Il me paraît, jusque dans sa prose, ne parler point assez simplement pour exprimer toutes les passions… Je répondis à mon collègue, que le meilleur écrivain pouvait se laisser entraîner trop loin, lorsqu’il voulait en rabaisser un autre ; et je continuai. […] Oui ; mais si intéressante qu’elle demande un acteur de feu, puisque Molière s’y peint lui-même, et que, toujours plein de l’image de son ingrate épouse et de sa passion pour elle, il y pousse la délicatesse jusqu’au point d’embellir les défauts de son visage, et d’excuser les torts de son esprit. […] La fable du Phormion, comme toutes celles de Térence, a une double action, et l’intérêt est partagé par la passion de Phédria et celle d’Antiphon. […] Il n’avait pas alors fait Armide, il ne s’était pas encore familiarisé avec l’art de traiter les passions, et celui de donner à ses vers la cadence harmonieuse que demande plus particulièrement la poésie lyrique. […] Plus d’un amant, avant Molière, s’était déguisé en maître de musique ; plus d’un amant, après Molière, a trouvé commode d’employer le même moyen ; mais, avant et après Molière, aucun auteur n’a fait chanter à ses amants des choses assez simples pour que les personnes les plus contraires à leur passion, pussent les croire imaginées dans l’instant même.
Il donnera le premier rang à Corneille s’il met au-dessus de tous les autres mérites la mâle fierté du langage, l’héroïsme, la grandeur et le sublime, même quand il est un peu voisin de l’emphase ; à Racine s’il préfère l’élégance, la passion touchante, la délicatesse un peu raffinée, la molle langueur des sentiments exprimés dans la langue la plus parfaite. […] Alceste n’est si difficile à saisir que parce que, sans cesse partagé entre des sentiments contraires, il cède à de prompts revirements, ce qui est le propre des cœurs honnêtes et fortement épris, entraînés à regret par une passion dont ils sentent l’indignité. L’inconséquence n’est-elle pas le propre de la passion ? […] On aura beau objecter que Molière, dans cette page admirable, parle de la folle passion que sa femme, peu de temps après son mariage, aurait conçue pour le comte de Guiche, et revenir sur le prétendu alibi signalé par M. […] Ce n’est pas non plus un type, celui du Misanthrope, car, prise en elle-même, la misanthropie ne saurait devenir la donnée d’un personnage scénique : elle n’est point comme l’avarice, l’ambition, l’amour du jeu, une passion agissante et susceptible de former le pivot d’une intrigue dramatique.
Un intriguant qui les imiteroit sur notre scene seroit sifflé, & mériteroit de l’être ; mais un valet qui serviroit une passion honnête, qui trouveroit le secret de se tirer des embarras les plus grands sans blesser les bienséances théâtrales, qui ne donneroit pas des coups de bâton à son patron, mais qui le tromperoit en lui faisant de fausses confidences, & qui, aussi fin que les Daves, les Mascarilles, les Scapins, mettroit le sceau à son adresse en procurant un sort heureux aux amants qu’il protege ; un tel intriguant, dis-je, seroit certainement applaudi.
La passion, disons mieux, le travers qui distingue le personnage principal est essentiellement du domaine de la comédie ; et, d’un autre côté, la condition élevée de tous les personnages, et les intérêts politiques dont le jeu se mêle aux mouvements de la jalousie, donnent à l’ensemble de la composition ce caractère de grandeur et de noblesse que, dans le langage de tous les arts, on est convenu d’appeler héroïque. […] Nous voulons que les imperfections des rois et des héros ne prêtent en rien au ridicule, et que les passions des personnages privés ne puissent exciter ni pitié ni terreur.
Un procès pour vingt mille francs, une querelle pour un méchant sonnet, et une folle passion pour une coquette, voilà ce qui suffit pour mettre en mouvement la bile d’Alceste, et en jeu le caractère des autres personnages, en un mot, pour animer toutes les parties de cette grande composition. […] Quant au ridicule, il n’est pas, il ne peut pas être, d’après ce que je viens de dire, produit par le contraste du caractère et de la situation, de la passion et de l’intérêt ; c’est un ridicule de mots, un ridicule exagéré et presque imaginaire, tel qu’il convient au genre de la farce proprement dite.
Colombine, pour soulager l’ennui de sa maîtresse, cherche par-tout Fédéric : elle le rencontre enfin, le prie de venir voir Victoire, l’entraîne en appellant Victoire, qui vient déclarer sa passion au faux Fédéric. […] N’aura de passion aussi pure & si tendre.
« Il ne la laisse pas par aucun mécontentement, mais seulement parcequ’une autre passion plus forte s’est tellement emparée de son cœur, qu’il ne lui est pas possible de tenir la parole qu’il avoit donnée ». […] Ses parents le voient avec plaisir mettre en prison, & ne lui fournissent aucun secours ; ce qui fait qu’après avoir été renfermé, & après avoir chanté long-temps coucou, sa nouvelle passion commence à s’évanouir. […] Mon maître s’étant souvenu du commandement que vous lui avez fait d’acheter quelque bagatelle qui fût rare à Venise, & de peu de valeur à Paris, pour en régaler son oncle, s’étoit imaginé qu’une douzaine de coterets n’étant pas chers, & ne s’en trouvant point par toute l’Europe de mignons comme en cette ville, il devoit en porter là : c’est pourquoi nous passions vers l’Ecole pour en acheter ; mais à peine avons-nous éloigné la côte, que nous avons été pris par une galere turque.
Lélie est amoureux de Célie ; son valet Mascarille favorise sa passion : tous deux veulent enlever la belle esclave des mains de Trufaldin.
Elle transcrivit plusieurs pieces de vers, on les adressa à la Roque qui en fut enchanté ; il se prit même de belle passion pour la Minerve du Crosil : il s’émancipa dans une de ses lettres jusqu’à dire : je vous aime, ma chere Bretonne ; pardonnez-moi cet aveu, mais le mot est lâché.