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23. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. M. ROCHON DE CHABANNES. » pp. 381-412

Rendez-moi sage tout d’un coup ; je ne demande pas mieux. […] Tant fut disputé de part & d’autre, que nous nous perdions dans nos idées, quand tout à coup mon mari arriva. […] On né sé loue pas ordinairement, jé lé sais ; mais quand on veut sé faire connoître tout d’un coup, il faut bien faire les honneurs de sa personne. […] Tout coup vaille, écrivons. […] Voyons, que j’arrange ma situation, que je mesure un peu l’étendue de la scene pour mon coup de théâtre . . . .

24. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

C’est l’arme la plus terrible de l’indignation, du mépris, de la haine8 ; c’est le coup de massue qui terrasse et achève l’ennemi. […] Mais l’art merveilleux d’Aristophane est précisément d’avoir créé le comique de rien, ou plutôt de la plus rebelle des matières, et d’avoir transfiguré la prose en poésie d’un coup de sa baguette magique. […] que j’aime bien mieux les coups de bâton que les archers donnent à Polichinelle, et les coups de plat de sabre que les Turcs distribuent en cadence à M.  […] » crie l’avare à son fils, pris tout à coup « d’un éblouissement ». […] Les scènes d’un vrai comique, telles que celle où Valère et maître Jacques se donnent des coups de bâton88, sont accessoires et ne procèdent pas nécessairement du sujet.

25. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Le contester, ce serait vouloir enfoncer un gros mur à coups de tête. […] C’est à cela qu’il doit d’avoir connu du premier coup, atteint du premier coup la perfection du genre, et l’explication s’impose. […] Elle l’interrompt à tous coups, pour le rappeler à l’objet de la conversation. […] Et, en effet, la discussion reprend ; ce ne sont plus d’aigres réparties se choquant coup pour coup, ce sont des raisons déduites. […] Elle a failli se trouver mal, au coup qui lui était porté.

26. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Regnard imitateur comparé avec la Bruyere, Plaute, & la nature. » pp. 5-50

Peu s’en est fallu que je n’aie enfoncé les deux portes à force de frapper à coups de pieds. […] Soit, je souffre patiemment les coups & les blessures, pourvu qu’ils soient monnoyés. […] voilà le coup de massue ! […] Autre coup assommant ! […] Est-il naturel qu’Araminte, qui entretient visiblement le Chevalier, qui a tout fait pendant la piece pour se le conserver, & qui est nantie d’une bonne promesse, consente tout d’un coup à le céder à sa niece ?

27. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. Des Comédies Allégoriques. » pp. 75-90

Mais maigrir tout d’un coup ! […] Mais maigrir tout d’un coup ! […] Il est michant sti mal, jel save bien, mon foi ; Il m’emporte d’un coup quatre lenfants dy moi.

28. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. » pp. 57-70

Si le portrait l’intéresse, elle feint le contraire : si le portrait ne l’intéresse pas, fera-t-elle les coups de poing pour le ravoir ? […] Quand j’aurai fait le brave, & qu’un fer, pour la peine, M’aura d’un vilain coup transpercé la bedaine, Que par la ville ira le bruit de mon trépas, Dites-moi, mon honneur, en serez-vous plus gras ? […] Le moindre coup au cœur est une sure voie Pour aller chez les morts ; il est ainsi du foie : Le rognon n’est pas sain quand il est entr’ouvert, Le poumon n’agit point quand il est découvert : Un artere coupé !

29. (1884) Tartuffe pp. 2-78

Tout à coup, le roi étant à l’armée de Flandre, le 5 août 1667, la troupe du Palais-Royal joue en public l’lmposteur, comédie en cinq actes, dont le héros est un certain M. […] C’était Minerve sortie d’un coup, et tout armée, du cerveau du maître. […] Au déjeuner suivant, quatre grands coups de vin lui refont le sang et les idées. […] L’embarras d’Elmire, sa toux subite, cette table qu’elle ne quitte pas, ces coups qu’elle y frappe, tout cela lui échappe ; il est aveugle et sourd, il est pipé, pipé à pleines pipes, comme Arnolphe et comme Sganarelle ! […] Voilà d’heureuses gens, certes, et bien assurés contre les coups du sort.

30. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

« Le dénouement des Adelphes n’a nulle vraisemblance ; il n’est point dans la nature qu’un vieillard qui a été soixante ans, chagrin, sévère et avare, devienne tout à coup gai, complaisant et libéral. […] Pour éviter les répétitions, car nous avons déjà parlé de cette pièce*, il suffira de rappeler en passant le coup de théâtre par lequel Isabelle, feignant d’embrasser son tuteur, se sert de ce moyen pour donner à son amant sa main à baiser, et lui engager sa foi. On connaîtra par là avec quel esprit et avec quel art Molière fait usage, pour ainsi dire, d’une ombre de coup de théâtre que Vega lui avait fait entrevoir dans sa comédie de La Discreta enamorada. […] Ce silence est un coup de maître : et c’est cette espèce de dénouement que j’avais en vue, lorsque j’ai dit que le froid d’une situation pouvait quelquefois servir à dénouer une pièce, autant que le feu et la vivacité d’une action. » M.  […] Dans cette comédie le coup de théâtre ou surprise de pensée que je crois la plus belle qu’on puisse trouver, et que je donnerais pour modèle en ce genre, n’était que bonne dans l’original, mais elle est devenue sublime entre les mains de Molière.

31. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. Des Pieces intriguées par plusieurs Personnages. » pp. 169-175

Les coups qu’ils se porteroient mutuellement tour à tour donneroient un plaisir plus varié au spectateur. […] On conçoit aisément, par l’extrait de cette piece, combien deux intrigants, imaginant & agissant tous deux avec la même vigueur, & à-peu-près le même zele, se portant tour à tour plusieurs coup redoublés, & faisant pour ainsi dire assaut de fourberie ; on conçoit, dis-je, combien de pareils champions pourroient amener de situations plaisantes, variées, & même attachantes, s’ils travailloient pour une affaire plus intéressante qu’un dîner & une montre.

32. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVIII. De l’exposition des Caracteres. » pp. 433-447

Pour le coup, je m’en vais. […] La Fleur, en se plaignant du Comte de Tufiere, qui ne daigne pas lui parler, donne un coup de pinceau bien énergique à son portrait. […] Pour le coup, je m’en vais.

33. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE III. L’Honnête Homme. » pp. 42-64

La vertu d’Alceste est intacte et respectée au milieu de tout le rire soulevé par ses ridicules ; et moi-même’, simple et faible spectateur, l’auteur me force par un coup de génie à faire nettement celte distinction qu’Alceste ignore, du mal même que je hais, et de l’homme, qui peut en être atteint jusque dans la plus haute vertu, et que j’aime pourtant, pour sa vertu et pour lui. […] Et n’y a-t-il pas, dans l’esprit faussé par le pédantisme et l’orgueil, de certaines erreurs qui vont à la folie, et qu’on ne peut réfuter mieux que par des farces folles, comme celle du Docteur aristotélicien, auquel il faut parler à coups de pierre, et du Docteur pyrrhonien qui ne croit qu’aux coups de bâton197 ? […] XXVI, v. 75. — « Mais le coup de maître est d’avoir fait-Alceste amoureux, d’avoir courbé cette âme indomptée sous le joug de la passion, et montré par là surtout que le plus sage ne peut être complètement sage,   Et que dans tons les cœurs il est toujours de l’homme.

34. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Nous abandonnerions volontiers la mêlée après avoir reçu un coup d’épingle ; ils y recevaient sans déserter des coups de poignard. […] S’il fut sifflé à Limoges, le coup dut, il est vrai, lui être sensible. […] Mais, encore un coup, que Molière dépasse ceux qu’il imite ! […] C’est tout au plus s’il ne roua point la Guérin de coups, comme Lauzun battait la grande Mademoiselle. […] Qu’est-ce que ces piqûres d’épingle comparées aux coups de couteau empoisonnés que reçut Molière ?

35. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

« L’histoire d’un tel peuple est un long drame, où il compte avec complaisance les coups de théâtre sous le nom de journées. […] Qu’on nous laisse jouir en paix de ce frisson de volupté qui pénètre l’âme et l’enivre lorsque d’un coup d’aile, le poète nous enlève avec lui jusqu’aux dernières profondeurs du monde idéal, où règne l’harmonie éternelle. […] Puis tout à coup : « Etourdissante, en effet, dit M. […] Don Quichotte porta un coup sensible à l’esprit chevaleresque, quoique Cervantès n’eut en vue que les exagérations ridicules auxquelles il avait donné lieu. […] Dans Le Misanthrope Molière renverse de sa propre main l’idole qu’il avait élevée; après avoir morigéné son siècle au nom de l’idéal que ce siècle rêvait, il s’en prend tout à coup à cet idéal lui-même et le met en pièces dans une œuvre d’inspiration qui est devenue son meilleur titre de gloire.

36. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Ceci dit, et le portrait à peine achevé, et tout d’un coup, ce monde éclatant, ce monde éternel, s’en va et disparaît dans l’abîme ! […] Ô les cruels, qui s’écrient tout à coup, au milieu de l’applaudissement universel, et quand chacun lui bat des mains, qu’il faut mettre à la retraite cette femme ; qu’elle n’a pas le droit de rester plus longtemps la reine du théâtre, et enfin : qu’elle fasse place à d’autres ! […] Cependant, à force de coups d’épingle, à force de murmures intéressés dans les recoins les plus obscurs de la salle, à force de mauvaise humeur et de mauvais vouloirs, il est arrivé qu’un beau jour, sans consulter personne, et sans attendre que ses amis fussent de retour, mademoiselle Mars s’est écriée : « Vous voulez que je parte, eh bien ! […] Tout à coup, au milieu de la conversation commencée, on annonce mademoiselle Mars ! […] Et enfin, tout d’un coup, voilà la jeune femme qui se prosterne vivement, qui s’empare de la main de mademoiselle Mars avec des sanglots et des larmes. « — Madame !

37. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. Du Dialogue. » pp. 204-222

Non, sans doute, puisque chaque mot doit porter un coup mortel au cœur de notre avare. […] comme ce coup de pinceau est fort & expressif après le seul mot de rôt ! […] Un jour que nous y étions, nous voyons arriver tout d’un coup un jeune homme qui pleuroit ; cela nous surprend, nous demandons ce que c’est.

38. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVII. Du Caractere des Professions. » pp. 284-302

Voilà qui nous enleve tout d’un coup une bonne partie de nos sujets, & peut-être les plus comiques. […] Supposons pour un moment qu’on nous livre les vices de toutes les professions : supposons que leurs travers, leurs ridicules ne soient pas trop bas pour la bonne comédie : supposons qu’ils soient à la portée de tout le monde : supposons que ceux de chaque profession puissent fournir le comique nécessaire pour une comédie : ce grand fonds, ce fonds immense, se bornera à une comédie par profession, encore faudra-t-il ne pas compter toutes celles qui ont déja été livrées aux coups de la Muse comique. […] Je vous dis encore un coup que j’ai votre affaire en tête, & qu’elle n’en sortira point. . . . . . . . . . . . . . . . .

39. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

Par exemple, dans l’Avare, Moliere donne le dernier coup de pinceau au portrait d’Harpagon, quand il le rend si dur, si ladre, qu’il refuse le nécessaire à son fils, & le contraint par-là à emprunter d’un usurier pour pouvoir s’entretenir. […] Dans la comédie ancienne & moderne, les valets trompent leurs maîtres ; cela est vrai : mais on a grand soin de leur prouver que quelques années de galere ou de bons coups d’étriviere sont ordinairement le salaire de leurs petites espiégleries. Je doute fort qu’un seul de nos fainéants à livrée, après avoir vu jouer l’Andrienne, soit tenté de mériter les coups de fouet dont on régale Dave. […] Géronte tombe en léthargie avant que de faire son testament ; par ce coup inattendu Eraste se trouve frustré de toutes ses espérances : l’honnête Crispin remédie encore à tout cela en dictant un testament à deux Notaires qui le prennent pour Géronte. […] Si, la premiere fois que cela m’arriva, un connoisseur m’eût lâché deux bons coups de sifflet, il m’auroit fait rentrer dans moi-même, & je serois meilleur ».

40. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

Des suites d’un coup de pincettes que M. de Conti lui avait donné à la tempe. […] Les ennemis, cependant, n’en avaient pas fini encore ; il leur restait à frapper le coup de grâce. […] Il poussait des cris et faisait des gesticulations effroyables, dans l’attente horrible où il était d’un coup de sabre dans le derrière. […] Godemer avait résisté, défendu ses droits, Chapelle s’était emporté, les coups avaient suivi. […] Ce fut le dernier coup.

41. (1692) Œuvres diverses [extraits] pp. 14-260

L’aimable Comédie avec lui terrassée En vain d’un coup si rude espéra revenir, Et sur ses brodequins ne put plus se tenir. […] L’Âge vieil plus mûr, inspire un air plus sage, Se pousse auprès des Grands, s’intrigue, se ménage, Contre les coups du sort, songe à se maintenir, Et loin dans le présent regarde l’avenir.

42. (1873) Le théâtre-femme : causerie à propos de L’École des femmes (Théâtre de la Gaîté, 26 janvier 1873) pp. 1-38

C’est ce qu’elle fit; elle alla longtemps à droite et à gauche, au gré de sa fantaisie, mais tout à. coup elle se borna, absolument comme l’ancien mystère. […] On comprend bien qu’une heure solennelle approche, l’heure du devoir : l’heure de donner le coup de canif au contrat et le coup d’épaule au divorce : c’est son état, elle le fait en conscience. […] c’est peut-être même par excès de tendresse pour la famille qu’ils lui tâtent le pouls quelquefois si brusquement, et qu’à la moindre alerte, pour une migraine ou un rhume de cerveau, ils lui conseillent du premier coup cette tisane d’acier : l’amputation, le divorce !

43. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Ce fut la continuation de la bonne comédie, dont les Précieuses Ridicules avaient été le coup d’essai. […] un coup de marteau donné à l’angle d’un mur, et le commissaire désiré paraît ! […] Comme ces habiles fripons qui font leur coup en plein jour, et ne se sauvent qu’à force d’adresse et de subtilité, l’ingénieux Beaumarchais a tout simplement pillé Molière. […] Voilà un homme qui, tout d’un coup, devient un personnage. […] pour le coup, voilà les siffleurs pris pour dupe et les marchands de sifflets ruinés.

