Un ancien poète a dit qu’une jeune fille est une fleur qui naît dans un jardin enclos1 ; j’en saurai respecter la candeur et le parfum. […] Mais les filles peuvent naître coquettes, et même elles naissent toutes coquettes, dans un sens qu’il est à propos de déterminer, « Les filles, dit Fénelon20, naissent avec un désir violent de plaire ; les chemins qui conduisent les hommes à l’autorité et à la gloire leur étant fermés, elles tâchent de se dédommager par les agréments de l’esprit et du corps ; de là vient qu’elles aspirent tant à la beauté et à toutes les grâces extérieures, et qu’elles sont si passionnées pour les ajustements ; une coiffe, un bout de ruban, une boucle de cheveux plus haut ou plus bas, le choix d’une couleur, ce sont pour elles autant d’affaires importantes. […] D’abord l’esprit de contradiction, qui fait que, dans l’ordre physique, un homme grand épouse, d’ordinaire, une petite femme, et réciproquement, et qui, dans l’ordre moral, a donné lieu à cet adage, que l’harmonie naît des contrastes. […] Elle est née dans une famille qui ne promettait guère une telle merveille. […] Pourquoi, née dans une condition bourgeoise, n’en remplirait-elle pas les devoirs ?
L’amour vrai ne naît point au hasard, par une séduction des sens, par une fascination des yeux, ni même par un agrément de l’esprit : tous ces charmes ne produisent que des caprices passagers, d’autant plus vite éteints qu’ils sont nés plus soudainement425, comme les belles passions de don Juan 426 ou les vieux désirs d’Harpagon 427. Il naît d’une conformité des âmes, qui sentent, par un penchant dominateur, qu’elles sont faites de manière à être heureuses ensemble : une vue intérieure fait découvrir à chacune d’elles que l’autre possède les qualités nécessaires pour le bonheur commun ; et un irrésistible attrait les pousse à se chercher et à s’unir pour la vie. […] Les hasards qui semblent le faire naître dans plus d’une pièce de Molière n’ont guère plus d’importance que les dénouements qui le couronnent : ce sont des nécessités de la comédie, qui ne peut commencer ni finir sans prétexte. […] La Bruyère dit que « l’amour qui naît subitement est le plus long à guérir » (Les Caractères, Du Cœur) ; mais je crois qu’il dépeint plutôt les accidents que l’essence même de l’amour. […] À côté d’une fleur fanée naît une fleur toute semblable, et des milliers de familles se reconnaissent sous la rosée aux premiers rayons du soleil.
On a dit qu’il naquit vers 1620 et l’on n’a donné à son père que la qualité de valet de chambre tapissier du roi. Il est certain que Molière est né à Paris en 1620 dans une maison qui subsiste encore sous les pilliers des halles, et que l’on croit être la troisième en entrant par la rue saint Honoré, et que son père était marchand frippier de même que valet de chambre tapissier chez le roi.
Il n’avait fait dans sa jeunesse aucune espèce d’études, et né en Bourgogne, il ne parlait encore à treize ans que le patois de sa province. […] Regnard fut évalué, on ne conçoit pas trop pourquoi, beaucoup plus cher que sa maîtresse; ce qui pourrait faire naître des idées peu avantageuses sur la beauté qu’il avait choisie, quoiqu’il la représente partout comme une créature charmante. […] Là, par cent mots piquants, enfants nés dans le vin, Nous donnerons l’essor à cette noble audace Qui fait sortir la joie et qu’avouerait Horace. […] Les scènes épisodiques du Gascon et du tailleur sont dignes du reste pour l’effet comique, et ces sortes de méprises, nées de la ressemblance, sont un fonds si inépuisable, que nous avons au théâtre italien trois pièces sur le même sujet, qui toutes trois sont vues avec plaisir. […] Cet auteur courait après l’historiette ou l’objet du moment pour en faire un vaudeville qu’on oubliait aussi vite que le fait qui l’avait fait naître.
Prouvons maintenant que, pour rendre ce même comique bon & digne de satisfaire le spectateur éclairé, la méprise qui le fait naître doit avoir deux qualités essentielles. […] Il en est qui naissent de l’adresse d’un acteur qui se donne pour tout autre que ce qu’il est. […] En détruisant celle que nous venons de citer, il en fait tout de suite naître une autre. […] J’exhorte les Auteurs à réfléchir sur ces deux petites méprises consécutives, à examiner l’art avec lequel elles sont variées, à bien apprécier sur-tout l’adresse avec laquelle Moliere les fait naître des différents caracteres des deux personnages qui les font, & comme ils se peignent eux-mêmes en les faisant.
Premiérement le plaisant qui naît de l’extrême disproportion qu’il y a entre les manieres ou le langage d’un homme, avec les airs & les discours qu’il veut affecter, auroit disparu chez un homme au-dessus de la Bourgeoisie, parcequ’après un certain état, l’uniformité d’éducation ne met plus de nuances entre les propos & les manieres des hommes : d’un autre côté, ce même contraste auroit été dégoûtant dans un homme au-dessous de M. […] Il s’est ménagé encore le plaisant qui naît de la bassesse de ce Courtisan intéressé qui ne rougit pas de passer dans l’esprit de Jourdain pour son Mercure, pourvu que le Bourgeois lui prête de l’argent & régale sa maîtresse.
Si l’obstacle naît du retour, le double titre est inutile ; si le retour n’enfante pas l’obstacle, c’est un défaut dans le drame, qu’il est très imprudent d’annoncer sur l’affiche. […] Faut-il qu’une femme soit née à Paris pour être coquette ? […] Charles Riviere Dufresny, né à Paris en 1648.
MOLIÈRE, (Jean Baptiste Poquelin de) fils et petit-fils de valets de chambre tapissiers du roi, né en 1620, mort le 17 février 1673. […] La bonne comédie naît enfin avec les Précieuses Ridicules ; ce n’était pas encore la perfection du genre, mais c’était l’ébauche du genre le plus parfait ; c’était à quelques égards, une farce, mais une farce morale et philosophique ; si le comique était un peu chargé, il était fort, il était vrai.
Je vous attendois à cette objection, & je dis : si les noms ont de la peine à fournir du vrai comique dans une seule scene, comment en feront-ils naître assez pour remplir toute une piece ? Je vais présentement remplir mes engagements avec la derniere exactitude, & je donnerai pour exemple une piece dans laquelle les noms seuls de quelques parures font naître l’intrigue, la filent, & la dénouent : Boursault, l’ennemi juré de Moliere, en est le pere. […] Il est des pieces dans lesquelles les acteurs, à l’aide d’un nom changé, jouent un personnage qui n’est pas le leur : mais il n’est pas question dans cet article de cette espece de comédie, parceque c’est du personnage qu’ils jouent, & non du faux nom, que naissent les situations & les plaisanteries : ces pieces doivent se ranger dans la classe de celles qu’un déguisement intrigue ; il étoit essentiel de faire en passant cette remarque.
