Ils le sentent eux-mêmes, elle n’est que le prétexte. […] Oronte approche ; Alceste le sait, il le sent, il le hait, il s’agite, il se dépite, il la querelle, il lui fait des scènes ! […] Il est tout entier dans ces paroles comiques et déchirantes ; il sent qu’elle ment, celte femme, et il la remercie de mentir et il demande à genoux ce mensonge qu’il constate. […] La femme sans cœur est un monstre qui a perdu sa nature et sa forme par quelque corruption : le secret du mépris qu’elle nous inspire est dans la dégradation que nous sentons derrière sa dureté. […] Il sent en elle l’instrument de la chute, il ne sent pas celui de la rédemption.
Aussi-tôt qu’il se sentit en cet état, il tourna toutes ses pensées du côté du ciel : un moment après il perdit la parole, & fut suffoqué en demie heure par l’abondance du sang qu’il perdit par la bouche2 ». […] Peut-être cela vient-il de ce que les graces & les finesses d’Aristophane ne sont pas à la portée de tous ceux qui peuvent sentir le sel & les agrémens de Moliere ; car il faut demeurer d’accord que pour bien juger des Comiques Grecs, il faudroit connoître à fond les défauts des Atheniens. […] Moliere n’est pas sujet à ce contre-tems : nous savons à qui il en veut, & nous sentons facilement s’il peint bien le ridicule de notre Siecle : rien ne nous échape de tout ce qui lui réussit. […] Vous me direz sans doute qu’il faut être Poëte pour aimer de cette maniere ; mais pour moi je croi qu’il n’y a qu’une sorte d’amour, & que les gens, qui n’ont point senti de semblables delicatesses, n’ont jamais aimé veritablement – – –15. […] On doit donc généralement parlant demeurer d’accord, que Moliere avoit le droit d’enrichir de nouveaux termes les matieres du Théatre où il avoit acquis une si grande réputation : mais ce que l’on peut prétendre c’est qu’il abusoit de son droit ; car il faut se souvenir que ces sortes de matieres ne font point sentir à ceux qui les traitent la pauvreté d’une Langue, autant que la sentent les Ecrivains des matieres dogmatiques.
C’est le génie d’où elle émane, c’est le goût qui la comprend et qui la sent. […] Il sent à plein nez son hypocrite. […] Mais il est impossible à tout lettré de ne pas se sentir pour M. […] Même quand l’oiseau vole, on sent qu’il a des pattes. […] Henriette est un idéal de bon sens ferme, et, quand il le faut, elle sent vivement.
Aussi-tôt qu’il se sentit en cet état, il tourna toutes ses pensées du côté du ciel : un moment après il perdit la parole, & fut suffoqué en demie heure par l’abondance du sang qu’il perdit par la bouche. » Pour ne rien dissimuler, j’avertis ici mon Lecteur, que si l’on en croit d’autres Ecrivains, Moliere n’eut pas la force d’assister à la representation jusques à la fin ; il falut l’emporter chez lui avant que toute la piece eût été jouée. […] Peut-être cela vient-il de ce que les graces & les finesses d’Aristophane ne sont pas à la portée de tous ceux qui peuvent sentir le sel & les agrémens de Moliere ; car il faut demeurer d’accord que pour bien juger des Comiques Grecs, il faudroit conoître à fond les défauts des Atheniens. […] Moliere n’est pas sujet à ce contre-tems : nous savons à qui il en veut, & nous sentons facilement s’il peint bien le ridicule de nôtre siecle ; rien ne nous échape de tout ce qui lui réüssit. […] Moliere qui eut quelque honte de se sentir si peu de constance pour un malheur si fort à la mode, resista autant qu’il pût ; mais comme il étoit alors dans une de ces plenitudes de cœur si connuës par les gens qui ont aimé, il ceda à l’envie de se soulager, & avoüa de bonne foi à son ami, que la maniere dont il étoit forcé d’en user avec sa femme, étoit la cause de l’accablement où il se trouvoit. […] Vous me direz sans doute qu’il faut être Poëte pour aimer de cette maniere ; mais pour moi je croi qu’il n’y a qu’une sorte d’amour, & que les gens qui n’ont point senti de semblables delicatesses, n’ont jamais aimé veritablement....
