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123. (1885) La femme de Molière : Armande Béjart (Revue des deux mondes) pp. 873-908

Elle n’avait, dit-il, « aucun trait de beauté ; » mais il confesse que sa physionomie et ses manières la rendaient « très aimable au goût de bien des gens, » que, surtout, elle était « fort touchante quand elle vouloit plaire. » Il nous apprend qu’elle aimait « extrêmement » la parure, et Mlle Poisson ajoute qu’elle « se mettoit dans un goût extraordinaire et d’une manière presque toujours opposée à la mode du temps ; » ce qui l’étonné : elle n’a pas vu qu’Armande possédait cet art piquant et rare de s’habiller elle-même, en dehors et en dépit de la mode, et de donner à sa beauté ce ragoût d’étrangeté dont ceux-là mêmes qui le blâment ou le méconnaissent ne peuvent s’empêcher de subir l’effet. […] Outre sa beauté, elle y apportait « une voix extrêmement jolie, » elle « chantoit avec un grand goût le français et l’italien, elle dansoit à ravir. » Molière, nous apprend de Visé, se vantait « de faire jouer jusques à des fagots ; » on devine quel maître eut en lui une élève si bien douée et dont le succès lui tenait au cœur autant que le sien propre. […] On a noté, cependant, les intonations et les gestes des grandes interprètes du rôle ; la tradition les conserve et ils s’enseignent ; mais une élève intelligente aura beau en savoir tout ce qui peut s’apprendre, si elle ne tire de son propre fond le sentiment du personnage, elle ne fera que grossir le nombre enrayant des vaines tentatives qu’enregistre l’histoire théâtrale. […] Je me moque de cela et ne veux point mourir si jeune… Je veux jouir, s’il vous plaît, de quelque nombre de beaux jours que m’offre la jeunesse, prendre les douces libertés que l’âge me permet, voir un peu le beau monde et goûter le plaisir de m’ouïr dire des douceurs. » Ces deux passages rappellent ce que nous apprend Grimarest du ménage de Molière. […] De là Pulchérie, son avant-dernière pièce, qui, l’on ne sait trop pourquoi, au lieu d’être jouée par la troupe de Molière, parut sur le théâtre du Marais ; pièce étrange, languissante et froide dans l’ensemble, d’une donnée qui fait un peu sourire, mais où se trouvent beaucoup de beaux vers et un caractère original, le vieux sénateur Martian, c’est-à-dire, nous apprend Fontenelle, Corneille lui-même.

124. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. De l’Entr’acte. » pp. 289-308

Eugénie est affligée de n’avoir pas vu son époux depuis son arrivée, & d’apprendre que son pere vouloit la marier avec un certain Cowerly, à qui il a fait un dédit de mille guinées. […] Eugénie révele son secret à son pere : il est furieux ; il lui pardonne ensuite dès qu’il la sait enceinte : mais on apprend dans l’instant que son mariage n’est que simulé.

125. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIX. De l’action dans les Pieces à caractere. » pp. 448-468

de l’Empyrée amoureux d’une beauté imaginaire qui l’a charmé par les vers ingénieux qu’elle met dans le Mercure ; lorsqu’il croit les Muses attristées parcequ’il a perdu ses tablettes ; lorsqu’il se déclare malgré lui pour l’Auteur de la piece nouvelle ; sur-tout lorsqu’il seche dans l’impatience d’apprendre le succès de son ouvrage. […] Il leur apprend le secret de cacher les taches & les trous qu’ils ont à leurs habits.

126. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. » pp. 125-143

Quoique la piece eût été conçue, faite, apprise & représentée dans moins de quinze jours, elle plut cependant si fort au Roi, qu’il indiqua lui-même à Moliere le caractere du Chasseur qui n’y étoit pas alors14, & qu’il en ordonna une seconde représentation pour Fontainebleau, le 27 Août de la même année15. […] Le spectateur, tout en riant des embarras qu’on oppose à leur impatience amoureuse, desire cependant de les voir finir pour apprendre le sort de deux amants auxquels on ne peut refuser beaucoup d’intérêt.

127. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. M. SAURIN. » pp. 333-353

Arrive Stukéli : il apprend à Madame Béverley que son époux, malgré ses remontrances, a passé la nuit à jouer chez Vilson, & que, dans l’espoir de lui voir réparer ses pertes, il lui a confié sa bourse. […] Stukéli apprend que Béverley a mis l’épée à la main contre Leuson, & se promet de mettre à profit ce combat : Leuson va chez Stukéli lui demander raison des mensonges qu’il a dits à Madame Béverley, & des fripponneries qu’il a faites au mari.

128. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

J’irais très volontiers à leur école ; je ne sais ce qu’ils espèrent apprendre à la mienne ; du moins n’est-ce pas ma faute s’ils ne sont pas, au lieu de moi, à cette place qu’ils occuperaient beaucoup mieux. […] Vous apprendrez à la connaître plus loin ; ou enfin Mme Jourdain, cette excellente Mme Jourdain, toujours à son poste et sous les armes, surveillant son ménage et son mari, assez spirituelle pour laver la tête au bourgeois qui veut se faire gentilhomme et au gentilhomme qui la persiffle. […] On ne demande pas que les filles apprennent le latin, ainsi que le permet Fénelon, ni qu’elles lisent Saint Augustin dans le texte comme madame de Sévigné ; mais on voudrait que les écrivains de génie eussent une place sur leur étagère à côté des partitions des maîtres, et que le piano fît taire quelquefois ses gammes pour laisser entendre les voix harmonieuses qui s’échappent des œuvres des grands poètes Cependant l’ignorance, même complète, vaudrait mieux que la pédanterie d’Armande. […] Accoutumez-la à l’application, au travail domestique, aux détails du ménage, afin qu’elle soit en état d’élever des enfants avec autorité et prudence dans la crainte de Dieu. » Ailleurs il développe sa pensée dans un passage que je rapporterai tout entier parce qu’il prête une force singulière aux observations que j’ai présentées plus haut : « Si une fille doit vivre à la campagne, de bonne heure tournez son esprit aux occupations qu’elle y doit avoir, et ne lui laissez point goûter les amusements de la ville… Si elle est d’une condition médiocre de la ville, ne lui faites point voir des gens de la cour : ce commerce ne servirait qu’à lui faire prendre un air ridicule et disproportionné… Formez son esprit pour les choses qu’elle doit faire toute sa vie ; apprenez-lui l’économie d’une maison bourgeoise, les soins qu’il faut avoir pour les revenus de la campagne, pour les rentes et pour les maisons qui sont les revenus de la ville… et enfin le détail des autres occupations d’affaires ou de commerce dans lequel vous prévoyez qu’elle devra entrer, quand elle sera mariée. » Ces occupations, c’est le vrai rôle et la dignité de la femme ; car, selon le même Fénelon « il faut un génie bien plus élevé et plus étendu pour s’instruire de tous les arts qui ont rapport à l’économie… que pour jouer, discourir sur des modes, et s’exercer à de petites gentillesses de conversation. » C’est aussi son vrai bonheur, et je ne vois pas sans regret que beaucoup de femmes soient devenues par leur faute, comme des étrangères dans leur famille, ignorantes des affaires du mari, qu’elles ne connaissent souvent que par leur ruine, une sorte d’objet de luxe qu’il entretient à grands frais, et qu’il montre, mais auquel il ne tient que par vanité.

129. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Dans ce dessein, il a dû placer à coté de chaque ridicule le vice particulier qu’engendre ou nourrit sa faiblesse, afin qu’il apprît à s’en garantir. […] Fleurant, m’a tout appris sans me vouloir rien apprendre. […] Le roi, l’ayant appris, lui dit un matin, à l’heure de son petit lever : On dit que vous faites maigre chère ici, Molière, et que les officiers de ma chambre ne vous trouvent pas fait pour manger avec eux. […] C’est l’art même qui doit nous apprendre à nous affranchir des règles de l’art. […] « Le grand Condé, dit-il, exigeait de Molière qu’il le vînt voir souvent, et disait qu’il trouvait toujours à apprendre dans sa conversation. » 122.

130. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

« Une lettre, de tous les incidents connus le plus connu, apprend aux galants qu’ils sont joués, à Alceste qu’on ne l’aimait pas assez pour lui faire le sacrifice d’amants moqués. […] Rousseau se trompe, en effet, quand il dit que Cléante vole son père ; car le valet seul est coupable, et son maître n’apprend la faute que pour la réparer. […] C’est ainsi qu’après avoir dépensé toute son énergie dans l’algarade faite à Bélise, il n’ose plus souffler mot, quand, resté seul avec sa femme, il apprend d’elle sa ferme résolution de marier Henriette à Trissotin. […] L’Amour médecin est fait, appris, et représenté en cinq jours. […] Je n’ai point appris ces choses-là ; chacun sait ce qu’il a appris. — Josse.

131. (1800) Des comiques d’un ordre inférieur dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VII) pp. 294-331

Les soins inutiles que j’ai pris de l’imiter m’ont appris qu’il est inimitable, et c’est beaucoup pour moi que la gloire d’avoir été souffert où il a été admiré. » Boursault, qui s’était bien trouvé des pièces à tiroir, et qui apparemment se sentait plus fait pour les détails que pour l’invention et l’ensemble, voulut mettre encore une fois Esope sur la scène, et ne mit pas dans cette nouvelle pièce plus d’intrigue et de plan que dans l’autre. […] Pour comble de bonheur, ils apprirent la mort de Deprade, qui était demeuré à Alger chez un autre patron. […] L’œil voit d’abord ce mont dont les antres profonds Fournissent à Paris l’honneur de ses plafonds, Où de trente moulins les ailes étendues M’apprennent chaque jour quel vent chasse les nues.

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