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5. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Je crois qu’il faut l’entendre dans le sens de médecin improvisé. […] Tout indique que ce qu’on a appelé le sens religieux n’était pas un sens de Molière. […] Ce sont des idées de sens commue, dans la vraie signification du mot, de sens public et de sens moyen. […] Il n’y a peut-être de différences entre le sens commun et le sens social que celle-ci, que le sens social est le sens commun qui a pris conscience de lui-même et que le sens commun est le sens social sans le savoir, le sens social instinctif, le sens social inconscient ou subconscient. […] Sens commun et sens social, c’est ce qui remplit toute son œuvre et c’est pour cela qu’il a été aimé de Louis XIV et détesté de Rousseau.

6. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IV. Jugement sur les Hommes de Molière. » pp. 65-82

On se contente de juger que Molière a un grand sens moral, une grande influence morale, mais encore une fois n’est point moraliste. […] Sans doute ; et ce qu’il y a d’immoral dans tous ces personnages, ce n’est pas tant leur conduite, évidemment condamnable et condamnée par tout homme de sens froid, que le charme comique par lequel Molière sait atténuer ce sens chez le spectateur. […] Il est vrai que c’est d’une part un vice évidemment condamné par le sens universel ; d’autre part une honnêteté supérieure, sublime. […] Et s’il faut lui reprocher de nous avoir souvent forcés à applaudir ce que nous devons condamner, d’avoir maintes fois employé la puissance de son génie à flétrir la fleur de notre sens moral par l’entraînement du rire, il faut, sans lui pardonner cette erreur, lui rendre la justice que personne n’a plus fermement parlé le langage du bon sens, qui doit nous conduire dans la pratique de la vie ; personne n’a mieux compris ni montré quel ensemble de vertus supérieures doit se rencontrer en un homme pour qu’il soit honnête homme.

7. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [77, p. 118-119] »

Le stupide domestique qui le vit avec surprise, reprend le bas, et fait le même exercice que la première fois ; et s’imaginant avoir réparé son peu d’intelligence, et avoir donné sûrement à ce bas le sens où il devait être, le sens où il devait être, il chausse son maître avec confiance : mais ce maudit envers se trouvant toujours dessus, la patience échappe à Molière.

8. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

Il y aurait bien des recherches à faire en ce sens, que je me contente d’indiquer. […] Il y rentre d’une autre manière  : Molière soutient des thèses, et par conséquent il incline les faits dans le sens de sa thèse. […] En effet, ce sont vices qui opèrent dans le sens de l’instinct, conformément à la nature ; ce sont vices qui s’avouent et au besoin dont on se pare. […] L’épreuve de la représentation décida du sens de la pièce. […] Qui donc se sert aujourd’hui du terme de rapatriage, qui donc emploie tabler dans le sens de s’attabler ?

9. (1865) Les femmes dans Molière pp. 3-20

Vous devriez, dit-il à sa sœur en s’adressant en réalité à tout le trio pédantesque, Ne point aller chercher ce qu’on fait dans la lune, Et vous mêler un peu de ce qu’on fait chez vous, Où nous voyons aller tout sens dessus dessous. […] Je sens qu’il y tient trop pour le laisser à part ; De ces détachements je ne connais point l’art. […] Elle lui répond avec un grand sens : Vous avez là-dedans bien opéré, vraiment, Et m’avez fait en tout instruire joliment ! […] Elle reçoit des visites et elle en fait, elle aime l’ajustement, les hommages ; elle ne saurait avoir une grande affection pour ce mari de toutes les facultés duquel Tartuffe s’est emparé et qui est comme abêti par le bigotisme absurde où il l’a amené ; mais heureusement c’est une femme d’esprit et de sens, qui a trop le sentiment de sa dignité personnelle pour ne pas rester fidèle à ses devoirs d’épouse, ne fut-ce que par respect pour elle-même. […] Et l’agaçante Dorine, cette fille suivante, que Mme Pernelle trouve Un peu trop forte en gueule et fort impertinente, et se mêlant surtout de dire son avis ; mais qui, malgré tout, est une fille d’esprit, de cœur et de sens, appréciée et écoutée de ses maîtres ; assez bien de sa personne, d’ailleurs, pour que ses appas émeuvent Tartuffe, et lui attirent de sa part cette admonestation, plus indécente mille fois que la prétendue indécence dont il affecte de se scandaliser : … Couvrez ce sein que je ne saurais voir !

10. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Des Comédies Héroïques. » pp. 9-29

mes sens s’évanouissent, Mes yeux sont obscurcis & mes genoux fléchissent. […] Sigismond est frappé de sa beauté, il s’écrie : Elle a dans un instant changé mon caractere : Le seul son de sa voix a dompté ma fureur ; La douceur de ses yeux a passé dans mon cœur : Elle vient de verser dans mon ame charmée Le desir de la gloire & l’oubli de mes maux ; Pour la seule vertu je la sens enflammée : Et d’un tyran, en moi, l’amour fait un héros. […] Clotalde veut lui persuader que tout ce qui a frappé ses sens n’est que l’effet d’un songe. […] Je le sens cet amour dont je brûle pour elle, Et pour la démentir ma flamme est trop réelle. […] Je n’entreprendrai point de juger entre vous Qui mérite le mieux le nom de son époux ; Je serois téméraire, & m’en sens incapable, Et peut-être quelqu’un m’en tiendroit recusable.

11. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « [Introduction] » pp. 1-4

Gardons-nous de donner à ce dernier mot un sens vague. […] Elle a fait par-là tout ce qui est de son ressort, & c’est alors la beauté de l’objet, la régularité, les proportions & les ornements de l’architecture, qui causent par eux-mêmes l’impression du plaisir que je sens.

12. (1900) Molière pp. -283

Je ne le prends dans aucun de ces deux sens, ou plutôt je mêle les deux sens. […] Je vous ai prouvé par des exemples que La Fontaine, Fléchier, Saint-Simon, n’ont pas ce sens de « l’égalité » ; ils n’ont pas davantage le sens de ce que nous appelons « l’humanité ». […] C’est en ce sens, que je ne juge pas, mais que je constate simplement, que l’emploie toute l’école de la philosophie allemande. […] Ce second sens a mon approbation absolue. Ce premier sens que je ne partage pas, et qui tendrait à substituer cette sorte de Dieu-Humanité au Dieu-Providence, ce qui est fort loin de mon idée, ce sens-là on ne peut refuser de le voir dans la scène du Pauvre, d’après tout ce qui précède. « Je n’ai pas voulu donner pour l’amour de Dieu, je donne pour l’amour des hommes. » Mais l’autre sens y est aussi, parce que, arrivé à cette limite extrême du grand seigneur effréné, Dom Juan est jeté, d’un mouvement en arrière, dans la conception la plus contraire à tout ce qui a inspiré sa vie jusque-là, dans ce grand sens du mot humanité où l’emploient tous les grands publicistes de notre temps.

13. (1884) Molière et les Allemands pp. 3-12

même en adoptant le sens prêté par M.  […] je sens qu’il sied maintenant de clore là ces explications, car, en qualifiant mes « railleries » de « peu coûteuses », ce M.  […] Ai-je besoin d’expliquer à quelqu’un qu’ici les préfixes es et S s’agglutinent, selon le terme technique, au radical calfa, calfura, « chauffer », pour en majorer le sens, comme l’en, l’s en italien ?

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