/ 258
184. (1885) La femme de Molière : Armande Béjart (Revue des deux mondes) pp. 873-908

Mais, si tous deux « se mettent parfaitement bien, ils ne pensent plus à leur parure dès qu’ils sont en scène. » Le croirait-on, Armande n’y est coquette que dans la mesure où son rôle l’exige : « Si Mlle Molière retouche quelquefois à ses cheveux, si elle raccommode ses nœuds ou ses pierreries, ces petites façons cachent une satire judicieuse et naturelle ; elle entre par là dans le ridicule des femmes qu’elle veut jouer. » Enfin, elle n’est jamais semblable à elle-même ; elle change à volonté le caractère de sa voix ; « elle prend autant de divers tons qu’elle a de rôles différens. »     III Mais elle excelle surtout dans les ingénues et les grandes coquettes du théâtre de son mari. […] Sa verve mordante s’exerce aux dépens de tous les ridicules qui défilent devant elle et va jusqu’à la mystification, d’abord avec la précieuse Climène ; puis avec le marquis et le poète Lysidas, celui-ci pédant et pesant, celui-là fat, évaporé, turlupin. […] Pour la grande majorité des biographes de Molière, Armande fut une épouse indigne ; elle tortura, elle couvrit de ridicule le grand homme dont elle portait le nom. […] Quant à Molière, si on le voit sous les traits d’Alceste, il y apparaît malheureux, mais nullement ridicule. […] Je me fis à moi-même des reproches sur une délicatesse qui me sembloit ridicule dans un mari, et j’attribuai à son humeur ce qui étoit un effet de son peu de tendresse pour moi.

185. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIX. De l’action dans les Pieces à caractere. » pp. 448-468

On peut voir aisément ; par les pieces à caractere de Moliere, la différence qu’il y a d’une comédie qui laisse perdre de vue le héros ou le sujet promis, avec celles qui, dans chaque scene, développent aux yeux du spectateur le travers, le vice ou le ridicule annoncé par le titre. […] Le dernier est fier d’un avantage qu’il possede réellement, & qu’il met au-dessus de tout ; les premiers, d’un avantage qu’ils croient posséder, & qui leur fait tout oser : l’un le soutient avec une fierté noble qui lui sied ; les autres, avec une impertinence qui ajoute un ridicule à leurs prétentions.

186. (1821) Scène ajoutée au Boulevard Bonne-Nouvelle, pour l’anniversaire de la naissance de Molière pp. -

Goddem… ce Molière, qui avait persécuté moi… qui avait poursuivi tous les ridicules.

187. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VI » pp. 50-55

« Pour vous dire le vrai, je n’ai point grand goût pour cet auteur25. » Le changement qui s’opéra dans le goût de Voiture me paraît remarquable comme témoignage de celui qui dominait à l’hôtel de Rambouillet, et me semble prouver que les principaux personnages de cette société, au lieu d’être des modèles de mauvais langage, contribuaient à corriger et à épurer les ridicules qui depuis L’Astrée s’étaient propagés parmi les beaux esprits.

188. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. » pp. 71-105

Le ridicule n’amuse pas long-temps. […] si un cœur déchiré comme le mien des plus cruelles douleurs, pouvoit se livrer à la joie pour un moment, ta ridicule proposition me forceroit à rire. […] Il est vrai qu’il eût été ridicule sur notre théâtre de voir un homme perdre sa manchette ; mais il auroit été facile de substituer un gant à la manchette.

189. (1800) Des comiques d’un ordre inférieur dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VII) pp. 294-331

On y voit un marquis ridicule, avantageux et poltron, sur lequel Regnard paraît avoir modelé celui du Joueur, particulièrement dans la scène où le marquis refuse de se battre. […] Mais pour la ridicule Araminte, il la met en œuvre pendant toute la pièce, avec d’autant plus de succès, que personne ne la plaint, et qu’étant fort loin de la douceur et de la modestie d’Isabelle, elle pousse jusqu’au dernier excès les extravagances de son désespoir amoureux, et met, à force de persécutions, le pauvre provincial absolument hors de toute mesure. […] Il y a dans son dialogue de l’esprit qui n’exclut pas le naturel: il rend ses paysans agréables sans leur ôter la physionomie qui leur convient, et il saisit assez bien quelques-uns des ridicules de la bourgeoisie.

190. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

L’homme accompli, tel que le voudrait Molière, évite avec soin l’exagération, le ridicule dont parle Cléante quand il dit: Les hommes, la plupart, sont étrangement faite ; Dans la juste nature on ne les voit jamais : La raison a pour eux des bornes trop petites ; En chaque caractère ils passent les limites, Et la plus noble chose, ils la gâtent souvent Pour la. vouloir outrer et pousser, trop avant. […] Don Quichotte porta un coup sensible à l’esprit chevaleresque, quoique Cervantès n’eut en vue que les exagérations ridicules auxquelles il avait donné lieu. […] Quand le Tartufe fut joué pour la première fois, il avait écrit Les Précieuses ridicules, L’Ecole des femmes, qui, par quelques scènes trop libres, avaient déjà fait grand tapage, et d’autres pièces qui n’étaient pas de nature à lui assurer une haute réputation de piété.

191. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXII. Des Pieces à caractere. » pp. 253-258

Une comédie d’intrigue amuse ; une comédie mixte peut joindre l’utile à l’agréable, en amusant & en instruisant le spectateur, mais moins parfaitement que celle où le principal personnage, mettant tout en mouvement, nous trace par ses actions un portrait frappant des travers, des ridicules, des vices dont nous sommes blessés journellement.

192. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IX » pp. 77-82

La nomenclature que nous venons de parcourir, suffirait pour repousser les atteintes du ridicule que nos éditeurs modernes s’efforcent de jeter sur cette maison de Rambouillet.

/ 258