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5. (1812) Essai sur la comédie, suivi d’analyses du Misanthrope et du Tartuffe pp. 4-32

À la fin se trouvera le jugement qui a été porté dans le temps par le public et les gens de lettres. […] La seconde partie, appelée tragédie, si féconde en grands effets, resta uniquement destinée à montrer les grands coups du sort, ces passions terribles qui portent tour à tour dans l’âme la pitié et la terreur. […] Qu’un homme porté à l’observation et qui ait bien étudié le théâtre, essaie maintenant de transporter sur la scène une comédie de caractère. […] Dans une seule comédie (le Tartuffe), Molière a porté l’intérêt jusqu’au dernier degré de pathétique ; mais aussi quelle force comique, quelle gaieté brillent à côté ! […] Rattachant ensuite à son idée principale le plan le plus vaste, il fit voir l’imbécillité, l’emportement d’un homme qui se laisse tromper par de fausses apparences de dévotion, et jusqu’où il peut porter l’oubli des nœuds les plus sacrés ; il leur opposa en même temps la douceur, la raison, le juste discernement qui doivent toujours accompagner la véritable piété.

6. (1717) Molière (Grand Dictionnaire historique, éd. 1717) [graphies originales] « article » p. 530

Son inclination le porta au Théâtre, où il se distingua et où il tomba malade, en représentant son Malade Imaginaire, en 1672. […] « Mais personne, dit-il, n’a aussi porté le ridicule de la Comédie plus haut parmi nous, que Molière.

7. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIV. On peut faire usage de tous les caracteres. » pp. 378-385

Dans les Fâcheux, Moliere devoit peindre nécessairement plusieurs importuns, & soutenir l’attention du public par la variété autant que par la vérité de ses images ; il eût manqué son but si l’un de ses portraits eût été assez fort pour dominer sur les autres d’une façon sensible : aussi tous les caracteres qu’il introduit dans cette piece ont-ils à-peu-près la même force, la même valeur ; ce qui devoit être nécessairement, puisque l’Auteur les destine tous à la même chose : l’un ne doit pas faire plus qu’un autre, les coups qu’ils portent doivent donc être également frappés. […] L’homme qui l’entretient de ses chevaux, de ses bonnes fortunes, de sa caleche ; celui qui le consulte sur l’air & les pas d’un ballet qu’il vient de composer ; Alcandre qui le prie de lui servir de second, & de porter un cartel pour lui à son ennemi ; Alcippe qui lui raconte ses malheurs dans une partie de piquet ; Oronte & Climene qui le prient de décider si un amant jaloux est préférable à celui qui ne l’est point ; le Chasseur qui lui fait part d’une chasse malheureuse ; l’Homme aux projets, qui veut enrichir la France en l’entourant de ports de mer ; le Savant, qui sollicite la charge de Contrôleur, Intendant, Correcteur, Reviseur & Restaurateur général des enseignes de Paris ; enfin, les divers caracteres de ces fâcheux devant également impatienter Ergaste en l’arrêtant, aucun d’eux ne devoit écraser les autres par une force trop supérieure. […] Comment se portent mes deux autres fils, le Marquis & le Commandeur ?

8. (1735) Moliere (Supplément au Grand Dictionnaire historique) « MOLIERE, (Jean-Baptiste Poquelin) poëte comique, etc. » p. 82

On eut soin même de lui faire obtenir la survivance de la charge de valet de chambre tapissier chez le roi ; mais son aversion pour sa profession, et son penchant pour l’étude l’engagèrent à solliciter son grand-père qui le menait quelquefois à la comédie à l’hôtel de Bourgogne, de porter son père à le faire étudier. […] Il mourut âgé de cinquante-trois ans, et non de cinquante-un seulement : et lorsque le roi eut obtenu de l’archevêque de Paris qu’on l’enterrât en terre sainte, on porta son corps à Saint-Joseph, qui est un aide de la paroisse de Saint-Eustache.

9. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

— Pour porter les manteaux, vous aviez Caumont, Lacave et Grandmesnil. […] Même à Dorine je ne reconnais pas le droit de porter des socques. […] Trois immenses fardeaux à porter. […] C’était lui qui portait la parole s’il fallait parler au roi, ou au public. […] Don Juan est brave ; les nôtres portent une épée comme ils portent des broderies à leur habit et des mouches à leur visage.

10. (1769) Idées sur Molière pp. 57-67

C’est dans ce temps que tu as entrepris de porter un coup mortel à l’hypocrisie, qui en effet ne s’en est pas relevée. […] Il observait beaucoup ; il y était porté par son caractère, et c’est sans doute le secret de son art. […] Le champ où il a moissonné est moins vaste qu’on ne l’imagine; et quand il resterait quelque coin où il n’aurait pas porté la main, on craindrait encore de se trouver dans son voisinage.

11.

Ceci posé, est-ce Cléante qui devra porter des vêtements plus simples, ou Orgon qui doit s’habiller en gentilhomme ? […] Ainsi Orgon est riche ; il est gentilhomme ; il est de la cour : pourquoi donc lui faire porter un |habit bourgeois, et non un habit de cour, comme à son frère ou à son fils ? […] Depuis soixante ans, il a successivement porté Baptiste-Cadet, Devigny, Grandville, Guiaud, Cossard, Varlet, Provost, Joannis, Alexandre Mauzin, Micheau, Anselme Bert, MM.  […] Ce qu’il faut dire ici, c’est qu’il y a, dans cette scène baroque, beaucoup plus d’exactitude qu’on ne serait d’abord porté à le croire. […] Sorel), Paris, de Sercy, 1644 : « en ce qui est des collets, l’on a dit qu’au lieu que nos pères en portaient de petits tout simples, ou de petites fraises semblables à celles d’un veau, nous avons, au commencement, porté des rotondes de carte forte, sur lesquelles un collet empesé se tenait étendu en rond en manière de théâtre ; qu’après l’on a porté des espèces de pignoirs sans empeser, qui s’étendaient jusqu’au coude ; qu’ensuite l’on les a rognez petit à petit pour en faire des collets assez raisonnables, et qu’en même temps l’on a porté de gros tuyaux godronnés que l’on appelait encore des fraises, où il y avait assez de toile pour les ailes d’un moulin à vent, et qu’enfin, quittant tout cet attirail, l’on est venu à porter des collets si petits, qu’il semble que l’on se soit mis une manchette autour du col ».

12. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXII. » pp. 426-435

Mais, après tout, je ne sais pas où votre Maître a pris le Don, car son pere ni son grand-pere ne l’ont jamais porté. […] En même temps la pauvre femme se prit à pleurer à chaudes larmes, comme si elle eût porté sa fille en terre. […] Après la représentation, le Roi, qui n’avoit pas encore porté son jugement, eut la bonté de dire à Moliere : Je ne vous ai point parlé de votre piece à la premiere représentation, parceque j’ai appréhendé d’être séduit par la maniere dont elle avoit été représentée : mais, en vérité, Moliere, vous n’avez encore rien fait qui m’ait plus diverti, & votre piece est excellente.

13. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII.*. M. PIRON. » pp. 277-287

Quand même un homme auroit l’esprit assez juste, le goût assez épuré pour ne se laisser corrompre ni par les admirateurs ni par les critiques outrés, quand même il seroit en état de se dépouiller de tout esprit de parti & de porter un jugement sain, il doit attendre, pour le prononcer, que la voix publique l’ait confirmé29. […] Bientôt ses enfants se lasserent du joug qu’ils s’étoient imposé, & leur intérêt ne les aidant plus à porter le fardeau, ils le laisserent tomber à terre. […] Elle s’échappa aussi-tôt, & alla porter la nouvelle aux autres qui tinrent conseil ensemble.

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