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23. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. Des Caracteres de tous les siecles, & de ceux du moment. » pp. 331-336

Je ne quitterai point mes pratiques d’amour ; J’aurai soin seulement d’éviter le grand jour, Et saurai, ne voyant en public que des prudes, Garder à petit bruit mes douces habitudes. […] J’aurai tout doucement le zele charitable De nourrir une haine irréconciliable : Et, quand on me viendra porter à la douceur, Des intérêts du Ciel je ferai le vengeur ; Le prenant pour garant du soin de sa querelle, J’appuierai de nouveau la malice infidelle ; Et, selon qu’on m’aura plus ou moins respecté, Je damnerai les gens de mon autorité.

24. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVII » pp. 298-304

Le respect du roi très chrétien pour la religion et le soin de sa gloire que Bossuet avait réveillés, s’accroissaient à mesure que l’ardeur de l’amant satisfait diminuait ; et ce qu’écrit à ce sujet madame Scarron à madame de Saint-Géran, indique qu’elle connaissait le point par où le crédit de son ennemie était attaquable et peut-être le cœur du roi accessible. […] Le roi avait légitimé les enfants qu’il avait de madame de La Vallière ; madame Scarron était donc fondée à prévoir le même sort pour ceux de madame de Montespan ; et elle s’était mis dans l’esprit que les fils de Louis XIV, confiés à ses soins, ne devaient pas être les tourments de la France comme l’avaient été les bâtards de Henri IV, et qu’elle devait rendre ses élèves dignes de leur haute destinée, par leur moralité et leur esprit.

25. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Du Choix d’un Sujet. » pp. 25-38

faire un tel accueil à nos soins obligeants ! […] J’ai eu soin d’extraire les premieres scenes, de façon à faire voir aisément combien il est vicieux, puisqu’il manque de vraisemblance. […] Mettons donc tout notre soin, toute notre étude à chercher un sujet vrai & fécond par lui-même.

26. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. De la Catastrophe ou du Dénouement. » pp. 503-516

Les uns étoient faits par un récit ennuyeux, les autres par des reconnoissances qui n’étoient ni vraisemblables ni bien amenées, qui ne causoient aucune agréable surprise, ou qui manquoient de gradation ; ceux de la troisieme espece tomboient des nues avec une divinité chargée du soin de dénouer la piece. […] Ils amenent deux rivaux sur la scene, & ne s’occupent que du soin d’en congédier un, comme si sa fuite seule devoit tout-à-coup décider le sort de l’autre, & lui rendre favorables les personnes qui lui sont les plus contraires. […] Il faut observer avec soin que le spectateur soit instruit de ce que deviendront tous les personnages.

27. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du Genre larmoyant. » pp. 103-122

Et vous, mon maître, ayez bien soin de votre santé. […] « Le peu de soin que vous avez, vous coûte quarante mille écus ; & c’est à payer cette somme, avec les dépens, que vous êtes condamnée par Arrêt de la Cour. » Nous voyons d’honnêtes gens ruinés par la négligence d’une femme. […] Ce sont des nouveautés dont mes yeux sont témoins, Et vous voyez le prix dont sont payés mes soins. […] Il a soin d’en prévenir le spectateur dans son prologue, & de l’en faire ressouvenir à la fin de la piece ; & tout en disant cela, il lâche plusieurs mots qui ne sont rien moins qu’honnêtes.

28. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. M. DE CHAMFORT. » pp. 420-441

Elle devint même si amoureuse de lui, qu’inquiete pour sa vie elle le conduisit dans une caverne, & qu’après l’y avoir régalé de fruits délicieux, elle eut soin de le mener boire dans une source d’eau vive. […] Ce pauvre Turc lui baisa mille fois les pieds en l’appellant son Dieu & son Sauveur, & lui protesta que son premier soin, en revoyant sa famille, seroit de lui faire compter, à Ligourne ou à Genes, le décuple de sa rançon. […] D’autres soins occuperent le voyageur Génois pendant la suite son voyage. […] Quelque sensible que le Génois pût être à cette faveur si inespérée de la fortune, ses premiers soins ne tomberent point sur lui-même, ni sur tout ce qui l’environnoit.

29. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX & dernier. Des causes de la décadence du Théâtre, & des moyens de le faire refleurir. » pp. 480-499

Nos voisins, corrigés par nos bons modeles, & riches des traductions ou des imitations de nos meilleures pieces, sont honteux pour nous de nous voir ramasser chez eux avec soin les rapsodies, les extravagances que nos anciens chefs-d’œuvre les instruisirent à mépriser. […] La premiere a grand soin de nommer un juge aussi connoisseur qu’impartial ; ce juge craint lui-même que votre piece, s’il la condamne, ne soit jugée différemment par l’autre troupe, & que sa mauvaise foi ou son ignorance ne paroisse au grand jour. […] Malheur à vous si vous n’avez pas eu soin de vous ménager un parti en promettant les meilleurs rôles, si vous avez dédaigné de faire votre cour à Marton, si vous avez riposté aux épigrammes d’Amarinthe, si vous n’avez pas composé de petits vers pour Angélique, si vous n’avez pas constamment applaudi Dorimene ! […] Une rapsodie protégée ne forcera plus les étrangers à ne voir qu’elle pendant tout un hiver ; le public se réchauffera en voyant multiplier sous ses yeux le nombre des athletes ; les Auteurs pouvant donner la préférence à ceux des Comédiens qui leur plairont davantage, & qui auront de meilleurs procédés, ceux-ci leur sauront gré du choix ; les soins, les égards, la politesse, succéderont à des tracasseries, à des haines si peu faites pour les gens à talent, & qui font autant la honte & l’opprobre des uns que le malheur des autres.

30. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

Elle nous fera voir qu’Aristote a consacré des veilles au théâtre, et s’est donné le soin de réduire en précepte l’art de faire des comédies. […] Les orages de sa minorité et le soin pressant des affaires ne lui avaient pas laissé de temps pour les sciences et pour la lecture. […] On les voit pour tout soin se mêler de bien vivre. […] Ce soin d’évangéliser n’est pas seulement donné aux prêtres ; les simples fidèles y sont obligés, et c’est la gloire de l’être humain. […] Tome VIII de la belle et définitive édition de Louis Vivès, publiée par les soins de M.

31. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

Ces raisons sont d’autant plus dangereuses auprès des petits esprits, qu’elles paroissent convaincantes, & qu’elles le seroient en effet si les Auteurs ne prenoient grand soin de placer le contre-poison auprès de ce qu’on appelle le poison. […] Dans la comédie ancienne & moderne, les valets trompent leurs maîtres ; cela est vrai : mais on a grand soin de leur prouver que quelques années de galere ou de bons coups d’étriviere sont ordinairement le salaire de leurs petites espiégleries. […] Ajoutons qu’un Auteur adroit a grand soin de ne donner à ses héroïnes une conduite hasardée, que lorsque la contrainte dans laquelle on les tient, ou la tyrannie qu’on exerce sur elles, les rend excusables : encore prend-il la précaution de les faire rougir de leur rôle, & de leur faire souvent avouer qu’il n’est pas beau. […] Vos soins ne m’en peuvent distraire : Belle Philis, on désespere Alors qu’on espere toujours. […] Un soin trop inquiet de conserver la vie rend quelques hommes victimes des Médecins.

32. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Molière n’épargna ni peines ni soins pour la conservation d’un ouvrage dont il sentait tout le prix, et qui lui devenait d’autant plus cher qu’il lui avait causé plus de chagrins. […] Pour donner une idée de la sévérité des mœurs de cette indigne cabale qui accusait le poète comique d’insulter à la religion, il n’est peut-être pas hors de propos de citer quelques passages de cette scène ; j’aurai soin de choisir je ne dis pas les plus décents, mais ceux qui sont le moins capables d’alarmer la pudeur. […] Il est plus naturel de croire que cette défense du Tartuffe est l’ouvrage d’un des amis de Molière, qui la revit avec soin, et sous tes yeux duquel elle fut peut-être écrite : c’est une des pièces principales de ce grand procès ; elle est digne, sous tous tes rapports, de l’attention des critiques et des moralistes. […] Ce changement est d’autant plus vraisemblable que l’auteur de la Lettre sur L’Imposteur qui analyse avec le plus grand soin, et presque mot à mot, la scène entre les deux beaux-frères, n’y fait aucune mention de ces portraits, et qu’il a parlé de six ou sept dans celle de l’exposition. […] Ces précautions, Molière les a prises avec un soin presque minutieux ; et si Bourdaloue a écrit de bonne foi, il n’a certes pas lu l’ouvrage dont il fait une si injuste censure.

33. (1821) Notices des œuvres de Molière (VI) : Le Tartuffe ; Amphitryon pp. 191-366

Il y en a une toutefois qu’il n’avait pas eu le soin ou peut-être le courage de supprimer ; c’est celle que renferme ce vers : Ô ciel ! […] Il est une supposition plus naturelle, que j’ai déjà fait pressentir, et qui dispense d’expliquer une chose étonnante par des choses plus étonnantes encore ; c’est qu’un ami de Molière, ayant entrepris sa défense, a eu communication de son manuscrit, aussi bien que de ses idées, et que, pour cacher cette collusion innocente qu’une trop grande exactitude dans les citations aurait mise à découvert, non sans affaiblir beaucoup l’effet de l’apologie, il a pris soin de faire des altérations de texte qui pussent paraître des infidélités de mémoire. […] C’est alors une erreur dont La Bruyère a pris inutilement le soin de nous avertir ; car elle nous est chère, et nous paraissons disposés à n’y jamais renoncer. […] Enfin, tandis que, au dénouement, l’Amphitryon latin, avec une pieuse résignation que nous appellerions une lâche insensibilité, déclare qu’un partage avec Jupiter n’a rien dont il puisse s’affliger, l’Amphitryon français dévore en silence ce glorieux affront, et, pour me servir des expressions mêmes du comique, n’avale qu’avec un extrême dégoût cette pilule que le seigneur Jupiter a si bien pris soin de dorer. […] J’ai cru pouvoir me dispenser du soin aussi pénible qu’inutile de les revêtir d’une forme différente.

34. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

Nous sommes pris de pitié en entendant Agnès reprocher à Arnolphe (au moment où il ose lui rappeler les soins qu’il prit d’élever son enfance) cette ignorance dont elle souffre et qui lui pèse sur le cœur : Vous avez là-dedans bien opéré vraiment Et m’avez fait de tout instruire joliment ! […] La femme a des devoirs à remplir dont le premier est de rester honnête, mais le meilleur moyen de fortifier en elle les sentiments de l’honneur est tout d’abord de la laisser librement choisir un époux et plus tard de lui accorder une certaine indépendance, par suite une responsabilité morale : Leur sexe aime à jouir d’un peu de liberté ; On le retient fort mal par tant d’austérité ; Et les soins défiants, les verrous et les grilles Ne font pas la vertu des femmes et des filles : C’est l’honneur qui les doit tenir dans le devoir. […] Le moraliste et le grand philosophe, comprenant l’un et l’autre la nécessité permanente d’accommoder, avec l’opinion humaine qui évolue, l’appréciation des actes des hommes qui se répètent en somme à travers les siècles sans grand changement, remettent aux meilleurs de nos contemporains le soin de juger de notre conduite. N’est-ce pas de ce soin que s’acquittent à merveille, au xviie  siècle, chacun dans leur milieu, les Don Louis, les Clitandre, les Dorante (de la critique), les Ariste, les Cléante, les Madame Jourdain, les Eliante, les maître Jacques, les Martine, les Dorine, les Toinette… ces gens du monde, ces bourgeoises, ces valets, ces servantes de Molière, de conditions bien différentes, mais qui tous possèdent ces mêmes qualités supérieures : la bonté souriante et le bon sens. […] Point de cabale en eux, point d’intrigues à suivre ; On les voit, pour tous soins, se mêler de bien vivre.

