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4. (1663) Nouvelles nouvelles pp. 210-243

Je n’irai point toutefois jusqu’à la satire, et tout ce que je dirai sera tant soit peu plus à sa gloire qu’à son désavantage. […] Car vous saurez qu’il y a de certains défauts de qualité dont ils font gloire et qu’ils seraient bien fâchés que l’on crût qu’ils ne les eussent pas. […] Ce n’est qu’un amas de Portraits détachés et tirés de ces mémoires, mais qui sont si naturellement représentés, si bien tou chés et si bien finis, qu’il en a mérité beaucoup de gloire. […] Tout ce que vous avez dit de lui m’a paru fort sincère, car vous l’avez dit d’une manière à me faire croire que tout ce que vous avez dit à sa gloire est véritable, et les ombres que vous avez placées en quelques endroits de votre portrait n’ont fait que relever l’éclat de vos couleurs. Et s’il vient à savoir tout ce que vous avez dit à son avantage, il sera bien délicat s’il ne vous en est obligé, et je connais beaucoup de personnes qui se tiendraient glorieuses que l’on pût dire d’elles ce que vous avez dit à sa gloire.

5. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

C’est une certaine lumière de gloire et un certain caractère de grandeur que la vertu héroïque imprimée sur le visage des à omet mes ; elles défendent la solitude et la nudité d’une personne exposée aux outrages de la fortune, accablée sous les ruines d’un parti détruit, abandonnée de ses propres vœux et de sa propre espérance. […] L’auteur annonce, au début, qui y reprend ce qui a déjà été dit entre eux, pour en faire un tout avec ce qu’il va ajouter, « La gloire et les triomphes de Rome, lui dit, l’auteur, ne suffisent pas à votre curiosité ; elle me demande quelque chose de plus particulier et de moins connu ; après voir vu les Romains en cérémonie, vous les voudriez voir en conversation et dans la vie commune… Je croyais, en être quitte pour vous avoir choisi des livres et marqué les endroits qui pouvaient satisfaire votre curiosité ; mais vous prétendez que j’ajoute aux livres… La volupté qui monte plus haut que les sens, cette volupté toute chaste et tout innocente, qui agit sur l’âme sans l’altérer, et la remue ou avec tant de douceur qu’elle ne la fait point sortir de sa place, ou avec tant d’adresse qu’elle la met en une meilleure, cette volupté, madame, n’a pas été une passion indigne de vos Romains. […] Tyron avait fait un recueil des bons mots de Cicéron ; et un ancien grammairien parle de deux livres de Tacite, qui avaient pour titre Les Facéties. » Le troisième discours de Balzac à la marquise de Rambouillet est intitulé de la Gloire. […] L’auteur y oppose l’amour de la gloire qui, chez les peuples anciens, à Rome surtout, payait les plus grands services ; il s’exalte de nouveau et avec une éloquente chaleur au souvenir de ces grands hommes de la république romaine, dont il sent si bien la dignité. […] Vous croyez que la vertu se tient lieu de digne et de suffisante récompense, mais qu’elle accepte la gloire sans l’exiger ; que la gloire n’est pas tant une dette dont s’acquitte le public, qu’un aveu de ce qu’il doit, et tout ensemble une protestation qu’il est solvable. » Plusieurs trouveront les conversations rappelées par Balzac d’une gravité qui va jusqu’au ridicule ; les sujets qu’elles traitaient seraient ridicules, sans doute, dans la société d’une bourgeoise de petite fortune qui aurait à soigner elle-même son ménage et ses enfants.

6. (1843) Épître à Molière, qui a obtenu, au jugement de l’Académie française, une médaille d’or, dans le concours de la poésie de 1843 pp. 4-15

Rien ne manque à sa gloire. […] Gloire à toi qui, de front attaquant ces travers, Les atteignis des coups d’un implacable vers ! […] Mais je songe à quel prix tu conquis cette gloire Dont les tardifs rayons couronnent ta mémoire. […] La foule que transporte un zèle enthousiaste, Avec des chants de fête, aux rayons d’un soleil Orgueilleux d’éclairer ce pompeux appareil, Inaugure le temple où ta gloire repose Dans la solennité de son apothéose.

7. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX & dernier. Des causes de la décadence du Théâtre, & des moyens de le faire refleurir. » pp. 480-499

Nos ennemis éprouveront ce que peuvent les marques de distinction imaginées par un Ministre éclairé pour rapprocher le dernier des Soldats du premier des Officiers, pour lui assurer l’avantage de prouver qu’il fut utile à son pays, qu’il a marché long-temps dans le sentier de la gloire. […] gémissent de voir l’esprit de parti, la haine, la trahison regner dans une carriere où la gloire devroit seule enfanter une honnête rivalité ; ceux enfin qui désespérant de pouvoir arrêter le désordre, tombent dans l’indifférence si funeste aux talents, & achevent nonchalamment leur carriere en comptant par leurs doigts, non les couronnes qu’ils ont encore à cueillir, mais les désagréments qu’ils ont à essuyer. […] Je crois que le moyen le plus facile, le plus prompt, ajoutons, le seul propre à rétablir sa gloire, seroit une seconde troupe françoise. […] Quels ennemis de nos plaisirs & de notre gloire pourroient donc contrarier l’établissement d’un second théâtre ? […] Je voudrois pour huit jours seulement être à portée de me faire écouter par les Comédiens, je leur prouverois qu’on peut doubler leur fortune en rétablissant la gloire du théâtre françois.

8. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Les premières impressions que le roi avait faites sur madame Scarron, à son entrée dans Paris, étaient peut-être de celles que la beauté et la jeunesse font sur les sens d’une femme jeune et sympathique ; mais l’auréole de gloire qui environnait cette belle tête de Louis XIV, la douce et noble fierté de son attitude soumirent aussitôt les sympathies physiques aux sympathies morales. La pompe, l’appareil dans lequel le jeune roi se montrait, cette grandeur empreinte sur toute sa personne, manifestaient en lui cette passion de gloire, ce besoin de respect et d’admiration qu’il est si agréable aux Français de satisfaire dans leur prince. Combien de séduction pour cette femme dont la considération, seule gloire des femmes, avait été la première idole ! […] Elle sentait d’avance que fixer les regards d’un roi aimable et aimé des français, d’un roi amant de la gloire, gage de leurs respects et de leur admiration, ce serait trouver lotis les bonheurs en un seul. […] Madame Scarron n’était pas plus hypocrite quand elle invoquait la religion au secours de l’honnêteté de ses mœurs que Bossuet n’était un charlatan et un mondain, quand, plus tard, voulant ramener le roi à la soumission aux lois de l’Église, il invoquait, en faveur de la foi conjugale violée parce prince, les lois de l’honneur elles intérêts de la gloire qu’il s’était acquise.

9. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre X » pp. 83-88

Le cardinal, jaloux du poète qui lui échappait, et envieux en même temps de sa gloire, imposa à l’Académie la critique du Cid. […] C’était l’époque la plus brillante de l’hôtel de Rambouillet ; c’était aussi l’époque où commença la gloire du grand Corneille. […] J’observe, en finissant ce chapitre, que vers la fin de la période dont il traite (en 1637) parut le premier ouvrage de Descartes, celui qui l’ait son plus incontestable titre de gloire ; je parle de son Discours sur la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences.

10. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Le géant de l’autre siècle est un nain, à cette heure, pendant que ce pauvre homme oublié, méconnu, méprisé, brille, à cent ans de distance, d’une gloire incontestée. […] Il dit, de la gloire, qu’elle expose ses amoureux à la calomnie, et des plaisirs, qu’ils donnent, trop de peine. […] D’avoir tendu une main secourable à tous les petits beaux-esprits qui ont tenté, chez vous, la comédie, malingres génies que j’ai fait grandir sous mon souffle ; renommées chancelantes que j’ai appuyées de ma renommée ; gloires éphémères que j’ai abritées sous ma gloire… des êtres qui ont vécu par moi, de par moi, qui mourront avant moi ! […] Que de gloires se sont brisées à la borne ardente de la cinquantième année, et que de génie immolé sur cet autel de feu ! […] Grande consolation, véritablement, pour la gloire consolée, et merveilleuse fortune pour la critique exposée, elle aussi, aux oublis de la foule indifférente, lorsqu’avant de mourir à son tour, elle se met à ressusciter cette gloire éteinte, à rappeler cette idole à la douce clarté de ses beaux jours !

11. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre premier. » pp. 5-11

Les écrivains qui accréditent cette erreur ne remarquent pas que si leur opinion était juste, la gloire de Molière, qu’ils croient rehausser, serait au contraire rabaissée : car, s’il était vrai qu’il eut fait la guerre à la marquise de Rambouillet, à sa fille Julie, aux Sévigné, aux La Fayette, aux La Suze, au lieu de la faire seulement aux Scudéry, on pourrait dire qu’il est sorti vaincu d’un côté, étant vainqueur de l’autre, un effet, s’il a purgé la langue et les mœurs des affectations hypocrites et ridicules des Peckes, d’un autre côté les femmes illustres, qui ont survécu à l’hôtel de Rambouillet et en avaient fait partie, ont banni du langage et des mœurs des grossièretés et des scandales qu’il protégeait, et y ont apporté des délicatesses et des larmes dont elles ont eu les premières le sentiment. La gloire de Molière et celle des femmes illustres du temps sont intéressées à ce que la postérité reconnaisse la différence de leur tâche, qui n’avait rien d’opposé, l’une étant de purger la société d’un ridicule, l’autre d’y introduire un mérite nouveau ; cette tâche, il faut leur savoir gré de l’avoir également bien remplie. […] La même méprise, qui fait imputer à l’hôtel de Rambouillet la préciosité des manières et du langage, fait méconnaître les services qu’il a rendus aux mœurs, à la langue même et à la littérature, et lui dérobe une gloire qui lui appartient.

12. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Mais, du moins, n’oublions point nos gloires d’hier, si nous voulons voir demain fleurir des gloires inconnues. […] En est-il un seul parmi nos contemporains qui échangeât volontiers sa gloire contre leur existence ? […] Mais là encore ce n’était ni la gloire, ni la fortune. […] Et peut-être, sans gloire, sans rayons, sans fracas, sont-ils plus heureux que Molière. […] Riches, faites faire des statues à sa gloire.

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