Les façades latérales du monument, qui regardent la rue Richelieu et la rue Traversière, et dont les lignes se raccordent avec celles de la façade principale, sont en tout semblables à des maisons ordinaires. […] Visconti a bien un aspect général de destination votive; les colonnes, le fronton, la niche, le piédestal, les statues qui se dressent de chaque côté de la figure principale, expriment bien l’apothéose de Molière ; mais, par contre, où le château d’eau est-il exprimé ? Si l’architecte voulait réserver toute la façade principale à Molière, pourquoi n’a-t-il pas profité des deux façades latérales pour indiquer que là, derrière ce frontispice, se trouve le château d’eau? […] C’était, avant tout, un monument qu’on avait à faire ; toute considération secondaire devait être subordonnée à cette première et principale considération. […] En se plaçant d’équerre, l’architecte pouvait prendre la façade principale comme bonne largeur, et faire les deux faces latérales perpendiculaires à cette façade.
Maniere de les lier aux Caracteres principaux, & de placer les Caracteres accessoires. […] Ils paroissent plus souvent ; ils font rire plus que les principaux personnages : mais ils ne contribuent pas un seul instant à nous faire connoître ni le Joueur, ni les dangers de sa passion. Il n’en est pas de même de la piece que Regnard a imitée, le Chevalier Joueur, comédie en cinq actes, & en prose, de Dufresny : il y a une Comtesse & un Marquis si bien liés au caractere principal, qu’on ne peut les retrancher sans perdre en même temps tout ce qui caractérise le plus un homme possédé du démon du jeu. […] Cette réflexion une fois faite, bien des gens penseront qu’il est très aisé de la mettre en pratique ; mais la chose doit avoir ses difficultés, puisque des Auteurs d’un vrai mérite, & qui ont uni des caracteres accessoires à des caracteres principaux, n’ont jamais eu l’adresse de leur assortir ceux qui leur étoient propres. […] De là ces pieces où le principal personnage a deux caracteres tout-à-fait opposés, comme nous venons de le remarquer.
Quant aux doubles titres, ils semblent annoncer un défaut de netteté ou d’unité dans l’idée principale d’une pièce, puisqu’il a fallu s’y prendre à deux fois pour l’exprimer. On excepte le cas où, le premier titre étant le nom du personnage principal, le second sert à qualifier son caractère ou à spécifier l’action dont il est le centre ; mais, dans ce cas même, un seul des deux titres suffirait, l’autre est presque une superfluité. […] Deux frères, d’Ouville et Boisrobert, l’y avaient montré, l’un dans sa comédie d’Aimer sans savoir, qui fut jouée en 1645, l’autre dans La Belle invisible, représentée en 1656 ; mais tous deux, soit qu’ils eussent puisé dans le Secchi ou dans quelque autre source, n’avaient pris que l’idée principale qu’ils avaient employée au gré de leur imagination. […] Les règles d’une bonne critique permettent-elles de donner, pour l’original d’une scène dont le développement et le style constituent le principal mérite, une situation indiquée seulement dans quelque obscur scenario ?
La comédie de l’art, all’ improviso, paraît avoir toujours existé en Italie ; on la rattache aux Atellanes ; on en retrouve les principaux types dans les fresques de Pompéi et d’Herculanum. […] Tels furent les principaux rôles dont la Comédie de l’art se composa d’abord. […] Nous reproduisons les quatre principaux types de la commedia dell’arte : Pantalon, le Docteur, le Capitan, le zanni ou le valet. Les personnages extrêmement variés que la suite des temps introduisit sur le théâtre italien peuvent presque tous se rattacher à ces quatre types principaux.
La raison en est bien simple : l’amour est la base, le fondement, & l’une des machines principales de toutes les comédies. […] Au reste, si le spectateur veut qu’on lui présente d’abord un amour bien établi, il en est ainsi de tous les autres principaux ressorts de la comédie : il n’aime à voir naître & détruire que ceux qui, en se croisant, en se succédant mutuellement, redoublent le mouvement des grandes machines. […] Examinons de sang froid toutes les pieces dont l’action ne commence qu’après la fin ordinaire des autres, c’est-à-dire après le mariage des principaux personnages.
Les principaux, les accessoires, les simples, les composés, tous lui servent. […] Mais Moliere voulant filer une petite intrigue, a choisi le caractere de la Comtesse pour en faire le principe de l’action : & quoiqu’il le fasse agir de préférence, il ne lui donne jamais assez de supériorité sur les autres pour qu’il puisse les rendre subalternes, & devenir principal. […] Il fait du Misanthrope le principal mobile de son ouvrage ; il y joint en même temps les caracteres de la prude Arsinoé, du bel esprit & des petits-maîtres de Cour, de l’indulgent Philinte ; il y joint enfin le caractere de la coquette Célimene, non pour faire l’intrigue de la piece, puisqu’il n’y en a point, mais pour les mettre en opposition avec le caractere d’Alceste, & lui donner occasion de se développer, pour le faire briller davantage, sans cependant marquer eux-mêmes trop de foiblesse, parcequ’ils ont la portion de force & de comique qui leur est nécessaire pour briller durant le peu de temps qu’ils sont sur la scene.
Madame Grognac, qui forçoit le Distrait à épouser sa fille, ne veut plus de lui, le croyant ruiné, & le dénouement se fait au gré des principaux acteurs, mais non au gré du spectateur, puisque le mensonge du valet & le dénouement qu’il amene, ne tiennent pas du tout au caractere du Distrait & à l’intrigue de la piece qui roule sur des distractions. […] Un Dieu descendant du Ciel fait le dénouement d’Amphitrion ; mais Jupiter a joué un rôle très considérable dans toute la piece, & il est juste que le principal personnage la dénoue. […] Il y a quelques Auteurs à qui l’on ne peut certainement pas faire ce reproche ; mais ils n’évitent ce défaut qu’en tombant dans un autre plus grand, puisqu’après avoir décidé le destin des principaux personnages, ils emploient souvent des pages entieres pour arranger les affaires des acteurs les plus subalternes. […] Il paroît d’abord très ridicule de dire que la catastrophe principale, que ce qui fait le dénouement, doit être placé à la fin de la piece ; cependant ce que nous venons de voir prouve combien il est essentiel de rappeller cette regle aux Auteurs.
Caracteres principaux ou qui ne doivent rien de leurs grands traits à un autre. Caracteres accessoires ou qui dérivent d’un caractere principal.
. — Appréciation de ses principales comédies. — La Fontaine. — Son caractère. — Ce qu’il a fait de la fable. — Ses rapports avec Molière. […] La reconnaissance et l’enchantement populaires ont attaché à cette brillante époque le nom du prince qui était le centre et le principal ressort de ce noble mouvement des cœurs et des intelligences : Voltaire a prouvé que ce n’était pas sans raison. […] Ne biaisons pas sur Molière, allons résolument au principal nœud de la question, à Tartuffe. […] Cette bonhomie qui lui demeure désormais comme trait principal de sa physionomie n’exclut ni la finesse réfléchie ni la malice instinctive, qui firent de lui un satirique sans lui enlever la bonté, ni cette puissance de méditation solitaire qui élève cet homme simple et naïf au rang des philosophes. […] Là se trouve le secret principal du style de La Fontaine ; tout y est en tableaux et en figures.