35. (1885) La femme de Molière : Armande Béjart (Revue des deux mondes) pp. 873-908

Ami intime de Madeleine, il avait dû partager avec elle le soin de l’éducation d’Armande, et cette éducation, terminée dans les coulisses d’un théâtre, n’eut sans doute rien de bien austère. […] Molière eut soin d’y mêler un peu de coquetterie, qui, loin d’en altérer le caractère, le rendait encore plus vrai, et aussi le rapprochait davantage des moyens d’Armande. […] On invoque des analogies ; ainsi l’histoire d’Agnès, remarquée par Arnolphe dès l’âge de quatre ans, obtenue par lui d’une mère pauvre et par ses soins élevée. Voilà, dit-on, Armande prise par Molière aux Béjart, vers le même âge, et confiée dans le Languedoc aux soins d’une honnête et sûre famille. […] Outre le soin de ses affaires, ses intérêts dans l’exploitation du théâtre, sa situation jalousée dans la troupe, elle avait eu de très graves ennuis.

36. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. Pieces intriguées par un événement ignoré de la plupart des Acteurs. » pp. 192-198

Ses soins, pour les sauver, ont tout sacrifié. […] Prêts à l’exécuter, nous sentons tous les deux Qu’aux mains d’un étranger la mere d’Emilie Ne livrera jamais une fille chérie, L’objet de tous ses soins, & son unique espoir, Elle qui met sa joie au plaisir de la voir.

37. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. » pp. 20-52

Brighel demande à Diane comment elle a pu faire pour n’être pas reconnue par son époux : elle répond qu’elle avoit soin de prendre un habit de sa sœur, & de contrefaire sa voix. […] Mais comme les bons Acteurs Italiens ont soin d’écrire les scenes essentielles de leurs sujets, qu’ils appellent scenes préméditées, j’ai eu soin d’en avoir des copies autant qu’il m’a été possible, & je vais en traduire une que mes Lecteurs pourront comparer ensuite avec la troisieme scene du quatrieme acte du Dépit amoureux françois. […] L’amante Italienne a soin de nous dire ce qu’elle y fera ; l’amante Françoise ne se donne pas cette peine. […] Capperonnier, l’homme le plus fait pour sa place, tant par son savoir que par ses soins infatigables & sa complaisance pour les gens de Lettres, a su s’en procurer un exemplaire à la vente des livres de Madame de Pompadour.

38. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

Quelle société était-ce, en effet, que celle où le mariage excitait de telles railleries qu’un philosophe même n’osait les braver, et se voyait contraint, pour s’y soustraire, de cacher avec le plus grand soin les liens respectables et sacrés auxquels il devait le bonheur ! […] Gresset le comprit, et le héros de sa pièce s’acquitte on ne peut mieux de ce soin. […] L’importance qu’Oronte attache à son sonnet, le soin qu’il prend de venir consulter pour savoir s’il doit le publier, montrent assez tout le ridicule de sa vanité, et combien ce serait peine perdue de chercher à l’éclairer ou de le détourner de son dessein. […] J’en citerai, entre autres, un exemple : pour dissimuler l’exiguïté de sa taille et se donner autant que possible l’air imposant du personnage, je remarquai que dans ce rôle du Misanthrope, Fleury prenait grand soin de se tenir à distance de ses interlocuteurs. […] Qu’est-il besoin pour lui du soin que vous prenez ?

39. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. D’Ancourt imitateur, comparé à Moliere, la Fontaine, Saint-Yon, le Sage, Montfleury, &c. » pp. 133-184

D’ailleurs Léonor se donne tous ces soins pour un amant qu’elle aime, & Angélique pour un homme indifférent, ce qui affoiblit bien l’intérêt. […] Don Félix entre pour lui demander en grace de n’avoir plus pour Léonor sa fille des soins qui pourroient lui faire du tort, étant sur le point de se marier. […] Léonor & son amie Isabelle s’entretiennent de leurs amours, découvrent que Don André partage ses soins entre elles. […] Ce n’est pas tout : d’Ancourt, si soigneux de défigurer les beautés, conserve les défauts avec le même soin. […] On prend tous les soins imaginables pour embellir la maison de Monsieur, on en fait un bijou pour la vue, en étêtant seulement un bois...

40. (1909) Deux ennemis de la Compagnie du Saint-Sacrement : Molière et Port-Royal (Revue des deux mondes) pp. 892-923

Si ces soins furent heureux, comme il est probable, il était bien difficile que cette nouvelle enquête8, où la Compagnie, par un surcroît de zèle, crut devoir mettre au service de ses vues spirituelles une police de délation répugnante, n’éveillât pas l’attention irritée des victimes. […] De cette lutte, les preuves s’entr’aperçoivent, nombreuses, dans la Relation de Voyer d’Argenson, quelque soin qu’il prenne de les cacher. […] Rapin, « on eut grand soin d’écarter de la Compagnie » les dévots « qu’on soupçonnait » de jansénisme : les jours de vote, « quand on faisait des officiers, il s’élevait à la tête de chaque rang des gens zélés qui criaient à ceux qui allaient voler : Point de Jansénistes !  […] C’est le soin que chaque individu doit avoir de son propre « salut. » Là-dessus, tous les moralistes de Port-Royal s’accordent, et, sur ce point essentiel, leurs déclarations sont, parfois, d’une sainteté singulièrement égoïste : « Pourvu, » disait M. […] Et Arnauld, dans différens écrits, proclame avec toute la netteté désirable l’impossibilité pour le chrétien de se sauver sons cette bienfaisance dont Jésus a donné le précepte et l’exemple : « Comment pourrions-nous croire que tant de personnes riches qui n’ont aucun soin de partager avec les pauvres… sont remplies de charité (envers Dieu) lorsqu’ils approchent des mystères, après ces paroles de Jésus-Christ dans la bouche d’un apôtre : Si quelqu’un a des biens de ce monde et qu’il voie son frère en nécessité et lui ferme ses entrailles, comment est-ce que l’amour de Dieu demeure en lui ? 

41. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. De l’Action, du Nœud, des Incidents. » pp. 165-171

Ces incidents n’ont certainement pas le mérite des autres : il seroit pourtant ridicule de vouloir les bannir de la scene ; mais il faut que le poëte, en s’en débarrassant, ait du moins grand soin de les dénouer d’une façon naturelle. […] Si vous ne vous chargez de ce soin, ma chere, Lucinde, ma gloire, ma fortune... toute la terre ensemble n’en viendroit pas à bout.

42. (1697) Poquelin (Dictionnaire historique, 1re éd.) [graphies originales] pp. 870-873

On fit appercevoire Moliere, que le grand soin qu’il avoit de plaire au public lui ôtoit celui d’examiner la conduite de sa femme ; & que pendant qu’il travailloit pour divertir tout le monde, tout le monde cherchoit à divertir sa femme. La jalousie reveilla dans son ame la tendresse que l’étude avoit assoupie ; il courut aussi-tôt faire de grandes plaintes à sa femme, en lui reprochant les grands soins avec lesquels il l’avoit élevée ; la passion qu’il avoit étouffée ; ses manieres d’agir, qui avoient été plûtôt d’un amant que d’un mary ; & que pour recompense de tant de bontez, elle le rendoit la risée de toute la Cour. […] Les soins que l’on prit pour appaiser la Moliere furent inutiles ; elle conceut dès ce moment une aversion terrible pour son mary ; & lors qu’il se vouloit servir des privileges qui lui étoient dus par le mariage, elle le traittoit avec le dernier mepris.

43. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. Pieces intriguées par une ressemblance. » pp. 176-191

Nous allons opposer les deux Jumeaux Italiens aux deux Jumeaux François ; prouver que l’Auteur Italien, en composant sa piece, a pris soin de tramer l’intrigue, de la dénouer, & d’arranger les incidents de façon que les deux freres ne fussent jamais ensemble sur la scene, & qu’un seul pût remplir les deux rôles ; ensuite il nous sera facile de faire remarquer que ce qui est une beauté sur le théâtre Italien, seroit un défaut sur le nôtre. […] Qu’on ait soin de mettre du feu sur l’Autel, afin qu’après le bain je sacrifie à la grande Diane des Ephésiens ; que j’embaume sa Divinité des plus doux parfums de l’Arabie. […] Il eut soin de faire répandre ensuite que cette piece étoit une satyre sanglante contre lui, & qu’il en étoit vivement affecté.

44. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Pieces intriguées par le hasard. » pp. 223-240

Dans cet acte, pendant lequel la scene change si souvent que l’on ne sait jamais où l’on est, dans cet acte, dis-je, je ne vois rien qui annonce une piece intriguée par le hasard : ce n’est point par hasard que Lisardo parle à la sœur de Dom Félix, puisque la belle a soin de se trouver exprès sur son passage : ce n’est point par hasard que Laura est jalouse, puisque Dom Félix a réellement aimé Nice, & que cette Nice s’est étudiée à donner de la jalousie à sa rivale : c’est encore moins par hasard que Dom Félix vient chez Laura, puisque Célia l’y conduit, par l’ordre secret de sa maîtresse. […] Dom Félix arrive, dit qu’au lieu de sortir il s’est caché dans l’escalier, veut savoir quel est l’homme qu’il a vu dans le cabinet, feint d’être un domestique de la maison chargé du soin de le faire sortir. […] Lisardo a pris Marcella dans ses bras, rencontre Dom Félix dans l’obscurité, & lui recommande de garder avec soin la beauté qu’il lui remet jusqu’à ce qu’il ait écarté le vieillard qui le poursuit.

45. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. De l’Etat, de la Fortune, de l’Age, du Rang, du Nom des Personnages. » pp. 39-75

Laissons à ces vieillards le soin de partager Ce trésor à tous ceux qu’ils voudront soulager. […] pourquoi se moque-t-on des soins inutiles qu’il se donne pour plaire, de ses transports jaloux, de ses déclarations, de ses soupirs ? […] Son tuteur, âgé de quarante-cinq ans, a pour elle tous les égards, tous les soins, toutes les politesses que sa jeunesse & son sexe méritent. […] Tous les soins qu’elle se donne pour détruire la timidité d’un jeune homme, pour l’encourager par des avances flatteuses, pour l’enhardir, ne sont rien moins qu’édifiants ; ou ceux qu’elle prodigue à un vieillard, n’étant plus dictés par l’amour, ne sont plus excusables. […] Alors les Auteurs sont les maîtres d’étudier la terminaison ordinaire des noms de chaque province, & de nommer en conséquence leurs acteurs ; mais un tel soin ne sert pas à grand’chose.

46. (1706) Addition à la Vie de Monsieur de Molière pp. 1-67

La langue Française est aujourd’hui de tous les Pays, de toutes les Cours étrangères ; et l’on ne saurait se donner trop de soins pour la perfectionner ; de manière qu’elle soit toujours préférée, comme la plus propre pour s’exprimer naturellement. […] Et quelle certitude puis-je donner des soins que j’ai pris, pour découvrir la vérité des faits, que mon honneur et ma réputation ? […] « Je crois, dit-il, que le tout ensemble a coûté à l’Auteur ; il a travaillé son Ouvrage avec autant de soin que si c’était la Vie d’un Héros. » Je ne l’ai donc pas broché, comme il le prétend dans un autre endroit. […] Un bon Acteur doit scrupuleusement observer la quantité ; mais qu’il évite le chant avec soin. […] Je l’ai examiné avec plus de soin que mon Censeur, j’ai vu que cela était vrai.