Elle a de l’intérêt par elle-même ; il n’est pas indifférent à la morale, de voir comment cette femme, née dans une prison, d’un père protestant, qui se ruina au jeu et mourut à la Martinique, où elle fut laissée en gage à un créancier par sa mère obligée de venir chercher du pain en France ; renvoyée à sa mère, à quatorze ans, par ce créancier qui trouvait trop onéreux de la nourrir ; devient à quarante-cinq ans l’amie, la confidente d’un roi galant, parvient à le détacher de ses maîtresses, ne voulant prendre la place d’aucune, et à quarante-huit ans devient la femme de ce roi, plus jeune qu’elle de trois ans. […] Elle est née le 27 novembre 1635, dans la prison de la conciergerie de Mort, où son père était renfermé. […] En se prêtant aux exhortations des personnes qui la pressaient de se convertir, elle disait : « J’admettrai tout, pourvu qu’on ne m’oblige pas de croire que ma tante de Villette sera damnée. » Madame de Neuillan la faisait venir chez elle de temps en temps, et la conduisait dans quelques maisons de sa société, entre autres chez Scarron, où elle fit connaissance avec mademoiselle de Lenclos, qui n’était pas alors galante, et qui, née riche et noble, voyait encore la bonne compagnie. […] Il offre tant de sympathies diverses à satisfaire, il soumet les sympathies physiques à tant de sympathies morales et intellectuelles, il présente tant de points de défense et d’attaque en même temps, il fait naître tant désirs au-delà du désir même, il offre tant à conquérir au-delà de la dernière conquête, il donne tant de jeu aux craintes, aux espérances, il arrête les progrès si près du but et y rappelle si puissamment par l’effort même qui en éloigne, enfin il y a tant de distance entre les voluptés que l’art le plus exercé ou le naturel le plus aimable peuvent donner à l’abandon et le charme de cette retenue mystérieuse qui arrête les mouvements d’un cœur passionné, que rien n’est impossible à une grande passion dans le cœur d’une telle femme.
JEAN-BAPTISTE POCQUELINDE MOLIERE, Le Prince des Poëtes Comiques en France, & celebre Acteur, né à Paris l’an 1620. […] Cette réponse frappa le jeune homme, & sans pourtant qu’il eût d’inclination déterminée, elle lui fit naître du dégoût pour sa profession de Tapissier, s’imaginant, puisque son grand-pere souhaitoit qu’il pût être Comédien, qu’il pouvoit aspirer à quelque chose de plus qu’au métier de son pere. […] Le jeune Pocquelin étoit né avec de si heureuses dispositions pour les études, qu’en cinq années de tems il fit non seulement ses Humanitez, mais encore sa Philosophie. […] a On pourroit partager & distinguer les pieces de Moliere en trois classes ; la premiere seroit pour des genies superieurs & des Maîtres de l’Art ; la seconde, pour des personnes nées avec un goût naturel pour les bonnes choses, & qui ont la pratique du beau monde ; la troisiéme, pour la bonne Bourgeoisie & pour le Peuple : cependant on dira aussi en même tems que les personnes d’un genie superieur & du meilleur goût trouveront toûjours quelques beautez, jusques dans les Pieces qu’on pourroit mettre dans la troisiéme classe.
Quant aux personnes comme Mme de Sotenville née de la Prudoterie 700, comme la comtesse d’Escarbagnas 701, comme Bélise 702, comme Mme Pernelle 703, on ne peut, les citer comme membres d’une famille : ce sont des fléaux domestiques, que les enfants semblent trop bons de supporter avec tant de patience. […] Ainsi, vous descendez en vain des aïeux dont vous êtes né ; ils vous désavouent pour leur sang, et tout ce qu’ils ont fait d’illustre ne vous donne aucun avantage ; au contraire, l’éclat n’en rejaillit sur vous qu’à votre déshonneur, et leur gloire est un flambeau qui éclaire aux yeux d’un chacun la honte de vos actions. […] Je trouve que toute imposture est indigne d’un honnête homme, et qu’il y a de la lâcheté à déguiser ce que le ciel nous a fait naître, à se parer aux yeux du monde d’un titre dérobé, à se vouloir donner pour ce qu’on n’est pas. Je suis né de parents, sans doute, qui ont tenu des charges honorables ; je me sais acquis, dans les armes, l’honneur de six ans de service, et je me trouve assez de bien pour tenir dans le monde un rang assez passable ; mais, avec tout cela, je ne veux point me donner un nom où d’autres en ma place croiroient pouvoir prétendre, et je vous dirai franchement que je ne suis point gentilhomme714. […] Partout, mais particulièrement dans le Misanthrope 739, le tort des marquis, c’est d’être oisifs, c’est de n’employer qu’à des bagatelles toutes les ressources que leur fournit l’état où ils sont nés.
Le reproche seroit fondé si la piece étoit dans le genre du Tartufe, du Misanthrope, des Femmes Savantes, si, sur-tout, les valets ne faisoient que parodier leurs maîtres : mais leur situation est au contraire tout-à-fait opposée ; & c’est de cette variété que naît la plus grande partie du comique. […] Elle auroit dû pour le moins attendre qu’il fût né. […] Mais qu’il naisse, & commence une incroyable histoire : Sa peine avec usure achetera sa gloire : Le noir séjour des morts, l’air, la terre, le ciel, Vomiront contre lui tout ce qu’ils ont de fiel : Mortel, il est l’objet d’une immortelle haine ; Aussi-tôt que ses jours, commencera sa peine. […] Cependant mes chevaux deviendront rétifs, faute d’exercice, & il naîtra des épines dans la carriere du soleil ; les hommes languiront dans les ténebres : & tout cela pour bâtir ce beau héros ! […] Il étoit né en Normandie.
Pour faire naître cette douce illusion, il employe souvent l’artifice de Métastase. […] Cette manière pouvait faire naître de charmantes peintures d’amour. […] Il est fondé sur une absurdité, mais il plaît, il fait naître le rire fou. […] Abraham-Joseph Bénard, dit Fleury, né à Chartres en 1751 ; mort en 1822, à Orléans. […] ‘William Wycherley, né vers 164c à Clive, près de Shrewsbury ; mort Ier janvier 1715.
La nouveauté vous plaît, et ne se passe jour, Que vous ne fassiez naître ou mourir quelque amour. […] Elle fut de celles qui donnèrent des idées à Molière ; car si elle était née comédienne, elle était née pour jouer un premier rôle dans la comédie humaine. […] Née en la paroisse de Saint-Paul, ayant toujours gardé un pieux souvenir de l’église où elle avait prié Dieu pour, la première fois, elle voulut y être enterrée. […] Elle naquit en Hollande ; elle fut exposée à la porte d’une église. […] Thérèse de La Thorillière était née en 1663.
Un trait comique prend sa source dans la chose même, naît de la situation des personnages, & tient d’elle seule l’avantage de faire rire : un trait plaisant est au contraire une saillie qui ne fait rien à l’action, qui ne tient rien de la situation des personnages, qui fait rire, à la vérité, mais aux premieres représentations seulement. Un comique de mots perd son sel avec sa nouveauté, & finit même par devenir fade, insipide : celui qui naît d’une situation, se renouvelle, & rajeunit toutes les fois que la situation est mise en action sur le théâtre. […] Regnard, né plaisant, & ne se donnant pas la peine de méditer, d’approfondir, fait toujours rire par le mot seulement.
