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5. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Vers & de la Prose dans les Comédies. » pp. 103-117

Croyez-moi, Ne laissez pas duper vos yeux à trop de foi. […] Et ces yeux les ont vu s’entre-donner parole. […] Et ces yeux te verront faire la cabriole. […] Si j’entrois plus profondément Dans le séjour du troublement, Le feu de mes yeux, brusquement, Par un étrange embrasement, La brûleroit en un moment. […] Il n’avoit de mouvement libre que celui des yeux, de la langue & des mains, lorsqu’il épousa Mademoiselle d’Aubigné, si célebre depuis sous le nom de Madame de Maintenon.

6. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « [Introduction] » pp. 1-4

Nous rendrons cette différence sensible en faisant passer sous nos yeux les différentes imitations des plus fameux Comiques depuis Moliere jusqu’à nous. […] Je comparerois volontiers cette espece de prestige que l’une & l’autre exercent sur nous, à l’artifice des lunettes d’approche qui efface la distance des objets, & qui met en état d’en recevoir une impression si vive & si distincte, que, comme c’est par cette distinction & cette vivacité que je juge de leur proximité, je crois voir la lune au bout du télescope au travers duquel je l’apperçois : il ne fait que la placer à la portée de mes yeux ; &, après cela, c’est la lune elle-même que j’observe, c’est sa lumiere qui agit sur moi, & quelquefois si fortement, que j’en suis ébloui. […] Tel est à-peu-près ce que j’ai nommé le prestige de l’imagination du Peintre & du Poëte ; il rapproche l’objet, il le met tout entier & tel qu’il est sous mes yeux : c’est à quoi se termine toute l’industrie de l’Imitateur. […] d’Aguesseau, si je ne me trompe, s’est laissé éblouir par le brillant de sa comparaison : la lunette d’approche peut fort bien ressembler aux mauvaises imitations qui rapprochent également les beautés & les défauts : mais pour nous donner une idée juste de la bonne imitation, il faudroit supposer une lunette qui laissât dans le lointain tout le laid, & ne réunît sous nos yeux que le beau.

7. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. Des Actes. » pp. 274-288

Il faut connoître si bien son plan, qu’on puisse le parcourir en entier d’un seul coup d’œil ; en voir en même temps les endroits saillants ou médiocres ; & les diviser si bien dans chaque acte, qu’ils partagent également les beautés & les défauts, & que, loin de se nuire, ils se servent mutuellement. […] Regle sure : cent vers, & deux ou trois scenes plus ou moins, ne rendront jamais un acte ou plus long ou plus court aux yeux des connoisseurs. […] L’acte finit réellement quand le théâtre reste sans action, après que les acteurs ont pris, aux yeux du spectateur, la résolution d’aller la continuer derriere la toile. […] Fais les yeux furibonds. […] Mes yeux ont fort parlé : mais qui me peut apprendre Si leur langage enfin a pu se faire entendre ?

8. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. » pp. 71-105

Osez-vous à mes yeux encor vous présenter ? […] Il faut se tenir ferme, observer exactement les mouvements de son ennemi, & se gouverner par les yeux & non par l’opinion. […] Mais revenons à notre premier discours ; réponds : Pourquoi, avant que de traiter Delmire en infame, ne l’as-tu pas interrogée sur ce qui la rendoit coupable à tes yeux ? […] Et que m’aurois-tu pu répondre, quand bien même, refusant d’en croire mes propres yeux, j’eusse été assez insensible pour t’écouter tranquillement ? […] Je ne veux point paroître plus long-temps coupable, pas même à vos yeux, quoique je connoisse la passion qui vous aveugle.

9. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. » pp. 144-179

Avant que de rapprocher les originaux de la copie, il est bon d’avoir sous les yeux les principaux traits du drame avec lesquels ils ont quelque rapport. […] Mes yeux ont-ils du mal pour en donner au monde ? […] Allez, je vous rejoins : Ayez bien l’œil à tout, & secondez mes soins. […] N’étoit-ce pas assez des armes de vos yeux ? […] vous souffrez ainsi cet outrage à vos yeux ?

10. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. » pp. 420-425

Vénus me regardoit avec des yeux jaloux :  Chloé n’avoit pas su vous plaire. […] Quand je plaisois à tes yeux, J’étois content de ma vie, Et ne voyois Rois ni Dieux Dont le sort me fît envie. […] Cloris, qu’on vante si fort, M’aime d’une ardeur fidelle : Si ses yeux vouloient ma mort, Je mourrois content pour elle. […] Je ne crois pas déplaire à mes Lecteurs, en mettant sous leurs yeux la scene du Devin de village, dans laquelle M.

11. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. » pp. 500-533

Il jette de douloureux regards sur celle qu’il adore ; & son respect & la présence de son pere l’empêchent de lui rien dire que des yeux. […] Je leve au Ciel les yeux, je vous regarde, je soupire ;   C’est vous en dire assez. […] Premiérement, elle a les yeux petits. […] Cela est vrai, elle a les yeux petits ; mais elle les a pleins de feu, les plus brillants, les plus perçants du monde, les plus touchants qu’on puisse voir. […] Nous rendrons cette différence sensible en faisant passer sous nos yeux les différentes imitations des plus fameux Comiques depuis Moliere jusqu’à nous.

12. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

C’était lui noir ravin dont les parois fort hautes n’offraient à ses yeux, de quelque côté qu’il se tournât, qu’une épaisse muraille de ronces. […] Aux yeux du savant véritable, tout est bien, parce que tout est naturel. […] C’était ensuite la statuaire qui déroulait devant mes yeux, avec son histoire, quelque chose de l’histoire de l’esprit humain. […] À la ville comme à la cour, partout où étaient ses yeux et ses oreilles, il regardait, écoutait en silence. […] Il avait les yeux collés sur trois ou quatre personnes de qualité qui marchandaient des dentelles ; il paraissait attentif à leurs discours, et il semblait, par le mouvement de ses yeux, qu’il regardait jusques au fond de leurs âmes pour y voir ce qu’elles ne disaient pas.

13. (1879) Les comédiennes de Molière pp. 1-179

Et ce nez épaté, et ces yeux mal ombragés, sans feu ni lumière ? […] Dans le pastel tout est fondu, l’œil est amoureux et noyé, la narine palpite, la bouche sourit. […] Il devait crayonner ces choses-là, sous les yeux mêmes de la Du Parc, plus ou moins en présence de son mari. […] Que vos beaux yeux ont de flamme ! […] Il parait que ses yeux y faisaient fortune, car il n’y avait que des marquis autour d’elle.

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