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6. (1862) Molière et ses contemporains dans Le Misanthrope (Revue trimestrielle) pp. 292-316

Une tradition: plus sérieuse, et qui mérite un examen attentif, nous apprend que les contemporains de Molière; crurent reconnaître dans Alceste le duc de Montausier. […] Ici Alceste devient Molière lui-même ; sous les traits de Célimène, on reconnaît sa femme; dans le rôle d’Éliante, on devine Mlle de Brie, l’amie dévouée du grand homme; et l’acariâtre Du Parc est le type d’Arsinoé. […] Ce type a peu exercé la curiosité des chercheurs de clefs, plus avides de découvrir la satire d’un travers ou d’un vice que de reconnaître une vertu ou une qualité. […] On reconnaissait Molière, même de son temps, dans Ariste de L’École des maris, Ariste qui doit épouser une fille de seize ans. […] Dans ce désolant tableau de la cour et des courtisans, ne reconnaissez-vous pas cet esprit observateur qui a vu de près le néant des grandeurs humaines 41 ?

7. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. » pp. 57-70

Sganarelle, qui le reconnoît pour l’original de la miniature, lui dit d’un air fâché qu’il l’a surpris à sa femme. […] Arlequin le reconnoît pour l’original du portrait. […] Eléonora a paru à sa fenêtre, elle a reconnu son cher Célio malgré son déguisement ; elle descend bien vîte, demande à Arlequin ce que le pélerin est devenu. […] Colere d’Arlequin, qui reconnoît Célio pour l’original du portrait. […] Eléonora reconnoît de sa fenêtre Célio : elle vient demander ce qu’il est devenu à Arlequin.

8. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. Des Pieces intriguées par un déguisement. » pp. 216-222

Aurore le suit déguisée en homme, vit familiérement avec lui sous le nom de Mendoce, sans en être reconnue. […] Aurore chante sans se montrer ; Dom Lope reconnoît la voix de celle qu’il aime, & n’a pas reconnu le son de voix du faux Mendoce : enfin, cet amant est si peu clair-voyant, qu’Aurore est forcée de lui découvrir son stratagême. […] Arlequin, après avoir fait deux fagots, veut en charger son âne ; il est surpris de trouver au lieu de sa souquenille un habit magnifique, une perruque, un masque, un chapeau bordé : il demande à son âne s’il sait comment tout cela a été changé ; il s’en pare, en disant qu’il en vendra mieux son bois à la ville, quand Scapin, qui vient à la tête de quelques soldats, reconnoît l’habit de l’homme qui a blessé Silvio, fouille dans ses poches, trouve une lettre de Rosaura, se confirme dans l’idée qu’il arrête Celio, & emmene Arlequin.

9. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. Des Pieces intriguées par plusieurs Personnages. » pp. 169-175

Comme il a besoin encore de plusieurs autres personnages, & qu’il ne peut pas les jouer lui-même, crainte d’être reconnu, il fait agir une Languedocienne & une Picarde, qui feignent d’avoir été épousées par M. de Pourceaugnac ; un déluge d’enfants qui le suivent par-tout en l’appellant papa, papa ; des Avocats qui lui disent que la polygamie est un cas pendable ; des Suisses qui lui proposent d’aller en greve voir pendre un Limousin nommé M. de Pourceaugnac ; un Exempt qui feint de l’avoir reconnu, de vouloir le mener en prison, & qui s’assure de lui, jusqu’à ce qu’il soit bien loin de Paris. Moliere ne pouvoit, dis-je, faire remplir tous ces rôles par Sbrigani que Pourceaugnac ou le beau-pere auroit reconnu ; d’un autre côté, il a voulu le rendre attachant. […] Il se confirme dans cette idée, lorsqu’après avoir visité les clefs, il en trouve une qu’il ne reconnoît pas.

10. (1812) Essai sur la comédie, suivi d’analyses du Misanthrope et du Tartuffe pp. 4-32

Cette division une fois reconnue, le génie prit bientôt l’essor le plus sublime, et la scène fut enrichie de chefs-d’œuvre. […] J’appelle caractères, une nuance fortement prononcée qui, abstraction faite des usages de chaque peuple, porte avec soi cette empreinte ineffaçable de vérité qui la fait reconnaître dans tous les temps. […] Au reste, ces règles, essentiellement fondées sur la nature, reconnues par la raison et le goût, ont produit de si grandes beautés, qu’elles sont universellement connues. […] A quels signes parfaitement sûrs peut-on la reconnaître ? […] Mais si le peuple a perdu cet amour du naturel, fondement de tous les arts, il n’en est pas de même des enfants, trop jeunes pour être parfaitement imbus de nos idées sociales : partout ils reconnaissent la nature.

11. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. » pp. 5-19

Licipe, autre amant de Lucrece, qui est arrivé avec elle & sa mere, vient reconnoître l’appartement où elles doivent loger. […] Licipe qui le croit s’apprête à partir, quand Cléandre paroît, reconnoît le cabaretier, rit de son déguisement, & avertit son rival qu’on le trompe. […] La mere reconnoît l’amant de sa fille, ne sait quel parti prendre, veut consulter son frere nouvellement revenu des Isles. […] Mais ce qui le confirma bien davantage en cette appréhension, fut qu’ayant pris envie à Philippe, étant couché, d’aller aux lieux secrets, il se leve nud en chemise, & passe à travers la chambre de son frere : celui-ci, au moyen d’un clair de lune, le reconnut ; & le voyant en cet état, il jetta un grand cri, qui ne donna pas moins d’appréhension à Philippe qui reconnut la voix de son frere, & qui s’en retourna à son lit extrêmement effrayé, croyant de son frere ce que son frere croyoit de lui ; de sorte qu’ils passerent tous deux le reste de la nuit en l’appréhension l’un de l’autre.

12. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. » pp. 218-250

Don Pedre, après avoir fait une description de sa bravoure, dit qu’il a pris la fuite, mais qu’il l’a reconnu pour le Duc Octave. […] Il reconnoît enfin son valet, lui raconte le tour galant qu’il vient de jouer à sa cousine. […] Celui-ci reconnoît le Docteur Gouverneur du Duc, & lui fait de grands compliments. […] Don Juan reconnoît la Statue du Commandeur : il oblige Arlequin de l’inviter à souper. […] Celui-ci, craignant d’être reconnu, troque d’habit avec Philippin.

13. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. » pp. 411-419

Eraste prétend le reconnoître, l’engage à venir chez lui ; & feignant de parler à son maître-d’hôtel, afin qu’on traite bien son hôte, il le recommande aux Médecins, auxquels il persuade qu’il leur donne un fou à guérir. […] il semble que vous ayez peine à me reconnoître ? […] Je ne sais, lui répondit Mendoce, si je suis de votre pays ou non, mais j’ai bien de la peine à vous reconnoître.

14. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVI. Des Caracteres nationaux. » pp. 268-283

Il eût en effet manqué son but, s’il ne nous eût jamais offert que des portraits dans lesquels il nous eût été impossible de nous reconnoître. […] Les spectateurs, en démêlant sans peine le ridicule des personnages, auront encore assez de peine à y reconnoître le ridicule qui peut être en eux. « Or, nous ne pouvons pas reconnoître aussi facilement la nature quand elle paroît revêtue de mœurs, de manieres, d’usages & d’habits étrangers, que lorsqu’elle est mise, pour ainsi dire, à notre façon. […]   Pour reconnoître un bienfaiteur,   Les yeux ne sont point nécessaires :  Je suis toujours averti par mon cœur.

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