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25. (1874) Leçon d’ouverture du cours de littérature française. Introduction au théâtre de Molière pp. 3-35

Est-ce sur de pareilles bases que nous pouvons échafauder tout un système de « perpétuité de l’art dramatique en France?  […] Ce poème, où la partie narrative fait corps avec le dialogue, paraît bien n’avoir pas été joué, mais seulement récité ; c’est encore de la liturgie, ce n’est pas de l’art théâtral, bien qu’une certaine tendance vers cet art s’y fasse déjà sentir. […] C’est à ce profond sentiment populaire que furent dus les chefs-d’œuvre des arts. […] L’illusion du spectateur était ainsi plus complète, et je verrais-là plutôt l’effort d’un art naissant qu’une absence d’art. […] Cela serait embarrassant, même aujourd’hui que l’on a poussé l’art du décor à ses dernières limites.

26. (1821) Scène ajoutée au Boulevard Bonne-Nouvelle, pour l’anniversaire de la naissance de Molière pp. -

Avec raison ils fêtent l’heureux jour Qui de Molière a marqué la naissance ; De ses bienfaits, c’est un juste retour, Ne blâmez point notre reconnaissance » S’illustrant dans tous les travaux, De tous les arts, la patrie est la mère. […] L’art de joindre à l’enjouement La raison sévère ; L’art de poursuivre gaiement La sottise altière ; L’art de peindre tour à tour Le bourgeois, l’homme de cour, Ne sont-ils pas nés le jour Où naquit Molière.

27. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

L’essai informe et grossier d’un art que Ménandre et son école ont élevé à la perfection. […] Mais depuis quand ces considérations prosaïques sont-elles ce qui donne la mesure de l’art véritable et de la poésie ? […] À tout le moins, l’absence de gaieté est l’écueil où va se perdre la foule des comédies, pendant que le poète, qui comprend l’essence de son art, lutte contre le courant qui l’y entraîne. […] Il n’y a point d’art dans la manière dont le vol de la cassette est amené. […] Celui qui a attaché son nom le premier à cette tentative vraiment digne de l’intrépidité de sa logique, est mon maître dans l’art de critiquer.

28. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IV. Jugement sur les Hommes de Molière. » pp. 65-82

Au point de vue de l’art, on ne doit pas plus blâmer les farces de Molière que les grimaces des damnés dans la fresque de la chapelle Sixtine. […] Art poétique, ch. […] Art poétique, ch. […] Son horreur pour Tabarin était si juste et si nécessaire, qu’il n’admettait pas la possibilité de son alliance avec Térence (Art poétique, ch. […] Boileau, Art poétique, ch.

29. (1844) La fontaine Molière (La Revue indépendante) pp. 250-258

Cette cérémonie a emprunté toute sa solennité au concours des représentants de la municipalité et des arts de la capitale, et à. l’enthousiasme populaire ; car le gouvernement, craignant d’honorer l’auteur de Tartufe, n’y était pas représenté, ou du moins ne l’était que par le préfet de la Seine, obligé d’ailleurs de s’y trouver par la présence du corps municipal. Au reste, la fête, pour n’avoir été que la fête de la commune et des arts, n’en a pas moins eu un caractère de grandeur ; et, comme tout ce qui porte ce cachet, elle a vivement impressionné la population- Avant toutes choses, constatons ici la sollicitude du conseil municipal à doter la ville de Paris de monuments qui, dans son intention, doivent orner la capitale de la France eu même temps qu’ils encouragent les arts. […] Les anciens, nos maîtres en fait d’art et d’apothéoses, l’entendaient ainsi. […] Mais cet enthousiasme peut-il et doit-il tenir devant une critique impartiale et sérieuse, qui cherche à s’appuyer sur les principes de l’art ? […] Le style n’a jamais été la partie de l’art dans laquelle brille M.

30. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XV » pp. 175-187

De là naquit la diversité des tons, des styles, des formes de langage qui s’approprièrent à tous les usages de l’art de parler et de l’art d’écrire. […] Le goût avait déjà distribué aux arts, aux sciences, à la chaire, au barreau, à l’histoire, à la morale, à la poésie, à la scène comique, à la scène tragique, le ton, le style convenables à chacune de ces parties. […] Aujourd’hui la séparation des genres dans les écrits littéraires est devenue à peu près impossible ; elle ne peut plus être une règle de l’art d’écrire, au moins une régie aussi sévère qu’avant la révolution. […] On pourrait croire que l’unité de ton était, au moins pour notre théâtre, la conséquence nécessaire de cette loi de l’art qui établissait l’unité de lieu, de temps, d’action : Qu’en un lieu, qu’en un temps, un seul fait accompli Tienne, jusqu’à la fin, le théâtre rempli.

31. (1734) Mémoires sur la vie et les ouvrages de Molière (Œuvres de Molière, éd. Joly) [graphies originales] pp. -

On ne connoissoit guéres alors que des piéces chargées d’intrigue ; l’art d’exposer sur la scéne comique des caractéres & des mœurs, étoit réservé à Moliere. […] sont arrangés avec plus d’art, quoique toujours dans le goût espagnol. […] Chaque scéne produit un incident nouveau, & ces incidens développés avec art, aménent insensiblement un des plus beaux dénouemens qu’on ait vûs sur le théatre françois. […] Ce sont là de ces traits où l’art seul ne peut rien, si l’on n’est inspiré par le génie, & guidé par le bon goût. […] Mauvillain étoit ami de Moliere, & lui fournissoit les termes d’art dont il avoit besoin.

32. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

Ne faisons pas, cependant, trop bon marché de ces commencements de notre art comique. […] Comme on le voit, deux arts bien différents étaient en présence sur les planches de la rue Mauconseil. […] Ces deux arts, qui se rencontraient dans une période si opposée de leur existence, n’exercèrent pas l’un sur l’autre une influence aussi soudaine qu’on le pourrait croire. […] Chez nous, on resta longtemps encore dans cette alternative, ou d’être imitateur en perdant son originalité propre, ou de ne conserver son originalité qu’en dehors de toutes les conditions d’un art élevé et d’une littérature proprement dite.

33. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. De l’Entr’acte. » pp. 289-308

L’art du peintre & l’art du poëte, du poëte dramatique sur-tout, sont à-peu-près les mêmes. […] « Ainsi que l’art du peintre, disent-ils, consiste à finir si bien ce qu’il montre, qu’on devine aisément ce qu’il cache : de même le poëte doit travailler avec tant d’adresse, que les choses représentées sur la scene fassent deviner ce qui se passe derriere la toile ». […] La perfection de l’art dramatique exige au contraire qu’un Auteur ne me prévienne jamais bien clairement sur ce qui arrivera dans l’entr’acte ; c’est le moyen de me faire desirer plus ardemment l’acte suivant, & le moment qui m’instruira de ce qui s’est passé derriere la toile. […] c’est ce que le spectateur ignore, graces à l’art de l’Auteur : c’est cette incertitude qui intéresse le spectateur pendant l’entracte, qui lui fait desirer de le voir finir, pour découvrir quelque chose sur le sort des amants. […] Une noble hardiesse, sans être heureuse, mérite des éloges, quand l’amour seul des beaux arts l’a produite, & non la sotte présomption.

34. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « De l’Imitation en général. » pp. 1-4

Qu’il nous serve donc en tout de maître dans un art qui l’immortalise. […] Nous avons assez parlé des parties de la comédie & de ses différents genres, pour savoir apprécier les changements heureux ou malheureux que notre guide fera, & pour nous instruire en même-temps dans l’art de l’imitation, art si difficile, que lui seul l’a connu supérieurement : c’est ce que nous prouverons encore en plaçant quelquefois Moliere imité à côté de Moliere imitateur, & en mettant sous les yeux du public les imitations de tous nos Auteurs, depuis Moliere jusqu’à nous.

35. (1802) Études sur Molière pp. -355

Les Commentaires que vous désirez ne se trouvent-ils pas dans mon Art de la Comédie ? […] Il a même fallu tout l’art de Molière pour qu’elle ne devînt pas intéressante. […] peut-il entrer dans la tête d’un acteur versé dans son art, que la situation d’Alceste lui permette de plaisanter ? […] Molière possédait si bien l’art de s’approprier tout ce qu’il trouvait digne de lui ! […] Le bel esprit se compromet toujours quand il veut parler d’un art qu’il n’a pas approfondi.

36. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

La comédie, comme tous les autres arts, fut empruntée à la Grèce par les maîtres du monde. […] Molière, plus qu’aucun autre poète dramatique, a excellé dans l’art des préparations. […] Hesnault passe pour avoir enseigné à madame Déshoulières l’art de la poésie. […] C’est l’art même qui doit nous apprendre à nous affranchir des règles de l’art. […] On la retrouve dans ces vers de l’Art poétique : Quelquefois dans sa course un esprit vigoureux, Trop resserré par l’art, sort des bornes prescrites, Et de l’art même apprend à franchir leurs limites.

37. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXX. Des Surprises. » pp. 490-502

Moliere & nos bons comiques ont là-dessus poussé l’art jusqu’à un point inconcevable. […] Il est des surprises d’action qui sont préparées ; mais elles le sont avec tant d’art, qu’on ne sauroit les deviner, & qu’elles font alors le même effet. […] Voilà cependant en quoi consiste l’art du poëte, & voilà ce que l’on peut appeller une véritable surprise 65 ». Oui, tout l’art de Moliere paroît dans la scene indiquée par Riccoboni : chacun de ses vers produit une surprise de pensée ou d’action ; mais elle n’est amenée par aucune action surprenante de la part des acteurs. […] Voyons avec quel art il les ont ménagées, comme elles donnent du ressort, de l’action à une intrigue, tantôt en la détruisant, tantôt en la renouant ; comme on les rend intéressantes en les faisant naître dans le moment le plus critique ; comme elles ont le mérite si rare de l’à-propos.

38. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

On connaîtra par là avec quel esprit et avec quel art Molière fait usage, pour ainsi dire, d’une ombre de coup de théâtre que Vega lui avait fait entrevoir dans sa comédie de La Discreta enamorada. […] C’est là, si je ne suis trompé, connaître parfaitement l’art du théâtre, et le cœur humain ; Sganarelle ne dit rien, mais son silence parle éloquemment aux spectateurs. […] Quiconque ignore les mystères de l’art, en jugera de la sorte. […] Pour ceux qui entendent l’espagnol, ils connaîtront aisément avec quel art il a rendu sublimes dans ces deux scènes les beautés manquées dans l’original. […] Si les médecins de notre temps ne connaissent pas mieux la nature, ils connaissent mieux le monde, et savent que le grand art d’un médecin est l’art de plaire : Molière peut avoir contribué à leur ôter leur pédanterie, mais les mœurs du siècle qui ont changé en tout y ont contribué davantage.

39. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXII. De l’Intérêt. » pp. 385-398

Leurs écarts sont du moins les écarts du génie, que l’art n’a jamais maîtrisé. […] Lorsque je traiterai des différents genres de la comédie, je parlerai en passant de la comédie larmoyante, & c’est là qu’il sera, je crois, à propos de dévoiler l’art & les ressorts dont Moliere s’est servi pour ramener au comique les situations qui devenoient trop déchirantes. Le grand art d’un Auteur Comique seroit de se rendre intéressant sans aucun des moyens employés si souvent en Espagne, en Italie, à Londres, & par malheur sur notre théâtre, en dépit du goût, du bon sens & de Thalie. […] Faites bien séparément toutes les parties d’un ouvrage, liez-les avec art, l’ensemble sera nécessairement parfait. […] Surement tout homme qui aura remarqué l’art avec lequel l’entrevue d’Oronte & de Pourceaugnac est préparée, desirera ardemment de la voir.

40. (1850) Histoire de la littérature française. Tome IV, livre III, chapitre IX pp. 76-132

Pour bien apprécier le prodigieux mérite d’invention de Molière, il faut savoir où en était, vers le milieu du xviie  siècle, l’art de la comédie, ce que Corneille avait fait pour cet art, ce qu’il laissait à faire après lui. […] Après le Menteur, l’art ne pouvait plus reculer ; et si peu qu’il avançât, il allait atteindre à la comédie de caractère. […] Il faut, pour les deux arts, quelqu’un qui pose. […] C’est un art nouveau : c’est nous qui de spectateurs sommes devenus les héros. […] Enfin, le langage, au lieu d’être un art, n’est plus que la nature elle-même parlant par la bouche des personnages, selon le sexe, le caractère, la passion, la condition.

41. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

ou à l’art des jardins. […] Elle fonde donc sa foi à la beauté des œuvres, à l’art des ouvriers, sur un témoignage intérieur, sur l’amour. […] Mais sur Molière, sur les choses de l’art, comment clore la dispute, et comment ne pas disputer ? […] Boileau s’étonne que l’on ose combattre les règles de son Art poétique, après qu’il a déclaré que c’était une traduction de celui d’Horace. […] Dans l’Art Poétique.

42. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IX. Beltrame » pp. 145-157

La comédie de l’art recouvra une partie de ses droits sous ce directeur, qui était un acteur excellent. […] Mais dans ses autres compositions il fut moins fidèle aux traditions de la comédie de l’art ; il céda, à son tour, à la tendance qui emportait le théâtre italien vers les complications extravagantes et les spectacles fantastiques. […] Pendant cette période du gouvernement de Richelieu, notre art comique suivait une marche ascendante continue. […] L’Art de la Comédie, tome II, page 6.

43. (1739) Vie de Molière

On peut dire en passant, que c’est là le grand art des tragédies de l’admirable Racine. […] On y remarque plus de bouffonnerie, que d’art et d’agrément. […] Si les médecins de notre temps ne connaissent pas mieux la nature, ils connaissent mieux le monde, et savent que le grand art d’un médecin est l’art de plaire. […] Il n’y avait pas plus d’art dans les tragédies. […] De plus, comment Despréaux peut-il dire que « Molière peut-être de son art eût remporté le prix » ?

44. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Aimait-il l’art pour l’art ? […] Elle ne rappelle en rien l’art des Grecs, cet art contenu dans les justes bornes, dans les strictes limites. […] l’Art poétique ! — Oui, l’Art poétique ! […] c’en était fait de l’art de Molière.

45. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

Ce sont là de ces traits où l’art seul ne peut rien, si l’on n’est inspiré par le génie et guidé par le bon goût. […] Voilà ce qui s’appelle manier des scènes : voilà ce qui s’appelle travailler avec art, et représenter avec des traits délicats ce qui se passe tous les jours dans le monde. […] Je conviendrai avec ce maître de l’art que sa réponse est raisonnable ; mais s’il est de bonne foi, il avouera que Molière aurait mieux fait d’éviter une faute semblable. […] Examinons cependant la nature de cette faute, et voyons si on peut en tirer quelque instruction pour l’art dramatique. […] Le public justifia bien la prédiction de l’auteur de L’Art poétique, et depuis longtemps les Français citent Le Misanthrope comme l’honneur de leur scène comique.

46. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVII » pp. 193-197

Le roi fait concourir à leur éclat et à leur charme, la magie des arts de l’imagination, la puissance des talents. […] En 1660, il fut avait donné la salle du Palais-Royal ; en 1663, il le comprend pour une gratification annuelle de mille francs entre les hommes illustres dans les arts. […] Ces quatre hommes n’ont jamais été considérés que sous leurs rapports avec la gloire littéraire de la France, et avec celle des branches de l’art que chacun d’eux a le plus particulièrement cultivée.

47. (1881) La philosophie de Molière (Revue des deux mondes) pp. 323-362

Mais il y avait un autre droit bien supérieur qui dépassait toutes ces considérations ; c’est le droit de l’art, qui est souverain dans sa sphère comme la religion dans la sienne. […] Si l’art ne récusait pas cette autorité extérieure de la religion ou de la morale depuis longtemps il n’existerait plus. […] Quant au fond des choses, il ne relevait que de lui-même ; car l’art aussi possède une autorité de droit divin. […] Nous persistons à croire qu’il n’y a point, même en cela, de terrain interdit, que tout appartient à la comédie et à l’art, et que la question n’est que dans l’exécution. […] Nulle part l’art de vivre en société, l’art de causer, l’art de plaire, l’art de peindre, l’art d’analyser, l’art de penser en commun, l’art de raisonner sur la vie, sur les mœurs, sur le cœur humain, en un mot l’art de la vie mondaine n’a été poussé si loin.

48. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Vanité du style, et tout est vanité, surtout dans ce grand art du journal qui est un art éphémère, un art passager, le bruit d’une heure, et la puissance d’un instant ! […] Exemple à suivre, afin que chacun suive sa voie et ne demande à l’art qu’il exerce, que la chose même que son art peut rapporter. […] C’est la loi de l’art d’écrire. […] Après avoir lu cette lettre admirable et sans réplique, la comédie eût bien fait de renoncer à sa prétention, d’être un art parfaitement moral, ce qui est bien la plus singulière des tartuferies dans un art qui a produit Tartuffe. […] Va donc pour la nature, et cependant respectons l’art, il a ses droits et ne peut rien gâter.

49. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. Des Caracteres de tous les siecles, & de ceux du moment. » pp. 331-336

Nous verrons, quand nous parlerons de l’Art de l’Imitation, que Moliere, pour composer la plus grande partie de ses pieces, & principalement son Avare, a pris des traits chez une infinité d’Auteurs qui avoient peint avant lui l’avarice. […] C’est un art grimacier, dont les détours flatteurs Cachent, sous un beau voile, un amas d’imposteurs. […] Ils sont plus ingrats, parceque si vous réussissez à peindre si bien la laideur de votre modele, que les originaux disparoissent, votre ouvrage ressemble aux portraits qui n’ont plus de valeur dès que la personne qu’ils représentoient est morte, à moins que le Peintre n’ait réuni au mérite de la ressemblance celui du dessein, du coloris, & des autres parties de son art, & qu’il ne captive par-là le suffrage des connoisseurs : c’est ce qui fait survivre, comme nous venons de le dire, les Précieuses de Moliere aux héroïnes de la piece.

50. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre premier. Préliminaires » pp. 1-8

Elles exercèrent chacune une influence spéciale sur les deux grands génies qui fondèrent chez nous l’un et l’autre genre dramatique : Pierre Corneille, le père de la tragédie, fut soutenu dans sa puissante initiative par la littérature espagnole ; Molière, le comique, s’inspira davantage de l’art de l’Italie. […] Dans ce qui est aux yeux, des Italiens le véritable art comique, dans la Comédie de l’art, la parole est absolument subordonnée et compte à peine.

51. (1686) MDXX. M. de Molière (Jugements des savants) « M. DXX. M. DE MOLIÈRE » pp. 110-125

Il leur fallut un Comédien Qui mît à les polir son art et son étude. […] Rosteau prétend qu’il était également bon auteur et bon acteur, que rien n’est plus plaisamment imaginé que la plupart de ses pièces ; qu’il ne s’est pas contenté de posséder simplement l’art de la bouffonnerie, comme la plupart des autres comédiens ; mais qu’il a fait voir, quand il lui a plu, qu’il était assez sérieusement savant5. […] Peut-être de son art eût remporté le prix, Si moins ami du Peuple en ses doctes Peintures Il n’eût point fait souvent grimacer ses figures ; Quitté pour le bouffon l’agréable et le fin, Et sans honte à Térence allié Tabarin. […] Le même auteur dans l’Art poétiq.

52. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

Ne vaut-il pas bien mieux qu’un jeune cavalier Dans mon art au plus tôt se fasse initier ? […] Ses combinaisons dramatiques ne sont guère plus vraies que son style, et néanmoins elles séduisent par le grand art avec lequel il sait les mettre en œuvre. […] Scribe, qui ne possèdent pas comme le maître, au même degré du moins, l’art de les dissimuler, ni les qualités brillantes qui leur font contrepoids. […] C’est dans un rôle comme celui de Tartuffe que l’avantage d’une voix travaillée et rendue, à force d’art, souple et flatteuse, se fait surtout sentir. […] Cette lettre et celles qui la suivent font partie d’un ouvrage sur l’art du comédien.

53. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Pieces à scenes détachées. » pp. 45-60

Ce n’est donc pas sur la quantité des actes que nous donnerons des éloges à Moliere, c’est sur l’art qu’il a mis dans sa piece, art inconnu jusqu’à lui dans toutes les pieces à scenes détachées, art que Boursault ignoroit totalement, comme nous le verrons en comparant le Mercure galant avec les Fâcheux. […] On voit ensuite deux bavardes qui prétendent avoir l’art de se taire, & qui, pour le prouver, babillent sans cesse ; M. […] Malgré le succès qu’ont eu dans leur nouveauté les pieces de Boursault, malgré toute notre admiration pour l’art que Moliere a mis dans les Fâcheux, je ne conseillerois point à un Auteur de se borner à des pieces dans le genre de celles que nous venons d’analyser, & de les étendre sur-tout au-delà d’un acte.

54. (1819) Notices des œuvres de Molière (II) : Les Précieuses ridicules ; Sganarelle ; Dom Garcie de Navarre ; L’École des maris ; Les Fâcheux pp. 72-464

Corneille, au déclin de sa glorieuse barrière, crut étendre l’art du théâtre, en le reportant au point où il l’avait trouvé, et faire une création nouvelle, en imposant un nouveau nom au genre même sur les ruines duquel il avait fondé notre double scène. […] Or Don Sanche d’Aragon est parfaitement conforme à cette définition dont l’exactitude ne sera contestée par aucun de ceux qui connaissent l’histoire de l’art dramatique. […] Voilà pourtant ce que, chez les Italiens qui nous avaient précédés de plusieurs siècles dans la carrière de tous les arts, était devenu l’art du théâtre à une époque où Corneille avait mis au jour tous ses chefs-d’œuvre et où Molière se préparait à enfanter les siens. […] Les deux premiers actes de L’École des maris sont généralement admirés, l’un comme renfermant une des meilleures expositions qui soient au théâtre, l’autre comme développant avec art l’intrigue la plus ingénieuse et la plus comique. […] L’invention des pièces à tiroir n’est pas de celles qui étendent ou enrichissent le domaine des arts.

55. (1819) Notices des œuvres de Molière (III) : L’École des femmes ; La Critique de l’École des femmes ; L’Impromptu de Versailles ; Le Mariage forcé pp. 164-421

Une pièce de lui, jouée par lui-même et par les comédiens qu’il avait formés, devait offrir la perfection de l’art théâtral. […] Comme tout ce que Molière a créé dans son art, elle a produit des imitations qui sont restées fort au-dessous du modèle. […] Molière avait besoin de tout le secours de son art pour se tirer d’un pas si difficile : son art ne lui fut pas infidèle. […] « On y remarque, dit Voltaire, plus de bouffonnerie que d’art et d’agrément. » Le jugement est rigoureux. […] L’art de la comédie y a-t-il perdu ?

56. (1747) Notices des pièces de Molière (1670-1673) [Histoire du théâtre français, tome XI] pp. -284

Le fonds des pièces n’était en aucune sorte intéressant, mais la finesse du dialogue y suppléait : enchâssée avec art, une scène succédait à l’autre, et ces scènes offraient toujours de quoi plaire, ou du moins de quoi amuser. […] Arts travestis en Bergers galants, dansants, MM.  […] On sentit bientôt avec quel art l’auteur avait su tirer cinq actes entiers d’un sujet aride en lui-même, sans y rien mêler d’étranger ; et on lui sut gré d’avoir présenté sous une face comique ce qui n’en paraissait pas susceptible. […] De plus, comment Despréaux peut-il dire que Molière : Peut-être de son art eût remporté le prix ? […] Mauvillain était ami de Molière, et lui fournissait les termes d’art dont il avait besoin.

57. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

On n’a jamais fait, que je sache, une histoire complète de l’art dramatique ; autant vaudrait entreprendre l’histoire universelle du genre humain. […] Des maîtres dans l’art d’écrire, nous passons aux badigeonneurs du carrefour ! […] Ils avaient oublié l’art des gradations ! […] C’est une grande perte, et bien cruelle, et qui doit affliger tous les sincères amis de ce grand art de la comédie, qui a été si longtemps en si grand honneur parmi nous. […] Eh qu’importe, barbares, si mon talent est jeune, et si rien, dans mon art, ne se fait attendre : la voix, le geste, le sens, le sourire, le talent, la gaîté ?

58. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [57, p. 94] »

1775, Anecdotes dramatiques, tome I, p. 394-395 Boileau a beaucoup loué Molière, et vivant et mort ; mais dans l’Art Poétique, où il paraît plus particulièrement le juger, il dit que Molière : Peut-être de son art eut remporté le prix, Si moins ami du peuple, en ses doctes peintures, Il n’eut point fait souvent grimacer ses figures ; Quitté pour le bouffon, l’agréable et le fin, Et sans honte à Térence* allié Tabarin.

59. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

qui t’avait appris cet art, homme divin? […] Qu’est-ce qui égale Racine dans l’art de peindre l’amour? […] La partie de chasse et la partie de piquet sont des prodiges de l’art de raconter en vers. […] et si la vérité est par elle-même triste et sévère, quel art charmant que celui qui la rend si agréable! […] Ce n’était pas trop de tout l’art de Molière pour faire passer une situation si délicate et si périlleuse au théâtre.

60. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

Il résulta de ces échanges que les traits de ressemblance entre la comédie régulière et la comédie de l’art se multiplièrent. […] Un personnage qui paraît avoir pris pied dans la comédie régulière avant de passer dans la comédie de l’art, c’est le Parasite. […] La Ruffiana ne semble pas avoir brillé autant dans la comédie de l’art que dans la comédie soutenue. […] Nous venons d’indiquer ce que la comédie soutenue ajoute aux types ordinaires de la comédie de l’art telle qu’on la jouait dans les premières années du xviie  siècle.

61. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

L’Art de Molière. […] Enfin les classiques savent quelle est la nature de l’art, et qu’il est fait pour tout le monde. Ennemis-nés de 1’« art pour l’art », ils réagissent contre la Pléiade, comme le Romantisme réagira contre eux  : ils sont convaincus que l’art doit être constamment mêlé à la vie. […] De même, dans les arts plastiques, ce n’est pas un homme unique qui a servi de modèle à l’Apollon du Belvédère ou à l’Hercule Farnèse. […] L’Art de Molière : l’invention ; le système dramatique ; les types.

62. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Il lui restait en propre l’art avec lequel il avait su fondre ces éléments divers, en conservant la verve la plus franche, le trait le plus net et le style le plus vif qu’on eût jusqu’alors admirés sur la scène française. […] De celles de ces farces qui ne nous sont point parvenues, plus d’une, sans doute, avait son point de départ dans la comédie de l’art : ainsi, ce Docteur amoureux, dont Boileau regrettait la perte, était certainement de la grande famille des pédants dont la savante Bologne fut la cité natale. […] Après avoir eu recours à la comédie de l’art, au, moins pour la trame du Cocu imaginaire, Molière demande à la comédie soutenue une pièce du genre dit héroïque, Dom Garcie de Navarre, par laquelle, forcé de quitter le Petit-Bourbon, il inaugura, le 4 février 1661, la salle du Palais-Royal. […] Molière a refroidi ces élans : son œuvre révèle sans doute un art plus sérieux. […] Mais il convenait de reconnaître la part considérable que l’art antérieur de l’Italie occupe dans les commencements de sa carrière, pour montrer combien cet art avait contribué à son éducation dramatique.

63. (1732) Jean-Baptiste Pocquelin de Molière (Le Parnasse françois) [graphies originales] « CII. JEAN-BAPTISTE POCQUELIN. DE MOLIERE, Le Prince des Poëtes Comiques en France, & celebre Acteur, né à Paris l’an 1620. mort le 17. Fevrier de l’année 1673. » pp. 308-320

Quelques-uns prétendent qu’il se fit recevoir Avocat au retour de ce voyage : cependant le goût qu’il avoit pour la Comédie ne faisoit qu’augmenter, & il ne tarda gueres à témoigner la passion qu’il avoit pour cet Art & pour la déclamation. […]    Les François rougiront un jour    De leur peu de reconnoissance :    Il leur fallut un Comedien, Qui mît à les polir son art & son étude. […] a Il est vrai que Despréaux après la mort de Moliere, en lui donnant de nouvelles louanges, n’a pas laissé de lui reprocher d’avoir quelquefois donné dans un Comique un peu bas & indigne de lui ; c’est ce qu’on voit au Chant troisiéme de l’Art Poëtique, Vers 391. […] Etudiez la Cour, et connoissez la Ville, L’une & l’autre est toûjours en modéles fertiles : C’est par-là que Moliere illustrant ses Ecrits, Peut-être de son Art eût remporté le Prix ; Si moins ami du Peuple en ses doctes peintures, Il n’eût point fait souvent grimacer ses figures. […] Remarques sur le Vers 394. du troisiéme Chant de l’Art Poëtique.

64. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXV. Du contraste des Caracteres. » pp. 386-397

Loin de croire que le contraste des caracteres soit nécessaire dans la comédie, je l’y crois un grand défaut ; & tout homme qui connoîtra l’art dramatique, sera certainement de cet avis. […] Voyez ce qui résulteroit de ces antitheses, &c... » Je ne me connois pas assez en musique, en peinture, en architecture, pour juger d’après moi si ces trois arts admettent ou rejettent les contrastes, & j’en crois M. […] Voilà la logique de la plupart de ceux qui ont osé donner des bornes à un art dans lequel ils ne se sont jamais exercés. […] Je m’étendrai davantage là-dessus quand il sera question de l’art d’épuiser un sujet.

65. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

« Il y a dans l’art un point de perfection comme de beauté et de maturité dans la nature. […] Il a donné des règles excellentes de l’art d’écrire. […] L’art avant tout, pour les hommes athéniens, et quand enfin les devoirs et les droits de l’art étaient sauvés, venait la leçon qui n’était que plus profitable pour être assaisonnée de gaieté, de bienveillance, de grâce, d’enjouement. […] D’art et de goût, de vérité et même de décence, il en est à peine question. […] C’est un des privilèges de la jeunesse, ou tout au moins, est-ce un de ses défauts les plus charmants de ne pas savoir le premier mot de sa plus difficile entreprise ; elle ignore surtout le plus difficile de tous les arts, l’art par excellence de s’arrêter à temps, de commander à la rime cette esclave révoltée, le grand art de placer sous l’harmonie sonore d’un vers bien fait, une idée, un sentiment, un peu de bon sens.

66. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Des différents Genres en général. » pp. 1-8

Dufresny a dit : « Ce n’est pas étendre la carriere des Arts que d’admettre de nouveaux genres ; c’est gâter le goût ; c’est corrompre le jugement des hommes, qui se laisse aisément séduire par les nouveautés, & qui, mêlant ensuite le vrai avec le faux, se détourne bientôt, dans ses productions, de l’imitation de la nature, & s’appauvrit en peu de temps par la vaine ambition d’imaginer & de s’écarter des anciens modeles ». […] Les Arts prirent dès-lors plus d’élégance & de gentillesse, que de force & de vigueur. […] Tout le monde a reconnu dans les bons Auteurs comiques trois especes de pieces, pieces à intrigue, pieces à caractere, pieces mixtes, c’est-à-dire, qui tiennent des deux premieres : mais tout le monde n’a peut-être pas senti que les pieces à intrigue, que les pieces à caractere, que les pieces mixtes sont variées à l’infini dans leur construction, dans leur marche ; que chacun de ces trois genres en a plusieurs autres, qui doivent être traités différemment, & qui l’ont été par les meilleurs maîtres de l’art chez toutes les nations.

67. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Des Comédies-Ballets. » pp. 37-44

Paris en jugea moins favorablement ; il la vit séparée des ornements qui l’avoient embellie à la Cour : & comme le spectateur n’étoit ni au même point de vue ni dans la situation vive & agréable où s’étoient trouvés ceux pour qui elle étoit destinée, il ne tint compte à l’auteur que de la finesse avec laquelle il développe quelques sentiments du cœur, & l’art qu’il emploie pour peindre l’amour-propre & la vanité des femmes ». […] Il est des femmes qui ne paroissent belles qu’à la faveur d’une toilette très recherchée, & qu’il faut bien se garder de surprendre avant qu’une Marton savante dans l’art de Latour 4 ait arrangé l’iris 5 de leur teint. Nous en voyons qui, très jolies sans le secours de l’art, prennent cependant un air plus frippon en couronnant leur tête de quelques fleurs.

68. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIV. On peut faire usage de tous les caracteres. » pp. 378-385

Le meilleur, à mon avis, est de nous familiariser avec les pieces de Moliere, de les analyser, de les méditer ; nous y apprendrons l’art si difficile de mettre en œuvre tous les caracteres, d’apprécier au juste ce que chacun d’eux peut produire, de l’isoler ou de l’associer à un, deux, trois, ou plusieurs autres personnages en conséquence de leur valeur précise, afin que tous puissent produire l’effet dont ils sont capables, sans se nuire mutuellement. […] Cette comédie peut encore nous enseigner l’art de faire entrer plusieurs caracteres dans une même piece. […] J’ai cherché pendant long-temps la cause de cette supériorité que Moliere a sur ses prédécesseurs & sur ses successeurs dans l’art de faire briller plusieurs caracteres par le secours l’un de l’autre ; & j’ai trouvé qu’il la doit à l’adresse avec laquelle il met ses caracteres en opposition.

69. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

Ce serait encore beaucoup : mais deux critiques d’art plus éclairés et moins enthousiastes, MM. […] Les images consacrées par l’art aux grands hommes n’ont qu’un but : compléter l’impression laissée par leurs œuvres ; le buste de la Comédie-Française l’atteint tout à fait ; il est, selon l’heureuse expression de M. […] Les auteurs dramatiques de tous les temps, qu’ils le veuillent ou non, ne pratiquent pas leur art comme chose purement objective ; tous y mettent plus ou moins de leur âme. […] Dans l’intervalle de ces deux maladies, il a composé une nouvelle pièce contre l’art menteur et ses adeptes, le Médecin malgré lui, dont la première représentation est du 6 août 1666. […] Tout démontre, au contraire, qu’il aimait passionnément son art, qu’il y rapportait toutes pensées, qu’il s’y donnait corps et âme.

70. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Pieces à scenes détachées, dans lesquelles une Divinité préside. » pp. 61-74

Les comédies de ce genre sont premiérement moins naturelles, moins vraisemblables que les pieces dans lesquelles on n’admet aucun être surnaturel ; en second lieu l’Auteur ne sauroit que très difficilement y ménager une intrigue : si à force d’art il y réussit, cette intrigue doit, de toute nécessité, être défectueuse, puisqu’elle ne peut jamais rouler sur le principal personnage. […] Il en est de plusieurs especes, qui toutes ont séparément & des beautés & des défauts inséparables de leur nature, & plus ou moins frappants, selon l’art de l’Auteur. […] Celles enfin qui font en même temps la satyre des mœurs & des arts, de l’esprit & du cœur. […] L’ABC du grand monde, ou l’art de soutenir la conversation à peu de frais.

71. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Ces troupes étaient à cette époque moitié improvisatrices et moitié chantantes ; elles mêlaient les jeux de la comédie de l’art aux pièces lyriques, aux opéras dont la mode prévalait en Italie. […] En un mot, c’est ici où cet incomparable Scaramouche, qui a été l’ornement du théâtre et le modèle des plus illustres comédiens de son temps qui avaient appris de lui cet art si difficile et si nécessaire aux personnes de leur caractère, de remuer les passions, et de les savoir bien peindre sur le visage (c’est une allusion à Molière) ; c’est ici, dis-je, où il faisait pâmer de rire pendant un gros quart d’heure dans une scène d’épouvante où il ne proférait pas un seul mot. […] Si nous en croyons Le Boulanger de Chalussay, l’auteur d’Élomire hypocondre, Molière aurait positivement reçu de Scaramouche des leçons de pantomime, et lui aurait dû ses progrès dans l’art du comédien : ………… Par exemple, Élomire Veut se rendre parfait dans l’art de faire rire ; Que fait-il, le matois, dans ce hardi dessein ? […]   « Troisième conclusion :                      Tout l’art de raisonner n’est qu’une invention,                    Pour nous surprendre avec adresse ;                    Mais la véritable sagesse                    Consiste en l’obstination.

72. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du Genre larmoyant. » pp. 103-122

Le Poëte tragique, le Poëte comique doivent peindre la Nature, il est vrai ; mais l’art du premier consiste à la saisir dans ses instants de mauvaise humeur : l’art du second, dans ses instants de gaieté, & jamais dans ceux que la décence doit couvrir d’un voile. […] Il faut plaindre Plaute de n’être pas né dans un siecle aussi savant que le nôtre sur l’art dramatique. […] Si mes avis vous paroissent suspects ou peu dignes d’être suivis, écoutez du moins ceux que vous donnent deux excellents Critiques, & le génie le plus étonnant de notre siecle : « Le comique, ennemi des soupirs & des pleurs, N’admet point dans ses vers de tragiques douleurs. » Boileau, Art poét. […] Il n’est pas possible de dévoiler au lecteur toute la finesse de cet art inconcevable que le pere de la comédie employoit en pareille occasion ; on ne peut que mettre sous les yeux les scenes où il l’a fait avec le plus d’adresse.

73. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

Si l’on a bien dans la mémoire l’ensemble des œuvres du comique français, on discerne sans peine l’élément important que lui a transmis la double veine, littéraire et populaire, de l’art italien ; élément important, non par le fonds des idées satiriques et morales, mais par l’abondance des moyens d’expression ; élément en quelque sorte matériel, artificiel, mis à la disposition du grand ouvrier. […] Les expositions étaient généralement très vives, très brusques dans la comédie de l’art ; Molière lui déroba ce secret. […] Il en est de même, en quelque sorte, dans les arts.

74. (1873) Le théâtre-femme : causerie à propos de L’École des femmes (Théâtre de la Gaîté, 26 janvier 1873) pp. 1-38

Certains côtés de l’art où l’imagination domine, appartiennent, il est vrai, à la jeunesse, mais Molière, le poète des réalités, fit mieux d’attendre. […] Le théâtre est l’art de contenter la dame. […] Elle est pour moi le côté vivant de notre art, le côté hardi et réfléchi, délicat et violent; le côté caractère, le côté symptôme. […] Parce que, enfin, sous la provocante toilette de la forme, derrière le mot qui ose, le trait qui porte, la saillie qui éclate et flambe, il y a le fond : une action forte, comprise largement, étudiée puissamment, conduite selon l’art approfondi du théâtre, selon la science exacte de la vie... […] l’art dramatique était un sacerdoce.

75. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

Tel est l’art de ces sages. […] et je sais l’art de lever les scrupules. […] L’art et la raison exigent davantage. […] Néanmoins un certain art est encore nécessaire, et Tartuffe ne l’a point. […] La faute en est à son art plus qu’à son génie.

76. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

Des traits épars qui circulent dans le monde, ou qui sont enfermés dans les livres, sont peu de chose pour l’écrivain, pour le poète : c’est l’art de la composition qui de ces traits fait un ouvrage, et c’est le génie qui de cet ouvrage fait un chef-d’œuvre. […] Il croit réunir tous les avantages naturels et acquis ; il a toutes les disgrâces que la nature et l’art peuvent rassembler sur une personne. […] Leur savoir, leur capacité donne du relief à leur bévue, et atteste d’autant mieux l’insuffisance d’un art qui semble ne laisser à ceux qui le pratiquent avec le plus de succès, que le choix entre ces deux erreurs également funestes : voir ce qui n’est pas, et ne pas voir ce qui est. […] L’art chimérique, qui prétend lire nos destinées dans les aspects et dans les positions des corps célestes, remonte à la plus haute antiquité ; et c’est surtout parmi les puissants de la terre, que les promesses ou les menaces de cet art ont trouvé des esprits disposés à y croire. […] Il fut historiographe des bâtiments, des arts et manufactures, secrétaire de l’Académie d’architecture, et un des huit qui formèrent, dans le principe, l’Académie des inscriptions.

77. (1788) Molière (Dictionnaire encyclopédique) « article » pp. 588-589

Boileau a beaucoup loué Molière, et vivant et mort, mais dans L’Art Poétique, où il paraît plus particulièrement le juger, il dit que Molière : Peut-être de son art eût remporté le prix Si, etc.

78. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre IV. — Molière. Chœur des Français » pp. 178-183

Représentation de la nature humaine244, l’art comique a pour condition la science des traits éternellement communs de l’humanité245. […] Voilà la dernière règle : quel poète a su s’effacer derrière ses personnages avec autant d’art et de modestie que l’auteur du Tartuffe, d’Harpagon et des Femmes savantes, plus prompt aux métamorphoses que le Protée de la fable antique256 ?

79. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. Des Pieces intriguées par un Valet. » pp. 125-134

Il faut être vrai : tout ce que l’Auteur dit dans sa sortie contre les pieces intriguées par des valets, n’est pas bien vu ; mais le commencement décele la connoissance la plus étendue du théâtre de l’antiquité, & les réflexions les plus profondes sur l’art comique. […] Les ressorts de l’art seroient révoltants dans leurs mains ; ils font rire dans celles d’un valet. […] Croyons-le encore lorsqu’il nous dit dans sa même préface : « Est-il si minces coteries qui ne soient hérissées d’ombrages, de prétentions, & n’affectent de poser les limites d’un art dont ils n’ont pas les premieres idées ?

80. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. De l’Amour. » pp. 367-384

On me dira peut-être que le grand art d’un Auteur est de savoir plaire, & que, puisque les scenes amoureuses ravissent, enchantent, nos poëtes font très bien d’en larder plusieurs dans leurs drames, & de faire même des pieces exprès pour en amener. […] Qu’on parcoure tous ses ouvrages : quand une fois la fable de ses drames est en train, il n’en interrompt jamais la marche rapide par la conversation de deux amants assez désœuvrés pour faire des dissertations sur l’amour ; ou lorsqu’il a mis des scenes amoureuses dans ses pieces, il a trouvé l’art de les animer. […] De tout Paris, son art veut faire la conquête : A regner sur mon cœur votre gloire s’arrête. […] Que les Auteurs s’appliquent donc à rendre leurs amants intéressants, à mettre leurs scenes amoureuses en action, & qu’étudiant l’art inconcevable de Moliere, ils apprennent à tout vivifier comme lui, & sur-tout à ne point affadir leurs pieces en croyant les rendre touchantes.

81. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

Le pere arrive sans être attendu ; & malgré les fourberies d’un coquin de valet, il le surprend en partie de plaisir avec un Marquis ivre, qui l’instruit dans l’art de dépenser son bien ; & avec Lucile sa maîtresse, demoiselle très aisée à vivre, qui a une grosse maison, des habits magnifiques, sans avoir un sou de revenu ; qui, pour toute occupation, boit, mange, chante, rit, joue, se promene ; à qui les biens viennent en dormant. […] Moliere instruit l’homme dans plusieurs arts, ou contribue du moins à leurs progrès. […] Moliere entre dans la carriere des Lettres : son génie lui fait concevoir l’art du Poëte comme nous venons de le définir. […] Mais, bornés seulement à le suivre lorsqu’il descend avec ses personnages dans les détails immenses de la philosophie pratique, tâchons de l’imiter en cela autant qu’il nous sera possible ; &, pour y mieux réussir, apprenons de lui-même l’art de l’Imitation, cet art si rare, auquel il doit les trois quarts de sa gloire. […] Quand j’ai avancé que l’art de semer des moralités dans les détails avoit ses difficultés, j’ai voulu dire qu’il est difficile de les placer à propos, & de façon qu’elles tiennent, comme celles que je cite, au sujet, à la scene & aux caracteres des personnages qui les débitent.