44. (1821) Notices des œuvres de Molière (VI) : Le Tartuffe ; Amphitryon pp. 191-366

Molière fit aussitôt partir pour le camp devant Lille deux de ses camarades, La Grange et La Thorillière, porteurs d’un second placet dans lequel il se plaignait amèrement de ce coup d’autorité qui, en frappant son ouvrage, enfreignait la volonté même du monarque. […] Molière ne voulut sûrement pas faire retomber sur la piété sincère les coups qu’il portait à l’hypocrisie : j’en crois Cléante et les vers sublimes où il les marque l’une et l’autre des traits qui leur sont propres. […] Dans cette phrase, « Son extrême délicatesse pour les choses de la religion ne put souffrir cette ressemblance du vice avec la vertu », on a substitué aux mots ne put souffrir , ceux-ci, eut de la peine à souffrir  ; et cette autre phrase, « Il la défendit pourtant en public, et se priva soi-même de ce plaisir, etc. »a été changée en celle-ci : « Il défendit cette comédie pour le public, jusques à ce qu’elle fût entièrement achevée, et examinée par des gens capables d’en juger, pour n’en pas laisser abuser à d’autres moins capables d’en faire un juste discernement. » Ces changements, faits après coup, ont évidemment pour objet de transformer en une suspension momentanée la défense absolue et définitive qu’avait faite Louis XIV. […] Ensuite une servante y fait autant de bruit, À son maudit caquet donne libre carrière, Réprimande son maître, et lui rompt en visière, L’étourdit, l’interrompt, parle sans se lasser ; Un bon coup suffirait, pour la faire cesser, Mais on s’aperçoit bien que son maître, par feinte, Attend, pour la frapper, qu’elle soit hors d’atteinte. […] Après que l’Imposteur a fait voir son courroux, Après qu’on a juré de le rouer de coups, Et d’autres incidents de cette même espèce, Le cinquième acte vient ; il faut finir la pièce.

45. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. De l’Entr’acte. » pp. 289-308

D’ailleurs si Madame Murer ne s’est pas suffisamment expliquée avant que de partir, si ses gestes, ses paroles, n’ont pas peint suffisamment son dépit & ses desseins, elle a tort ; & l’Auteur a bien plus de tort encore d’avoir préféré aux coups de pinceau frappants qu’auroit pu donner un personnage intéressé à l’action, les traits informes que tracent quelques gredins tout-à-fait étrangers à la piece. […] On sonne de l’intérieur ; un laquais arrive au coup de sonnette. […] Si au contraire elle est intéressante, les personnages intéressants doivent, avant leur sortie, avoir employé les gestes, la voix & les expressions les plus fortes pour nous pénétrer de son importance : pourquoi donc faire succéder à des coups de pinceau fort énergiques, un barbouillage qui ne rend que foiblement la même idée ?

46. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIX. De l’action dans les Pieces à caractere. » pp. 448-468

c’est le coup de maître. […] Il se console aisément des coups que lui a donné son maître ; mais ceux de l’Intendant le piquent au vif. […] Maître Jacques, qu’on interroge le premier, qui veut se venger des coups que lui a donné Valere, dépose contre lui, & l’accuse d’avoir fait le vol.

47. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. M. DE BEAUMARCHAIS. » pp. 442-462

Il a un rendez-vous la nuit dans l’appartement de la belle : il y va, quand il rencontre un jeune homme prêt à périr sous les coups de plusieurs assassins, le défend, le conduit avec lui chez Eugénie, le laisse dans une chambre voisine de celle où il entre. […] Don Pedre est incognito à Lisbonne, parcequ’il est amoureux de Constance sœur du Comte & d’Arnest : ce dernier découvre son intrigue, l’attend avec quatre braves & son valet Orcame, lui fait mettre l’épée à la main, & reçoit un coup qui le jette à terre. […] Je ne souffrirai point du tout qu’on attaque ses jours ; & je jure le Ciel que je le défendrai ici contre qui que ce soit, & je saurai lui faire un rempart de cette même vie qu’il a sauvée ; & pour adresser vos coups il faudra que vous me perciez.

48. (1847) Le Don Juan de Molière au Théâtre-Français (Revue des deux mondes) pp. 557-567

Quoi qu’il en soit, quatre ans après la mort de Molière, par suite d’un arrangement pris par Armande Béjart avec la troupe de la rue Mazarine1 ‌, on vit tout à coup la prose si énergique et si nerveuse de Don Juan s’aligner en assez bons alexandrins sous la plume honnête de Thomas Corneille, et ce qu’on a peine à concevoir, cette médiocre copie s’est maintenue, jusqu’à nos jours, en possession du théâtre, à l’exclusion de l’original. […] Je conçois que, pour arriver à la conciliation qu’il avait en vue, il ait dû faire le sacrifice de plusieurs scènes, dont le dessin était trop manifeste et l’adresse écrite trop clairement, celle, par exemple, où l’incorrigible duelliste, devenu tout à coup homme de bien, met en action la septième lettre des Provinciales, et pratique, avec un aplomb et une aisance consommés, les maximes de restriction mentale et de direction d’intention recommandées, en pareille circonstance, par Petrus Hurtado. […] On a, d’ailleurs, poussé le respect pour les moindres indications venues de Molière, jusqu’à faire apparaître au cinquième acte le fantôme d’une femme voilée qui se transforme tout à coup en une figure du Temps, avec sa faux à la main.

49. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. D’Ancourt imitateur, comparé à Moliere, la Fontaine, Saint-Yon, le Sage, Montfleury, &c. » pp. 133-184

Tout coup vaille, le fils & la mere, il n’importe ; C’est être bien méchant d’en user de la sorte. […] Prenez ma jupe, & contrefaites-vous : Vous entendrez son insolence extrême ; Lors d’un bâton donnez-lui tant de coups... […] Ce ne fut tout ; car à grands coups de gaule Le pélerin vous lui froisse une épaule, De horions laidement l’accoûtra, Jusqu’au logis ainsi le renvoya. […] Morgué, je ne sais rien ; mais tout coup vaille. […] C’est eux qui ont fait le coup, Monsieu le Bailli.

50. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. » pp. 279-289

Cet homme, étonné, eut beau protester qu’on le prenoit pour un autre, on le fit convenir, à coups de fouet, qu’il avoit un secret merveilleux. […] Le premier jour la chose arriva comme il l’avoit prévu ; mais ayant renouvellé la même scene le lendemain, sa femme se disoit à elle-même, dans sa douleur : « Il faut que mon mari n’ait jamais été battu ; s’il savoit le mal que font les coups, il ne m’en auroit assurément pas tant donné ».

51. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. » pp. 489-499

Je sais tous les discours de tous ces amoureux : Qu’il brûle, qu’il se meurt, qu’il est tout langoureux, Que jamais d’un tel coup ame ne fut atteinte, Que pour avoir secours il vous a fait sa plainte, Que vous me suppliez d’avoir pitié de lui, Et qu’au moins d’un regard j’allege son ennui. […] Pour ce coup, ceci doit vous suffire, Et je vous ai plus dit que je ne voulois dire.

52. (1769) Idées sur Molière pp. 57-67

Molière n’est jamais fin; il est profond, c’est-à-dire, que lorsqu’il a donné son coup de pinceau, il est impossible d’aller au-delà. […] C’est dans ce temps que tu as entrepris de porter un coup mortel à l’hypocrisie, qui en effet ne s’en est pas relevée.