Josse, et votre conseil sent son homme qui a envie de se défaire de sa marchandise. […] Or, ne pas sentir ses extravagances et taxer de folie la saine raison qui les combat, n’est-ce pas le caractère psychologique de la folie elle-même ? […] En quoi nous sentons-nous meilleurs et plus disposés à le devenir après la lecture de ce chef-d’œuvre ? […] L’amour est parfois tellement irrésistible que l’homme se sent incapable de lutter contre ses entraînements, bien qu’il sente qu’il serait de son devoir ou de son intérêt de se soustraire à la puissance de cette passion. […] Ce qui revient à dire : l’homme pense, imagine, raisonne, juge comme il sent. 2° Il n’y a pas de faculté appelée raison.
Don Carlos, loin de combattre les sentiments de Diana, lui annonce qu’il pense comme elle ; qu’il ne lui donne des fêtes que pour lui prouver son respect, & non la sincérité d’une passion qu’il n’a jamais sentie, qu’il ne sentira jamais, quand même le Ciel, pour le toucher, formeroit une beauté chez qui toutes les graces des autres seroient réunies. La Princesse sent un dépit secret ; elle projette de mortifier l’orgueil du Prince, en le rangeant au nombre de ses soupirants. […] La Princesse, seule, dit qu’elle sent le feu dans son cœur. […] Marivaux n’a pas senti qu’il affoiblissoit son personnage principal, en substituant à la fierté de la Princesse d’Elide la foiblesse d’une femme légere, qu’on perd & qu’on ramene dans l’instant. […] Oui, cette passion, de toutes la plus belle, Traîne dans un esprit cent vertus après elle : Aux nobles actions elle pousse les cœurs, Et tous les grands héros ont senti ses ardeurs.
La ballade, à mon goût, est une chose fade : Ce n’en est plus la mode ; elle sent son vieux temps. […] Si tu pouvois sentir combien je hais Valere ! […] Vous sentez-vous cette fermeté d’ame ? […] Le Lecteur impatienté lui dit : Voilà qui est bien, vous avez senti le trait lâché contre les meres dénaturées, mais vous avez assez ri. […] Alors tout le monde éclata, & le sot, ne se doutant pas que c’étoit de lui, crut au contraire avoir fait sentir une beauté.
Elle ne peut aller que bien lentement, puisque l’amant ne sait encore ni le nom ni la demeure de sa belle, & que l’amante, malgré sa coquetterie & le plaisir qu’elle sent à être cajolée, peut encore moins contribuer à sa rapidité sans manquer tout-à-fait à la bienséance ; ce qui seroit encore pis. […] Je ne prétends pas décourager les jeunes Auteurs qui, piqués de la noble émulation de se signaler, voudroient prendre une action à son dernier moment ; au contraire, ils feront très bien, & je les y exhorte, s’ils se sentent assez de ressources dans l’esprit pour féconder le peu de matiere qui leur reste, & pour remplir leur but sans le secours du moindre alliage. […] C’est aux Auteurs à sentir le fort & le foible de leur roman, à jetter dans l’avant-scene tout ce qui pourroit fatiguer ou refroidir le spectateur, & à faire naître l’action au point où la fable, commençant d’être intéressante, promet de le devenir encore davantage.
Ce sont de ces choses que nous devons sentir par nous-mêmes. — Comment ! […] Le Chevalier voudrait-il me dire combien de temps Uranie a silencieusement médité sur la beauté de la Vénus hottentote, pour la comprendre et la sentir ? […] J’entrais en imagination dans un musée d’antiquités égyptiennes, et je me sentais saisi d’étonnement à l’aspect de ces mystérieux colosses, tous assis dans la même attitude. […] Il se sentait complice, il faiblit, et défendit « pour le public » la comédie de Tartuffe. […] Révélation cruelle sur la vie de l’acteur, qui sans cesse se nie, se moque de lui-même, pour se croire, se sentir dans son masque, son rôle d’emprunt.