I es hommes ne se touchent que par la surface ; & tout seroit dans l’ordre, si on pouvoit réduire ceux qui sont nés vicieux, ridicules, ou méchans, à ne l’être qu’au-dedans d’eux-mêmes : C’est le but que se propose la comédie ; & le théatre est pour le vice & le ridicule, ce que sont pour le crime les tribunaux où il est jugé, & les échafauds où il est puni. […] Le comique né d’une dévotion ignorante, passa dans une bouffonnerie ridicule ; ensuite tomba dans une licence grossiere, & demeura tel, ou barbouillé de lie, jusqu’au commencement du siecle de Louis XIV. […] Plaute (Marcus Actius Plautus), né à Sarsine ville d’Ombrie, ayant donné la comédie à Rome, immédiatement après les satyres qui étoient des farces mêlées de grossieretés, se vit obligé de sacrifier au goût regnant. […] Térence (Publius Terentius, afer), naquit à Carthage en Afrique, l’an de Rome 560. […] Né avec un beau génie, guidé par ses observations, par l’étude des anciens, & par leur maniere de mettre en oeuvre, il a peint la cour & la ville, la nature & les moeurs, les vices & les ridicules, avec toutes les graces de Térence, le comique d’Aristophane, le feu & l’activité de Plaute.
Jean-Baptiste Pocquelin, si célébre sous le nom de Moliere, naquit à Paris en 1620. […] Cette vérité, soutenuë par un fonds de plaisanterie gaye, & d’une sorte d’intérêt né du sujet, attira un grand nombre de spectateurs12 pendant quarante représentations, quoique ce fût en été, & que le mariage du Roi retînt la cour hors de Paris. […] On prétend que la maison où naquit Moliere, est la troisiéme en entrant par la ruë saint Honoré. […] Il étoit né du mariage de la veuve de Moliere avec Eustache-François Détriché, comédien, connu sous le nom de Guérin, & mort le 28 janvier 1718, dans la 92 année de son âge. […] On disoit que Moliere, qui avoit été amoureux de la Béjart, avoit épousé sa propre fille, mais elle étoit née en Languedoc avant qu’il eût fait connoissance avec la mere ; d’ailleurs, Grimarest assure qu’elle étoit fille d’un gentilhomme d’Avignon, nommé Modéne, Voyez page 21.
Après cette idée, si peu attendue, & qui cause tant d’embarras, on en voit tout de suite naître une autre qui ne surprend pas moins, & qui répare tout. […] On est pourtant agréablement surpris, me dira-t-on, en voyant naître cette scene. […] Voyons avec quel art il les ont ménagées, comme elles donnent du ressort, de l’action à une intrigue, tantôt en la détruisant, tantôt en la renouant ; comme on les rend intéressantes en les faisant naître dans le moment le plus critique ; comme elles ont le mérite si rare de l’à-propos.
Publius Maro Virgile, Poëte Latin, né dans un village près de Mantoue, de parents obscurs, le 15 Octobre de l’an 70 avant Jésus-Christ, & mort à Brindes en Calabre, le 22 Septembre de l’an 19 avant la même époque : il étoit âgé de 52 ans. […] Antoine de Montchrestien, sieur de Vasteville, né à Falaise, & fils d’un Apothicaire de cette ville, s’adonna à la poésie. […] Bernard le Bovier de Fontenelle, célebre Ecrivain du dix-septieme & du dix-huitieme siecle, né à Rouen le 11 Février 1657, de François le Bovier, Avocat au Parlement de Rouen, & de Marthe Corneille, sœur du grand Corneille.
Si l’Auteur se détermine à peindre le soupçonneux, il n’aura que des soupçons à mettre en action : s’il choisit je jaloux, il pourra mettre non seulement sur la scene tous les transports dont la jalousie est capable ; mais il pourra y placer encore toutes les craintes, toutes les fausses alarmes qui naissent dans la tête d’un soupçonneux, parcequ’un jaloux est toujours soupçonneux, & qu’un soupçonneux peut n’être pas jaloux. […] L’ennui, de l’indolence est plutôt le partage : C’est un vuide du cœur, né de l’inaction. […] On y laisse ramper des faquins sans talents, Sans esprit, comme toi, nés pour la nuit profonde.
Vie de Molière Jean-Baptiste Pocquelin naquit en 1620, dans une maison qui subsiste encore sous les piliers des halles. […] Molière, heureux par ses succès et ses protecteurs, par ses amis et par sa fortune, ne le fut pas dans sa maison ; il avait épousé en 1661, une jeune fille née de la Béjart, et d’un gentilhomme nommé Modène*. […] 126 Tout, dans cette pièce, semble annoncer qu’elle est moins faite pour amuser les gens délicats que pour faire rire la multitude ; mais une sorte d’intérêt né du sujet, et une plaisanterie gaie compensent ce qui s’y présente de défectueux.
POQUELIN de MOLIÈRE, Cette maison a été bâtie sur l’emplacement de celle où il naquit l’an 1620. […] Lange ; né en 1622, mort en 1702 ; il avait créé à Paris le caractère du docteur Graziano Baloardo. […] Ce voisinage était fait pour resserrer leur intimité, née d’une inclination naturelle. […] Palaprat, né à Toulouse en 1650, avait eu dans sa première jeunesse la bonne fortune de connaître Molière. […] Exactement deux cent soixante-deux jours, en supposant que Molière soit né du 14 au 15 janvier 1622 ; ce qui fait huit mois et vingt-deux jours de gestation.
Il est né à une heure excellente, quand toutes les expériences étaient faites, quand la préparation était achevée. […] Joseph Béjart avait vingt-six, peut-être vingt-sept ans ; Madeleine, née en 1618, vingt-cinq ans. […] L’enfant était baptisé où il naissait, et les camarades étaient parrains ou témoins. […] Un dauphin naquit à Fontainebleau le 1er novembre. […] L’enfant est né le 19 janvier audit an.
Dans le même temps encore fut reçue dans la société madame de Scudéry, femme de Georges, qu’il ne faut pas confondre avec Madeleine de Scudéry, sœur de ce même Georges, née en 1607, comme nous l’avons vu, et âgée de vingt-huit ans en 1635. […] Assurément ce n’est pas là le commencement d’un amour romanesque, à moins qu’on n’appelle ainsi un amour né du respect le plus profondément senti et d’une vive sympathie de vertu.
Un homme nommé Americo, né en Corse, prit une femme noble dont il eut deux fils, Lionetto & Fulvio. […] Elle est jalouse, & n’a jamais eu d’amants ni de charmes ; & le premier soupirant qui aura le courage de l’aimer, fera naître une belle passion. […] Le parterre est une assemblée de gens d’esprit, qui sont les juges nés de toutes les pieces nouvelles. […] Térence, né à Carthage en Afrique, l’an de Rome 560.
Sur les parents qui m’ont fait naître Une éternelle obscurité, Des fers, une prison sauvage, Sans nul espoir de liberté ; Barbare, voilà mon partage, Et tes leçons d’humanité. […] Non, je n’ai jamais ri depuis que je suis né. […] Cependant, tous les Grands de Castille ne voyant pas de Rois voisins qui pussent épouser leur Reine, prétendant à l’envi l’un de l’autre à ce mariage, & étant prêts de former une guerre civile à ce sujet, les Etats du Royaume la supplient de choisir un mari pour éviter les malheurs qu’ils prévoient devoir naître. […] Se pare qui voudra du nom de ses aïeux ; Moi, je ne veux porter que moi-même en tous lieux : Je ne veux rien devoir à ceux qui m’ont fait naître, Et suis assez connu sans les faire connoître.