82. (1882) M. Eugène Sauzay et Molière (Revue des deux mondes) pp. 207-209

C’est de manière épisodique, et non plus d’ensemble, que le nouveau commentateur étudie la question ; Le Sicilien, ou l’Amour peintre sert de texte non seulement à son discours, mais à sa musique, car ce charmant volume, sorti des presses de Didot, enrichi d’images du temps, enguirlandé, illustré d’arabesques, estampillé de croches et de doubles-croches, fleure : l’art par toutes ses pages. […] Sauzay, appliquant à la partie musicale du Sicilien les ressources variées de l’art moderne, vont heureusement nous distraire, car ce galant volume a double emploi ; le lettré s’en accommode aussi bien que l’amateur de musique : moliéristes et mozartistes y trouvent leur compte, et si vous avez les deux dilettantismes, après l’avoir lu au coin du feu, vous goûterez un égal plaisir à le déchiffrer au piano.

83. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Pour séduire Molière, il se mit à lui réciter avec beaucoup d’art plusieurs morceaux sérieux et comiques. […] Mais tandis que d’un côté Molière affranchit l’art, de l’autre il l’asservit. […] Que n’a-t-on pas dit sur l’émancipation de l’art ! […] Il a beau dire : l’art est sacré; il a peur que personne n’y touche. […] De là la nécessité d’un art suivi, juste, soutenu, sans écarts, sans boutades.

84. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLII. De l’art d’épuiser un Sujet, un Caractere. » pp. 493-503

De l’art d’épuiser un Sujet, un Caractere. […] Et, sur ce fondement, Peut-être pensez-vous qu’il vit obscurément ; Et que de ses pareils l’austere économie Exerce incessamment toute sa prud’hommie ; Qu’il excelle dans l’art de vivre à peu de frais ; Qu’avec le jour naissant il s’enferme au Palais ; Qu’à ce triste devoir son ame est asservie, Et qu’à l’amour du bien il immole sa vie ? […] Que vous êtes heureux, vous, en qui la nature Agit sans aucun art & regne toute pure !

85. (1852) Molière — La Fontaine (Histoire de la littérature française, livre V, chap. I) pp. 333-352

Nous laisserons Molière disserter lui-même sur les difficultés et la moralité de l’art où il a excellé. […] Ceux qui réclament, au nom de l’art et de l’humanité, contre un pareil sacrifice ne peuvent pas non plus accepter l’anathème lancé contre eux par le zèle indiscret du janséniste Nicole ; ils ne s’arrêtent pas même devant l’imposante autorité de Bossuet. […] Ces vers si souvent cités : C’est par là que Molière, illustrant ses écrits, Peut-être de son art eût emporté le prix, Si, moins ami du peuple en ses doctes peintures, Il n’eût point fait souvent grimacer ses figures, Quitté pour le bouffon l’agréable et le fin, Et sans honte à Térence allié Tabarin, auraient quelque fondement si Molière eût mêlé dans ses chefs-d’œuvre le bouffon au comique noble ; mais ne l’ayant point fait, on ne voit pas par quelle sorte de contagion Les Fourberies de Scapin, George Dandin ou La Comtesse d’Escarbagnas pourraient aller corrompre la beauté dans les pièces où elle se trouve sans alliage et enlever ainsi à Molière la palme qu’aucun poète comique n’osera lui disputer. […] Il est bon aussi de démêler l’art qui se dérobe sous le naturel et l’abandon de ses démarches. […] Ceux qui ne la saisissent pas risquent de prendre pour de la négligence les finesses d’un art consommé et les délicatesses du goût le plus pur.

86. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VII. De l’Amour. » pp. 121-144

Molière était obligé d’en demeurer aux termes de la comédie, et l’art même lui défendait de mettre sur la scène autre chose que les lettres de Célimène et les avances mielleuses d’Arsinoé 470 ; mais pourtant, quand il montre la jeune coquette refusant d’aller ensevelir dans un désert ses fautes et son repentir471, il laisse deviner la vie qu’elle mènera dans v le monde : Peut-être avant deux ans,...... […] Il y avait presque autant de mérite à réformer l’amour dans l’expression que dans le fond, à l’époque où les madrigaux triomphaient si victorieusement, que Racine faisait dire au fils d’Achille aux pieds de la veuve d’Hector : Brûlé de plus de feux que je n’en allumai483 ; à l’époque où Boileau lui-même, fléchissant sous la poussée du siècle, mettait, dans la glorieuse péroraison de son Art poétique, le Benserade des ruelles à côté du Corneille du Cid et d’Horace 484. […] La supériorité de Molière est aussi grande au point de vue moral qu’au point de vue de l’art :   Tout ce qu’il a touché se convertit en or.   Boileau, Art poétique, ch. […] Art poétique, ch.

87. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IX. De l’Adultère et des Amours faciles. » pp. 166-192

Mais il n’avait pas besoin de donner cette preuve pour démontrer son intarissable facilité ; et le moraliste ne peut lui pardonner d’avoir ainsi employé son art à corrompre, d’avoir véritablement prostitué son génie. […] Quoi que puisse dire l’ami des arts et de la poésie, l’ami de la vertu ne peut approuver un seul pas sur une pente si fleurie et si glissante. […] Si les arts ont un pouvoir funeste, c’est de rendre séduisant, entraînant, irrésistible, ce qui tout d’abord aurait révolté la vertu. […] Art poétique, ch. […] Barbier, Melpomène :   Quelle force ont les arts pour démolir les mœurs.

88. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

. — Il y a une troisième académie, celle de Danse ; elle a été fondée par le roi même, pour remédier aux abus introduits dans l’art par les désordres et la confusion des dernières guerres ; abus capables de porter ledit art à une ruine irréparable. […] Doucement : voici Agnès qui entre en scène ; Agnès, c’est Mlle de Brie, qu’on pourrait appeler belle et bonne ; avec quel art elle s’est rajeunie pour ce rôle,ou plutôt comme elle a su faire sortir et répandre sur toute sa personne le charme qui est dans son âme ! […] Je n’ai pas l’intention d’analyser ce petit chef-d’œuvre, qui, dans ses vingt pages, nous en dit plus que les plus gros livres sur la société polie de ce temps, — comme aussi sur l’art du théâtre ; car Molière y a mis son esthétique, marquée au coin de son admirable bon sens. […] Il faut dire qu’il sacrifiait tout à son art, même le goût des autres. […] mais avec quel art il la module, cette chanson que Musset ne lui a pas apprise, puisqu’il l’a trouvée déjà dans Molière, cette chanson éternelle de l’adolescence amoureuse !

89. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Du Choix d’un Sujet. » pp. 25-38

Tous les sujets sont bons entre les mains d’un habile homme : propos absurde, que j’ai souvent entendu tenir à ces petits tyrans du Parnasse, qui s’érigent en censeurs, parcequ’ils ont enfanté avec peine quelques vers insipides ; à des hommes du bel air, qui vont réguliérement tous les jours à la Comédie, mais qui n’en connoissent que les foyers & les actrices ; enfin à de jolies femmes qui, occupées pour la plupart de l’art de la toilette, n’ont jamais réfléchi sur aucun autre. […] Mais comme, dans ce siecle charmant, tout est soumis au tribunal des Dames, qu’elles font sur-tout le sort des ouvrages de génie, & qu’il importe beaucoup à la république des lettres que le plus grand nombre ait des idées vraies, justes & dignes de ce goût fin, délicat & naturel que le beau sexe a reçu en partage, je me contenterai de faire remarquer aux Dames qui seront en ceci d’un avis contraire au mien, qu’il faut bien moins d’adresse pour présider à la parure d’une femme jeune & jolie, qu’à celle d’une vieille : & elles se récrieront, sur-tout si elles sont parées des fleurs de la beauté & de la jeunesse ; il a raison : Madame une telle, par exemple, est un sujet ingrat, que l’art de trois Marthons des mieux stylées ne sauroit embellir ; elle est toujours d’une laideur amere : si ! […] On a dit encore que le mensonge est dans les arts ce que les monstres sont dans la nature ; ils ne sauroient se perpétuer : rien n’est plus vrai.

90. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. De la Catastrophe ou du Dénouement. » pp. 503-516

Les Auteurs qui ont traité de l’art de la comédie, ont presque tous fait de grands raisonnements pour expliquer ce que signifie le mot de catastrophe ; pour moi, je dirai tout uniment, d’après Scaliger 66, que la catastrophe, dans la comédie, est une révolution aussi heureuse que prompte dans les affaires des personnages. […] Il renferme toute son intelligence dans les prétextes présents, sans aller plus loin ; il s’applique à ce qu’il voit ; il ne previent pas ce qui doit arriver, & son imagination se laissant tromper par l’art du poëte, sa satisfaction est plus ou moins grande, selon l’adresse avec laquelle on lui a ménagé un plaisir que l’illusion peut rendre toujours nouveau. […] Les surprises de la premiere espece demandent un art infini.

91. (1898) Molière jugé par Stendhal pp. -134

Ils en sont pour les arts, le sens commun et l’art de jouir de la vie, au point où les Arts du dessin en étaient sous Constantin en 300, on relevait les colonnes des temples, mais on les plaçait à l’envers, la tète en bas. […] que ce cœur est double, et sait bien l’art de feindre ! […] Art excellent de Molière. […] La nature qui, ordinairement, est plus froide que l’art donne une leçon à Molière. […] Il y a des arts qui pour avoir un langage ont besoin d’admettre une certaine quantité de fausseté.

92. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. De l’Art de prévenir les Critiques. » pp. 309-313

De l’Art de prévenir les Critiques. On n’est jamais plus convaincu de l’art & de la profondeur d’un Comique, que lorsqu’on le voit aller avec adresse au devant des critiques que le spectateur pourroit lui faire, & le préparer d’avance à trouver bon tout ce qu’il va voir & entendre, tandis qu’il l’auroit trouvé mal sans la précaution de l’Auteur.

93. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Unités. » pp. 352-366

Je répliquerai à cela que l’art de la comédie n’est pas pour rien regardé comme le premier : d’ailleurs, les bons Auteurs savent très bien s’élever malgré les regles les plus austeres. On pourroit dire de la comédie & de toutes ses parties, ce qu’on a dit des vers : De la contrainte rigoureuse Où l’esprit semble resserré, Il reçoit cette force heureuse Qui l’éleve au plus haut degré : Telle dans des canaux pressée, Avec plus de force élancée, L’onde s’éleve dans les airs : Et la regle, qui semble austere, N’est qu’un art plus certain de plaire, Inséparable des beaux vers. […] Quelques Auteurs n’ont introduit plusieurs fils, plusieurs intrigues dans leurs pieces, que parcequ’ils ont donné une même dose d’amour à tous leurs personnages, & qu’ils n’ont pas eu l’art de subordonner la tendresse de l’un à celle de l’autre.

94. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVI. Des Caracteres nationaux. » pp. 268-283

Ceux qui transplantent quelque art que ce soit d’un pays étranger dans leur patrie, en suivent d’abord la pratique de trop près, & ils font la méprise d’imiter chez eux les mêmes originaux que cet art est en habitude d’imiter dans les lieux où ils l’ont appris : mais l’expérience apprend bientôt à changer l’objet de l’imitation ; aussi les Poëtes Romains ne furent pas long-temps à connoître que leurs comédies plairoient davantage s’ils en mettoient la scene dans Rome, & s’ils y jouoient le peuple même qui devoit en juger. […] Un fiel bien ménagé coule de veine en veine, Part du cœur, y retourne, ou fait filer la haine A longs traits, avec art, comme l’amour enfin, Chez les femmes sur-tout, où le plaisir malin Prend racine, s’étend : la terre en est si bonne !

95. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

La chanson est une fleur qui se plaît sous le ciel de la France : elle y réussit sans art, sans culture, et c’est un des ornements de notre guirlande poétique. […] C’est ainsi que Marivaux écrivant des comédies, faisait encore des romans, et que Lesage écrivant des romans, faisait encore des comédies ; car, ce n’est pas seulement la facilité de combiner des scènes et de développer une intrigue qui constitue l’auteur comique, c’est l’art de saisir les caractères, d’observer les mœurs, et d’en présenter un tableau dramatique et fidèle. […] On trouvera mon système plus spécieux que solide ; on pourra l’attribuer à mon enthousiasme pour un art auquel je dois l’honneur de siéger parmi vous ; mais je rappellerai l’hypothèse dans laquelle je me suis placé ; et je répondrai d’ailleurs que l’histoire de certains peuples de l’antiquité repose sur des traditions bien plus incertaines et sur des conjectures bien moins vraisemblables.

96. (1821) Sur le mariage de Molière et sur Esprit de Raimond de Mormoiron, comte de Modène pp. 131-151

L’Art de vérifier les dates. […] L’Art de vérifier les dates. […] L’Art de vérifier les dates, t. 18, p. 290.

97. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

On pourrait croire d’abord, en effet, qu’il les condamne tous, eux et leur art, au nom d’une mystérieuse nature, bienfaisante et souveraine. […] « La médecine », écrivait-il dans la préface du Tartuffe, « est un art profitable, et chacun le révère comme une des plus excellentes choses que nous ayons ». […] De même qu’en matière de mœurs, il ne convient pas plus de supprimer les instincts naturels que de les déchaîner, de même en littérature on ne doit ni s’écarter de la nature au point de jouer avec les mots comme Trissotin, ni condamner toute espèce d’art comme Alceste ; et l’œuvre personnelle de Molière, si on l’examinait au point de vue littéraire, me semblerait fournir la démonstration de ce que je viens d’avancer. S’agit-il des lois de l’art dramatique, Dorante niera d’abord qu’il existe d’autre règle que celle de plaire, qu’il n’a cure des écrits d’Aristote et d’Horace, que L’École des femmes, de Molière, est une bonne comédie parce que le public l’a bien accueillie ; puis, ayant ainsi fait acte d’indépendance, il soutiendra qu’en reste la pièce ne pèche contre aucune des règles dont parle M. […] Je puis vous dissiper ces craintes ridicules, Madame ; et je sais l’art de lever les scrupules.

98. (1825) Notices des œuvres de Molière (IX) : La Comtesse d’Escarbagnas ; Les Femmes savantes ; Le Malade imaginaire pp. 53-492

Et Molière connaissait-il si peu les intérêts de son art et de sa gloire, qu’il attendît, pour étaler des portraits comiques sur la scène, que les originaux ne pussent plus être aperçus dans la société, ou ne méritassent plus d’y être remarqués ? […] Bien entendus, bien dirigés, ils produisent tous les arts utiles, et engendrent même quelques-unes de nos vertus. […] Ayant une poitrine susceptible de s’enflammer au moindre effort, et exerçant une profession qui pouvait chaque jour provoquer ce genre d’accident, Molière avait inutilement demandé à la médecine les moyens de concilier la pratique de son art avec la conservation de sa santé. Renoncer à cet art, c’était sacrifier à la fois ses intérêts et ses goûts ; c’était surtout laisser sans appui un théâtre qui était son ouvrage, et des comédiens qu’il regardait comme ses enfants. […] L’escrime qui, du temps de Molière, était un art fort pratiqué, avait fourni au discours familier une foule d’expressions figurées dont tout le monde se servait.

99. (1740) Lettres au Mercure sur Molière, sa vie, ses œuvres et les comédiens de son temps [1735-1740] pp. -89

Qui mît à les polir son art et son étude ; Mais, Moliere, à ta gloire il ne manqueroit rien, Si, parmi leurs défauts que tu peignis si bien, Tu les avois repris de leur ingratitude. […] Rosteau18 prétend qu’il étoit également bon auteur et bon acteur, que rien n’est plus plaisamment imaginé que la plupart de ses pièces ; qu’il ne s’est pas contenté de posséder simplement l’art de la bouffonnerie, comme la plupart des autres comédiens, mais qu’il a fait voir qu’il étoit assez sérieusement sçavant. […] Leurs trois talens ne formoient qu’un esprit, Dont le bel art divertissoit la France. […] Il excelloit encore pour les caractères de Gascons et de Capitans : on dit de lui, que c’est le premier acteur qui ait eu ce qu’on appelle des entrailles, c’est-à-dire l’art de s’émou voir, pour toucher ensuite les autres, ce que Floridor n’a voit point à ce degré de perfection. […] Voir Art poétique, ch.

100. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Sans doute on ne peut pas plus comparer La Bruyère à Molière qu’on ne compare le talent de peindre les caractères à celui de les faire agir et de faire sortir leurs traits de la situation où l’art sait les placer ; mais, supérieur à Molière par l’étendue, la profondeur, la diversité, la sagacité, la moralité de ses observations, il est son émule dans l’art d’écrire et de décrire, et son talent de peindre est si parfait, qu’il n’a pas besoin de comédiens pour vous imprimer dans l’esprit la figure et le mouvement de ses personnages. […] La dixième satire de l’auteur, publiée en 1693 contre les femmes, parle d’une                                                    Précieuse, Reste de ces esprits jadis si renommés, Que d’un coup de son art Molière a diffamés… C’est chez elle toujours que de fades auteurs S’en vont se consoler du mépris des lecteurs ; Elle y reçoit leur plainte, et sa docte demeure. […] Toujours est-il certain que ces vers ne peuvent être appliqués à personne de l’ancien l’hôtel de Rambouillet, puisque l’hôtel de Rambouillet n’existait plus à l’époque où a paru Phèdre, puisque ce ne sont point les personnes de l’hôtel de Rambouillet que Molière a diffamées d’un coup de son art, puisqu’enfin toutes les personnes qui avaient eu jadis des relations avec l’hôtel de Rambouillet, telles que la duchesse de Longueville et sa société, étaient toutes hautement pour la Phèdre de Racine, contre cette de Pradon, étaient toutes du parti du prince de Condé protecteur de Racine et de Boileau, contre les Nevers et les Mancini protecteurs et protectrices de Pradon, et goûtaient fort le sonnet qui, répondant à celui de madame Deshoulières, sur les mêmes rimes, reportait sur Hortense Mancini cette espèce de difformité que madame Deshoulières avait reprochée à l’Aricie de Racine129.

101. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Nous nous en occuperons donc quand nous en serons à étudier les principes généraux de Molière sur L’art dramatique. […] Pour qu’il fasse de pareilles fautes contre l’art, il faut que Molière ait pour les servantes une dévotion toute particulière qui aurait dû lui faire trouver grâce auprès de Jean-Jacques Rousseau. […] Le naturel dans tout l’art théâtral, c’est la ressemblance avec la vie. […] Quand il parlait de l’art d’apprivoiser les règles, Corneille était ingénieux aussi, mais avait une vue moins précise. […] Qu’il soit poète épique proprement dit, ou romancier, ou dramatiste tragique, ou dramatiste comique, c’est son premier office, le but essentiel de son art et le plus grand titre qu’il ait à la gloire s’il réussit.

102. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. » pp. 500-533

Aussi-tôt le Professeur de poésie s’avance & chante ces paroles :  Son Professor di poesia,  Della divina frenesia : Mon art inspire les transports :   I miei canti   Sono incanti :   I dotti, gl’ignoranti, Tout est charmé de mes accords. […] L’art enfin n’a le droit de charmer qu’autant qu’il imite la nature jusqu’au point de frapper également le connoisseur & l’ignorant. […] Ainsi, le Tartufe, vu pour la premiere fois, ne permet certainement à personne de songer à l’art inconcevable qu’il a fallu pour le composer. […] C’est sans contredit dans l’art de la comédie, que l’imitation exacte de la nature est plus essentielle & plus difficile que dans tous les autres genres, puisque peu de chose peut rendre ses portraits ou trop chargés ou trop mesquins. […] Pourquoi Scarron, qui en étoit possesseur avant Moliere, n’a-t-il pas eu l’art d’en tirer le même parti ?

103. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre III » pp. 30-37

Quand une nation se repose après une révolution ou après de grandes dissensions, le parti victorieux s’applique encore quelque temps après la victoire à exercer une espèce de vengeance morale sur les opinions qui régnaient avant le combat ; il réprouve tout le système des anciennes idées, des anciens principes en morale, en littérature, en philosophie, même dans les arts. […] Quand l’esprit dominant est de rejeter sans examen et sans discernement tout ce qui appartenait au parti vaincu dans les sciences, dans les lettres, dans les arts même, l’ignorance présomptueuse, les doctrines surannées et réduites à l’absurde, les témérités mille fois réprimées des imaginations sans frein et sans guide, les extravagances les plus révoltantes, ont le champ libre, peuvent se donner carrière, faire ligue, se produire mutuellement, et se soutenir par leurs efforts combinés.

104. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

Les arts d’agrément, surtout la musique, y ont pris une telle place que peu de femmes sont capables aujourd’hui de soutenir un entretien sérieux. C’est une des causes qui ont banni de chez nous l’art charmant de la conversation, où l’esprit français fut longtemps sans égal. […] Enfin, elle est veuve ; et je profiterai de l’occasion pour remarquer l’art attentif avec lequel Molière a dressé l’état civil de ses personnages. […] C’est dans cette scène et dans la façon dont elle est amenée que se montrent avec le plus d’éclat l’art du poète et le mérite d’Elmire. […] Boileau, Art poétique, III.

105. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Chaque spectateur tient essentiellement à ce que les rôles de Molière soient interprétés conformément à la tradition de ce maître en l’art d’écrire les pièces et en l’art de les interpréter. […] Cette note fort curieuse montre quelle sorte d’autorité — toute morale — avait, jusqu’en ces années d’art à la belle étoile, celui qui allait devenir Molière. […] On peut vraiment affirmer qu’en matière d’art il n’est point de génération spontanée. […] Napoléon d’ailleurs, en fait d’art dramatique, préférait l’utilitarisme. […] Molière donc était fort bon comédien et avait sur son art des idées tout à fait sensées et tout à fait justes.

106. (1739) Vie de Moliere (Réflexions sur les ouvrages de litérature) [graphies originales] « Chapitre » pp. 252-262

Si les Médecins de notre tems ne connoissent pas mieux la nature, ils connoissent mieux le monde, & sçavent que le grand art d’un Médecin, est l’art de plaire.

107. (1863) Molière et la comédie italienne « Préface » pp. -

Molière fut également à même d’étudier de ses propres yeux l’art et les représentations théâtrales des comédiens de cette nation, puisque, de 1660 à 1673, la troupe de Joseph de Prado, entretenue par la reine Marie-Thérèse, alternait avec les comédiens de l’Hôtel de Bourgogne, tout comme les Italiens avec Molière au Palais-Royal. […] Il ne s’agit point d’embrasser l’histoire de l’art comique italien dans toute son étendue, mais d’en saisir et d’en montrer seulement ce qui se découvre du point de vue particulier où je suis placé.

108. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVII. Des aparté. » pp. 446-462

Par conséquent les aparté, quoique dans la nature par eux-mêmes, peuvent devenir plus ou moins vicieux, plus ou moins naturels, selon l’art des Auteurs. […] Les aparté qui se font entre deux acteurs qui se parlent & qui se voient, demandent beaucoup plus d’art que les autres. […] Vous avez d’ailleurs l’art de vous mettre comme personne.

109. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLI. Des Episodes. Maniere de les lier aux Caracteres principaux, & de placer les Caracteres accessoires. Embonpoint d’une Piece. » pp. 475-492

vous montrez, Monsieur, un tel art dans Paris ? […] je vous soutiens que, dans tous les états, On ne peut de mon art assez faire de cas ; Qu’un enfant de famille, & qu’on veut bien instruire, Devroit savoir jouer avant que savoir lire. […] Ne vaut-il pas bien mieux qu’un jeune cavalier Dans mon art au plutôt se fasse initier ?

110. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

C’est un art de qui l’importance est toujours respectée ; et, quoiqu’on la découvre, on n’ose rien dire contre elle. […] Est-il besoin d’ajouter que la victoire de Molière fut légitime comme une conquête de la raison, et que l’art cesserait d’exister s’il ne récusait pas l’ombrageuse autorité du sacerdoce ? […] On dirait qu’il fait alors de l’art pour l’art, tant il a de jactance et presque de fanfaronnade. […] L’instruction qu’il permet lui semble un luxe, un art d’agrément. […] L’art, c’est la nature d’abord, mais vérifiée, contrôlée, jugée par un discernement et une raison qui la rectifie, et la restaure.

111. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE III. L’Honnête Homme. » pp. 42-64

Boileau n’a fait qu’exprimer le jugement de Molière sur le métier d’écrivain : Soyez plutôt maçon, si c’est votre talent, Ouvrier estimé dans un art nécessaire, Qu’écrivain du commun et poète vulgaire184. […] Boileau, Art poétique, ch. […] IV, v. 121. — Remarquez que le Misanthrope est de 1666, les Femmes savantes sont de 1672, et l’Art poétique ne fut achevé qu’en 1674. […] Boileau ne faisait donc pas une figure de rhétorique quand il disait : L’un meurt vide de sang… (Art poétique, ch.

112. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Pour séduire Molière, il se mit à lui réciter avec beaucoup d’art plusieurs morceaux sérieux et comiques. […] Il voulait aussi que cet homme distingué dans son art prît place à sa table. […] Ils laissaient au vulgaire l’art de parler d’une manière intelligible. […] Mais dans la comédie, son art infini dissimulait ce défaut autant que possible. […] Quel art, quelle variété dans la peinture de cet admirable tableau !

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