De ce premier défaut sont nés tous ceux qu’on voit dans la piece, & qui feront toujours reprocher à l’Auteur d’avoir employé de si bons matériaux pour remplir un sujet ingrat, puisqu’il péchoit contre la premiere des regles, la vérité.
Il en est de plusieurs especes, qui toutes ont séparément & des beautés & des défauts inséparables de leur nature, & plus ou moins frappants, selon l’art de l’Auteur.
La fête est moindre, et pourtant digne d’envie encore, si la critique a corrigé, dans quelque œuvre vigoureuse et bien portante, quelque faible côté par où la ruine allait venir ; si elle a ôté un brin de rouille à cet acier qui brille, un pli mauvais à cette pourpre étalée avec art, un barbarisme à cette langue inspirée, un geste, un rire, un accent, un défaut, une misère, à cette machine savante et bien faite qui, faute de cette humble correction, allait se heurter contre toutes sortes d’écueils. […] « Un autre défaut de Molière que beaucoup de gens d’esprit lui pardonnent, et que je n’ai garde de lui pardonner, est qu’il a donné un tour gracieux au vice, avec une austérité ridicule et odieuse à la vertu. […] Il entraîne, il est chaleureux, il est abondant, il est rempli des défauts et des qualités de son époque ; on comprend que l’homme qui écrivait ainsi avait, à un haut degré, la conscience de sa force et de son importance : or, ce sont là des qualités trop rares, surtout dans la comédie moderne, pour qu’on soit le bienvenu à s’armer de la Grammaire et du Dictionnaire de l’Académie contre un philosophe tel que Fabre d’Églantine. […] Avec quelle dignité il gourmande les défauts de la personne aimée, et comme il se représente lui-même, tel qu’il était à son dire : Ne se servant de sa raison que pour mieux connaître sa faiblesse ! […] De Célimène à Sylvia, — de ce salon disposé par Molière avec tant de sévérité et d’agrément, au boudoir arrangé par Marivaux avec tant de coquetterie, de recherche et de complaisance ; du xviie siècle qui se montre chez Célimène au xviiie siècle qui roucoule chez Sylvia ; de celui qui s’appelle Molière et qui est le plus grand génie du inonde, à celui qui s’appelle Marivaux, et dont le seul défaut, défaut sans remède, fut d’avoir tout simplement plus d’esprit que Voltaire, c’est-à-dire d’avoir trop d’esprit, la transition n’est pas si facile qu’on le pense.
Quel travers, quel défaut, quel vice a-t-il eu dessein de signaler, de corriger ou de punir ? […] Tous comparurent sur la scène avec leurs défauts et leurs ridicules. […] Mais dans la comédie, son art infini dissimulait ce défaut autant que possible. […] Quelqu’un lui témoignait un jour son étonnement de l’attachement qu’il avait pour une femme qui, disait-il, avait beaucoup de défauts. […] On peut, sans crainte d’être taxé d’une aveugle admiration pour Molière, attribuer à ses sages leçons, et surtout à ses mordants sarcasmes, le retour sur lui-même d’un sexe fait pour plaire et pour aimer ; mais il y aurait ignorance et engouement à vouloir le proclamer le vainqueur de l’avarice : ce défaut n’a, longtemps encore après lui, cédé qu’aux progrès d’un défaut contraire.
Je vivrai donc, ma chere, Au défaut de cela, De viande fort légere, D’abattis d’opéra.
Boileau, dans ses premieres éditions, étoit tombé presque dans le défaut qu’il reprochoit à Regnier.
Outre ce défaut, causé par la suivante, la suivante elle-même est inutile à la piece ; aussi ne la verrons nous plus.
Il suffirait d’ailleurs, pour la justification de Bossuet, d’observer que madame de Maintenon est la seule de tous ses contemporains qui se soit permis, en cette occasion, de donner comme un témoignage de mollesse, ou comme un défaut d’esprit de la cour, une conduite pleine de bienséance et conforme aux maximes de la prudence chrétienne.
Molière était mort depuis quatorze ans, et il y en avait dix-huit que son chef-d’œuvre jouissait sans opposition des suffrages du public, lorsqu’un des hommes les plus dignes d’en apprécier les beautés, entreprit d’y faire voir des défauts qu’on n’avait pas encore aperçus. […] Si la vraisemblance dramatique existe pour nous, comme pour les anciens, dans les deux sujets d’Amphitryon et des Ménechmes, il s’en faut qu’il puisse y avoir chez nous la même vérité théâtrale dans la représentation des deux pièces : le défaut de masques en est la cause.