Il faut qu’il sache lire & écrire ; pour lire & écrire, il faut connoître les lettres ; pour connoître les lettres, il faut aller à l’école ; pour aller à l’école, il faut marcher ; pour marcher, il faut des jambes ; pour avoir des jambes & leur donner la force d’agir, il faut manger ; pour manger, il faut avoir une bouche ; pour avoir une bouche, il faut vivre ; pour vivre, il faut naître ; pour naître il faut sortir du sein de sa mere ; pour sortir du sein de sa mere, il faut être engendré ; pour être engendré, il faut avoir un pere ». […] L’histoire du Comte de Gramont peut avoir rappellé à Moliere l’intrigue italienne, & lui avoir fait naître l’idée de la transporter sur son théâtre ; mais voilà tout.
Là naquit, dans l’année 16202, Jean-Baptiste Poquelin, dont le génie devait un jour donner à la France la palme de la comédie. […] Il y a beaucoup d’art et d’habileté dans cette succession de quiproquo, qui tous naissent d’une première méprise. […] De ce mariage naquirent deux filles : la première, nommée Angélique, qui jouait en 1666, dans la troupe du Dauphin, et mourut en 1670 ; la seconde, Marie-Angélique Gassaud, épousa Paul Poisson, et mourut en 1756, à quatre-vingt-dix-huit ans. […] Jeanne Olivier Bourguignon naquit en Hollande. […] Si l’on s’en rapporte à l’extrait baptistaire produit après sa mort par sa famille, Baron naquit à Paris au mois d’octobre en 1653 : en se tenant à cette date, il n’aurait eu que soixante-seize ans et deux mois quand il mourut ; mais on s’accordait généralement à lui donner six ans de plus.
La fraîcheur de la jeunesse, l’impatience du desir, l’étourderie & la légéreté, qui sont des graces à seize ans, & des ridicules à trente, rendirent intéressant aux yeux de Bélise cet enfant bien né, qui avoit l’honneur d’appartenir à la famille de son époux. […] Après avoir eu le bonheur inespéré d’esquiver vos valets, il né séra pas dit qué vous m’échappérez. Jé né vous aurois peut-être pas vu d’aujourd’hui, si j’avois rencontré lé moindre dé vos gens, votre pétit houssard ; car avant qué ces Messieurs s’avisent d’annoncer un galant homme, qué vous leur fassiez réponse, & qu’ils s’avisent dé nous la porter, Dieu mé damne, la Justice feroit vendre les terres d’un Gascon par décret. […] Vous êtes un homme dé mérite ; vous avez des talents, des connoissances : jé né suis pas un sot, un ignorant. […] On né sé loue pas ordinairement, jé lé sais ; mais quand on veut sé faire connoître tout d’un coup, il faut bien faire les honneurs de sa personne.
Ils ne naissent pas au hasard demain plutôt qu’aujourd’hui, aujourd’hui plutôt que demain; ils supposent un enfantement laborieux et séculaire. […] Les premiers ont simplement recueilli ce que les aventures des chefs des familles grecques liguées contre Troie avaient fait naître de fables héroïques et romanesques; Shakespeare est le fils du moyen âge, l’héritier légitime de tout le travail d’imagination né des grandes luttes de cette époque héroïque et remuante, où ce n’étaient pas des tribus seulement, mais des nations qui s’unissaient pour d’aventureuses conquêtes. […] Que l’homme né pour soumettre le monde aux lois de son intelligence se laisse aller à l’orgueil du savoir, cela s’explique aisément : c’est le péril de sa vocation, l’écueil qu’il rencontre sur sa route. […] Comptez les grands capitaines, les ministres habiles, les politiques profonds, les orateurs éloquents, que la France a vus naître depuis le jour où furent proclamés les fameux principes de 1789 jusqu’à cet autre jour, où M. […] Il s’empare du monde comme d’un jardin créé pour ses plaisirs : il est né pour en cueillir toutes les fleurs et pour en épuiser tous les parfums.
Les Fedeli Nous avons dit qu’Isabelle Andreini laissait un fils né en 1579, ayant vingt-cinq ans, par conséquent, à la mort de sa mère. […] Elle devait être bien jeune au commencement du siècle, si Riccoboni, né vers 1674, put encore la connaître.
La lie se compose de ceux qui, nés avec un instinct de bassesse, sont toujours courtisans par nécessité, le sont en tout, toujours, à tout prix. […] La Fontaine était courtisan quand il disait d’un bâtard né d’un double adultère : Le fils de Jupiter devait, par sa naissance, Avoir un autre esprit et d’autres dons des cieux Que les enfants des autres dieux.
Je suppose présentement que nous ne connoissions pas l’Ecole des Maris, & qu’on la joue pour la premiere fois ; gageons que nos femmes les plus décidées, mais très exactes sur les bienséances, trouveront les fourberies qu’Isabelle fait à son tuteur indécentes chez une Demoiselle bien née. […] pourquoi suis-je né le fils de votre frere ? […] Quand l’hymen joignit & son pere & ma mere, Nous étions déja nés chacun d’un premier lit.
« Mais il manque à la perfection de cette comédie la simplicité dans le principe de l’action, parceque la ressemblance surnaturelle d’où naît tout le mouvement, est une machine qui diminue de beaucoup le mérite de ces intrigues de la premiere espece, & que le naturel ou le simple ne doit jamais être altéré par le merveilleux ou le surnaturel. […] La jeune Phanostrate n’a pas été violée impunément ; elle devient enceinte, accouche d’une fille, met dans son secret un esclave nommé Lampadisque, qui va exposer l’enfant nouveau né avec des joujous dans un panier. […] Il a certainement voulu dire que le Public aime, dans une intrigue, à voir naître & agir tous les ressorts avec cette facilité qui laisse croire que le hasard seul les fait mouvoir.
Les Dieux m’ont-ils donc fait naître pour souffrir ces affreuses calamités ? […] Je trouve que toute imposture est indigne d’un honnête homme, & qu’il y a de la lâcheté à déguiser ce que le ciel nous a fait naître, à se parer aux yeux du monde d’un titre dérobé, à se vouloir donner pour ce qu’on n’est pas. Je suis né de parents, sans doute, qui ont tenu des charges honorables ; je me suis acquis dans les armes l’honneur de six ans de service, & je me trouve assez de bien pour tenir dans le monde un rang assez passable : mais, avec tout cela, je ne veux point me donner un nom où d’autres, en ma place, croiroient pouvoir prétendre ; & je vous dirai franchement que je ne suis pas gentilhomme. […] Je sais que sur les vœux on n’a point de puissance, Que l’amour veut par-tout naître sans dépendance, Que jamais, par la force, on n’entra dans un cœur, Et que toute ame est libre à nommer son vainqueur.
Ces mots qui naissaient du travail de la pensée et du mouvement de la conversation, n’étaient sûrement pas les plus mauvais. […] Naistre, naître. […] Le roi sauva le Valois, quoique le François, né Gaulois, fût sacrifié à Francès italien, La loi échappa aussi, parce qu’à la cour on n’en parlait pas ; la foi fut sauvée, parce qu’elle était un mot de ralliement dans ces temps de guerre intestine. […] Il eut donc l’intention de laisser venir sous ses pinceaux toutes ses réminiscences et de les exprimer ; sauf à écarter les plaintes et les vengeances par des phrases de précaution, par des protestations dont personne ne serait dupe que ceux qui les auraient rendues nécessaires. » Tout cela aurait pu passer à la faveur du vague nés conjectures et surtout étant dit sur le ton modeste du doute. […] Ne serait-il pas absurde de mettre sur la scène deux vieilles filles qui s’émancipent, et qui sont rappelées aux soins d’un petit ménage et aux habitudes d’économie la plus minutieuse par un père né et vivant dans la médiocrité, et fort éloigné de vouloir se méconnaître et être méconnu de ses enfants, pour faire une leçon d’économie à des femmes dont les pères et les maris sont comblés de richesses héréditaires ?
