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23. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Peut-être n’est-il pas aussi éloigné de penser à son salut que sa cour le croit. […] Cette lettre disait entre autres choses : « Le roi commence à penser sérieusement à son salut et à celui de ses sujets. […] On voit que madame de Maintenon n’y était pour rien : c’est ce que pensaient le duc de Saint-Simon et Voltaire ; l’un, détracteur impitoyable de cette femme illustre, l’autre, ennemi juré de toute persécution, ardent ennemi du fanatisme religieux. […] Laissons aux âmes communes (et madame de Montespan était du nombre, malgré la distinction de son esprit la satisfaction de penser, ou de le dire, que madame de Maintenon mit en œuvre tous les manèges de la coquetterie pour se faire aimer du roi, et elle qui, pouvant devenir sa maîtresse, le ramène à ses devoirs de mari. […] Enfin elle avait encore tant de charmes que tout le monde pensa qu’il était impossible que le roi la vit si souvent et dans une telle intimité sans en être passionnément amoureux.

24. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. De l’Etat, de la Fortune, de l’Age, du Rang, du Nom des Personnages. » pp. 39-75

Je songe qu’à cet égard-là les autres pensent aussi peu à moi que j’y songe moi-même. […] On a toujours bonne grace : voilà ce que je pense. […] Mais savez-vous bien que vous me dites des douceurs, sans y penser. […] Pourquoi sans y penser ? Moi, j’y pense.

25. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Pieces à scenes détachées. » pp. 45-60

« Le grand nombre de farces que nous avons dans ce genre ne permet pas de penser qu’il soit bien difficile à traiter. […] Mes Lecteurs ne seront pas, je pense, de son avis : ils auront remarqué dans l’extrait non seulement une exposition simple autant qu’intéressante ; une intrigue bien graduée, & variée tantôt par la jalousie de l’amant, tantôt par celle de l’amante, tantôt par les contradictions de l’oncle ; un dénouement inattendu qui termine tout au gré des acteurs & des spectateurs : ils auront encore fait attention à l’adresse du nœud général ; il est ourdi de maniere que chaque fâcheux trouve l’amant dans une situation bien prononcée, à la portée de tous les cœurs, & qu’il sert à la rendre plus piquante. […] A la suite d’un de ces repas tumultueux où chaque convive se croit obligé de faire preuve d’esprit, où l’on pense comme Scarron que La digestion est meilleure Lorsqu’on dispute un bon quart-d’heure, j’ai entendu critiquer précisément ce que nous venons d’admirer : « Puisque Moliere, disoit-on, a fait rouler son action, son intrigue, son dénouement sur l’amour, il a tort de n’avoir pas filé dans chaque acte une ou deux scenes qui caractérisassent cette passion ». […] Je pense qu’à la fin je perdrai patience.

26. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IV » pp. 38-47

Et enfin, il n’est pas déraisonnable de penser que l’état d’humiliation où la première jeunesse du roi fut tenue par sa déraisonnable mère, lui rendait impossible cette confiance en lui-même et dans les autres, qui est le premier véhicule de l’amour ; qu’il ne voyait dans Anne d’Autriche qu’une femme attachée à lui par le devoir ; qu’il avait besoin d’être relevé de cette dépression par la tendresse de personnes désintéressées. […] « Elle était, dit Mademoiselle, révérée, adorée ; c’était un modèle d’honnêteté, de savoir, de sagesse, de douceur… La dévotion que j’ai pour elle fait que je me suis un peu écartée de mon sujet ; mais je me suis assurée que je ne déplairai point à mon lecteur en parlant d’une chose si adorable. » On voit par les lettres de Voiture que la marquise de Rambouillet et Julie, sa fille, écrivaient fort simplement ; ce qui autorise à penser qu’elles parlaient de même. […] Il dit à la fille, à l’occasion d’une plaisanterie un peu moqueuse : « Je pense, mademoiselle, vous l’avoir dit quelquefois, vous êtes plus propre à écrire un cartel qu’une lettre. » Mais n’anticipons pas.

27. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXV » pp. 402-412

Le même jour, cette dame étant allée chez madame de Montespan, celle-ci la pensa étrangler et lui fit une vie enragée. […] Il n’est pas difficile de deviner ce que madame de Maintenon pensait et des bouderies de madame de Montespan et des dérèglements continuels du roi. […] Mais il se trouva, dit madame de Sévigné, que le duc du Maine, remis de la fatigue du voyage, se portail mieux qu’on ne pensait.

28. (1850) Histoire de la littérature française. Tome IV, livre III, chapitre IX pp. 76-132

L’homme mûr retrouvera son bien dans les essais du jeune homme, qui ne pensait d’abord qu’à s’amuser le premier de ses pièces. […] Il la tient sous clef, non en jaloux, il est trop vain pour être jaloux, mais par système ; il pense l’avoir formée parce qu’il la voit résignée, et convaincue parce qu’elle cède. […] Arnolphe, fort secoué d’abord, pense à couper court à l’intrigue. […] Dans la comédie de caractère, si les gens ont de l’esprit, c’est sans qu’ils s’en doutent ; s’ils font rire, c’est quand ils pensent le moins être risibles. […] Alceste s’avise de dire ce qu’il pense du sonnet d’Oronte ; voilà son travers.

29. (1910) Rousseau contre Molière

mais ce qui est encore une indication d’auteur sur ce qu’on doit penser du personnage. […] Ils sont bien loin, il n’y pense plus. […] Il y a, pense-t-on généralement, deux manières d’exciter à la vertu. […] II pense que l’homme est bon et va tout droit au bien. […] Voilà ce que je n’aurais jamais pensé, et je suis bien aise d’apprendre qu’elle est de cette humeur.

30. (1838) Du monument de Molière (Revue de Paris) pp. 120-

Il y a vécu, il y a pensé, il y est mort. […] Que penserait-on du respect des habitans de la Brède, s’ils abattaient la maison où vécut l’auteur de L’Esprit des Lois ? […] J’ai souvent pensé à l’ostracisme, et je n’ai pas tout-à-fait blâmé le paysan à la coquille.

31. (1886) Revue dramatique : Les Fâcheux, Psyché (Revue des deux mondes) pp. 457-466

Le public n’y pense guère, ou, s’il y pense, ce n’est pas pour se plaindre ni réclamer ; et si, d’aventure, on lui proposait ce supplément de chefs-d’œuvre, il n’en ferait pas plus de cas, sans doute, que de ceux qu’on lui présente déjà. […] Mais j’avais mieux dit d’abord : il est dieu tout court ; il est Molière parce qu’il est Molière ; on ne pense pas qu’il ait de commencement ni de fin ; et où est-il ? […] On ne pense pas à remonter autrement l’ouvrage : on a raison.

32. (1820) Notices des œuvres de Molière (V) : L’Amour médecin ; Le Misanthrope ; Le Médecin malgré lui ; Mélicerte ; La Pastorale comique pp. 75-436

La satire, il est vrai, sortait de la bouche de dom Juan, qui ne croit à rien de ce qu’il faut croire, ne respecte rien de ce qu’il faut respecter ; et, bien que son incrédulité, criminelle et absurde sur quelques points, pût être innocente et raisonnable sur d’autres, les médecins et le public hésitèrent peut-être d’abord à penser que l’auteur eût fait, d’un si odieux personnage, l’interprète de ses vrais sentiments, même en une matière qui n’intéresse ni la foi, ni la morale ; mais L’Amour médecin, qui suivit de près Le Festin de Pierre, vint dissiper le doute, et prouver que Molière n’était pas moins impie en médecine que dom Juan. […] Il définissait un médecin, « Un homme que l’on paie pour conter des fariboles dans la chambre d’un malade, jusqu’à ce que la nature l’ait guéri, ou que les remèdes l’aient tué. » Molière pensait de la médecine ce qu’en ont pensé les plus graves philosophes, les plus justes appréciateurs des opinions humaines. […] Alceste, pour faire connaître ce qu’il pense du sonnet, n’attend pas que la lecture en soit achevée. […] Vivant avec les beaux esprits de l’hôtel de Rambouillet, je ne pense pas qu’il poussât la franchise jusqu’à leur dire brutalement que leurs vers étaient détestables (je suppose qu’il avait du goût, et qu’il les trouvait souvent tels). […] Sage, il n’exige pas de ses semblables plus de perfection que la nature humaine, en général, n’en comporte ; et, s’il en a lui-même davantage, sa modestie lui défend de le penser ou du moins de s’en enorgueillir.

33. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. » pp. 144-179

Le comique naît encore de la simplicité de l’héroïne, qui blesse mortellement son jaloux sans penser faire le moindre mal, & le lui avoue avec l’ingénuité la plus piquante. […] Vous pouvez penser, mêmement ceux qui ont expérimenté amour, combien tous ces discours étoient agréables à Maître Raimon. […] Je pense que les gens de goût ne balanceront pas pour prononcer entre les deux exercices. […] Sur lui, sans y penser, fis-je choir quelque chose ? […] Ils pensent, je gage, que Moliere n’a pas eu grand mérite à faire les changements que nous avons remarqués ; ils jugent que tout homme à sa place auroit eu le même art.

34. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLII. De l’art d’épuiser un Sujet, un Caractere. » pp. 493-503

Et, sur ce fondement, Peut-être pensez-vous qu’il vit obscurément ; Et que de ses pareils l’austere économie Exerce incessamment toute sa prud’hommie ; Qu’il excelle dans l’art de vivre à peu de frais ; Qu’avec le jour naissant il s’enferme au Palais ; Qu’à ce triste devoir son ame est asservie, Et qu’à l’amour du bien il immole sa vie ? […] Vous vous moquez, je pense, avec de tels propos Dorante. […] On sait que tout humain pense différemment là-dessus, non seulement selon son âge, son sexe, son éducation, mais encore selon la trempe plus ou moins forte de son esprit.

35. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII.*. M. PIRON. » pp. 277-287

Jusqu’à ce moment nous avons dit notre façon de penser sur toutes les imitations bien ou mal faites qui sont passées sous nos yeux, nous allons suivre une autre méthode. […] Ne semble-t-il pas, à vous entendre, ai-je dit à mes amis, que je sois prêt à faire la guerre aux petits filous du Parnasse, à ces faméliques rimailleurs qui pensent se faire un nom en pillant dans un livre inconnu des vers adressés à la premiere des Cloris, à la doyenne des Hébé. […] L’avare Financier, d’une main de forfante, Lâche sur un contrat trois mille écus de rente ;  On a de l’Auditeur Quarante mille écus en billets au porteur ; le Capitaine cede un coffret plein de neuf ou dix mille pistoles : & quand ils pensent venir recueillir le fruit de leur fausse générosité & de leur amour intéressé, on leur avoue le tour qu’on leur a joué.

36. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. » pp. 420-425

Personne n’est plus que moi l’admirateur de Moliere : l’on s’en apperçoit, je pense, & le Lecteur dit peut-être de moi ce que Dorine dit d’Orgon à propos de Tartufe : . . . . . Pour une maîtresse Il ne sauroit, je pense, avoir plus de tendresse ; Enfin il en est fou.

37. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXII. Des Caracteres principaux ou simples, des Caracteres accessoires, des Caracteres composés. » pp. 337-349

Je vous arrête là : vous avez vingt-six ans ; C’est l’été de vos jours, par conséquent le temps D’inspirer, d’éprouver une flamme constante : Car l’âge de penser d’une façon prudente, De sentir fortement est aussi la saison. […] Notre âge est assorti mieux que vous ne pensez. […] Vous vous avisez d’y penser pourtant.

38. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

Qu’on ne pense pas que ce soient les lois de la guerre et les ordonnances militaires qui empêchent les soldats de faire des fautes. […] La politesse passa du sénat aux ordres inférieurs, voire au plus bas étage du menu peuple ; et si en leur cause, on doit croire leur témoignage, ils ont effacé ensuite toutes les grâces et toutes ces vertus de la Grèce, et ont laissé son atticisme bien loin derrière leur urbanité. » Ici Balzac nous apprend que de son temps ce mot d’urbanité n’était pas encore reçu en France : il pense que quand l’usage l’aura mûri, et aura corrigé l’amertume de la nouveauté, nous nous y accoutumerons , comme à d’autres que nous avons empruntés de la même langue. […] Balzac pense qu’à l’aménité, ils joignaient cette grandeur « dont il leur était impossible de se défaire, parce qu’elle tenait à leur cœur et à leur esprit, parce qu’elle avait racine en eux et n’était pas appliquée sur leur fortune.

39. (1871) Molière

Propre, comme je pense, à rosser les épaules ; Car il est bien en main, vert, noueux et massif. […] En vain Mazarin dissimulait sous le fard sa lente agonie ; il ne trompait personne, excepté le roi jeune et superbe, et qui ne pensait pas que l’on pût mourir. […] Un jour, tout ce monde heureux, charmant, épanoui, qui ne savait pas comment était fait le nuage, accepta l’invitation du surintendant Fouquet d’accompagner, dans sa maison de Vaux, Louis XIV… qui s’était invité lui-même ; et pensez donc à la fête, au voyage, au contentement de toute cette jeunesse ! […] Il avait pensé d’abord à mettre à chaque pièce une préface, à l’exemple de Corneille, et dans cette préface, il eût expliqué sa poétique. […] Ainsi, ne pensez pas que, dans son épître dédicatoire à Madame (de vos têtes de morts la plus touchante, ô grand Bossuet !)

40. (1886) Molière : nouvelles controverses sur sa vie et sa famille pp. -131

Je ne suis pas de ceux pour qui Molière est en dehors et au-dessus de toute discussion et qui refusent à la critique le droit de penser sur son compte comme elle le veut et de le dire comme elle le pense. […] Ceux qui pensent sainement en matière littéraire sont éclectiques et savent concilier toutes les admirations. […] Pense-t-on que les chancelleries accordassent des lettres d’émancipation sans s’être éclairées sur l’âge et la capacité des impétrants ? […] Loiseleur pense et croit certain que Molière a été condamné par sa femme à jouer dans la vie le rôle de Sganarelle. […] Et les courtisans donc, non moins perspicaces assurément, pensez-vous qu’ils n’eussent pas de suite éventé le mystère ?

41. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. Des Comédies Allégoriques. » pp. 75-90

Je pense qu’on y tâche : Pourquoi ce lavement ? […] plus qu’on ne peut penser. […] Je pense que nous devons abandonner les allégories de la premiere espece à nos bons aïeux ; celles de la seconde, au théâtre de Nicolet & des spectacles qui rivalisent avec les guinguettes ; celles de la troisieme, à l’Opéra Comique, lorsque tout-à-fait gelé, morfondu par des sentences qu’on veut bien appeller philosophiques, il sera obligé de se réchauffer16 en redevenant licencieux ; celles enfin de la quatrieme espece, aux Auteurs de Londres, qui, sur la scene, représentent tranquillement l’Etat sous l’allégorie d’une charrue ou d’une charrette bien ou mal conduite, selon les Ministres qu’ils y attelent.

42. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. Des Reconnoissances. » pp. 399-421

Si je demandois aux fanatiques du nouveau genre ce qu’ils pensent des reconnoissances larmoyantes, ils s’écrieroient surement que rien n’est plus beau, plus divin, plus digne de charmer la Cour & la Ville ; & ils me citeroient d’abord, avec raison, les reconnoissances de l’Ecole des Meres comme deux très beaux morceaux. […] Alors mon homme, aidé du simple sens commun, pourroit lui répondre, je pense : « Puisque la satisfaction du cœur a deux façons de s’exprimer, gardez votre joie pleureuse pour les pieces que je viens voir avec l’intention d’y pleurer ; mais lorsque, sur la foi de votre affiche, je vous donne de l’argent pour rire, régalez-moi, je vous prie, d’un plaisir qui soit gai, & qui ne ressemble pas si fort au chagrin ». […] Le voici avec un de ses confreres, je pense. […] Là, j’ai entendu la plus belle aventure du monde ; j’ai pensé éclater de joie.

43. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE PREMIER. Part de la Morale dans la Comédie de Molière. » pp. 1-20

Elle voudrait faire rire seulement, et elle fait penser. […] Il se contentait de mettre les mœurs en tableaux, de dessiner nettement un caractère, de faire ressortir les travers d’un personnage par le contraste exagéré d’un autre, sans presque jamais dire ce qu’il pensait au fond, ni vouloir, comme le font souvent les modernes, proposer aux spectateurs, dans l’espèce de problème moral qu’il agitait devant eux, une solution si secondaire à ses yeux qu’elle manque absolument à quelques-uns de ses chefs-d’œuvre. […] Que pense-t-il, lui, d’Alceste et de Philinte, et quel est entre eux deux le modèle idéal qu’il rêve ? […] Molière, qui voulait faire rire, cherchait au contraire ces exagérations, et pensait qu’on ne devait ni les blâmer ni s’en offenser : « Les véritables savants et les vrais braves ne se sont point encore avisés de s’offenser du Docteur de la comédie, et du Capitan, non plus que les juges, les princes et les rois, de voir Trivelin ou quelque autre, sur le théâtre, faire ridiculement le juge, le prince on le roi. » Préface des Précieuses ridicules.

44. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. » pp. 436-488

Mais penses-tu qu’il soit bien résolu d’aller à Venise ? […] Du manteau je passerois aux habits ; mais je pense qu’il suffira de dire que chaque piece de son accoûtrement est une antique. […] Ce vieux rat de college a un fils qui, je pense, est receleur des perfections que la nature a volées au pere. […] Ma foi, je m’en entretenois aussi moi tout seul ; & même, à force d’y penser, je crois avoir trouvé un remede. […] Est-ce de dessein prémédité ou sans y penser ?

45. (1802) Études sur Molière pp. -355

On se permet dans cette pièce une infinité de retranchements, et les comédiens pensent avoir là-dessus carte blanche, puisque les commentateurs n’ont cessé de leur répéter, que Molière, de son vivant, les avait soufferts. […] À vous, prétendus connaisseurs, qui ne pensez pas qu’un roi de théâtre puisse remplir un trône, s’il n’est gros et gras comme quatre, s’il n’est entripaillé comme il faut, et voulez que les héros ne parlent qu’avec emphase. […] Que pensez-vous, lui dis-je, de l’actrice qui a joué Dorine ? […] J’ai déjà dit quelque part, je pense, qu’un des grands moyens de Molière pour faire ressortir ses personnages, était de ne les rendre faibles que par le côté qu’il voulait attaquer. […] Qu’en pense le lecteur ?

46. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

On voit que l’auteur n’a pas besoin d’attendre l’inspiration : il fait des chansons comme la Fontaine fait des fables, sans recherche, sans effort, presque sans y penser. […] Disciple des Collé, des Piron, des Favart, il fut admis par eux à cet ancien caveau, véritable académie du plaisir, qui fut aussi, plus souvent qu’on ne pense, l’académie du bon, goût. […] Mais, quand tout semble conspirer pour l’anéantissement des institutions, quand tous les bras sont en mouvement pour renverser l’édifice social, à quoi pensent les hommes chargés de le soutenir ?

47. (1870) La philosophie dans le théâtre de Molière (Revue chrétienne) pp. 326-347

Mais ceci doit suffire, je pense, pour faire juger du tout, et le lecteur « est déjà charmé de ce petit morceau (10). » — Que sera-ce, quand il verra tous les magnifiques résultats auxquels conduit cette méthode vraiment divine ! […] Un principe : n’admettre que l’évidence, et dans la ferme résolution de rejeter tout ce dont on peut douter, ne s’arrêter que devant le : « Je pense, donc je suis. » C’est ce qu’on a appelé le doute méthodique. […] La substance qui pense y peut être reçue, Mais nous en bannissons la substance étendue (35). […] On en a eu, je pense, des preuves assez éclatantes ; mais que dis-je jurer ? […] passe encore pour la morale, mais tout le reste ne vaut pas la peine qu’on y pense. »Le mot est dur, mais surtout il est clair.

48. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE II. La Débauche, l’Avarice et l’Imposture ; le Suicide et le Duel. » pp. 21-41

C’est donc à Molière qu’il faut demander ce qu’il pense ; c’est sur nous tous qui le lisons et l’admirons qu’il faut chercher quelle est son influence. […] Ici, c’est assez de montrer que Molière, en nous divertissant, pense et nous fait penser qu’il faut être vertueux, non-seulement par intérêt, mais pour la vertu même et pour Dieu qui nous la commande ; non-seulement pour nous, mais pour tous ceux qui nous entourent et dont nous sommes, responsables. […] Voici ce que pensait Saint-Evremond de celui des Italiens : a Leur Festin de Pierre feroit mourir de langueur un homme assez patient, et je ne l’ai jamais vu sans souhaiter que l’auteur de la pièce fût foudroyé avec son athée. » (Sur les tragédies, dans Les Véritables œuvres de M. de Saint-Evremond, 2e édit., Londres, 1706, tome III, p. 143).

49. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. » pp. 500-533

Dans la premiere scene de l’Ecole des Femmes, Arnolphe & Chrisalde se regardent mutuellement en pitié, parceque l’un pense mettre son front à l’abri de toute insulte en épousant une femme sotte ; & que l’autre croit au contraire l’honneur d’un mari plus en danger entre les mains d’une idiote que d’une spirituelle. […] Je fais voir pour une personne toute l’ardeur & toute la tendresse qu’on peut imaginer : je n’aime rien au monde qu’elle, & je n’ai qu’elle dans l’esprit : elle fait tous mes soins, tous mes desirs, toute ma joie : je ne parle que d’elle, je ne pense qu’à elle, je ne fais des songes que d’elle, je ne respire que par elle, mon cœur vit tout en elle ; & voilà de tant d’amitié la digne récompense !.... […] Les enfants de village, à qui on ne confie ni papier ni plume, trouvent le secret de satisfaire leur ardeur naturelle pour l’imitation, sur l’écorce des arbres, avec le limon qu’ils pêtrissent à leur gré, avec un charbon dont ils pensent merveilleusement parer les murs de leur chaumiere. […] Nous entendons pour la premiere fois un morceau de musique bien fait ; qui de nous pense d’abord à examiner si l’air tendre & touchant exprime bien le sentiment d’un cœur foible & passionné ? […] Une peinture, dans quelque genre qu’elle soit, est bien foible quand elle nous laisse le sang-froid de la juger par comparaison : il faut qu’elle nous transporte dans le temps & le lieu où l’action s’est passée : il faut que nous pensions la voir de nos yeux ; que nous partagions, par exemple, les malheurs d’Orgon & ceux de toute sa famille ; que nous craignions de voir échapper Tartufe aux châtiments qu’il mérite.

50. (1898) Molière jugé par Stendhal pp. -134

La tête est faible, je lis des romans et je pense beaucoup à nos amis, signes de faiblesse. […] Quant à l’argent, tous les autres ont mon caractère : ils n’y pensent jamais que quand il en manque. […] J’ai pensé ensuite qu’il peint bien le génie de G.  […] Je pense qu’il me fuit. […] Sans cela il serait du ton du pamphlet, où les personnages disent d’eux-mêmes le mal qu’on en pense.

51. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du point où doit commencer l’action d’une fable comique. » pp. 172-177

Il en est qui, plus indulgents, n’exigent presque point d’avant-scene ; & je pense que ces derniers se sont totalement trompés. […] Il n’a jamais attaqué le ridicule du caractere & les travers de l’esprit : il n’a songé qu’à attendrir, sans penser à corriger.

52. (1884) La Science du cœur humain, ou la Psychologie des sentiments et des passions, d’après les oeuvres de Molière pp. 5-136

Pensant toujours à son or, ne pouvant s’empêcher d’en parler, il suppose que les autres y pensent comme lui ; il les oblige à y penser alors qu’ils n’y songeaient point. […] Après les avoir impassiblement écoutés, il dit à Sganarelle : « Tu pleures, je pense !  […] Quel est l’époux amoureux de sa femme qui dans une situation semblable ne penserait pas de même ? […] Ce qui revient à dire : l’homme pense, imagine, raisonne, juge comme il sent. 2° Il n’y a pas de faculté appelée raison. […] Privé des éléments générateurs de la raison, il croit bien penser, bien juger, être dans la voie de la vérité, du bien et de la justice, alors qu’il déraisonne complètement.

53. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Vachier se plaignit qu’on lui eût fait cette injure, et il pensait qu’il y avait là préméditation. […] Et pensez-vous d’ailleurs qu’un misanthrope comme moi, capricieux, si vous voulez, soit propre auprès d’un grand ? […] Tout donne à penser que Molière avait quitté Béziers depuis longtemps. […] Continuez cependant à vous faire des efforts, ils feront leur effet lorsque vous y penserez le moins. […] Molière pensa mourir du message, et ne put se résoudre qu’après bien des assurances réitérées.

54. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. De l’Action, du Nœud, des Incidents. » pp. 165-171

Je consens pour un instant que l’Auteur transporte son action dans un siecle tout-à-fait ignorant : Lise & Grand Simon, simples au point de consulter un médecin pour savoir où est un chien perdu, & ce que pense une fille, le seront-ils jamais au point de prendre les pilules qu’il leur ordonne ? […] parceque le spectateur est continuellement balloté par des événements qui se contrarient sans cesse, qui l’éloignent de la conclusion quand il croit y toucher, ou qui l’en rapprochent tout-à-coup quand il pense en être bien loin.

55. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVIII. De l’exposition des Caracteres. » pp. 433-447

Je pense qu’il est assez question de lui dans cette scene. […] Orgon demande à Marianne ce qu’elle pense de Tartufe, & lui dit de bien prendre garde à ce qu’elle répondra. […] Valere est enchanté, & l’est trop pour penser au Glorieux, aussi-bien que Lisette.

56. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Cependant, que pensez-vous de Lulli, mon Père ? […] et penses-tu qu’elle ira se servir de ses oreilles amoureuses à t’écouter ? […] Du Sicilien datent tous ces ingénieux petits actes auxquels personne n’avait pensé, avant Molière. […] Philinte pense, tout bas, du sonnet d’Oronte ce qu’Alceste en pense tout haut ; mais Philinte n’a guère envie, pour de méchants vers, de désobliger cet excellent Oronte qui, poésie à part, a toutes les bonnes qualités d’un homme bien élevé. […] Penser naturellement c’est rester dans la singularité d’esprit qui nous est échue.

57. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. Des Scenes. » pp. 223-249

Personne n’est, je crois, assez ignorant pour penser que j’entends par le commencement d’une scene sa premiere ligne, par la fin, sa derniere, & par le milieu, celle qui est à égale distance de la premiere & de la derniere. […] C’est à vous d’en sortir, vous qui parlez en maître : La maison m’appartient, je le ferai connoître, Et vous montrerai bien qu’en vain on a recours, Pour me chercher querelle, à ces lâches détours ; Qu’on n’est pas où l’on pense, en me faisant injure ; Que j’ai de quoi confondre & punir l’imposture, Venger le ciel qu’on blesse, & faire repentir Ceux qui parlent ici de me faire sortir. […] Vous vous moquez, je pense. […] Depuis que dans la tête il s’est mis d’être habile, Rien ne touche son goût, tant il est difficile : Il veut voir des défauts à tout ce qu’on écrit, Et pense que louer n’est pas d’un bel esprit ; Que c’est être savant que trouver à redire ; Qu’il n’appartient qu’aux sots d’admirer & de rire, Et qu’en n’approuvant rien des ouvrages du temps, Il se met au-dessus de tous les autres gens : Aux conversations même il trouve à reprendre ; Ce sont propos trop bas pour y daigner descendre, Et les deux bras croisés, du haut de son esprit, Il regarde en pitié tout ce que chacun dit.

58. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XII. Réflexions Générales. » pp. 241-265

Il faut se demander d’abord quels étaient les sentiments moraux de Molière, ce qu’il pensait lui-même du vice, de la vertu, du devoir. […] Ou ne rentre point ici dans le détail de tout ce que Molière a dit d’excellent sur l’homme, sur la femme, sur l’amour, sur le mariage, sur les ouvrages de l’esprit, sur la patrie et sur la religion, car ce serait recommencer ce livre ; mais on répète que des pensées si hautes et si justes, exprimées avec tant de génie, même quand elles n’ont la prétention que de divertir, font penser, et penser utilement. […] Il pense à tout ce qu’une scène habile, sans prétention à l’enseignement moral, mais du moins sans immoralité, peut offrir d’utilité pour la société.

59. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. » pp. 411-419

Nous avons aussi mon neveu le Chanoine, qui a pensé mourir de la petite vérole. […] Il vous connoît mieux que vous ne pensez. . . . . . .

60. (1879) Les comédiennes de Molière pp. 1-179

Sans penser à la défendre, Moi qui la chérissais tant, Je ne pensai qu’à me rendre : Un autre en eût fait autant. […] Aussi quand Racine fit Andromaque, il ne pensa qu’à elle pour ce grand rôle. […] Croyez-moi, celui-ci sera de même, et vous le jouerez mieux que vous ne le pensez. […] « Il y a lieu de penser que l’opposition faite, suivant Grimarest, au mariage de Molière put venir de Geneviève. » Il ne faudrait pas, sous prétexte que Molière fut l’amant de Madeleine, dire qu’il ne fut pas l’amant de Geneviève. […] Que pensez-vous d’Anne Cochon et d’André Cochon, son père ?

61. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IX. De l’Adultère et des Amours faciles. » pp. 166-192

Que penser d’une pièce où le parterre applaudit au mensonge, à l’infidélité de celle-ci, et rit de la bêtise du manant puni ?  […]   Satire X, v. 131 :   Par toi-même bientôt conduite à l’opéra,   De quel air penses-tu que ta sainte verra   D’un spectacle enchanteur la pompe harmonieuse,   Ces danses, ces héros à voix luxurieuse,   Entendra ces discours sur l’amour seul roulans,   Ces doucereux Renauds, ces insensés Rolands ;   Saura d’eux, qu’à l’amour, comme au seul dieu suprême,   On doit immoler tout, jusqu’à la vertu même ;   Qu’on ne sauroit trop tôt se laisser enflammer ;   Qu’on n’a reçu du ciel un cœur que pour aimer ;   Et tous ces lieux communs de morale lubrique   Que Lulli réchauffa des sons de sa musique ? […] III. — Il suffit, je pense, de citer, sans faire ressortir ce qu’il y a de monstrueux dans ces théories. […] III, Si la comédie d’aujourd’hui est aussi honnête que le prétend l’auteur de la Dissertation : « Les airs de Lulli, tant répétés dans le monde, ne servent qu’à insinuer les passions les plus décevantes, en les rendant les plus agréables et les plus vives qu’on peut par le charme d’une musique… : c’est là précisément le danger, que pendant qu’on est enchanté par la douceur de la mélodie, ou étourdi par le merveilleux du spectacle, ces sentiments s’insinuent sans qu’on y pense, et plaisent sans être aperçus ; » chap.

62. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Ce sont amusements de ma jeunesse, premiers essais de mon imagination émancipée, au sortir de la longue enfance où nous avions tous perdu notre liberté de penser sous la tyrannie d’une lettre morte. […] Ces choses incontestables, ces vérités qui semblent si bien établies, le sont beaucoup moins qu’on ne pense, et c’est là un second et plus grave motif pour lequel la science ne doit pas s’en occuper. […] L’honnête homme, l’homme distingué, comme on dit en France aujourd’hui, est un sage qui veut plaire et qui plaît, comme l’oiseau chante, comme l’insecte bourdonne, sans y penser, avec un ait naturel. […] S’il pense, il ne veut pas en avoir l’air ; s’il dit des choses sérieuses, parfois tristes, il en demande pardon par un sourire. […] De même le peuple en général, et les chefs des anciennes familles royales de la Grèce n’ont jamais pensé ni parlé comme les personnages d’Eschyle ; ils ont encore moins approché de la beauté de ceux de Sophocle.

63. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVI. De l’opposition des Caracteres. » pp. 398-416

Je pense... […] Je pense... […] Vous vous piquez, Marquis, de tant d’indifférence, Que, lorsqu’on vous estime, on fait beaucoup, je pense.

64. (1858) Molière et l’idéal moderne (Revue française) pp. 230-

Ils ne maudissent pas Dieu, ils ne pensent pas à lui ; leurs croyances ne sont ni confirmées ni troublées par les accidents de leur vie, attendu qu’ils n’ont pas de croyances, qu’ils n’en cherchent pas, qu’ils ne savent pas ce que ce mot veut dire. […] Croyez-vous que la femme qu’ils pensent aimer va satisfaire l’ardeur égarée de leurs immenses désirs ? […] Dans la scène des portraits, pensez-vous que la fameuse sortie : Allons, ferme, poussez , parte d’un cœur désintéressé ?

65. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IV. Jugement sur les Hommes de Molière. » pp. 65-82

Pour le peintre et le sculpteur, l’art est une belle tête sur la toile, qui nous fasse penser, ou un beau corps de marbre, qui nous émeuve ; pour le comédien, une bonne comédie qui fasse rire. […] À la lumière de la rampe, qui pense d’Alceste ce qui en a été dit au chapitre précédent ? […] Et quand je dis peuple, je ne dis pas populace : mais tout le public pour qui Molière écrivait, et dont l’immense majorité va toujours croissant, tandis que diminue le petit groupe des rêveurs qui usent le temps à penser.

66. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

« Que penser, dit-il, d’une créole publique, veuve à l’aumône de ce poète cul-de-jatte (Scarron), et de ce premier de tous les fruits d’un double adultère, rendu à la condition des autres hommes, qui abusent de ce grand roi au point qu’on le voit, et qui ne peuvent se satisfaire d’un groupe de biens, d’honneurs, de grandeurs, si monstrueux et si attaquant de front l’honnêteté publique, toutes les lois et la religion, s’ils attentent encore à la couronne même ? […] L’orgueil étant désintéressé, elle se laissa aller à ce que pensait et pratiquait le couvent, soit par cette disposition à sympathiser avec des opinions générales, disposition qui formait un des traits de son caractère, soit par cette ambition d’estime, d’affection, de considération qui lui était propre aussi, et qui commençait à se développer en elle. […] Nous verrons plus loin ce qu’il faut penser d’un moment de froideur témoignée plus tard par le roi à madame Scarron.

67. (1769) Éloge de Molière pp. 1-35

Et fera-t-on cet outrage à l’humanité de penser que le vice n’ait besoin que de se montrer pour entraîner tous les cœurs ? […] Tous ces drames, mis à la place de la vraie Comédie, ont fait penser qu’elle était anéantie pour jamais. […] et s’il en existe encore, pense-t-on qu’en renonçant au manteau noir et au jargon mystique, ils aient renoncé à la perfidie et à la séduction ? […] De bons esprits ont pensé qu’il fallait la révolution d’un siècle pour renouveler le champ de la Comédie.

68. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XI. De la Religion. Principe et Sanction de la Morale de Molière. » pp. 217-240

Cela n’est-il pas merveilleux que me voilà ici et que j’aie quelque chose dans la tête qui pense cent choses différentes en un moment, et fait de mon corps tout ce qu’elle veut ? […] Le philosophe regarde les tartuffes comme des monstres qui insultent à la fois la dignité humaine et la grandeur de Dieu ; à leur vue, le chrétien ne peut s’empêcher de penser à la parole divine : « Prenez garde de faire vos bonnes œuvres devant les hommes pour être vus d’eux ; autrement vous n’aurez point de récompense chez votre Père qui est dans les deux. […] Qu’on se rappelle son indulgence, son dévouement, sa charité, ses belles paroles sur la vraie piété789 ; et l’on dira que voilà le vrai chrétien, qu’il serait à souhaiter que tout le monde fût chrétien comme lui ; et l’on pensera avec lui Que les dévots de cœur sont aisés à connoître… : Ce ne sont point du tout fanfarons de vertu : On ne voit point en eux ce faste insupportable, Et leur dévotion est humaine, traitable : Ils ne censurent point toutes nos actions ; Ils trouvent trop d’orgueil dans ces corrections ; Et, laissant la fierté des paroles aux autres, C’est par leurs actions qu’ils reprennent les nôtres. […] Vivant dans une société et’ parmi des amis illustres, qui discutaient vivement les questions religieuses ; protégé par un roi qui s’occupait de religion, même au milieu des plaisirs, et avait à ce sujet des opinions très arrêtées ; menacé comme comédien par la doctrine, et condamné par la discipline de l’Église ; ayant devant les yeux des exemples tristes de l’abus que les hypocrites et les ambitieux peuvent faire des choses saintes ; porté d’ailleurs par le caractère universel et touche-à-tout de son génie ; forcé enfin par les agressions déloyales de rivaux jaloux qui, le trouvant inattaquable sur tout le reste, croyaient le surprendre sur ce point, — un jour, il voulut dire, et dit franchement, dans deux comédies, ce qu’il pensait de la religion.

69. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Il est de ceux qui disent : « Quand je ne parle pas, je ne pense pas » et qui croient penser quand ils parlent. […] Celui-ci n’a pas compris ou peut-être n’a pas voulu comprendre que la tirade de Chrysalde à laquelle il fait allusion (IV, VIII) n’est qu’une taquinerie et une gouaillerie rabelaisienne de Chrysalde à l’adresse d’Arnolphe et loin d’être ce que pense Molière n’est pas même ce que pense sérieusement Chrysalde. […] Ceci dit pour poursuivre la nuance et pour être juste, puisque la vérité est dans les nuances, revenons et disons qu’en son ensemble et en sa couleur générale Molière est l’homme du bon sens moyen, l’homme de pensée impersonnelle, qui pense ce que tout le monde pense,-, ou qui se résigne à ne penser que cela et qui, si tant est qu’il s’y résigne, se trouve assez à l’aise dans cette résignation. […] Que penser d’une pièce où le public applaudit à l’infidélité, au mensonge, à l’impudence de celle-ci et rit de la bêtise du manant puni ?  […] Comme les médecins exploitent la terreur de la mort, il a pensé à exploiter la terreur de l’enfer ?

70. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Mais qu’aurait pensé Sganarelle, et qu’aurait pensé et qu’aurait dit le pauvre de cette subite conversion ? […] Le Sganarelle de Molière ne songe guère à se faire ermite, et savez-vous à quoi il, pense, le bonhomme ? Il pense… à ses gages ! […] Et tu penses que nous portons pour rien un bâton ferré ? […] — Excusez tout ce radotage, mais les pensions sont aujourd’hui quelque chose de si embarrassant !

71. (1706) Lettre critique sur le livre intitulé La vie de M. de Molière pp. 3-44

Je ne fais point de façon, Monsieur, de vous dire ce que je pense de la Vie de Molière ; votre discrétion m’a accoutumé à vous dire mes sentiments sans réserve : et dès que vous le souhaitez, je ne puis me dispenser de vous satisfaire sur cet article. […] Pour moi, je n’en crois rien ; et je penserais plutôt que secouru de quelqu’un contemporain de Molière, il a broché son Ouvrage, qui est négligé en quelques endroits ; et je jurerais que ce quelqu’un est Baron : car ce Livre est autant sa Vie que celle de Molière : et ce qui me le ferait croire encore davantage, ce sont les louanges outrées que l’Auteur lui donne un peu trop légèrement, surtout lorsqu’il dit hardiment : Qui depuis Molière a mieux soutenu le Théâtre-Comique que Baron ? […] Molière avait raison de penser tout cela comme homme de bon esprit et de probité ; mais il avait grand tort de le dire, comme Comédien.

72. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « PRÉFACE. Du Genre & du Plan de cet Ouvrage. » pp. 1-24

Tout paroît aisé dans l’art de la comédie pour quelqu’un qui n’en a pas la moindre connoissance ; il n’est point de jeune Auteur qui ne pense pouvoir faire une comédie toutes les semaines ; mais, à mesure qu’il fait un pas dans la carriere, les difficultés croissent autour de lui, & sont autant de barrieres qui l’empêchent de voler à ce terme brillant qu’il croyoit toucher, & qu’il ne voit plus que dans le lointain ; il cherche alors, s’il est prudent, à régler sa marche sur celle de ses prédécesseurs. […] Quant aux Auteurs qui trouvent nos peres trop simples d’avoir ri à la comédie, qui blâment par conséquent les anciens, s’écartent tout-à-fait de leur maniere, & pensent s’immortaliser en usurpant le poignard de Melpomene pour le remettre à Thalie, ou qui lui font faire la grimace en la forçant de sourire d’un œil & de pleurer de l’autre, ils ont trop bien pris leur parti pour que mes réflexions puissent leur paroître bonnes. […] J’agirai même avec plus de circonspection avec eux, puisque je dirai hardiment ce que je pense des peres de la comédie, & que je ne présenterai au contraire mes réflexions sur les ouvrages des modernes, que comme des doutes.

73. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIX. De l’action dans les Pieces à caractere. » pp. 448-468

En voilà, je pense, assez pour nous faire voir que ce nouveau projet de Lisette va désormais animer la partie amoureuse de la piece, & qu’elle n’aura plus aucun rapport avec la Métromanie. […] Je vais, dans le discours, Leur donner à penser que mon pere est toujours Dans cet état brillant, superbe & magnifique, Qui soutint si long-temps notre noblesse antique, Et leur persuader que par rapport au bien Qui fait tout leur orgueil, je ne leur cede en rien. […] Il leur fait des mensonges à chacun en particulier ; & lorsqu’ils pensent être d’accord, ils s’apperçoivent qu’ils sont toujours rivaux.

74. (1819) Notices des œuvres de Molière (I) : L’Étourdi ; Le Dépit amoureux pp. 171-334

Molière pensait bien ainsi ; car il ne s’est point fait un scrupule de répéter la scène du Dépit amoureux, d’abord dans Le Tartuffe, ensuite dans Le Bourgeois gentilhomme : il l’a répétée, mais en la variant, puisqu’il ne pouvait l’embellir ; il s’est imité lui-même, mais en homme supérieur qui sort glorieusement de la plus redoutable des concurrences, de celle qui lui donne son propre génie pour adversaire. […] J’ai dit ailleurs ce qu’il faut penser, en général, de ces prétendus emprunts dont la riche, mais vaniteuse Italie grossit ridiculement la dette réelle que notre littérature a contractée envers la sienne.

75. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. De la Gradation. » pp. 342-351

Que sans penser seulement que tu fusses là.... […] Mais ne pense pas que je sois assez folle pour copier Lucinde.

76. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVIII. Les Caracteres des hommes n’ont pas plus changé que ceux des professions. » pp. 303-311

mais elle le pensera : elle aura, comme les femmes savantes, un bureau de bel esprit chez elle, où l’on jugera en dernier ressort tous les ouvrages nouveaux ; où elle ne manquera pas de critiquer la piece d’un Auteur, par la seule raison qu’il ne va pas chez elle, & qu’il dédaigne son faux savoir, autant que sa maison de campagne, & son cuisinier ; où elle ne manquera pas de faire élever aux nues les productions d’un moderne Trissotin, par la seule raison encore qu’il lui présente de petits vers dans lesquels il la nomme, avec autant d’effronterie que de bassesse, une dixieme Muse. […] Pense-t-on qu’en le mettant pendant toute la piece dans la nécessité de se composer, ses situations ne deviendront pas monotones ?

77. (1769) Idées sur Molière pp. 57-67

Les jeunes gens pensent communément qu’il charge trop. […] Je pense qu’on a bien fait d’en essayer d’autres.

78. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XII. Lo Ipocrito et Le Tartuffe » pp. 209-224

N’y pensez plus. […] Qu’ils y pensent ceux qui les ont prises !

79. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIX » pp. 319-329

« Mandez-moi tout ce qu’on dit, tout ce que vous pensez… Quel plaisir d’être enfermée89, pour les raisons que vous dites ! […] D’un autre côté, peut-on penser que l’accent de madame Scarron dans l’expression de son chagrin, cet accent qui alla au cœur du roi, ne sortît du cœur de la gouvernante dont la douleur n’était pas toute pour la perte de l’enfant et s’était accrue de la douleur du père ?

80. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Molière ne se dissimula point les dangers qu’il allait courir ; il connaissait ses ennemis, puisqu’il les avait peints ; il savait mieux que personne de quoi étaient capables les héros de son Tartuffe : il pensa bien que les fourbes, blessés au vif, allaient crier à l’esprit fort, à l’athéisme ; il les vit d’avance allumer le bûcher. […] On pense bien que cette diatribe, tombée aujourd’hui dans un oubli profond, fut reçue avec de grands applaudissements de toute la cabale ; il m’a paru utile, sous plus d’un rapport, d’en faire revivre les principaux passages. […] Quelques commentateurs ont pensé qu’en ajoutant cette scène, Molière avait eu pour but de faire ressortir davantage celle qui suit, et qui est si comique par l’incrédulité de madame Pernelle. […] Pensez-vous, parce que vous me voyez vêtu en homme de bien, que je n’aie pas été toute ma vie un larron, le scandale des antres et la perdition de moi-même ? […] « Onuphre ne pense point, dit-il, à profiter de toute la succession d’un homme opulent, ni à s’assurer une donation générale de tous ses biens, s’il s’agit surtout de les enlever à un fils, le légitime héritier.

81. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XV » pp. 175-187

De notre temps (de notre temps qui, selon les uns fait époque, et selon les autres lacune dans la littérature française) on pense que les genres en se démêlant se sont appauvris, que les tons en se soutenant se sont affaiblis. […] Des vers qui étaient entendus avec frémissement comme les blasphèmes d’un insensé contre les prêtres, Les prêtres ne sont pas ce qu’un vain peuple pense, Notre crédulité fait toute leur science.

82. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Prologues. » pp. 118-138

Voici ce qu’il dit : Présentement, s’il y a parmi vous quelqu’un qui dise ou qui pense que si le vieux poëte n’avoit pas attaqué le nouveau, ce dernier n’ayant à médire de personne, n’auroit pu faire de prologue. […] L’homme ne songe pas à faire du mal au tigre, mais le tigre ne pense qu’à faire du mal à l’homme. […] Qui eût pensé que Tou-ngan-cou, poussé par la jalousie qui divise toujours les Mandarins d’armes & les Mandarins de lettres, tromperoit le Roi, & le porteroit à faire mourir toute notre maison, au nombre de trois cents personnes ?

83. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX & dernier. Des causes de la décadence du Théâtre, & des moyens de le faire refleurir. » pp. 480-499

Si tu te glisses dans le sanctuaire des arts, que ce soit sous nos auspices ; ou, loin de nous, loin du théâtre, ton audace infructueuse55. » Il suffit de penser, pour sentir qu’un pouvoir aussi illimité, aussi despotique, n’a pu que détruire le théâtre. […] Parcourons rapidement l’histoire de toutes les pieces depuis l’instant où elles sont offertes aux Comédiens jusqu’après leur représentation ; les preuves de ce que j’avance s’accumuleront naturellement, & deviendront, je pense, très convaincantes. […] Il seroit, je pense, un moyen de faire fleurir les spectacles toute l’année, sans sacrifier aucun Auteur : le voici.

84. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE V. L’Éducation des Femmes. » pp. 83-102

Pensez-vous, après tout, que ces précautions Servent de quelque obstacle à nos intentions ? […] Une femme d’esprit peut trahir son devoir : Mais il faut, pour le moins, qu’elle ose le vouloir ; Et la stupide, au sien peut manquer d’ordinaire, Sans en avoir l’envie et sans penser le faire331. […] Après cela, les délicats ont reproché à Molière les mots fameux de la tarte a la crème et des enfants par l’oreille 333 ; les pudibonds se sont indignés de la scène où la pauvre Agnès dit presque, et fait penser une obscénité, à propos du bout de ruban que lui a pris Horace 334.