53. (1802) Études sur Molière pp. -355

Arnolphe, enfin, entraîné hors de lui-même par les coups sensibles que lui porte Agnès, aigri par l’ingénuité avec laquelle ses reproches sont repoussés, brûle un moment de se satisfaire par quelques coups de poing. […] » Molière porta les premiers coups aux plus acharnés de ses détracteurs, dans La Critique de l’École des femmes. […] oui ; elle s’est donné tant de peine pour tousser, elle a tant frappé à coups redoublés sur la table qui cache Orgon ! […] Elmire, après avoir encore toussé et frappé sur la table  ; Molière a voulu que l’actrice, en donnant un coup ou deux, avertît Orgon qu’il devrait être suffisamment désabusé ; mais Elmire, en frappant avec précipitation et à coups redoublés sur la table, ne doit-elle pas craindre que Tartuffe, ayant déjà remarqué l’opiniâtreté de son rhume, ne remarque encore l’exagération de ses coups de poing, et ne soupçonne quelque supercherie ? […] Voilà quelques coups de pinceau négligés ou affaiblis ; mais il en est tant d’autres que Molière ne doit pas à Plaute !

54. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

On se bat dans le ciel à coups de canon. […] Elle ne sort pas tout d’un coup de la tête d’un homme de génie. […] Jeune, il laissait à la nature le soin de ses cheveux ; plus tard ils tombèrent sous les coups de ciseaux des dames dont les larmes avaient mouillé les pages de ses romans. […] Quelques coups de poing qu’on échange çà et là réchauffent l’amitié sans troubler sérieusement la paix ; nulle part l’ivrognerie, ni la débauche. […] Il n’était pas écrit au livre du Destin, que Plaute ferait tout à coup détonner Sosie dans sa comédie d’Amphitryon.

55. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Il faut avouer que le coup était rude. […] Le petit goût précieux, la démarche pédante, le comme il faut, le curieux style aux petites recherches, les coups de raquette et d’éventail n’ont rien à faire en tout ceci. […] Le jeune Adraste en fait plus, en un tour de main, que Figaro avec ses sternutatoires, ses coups de lancette et ses cataplasmes sur l’œil de la mule aveugle. […] Il n’a jamais su rire, de sa vie, et toute sa vie il a été colère et fantasque ; — il avait remplacé le rire par l’emportement, la moquerie par le sarcasme, le ridicule par la satire, le coup d’épingle par le coup de poignard ; c’est bien de celui-là qu’on pourrait dire ce que madame de Sévigné disait de Bourdaloue : Le Bourdaloue frappe comme un sourd, à droite, à gauche, et sauve qui peut ! […] Tout à coup voici venir Dubois, le valet que Molière a donné à Alceste, et vous pensez si Alceste tient à ce valet que lui a donné Molière !

56. (1686) MDXX. M. de Molière (Jugements des savants) « M. DXX. M. DE MOLIÈRE » pp. 110-125

Toute la Comédie avec lui terrassée En vain d’un coup si rude espéra revenir. […] À dire le vrai, ces pièces sont fort inférieures au Misanthrope, à L’École des femmes, au Tartuffe, et à ces grands coups de maître : mais elles ne sont pourtant pas d’un écolier, et l’on y trouve toujours une certaine finesse répandue que le seul Molière avait pour en assaisonner les moindres ouvrages.

57. (1865) Les femmes dans Molière pp. 3-20

Que fait-il dans Les Précieuses ridicules, sinon porter un premier coup à cette risible et malheureuse affectation de manière et de langage qui, de l’hôtel Rambouillet, s’étendait déjà aux riches familles bourgeoises, et, à l’exemple des Arthénice et des Thélamire, transformait en Polixène et en Aminthe Mlles Cathos et Madelon ; cette fille et cette nièce prétentieuses du tout rond Gorgibus ? […] Vous vous troublez beaucoup, dit elle à son mari ; Mon cœur n’est point du tout étourdi de ce coup. Faites, faites paraître une âme moins commune, À braver comme moi les coups de la fortune.

58. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. » pp. 500-533

Ce paysan eut beau s’humilier, Et pour un fait assez léger peut-être, Il se sentit enflammer le gosier, Vuider la bourse, émoucher les épaules ; Sans qu’il lui fut dessus les cent écus, Ni pour les aulx, ni pour les coups de gaules, Fait seulement grace d’un carolus. […]   Allons, préparez-vous,   Et comptez bien les coups. […] Paix, vous dis-je, & craignez mille coups... […] Le commun des hommes jouit des sentiments que la musique fait naître dans son cœur sans en rechercher les causes ; & le plaisir que les amateurs prennent à comparer le rapport des modes avec les situations qu’ils peignent par le son, ne vient qu’après coup ; c’est un plaisir réfléchi qui ne se fait sentir qu’en second.

59. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

A qui Lelio donnerait-il les bourrades, et Cassandre les coups de canne obligés ? […] N’est-ce point là un coup de génie ? […] Il n’est pas comptable des coups qu’il reçoit. […] Bien avant Molière, chaque farce d’Italie avait sa grêle de coups. […] Il fallait un coup plus hardi pour prouver qu’il s’émancipait.

60. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Ils passent sur la terre en déclamant, puis tout d’un coup ils se perdent dans un grand silence. […] Moi-même, de cent coups je percerais mon sein. […] à ce bruit inattendu, à ce coup terrible, le malheureux artiste se sent défaillir. […] Tout d’un coup la sombre humeur remplace cette gaieté. […] reprend le fils, si je n’ai pas d’enfants, je vais donc garder pour moi les coups que vous m’avez donnés ?

61. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. » pp. 180-200

Il compare Diana à une figue sur le haut d’un figuier, & les trois Princes à des enfants qui veulent faire tomber la figue à coups de pierre. Il ajoute que la figue a beau résister quelque temps, qu’attendrie par les coups de pierre des enfants, elle tombe enfin au profit de l’un d’eux. […] Tout d’un coup il prend fantaisie à Madame la Comtesse de laisser là son amant, pour enlever le Chevalier à son amie.

62. (1850) Histoire de la littérature française. Tome IV, livre III, chapitre IX pp. 76-132

Corneille tend plus haut qu’aucun autre poète de son temps ; et s’il n’arrive pas tout d’un coup à la comédie, c’est déjà de l’invention que de se priver, par pudeur de génie ou par dédain, des moyens d’effet les plus à la mode, et d’élever le goût du public, avant de lui offrir les vrais modèles. […] Les gens d’un goût délicat voulaient qu’il n’eût plus besoin ni d’un trait hasardé, ni d’une grimace, ni d’un coup de brosse, ni d’aucun embellissement emprunté à la mode, et fragile comme elle. L’intérêt, dans la comédie, devait naître désormais de cette variété infinie du cœur humain, lequel contient plus de coups de théâtre que n’en peut créer l’imagination du dramaturge le plus fécond. […] Voici une comédie sans un seul des procédés de la comédie, sans confident, sans figures de fantaisie, sans valets, sinon pour avancer une chaise ou porter une lettre ; sans Gros-René ni Mascarille, sans monologue, sans coup de théâtre. […] Tous reçoivent de la main de la coquette un coup d’éventail sur la joue, qui ne les corrigera pas, mais qui les punit assez pour le plaisir du spectateur.

63. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Étaient-ce là deux miracles de vengeance impitoyable, d’ironie implacable, des coups de massue où la vieillesse et la gloire de cette monarchie à son penchant, gémissait d’un râle plaintif ? […] C’est pour le coup, ami feuilleton, qu’il te faudra briser ta plume : « Frange, miser, calamos ! […] C’est lui qui signera l’arrêt de mort du roi de France, qui traînera la reine à l’échafaud, qui tuera à coups de pieds dans le ventre, l’orphelin de tous les rois de la maison de Bourbon ! […] Inde mali labes  ; de cette confusion vint tout le mal, car, pour ce coup-là, il n’y avait pas à crier : À la profanation ! […] Quoi qu’il en soit, madame de La Vallière pleure encore, quand tout à coup entre un jeune militaire qu’elle a dû épouser autrefois.

64. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

Cette fois encore, les coups sont terribles et portés de sang-froid : point de thèses, mais la médecine elle-même parlante et agissante. […] Son mal s’aggrave, et, bien qu’il ait jugé les guérisseurs du premier coup, il fait ce que les plus sceptiques font en pareil cas : il les appelle de nouveau, et les plus considérables, les plus renommés. […] Molière n’était pas allé à lui du premier coup : il avait commencé par les médecins officiels, ceux du roi et de la cour, puis, voyant qu’ils ne pouvaient rien, il s’était adressé à un autre, qui pensait et agissait tout autrement. […] » On dirait autant de coups de fouet ou de bride pour maintenir un attelage indocile ; la parole est saccadée, fiévreuse ; le geste et l’allure devaient être à l’avenant. Aux récriminations, il répond par des coups de boutoir, il force les résistances par des mots piquans : « Taisez-vous, ma femme, vous êtes une bête l » dit-il crûment à Armande.

65. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. Des Pieces d’intrigue en général. » pp. 123-124

C’est dans ses détours que Plaute, Térence, Moliere, Regnard se sont habitués à voir, à sentir tout d’un coup ce qui doit être au commencement, au milieu, à la fin d’une piece ; à s’emparer de l’attention du public, à la captiver, en lui présentant des incidents qui se croisent en apparence, & qui le conduisent cependant au point qu’il a desiré.

66. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. Des Scenes. » pp. 223-249

que de coups de chapeau ! […] Le coup décisif va se porter : poursuivons. […] Lorsqu’elle vient me voir je souffre le martyre, Il faut suer sans cesse à chercher que lui dire ; Et la stérilité de son expression Fait mourir à tout coup la conversation.

67. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [50, p. 83-85] »

L’aimable comédie avec lui terrassée, En vain d’un coup si rude espère revenir, Et, sur ses brodequins, ne peut plus se tenir.

68. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVII. Du titre des Pieces à caractere. » pp. 417-432

Je disois que Sophie eut pour pere Pirante ;  Que par le sang & l’amitié Il fut avec Eraste étroitement lié ;  Que d’une fortune brillante  Dépouillé par un coup du sort,  La douleur lui donna la mort. […] Le premier jour on condamne la piece ; on raisonne ensuite sur le drame ; on est surpris que certaines scenes, certaines situations aient déplu ; on en cherche la cause, on la trouve ; on revient à cette même piece dans l’idée qu’elle doit être intitulée l’Anglomane : on écarte le premier titre pour ne se souvenir que du second ; la piece, malgré les premiers coups, qui sont toujours mortels, se releve, & a plusieurs représentations.

69. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre II. — De la poésie comique. Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul » pp. 97-110

Il protège les sots contre le bourreau comique qui leur enfonce aux applaudissements des sages, ses coups d’épingle dans le corps, et lui arrachant l’épingle, il la plonge agrandie et transformée en glaive de feu dans le sein du bourreau, et dans celui des sages qui applaudissent129. — L’humoriste installe sa propre personne sur le trône130, parce que le petit monde intérieur, plus vaste que le vaste monde extérieur, ouvre à l’imagination un champ infini ; mais s’il élève son moi, c’est pour l’abaisser et l’anéantir poétiquement comme le reste de l’univers. — Il déborde de sensibilité131 : lorsque, planant sur le monde, il se balance dans sa légère nuée poétique, ses larmes brûlantes tombent comme une pluie d’été qui rafraîchit la terre. […] Nous avons remplacé par cette métaphore équivalent celle que voici, qui nous paraît moins claire : Le satirique ordinaire attache quelques bévues ou quelques fautes de goût sur son pilori, pour leur jeter, au lieu d’œufs pourris, quelques saillies pleines de sel… Mais le thyrse de l’humoriste n’est ni un bâton de chef d’orchestre, ni un fouet, et ses coups tombent au hasard.

70. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Unités. » pp. 352-366

Eh bien, est-il vraisemblable qu’un machiniste puisse en un clin d’œil, & d’un coup de sifflet, transporter les acteurs d’un bout du Royaume à l’autre, ou, ce qui est encore pis, que par la vertu de ce même sifflet, il transporte à la bienséance des acteurs, les différentes villes ou provinces dont ils ont besoin ? […] J’ai assisté à la premiere représentation d’une comédie qui, sans plaire précisément, ne faisoit pas encore beaucoup murmurer, lorsque le machiniste lâcha un coup de sifflet.

71. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. Des Pieces intriguées par une Soubrette. » pp. 135-150

Toutes ces simagrées vont à son sexe ; aussi sont-elles applaudies : mais des coups de force pareils à celui que je vais citer, seroient ridicules si une soubrette les faisoit. […] pour le coup, Frontin, C’en est trop.

72. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre V. Le théâtre des Gelosi (suite) » pp. 81-102

Oratio l’accueille à coups de poing et le jette hors du théâtre. […] Pantalon, qui a été témoin de ce coup de théâtre, blâme l’effronterie de Flaminia.

73. (1843) Le monument de Molière précédé de l’Histoire du monument élevé à Molière par M. Aimé Martin pp. 5-33

Un peuple de statues sorties tout à coup des murs de son Hôtel de Ville vient aujourd’hui même témoigner de la reconnaissance et de l’intelligence de celle reine des cités. […] Dans un amour profond il avait cru trouver Ce pur délassement que l’on aime à rêver Après les grands travaux ; Oasis bien-aimée Où l’âme se retire et repose calmée, Où l’orgueil, que le monde irritait de ses coups, Cède au baume enivrant d’un sentiment plus doux. […] pour l’obtenir, La vie est l’hécatombe offerte à l’avenir ; L’âme va s’épuisant jour par jour tout entière, Puis tout à coup se brise.. […] Quand la foule du siècle, en tumulte à ses pieds Passera.… tout à coup si vous vous animiez Comme le commandeur, marbre de sa statue, Et si sa voix parlait à cette foule émue, Que dirait-il ?

74. (1870) La philosophie dans le théâtre de Molière (Revue chrétienne) pp. 326-347

Mais pour rester fidèle à la vérité, j’aime mieux avouer que, dans cette attaque générale, personne ne porta à l’ennemi commun des coups plus directs que le rival de Descartes, et conclure cette première discussion en confessant que Molière est ici le disciple de Gassendi. […] Enfin, et pour passer tout d’un coup des petites choses aux grandes, et accord est plus visible encore à propos de l’idée de Dieu. […] Une fois, en effet, une seule fois, par je ne sais quelle bonne fortune, il s’est oublié, il s’est trahi ; une seule fois l’acteur a disparu, l’auteur a tout à coup parlé en son nom, et on a vu avec étonnement don Juan faire l’aumône au pauvre « au nom de l’humanité (59). » Or le grand principe le voilà : l’humanité ; Molière la trouve belle, et c’est pourquoi il combat et rejette tous ces vains ornements sous lesquels on la lui cache, avec lesquels les précieuses de toutes sortes et les pédants de toute espèce la gâtent et la détruisent. […] Voilà bien, ce me semble, la dernière réponse à notre dernière question. — Mais à peine trouvée, je la vois tout à coup grandir en importance.

75. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

J’y restai étendu comme un homme frappé de la foudre, et y demeurai quatre jours sans remuer ni sans prendre aucun aliments… À moins d’un coup du ciel, c’était fait de ma vie. […] Le bruit de cette épinette alla jusqu’au roi ; sa majesté voulut la voir, et en admira l’invention : elle la fit passer dans l’appartement de la reine pour lui donner un spectacle si nouveau : mais sa majesté en fut tout d’un coup effrayée ; de sorte que le roi ordonna sur-le-champ que l’on ouvrit le corps de l’épinette, d’où l’on vit sortir un petit enfant de cinq ans, beau comme un ange ; c’était Raisin le cadet4, qui fut dans le moment caressé de toute la cour. […] Les comédiens de l’Hôtel de Bourgogne n’en avaient manqué aucune, et ils n’étaient pas moins surpris du jeune acteur que l’était le public, surtout la Duparc, qui le prit tout d’un coup en amitié, et qui bien sérieusement avait fait de grands préparatifs pour lui donner à souper ce jour-là. […] Il fut tout étonné, et fort aise de se voir tout d’un coup si bien ajusté. […] Elle passa tout d’un coup de l’emportement à la douleur ; les pistolets lui tombèrent des mains, et elle se jeta aux pieds de Molière, le conjurant, les larmes aux yeux, de lui rendre son acteur, et lui exposant la misère où elle allait être réduite, elle et toute sa famille, s’il le retenait.

76. (1705) La vie de M. de Molière pp. 1-314

Il fut tout étonné, et fort aise de se voir tout d’un coup si bien ajusté. […] Baron, comme le plus ingambe arriva le premier, et fit cesser les coups ; mais il fallut Molière pour terminer le différend. ―  Ah ! […] Le Poète devait mourir sous le bâton, ou du moins en avoir tant de coups, qu’il se souviendrait toute sa vie d’avoir versifié. […] Son neveu, qui était Procureur et de meilleur sens que lui, n’ayant pas voulu entrer dans son sentiment, cet Oncle furieux lui donna un coup de couteau, dont pourtant il ne mourut pas. […] Et l’on a remarqué qu’il n’y a guère eu que les Précieuses Ridicules et l’Amphitryon qui aient pris tout d’un coup.

77. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. De ce que nous entendons par caractere. » pp. 259-260

Quant aux coups de pinceau plus ou moins vigoureux qu’il faut employer en traçant des caracteres plus ou moins odieux, nous en parlerons quand il en sera temps.

78. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. » pp. 436-488

Jé beux, cadédis, lé faire mourir sous les coups dé vâton. […] L’expédient de Géronte, tout simple qu’il est, devient d’autant plus comique, qu’il doit surprendre Scapin, l’embarrasser quelque temps, & que le spectateur est curieux de voir comment il parera le coup. […] Enfin, les coups que Zerbinette porte au pere de son amant sont plus excusables & bien plus piquants en même temps, que ceux dont Genevote accable grossiérement Granger ; aussi flattent-ils bien mieux la malignité du spectateur. […] Tout d’un coup il m’est venu dans l’esprit de le sonder un peu. […] Les combats qu’il éprouve sont bien plus énergiques : tous les coups de pinceau étant destinés à le peindre, rendent son portrait bien plus frappant.

79. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. De l’Exposition. » pp. 139-164

Enfin il en est fou ; c’est son tout, son héros ; Il l’admire à tous coups, le cite à tous propos : Ses moindres actions lui semblent des miracles, Et tous les mots qu’il dit sont pour lui des oracles. […] Si les détails étrangers à un sujet sont contraires à la clarté & à la briéveté de l’exposition, quel coup mortel doivent lui porter des scenes entieres qui lui sont tout-à-fait inutiles ! […] Tout ce que ce pauvre misérable a pu épargner de son petit ordinaire, & en se refusant jusqu’à la moindre chose, elle le raflera tout d’un coup, sans penser seulement à toutes les peines qu’il a eues à le gagner.

80. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Brueys & Palaprat, imitateurs, comparés avec Térence, Blanchet, un Auteur Italien, & la nature. » pp. 100-132

Le marchand, assez content de sa journée, se prépare à se retirer, quand son berger Agnelet vient le prier d’être satisfait des coups qu’il lui a donnés, & de ne pas le poursuivre en Justice pour les moutons qui manquent à son troupeau. […] Tout coup vaille, m’y voilà déterminé. […] En voilà assez pour le coup ; retire-toi, je ne veux point que mon maître te voie encore.

81. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Pieces à scenes détachées. » pp. 45-60

Eraste revient sur la scene pour savoir si la Montagne a vu Orphise ; il se félicite d’être délivré des fâcheux : mais c’est à tort, un joueur mal-heureux lui détaille tous les coups qu’il a essuyés dans une partie. […] Mais avant qu’il ait lieu d’achever son dessein, Il faut de mille coups percer son traître sein.

82. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. Pieces intriguées par une ressemblance. » pp. 176-191

Il a tout réparé par ce coup d’adresse. […] Eh bien, si Philocomasie est au logis, & que je te la fasse voir sortant de notre porte, n’est-il pas vrai que tu mérites d’être traité à coups de verge ou de bâton ?

83. (1663) Nouvelles nouvelles pp. 210-243

Je pourrais encore dire qu’il connaît les Ennemis qu’il a à combattre, qu’il sait l’ordre de la bataille, qu’il ne les attaquera que par des endroits dont il sera sûr de sortir à son honneur, et qu’il se mettra en état de ne recevoir aucun coup qu’il ne puisse parer. […] C’est avoir autant d’adresse que d’esprit que d’agir de la sorte ; c’est aller au-devant du coup, mais seulement pour le parer, ou plutôt, c’est feindre de se maltraiter soi-même, pour éviter de l’être d’un autre, qui pourrait frapper plus rudement.

84. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « De l’Imitation en général. » pp. 1-4

Boileau est redevable de sa gloire à Horace, & n’en est pas moins estimé, quoique Regnard ait dit : Ci gît Maître Boileau, qui vécut de médire, Et qui mourut aussi par un trait de satyre : Le coup dont il frappa lui fut enfin rendu.

85. (1881) Molière et le Misanthrope pp. 1-83

Pour faire la satire de la société, quel meilleur choix que celui du Misanthrope et quel coup de génie de lui avoir adjoint la médisante ! […] Et si Célimène persiste à se taire, Alceste aime mieux prendre son silence pour un refus, c’est-à-dire pour un coup de poignard, — que de continuer à se repaître d’espérance. […] Et par un nouveau coup de son génie* Molière a donné pour adversaire à son Alceste, qui ? […] Percé du coup mortel dont vous m’assassinez, Mes sens par la raison ne sont plus gouvernés ; Je cède aux mouvements d’une juste colère, Et je ne réponds pas de ce que je puis faire… Eh bien ! […] Notez que je n’attaque pas plus l’un que l’autre : je prétends seulement qu’en passant la mesure, en sortant du bon sens, ils tombaient sous le coup de la comédie.

86. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Si notre bon Marquis l’avait entendu parler non plus de protase, d’épitase et de péripétie, mais de subjectif et d’objectif, c’est pour le coup qu’il aurait été ravi en extase, et qu’il se serait écrié en me regardant en face : « Parbleu, Chevalier ! […] Il rit, à la vérité, et bruyamment, lorsqu’Arnolphe attend à la porte de sa propre maison, s’impatiente, tempête et reçoit un coup par la maladresse d’un lourdaud, qu’il a pris à son service à cause de sa simplicité ; il rit, non parce que ce coup est comique, et qu’Arnolphe ne l’a pas volé, mais parce que c’est un coup ; du même gros rire il éclaterait, s’il voyait l’acteur chargé du rôle grave et insignifiant d’Oronte, faire un faux pas en traversant la scène. […] Pourquoi, lorsqu’elle était enfant, n’aimait-elle pas Molière ou l’aimait-elle si mal que Le Misanthrope lui paraissait moins beau que Les Fourberies de Scapin, et que, dans cette farce préférée, Géronte roué de coups à travers un sac lui semblait plus comique que Géronte maudissant le Turc et sa galère ?

87. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

La mort de Mazarin a porté un coup à l’Opéra naissant ; on n’entend plus guère chanter ces faussets particuliers que Madame de Longueville, charitable, appelait des incommodés. […] Le traître, bénissant ce coup de fortune, se cache dans son allée, s’enveloppe le nez dans son manteau, et prend la main d’Agnès, qui ne le reconnaît point. […] Et elle, alors, achevant d’un coup ce roué, qui se flattait de connaître toutes les rubriques : Vraiment ! […] vous le pouvez, si cela peut vous plaire, dit l’enfant ; et cette douceur fait qu’il n’ose ; et tout en pestant, et comme si en ne rompant pas de coups l’innocente, il eût fait acte méritoire, il offre la paix ; il consent à pardonner le mal dont il est fauteur ; en retour il demande qu’on l’aime. — Hélas ! […] Il veut que ce père marie promptement Horace : le père y donne les mains, mais c’est à Agnès qu’il le marie ; et Agnès, par un de ces coups du ciel qui se produisent toujours à la fin d’un cinquième acte, se trouve aussi avoir un père, qui la revendique, toujours pour la donner à Horace, et qui paiera Arnolphe, qui pis est… Sous cette pluie de camouflets célestes, notre homme n’en peut plus, il ne trouve rien à dire, il s’en va, comme un homme assommé, avec un « Ouf ! 

88. (1725) Vie de l’auteur (Les Œuvres de Monsieur de Molière) [graphies originales] pp. 8-116

Il fut tout étonné, & fort aise de se voir tout d’un coup si bien ajusté. […] Baron, comme le plus ingambe, arriva le premier, & fit cesser les coups, mais il fallut Moliere pour terminer le different. […] Le Poëte devoit mourir sous le bâton, ou du moins en avoir tant de coups, qu’il se souviendroit toute sa vie d’avoir versifié. […] On voit par la Vie de Bensserade, qu’ils furent faits pour une representation differente de la premiere & ajoûtez après coup. […] Ridicules & l’Amphitryon, qui ayent pris tout d’un coup.

89. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Choix du lieu de la Scene. » pp. 76-93

c’est ici le coup le plus cruel de tous, Et dont à s’assurer trembloit mon feu jaloux. […] Si d’entrer là-dedans tu prends encore l’audace,  Mille coups en seront le fruit.

90. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. » pp. 5-19

La mouche tout d’un coup à la tête vous monte ; Et, sans considérer s’il a raison ou non, Votre esprit contre moi fait le petit démon. […] que le beau coup que tu viens de faire me réduit à m’aller pendre sans balancer.

91. (1858) Molière et l’idéal moderne (Revue française) pp. 230-

Au dix-neuvième siècle, chaque bruit qui se fait dans un petit coin de nous-même a, dans notre âme entière, des retentissements terribles ; et comme l’amour va toujours plus loin que son objet, le coup qui le frappe nous ébranle jusque dans les fondements. […] C’est que Célimène a touché l’endroit sensible, et le coup a été sûr.

92. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VI. Les Femmes. » pp. 103-120

Quel coup de maître, que de montrer la vertu dans cette épreuve où elle seule peut passer intacte ! […] Il ne peut, pas plus que Boileau, supporter « ces femmes qui se retranchent toujours fièrement sur leur pruderie, regardent un chacun de haut en bas, et veulent que toutes les plus belles qualités que possèdent les autres ne soient rien en comparaison d’un misérable honneur dont personne ne se soucie382. »II déteste également « ces personnes qui prêtent doucement des charités à tout le monde, ces femmes qui donnent toujours le petit coup de langue en passant, et seraient bien fâchées d’avoir souffert qu’on eût dit du bien du prochain383. »Il veut que, jusque dans sa défense, la vertu attaquée reste douce ; il fait exprimer ce précepte par Elmire, insultée par la lubrique déclaration de Tartuffe : J’aime qu’avec douceur nous nous montrions sages, Et ne suis pas du tout de ces prudes sauvages, Dont l’honneur est armé de griffes et de dents, Et veut au moindre mot dévisager les gens384.

93. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

Je pris de la main gauche le trésorier et m’en servis comme d’un bouclier ; et, tirant Durandal du fourreau, je la dirigeai vers le roi qui s’avançait pour me frapper ; d’un coup, je fendis le pavé, j’ouvris la terre jusqu’aux abîmes où Neptune fut frappé de stupeur. […] bonne à marier, tu ne sais pas encore donner un coup de pioche ou planter un chou ? 

94. (1819) Notices des œuvres de Molière (II) : Les Précieuses ridicules ; Sganarelle ; Dom Garcie de Navarre ; L’École des maris ; Les Fâcheux pp. 72-464

En effet, si le faux bel esprit ne fut pas anéanti du coup que lui avait porté Molière, du moins il cessa de dominer, de triompher, d’insulter publiquement à la raison et au bon goût, enfin, de former un parti puissant devant lequel celui du véritable esprit osait à peine se montrer. […] Le dénouement des Adelphes n’a nulle vraisemblance : il n’est point dans la nature qu’un vieillard qui a été soixante-dix ans chagrin, sévère et avare, devienne tout à coup gai, complaisant et libéral. […] Cette simple réflexion le fit tout à coup changer de résolution.

95. (1882) M. Eugène Sauzay et Molière (Revue des deux mondes) pp. 207-209

Si vous ne vous tuez pas du coup, vous passerez indubitablement pour un phénomène ; les journaux et le public s’occuperont de vous et à ce titre moi je vous jouerai, mais comme phénomène, entendons-nous bien, et jamais comme prix de Rome ! 

96. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. » pp. 420-425

C’est son tout, son héros : Il l’admire à tous coups, le cite à tous propos.

97. (1885) La femme de Molière : Armande Béjart (Revue des deux mondes) pp. 873-908

Armande y fait Lucinde, petit rôle d’ingénue sans grande importance, car le personnage n’ouvre pas la bouche durant la plus grande partie de la pièce ; il n’y a guère pour elle que des jeux de scène et une situation très plaisante vers la fin, lorsque la fausse muette s’épanche tout à coup en un bavardage torrentiel. […] La réputation d’une femme est chose fragile ; mais, par cela même, redoubler les coups est une tactique maladroite. […] Du reste, une fois veuve, il semble qu’elle comprit tout à coup la perte qu’elle avait faite et s’efforça de réparer son erreur dans la mesure du possible. […] Malgré le coup terrible qui la frappait, la troupe ne fit relâche que six jours ; il n’y avait pas de temps à perdre si elle voulait prouver son intention de survivre. […] Il s’était déjà compromis dans de fâcheuses aventures ; à la suite d’une escapade nocturne, on l’avait trouvé roué de coups et laissé pour mort sur le pavé de Paris.

98. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Il reprend trait par trait le modèle dessiné par Molière, et, après avoir soigneusement effacé chaque coup de crayon, il en donne un autre à la place. […] La froideur avec laquelle La Rochefoucauld juge et accepte les hommes serait pour Alceste le coup de grâce; elle le révolterait plus encore que le mal lui-même. […] Dans les tragédies de Racine, les coups d’épées se donnent dans la coulisse ; dans les comédies de Molière, les coups de bâton se donnent sur la scène. […] Faut-il s’étonner si, après avoir couru de brillantes fortunes, et vogué d’orage en orage, il s’est réfugié tout à coup dans le port le plus prochain, couvert de gloire et d’avaries! […] Don Quichotte porta un coup sensible à l’esprit chevaleresque, quoique Cervantès n’eût en vue que les exagérations ridicules auxquelles il avait donné lieu.

99.

Encore un coup, Molière n’a rien exagéré. […] C’est l’âge de l’enthousiasme et de la tendresse rêveuse, l’âge ou les jeunes imaginations s’égarent dans les mystérieux sentiers d’un roman d’amour, s’élancent d’un coup d’aile dans l’empyrée de l’ode ou de la tragédie. […] Un coup de sifflet, que dis-je ? Deux ou trois coups de sifflet dissimulés, à l’adresse de Molière, une furtive protestation contre les pleines chambrées du Palais-Royal, l’effort désespéré du vaincu pour arracher quelque feuille au laurier du vainqueur. […] C’est seulement en cette année-là que Benserade commença d’être chargé de la composition des ballets du Roi, et son coup d’essai fut le Ballet de Cassandre, dansé au Palais-Cardinal le 26 février 1651.

100. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. Pieces intriguées par une chose inanimée. » pp. 199-203

Arlequin, étourdi du coup, ne sait s’il a reçu un soufflet ou un coup de poing, & ignore par conséquent s’il doit s’en venger.

101. (1898) Molière jugé par Stendhal pp. -134

En 1809, les Lettres persanes ont été bien souvent lues par moi. » Il attachait un souvenir précieux à ce volume, en disant qu’il lui avait peut-être sauvé la vie, ou du moins épargné quelque grave blessure, car il le portait dans sa poche, lorsqu’il reçut le coup de la mitraille. […] S’il est aucun respect ni pouvoir qui m’arrête, Et si je ne fais pas quelque coup de ma tête ! […] Mais ce Damis a peu d’esprit, sans sortir de son caractère de jeune emporté de vingt-deux ans, il fallait faire des politesses ironiques à Tartuffe en présence du vieillard et lui payer exactement une rente de coups de bâtons, jusqu’à ce qu’il eut déguerpi. […] Approche, que je te donne mille coups. […] Dandini ne peut voir le coup de poignard.

102. (1706) Addition à la Vie de Monsieur de Molière pp. 1-67

Dès que la Vie de Mr de Molière a paru on m’a menacé de la critiquer : Un petit Auteur, étouffé dès sa naissance, voulait avec ingratitude faire son coup d’essai sur mon Ouvrage : Mais la Critique qui m’occupe, est au-dessus de sa portée ; ce n’est point lui qui m’attaque. […] Molière se trouva dans cette situation à l’instant qu’il eut à établir sa réputation, ou à la détruire par son coup d’essai. […] Celui qui m’attaque ne doit pas se plaindre de moi ; Je l’ai ce me semble, assez ménagé, pour ne plus craindre les traits de sa vivacité, dont il me menace à la fin de sa Critique, au cas que je repousse trop fortement les coups qu’il m’a portés.

103. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. M. DORAT. » pp. 463-467

Tant de coups redoublés suspendirent toutes les facultés de mon ame ; je demeurai sans mouvement, sans connoissance ; c’est dans ce moment que tout s’exécuta.

104. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. Des Reconnoissances. » pp. 399-421

Il faut que cela soit ; car je sens que pour vous Dans mon cœur tout à coup ma flamme est amortie, Et fait en ce moment place à l’antipathie. […] Pour le coup il s’oublie.

105. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. M. DE CHAMFORT. » pp. 420-441

Il entreprit ce voyage dans la vue de s’enrichir par le commerce, & il avoit les talents nécessaires pour y réussir ; il étoit sort rompu dans la science des nombres, & il pouvoit calculer d’un coup de plume ce qu’il y avoit de profit ou de perte dans quelque négoce. […] Perdre en peu de jours sa fortune, sa liberté & sa maîtresse, c’est ressentir tout à la fois trois coups dont chacun peut passer tour à tour pour le plus cruel de tous les malheurs.

106. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE V. L’Éducation des Femmes. » pp. 83-102

Aussi, après les deux longues comédies d’intrigue de l’Etourdi et du Dépit amoureux, las d’imiter les autres et de remplacer les personnages les plus charmants de la scène par des fictions sans caractère et sans autre intérêt que la beauté des comédiennes ou l’imprévu des situations, il quitta brusquement les contrées chimériques des romans d’aventures pour entrer sur le terrain de la vie réelle, et il attaqua du premier coup la femme par la juste critique du défaut qui dépréciait alors toutes ses autres qualités. […] C’est une précieuse,   Reste de ces esprits jadis si renommés,   Que d’un coup de son art Molière a diffamés.

107. (1845) Œuvres de Molière, avec les notes de tous les commentateurs pp. -129

Il fut tout étonné, et fort aise de se voir tout d’un coup si bien ajusté. […] Baron, comme le plus ingambe, arriva le premier, et fit cesser les coups ; mais il fallut Molière pour terminer le différend. « Ah ! […] Le poète devait mourir sous le bâton, ou du moins en avoir tant de coups, qu’il se souviendrait toute sa vie d’avoir versifié. […] J’y restai étendu comme un homme frappé de la foudre, et y demeurai quatre jours sans remuer ni sans prendre aucuns aliments… A moins d’un coup du ciel, c’était fait de ma vie. […] Taschereau s’est tout à coup trouvé plein d’érudition sur un sujet qu’il avait d’abord traité avec les seules ressources de son esprit naturel.

108. (1747) Notices des pièces de Molière (1670-1673) [Histoire du théâtre français, tome XI] pp. -284

Je vous nommerais, si cela était nécessaire, deux ou trois personnes de poids, qui, à leur retour de Paris, après les premières représentations de la comédie des Femmes savantes, racontèrent en province qu’il fut consterné de ce coup, qu’il se regarda, et qu’on le considéra comme frappé de la foudre, qu’il n’osait plus se montrer, que ses amis l’abandonnèrent, qu’ils se firent une honte de convenir qu’ils eussent eu avec lui quelques liaisons, et qu’à l’exemple des courtisans qui tournent le dos à un favori disgracié, ils firent semblant de ne pas connaître cet ancien ministre d’Apollon et des neuf Sœurs, proclamé indigne de sa charge, et livré au bras séculier des satiriques. […] Ses Œuvres galantes avaient eu un si prompt débit, et il n’y avait pas fort longtemps, qu’il avait fallu que la deuxième édition suivît de près la première ; et voilà que tout d’un coup il devient l’objet de la risée publique, et qu’il ne se peut jamais relever de cette funeste chute : le goût de la vieille Cour n’est pas un rempart bien ferme ; la république du bel esprit est comme la cour de Roboam, l’avis des jeunes conseillers est préféré à celui des vieux. […] Plus l’accusation était délicate, plus Molière sentit le coup. […] « [*]Cotin se tint dans l’inaction, dès que Molière l’eut frappé : soit qu’il se crût assommé de ce dernier coup, qui véritablement est des plus rudes : soit qu’en 1672, qui est l’année qu’on joua pour la première fois Les Femmes savantes, l’âge l’eût déjà mis hors de combat ; car il baissa extrêmement sur la fin de ses jours ; et même ses parents, à ce que dit M. 

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