Sa seule faute est d’être né dupe comme tant d’autres naissent fripons. […] Molière, selon lui, était né dans la friperie, dans la juiverie. […] Née en 1624, elle survécut à Molière (morte en 1675). […] Ce petit Louis, né le 19 janvier 1664, mourut le 10 novembre de la même année. […] Son troisième enfant fut une fille, Esprit-Madeleine, née le 4 août 1665.
La tradition, qui a souvent raison, parce qu’elle représente un consentement populaire, a fait naître le père excellent de la comédie au beau milieu des halles, qui représentaient un monde à part dans les passions de la grande ville. […] On étudiait assez vite aux premiers jours du grand siècle ; quatre ou cinq ans suffisaient à ces études qui, pour ainsi dire, étaient dans l’air, et sitôt que le jeune Poquelin fut en état de lire Aristophane, et Térence, et Plaute, et les maîtres, il rêva que lui aussi il était né pour être un instituteur de nations. […] La tradition veut aussi que Molière et sa troupe, en courant le monde, aient traversé Vienne, et l’auteur de Lucrèce, François Ponsard, né à Vienne, en Dauphiné, n’a pas manqué d’écrire en l’honneur de ce voyage une aimable comédie. […] Amoureux d’Isabelle, il lui tendra tous les pièges : il serait honteux de se fier à l’honnêteté d’une fille bien née ; il se fait son espion et son geôlier. […] Agnès est une enfant qui sera bientôt très habile à se défendre, elle bonhomme Arnolphe a bien compris que cette innocente était née pour sa honte.
D’où vous naît cette plainte ? […] Louis de Boissy, né à Vic en Auvergne, l’année 1694. […] Boissy avoit le talent d’intéresser ses spectateurs en saisissant habilement la folie du jour, en aiguisant sa critique par les traits du vaudeville ; mais aussi la plupart de ses pieces ont-elles disparu avec l’anecdote qui les avoit fait naître.
Il faut attirer les hommes par la douceur et la charité. » En 1684, elle écrivait à madame de Saint-Géran : « Il faut convertir et non persécuter. » Le marquis de Ruvigny, député des protestants du royaume près de Louis XIV, lui avait dit, pour l’intéresser en leur faveur, que madame de Maintenon était née calviniste. […] Aman c’était Louvois ; Wasti, madame de Montespan ; Esther, madame de Maintenon, née comme Esther dans la religion persécutée par Aman. […] La naissance de M. le duc de Bourgogne lui donna lieu de manifester le fond de ses sentiments pour la reine, et ces affections de famille qui reprennent si doucement leur place dans les âmes bien nées, après en avoir été quelque temps bannies. […] Tous ces trésors d’idées et de sentiments que madame de Maintenon déposait ou faisait naître dans l’esprit du roi, furent les fondements de sa fortune.
Le Dépit amoureux retrace les troubles légers, les querelles, les raccommodements d’une tendresse conforme à la raison et traversée par des craintes jalouses que font naître de fâcheuses confidences. […] De là naquit un jargon précieux, qui ne tarda pas à envahir la cour et la ville, et que Molière s’avisa de tourner en ridicule, lui, le nouveau venu, à peine encore établi. […] Montfleury, né sur les planches et auteur de comédies, a prêché dans celte pièce pour son dieu. […] mon cher, viens que je t’embrasse ; tu es né pour Paris ; tu es né pour une grande fortune avec une si belle disposition tu peux aspirer à tout. […] Toujours des procureurs, des bourgeoises ridicules, des nigauds, des paysans, des meuniers, des meunières ; cet homme-là est né pour le moulin, il ne peut le quitter.
Je crois devoir faire remarquer en passant que l’Auteur Anglois, en imitant le placet du Fâcheux, lui donne une tournure un peu trop basse, & lui enleve en même temps toute la vigueur comique, même la morale, qui naît des prétentions ridicules de Caritidès adressant directement un placet au Roi, & se vantant d’un savoir aussi rare qu’éminent. […] Sous quel astre, bon Dieu, faut-il que je sois né, Pour être de fâcheux toujours assassiné ! […] Mathurin Regnier naquit à Chartres le 21 Décembre 1573, de Jacques Regnier & de Simonne Desportes, sœur de l’Abbé Desportes, fameux Poëte de ce temps-là.
Comment pourroit-on s’intéresser pour l’amour subalterne & grossier d’un valet & d’une servante, qui ne fait pas marcher l’action, lorsqu’on vient d’être affecté par la tendresse délicate de deux jeunes amants bien nés, qu’on desire de voir heureux ? […] On me dira qu’il y a des scenes de pure conversation qui ne sont pas animées par des situations, pas même par des moyens propres à en faire naître : je sais que nous n’en manquons pas, sur-tout dans d’Ancourt ; mais de pareilles scenes n’ont pas contribué à illustrer notre théâtre, il ne devroit pas y en avoir.
L’Auteur, après avoir desiré de voir naître un poëte comique, s’exprime ainsi : « Ce philosophe s’assujettiroit sans doute aux conventions de son temps, au ton général qu’il trouveroit établi : les changements arrivés dans les usages lui indiqueroient ce qu’il faut saisir, ce qu’il faut éviter : il ne s’aviseroit pas d’évoquer les manes burlesques29 des frippons d’Athenes & des Merlins, personnages fameux sur nos anciens treteaux. […] Comédie en un acte, en vers, de Joseph de la Font, né à Paris l’an 1686, mort dans la même ville le 20 Mars 1725.
Puisqu’on veut à toute force rendre Molière à la tendresse des affections privées, que ne nous montrait-on dans la même ville la maison où il naquit , sous les piliers des halles, et la maison où mourut, rue Richelieu ? […] Grâce au bon souvenir de l’honnête propriétaire de la maison du pilier des halles, le buste de Molière et une inscription indiquent aux passans que c’est là que naquit l’auteur de L’Avare, Quant au propriétaire qui vendra un jour, pour être détruite, et ce jour n’est pas loin, la maison où mourut Molière, nous aimons à croire qu’il fera partie de la garde nationale, qu’il sera chevalier de la Légion-d’Honneur et grand admirateur des tragédies de Voltaire.
Qu’on se figure la multitude de tours, d’images, de mouvements qui ont dû naître de ces conversations, où les sens, l’imagination, le cœur, étaient en jeu ; où l’émulation de plaire et d’étonner excitait les amours-propres ; où la critique n’était pas moins exaltée par les rivalités que le besoin de produire par l’émulation de plaire ! […] De là naquit la diversité des tons, des styles, des formes de langage qui s’approprièrent à tous les usages de l’art de parler et de l’art d’écrire.
Il faut plaindre Plaute de n’être pas né dans un siecle aussi savant que le nôtre sur l’art dramatique. […] ce serait seulement avilir le cothurne ; ce serait manquer à-la-fois l’objet de la tragédie & de la comédie ; ce serait une espece bâtarde, un monstre né de l’impuissance de faire une comédie & une tragédie véritable...... […] En effet, cette comédie larmoyante, absolument privée de comique, n’est, au fond, qu’un monstre né de l’impuissance d’être ou plaisant ou tragique ».
