On a écouté ce morceau avec un respect à peine tiède ; on entendra presque tout, si vraiment ce tout est repris, avec une glaciale indifférence.
C’est la voix du cœur et du bon sens ; et il ne serait pas malheureux qu’on l’écoutât davantage aujourd’hui, dans les lettres, et partout.
Écoutez donc.
Le faux Fédéric a déjà vingt ans, quand son père s’avise d’avoir des remords, qu’il n’écoute pas longtemps, grâce à son avarice et aux conseils de son valet Brighel ; ce Brighel est aussi le confident de Diane, elle lui avoue que, sous le nom de sa sœur Beatrix, elle a épousé secrètement Flaminio, amant de cette même sœur. […] Arnolphe est goguenard ; il aime à plaisanter les époux maltraités, et craint pour lui le mépris qu’il attache à leur disgrâce ; il est dévoré de jalousie, et il est forcé de paraître écouter avec satisfaction le rival qui, sans lui donner le temps de respirer, vient à chaque instant lui raconter ses succès. […] Le spectateur, forcé d’écouter Alceste, pour rire ensuite avec le fagotier, sentit peu à peu tout le mérite du premier, et le philosophe moral lui parut enfin digne d’occuper la scène, sans le secours du bouffon. […] Je l’écoute avec les égards que mérite sa noble audace ; hélas ! […] Philaminte, Armande, Bélise sont trois fausses savantes ; mais l’une est altière, l’autre prude, la dernière coquette : Armande et Henriette ont écouté les vœux du même homme ; mais la première prétend frissonner en songeant aux suites du mariage, la seconde se complaît dans l’idée d’avoir un mari, des enfants, un ménage.
On entend une sonnette de l’intérieur : il écoute, & indique, par son geste, que c’est Madame Murer qui sonne.
Continuez, continuez ; je vous écoute.
Écoutez-la au sortir d’un bal où elle a essuyé les fades galanteries d’un tas de jeunes fats. […] — Point, je n’écoute pas.
Il y a plus : des spectateurs, que le déplacement et la dépense rendent exigeants à double titre, ne sont pas venus, n’ont pas payé pour écouter et voir exactement les mêmes hommes qu’ils peuvent rencontrer chaque jour : ils veulent mieux, ils veulent plus que l’avare, le grondeur, le patelin, le jaloux, le pédant, qui est de leur parenté, de leur voisinage ou de leur quartier ; et, en cela, leur vœu conspire avec le besoin du poète. […] Ailleurs, deux hommes entrent en scène : l’un fuit l’autre et le repousse ; il l’accable des reproches les plus humiliants, et ne veut pas même écouter sa justification. […] On parle, on écoute, et il semble qu’on agisse ; de simples confidences deviennent des situations ; il n’y a aucun mouvement sur la scène, et tout y paraît animé. […] Racine avait eu raison de dire : Montfleury n’est point écouté à la cour ; il aurait pu ajouter : et Molière y est estimé. […] Oui, je vous le dirai, écoutez : qui a jamais ouï miauler un chat quand il donne une sérénade à sa maîtresse, ou grogner un cochon quand il fait un compliment à une truie, a ouï chanter comme Pierrotin chanta votre chanson et la mienne. »D’Assoucy, qui tire vanitéde ses plus méchant vers, et qui ne fait pas grâce au lecteur de son plus plat impromptu, n’aurait certainement pas attribué à Molière un couplet d’une de ses chansons, si celui-ci n’en eut pas été véritablement l’auteur.
Je ne sais pas, dit-il, De quel air on écoute Vos auteurs nébuleux auxquels je n’entends goutte, Et tout leur bel esprit ne fait que m’étourdir, Moi, qui cherche à comprendre avant que d’applaudir. […] Écoute seulement ce soupir amoureux, Vois ce regard mourant, contemple ma personne, Et quitte ce morveux et l’amour qu’il te donne. […] Tartuffe agit et parle différemment; il montre, il est vrai, sur toutes choses un esprit fort rigide; et, comme le dit encore Dorine : S’il le faut écouter et croire à ses maximes, On ne peut faire rien qu’on ne fasse des crimes ; Car il critique tout, ce critique zélé. […] Enfin Elmire, malgré son brusque changement de conduite envers Tartuffe, malgré les justes soupçons que celui-ci en conçoit et les objections embarrassantes qu’il lui fait à cet égard, Elmire, en rappelant avec adresse la manière dont elle a d’abord écouté l’aveu de son amour et les circonstances qui l’ont suivi, finit par le persuader complètement, et semble, par cet heureux triomphe, recevoir la récompense de sa modération. […] Mais puisque la parole enfin en est lâchée, À retenir Damis me serais-je attachée, Aurais-je, je vous prie, avec tant de douceur Écouté tout au long l’offre de votre cœur, Aurais-je pris la chose ainsi qu’on m’a vu faire, Si l’offre de ce cœur n’eût eu de quoi me plaire ?