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5. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

Comme l’argent est le moyen d’échange par lequel on se procure toutes les jouissances qui satisfont les sens, et même quelques-unes de celles qui flattent l’amour-propre, l’avare, parce qu’il possède le signe représentatif de beaucoup de choses, s’imagine posséder les choses mêmes que ce signe représente, c’est-à-dire, qu’il prend l’image pour la réalité, le moyen pour la fin, et une privation pour une jouissance. […] Les moyens qu’il a employés pour arriver à ce but sont-ils ceux qui doivent l’y conduire ? […] Il faut en revenir ici aux principes que j’ai rappelés, à l’occasion de L’Avare, sur la fin et les moyens de la comédie, en ce qui regarde la leçon morale. […] Les amants dont on fait les affaires par de tels moyens, ne peuvent intéresser en aucune manière ; et il y a du bonheur s’ils n’en sont pas un peu avilis. […] De cette idée dramatique commune aux deux pièces, sort un dénouement commun, mais dont les moyens et les circonstances diffèrent.

6. (1884) La Science du cœur humain, ou la Psychologie des sentiments et des passions, d’après les oeuvres de Molière pp. 5-136

Arnolphe, aveuglé par cette passion, s’est imaginé que le moyen le plus sûr de n’être pas trompé par sa femme est d’épouser une sotte. […] Les deux Écoles ne veulent point démontrer qu’il n’existe aucun moyen de se mettre à l’abri des calamités du mariage, puisque le moyen efficace pour cela, les procédés affectueux, s’y trouvent parfaitement indiqués. […] Mais dès que par son adresse elle a trouvé le moyen de paraître innocente aux yeux du monde, elle prouve qu’elle n’a point changé. […] Tous ces défauts humains nous donnent dans la vie des moyens d’exercer notre philosophie. […] Dans une discussion avec maître Jacques, Valère parle très poliment à celui-ci, espérant le calmer par ce moyen et lui faire entendre raison.

7. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

Il ne doutait pas que ce ne fut un moyen de plaire au roi et à madame de Montespan : en conséquence, le 11 mars 1672, il remit sur la scène, sous le nom de Femmes savantes, les prudes bourgeoises et beaux esprits qu’il avait si joyeusement travestis en 1669, sous le nom de Précieuses ridicules. […] Il a trouvé le moyen d’établir que mesdames Deshoulières, de la Fayette et de Sévigné, qui, de son aveu, étaient les plus charmants esprits du siècle, étaient néanmoins du nombre des femmes dont Molière a voulu corriger la folie86 ; et il insinue qu’elles étaient de la coterie qui soutenait les Cottin, les Pradon et les Voiture ; il nous assure que madame de Sévigné, bien qu’admiratrice de Corneille, ne trouvait rien de plus charmant que le badinage de Voiture. […] quel moyen de les faire servir à une même entrée ? […] En 1663, il trouva le moyen de placer dans La Comtesse d’Escarbagnas une sortie vigoureuse contre la gazette de Hollande qui avait offensé le roi.

8. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

On se persuada aisément qu’après avoir rendu furieux et irréconciliables des malheureux qu’on n’avait pu exterminer, le moyen le plus sûr de n’avoir rien à craindre d’eux était de les chasser. […] Sans doute, après la mort de Marie-Thérèse, la religion, qui faisait encore obstacle aux désirs du roi, lui offrait aussi le moyen de les satisfaire mais ce n’était pas la religion qui l’avait rendu dès longtemps amoureux de madame de Maintenon. […] À la vérité, la religion, qui était obstacle aux désirs du roi, était aussi moyen de les satisfaire. Il est fort probable que pour déterminer le roi à l’employer comme moyen, madame de Maintenon fit tout ce qu’elle put et laissa faire tout ce qui concourait à rendre l’obstacle assez puissant pour rendre le moyen nécessaire. […] La religion, qui avait présenté l’obstacle, offrit donc aussi le moyen, pour l’accomplissement des désirs du monarque.

9. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [46, p. 78-80] »

Personne n’y a excellé comme Molière ; mais où le génie de ce célèbre comique domine au plus haut point, c’est dans les moyens de sortir d’une situation qui paraît sans ressource. […] 218 Le moyen qu’emploie Isabelle dans L’École des maris, pour empêcher Sganarelle d’ouvrir sa lettre, « Lui voulez-vous donner à croire que c’est moi ? 

10. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. » pp. 5-19

Il lui a premiérement abandonné tous ses petits moyens ; il a rejetté cette clef que Turqueta donne à Gélio, & qu’Arlequin lui reprend en lui persuadant qu’on lui a donné la clef de la cave. […] Les vieillards cherchent entre eux un moyen pour enlever l’esclave au jeune homme ; Epidique se jette entre eux pour leur indiquer ce qu’ils doivent faire. […] S’il étoit juste qu’un chétif esclave eût plus d’esprit que deux hommes consommés, tels que vous êtes, Messieurs, j’indiquerois un bon moyen, & qui, à ce que je crois, loin de vous déplaire, auroit l’approbation de l’un & de l’autre. . . . . . . . . […] Mais tu t’abuseras : je sais un sûr moyen Pour rompre cet achat où tu pousses si bien ; Et je vais de ce pas... […] Mais ce qui le confirma bien davantage en cette appréhension, fut qu’ayant pris envie à Philippe, étant couché, d’aller aux lieux secrets, il se leve nud en chemise, & passe à travers la chambre de son frere : celui-ci, au moyen d’un clair de lune, le reconnut ; & le voyant en cet état, il jetta un grand cri, qui ne donna pas moins d’appréhension à Philippe qui reconnut la voix de son frere, & qui s’en retourna à son lit extrêmement effrayé, croyant de son frere ce que son frere croyoit de lui ; de sorte qu’ils passerent tous deux le reste de la nuit en l’appréhension l’un de l’autre.

11. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. » pp. 397-410

Elle quitte le lit de son époux, pour joindre Clitandre son amant : Dandin s’en apperçoit, croit avoir trouvé un sûr moyen de confondre sa femme aux yeux de M. […] Voyons premiérement celle qui fournit à la belle Angélique le moyen de confondre son époux. […] Elle crut s’appercevoir qu’un honnête homme de son voisinage sentoit pour elle quelque chose de tendre : elle trouva moyen de lui faire savoir qu’elle lui rendoit bonne justice. […] Tofan fut quelques jours au lit, soit de chagrin ou des coups qu’il avoit reçus : & sentant, mais un peu tard, que son esprit jaloux lui avoit fait faire une sottise ; aimant d’ailleurs sa femme avec passion, trouvant, moyen en employant quelques amis, de la ravoir, il promit de n’être plus jaloux, & lui permit de faire tout ce qu’elle voudroit, à condition que ce seroit si secrètement & avec tant de précaution, qu’il n’en auroit aucune connoissance. […] m’amie, c’est à ce coup que je vous tiens, & que vous ne sauriez plus me refuser ce dont il y a si long-temps que je vous importune : maintenant que je suis en plein pouvoir, & qu’il n’y a plus de moyen de s’en dédire, je vous veux franchement avouer que vous avez très bien fait de ne m’avoir rien voulu accorder auparavant notre mariage, & que je ne le faisois que pour vous éprouver ; car si vous eussiez été facile pour condescendre à ma volonté, je vous proteste que je ne vous aurois jamais épousée.

12. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Madame de Neuillan n’épargna aucun moyen de l’humilier pour la réduire à la soumission ; elle chargea sa filleule des services les plus bas de sa maison. […] Elle ne manquait d’aucun moyen de l’être ; elle le fut, et au suprême degré. […] On fait trop d’honneur à un but si commun et à des moyens si vulgaires, en leur attribuant cette prodigieuse élévation : c’est aussi méconnaître le pouvoir d’un excellent esprit, d’une âme parfaite, jointe aux charmes de la figure. […] Toutefois l’une et l’autre vous donnent des espérances indéfinies ; c’est à peu près comme si et les donnaient infinies ; et c’est ce qui fait qu’on les ambitionne non seulement comme moyen, mais comme but. […] Par ce moyen, j’ai pu mettre toutes choses à leur place, en voir la génération et l’enchaînement.

13. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Si elle n’avance pas vile, c’est pour se ménager le moyen d’aller loin. […] Voulant être distinguée du roi, lui être agréable, parce qu’elle l’aimait, mais voulant son estime et conserver le respect d’elle-même, pouvait-elle employer des moyens à l’usage des femmes ordinaires, mettre en pratique cet art de plaire, cet art de la cour, qui comprend l’art de nuire à tout ce qui n’est pas soi ; à intriguer contre une favorite a qui et le doit sa place ; à lui tendre des pièges, à lui opposer d’autres femmes dont elle pourra avoir bon marché, à rechercher les occasions de s’introduire près du maître, de surprendre ses regards, de les attirer par des soins et des parures qui déguisent son âge ; à se faire vanter, célébrer par des prôneurs ; à se distinguer tantôt par la finesse de la louange, tantôt par son enthousiasme, toujours par l’à-propos ; à rappeler d’une dis tract ion, à faire revenir d’un caprice par des bouderies, par des querelles, par des minauderies ; en un mot, à pratiquer le manège d’une coquetterie subalterne ? Non, il ne faut pas s’attendre ici à l’emploi de semblables moyens. […] Par la piété, il est vrai, elle put à la suite combattre la faiblesse du roi pour madame de Montespan ; mais par l’emploi de ce moyen, elle s’interdisait de profiter de ses succès, en combattant l’habitude des maîtresses par la religion, et ne prenait pas le chemin de le devenir. […] La religion seule donnait le moyen de se défendre sans déplaire, de refuser sans offense, de rester inflexible sans paraître indifférente.

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