Mais elle est plus naturelle dans l’Avare que dans toutes les autres pieces ; elle y est sur-tout plus utile que dans les trois dernieres que nous avons citées, puisque c’est elle qui anime le cuisinier contre l’intendant, qui fait naître dans le premier le desir de se venger, & qui lui fait imaginer d’accuser l’intendant du vol dont l’Avare se plaint. […] C’est dans cette imitation primitive qu’un poëte a besoin de plus de goût & de plus d’art, puisque c’est à elle qu’on doit tous les défauts & toutes les beautés des imitations particulieres qu’elle fait naître. […] Quoique légers en apparence, les plus grandes beautés en naissent naturellement. […] Vous, monsieur le bœuf, me voyant couché si mollement, vous commencerez à me lancer des œillades de mépris, & vous n’aurez pas plus de considération pour mon ânerie que pour un ânon encore à naître : vous deviendrez rude & méchant à mon égard ; & les gens de ma sorte viendront me rire au nez. […] Une fille bien née, sage & de bonnes mœurs, apporte toujours assez de dot avec elle.
Son Don Garcie de Navarre, dans le Prince jaloux ; Sganarelle, dans le Cocu imaginaire, & George Dandin, sont trois jaloux, tous trois nés dans une condition différente ; aussi agissent-ils & s’expriment-ils d’une façon tout-à-fait opposée. […] M. de l’Empyrée est un Poëte né dominé par un vrai génie.
Je trouve que toute imposture est indigne d’un honnête homme, & qu’il y a de la lâcheté à déguiser ce que le Ciel nous a fait naître, à se parer aux yeux du monde d’un titre dérobé, à se vouloir donner pour ce qu’on n’est pas. Je suis né de parents, sans doute, qui ont tenu des charges honorables ; je me suis acquis dans les armes l’honneur de six ans de service, & je me trouve assez de bien pour tenir dans le monde un rang assez passable ; mais, avec tout cela, je ne veux point me donner un nom où d’autres en ma place croiroient pouvoir prétendre, & je vous dirai franchement que je ne suis point gentilhomme.
Il lui fait de tendres reproches sur son insensibilité passée, & lui apprend que c’est lui qui a fait naître dans son cœur le changement qu’elle a ressenti depuis peu : il ordonne en même temps à sa suite de célébrer sa victoire, & il se forme une lutte entre les Amours & les Chasseurs, qui est imitée par les instruments entre les violons & les cors : les Amours enchaînent les Chasseurs avec des guirlandes, & tous ensemble forment un ballet au son des cors réunis avec les violons. […] Le gentil Théramene dit au jeune Hippolyte qu’il ne seroit point né sans l’amour d’Anthiope pour Thésée. […] « Charles Coypel, d’une famille fertile en grands peintres, & même très savant dans cet art, né en 1695, & mort en 1752, avoit composé plusieurs pieces de théâtre, dont quelques-unes ont été jouées à la Cour, les autres sur des théâtres de société.
Aussi bien, c’était chose réglée dès 1881, et peut-être avant : Corneille naît, Corneille meurt, Horace et le Menteur sont de service ? […] Fabié raconte une anecdote de la vie de Corneille ; vers la fin, il hausse le ton en alexandrins convenablement frappés ; il plaint le poète de n’être pas né ou du moins mort de nos jours : on lui aurait fait un si bel enterrement ! […] Écouter une comédie d’une bonne époque, c’est se mêler presque à l’entretien de personnages bien nés, comme il s’en trouvait jadis pour parler naturellement le français, et cela n’a pas mauvaise façon.
Dans l’épitre à Racine, il se demande : Et qui, voyant un jour la douleur vertueuse De Phèdre, malgré soi perfide, incestueuse, Ne bénira d’abord le siècle fortuné Qui, rendu plus fameux par tes illustres veilles, Vit naître sous ta main ces pompeuses merveilles ? […] Au fond, madame de Sévigné était née pour aimer Corneille et pour aimer Racine ; pour aimer Racine et ; pour aimer Corneille. […] L’auteur, né en 1636, n’avait donc effectivement que 38 ans.
Nous la voyons naître à l’hôtel de Rambouillet.
Moliere, né à Paris, fut, sans contredit, le plus grand Philosophe de son siecle.
Je sais que sur les vœux on n’a pas de puissance, Que l’amour veut par-tout naître sans dépendance11, Que jamais par la force on n’entra dans un cœur, Et que toute ame est libre à nommer son vainqueur : Aussi ne trouverois-je aucun sujet de plainte, Si pour moi votre bouche avoit parlé sans feinte ; Et son arrêt livrant mon espoir à la mort, Mon cœur n’auroit eu droit de s’en prendre qu’au sort. […] Si, malgré cet objet qui vous a pu surprendre, Prince, vous me rendez ce que vous devez rendre, Et ne demandez pas d’autre preuve que moi Pour condamner l’erreur du trouble où je vous vois ; Si de vos sentiments la prompte déférence Veut, sur ma seule foi, croire mon innocence, Et de tous vos soupçons démentir le crédit, Pour croire aveuglément ce que mon cœur vous dit, Cette soumission, cette marque d’estime, Du passé, dans ce cœur, efface tout le crime : Je rétracte à l’instant ce qu’un juste courroux M’a fait, dans la chaleur, prononcer contre vous ; Et, si je puis un jour choisir ma destinée, Sans choquer les devoirs du rang où je suis née, Mon bonheur, satisfait par ce respect soudain, Promet à votre amour & mes vœux & ma main. […] que vous savez bien ici, contre moi-même, Ingrate, vous servir de ma foiblesse extrême, Et ménager pour vous l’effort prodigieux De ce fatal amour né de vos traîtres yeux ! […] Que veux tu que je te dise, Princesse infame, qui déshonores le trône où tu es née ; épouse corrompue, amante sacrilege, ennemie de ta propre gloire ; en un mot, femme que le crime & la noire perfidie accompagnent sans cesse ?
Savoye, Eugéne-Maurice de, comte de Soissons (1635–1708) : fils puiné de Thomas de Savoye, prince de Carigan, et de Marie de Bourbon, comtesse de Soissons, né le 3 mai 1635, s’établit en France, où il fut colonel général des Suisses et Grisons, gouverneur de Champagne et de Brie, lieutenant général des armées du roi.
N’est-il pas ridicule, par exemple, que dans le Distrait de Regnard, le dénouement naisse d’une fausse nouvelle apportée par Carlin ? […] Un dénouement tient quelquefois à un sujet, & n’est pas préparé : alors il est préférable à ceux qui ne naissent pas du fond de la piece, & que rien n’annonce ; mais il est très défectueux.
Le millet, le biscuit, rien ne fut épargné ; Mais pour quelqu’un né libre, & qui même a regné, Qu’est-ce qu’une cage dorée ? […] Ils lui font expier le crime d’être né.
Au contraire, les lettres qui nous manquent nous montreraient madame de Sévigné livrée à elle-même, jetant ses premiers regards sur la société, sur ses connaissances, sur ses amis ; réglant son esprit à mesure qu’il se développe, sa conduite, à mesure qu’elle avance entre les écueils du grand monde ; répandant l’admiration, faisant naître l’amour dans tout ce qui l’entoure, et restant attentive et vigilante sur elle-même. […] Madame Cornuel, née en 1609, en 1650 avait quarante-un ans.
