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3. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Mais cette forme altérée de l’idéal tragique est encore admirable. […] 3º À ces deux grandes formes de la comédie, il faut ajouter leur synthèse, qui nous donne une troisième et dernière division. […] L’art dégage la vérité des formes illusoires et mensongères de ce monde imparfait et grossier pour la revêtir d’une forme plus élevée et plus pure, créée par l’esprit lui-même. […] Tout contraste entre le fond et la forme, le but et les moyens peut être risible. […] La forme de l’art qui entreprend de représenter cette lutte est la satire .

4. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

L’ironie la plus légère, la plus fine, fût-ce celle de Voltaire, est toujours grave au fond, quelque enjouée qu’en soit la forme. […] Cette forme est simple, une, grande, sévère. […] Quelle doit être, par opposition, la forme extérieure de la comédie ? […] La forme de la comédie ancienne est morte, et bien morte ; mais son essence est indestructible comme la poésie même, et elle peut revivre dans les formes nouvelles qu’a faites une autre civilisation. […] Plaute et Térence n’ont d’autre importance à mes yeux que de nous aider à deviner la forme de la comédie de Ménandre.

5. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Dans la forme, oui. […] Il y est revenu sans cesse ; il l’a reproduit sous mille formes. […] La forme d’un nuage ou d’un rocher peut être comique. […] Elle n’aime pas les formes abstraites, elle crée. […] Nous nous attacherons aujourd’hui à ceux qui concernent la forme.

6. (1844) La fontaine Molière (La Revue indépendante) pp. 250-258

Ils se préoccupaient peu de l’espace et de l’enclavement, et cherchaient avant tout à exprimer leur idée nettement et avec les formes vraies qu’elle comportait. […] La beauté et le choix des matériaux, la forme triomphale de la façade du monument, l’exécution générale en tant que main-d’œuvre, les détails d’architecture et de sculpture soigneusement faits, enfin, comme considération vulgaire mais vraie, un édifice tout neuf, tout orné qui apparaît à la place d’une ignoble masure et de laides tentures de toile, toutes ces choses ne pouvaient manquer de flatter les yeux. Mais lorsqu’on reste quelque temps à contempler l’œuvre, la réflexion s’éveille et vient demander compte des formes employées ; rechercher ce que ces formes expriment, et si elles l’expriment convenablement. […] La première destination demandait des formes qui exprimassent une sorte de divinisation, l’autre an réservoir d’eau élevé au-dessus d’une construction par où le réservoir pût se remplir et se vider. […] Il a accepté franchement la forme que lui donnait la nature des choses, il a laissé entre les colonnes une surface plane, sur laquelle il a gravé son inscription ; et comme le beau est le frère jumeau du bien, la tranquillité de cet espace uni a fait valoir l’ornementation des colonnes et de l’architrave. et ajouté ainsi à l’effet total de son monument.

7. (1858) Molière et l’idéal moderne (Revue française) pp. 230-

L’être aimé, c’est une idée aimée que l’imagination a revêtue de forme humaine, le rêve qui cherche à se réaliser. […] La femme sans cœur est un monstre qui a perdu sa nature et sa forme par quelque corruption : le secret du mépris qu’elle nous inspire est dans la dégradation que nous sentons derrière sa dureté. […] Le comique a sa source dans les contradictions de la nature humaine, dans le jeu multiforme des passions et des affaires, dans le choc, dans le croisement des formes et des choses, dans le contraste de ce qui est et de ce qui devrait être. […] Tragédies et comédies sont régies par la loi unique de l’art, la loi unique de la vie humaine ; la forme diffère, l’essence est une. […] Il nous élève au-dessus de notre forme réelle, il nous admet à la contemplation de notre forme idéale, il nous inspire le respect de notre âme, le désir, l’espoir de réaliser les splendeurs entrevues.

8. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

. — Tentatives de Diderot pour donner une nouvelle forme au théâtre français. — Drame sentimental. — Beaumarchais. — Mélodrame. — État de l’art de la déclamation en France. […] La vie domestique ou sociale, qui forme le cercle où se meut la comédie, est naturellement sédentaire : le poète n’a pas besoin de faire voyager notre imagination. […] Dans les farces mêmes que Molière a véritablement inventées, il ne laisse pas de s’approprier des formes comiques imaginées chez les étrangers, et en particulier celles de la bouffonnerie italienne. […] La distraction ne forme pas, à proprement parler, un caractère. […] L’emportement des sens a bornes fixées par la nature elle-même, mais quand la vanité se plaît à revêtir les formes de la lassitude et de la satiété, elle mène à la corruption la plus révoltante.

9. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. Des Pieces intriguées par un déguisement. » pp. 216-222

Oui par la forme, & jamais par le fond : je puis aisément le prouver par les plus fameuses de nos pieces fondées sur un déguisement. […] L’amant forme le dessein de démêler le caractere de sa future avant de l’épouser : celle-ci a la même intention. […] Celio, qui a tout vu de loin, plaint Arlequin, forme la résolution de prendre son âne & d’aller à la ville ; de cette façon, il ne sera pas connu, il pourra apprendre des nouvelles de Rosaura, & rendre service au malheureux qu’on a pris pour lui.

10. (1868) Une représentation de M. de Pourceaugnac à Chambord. Examen de deux fragments inédits paraissant appartenir à l’œuvre de Molière (Revue contemporaine) pp. 700-722

—Les répliques, dans la consultation des avocats, deviennent plus comiques et donnent lieu à un duo et un triode forme originale, dans lesquels le double caractère des avocats, avec leur entêtement mis en relief par la musique, gagnent au rapprochement de la colère de Pourceaugnac. […] Cet intermède nous semble meilleur comme logique, comique, ordre et musique, que celui qui lui a succédé, et voici les raisons que nous invoquerons en faveur de notre thèse; nous expliquerons en même temps les modifications qu’a dû subir la comédie et la forme que, selon nous, elle a pu avoir auparavant. […] La tradition résultant de représentations nombreuses sur la scène ordinaire avait fait oublier la première forme. […] Cette date était de règle, car les livrets étaient les programmes distribués aux assistants avant le commencement de la fête ; nous serions tentés de conclure que ce ballet, ainsi relaté sans date, n’a pas été imprimé selon la forme première, mais bien selon la forme que Molière a donnée à son œuvre pour les représentations qui ont suivi. […] Après l’effet produit par Lully, il est évident que la comédie de Pourceaugnac dut prendre la forme que nous connaissons.

11. (1899) Salut à Molière, dit par Coquelin cadet, le soir du 15 janvier, pour le 277e anniversaire de la naissance de Molière, sur la scène de la Comédie-française pp. 3-8

Ce n’est, comme le dit Molière, qu’un homme de maintenant qui traverse la foule héroïque et pittoresque du drame et de la comédie, et qui vient célébrer pour la première fois, sous la forme directe de la prose, celui qui fut un grand poète de la prose et des vers. […] Le spectacle lui apparaît en son entier, depuis les manifestations instinctives jusqu’aux conceptions abstraites, et il donne la forme théâtrale à cette intelligence du monde qui est en lui.

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