85. (1885) La femme de Molière : Armande Béjart (Revue des deux mondes) pp. 873-908

Toute profession très absorbante, — et aucune plus que celle-là ne prend son homme tout entier, — imprime une marque spéciale aux idées et au langage ; quelle que soit l’originalité de caractère que la nature ait donnée à un comédien, il sent et pense, voit et parle d’une manière qui lui est plus ou moins commune avec tous ceux qui montent sur les planches. […] Mais si un comédien pense et écrit de façon spéciale, encore plus une comédienne, qui joint au tour d’esprit et de langage particuliers à sa profession celui qu’elle doit à son sexe. […] Continuez cependant à faire vos efforts ; ils feront leur effet lorsque vous y penserez le moins. […] Cette liaison n’est guère admissible ; non parce que Baron était tenu envers Molière par les devoirs d’une reconnaissance filiale : ce que l’on sait de cet insupportable fat, très dégagé de préjugés comme tous les dons Juans, permet de penser qu’une telle considération ne l’aurait pas retenu. […] On trouve, en effet, dans cet Elomire hypocondre, qui n’est pas plus suspect de partialité envers elle qu’envers son mari, une scène que l’on n’a pas assez remarquée et qui donne à penser.

86. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

On pensait que, la chose étant si commune, il fallait bien qu’elle eût un nom. […] Pensez-vous qu’il établira à l’instant une école primaire ; ou même que, d’accord avec le bailli, il fondera une institution de rosières ? […] Ne pensez pas que nous voyons actuellement ce nom de Tartufe, à travers le personnage, et que notre esprit et notre oreille soient séduits par l’habitude ! […] Madame, on n’a point pensé à cela, assurément. […] Bernard pense qu’on regardera deux fois avant d’entrer dans une auberge de si belle apparence, où l’on ne peut manquer de payer fort cher.

87.

Voulez-vous que je vous dise sincèrement ce que j’en pense ? […] Ainsi, dès le lever du rideau, Flipote est assise et dort, Cléante est assis et pense. […] Le Prélat lui dit : “Que pensez-vous que l’Église puisse faire contre lui ? […] Il pensait que ces sculptures remontaient à l’an 1200, et qu’elles avaient fourni à La Motte le sujet de sa fable intitulée Le Pouvoir électif. […] Lorsque Shylock a perdu sa fille, enlevée par le marchand Antonio, sur quoi pensez-vous que sa pensée se porte ?

88. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Lacroix qui pense que ces vers signifient que la pièce était de Molière. […] Je n’ai pas pensé que j’étais trop austère pour une société domestique. […] Mais, malgré l’envie, Molière faisait penser aussi ; il enseignait et châtiait. […] Pas tant que vous pensez. […] La de Brie ne devait pas être, je pense, si laide, malgré son âge.

89.

Tout donne à penser que cette anecdote est fausse. […] Je ne rapproche pas ici les deux procédés pour faire ressortir le plus généreux, ce serait trop facile et moins juste qu’on ne pense. […] L’auteur avait pensé qu’il fallait remplacer le bel esprit du siècle de Louis XIV par une excentricité littéraire d’un autre genre plus hollandais et plus moderne. […] Je pensais qu’il ne fît que des gants. » Et M.  […] L’épître « À telle qui n’y pense pas » en tête du premier volume, est signée Gélasire.

90. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

Car, deux siècles tantôt passés ont bien pu nous conquérir toutes les libertés  : les nécessaires, les superflues, et même les dangereuses ; ils ne nous ont pas encore donné le droit de penser sur Molière comme nous voudrions, et de le dire comme nous le penserions. […] Et de quel air pense-t-on qu’il supportât lui-même d’être ainsi loué ? […] Ils ont pensé tous que le nécessaire était sans doute moins de renouveler le fonds des sujets, que d’en modifier, chacun selon son génie, la disposition. […] Voilà tout le profit qu’un dévot, faux ou vrai, pouvait alors songer à tirer de sa dévotion ; et je laisse au lecteur à penser s’ils étaient beaucoup qui en fussent avides. […] Ainsi les caractères de cette langue sont bien les caractères du genre d’esprit et de la façon de vivre, de sentir ou de penser qu’elle traduit.

91. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

J’affirmerai, et à bon droit, je pense : c’est-à-dire, preuves en main. […] Un pauvre tend son chapeau à la portière ; il y jette une pièce de monnaie et n’y pense plus. […] Il est dommage, malgré cela, que Louis XIV, bien qu’absolu, n’ait point pensé qu’il pouvait faire plus encore. […] Je le pense. […] Je ne pense point que vous soyez ce que vous dites.

92. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. » pp. 251-273

Je pense, ma foi, que vous êtes fou de les interrompre : ne voyez-vous pas bien que tout cela est de leur personnage ? […] Les Rois, pour être Rois, ne cessent pas d’être hommes : pensez-vous que... […] Béatrice lui demande la permission de parler à son Médecin, pour lui dire ce qu’elle pense de sa maladie.

93. (1881) Molière et le Misanthrope pp. 1-83

Non, encore une fois, Molière, emporté par la force de son génie, s’est proposé de faire la satire de son temps et de tous les temps ; il n’a jamais pensé à soulager son cœur sur la scène et à nous apitoyer sur ses infortunes personnelles. […] C’est l’amour qui parle, à coup sûr ; mais c’est aussi, je pense, la suprême impartialité de l’observateur planant au-dessus de ses propres misères, allant aux causes et absolvant Armande au nom de la faiblesse humaine qu’il sent en son propre cœur et de l’éternelle faillibilité féminine. […] Il ne pensait point alors à maudire les hommes, et encore moins les femmes sans doute. […] Et je pense que tout le monde trouvera avec moi que cela était assez beau et assez grand ! […] Encore, dis-je, qu’il verse là dans ses exagérations accoutumées et rende même l’indignation comique, — n’importe, la cause est juste, l’indignation est de bon aloi, non contre la nature humaine, mais contre Tartuffe, Grippeminaud et Brid’Oison, — trop heureux, comme je le disais tout à l’heure, que nous n’ayons plus aujourd’hui affaire à ces Messieurs et soulagé de penser que si Alceste revenait au monde, il gagnerait infailliblement son procès.

94. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Nous savons aujourd’hui, grâce aux confidences d’Eckermann, ce qu’il pensait de Molière. […] Vous pouvez penser de la langue de Beaumarchais tout ce que vous voudrez, vous n’en penserez jamais autant de mal que je ne fais moi-même. […] Car, qu’y a-t-il de plus inconséquent que de penser d’une façon et de parler ou d’agir d’une autre ? […] Chez eux aussi, dit-on, chacun pense, parle et agit, comme soi, sans crainte du ridicule. […] Je pense que vous exagérez, mon cher ami.

95. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Vers & de la Prose dans les Comédies. » pp. 103-117

Que vous pourriez penser. […] Que vous pourriez penser.

96. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXV. Du contraste des Caracteres. » pp. 386-397

J’ose penser que si le public ne croit pas dans la premiere scene voir autant le Philanthrope que le Misanthrope, ce n’est ni au titre ni à l’annonce que l’Auteur en a l’obligation : c’est encore moins à la précaution de mettre dans la bouche d’Alceste des raisons triomphantes & de faire de Philinte un sot ; de bien plaider la cause du Misanthrope, de mal plaider celle du prétendu Philanthrope ; mais à l’adresse de différencier les deux rôles sans les faire contraster, puisqu’Alceste est l’ennemi déclaré du genre humain, & que Philinte, loin d’être l’ami déclaré des hommes, les plaint sans les aimer, souffre leurs défauts uniquement par la nécessité de vivre avec eux, & l’impossibilité de les rendre meilleurs. […] D’ailleurs, loin de penser que Moliere soit l’ami des contrastes, je l’en crois l’ennemi capital ; du moins ai-je de la peine à trouver un contraste parfait dans une seule de ses pieces à caractere.

97. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIII » pp. 237-250

D’ailleurs, il s’agit ici de cercles, de conversations ; et madame de La Sablière tient un rang considérable dans leur histoire : sachant ce qu’en pensait madame de Sévigné, nous entendrons mieux ce qu’en dit La Fontaine67 : ……………………………………… Le nectar, que l’on sert au maître du tonnerre… C’est la louange, Iris. […] Les murs auraient amplement contenu Toute sa vie…………………………… Au fond du temple on eût vu son image, Avec ses traits, son souris, ses appas, Son art de plaire et de n’y penser pas… J’aurais fait voir à ses pieds, des mortels, Et des héros, des demi-dieux encore, Même des dieux : ce que le monde adore Vient quelquefois parfumer ses autels.

98. (1836) Une étude sur Molière. Alceste et Célimène (La Revue de Bordeaux et Gironde unies) pp. 65-76

— Je vous avoue à mon tour, lui dit son ami, que vous êtes plus à plaindre que je ne pensais ; mais il faut tout espérer du tems. » Dans le mariage de Molière, dans les chagrins qui le suivirent, nous pouvons trouver le germe du misantrope ; Alceste, l’homme supérieur qui aime Célimène la coquette. — Cette donnée, toute personnelle, s’élargit, se féconda dans la tête puissante de Molière, et devint le chef-d’œuvre de l’artiste et du penseur; ici Molière saisit à la fois l’individu dans tous ses détails et la société dans son ensemble. […] Rousseau pense que dans la scène du Sonnet, le comique naît de l’embarras du misantrope et de ses : je ne dis pas cela, répétés ; je suis tenté de croire tout le contraire : ce n’est point le biais que prend Alceste, c’est sa franchise même qui est ridicule ; dire la vérité quand il est de bon ton de mentir, c’est manquer à toutes les convenances.

99. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

Les jeunes gens pensent communément qu’il charge trop : j’ai entendu blâmer le pauvre homme! […] Il n’y a point d’auteur qui fasse plus rire et qui fasse plus penser : quelle réunion plus heureuse et plus sûre! […] Je ne vous en ai pas empêché, que je pense. […] Pense-t-on que ce soit par erreur? […] que ce qu’on pense.

100. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [31, p. 59-61] »

Le fait qu’on y décèle (aux vers 317 et 330) deux formulations proches de Dom Garcie de Navarre incite à penser qu’il a été composé par Molière » (p. 1458) 193.

101. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. » pp. 71-105

Oui, vos dextérités veulent me détourner D’un éclaircissement qui vous doit condamner ; Et votre ame, feignant une innocence entiere, Ne s’offre à m’en donner une pleine lumiere Qu’à des conditions, qu’après d’ardents souhaits, Vous pensez que mon cœur n’acceptera jamais. […] Je sais pourtant bien ce que d’autres en penseront. […] Seigneur, songez à vous-même, ne vous inquiétez point de moi ; pensez à répondre à ce que je vous demande : si je ne vous satisfais pas, ma vie, mon honneur seront entre vos mains ; je ne me plaindrai point. […] Rodrigue, pensez-y bien ; vous vous en repentirez.

102. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [67, p. 103-104] »

J’ai donc fait un sermon sans y penser !

103. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE III. L’Honnête Homme. » pp. 42-64

Mais il a tort, quand, au lieu d’accepter qu’on garde au moins le silence sur les défauts des autres qu’on n’est pas chargé de corriger, il veut qu’on aille déclarer à chacun le mal qu’on pense de lui136. […] Toute la galerie de portraits des Fâcheux 161 est une revue de cette société raffinée et inoccupée, qui pense bien faire tant qu’elle ne fait pas clairement le mal. […] C’est ainsi qu’un bon écrivain est un homme utile, moins pour ce qu’il enseigne que pour l’habitude qu’il donne à ses lecteurs de penser raisonnablement.

104. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE X. Du Père, de la Famille, de l’Etat. » pp. 193-216

  On objectera en vain qu’au dix-septième siècle il avait des abus d’autorité paternelle consacrés par les lois et par les mœurs, et que Molière a entrepris une réforme utile en attaquant et en ridiculisant ces abus : ce n’est pas en détruisant qu’on réforme, et je ne pense pas que personne puisse aujourd’hui accepter cette mauvaise excuse, qui est celle de tous les méchants quand ils déclarent la guerre aux bons, de tous les tyrans quand ils étouffent la liberté. […] Chacun a sa tâche : le sénateur qui ne songe qu’à donner des mascarades741, le juge qui ne pense qu’aux profits de son métier742, sont aussi coupables que le bûcheron qui passe le temps à boire743, ou le ‌ 1 marchand à apprendre à danser744. […] Il dit aux demandeurs de pensions qui tournent autour des rois comme des chiens autour d’une cuisine : « Que font-ils pour l’Etat746 ? 

105. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Du Choix d’un Sujet. » pp. 25-38

La façon de penser des beaux esprits & des élégants ne tire point à conséquence. […] Ascagne, embarrassée par une pareille commission, dit à son amant : J’ai l’esprit délicat plus qu’on ne peut penser, Et le moindre scrupule a de quoi m’offenser, Quand il s’agit d’aimer ; enfin je suis sincere.

106. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. De la Catastrophe ou du Dénouement. » pp. 503-516

J’ai toujours admiré le dénouement de l’Amour Médecin, & j’ai été bien flatté de voir Riccoboni de mon sentiment, parcequ’il est très agréable de penser comme un homme de goût. […] Cette ruse d’enfer confond mon jugement, Et je ne pense pas que satan en personne Puisse être si méchant qu’une telle fripponne.

107. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre II. — De la poésie comique. Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul » pp. 97-110

Reposez-vous, et dites-moi ce que vous pensez de Molière. — Je pense, Monsieur, qu’il ne faut point tomber dans l’excès de William Schlegel.

108. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

Euclion répond : « Voulez-vous savoir ce que je pense, Mégadore ? […] Que penser d’une pièce où le public applaudit à l’infidélité, au mensonge, à l’impudence de celle-ci, et rit de la bêtise du manant puni ?  […] Je ne le pense pas. […] Comment penser, en effet, quand tout relève de vous, aboutit à vous ici-bas, que les astres se lèvent nonchalamment sur votre tête, et continuent d’y rouler, comme sur celle d’un obscur artisan, sans daigner régler ou du moins pronostiquer votre sort ? […] « Ce n’est pas peut-être une idée fausse, dit Voltaire, de penser qu’il y a des plaisanteries de prose, et des plaisanteries de vers. » 2.

109. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Regnard imitateur comparé avec la Bruyere, Plaute, & la nature. » pp. 5-50

Ménalque ne l’est pas moins, & ne dit pas ce qu’il en pense. […] Enfin il n’est présent ni attentif dans une compagnie à ce qui fait le sujet de la conversation, il pense & il parle tout-à-la-fois ; mais la chose dont il parle est rarement celle à laquelle il pense : aussi ne parle-t-il guere conséquemment & avec suite : où il dit non, souvent il faut dire oui ; & où il dit oui, croyez qu’il veut dire non. […] Je pense qu’oui : Assurément : Ah ! […] Pense donc bien vîte, & tâche de t’en souvenir.

110. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. D’Ancourt imitateur, comparé à Moliere, la Fontaine, Saint-Yon, le Sage, Montfleury, &c. » pp. 133-184

Mogicon a beau lui représenter qu’il pense mal, il persiste dans sa résolution. […] Vous auriez tort, repartit cette belle ; C’est un méchant : il me tint l’autre fois Propos d’amour, dont je fus si surprise, Que je pensai tomber tout de mon haut ; Car qui croiroit une telle entreprise ? […] je saurai bien me venger de vous, s’il est vrai, comme je le pense, que ce soit vous qui, par soupçon de ma conduite, me fassiez faire cette mauvaise plaisanterie. […] On n’y voit goutte, mais on tâte, Monsieur : ça est bien pensé ; des habits de femmes ! […] Elle s’appelle, je pense, Mademoiselle...

111. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVI. Des Caracteres nationaux. » pp. 268-283

ils vont s’aimer, je pense. […] Comment, Jacques Rosbif, mon ami, vous raillez, je pense ; vous tirez sur moi !

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