Sous des noms différents n’est-il plus d’Harpagon, N’est-il plus de Cathos au précieux jargon, Et de monsieur Jourdain la race qui fourmille N’a-t-elle pas toujours le même air de famille ?
J’ai entendu dire à l’inimitable Carlin un mot bien précieux, que je rapporterai : c’étoit après la représentation d’une comédie à grand spectacle, dans laquelle il avoit joué le premier rôle.
Tibaudier est un Conseiller précieux, un personnage autant alambiqué dans sa prose que dans ses vers.
Saige, archiviste aux Archives de l’Empire, à l’obligeance de qui je dois d’avoir pu y recueillir quelques précieux renseignements.
Mais cet esprit aimable, ce ton de bonne compagnie pouvait étonner le roi dans madame Scarron, en qui il pouvait ne voir qu’une femme de petite condition, précieuse et pédante.
Après ces deux premiers ouvrages, il s’élance, avec autant de bonheur que d’audace, vers le véritable but de la comédie, celui de combattre nos travers : il donne Les Précieuses ridicules. […] On connaît l’exclamation qu’un vieillard laissa échapper à la seconde représentation des Précieuses : « Courage, Molière, voilà la bonne comédie ! […] Les productions vantées de quelques auteurs pleins d’affectation et d’emphase devaient blesser son goût, irriter sa verve : il composa Les Femmes savantes ; Philaminte, Bélise et Armande offrirent à la vindicte publique le pédantisme personnifié ; le bon homme Chrysale adressa les remontrances les plus vives, les plus caustiques, aux personnes du sexe qui savent tant de choses ; la scène du sonnet et du madrigal, les exclamations qu’excitent ces deux chefs-d’œuvre, les éloges exagérés et les grossières injures qu’échangent entre eux Trissotin et Vadius, enfin le plan d’académie dont la devise est devenue celle de presque toutes les coteries littéraires, Nul n’aura de l’esprit hors nous et nos amis ; ces traits incisifs et profonds ont porté le dernier coup à un vice que l’auteur avait déjà attaqué dans Les Précieuses ridicules. […] Le véritable public devint l’instrument de quelques sots et de quelques précieuses ; Boileau seul tint bon, et, peu de temps après, Louis XIV lui ayant demandé quel était le plus grand écrivain qui eût honoré le siècle, il répondit aussitôt : Molière.
Par conséquent, s’il a le bonheur de trouver un sujet propre à remplir ces deux objets, qu’il s’en empare bien vîte, crainte qu’on ne lui enleve un bien devenu si rare & si précieux ; mais qu’il se garde bien de rejetter celui qui prête seulement au comique. […] Moliere, fâché de voir la plus belle moitié de l’espece humaine déguiser ses graces naïves sous de pareils ridicules, les expose sur la scene dans les Précieuses ridicules ; ils frappent même ceux qui les érigeoient en agréments : on rit, on se reconnoît, on applaudit, on se corrige, & la piece produit une réforme aussi subite que générale. […] Il y attaque ceux qui prodiguent le titre d’ami, les démonstrations de tendresse & de bienveillance, à des personnes qu’ils connoissent à peine, & qui profanent par là le bien le plus précieux de l’homme, l’amitié.
L’Étourdi et Le Dépit amoureux appartiennent à ce période ; mais ils le terminent : Les Précieuses ridicules vont ouvrir une ère nouvelle.
Le Curieux impertinent, de Destouches ; l’Avare amoureux, de Daiguebere ; le Bourgeois Gentilhomme, & les Précieuses ridicules, de Moliere ; les Folies amoureuses, de Regnard.