On fit appercevoire Moliere, que le grand soin qu’il avoit de plaire au public lui ôtoit celui d’examiner la conduite de sa femme ; & que pendant qu’il travailloit pour divertir tout le monde, tout le monde cherchoit à divertir sa femme. […] gMoliere averti par des gens mal intentionnez pour son repos, de la conduite de son épouse, renouvella ses plaintes avec plus de violence qu’il n’avoit encore fait ; il la menaça même de la faire enfermer. […] Il s’empressa fort à la faire revenir, en la conjurant de considerer que l’amour seul avoit causé son emportement, & qu’elle pouvoit juger du pouvoir qu’elle avoit sur son esprit, puis que malgré tous les sujets qu’il avoit de se plaindre d’elle, il étoit prêt de lui pardonner, pourveu qu’elle eût une conduite plus reservée. […] Cependant ce ne fut pas sans se faire une fort grande violence, que Moliere resolut de vivre avec elle dans cette indifference ; & si la raison lui faisoit regarder sa femme comme une personne, que sa conduite rendoit indigne des caresses d’un honnête homme, sa tendresse lui faisoit envisager la peine qu’il auroit de la voir sans se servir des privileges que donne le mariage.
Toutes ces femmes furent galantes, au point de se faire bonté les unes aux autres par le scandale de leur conduite. […] Les bienséances, dans une monarchie, sont une barrière de plus autour du pouvoir, et le besoin, l’amour du pouvoir étaient le fond du caractère de Louis, Sa conduite habituelle offensait la morale, mais il n’avait pas l’intention de l’affronter.
Quelle que pût être la conduite de celle-ci, — grosse question qu’il faudra bien aborder, — les adorateurs affluaient autour d’elle, attirés par une profession qui la mettait si en vue. […] Ce que l’on veut surtout connaître, c’est la conduite privée de la femme, la place qu’elle tint dans l’existence de son mari. […] Il ne faut donc pas chercher dans sa conduite, ou plutôt y mettre les yeux fermés une régularité bourgeoise qui n’y est pas et n’y saurait être. […] Reste la conduite. […] Je prends cette négligence pour du mépris ; je voudrais des marques d’amitié pour croire que l’on en a pour moi, et que l’on eût plus de justesse dans sa conduite pour que j’eusse l’esprit tranquille.
Au commencement d’août, le roi retourne à l’armée ; la reine le suit, accompagnée de madame de Montespan, dont elle était loin de suspecter la conduite. […] Je lui fis comprendre qu’il manquait de conduite par ses harangues dans lesquelles il mêlait le roi avec des citations de la Sainte-Écriture et des Pères. […] et quelle condamnation la pure vertu dont la société de Rambouillet avait été l’école, prononça par cette mort sur la conduite de Louis XIV !
A cette question, on peut répondre en cherchant dans ses œuvres s’il existe des maximes qui puissent servir de règle de conduite. […] Sans retenue et sans honte, elle dévoile à son amant la conduite odieuse qu’elle se propose de tenir à l’égard de Sganarelle après qu’elle l’aura épousé, considérant cette conduite comme tout à fait naturelle, parla raison qu’elle n’en sent pas l’immoralité. […] Mais de sa conduite elle n’a ni honte ni remords, si bien qu’elle la continuera si elle en trouve la possibilité. […] La raison en matière de conduite n’est point un produit de l’intelligence proprement dite, de la faculté d’associer les idées, de raisonner ; elle tire sa source du bon sens, des bons instincts moraux. […] En matière de conduite, la raison est inspirée par chacune de nos facultés morales, par chacun de nos bons sentiments.
Sganarelle a une façon de penser & tient une conduite tout-à-fait opposée. […] Dites-lui, je vous prie, de changer de conduite à l’avenir, & de me laisser en repos. […] Isabelle, femme du Capitan, est amoureuse de Léandre, jeune écolier, qui loge dans le voisinage sous la conduite du Docteur. […] Chez notre Poëte, Isabelle, poussée à bout par la contrainte où la tient son tuteur, se porte à mille extrémités ; & Léonor, qui jouit d’une honnête liberté, tient la conduite la plus irréprochable.
Les belles paroles que Molière a placées dans sa bouche devraient toujours être présentes à notre mémoire et nous servir de règle de conduite. […] Et pourrait-on en dire autant de la conduite d’Alceste ? […] Des sentiments aussi élevés, une conduite aussi digne, ne témoignent-ils pas de toute sa vertu ? […] Les raisons qu’elle donne pour expliquer et justifier sa conduite sont toutes extrêmement plausibles et logiques, comme on a pu voir. […] Tous les jours, en effet, ne voit-on pas des scélérats montrer, dans la consommation d’un crime longuement prémédité, un esprit de conduite, une discrétion, une prudence extraordinaires ?
Mais que fais-je donc tant, Monsieur, ne vous déplaise, Pour trouver ma conduite à tel excès mauvaise ? […] Ajoutons qu’un Auteur adroit a grand soin de ne donner à ses héroïnes une conduite hasardée, que lorsque la contrainte dans laquelle on les tient, ou la tyrannie qu’on exerce sur elles, les rend excusables : encore prend-il la précaution de les faire rougir de leur rôle, & de leur faire souvent avouer qu’il n’est pas beau. […] Si, comme nous l’avons dit, la punition de Dave n’engage pas les valets à marcher sur ses traces, croit-on que l’exemple d’Isabelle contrainte à se reprocher sa conduite, encourage les jeunes personnes à l’imiter ? […] Mais si on ne reproche rien à la conduite & au style, on se soulevera un peu contre le sujet même de la piece. […] Il y réprimande ces femmes qui, trop peu jalouses de leur réputation, ne prennent pas même le soin de cacher leur conduite déréglée : il y démasque les prudes, qui, se souciant fort peu de bien vivre, ne mettent toute leur étude qu’à cacher leurs désordres : il y tonne enfin contre ces coquettes, qui se font un jeu d’amuser plusieurs amants par de fausses démonstrations d’amour.
On est ravi de découvrir ce qu’il y peut avoir à redire ; et, pour tomber dans l’exemple, il y avait l’autre jours des femmes à cette comédie, vis-à-vis de la loge où nous étions, qui, par les mines qu’elles affectèrent durant toute la pièce, leurs détournements de tête, et leurs cachements de visage, firent dire de tous côtés cent sottises de leur conduite, que l’on n’aurait pas dites sans cela ; et quelqu’un même des laquais cria tout haut, qu’elles étaient plus chastes des oreilles que de tout le reste du corps 59. » L’autorité que je reconnais à Molière ne m’empêchera pas de dire qu’il y a peu de bonne foi à reprocher aux critiques d’avoir donné un sens criminel aux plus innocentes paroles et de s’offenser de l’ombre des choses. […] D’abord toutes les femmes qui assistent à un spectacle, ne sont pas du même genre et de la même conduite.