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90. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. De l’Amour. » pp. 367-384

Vous ne concevez point qu’un cœur bien amoureux Sur cent petits égards s’attache avec étude,  Et se fait une inquiétude  De la maniere d’être heureux. […] Un poëte aura beau mettre son esprit à la torture, il fera bien imaginer à ses amoureux différents moyens pour parvenir à leur but ; mais il n’auront jamais, à moins qu’ils ne sortent de la nature, qu’une seule maniere pour se dire qu’ils s’aiment, toujours agréable au spectateur la premiere fois, ennuyeuse la seconde, détestable la troisieme.

91. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. » pp. 397-410

On ne traite pas de cette maniere les femmes de ma qualité, & si vous aviez eu l’impudence de l’entreprendre de votre vie, je vous aurois dévisagé. […] Cet honnête homme, qui devroit baiser la terre où je marche, & se faire honneur d’une alliance comme la nôtre, me traite de la maniere du monde la plus indigne.

92. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

Francesco Andreini, par exemple se faisait annoncer par son valet de la manière suivante : « Tu diras que je suis le capitaine Spavente de la vallée infernale, surnommé l’endiablé prince de l’ordre de la chevalerie ; Trismégiste, très grand bravache, très grand frappeur, très grand tueur ; dompteur et dominateur de l’univers, fils du tremblement de terre et de la foudre, parent de la mort et ami très étroit du grand diable d’enfer. » Dans La Prigione d’Amore (la Prison d’Amour), de Sforza Oddi nell’academia degli Insensati detto il Forsennato (membre de l’académie des Insensés, surnommé le Furieux), comédie récitée à Pise par les étudiants, pendant le carnaval de 1590, le rôle du capitan est très développé, et se termine par le récit suivant, qui pourra servir de spécimen. […] » Et là-dessus de lui faire un cours d’horticulture comique, en lui nommant tous les outils du métier et en lui indiquant la manière de s’en servir.

93. (1732) Jean-Baptiste Pocquelin de Molière (Le Parnasse françois) [graphies originales] « CII. JEAN-BAPTISTE POCQUELIN. DE MOLIERE, Le Prince des Poëtes Comiques en France, & celebre Acteur, né à Paris l’an 1620. mort le 17. Fevrier de l’année 1673. » pp. 308-320

Cette prévention s’imprima tellement dans son esprit, qu’il ne restoit dans la boutique qu’avec chagrin : de maniere que revenant un jour de la Comédie, son pere lui demanda pourquoi il étoit si mélancholique depuis quelque tems ? […] On admire la maniere ingenieuse dont il a traité le sujet de Georges Dandin, tiré d’un Conte de Bocace, &c.

94. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. » pp. 290-293

Ce Sicilien que Moliere Représente d’une maniere Qui fait rire de tout le cœur, Est donc de Sicile un Seigneur, Charmé, jusqu’à la jalousie, D’une Grecque, son affranchie : D’autre part, un Marquis François, Qui soupire dessous ses loix, Se servant de tout stratagême Pour voir ce rare objet qu’il aime, (Car, comme on sait, l’amour est fin) Fait si bien qu’il l’enleve enfin, Par une intrigue fort jolie.

95. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XX » pp. 215-219

Cette société faisait cause commune avec la cour contre le mauvais langage et les mauvaises manières, et eut peut-être la plus grande part à leur réprobation ; mais elle faisait cause commune avec les bonnes mœurs de sa préciosité contre la licence de la cour et contre celle des écrivains nouveaux et elle eut la plus grande part à leur défaite.

96. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. Des Caracteres généraux. » pp. 263-267

Il y a deux especes de caracteres nationaux, parcequ’il faut distinguer parmi les caracteres propres à toutes les nations, ceux qui sont si bien articulés, si bien prononcés, qu’il n’y a qu’une seule maniere pour les peindre à tous les yeux, & ceux qui demandent à être présentés avec des couleurs différentes selon les divers pays où l’on fait leur portrait.

97. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) Les Italiens revinrent à Paris en 1662, et cette fois s’y établirent d’une manière permanente. […] Aussi éprouvèrent-ils le besoin de modifier leur manière pour soutenir la lutte avec leurs rivaux.

98. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Mais le ridicule qui est quelque part, il faut l’y voir, l’en tirer avec grâce et d’une manière qui plaise et qui instruise. » Il disait aussi, et l’on croirait entendre Molière, mais un Molière plus correct et plus châtié : « Le philosophe consume sa vie à observer les hommes, et il use son esprit à en démêler les vices et les ridicules. […] Moïse, Homère, Platon, Virgile, Horace ne sont au-dessus des autres écrivains que par leurs expressions et par leurs images : il faut exprimer le vrai pour écrire naturellement, fortement, délicatement. » Il disait encore :« Amas d’épithètes, mauvaises louanges ; ce sont les faits qui louent et la manière de les raconter. »Et la manière de les raconter ; quelle admirable place il laisse en fin de compte, à la critique et à l’histoire !

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