. — Concours de Molière, La Fontaine, Boileau et Racine, pour exalter les brillantes qualités du roi. — Ils favorisent le règne naissant de la galanterie. […] Bientôt il conduit Racine, son ami, chez la duchesse, et Racine, qui d’un autre côté s’était lié avec Boileau, l’y amena aussi. […] En 1661, Molière était âgé de 41 ans, La Fontaine de 40, Boileau de 25, Racine de 22. […] Boileau, ce Boileau qui depuis affecta des mœurs si rigides, fit l’apologie de Joconde. […] Trois fois la semaine, elle s’assemble à la rue du Vieux-Colombier, chez Boileau.
En nommant Chapelain, Cottin, Ménage entre les amis qui demeurèrent attachés à la marquise octogénaire, je ne m’inquiète guère pour sa mémoire, des satires de Boileau contre les deux premiers, et je suis fort rassuré sur leur compte par les éloges que Boileau lui-même a mêlés à ses épigrammes, par restitue de Montausier, par celle de Voltaire, et surtout par leurs œuvres. C’est en parlant des satires de Boileau contre eux, que Montausier mécontent avait prononcé ce jugement mis en vers par Boileau lui-même : Tout n’en irait que mieux, Quand de ces médisants l’engeance tout entière Irait, la tête en bas, rimer dans la rivière. […] Boileau trouvait fort bon que l’on vantât dans Chapelain, l’honneur, la foi, la probité. […] Voltaire est évidemment dans l’erreur : c’est seulement en 1664 et 1665 que Boileau, pour la première fois, a publié des épigrammes contre Chapelain. […] On ne voit pas fa possibilité du déchaînement supposé de l’hôtel Rambouillet en représaille des épigrammes et satires de Boileau, durant les derniers jours d’une femme de 82 ans.
Le duc de Montausier aimait Chapelain, protégeait Cottin, maltraités par Boileau et par Molière même. Dans une boutade il avait dit qu’il faudrait jeter dans la rivière les faiseurs de satires : paroles que Boileau a parodiées dans ces vers que j’ai déjà cités : Et tout n’irait que mieux Si de ces médisants l’engeance tout entière Allait la tête en bas rimer dans la rivière. […] Boileau surtout avait besoin que Montausier joignît son suffrage à ceux qu’il obtenait de la cour. Les choses étant ainsi, Molière put croire que ce serait un coup de maître de faire maltraiter les mauvais auteurs par Montausier sous le nom d’Alceste, de la même manière que Boileau et lui en usaient dans leurs ouvrages, c’est-à-dire de le montrer faisant la guerre au mauvais goût sans la faire aux personnes. C’était en effet un coup de maître pour Molière, de représenter Montausier, ce censeur énergique, sous les couleurs les plus nobles, et d’opposer son caractère même aux prétentions de bel esprit sans esprit, et le poète sans talent ; de le montrer intraitable pour un mauvais ouvrage, quelque honnête, quelque estimable que fut l’auteur, en respectant en lui l’homme de bien et de mérite ; précisément comme Racine et Boileau prétendaient en user avec Chapelain, Cottin et leurs semblables.
Despréaux n’oublia pas cette décision de Molière, et en fit un précepte dans son art poétique, chant 4e. […] Ce fut lui qui, étant invité à un grand repas par deux juifs fort riches, alla à midi chercher son frère Despréaux, et le pria de l’accompagner, l’assurant que ces Messieurs seraient charmés de le connaître. Despréaux, qui avait quelques affaires ; lui répondit qu’il n’était pas en humeur de s’aller réjouir. […] Boileau, le rencontrant un jour dans la rue, lui en voulut parler. […] Boileau, en s’animant dans son discours contre la passion du vin buvait avec lui, jusqu’à ce qu’enfin le prédicateur et le nouveau converti s’enivrèrent.
Comme Molière voulait déguiser leurs noms, il pria son ami Boileau de leur en faire de convenables. Boileau en composa en effet qui étaient tirés du Grec, et qui désignaient le caractère de chacun de ces Messieurs. […] Le Roi demeura pensif ; et Despréaux, s’apercevant qu’il avait fait une faute, se mit à baisser les yeux, ainsi que les autres Courtisans. « Si bien donc, reprit le Roi, que Despréaux n’estime que le seul Molière ? […] » « Et où est l’homme, répondait Despréaux, à qui il n’échappe jamais une sottise ? […] Boileau, 1674, Art poétique, III, p. 400.
Si les femmes romaines n’avaient point provoqué par leurs excès la colère de Juvénal, il est à croire que les Françaises du XVIIe siècle auraient trouvé dans Boileau un peintre plus indulgent. […] Quant aux écrivains formés sous Mazarin, mais dont la fécondité glorieuse est contemporaine des premières années de ce long règne, ce sont Molière, Bossuet, La Fontaine, Boileau, Racine. […] Boileau ne reçut une pension qu’après la publication de ses satires ; l’ancien pensionnaire de Fouquet, La Fontaine, n’en reçut jamais. […] On peut faire pis encore : quoi qu’en dise Boileau, Auguste n’a pas fait Virgile ; mais il a tué Cicéron. […] Boileau fit l’ode sur la prise de Namur.
II. — Voir Boileau, Satire X, 216. […] Boileau, Art poétique, ch. […] Le jugement de Boileau sur Quinault (Sat. […] Lire les Œuvres de Quinault (Paris, 1739, 1778, 1842) : Boileau a raison au nom du goût et au nom de la morale. […] Boileau, Satire IX, v. 152.
. — Caractère moral du quatrumvirat de Molière, La Fontaine, Racine et Boileau. Le roi était tout-puissant sur la nation par sa gloire, par le noble usage qu’il faisait de sa gloire même : Molière était tout-puissant près du roi par le plaisir qu’il donnait à la cour, par la louange, par le concert de louanges que Racine et Boileau, ses jeunes amis, guidés par ses conseils et son exemple, prodiguaient à l’envi au monarque. Racine, en 1664, dans La Renommée aux muses, Boileau, en 1665, dans son Discours au roi, avaient porté l’art de louer au plus haut degré. […] Molière, La Fontaine, Boileau et Racine, furent des courtisans sans doute. […] Boileau était courtisan quand il disait à Louis XIV : Grand roi, cesse de vaincre, ou je cesse d’écrire.
On sait que Boileau l’avait attaqué dans ses premières satires, dont il a depuis retranché son nom. […] Boileau était excusable de prendre la querelle de son ami ; mais Boursault vengea la sienne propre bien noblement. […] Une autre épître est adressée à ce même Despréaux, à la tête de la comédie des Ménechmes. […] Il avait même fait une autre pièce, qui a pour titre le Tombeau de Boileau, et dans laquelle il y a des traits dignes de Boileau lui-même. […] Regnard reproche à Boileau d’être jaloux de lui : il ne travaillait pourtant pas dans le même genre.