Un ramassis de distractions plaisantes peut amuser dans un ouvrage où il suffit de coudre les différents traits l’un à la suite de l’autre sans fixer la durée du temps qui les vit naître ; mais dans une comédie où ils doivent tous arriver dans l’espace de vingt-quatre heures, où ils doivent tenir l’un à l’autre, s’enchaîner naturellement & produire des effets toujours plus comiques & plus naturels, le cas est bien différent. […] Comment Regnard a-t-il pu surtout imaginer de faire naître & ressortir ces mêmes traits par des moyens tout-à-fait contre nature ? […] Monsieur, par la présente, il vous plaira payer à Damoiselle, en blanc, d’elle valeur reçue ; & Dieu sait la valeur. » La distraction a certainement une suite très plaisante : voyons ce qui la fait naître, nous conviendrons qu’elle est amenée par force, & qu’elle n’est pas du tout dans la nature. […] Menechme, marchand Sicilien, eut un fils nommé Moschus, qu’il maria fort jeune, & de qui naquirent deux jumeaux tout-à-fait ressemblants. […] Quelle différence de l’intrigue produite par cette seule robe qui va, vient, circule, passe de main en main pendant toute la piece, anime les caracteres, fait naître les incidents, & les multiplie sans le secours d’aucun autre ressort ; quelle différence, dis-je, avec cette autre fable mal digérée, mal construite, où une malle, des lettres, une donation, une promesse de mariage, un portrait, ne suffisent pas pour soutenir une action, où l’Auteur a besoin d’appeller les épisodes à son secours, & dans laquelle il blesse continuellement la vérité !
Alain René le Sage, né à Ruis en Bretagne, vers l’an 1677. […] François Hedelin, né à Paris en 1604, fut d’abord Avocat, ensuite Ecclésiastique.
Quinault, né à Paris en 1635 ; il étoit fils d’un Boulanger : c’est à quoi Furetiere fait allusion en disant : « Quinault est la meilleure pâte d’homme que Dieu ait jamais faite ; il oublie les outrages qu’il a soufferts de ses ennemis, il ne lui en reste aucun levain sur le cœur. […] Ce Poëte né avec une oreille saine & délicate, un cœur tourné à la tendresse, paroissoit plus propre à composer des vers lyriques ; aussi y réussit-il parfaitement.
La différence de jeu avait fait naître de la jalousie entre les deux troupes. […] En revenant d’Auteuil un jour, dans le bateau de Molière, ils ne furent pas longtemps sans faire naître une dispute. […] Du mariage de du Croisy avec Marie Claveau naquirent deux filles. […] Cyrano de Bergerac, né en 1620. […] Josias de Soulas Floridor était né de parents nobles, et avait d’abord servi qualité d’enseigne.
Au reste, mon amour, quand je l’ait fait paroître, N’a point été mal vu des yeux qui l’ont fait naître ; Mais Léandre à l’instant vient de me déclarer Qu’à me ravir Célie il se va préparer : C’est pourquoi dépêchons, & cherche dans ta tête Les moyens les plus prompts d’en faire ma conquête. […] Il voit avec plaisir Mascarille dans les Précieuses ridicules, parceque son maître a fait naître l’envie de le connoître. […] Jean François Regnard, né à Paris, d’une bonne famille, en 1647.
J’ai détaillé la farce de Patelin, pour faire connoître que si elle a survécu à mille autres pieces faites après elle, c’est parcequ’on y voit du simple, du naturel & du comique, nés de la situation & non du mot. […] La Fontaine a fait un Eunuque ; nous n’analyserons pas sa piece, parceque le bon-homme 13, qui n’étoit pas né pour le théâtre, crut qu’il étoit tout simple de traduire Térence. […] Pierre Blanchet, né à Poitiers en 1458, suivit le Palais dans sa jeunesse.
Il dit à Desronais qu’il faut se défier des femmes, que leur cœur est changeant ; lui fait naître des soupçons sur la constance de son amante, & lui promet de la lui accorder, si elle y consent. […] Desronais l’exhorte, si cela n’est pas, à faire valoir ses droits : elle déclare qu’elle n’en a point : elle apprend à son amant qu’elle est née avant le mariage de sa mere & de son pere, qui ne subit le joug de l’hymen que pour lui faire un sort. […] Dupuis, en présence de Mariane, des bruits qu’il fait courir sur sa galanterie, des soupçons qu’il veut faire naître dans le cœur de sa fille.
Par cupidité, il publia qu’il lui était né un garçon. […] « Vous avez grand tort de vous plaindre, répond Lelio, car le fruit que vous verrez prochainement naître de moi vous montrera que je n’ai pas perdu le temps, ainsi que vous le dites. » ACTE QUATRIÈME. […] Molière reprend et calme la douleur qu’il a fait naître en faisant attester au brave milicien son inaltérable fidélité, et en lui faisant annoncer qu’il presse de tous ses vœux le jour de leur mariage.
Quelle que soit la corruption générale d’une grande nation, même d’une grande cour, il s’y trouve toujours quelques familles où se conserve l’honnêteté des mœurs, où la raison, le droit sens, la bienséance exercent leur légitime empire, où les bons principes sont héréditaires, comme certaines conformations : ici est d’ordinaire le privilège des familles nombreuses qui s’entretiennent, par les sympathies mutuelles de leurs membres, dans les traditions de vertus où elles sont nées. […] De la multiplicité des conversations naquit celle des correspondances épistolaires.
[74, p. 108-114] 1705, Grimarest, p. 126-130 Un jeune homme de vingt-deux ans, d’une belle figure et bien fait, vint un jour trouver Molière ; après les compliments ordinaires, il lui découvrit qu’étant né avec toutes les dispositions nécessaires pour le théâtre, il n’avait point d’autre passion plus forte que de s’y attacher ; qu’il venait le prier de lui en procurer les moyens, et lui faire connaître que ce qu’il avançait était véritable.
Loiseleur, ce nom-là n’est qu’un sobriquet, le pseudonyme de la toute jeune Armande, la soi-disant sœur de Madeleine, plus probablement sa fille, née de quelque caprice que la dame tenait à cacher. […] C’est dans ce milieu qu’était née Armande. […] Quand il parle de sa flamme, lui, c’est dans un autre style, quoiqu’il en die ; et ce n’est pas sur cet air là qu’il exprime à Célimène … l’excès prodigieux De ce fatal amour né de ses traîtres yeux ! […] Que l’amour veut partout naître sans dépendance. […] que vous savez bien ici contre moi-même, Perfide, vous servir de ma faiblesse extrême, Et ménager pour vous l’excès prodigieux De ce fatal amour né de vos traîtres yeux !
Jean-Baptiste Poquelin naquit à Paris le 15 janvier 1622. […] Elle était née le 8 janvier 1618. […] On pensait que c’était elle qui avait été baptisée, le 11 juillet 1638, comme étant née du commerce illégitime du comte de Modène avec mademoiselle Béjart l’aînée. […] Mais ce serait bien à tort que ces vers feraient naître des doutes sur la sobriété habituelle de Molière. […] Celle des auteurs dramatiques que la fin du dix-septième siècle et le dix-huitième tout entier ont vus naître est restée à une immense distance de la sienne.
