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6. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. De l’Illusion Théâtrale. » pp. 426-433

Dans l’Amphitrion de Plaute, Jupiter fait la conversation avec le public, & lui adresse ces mots : ACTE III. […] Colibiscus, au Public. […] Le public ne s’intéresse à la peine, au plaisir d’un personnage, & à ses diverses situations, qu’autant qu’il se persuade voir le héros véritable d’une action réelle. […] Harpagon, cherchant le voleur de sa cassette, dit au public. […] Plaute mendie les applaudissements d’une façon plus marquée, par quelque plaisanterie qu’il adresse toujours au public.

7. (1705) La vie de M. de Molière pp. 1-314

Le Public est rempli d’une infinité de fausses Histoires à son occasion. […] Molière sentit, comme le Public, le faible de sa Pièce. […] Cette pièce fit plaisir au Public : elle était du temps, et ingénieusement travaillée. […] Le Public sait comme moi jusqu’à quel degré de perfection il l’a élevé. […] Molière sentait la difficulté de la faire passer dans le public.

8. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Le public tout entier répéterait : C’est sa prévention ! […] le public ? […] qui eût laissé froid un public de théâtre. […] »Dès lors, le rôle a été faussé et le public trompé. […] Il s’amusait et ne prétendait qu’amuser son public.

9. (1725) Vie de l’auteur (Les Œuvres de Monsieur de Molière) [graphies originales] pp. 8-116

Racine donna au public sa tragedie d’Alexandre le Grand. […] Le Public sait jusqu’à quel degré de perfection il l’a élevé. […] La prose dérouta ce Public. […] Ils n’avoient point encore Baron pour rappeller le public ; & l’on ne parloit pas de son retour. […] Moliere sentoit la difficulté de la faire passer dans le Public.

10. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Ce fut alors que Molière présenta au roi un premier placet, où il sollicitait la permission de faire représenter son ouvrage en public ; il invoquait cette faveur comme le seul moyen qu’il eût de répondre à ses ennemis ; car il est à remarquer que sa comédie n’était pas connue de la plupart des gens qui la condamnaient au feu ; les méchants y supposaient des abominations, sur lesquelles renchérissait encore la crédulité publique, et qui, s’exagérant sans cesse en passant de bouche eu bouche, avaient fini par alarmer les gens de bonne foi et jusqu’aux hommes vraiment pieux. […] Une statue au milieu d’une place publique n’est qu’une louange froide et muette ; elle attire à peine les regards d’une multitude inattentive ; mais un ouvrage de théâtre captive un public qui se renouvelle de jour en jour ; il excite au même moment sur vingt scènes diverses les transports de l’élite d’une nation ; il échauffe, il électrise tous les cœurs : c’est une vivante apothéose. […] Ses placets au roi, sa préface du Tartuffe, tels sont les seuls écrits par lesquels il ait cru devoir se défendre devant ses deux protecteurs, le public et le monarque. […] La pièce de Molière est conçue de manière que le public ou le lecteur ne peut un seul instant se méprendre entre la vraie et la fausse dévotion. […] Moins il y aura d’instruction, plus il y aura de fanatisme : aussi travaille-t-on de toutes ses forces à l’ignorance publique.

11. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « PRÉFACE. Du Genre & du Plan de cet Ouvrage. » pp. 1-24

Comme le titre d’homme avantageux est celui que je redoute davantage, & qui me va le moins à tous égards, je déclare que cet ouvrage est une restitution que je fais au public, & non pas un présent. […] Il exhorta l’Auteur à le rendre public. […] que de jeux muets à étudier, à essayer sur le public, à choisir après l’examen ! […] Il faut les regarder comme des millionnaires auxquels, pour le bien public, on peut enlever, sans déranger leur fortune, ce qui feroit celle d’un autre. […] Je leur exposerai mes raisons avec toute l’honnêteté, tous les égards que les hommes bien nés, & particuliérement les gens de lettres, se doivent ; le public décidera.

12. (1739) Vie de Molière

Il accoutuma le public, en lui faisant connaître la bonne comédie, à le juger lui-même très-sévèrement. […] Le goût du public s’est tellement perfectionné depuis, que cette comédie ne paraît aujourd’hui inimitable que par son extrême impertinence. […] Ceux à qui la fête est donnée, sont toujours indulgents : mais le public libre est toujours sévère. […] Le public n’a point regretté que l’auteur ait négligé de finir cet ouvrage : il est dans un genre qui n’était point celui de Molière. […] Mais c’est le sort de tous ceux qui n’ont que leur talent pour appui, de travailler pour un public ingrat.

13. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Discours prononcé dans la séance publique le jeudi 7 novembre 1811. […] La religion était en honneur, car les fripons se couvraient de son masque pour usurper l’estime publique ; Tartuffe nous l’apprend. […] Mais, à mesure que les classes de la société se confondent, les mœurs publiques se pervertissent. […] ils sont eux-mêmes spectateurs, et battent des mains avec le public qui leur insulte ! […] Ce sont, a dit Chamfort, des coupables dont il a donné le signalement au public, et qui se cachent dans la société sous un autre déguisement.

14. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

Les personnes qui attirent les yeux du public sont plus exposées que les autres à sa malignité et à ses plaisanteries. […] Le public, qui à la longue se rend toujours au bon, donna à cet ouvrage les applaudissements qu’il mérite. […] Comme il craint à chaque pas une révolte du public, il est obligé de conserver quelques-unes des parties défectueuses que le goût régnant soutient encore, et que le public par conséquent serait fâché qu’on lui enlevât, mais il y vient avec le temps. […] Jusque-là, pour ainsi dire, on n’avait pas encore diverti le public avec des visages naturels. […] La prose dérouta ce public.

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