Pour nous convaincre de cette grande vérité, supposons quelqu’un qui connoisse tout Moliere 6, excepté son Dépit Amoureux ; & mettons sous ses yeux les scenes les plus belles de cette comédie. […] Eraste & Lucile, piqués l’un contre l’autre, y jurent de n’écouter que leur dépit, & de rompre. […] Celle, par exemple, où Marinette & Gros René parodient le dépit & le raccommodement de leurs maîtres ; celle où le pédant, entraîné par la fureur de babiller, parle un quart d’heure tout seul pour déclamer contre le sort qui ne lui permet pas d’ouvrir la bouche, de desserrer les dents ; celle où Valere, cherchant à découvrir si Mascarille a révélé ses secrets à son pere, lui dit qu’il voudroit connoître l’honnête homme qui lui a rendu ce service, pour l’en récompenser ; celle encore où les vieillards, instruits du véritable sexe d’Ascagne, disent à Valere qu’il ne connoît pas la valeur d’un pareil adversaire, & feignent de trembler pour lui dans le combat singulier qu’ils doivent faire ensemble pour vuider leurs différends ; plusieurs autres enfin qu’il seroit trop long de rapporter. L’homme que nous avons supposé ne manquera pas de s’écrier que le Dépit Amoureux est une des plus belles pieces de Moliere, puisqu’il en est peu où l’on trouve un si grand nombre de beautés ; & il sera tout étonné quand on lui dira que c’est une des moins bonnes. […] Je me flatte d’avoir suffisamment prouvé, par le Dépit Amoureux, que si le pere du Tartufe n’a pu faire qu’une mauvaise piece d’un mauvais sujet, les jeunes Auteurs ne doivent pas avoir la vaine présomption de se croire plus adroits.
Cette troupe, dont M. de Molière était le chef, et qui, comme je l’ai déjà dit, prit le titre de la Troupe de Monsieur, commença à représenter en public le 3 novembre 1658 et donna pour nouveautés L’Étourdi et Le Dépit amoureux, qui n’avaient jamais été joués à Paris. » Nous allons parler de la première de ces pièces. […] Le Dépit amoureux Comédie de M. […] « [*]Les incidents du Dépit amoureux sont arrangés avec plus d’art (que ceux de L’Étourdi), quoique toujours dans le goût espagnol. […] Ensuite il fit Le Dépit amoureux, qui valait beaucoup moins que la première, mais qui réussit toutefois, à cause d’une scène qui plut à tout le monde, et qui fut vue comme un tableau naturellement représenté de certains dépits qui prennent souvent à ceux qui s’aiment le mieux ; et après avoir fait jouer ces deux pièces à la campagne, il voulut les faire voir à Paris, où il emmena sa troupe. […] « Après avoir quelque temps joué de vieilles pièces, et s’être en quelque façon établi à Paris, il joua son Étourdi et son Dépit amoureux, qui réussirent autant par la préoccupation que l’on commençait à avoir pour lui que par les applaudissements qu’il reçut de ceux qu’il avait prié de les venir voir.
Dans F Etourdi, le Dépit amoureux, l’Amour médecin, les deux Écoles, le Médecin malgré lui, l’Avare, les Fourberies de Scapin, M. de Pourceaugnac, on voit sans cesse les amants tomber des sentiments les plus beaux dans les ruses les moins dignes, et employer des chemins honteux pour atteindre un but honorable qu’ils n’ont pas la constance de chercher par la seule route de l’honneur. […] Le Dépit amoureux. […] Les amoureux du Dépit amoureux, du Prince jaloux, du Tartuffe, du Bourgeois gentilhomme, des Fâcheux, etc. […] Voir particulièrement le Dépit amoureux, act. […] Le Dépit amoureux, act.
Ensuite il fit Le Dépit amoureux, qui valait beaucoup moins que la première, mais qui réussit toutefois à cause d’une Scène qui plut à tout le monde et qui fut vue comme un tableau naturellement représenté de certains dépits qui prennent souvent à ceux qui s’aiment le mieux. […] Après avoir quelque temps joué de vieilles Pièces et s’être en quelque façon établi à Paris, il joua son Étourdi et son Dépit amoureux, qui réussirent autant par la préoccupation que l’on commençait à avoir pour lui que par les applaudissements qu’il reçut de ceux qu’il avait priés de les venir voir. […] Aussi cette comé die n’a-t-elle pas fait comme celles qui éblouissaient d’abord et qui ne laissent à ceux qui les ont vues que le dépit d’avoir été trompés et de les avoir approuvées.
La Princesse sent un dépit secret ; elle projette de mortifier l’orgueil du Prince, en le rangeant au nombre de ses soupirants. […] Le Médecin d’amour augmente son dépit, en lui disant que Carlos, loin d’être touché de sa voix, a trouvé qu’elle chantoit comme un polisson d’école. […] Une femme qui a le dépit de voir manquer les armes qu’elle croit les plus puissantes pour ranger un homme sous ses loix, la contrainte d’un amant qui est forcé de cacher les progrès que l’amour & les talents de sa maîtresse font sur son cœur, tout cela auroit-il paru à Moliere indigne d’attacher le spectateur ? […] Je suppose pour un moment que l’amour soit un monstre comme le prétendent les amants dans un moment de dépit, les vieillards dans leur humeur chagrine ; il n’est pas pas naturel qu’une jeune beauté préfere le monstre des forêts à celui qui est civilisé, dont la griffe n’est rien moins que mortelle, & qu’elle peut enchaîner si facilement. […] Flaminia est outrée de dépit ; elle accable Lélio de reproches.
