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4. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

L’objet et l’effet ordinaire de l’enseignement, c’est d’instruire l’ignorance ; et je vois dans cette salle ce que l’une des villes les plus éclairées de l’empire renferme d’hommes distingués par la science et l’esprit. […] Ce qui domine dans l’une, c’est la passion et le plaisir, et dans l’autre la vanité et la légèreté. […] C’est ce que pense don Juan, qui poursuivant son idéal et ne le rencontrant nulle part, va de l’une à l’autre, et non content d’abandonner les sujets de ses expériences, leur reproche encore de n’être pas celle qu’il cherche. […] Il y a dans cette pièce deux jeunes filles, Laure et Lucile, l’une timide et soumise, l’autre pétulante et espiègle. […] Qu’il épouse l’une ou l’autre, il ne s’en repentira pas, et l’on peut donner une idée du bonheur qu’il lui devra.

5. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. M. DE SAINT-FOIX. » pp. 288-296

Je m’étois attaché tout à la fois à deux Dames fort aimables ; l’une étoit brune & l’autre blonde : leurs appas différents ne donnoient aucun avantage dans mon cœur à l’une sur l’autre, & ne servoient qu’à me tenir dans l’équilibre, & à me les faire aimer toutes deux également. […] Quand tout cela fut fait, la blonde me dit : Vraiment il ne s’agit pas de faire une piece à un gentilhomme, il est bien question d’une autre scene : nous sommes amoureuses de vous, & comme nous craignons que l’une de nous ne vous enleve à l’autre, nous sommes convenues que nous vous posséderions tour à tour ; ainsi nous venons coucher avec vous sans façon.

6. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXV » pp. 402-412

Il arriva, en effet, que le roi, entre une femme qui l’excédait de ses feintes ardeurs, et une autre qui le lassait par ses résistances, s’abandonna à son humeur avec toutes deux ; l’une avait à souffrir des infidélités sans déguisement, l’autre des froideurs passagèrement affectées. Et les deux femmes, ayant toujours quelque raison de s’accuser l’une l’autre de ce qu’il y avait de fâcheux dans leur situation, étaient continuellement en guerre ouverte l’une contre l’autre, ou dans un état de défiance qui n’était pas la paix.

7. (1788) Molière (Dictionnaire encyclopédique) « article » pp. 588-589

Rapprochez la scène de Métaphraste avec Albert, de celle qui donne le nom à la pièce, et qu’égale presque deux scènes pareilles du Dépit amoureux, l’une dans Le Bourgeois Gentilhomme, l’autre dans le Tartuffe, vous connaîtrez dejà l’immensité du génie de Molière. […] À force de travaux et d’efforts dignes de Démosthénes, l’excella dans les grands rôles comiques, il forma Baron dans le genre même qu’il abandonnait, et il ne le forma pas moins à la vertu qu’au talent ; il lui donna de grands exemples de l’une et de l’autre.

8. (1884) Molière et les Allemands pp. 3-12

Fritsche de sa double tentative d’explication étymologique (ingannare, sgannare, détromper, désabuser), dont l’une ne lui paraît pas, à lui-même, « hors de doute », et dont l’autre lui semble encore « moins vraisemblable » ; et, mieux encore, l’aveu décisif qu’il fait en déclarant que « ce n’est pas lui », mais « M.  […] J’ai motivé ma préférence pour ganaro, ganarel (Sganarel), en observant que dans Le Médecin malgré lui, congénère du Médecin volant, l’une des premières pièces jouées en Languedoc, Sganarelle, traité de « débauché » et « d’ivrogne, » n’avait pas du tout un rôle de « désabusé » et de « déniaisé ». Au surplus, si nous discutions ici l’histoire de ces deux comédies, (l’une portant et comportant l’autre,) je démontrerais que, contrairement à l’opinion généralement admise, ces pièces sont par le sujet, l’esprit satirique, l’observation des mœurs locales, bien plus d’essence languedocienne qu’italienne.

9. (1696) Molière (Les Hommes illustres) « JEAN-BAPTISTE POQUELIN. DE MOLIERE. » pp. 79-80

Il composa deux Pièces contre le premier de ces désordres, dont l’une est intitulée : Le Bourgeois Gentilhomme, et l’autre : Le Marquis de Pourceaugnac. […] Contre le défaut qui regarde les femmes il fit aussi deux Comédies ; l’une intitulée : Les Précieuses ridicules ; et l’autre : Les Femmes savantes.

10. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXII. De l’Intérêt. » pp. 385-398

La premiere situation est tiraillée & sans vraisemblance, la derniere a du moins un air de vérité ; mais l’une & l’autre mêlées ensemble font un tout qui ne vaut rien. […] Je viens, je crois, de faire voir clairement l’une de ces propositions ; j’avois prouvé la seconde dans deux ou trois articles différents. Otez des œuvres de Moliere les scenes dans lesquelles les valets parodient leurs maîtres, & font l’amour pour leur compte ; enlevez-en encore toutes les aventures romanesques ; faites que les scenes du Misanthrope tiennent l’une à l’autre, & soient enchaînées comme celles de Pourceaugnac, Moliere deviendra tout-à-coup plus intéressant du double.

11. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Unités. » pp. 352-366

L’Auteur, cet Ecrivain aimable qui veut toujours garder l’anonyme, & que tout le monde reconnoît au ton noble & décent qui regne dans ses ouvrages, a distribué son terrein en deux parties : l’une représente la chambre de Madame, l’autre le cabinet de Monsieur ; de sorte que le lieu de la scene, quoique divisé en plusieurs pieces, est toujours vu, parceque le spectateur en embrasse en même temps toutes les parties. […] Si la double intrigue doit également affecter le cœur & l’esprit du spectateur, il faut nécessairement que l’une & l’autre l’intéressent également. […] « Harpagon, pere d’Elise, & amoureux de Marianne, embrasse les deux intrigues, l’une de Valere, amant de sa fille, & l’autre de son fils Cléante, amoureux de Marianne.

12. (1843) Épître à Molière, qui a obtenu, au jugement de l’Académie française, une médaille d’or, dans le concours de la poésie de 1843 pp. 4-15

Habiles à parler et la prose et les vers, Quoique sœurs, elles ont des visages divers : L’une a l’air plus pensif sans être sérieuse ; Égayant les salons de son humeur rieuse, Sur les amis de cour, le fat et le pédant Elle aime à décocher le sarcasme mordant, Attache un misanthrope au char d’une coquette. […] Imitez-moi ; j’ai su divertir tour à tour L’une aux dépens de l’autre et la ville et la cour.

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