Madame Molière étant née vers 1641 ou 1642, sa mère officielle, née en 1590, l’aurait mise au monde à cinquante-trois ans. […] Ajoutons qu’Agnès et Arnolphe ne sont pas nés dans le cerveau de Molière, qui les emprunta l’un et l’autre à Scarron. […] Il continue à naître, comme l’avait découvert Beffara, dans la maison de la rue Saint-Honoré, qui fait le coin de celle des Vieilles-Étuves, le 15 janvier 1622. […] Une autre fille était née pendant le voyage, mais on l’avait laissée en Languedoc, et, pour cause, on n’en parlait pas. […] On pourrait dire qu’ils ne naissent que pour leur œuvre, et toute leur vie se consume dans son élaboration.
Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus ! […] On doit comprendre dans ce qu’on appelle les mœurs ces ridicules, ces travers, ces goûts fugitifs que la circonstance fait naître et qui se renouvellent sans cesse dans une grande capitale. […] Je puis me tromper, mais il me semble qu’une passion de cette nature doit entraîner à des concessions peu délicates, auxquelles un amour, né d’une source plus pure, ne descendrait jamais. […] Que vous savez bien ici contre moi-même, Perfide, vous servir de ma faiblesse extrême, Et ménager pour vous l’excès prodigieux De ce fatal amour, né de vos traîtres yeux ! […] ] L’ardeur de Tartuffe doit être grande sans doute, mais c’est une ardeur, il ne faut pas l’oublier, née d’un sentiment criminel et que porte au plus haut degré la seule concupiscence de la chair.
C’est là qu’il a pris le caractere de M. de Sotenville, qui reproche sans cesse à son gendre l’honneur qu’il lui a fait en lui donnant sa fille ; & celui de Mad. de Sotenville, qui ne croit pas qu’une femme née d’elle puisse manquer à son devoir. […] C’est enfin dans ce conte que Moliere a puisé la morale qui naît tout naturellement du sujet, & qui donne une si belle leçon à l’humanité.
Les irritations, les taquineries naissent d’un essai d’amour avorté. […] Le rire peut être intérieur au sujet ou extérieur à lui ; il peut naître des entrailles de la chose on venir du dehors comme un accident.
Si vous la peignez dans ses accès les plus furieux et dans ses effets les plus terribles, le personnage, quel qu’il soit, fera naître dans l’âme du spectateur ces mouvements de commisération ou d’effroi qui sont exclusivement du ressort de la tragédie. […] Il a usé aussi du plus heureux ménagement, lorsqu’au lieu d’une femme provoquant et faisant naître, par ses avances, un amour dont on ne s’avisait pas, il a introduit une jeune fille implorant, acceptant un secours nécessaire, d’une tendresse vive et pure qu’elle a su inspirer avant de la ressentir elle-même. […] Cette espèce d’invention, née du hasard et de la nécessité, eut beaucoup de succès, et Molière, par la suite, en fit usage toutes les fois qu’il reçut du Roi l’ordre d’embellir, par quelque production nouvelle, les fêtes que donnait ce prince, ami des plaisirs magnifiques6.
Le jour de l’accouchement arrive, une fille vient au monde ; Magnifico, ne voulant point donner la somme convenue, montre au Docteur le fils d’un de ses cousins, né le jour même, & fait ensuite élever sa fille Diane sous le nom de Fédéric, & sous les habits d’un Cavalier. […] La cause en est belle ; c’est l’amour qui les a fait naître. […] Nous naissons en pleine liberté.
Ai-je tort de dire que tout dans ce tableau naît de la scene, de la situation des personnages, & que tout l’y peint ?
C’est donc an sein de l’abondance que naquit Molière, probablement dans les premiers jours de janvier 1622. La Comédie Française célèbre l’anniversaire de son illustre ancêtre à la date précise du 15 ; toutefois ce n’est là que la date du baptême, et il reste possible que Molière fût né quelques jours auparavant. […] Né eu 1625, et mort en 1709, le cadet des Corneille fut d’une fécondité plus rare encore que son aîné. […] C’est que « gens bien nés, bien instruits ont par nature un instinct qui toujours les pousse à faits vertueux, » Aussi bien « Physis (c’est Nature)… enfanta Beauté et Harmonie… Antiphysie… au rebours enfanta Discordance ». […] Bayle les connaît, La Bruyère les applique, et Fénelon, qui est né en 1651, s’étonne de ne les pas voir suivis.
Molière naquit avec une telle inclination pour la Comédie qu’il ne fut pas possible de l’empêcher de se faire Comédien.
De la conversation de l’hôtel de Rambouillet, de l’émulation de bien penser et de bien dire qu’elle avait excitée, est née l’Académie française.
Elle avait vu à ses pieds, naître et mourir tant de poèmes fameux dont le nom ne s’était conservé que sur cette frêle couronne d’or faite pour son front l Ingénieuse, éclatante et chère couronne ! […] Nul ne peut le dire ; mais celle qui la doit remplacer n’est pas née encore, à coup sûr. […] Elle était née pour ainsi dire sur le théâtre, au beau moment du siècle passé, à Versailles, au beau milieu du plus grand monde. […] Ces deux enfants étaient nées à Versailles le même jour, et pour ainsi dire à la même heure, aux salves ardentes de l’artillerie, aux chants reconnaissants du Te Deum ! […] Mademoiselle Mars était née à Versailles, le même jour que S.
Il n’était pas né pour être un habile Domestique ; mais il avait toutes les dispositions pour devenir ce qu’il est. […] Il ne dépend pas de nous de naître avec du bien ; mais c’est un grand talent d’en acquérir, comme il a fait par son assiduité, et par son intelligence.
Don Lope s’excuse, mais conseille à Jacinthe de ne pas désabuser Don Sanche, leur union devant naître de son erreur : elle ne veut pas d’un bonheur qui terniroit la gloire de l’un & de l’autre, & qui la rendroit indigne de son amant : elle lui ordonne de se montrer innocent en découvrant quel est le coupable. […] Don Pedre allant au lieu indiqué pour se battre avec le Comte, est arrêté & conduit en prison ainsi que son valet Phlipin : il est confronté avec Orcame valet d’Arnest ; mais Orcame, né gentilhomme & rempli d’honneur, feint de ne pas le connoître, signe sa décharge & lui apprend qu’un Florentin doit attirer le Comte dans un endroit écarté sous prétexte de s’y battre avec lui, & le faire assassiner par des coquins apostés.
Molière eût satisfait à cette justice du théâtre, il eût vengé la morale publique outragée par la conduite coupable d’Angélique, s’il lui eût donné pour amant un des libertins pervers, un de ces vils chevaliers d’industrie, en qui le vice né peut être que hideux, et qui se chargent le punir eux-mêmes, tôt ou tard, les complices de leur dérèglement. […] S’il existe aujourd’hui des misérables qui joignent, à la vivacité d’esprit dont ils font preuve, la perversité d’âme dont ils font parade, quel jeune homme bien né, même pour les plus chers intérêts de son amour, songerait à employer, à salarier leur coupable industrie ? […] Ce n’est pas une action de bonne foi, où les incidents naissent les uns des autres ; c’est une pièce concertée d’avance. […] André Félibien, né en 1619 et mort en 1695.
Les portraits d’Arlequin & de Celio font naître l’intrigue, la soutiennent, la raniment continuellement, mais ne la dénouent point.
Il naquit à Paris en 1620.