Il me semble évident que quand madame Scarron se retira de la société qu’elle fréquentait, sans dire pourquoi, et se retira dans une grande maison isolée, avec des gens et un carrosse, il se trouva quelque mauvaise langue qui répandit, à petit bruit, ou que madame Scarron était grosse, qu’elle l’était du fait du roi, qu’elle avait fait cet affront à madame de Montespan, ou qu’après avoir cédé au roi, dans l’espérance de supplanter madame de Montespan, elle avait été déçue ; que le roi ayant passé sa fantaisie, était retourné à madame de Montespan avec plus d’ardeur qu’avant, et que le roi avait donné à la belle abusée une maison pour y cacher son dépit, sa honte, le repentir de son ingratitude envers sa bienfaitrice, et qu’elle cachait sa honte et son ingratitude dans une maison que le roi lui donnait en attendant qu’elle allât expier sa faute et cacher son infamie dans quelque refuge comme la Trappe. […] Ceux qui attribuent ma retraite à un dépit, sans doute ne me connaissent pas : ai-je jamais donné lieu à de pareils soupçons ? […] Quand elle dit : ceux qui attribuent ma retraite à un dépit ne me connaissent pas ; ai-je jamais donné lieu à de pareils soupçons ?
Dans le Dépit Amoureux, c’est encore l’intrigue qui domine, intrigue bizarre, compliquée, peu décente ; mais déjà la main d’un maître sait répandre sur ce fonds ingrat, des caractères d’un comique fort, des situations piquantes, des scènes exquises et dans des genres tout differents. Rapprochez la scène de Métaphraste avec Albert, de celle qui donne le nom à la pièce, et qu’égale presque deux scènes pareilles du Dépit amoureux, l’une dans Le Bourgeois Gentilhomme, l’autre dans le Tartuffe, vous connaîtrez dejà l’immensité du génie de Molière.
L’égoïsme, forme plus accentuée et plus basse de l’amour propre, est aussi une des matières universelles de Molière : les pères de l’Etourdi et du Dépit amoureux, égoïstes qui ne songent qu’à leur argent et leur tranquillité168 ; ceux du Mariage forcé et du Mari confondu, égoïstes qui ne songent qu’à se débarrasser de leurs filles169 ; Harpagon, égoïste qui ne songe qu’à ses écus170 ; Arnolphe, égoïste qui ne songe qu’à se fabriquer une femme au gré de son souhait et un nom au gré de son orgueil171 ; don Juan et Tartuffe, égoïstes hardis qui courent au plaisir à travers le crime, l’un suivant ses effrénés caprices, et l’autre avec une prudence raffinée172 ; Chrysale, égoïste timide qui ne songe qu’à sa soupe173 ; Argant, égoïste douillet qui ne songe qu’à sa santé, et déshérite ses enfants pour s’assurer une garde-malade174 ; Philinte même, égoïste discret qui n& ménage les autres que pour n’avoir pas à les combattre175 : la liste en est longue, et comprend plus des trois quarts des personnages de Molière. […] VI. — Le Dépit amoureux (1654), act. […] Le Dépit amoureux, act. […] Le dépit amoureux, act. […] IV ; le Dépit amoureux, act.
Je ne parle pas des filles mises à mal, c’est d’une vérité trop évidente ; mais ce valet, qui croit en Dieu au fond, qui voudrait avertir et retenir son maître, et à qui sa faible raison ne permet de défendre que ridiculement la cause de la vérité61 ; qui est forcé à mentir62, à insulter63, à cacher comme une honte les moindres bons sentiments64, à partager enfin toute la vie et tous les crimes de don Juan, « parce qu’un grand seigneur méchant homme est une terrible chose : il faut qu’on lui soit fidèle, en dépit qu’on en ait, et la crainte réduit d’applaudir bien souvent ce que l’âme déteste65 ; » ce valet, nous le voyons se gâter, s’endurcir, imiter l’escroquerie du maître66, engager le Pauvre à jurer un peu 67 ; et enfin, après le châtiment de don Juan, n’avoir d’autre sentiment en face de cette mort effrayante, que le regret des gages qu’il perd68 : ah ! […] Le Dépit amoureux, act. […] « On ne saurait signaler (dans le Dépit amoureux) aucune intention de satire contemporaine, si ce n’est peut-être le passage où un bretteur du nom de La Rapière vient offrir ses services à Eraste qui les refuse avec mépris. Un des meilleurs services qu’ait rendus le prince de Conti aux états de Montpellier, moins de deux ans avant l’époque de la représentation du Dépit amoureux à Béziers, était d’avoir obligé non sans peine la noblesse de Languedoc à souscrire la promesse d’observer les édits du roi contre les duels. » A.