ils soient nouveaux.

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