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5. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XV » pp. 175-187

Comme on se parle pour s’entendre, et que plus on est de gens à se parler, plus s’entendre est chose difficile, au travail de chacun oui succéder le travail de tous pour se faire un langage commun. […] De même, dans l’anarchie du langage, il s’introduit une multitude de locutions de mauvais aloi ; mais ce qui ne s’entendra pas, ce qui s’entendra difficilement, ce qui ne peut s’entendre avec convenance, sera bientôt mis au rebut. […] Des vers qui étaient entendus avec frémissement comme les blasphèmes d’un insensé contre les prêtres, Les prêtres ne sont pas ce qu’un vain peuple pense, Notre crédulité fait toute leur science. […] On consentait difficilement à entendre dire : cet homme-là est des gens de bon sens qui ne divertissent guère.

6. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

Ce sera l’honneur de la critique d’avoir protégé et défendu, obstinément, cette illustre artiste ; tant sur la fin de sa vie elle avait peine à se défendre contre les impatients qui se fatiguent d’entendre dire : — « Aristide est juste », — ou bien : « Mademoiselle Mars est la plus grande artiste de son temps !  […] — Et cependant voyez-la sourire encore, entendez-la parler, de cette voix divine qui sait le chemin de tous les cœurs ; voyez-la se parer avec cette science naturelle que tant de femmes ont rêvée ! […] Chacun se dit tout bas : C’est peut-être la dernière fois que je vais l’entendre ! […] On vient, tout exprès chez cette beauté à la Mode, pour la voir, tout exprès pour l’entendre ; elle, de son côté, elle ne songe qu’à montrer beaucoup d’esprit et un charmant visage ; quant au cœur, peu lui importe ! […] Pour nous, nous ne pouvons que parler de ce que nous avons vu et entendu.

7. (1858) Molière et l’idéal moderne (Revue française) pp. 230-

Je n’entends pas le nom de Dieu sortir de leur bouche ; Dieu n’a que faire dans ces amours qui ne sortent pas de ce monde. […] Entendez-vous comme ils crient dans leur faim et dans leur soif ? […] Le bruit des pas qu’il entend dans l’escalier l’exaspère, tout homme est son ennemi ; l’amabilité banale de Célimène irrite sans relâche sa rage impuissante. […] Il se retire humilié, navré, mais presque consolé, parce qu’il a entendu, sans y croire, quelques douces paroles. […] Vous n’entendez pas non plus chez Molière l’expression du repentir.

8. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. » pp. 500-533

Le maître aimeroit mieux donner sa leçon en particulier ; mais le pere est curieux d’entendre sa fille, & de procurer ce plaisir à M. […]   Ai-je bien entendu ? […] En ce moment   Il nous voit, il nous entend. […] C’est qu’on entend toujours la rime, Et qu’on n’entend point la raison. […] Aussi-tôt on entend une symphonie brillante.

9. (1881) Molière et le Misanthrope pp. 1-83

Je ne dis pas, bien entendu, qu’il n’ait rien tiré de soi. […] — Et si nous ne pouvons consentir à cet excès de franchise, sommes-nous prêts du moins à nous les entendre jeter au nez sans nous fâcher ? Alceste lui-même, cet intransigeant de la franchise, entend-il de cette oreille ? […] Gomment la magistrature, — la magistrature d’alors, bien entendu, — pourrait-elle donner tort à Tartuffe ! […] je sais bien ce qu’on peut dire contre elle et je ne prétends pas la réhabiliter, pas plus que je n’ai entendu réhabiliter Armande Béjart, femme Guérin.

10. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Prologues. » pp. 118-138

Il avoit donné à la premiere représentation la préférence à des danseurs de corde, il la donna le second jour à des gladiateurs, & ne voulut entendre que le premier acte. […] je te dis que j’ai entendu lire cette piece-ci, & je la trouve très différente de l’autre. […] Le spectateur est si bien instruit par le prologue, qu’il peut se dispenser d’entendre la piece. […] J’entends toute l’assistance crier en symphonie à l’acteur qui ouvre le prologue : arrête, mon ami, arrête ! […] Lorsque Térence fut présenter son Andrienne à l’Edile, ce Magistrat étoit à table : il fit signe à l’Auteur de lire ; mais à peine eut-il entendu quelques vers, qu’il fit placer l’affranchi sur son lit, l’accabla de politesses, & ne voulut achever d’entendre la lecture qu’après le repas.

11. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. » pp. 71-105

On entend des instruments de guerre & une décharge d’artillerie. […] Rodrigue ne m’entend-il plus ? […] Rodrigue, m’entendez-vous bien ?... […] Oui, je vous entends. […] Hola, Don Perriquito ; allons donc : est-ce que tu ne m’entends pas ?

12. (1706) Addition à la Vie de Monsieur de Molière pp. 1-67

« Il a entendu ce Peintre, dont tout le mérite est renfermé dans la main, s’écrier dans ces lieux où l’on s’assemble pour étaler son bel esprit ; ce n’est point là Molière ; il a eu du commerce avec toute la Cour. […] « Je suis un Auteur qui m’emporte ; je hasarde ; tout terme, toute expression m’accommode pour me faire entendre. […] A-t-on jamais exigé d’un Historien des actes authentiques, des témoins juridiquement entendus, pour prouver ce qu’il avance ? […] « C’est bien à vous, ajoute mon Censeur, à parler de ce métier là ; vous qui sur ma parole en ignorez les principes, quoique dans votre Livre vous nous ayez étalé fastueusement de grands mots, pour nous faire entendre que vous y étiez un habile homme. […] Je réponds donc avec assurance à mon Censeur qu’il n’entend point cette partie de la Rhétorique qui regarde l’action, de la manière dont il en parle ; et je veux bien l’instruire, pour repousser son insulte.

13. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Cela est fatigant, plus que je ne saurais dire, de vous entendre crier sans fin et sans cesse, les uns et les autres : — « Molière ! […] À peine si on la daignait regarder, si on consentait à l’entendre. […] » Voilà qui est bien parler, et que celui-là entende qui a des oreilles pour entendre. […] On les voulait voir, on les voulait entendre, on les voulait aimer. […] J’ai entendu demander, plusieurs fois, à quoi ressemblait le salon de Célimène ?

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