47. (1852) Molière — La Fontaine (Histoire de la littérature française, livre V, chap. I) pp. 333-352

J’avoue qu’il y a des lieux qu’il vaut mieux fréquenter que le théâtre ; et si l’on veut blâmer toutes les choses qui ne regardent pas directement Dieu et notre salut, il est certain que la comédie en doit être, et je ne trouve pas mauvais qu’elle soit condamnée avec le reste ; mais supposé, comme il est vrai, que les exercices de la piété souffrent des intervalles, et que les hommes aient besoin de divertissement, je soutiens que l’on ne leur en peut trouver un qui soit plus innocent que la comédie. » Avant de se prononcer ainsi, Molière a eu soin d’établir qu’il y a comédie et comédie, et de faire observer que « ce serait une injustice épouvantable que de vouloir condamner Olympe, qui est femme de bien, parce qu’il y a une Olympe qui a été une débauchée ». […] Les hommes véritablement pieux ont une tout autre allure, et Molière a peint leurs mœurs avec une vérité qui prouve à quel point il les estimait, et que réellement il ne voyait au monde « chose plus noble et plus belle que la sainte ferveur d’un véritable zèle » : Point de cabale en eux, point d’intrigues à suivre ; On les voit pour tous soins se mêler de bien vivre. […] Alors, pleinement éveillé et riche des fruits de ce travail qui avait été pour lui un plaisir, il écrivait, non pas négligemment et à l’aventure, mais avec un soin curieux, une attention soutenue, un goût délicat et plein de scrupules, ces fables immortelles qu’on ne se lasse pas de relire, aliment et parure de la pensée. […] Boccace, Arioste, Machiavel, Rabelais, Marguerite de Navarre lui fournirent à l’envi des sujets qui le charmèrent ; et comme le conte est de sa nature peu scrupuleux, il n’eut d’autre soin que de conter agréablement : Contons, mais contons bien, c’est le point principal, C’est tout ; à cela près, censeurs, je vous conseille De dormir comme moi sur l’une et l’autre oreille.

48. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

Il la surveillait avec un soin extrême, l’instruisait dans son art, admirait son talent, sa beauté, ses charmes, qui déjà fixaient d’autres regards que les siens. […] Il ne voulut jamais la faire imprimer, et elle ne le fut qu’après sa mort, par les soins du comédien Lagrange. […] Elle trahit mes soins, mes bontés, ma tendresse, Et cependant je l’aime ! […] Polichinelle, Arlequin, Tabarin, Scaramouche l’eurent souvent pour spectateurs devant leurs tréteaux, au milieu de la foule, dont il observait avec soin les moindres mouvements. […] Qu’il parte, qu’il soit chassé ; et que la femme, laissant là son rôle de philosophe, revienne aux soins de sa famille !

49. (1734) Mémoires sur la vie et les ouvrages de Molière (Œuvres de Molière, éd. Joly) [graphies originales] pp. -

La Béjart, comédienne de campagne, attendoit ainsi que lui, pour exercer son talent, un tems plus favorable ; il lui rendit des soins, & bientôt, liés par les mêmes sentimens, leurs intérêts furent communs. […] Mais Plaute ne peut corriger que les hommes qui ne profiteroient point des ressources que le hazard leur donne contre la pauvreté : Euclion, né pauvre, veut encore passer pour tel, quoiqu’il ait trouvé une marmite pleine d’or ; il n’est occupé que du soin de cacher ce trésor, dont son avarice l’empêche de faire usage. […] Uniquement rempli du désir d’exécuter promtement les ordres du Roi, il ne songeoit qu’à répondre, du moins par son zéle, à la confiance que lui témoignoit ce Prince, en le chargeant du soin de l’amuser. […] Le soin avec lequel il avoit travaillé à corriger & à perfectionner son jeu, s’étendoit jusques sur ses camarades. […] Il fut compris dans l’état des gens de lettres qui eurent part aux libéralités du Roi en 1663, par les soins de m.

50. (1692) Œuvres diverses [extraits] pp. 14-260

Sans ce métier fatal au repos de ma vie, Mes jours, pleins de loisir couleraient sans envie, Je n’aurais qu’à chanter, rire, boire d’autant ; Et comme un gras Chanoine, à mon aise, et content, Passer tranquillement, sans souci, sans affaire, La nuit à bien dormir, et le jour à rien faire, Mon cœur exempt de soins, libre de passion, Sait donner une borne à son Ambition, Et suivant des grandeurs la présence importune, Je ne vais point au Louvre adorer la Fortune : Et je serais heureux, si, pour me consumer, Un destin envieux ne m’avait fait rimer. […] Mais un esprit sublime, en vain veut s’élever À ce degré parfait qu’il tâche de trouver : Et toujours mécontent de ce qu’il vient de faire : Il plaît à tout le monde, et ne saurait se plaire ; Toi donc qui vois les maux où ma Muse s’abîme, De grâce, enseigne-moi l’art de trouver la Rime : Ou, puisqu’enfin tes soins y seraient superflus, Molière, enseigne-moi l’Art de ne rimer plus.

51. (1886) Molière et L’École des femmes pp. 1-47

Et pourquoi de la part d’Arnolphe tant de ridicules soins ? […] Si cette jeune fille, pour employer le langage un peu brutal d’aujourd’hui, est bien équilibrée ; si l’éducation lui est distribuée avec soin, dans une famille aisée et exemplaire, on peut aller très loin ; ce n’est pas une garantie, ce n’est pas non plus un danger. […] Prenons, par exemple, la fameuse tirade : En effet, tous ces soins sont des choses infâmes. […] C’est nous inspirer presque un désir de pécher, Que montrer tant de soins de nous en empêcher ; Et si, par un mari, je me voyais contrainte, J’aurais fort grande pente à confirmer sa crainte !

52. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. De l’Exposition. » pp. 139-164

Dans le Misanthrope, Alceste a soin de nous dire que la scene est chez Célimene. […] Je sais que, graces aux soins de nos décorateurs, on voit, dès que la toile se leve, si la scene est dans les rues d’une ville ou à la campagne, même dans l’appartement d’une maison bourgeoise ou noble, pauvre ou opulente. […] Informé du grand bien qui lui tombe en partage, Dois-je prendre le soin d’en savoir davantage ? […] Les cherchant avec soin, & les trouvant sans peine, Après quelques efforts, sa victoire est certaine.

53. (1856) Molière à la Comédie-Française (Revue des deux mondes) pp. 899-914

Il faut laisser aux pédants le soin de savoir si le divertissement était de bon aloi, ou si l’on n’avait pas le droit de se divertir. […] Je persiste à croire qu’il faut jouer les rôles écrits par Molière tels qu’il les a conçus, et laisser au public le soin d’en deviner le sens. […] Quand ils sont chargés de représenter un personnage conçu à loisir, dessiné avec un soin scrupuleux, leur tâche devient plus difficile, et leurs droits sont rigoureusement limités. […] Si l’Opéra, au lieu de jouer toute l’année quatre ou cinq pièces, voulait reprendre l’ancien répertoire et remettre en honneur l’Armide et l’Orphée de Gluck par exemple, il ne laisserait pas aux chanteurs le soin de deviner les intentions du compositeur ; il appellerait pour diriger les répétitions un maître de chant initié à tous les secrets du style musical.

54. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Le jeune Poquelin répondit par des progrès rapides aux soins qui lui furent prodigués. […] Comme j’avais l’argent des menus plaisirs du prince, il me donna ce soin. […] Il eut même soin de faire afficher cette ordonnance à la porte de l’hôtel de Bourgogne, auquel l’ouvrage avait été donné. […] Molière, forcé de garder la chambre, remit à Chapelle le soin de faire les honneurs de la maison. […] Il importait trop à Molière de confondre les infâmes calomnies répandues contre lui et son ouvrage pour confier ce soin même à un ami.

55. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

Le détail de tous les faits, que nous ne faisons qu’indiquer ici, se trouve aux articles des pièces que nous venons de nommer ; et nous espérons que le lecteur sera satisfait du soin que nous avons pris de n’omettre rien d’essentiel à ce sujet. […] « Molière, pour nous donner sur la scène un tableau fidèle de la vie civile, dont le théâtre est l’image, étudiait avec soin le geste, le ton, le langage de tous les sentiments dont l’homme est susceptible dans toutes les conditions. […] « Le soin avec lequel il avait travaillé à corriger et à perfectionner son jeu s’étendait jusque sur ces camarades. […] Il était couvert de feuillée par-dehors, et par-dedans paré de riches tapisseries, que le sieur Du Metz, intendant des meubles de la Couronne, avait pris soin de faire disposer de la manière la plus belle et la plus convenable pour la décoration de ce lieu. […] « [*]Molière n’épargnait ni soin ni veilles pour soutenir et augmenter la réputation qu’il s’était acquise, et pour répondre aux bontés que le roi avait pour lui.

56. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. » pp. 144-179

Bien lui sembloit ce soin chose un peu mal-aisée, Mais non pas impossible ; &, sans qu’il eût cent yeux,   Il défioit, graces aux Cieux,   Sa femme, encor que trop rusée. […] Mes petits soins d’abord ont eu tant de succès, Que je me suis chez elle ouvert un libre accès ; Et, sans trop me vanter, ni lui faire une injure, Mes affaires y sont en fort bonne posture. […] C’est lui que touche seul le soin de sa beauté,   Et pour rien doit être compté   Que les autres la trouvent laide. […]   Loin ces études d’œillades,   Ces eaux, ces blancs, ces pommades, Et mille ingrédients qui font des teints fleuris : A l’honneur tous les jours ce sont drogues mortelles,   Et les soins de paroître belles   Se prennent peu pour les maris. […] Allez, je vous rejoins : Ayez bien l’œil à tout, & secondez mes soins.

57. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Baron, imitateur, comparé à Moliere, à Cicognini, à Térence, &c. » pp. 219-261

J’aurai soin que tout aille comme il faut. […] Pour un fils, poursuit-il, rempli d’obéissance, Epargne-t-on les soins autant que la dépense ? […] Il court, il arrange, il ordonne, Et se donne, ma foi, plus de soin que personne. […] Simon le remercie du soin qu’il s’est donné pour mettre son fils dans le bon chemin. […] Nous ne ferons pas ici une récapitulation des fautes qu’il a conservées, des changements heureux qu’il a faits ; nous avons pris soin de les remarquer à mesure qu’ils passoient sous nos yeux.

58. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. M. SAURIN. » pp. 333-353

J’ai pris soin de vous assembler un tas d’originaux qui composent la noble famille où j’entre. […] Je m’oubliois, je me deshonorois, j’épousois sa fille : elle a plus soin de ma gloire que moi-même : elle m’arrête au bord du précipice. […] Madame Béverley veut profiter du temps où son époux repose pour aller en ville solliciter en sa faveur : elle recommande à Jarvis de ne pas le laisser seul, & sort en le priant d’avoir soin & du pere & du fils.

59. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Trivelin est chargé de ce soin. […]   Dominique a laissé un manuscrit des scènes qui lui étaient personnelles dans les pièces représentées de son temps, manuscrit où il notait avec un soin égal ses bons mots et ses culbutes. […] Il feint de croire que la charité seule le guide vers la belle dormeuse et veut pousser très loin ses soins charitables, quand son élève arrive.

60. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

Sa fierté blessée se soumettait à l’intérêt qu’excitait en elle la mauvaise santé des enfants confiés à ses soins. […] Je crois que vous m’entendez. » Pendant cette comédie, madame de Maintenon donnait ses soins au duc du Maine à Barèges. […] Elle est d’une femme souffrante qui, bien qu’exempte de jalousie, ne peut supporter l’aspect d’une liaison désordonnée et si opposée à tous les avantages qu’elle espérait de sa raison, de sa vertu, et de ses soins pour le jeune prince dont elle était chargée.

61. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

Il l’a fait élever dans un petit couvent, selon sa politique, C’est-à-dire ordonnant quels soins on emploierait Pour la rendre idiote autant qu’il se pourrait5. […] Ce défaut n’est pas dans les femmes un effet de la nature ; elles ne naissent pas pédantes, elles le deviennent ; il y faut la contagion de l’exemple, une époque infectée de bel esprit, du soin, de l’application, de l’étude ; car ce n’est pas sans peine, dit La Bruyère, qu’elles arrivent à plaire moins. […] Dans l’âme elle est du monde ; et ses soins tentent tout Pour accrocher quelqu’un, sans en venir à bout. […] Une douce ironie règne dans sa discussion avec Armande sur le mariage : … Tout esprit n’est pas composé d’une étoffe Qui se trouve taillée à faire un philosophe ;     Si le vôtre est né propre aux élévations Où montent des savants les spéculations, Le mien, ma sœur, est né pour aller terre à terre, Et dans les petits soins son faible se resserre. […] Quand les enfants viendront, elle ne s’en remettra pas à une autre du soin de les élever, et le temps venu de les instruire, ne prendra conseil que d’elle-même et de son mari.

62. (1910) Rousseau contre Molière

Cet avocat, avant de s’occuper de son affaire, le prévient qu’il ne peut y mettre ses soins tout de suite, parce qu’il en a une autre qui est urgente. […] « Bon, dit Alceste, ce serait si peu de soins à vous donner ! […] … Ne puis-je vous aider de mes soins, de ma bourse ? […] La Fontaine, qui avait une grande bonté accompagnée d’esprit satirique, a ridiculisé les hommes après avoir pris le soin de les habiller préalablement en animaux. […] Elle était assez bonne aux soins domestiques ; voilà l’essentiel, certes, mais il eût souhaité que, sans savoir la musique, elle chantât agréablement au dessert.

63. (1686) MDXX. M. de Molière (Jugements des savants) « M. DXX. M. DE MOLIÈRE » pp. 110-125

Au contraire il n’y a rien de plus propre pour inspirer la coquetterie que ces sortes de pièces, parce qu’on y tourne perpétuellement en ridicule les soins que les pères et les mères prennent de s’opposer aux engagements amoureux de leurs enfants. […] Mais il faut laisser encore une fois à ceux que Dieu à choisis pour combattre la comédie et les comédiens le soin d’en faire voir les dangers et les funestes effets, et renvoyer ceux qui voudront s’en instruire plus à fond aux traités qu’en ont écrit, je ne dis pas seulement M. le Prince de Conti, M. de Voysin, M. 

64. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. Des Pieces intriguées par un Valet. » pp. 125-134

Les frippons d’Athenes, de Rome, & leurs imitateurs, que nous allons confondre ensemble, avoient des défauts que nos intriguants doivent éviter avec le plus grand soin. […] Cette bonne femme donne à la petite fille le nom de Cassine, & l’éleve avec grand soin.

65. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Prologues. » pp. 118-138

Princesse, écoutez les dernieres paroles de votre époux : je sais que vous êtes enceinte ; si vous mettez au monde une fille, je n’ai rien à vous dire ; mais si c’est un garçon, je lui donne un nom avant sa naissance, & je veux qu’il s’appelle l’Orphelin de Tchao : élevez-le avec soin, pour qu’il venge un jour ses parents. […] Pour cet effet il ébauche grossiérement tous ses sujets en vers alexandrins, & peu à peu, corrigeant son ouvrage, il corrompt avec soin la cadence des vers, & parvient à réduire le tout en prose très naturelle. […] Il fut esclave de Terentius Lucanus, Sénateur Romain, qui le fit élever avec beaucoup de soin, & l’affranchit fort jeune.

66. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. » pp. 500-533

Monsieur, je ne l’ose, Sans savoir si vos soins auront fait quelque chose. […] Qui, dans vos transports les plus fous, Ai soin de monter votre lyre ? […] Je fais voir pour une personne toute l’ardeur & toute la tendresse qu’on peut imaginer : je n’aime rien au monde qu’elle, & je n’ai qu’elle dans l’esprit : elle fait tous mes soins, tous mes desirs, toute ma joie : je ne parle que d’elle, je ne pense qu’à elle, je ne fais des songes que d’elle, je ne respire que par elle, mon cœur vit tout en elle ; & voilà de tant d’amitié la digne récompense !.... […] parcequ’il n’étoit pas né pour la comédie, & qu’il passoit lestement sur des richesses théâtrales sans en connoître le prix, tandis qu’il ramassoit avec beaucoup de soin des matériaux de nulle valeur.

67. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

Les critiques français abandonnent sans peine ses pièces empruntées de l’espagnol, ses pastorales, ses tragicomédies qui n’étaient calculées que pour le plaisir des yeux, et même trois ou quatre véritables comédies de sa jeunesse, qui sont pourtant écrites en vers et par conséquent travaillées avec plus de soin. […] L’idée ingénieuse de Plaute a été de faire que ce soient précisément les soins exagérés du vieillard pour la conservation de sa cassette, qui sont cause qu’elle lui est enlevée. […] Nous avons dit que le comique fondé sur l’observation était à son plus haut point, quand une qualité se montre précisément à nous, sans que celui qui la possède s’en doute, ou s’il cherche à la dissimuler avec soin. […] Le plan du Barbier de Séville est conçu sans beaucoup de soin, il y a bien plus d’art et d’invention dans Le Mariage de Figaro, mais la morale en est relâchée, et même à ne considérer cette pièce que sous le point de vue dramatique, elle peut encore mériter des reproches. […] L’art de la déclamation a été cultivé depuis longtemps en France avec le plus grand soin, surtout dans la haute comédie et dans la tragédie.

68. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. Du Genre mixte. » pp. 241-252

elle m’étoit tombée, Je vous suis bien tenu de ce soin obligeant, Qui m’épargne un grand trouble, & me rend mon argent. […] Il faut éviter avec soin dans les pieces de cette derniere espece, ainsi que dans celles de la premiere, que le caractere n’écrase pas l’intrigant, ou que l’intrigant n’écrase pas le caractere.

69. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLII. De l’art d’épuiser un Sujet, un Caractere. » pp. 493-503

Il n’a pas le courage d’exécuter sa résolution, & il dit à Lélie : Suffit, vous savez bien ou le bât me fait mal : Mais votre conscience & le soin de votre ame Vous devroient mettre aux yeux que ma femme est ma femme ; Et vouloir à ma barbe en faire votre bien, Que ce n’est pas du tout agir en bon chrétien. […] Tout ce qu’une coquette a jamais pratiqué, Lorsqu’elle veut surprendre un cœur qu’elle a manqué, Soins de plaire affectés, souris, agaceries, Discours flatteurs, regards, gestes & lorgneries, Ma femme devant moi vient de le répéter, Pour engager Eraste, ou bien pour le flatter.

70. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

On les trouvera rétablis dans celle-ci, et ce n’est pas un petit service rendu au public par ceux qui ont pris ce soin, puisque les nombreuses Assemblées qu’on voit encore tous les jours aux représentations des Comédies de ce fameux Auteurs, font assez connaître le plaisir qu’on se fera de les avoir dans leur pureté. […] L’inclination qu’il avait pour la Poésie le fit s’appliquer à lire les Poètes avec un soin tout particulier ; il les possédait parfaitement, et surtout Térence.

71. (1802) Études sur Molière pp. -355

La première charge son confesseur du message amoureux ; la dernière confie ce soin à son tuteur, à son tuteur qui veut l’épouser, et qui, prenant à la commission qu’on lui donne un intérêt bien plus vif que le moine, ne peut qu’ajouter infiniment au comique de la situation. […] Dans toute cette pièce, Molière a pris soin d’indiquer exactement la pantomime ; et la tradition aurait dû s’en rapporter à lui. […] Le rôle d’Alcidas exige quelques soins. […] La plupart des auteurs amènent deux rivaux sur la scène, et ne s’occupent que du soin d’en congédier un ; comme s’il était vraisemblable que sa fuite seule dût tout à coup décider le sort de l’autre, et lui rendre favorables les personnes qui se montraient les plus contraires à ses désirs. […] On peut, en y regardant de près, surprendre dans cette pièce quelques imitations, mais bien légères ; j’aurai soin de les indiquer.

72. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. » pp. 251-273

Rien de plus impertinent & de plus ridicule que d’amasser du bien avec de grands travaux, & élever une fille avec beaucoup de soin & de tendresse, pour se dépouiller de l’un & de l’autre entre les mains d’un homme qui ne nous touche de rien ? […] Dans quels soins & dans quelles inquiétudes ne m’a pas plongé mon fils, en s’embarrassant & en nous embarrassant tous dans ce beau mariage ! […] Pantalon ne sauroit se persuader qu’un mari eût plus de soin de sa fille que lui-même.

73. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [77, p. 118-119] »

Il avait un valet, espèce de lourdaud qui était chargé de ce soin.

74. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

Quand Lisette dit si gaiement : En effet, tous ces soins sont des choses infâmes. […] La pupille d’Ariste, qu’il a eu soin de ne point gêner sur les goûts innocents de son âge, tient une conduite irréprochable, et finit par épouser son tuteur. […] Quelle leçon elle donne au tuteur qui l’a si mal élevée, lorsqu’il lui reproche les soins qu’il a pris de son enfance ! […] Mais les soins que j’ai pris, je les ai perdus tous. […] Contre votre partie éclatez un peu moins, Et donnez au procès une part de vos soins.

75. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

Riccoboni qui va prendre ce soin. […] Lorsqu’Alcidas, afin d’obliger Sganarelle à tenir la parole qu’il a donnée d’épouser sa sœur, veut lui donner pour la troisième fois des coups de bâton, et que celui-ci a répondu, j’épouserai, j’épouserai, le père arrive qui, après avoir contraint sa fille à donner la main à Sganarelle, s’écrie, en lui adressant la parole : Le Ciel soit loué : m’en voilà déchargé, et c’est à vous désormais que regarde le soin de sa conduite. […] C’est un château qu’on peut nommer un palais enchanté, tant les ajustements de l’art ont bien secondé les soins que la nature a pris pour le rendre parfait … *Ce fut en ce beau lieu, où toute la Cour se rendit le cinquième mai, que le roi traita plus de six cents personnes jusqu’au quatorzième ; outre une infinité de gens nécessaires à la danse et à la comédie, et d’artisans de toutes sortes, venus de Paris. […] La dame qui a par hasard cette même couleur montre au cavalier un ruban qu’elle tenait caché ; alors elle doit absolument danser avec lui, et recevoir ses soins et ses services pendant tout le jour. […] « [*]Il fut compris dans l’état des gens de lettres qui eurent part aux libéralités du roi en 1663 par les soins de M. 

76. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [31, p. 59-61] »

Vos soins ne peuvent m’en distraire ; Belle Philis on désespère, Alors qu’on191 espère toujours192.

77. (1717) Molière (Grand Dictionnaire historique, éd. 1717) [graphies originales] « article » p. 530

On l’avait élevé avec assez de soin, et il avait fait beaucoup de progrès dans les Belles Lettres et dans le Droit.

78. (1871) Molière

Ariste est un sage et Sganarelle est un jaloux : le premier, pour plaire à Léonor, qu’il veut épouser, lui prodigue les petits soins, les tendresses, les respects ; Sganarelle, au rebours de son frère Ariste, est un malappris, un brutal. […] Rien de plus beau que monseigneur le duc d’Orléans : beaucoup de grâce et de douceur dans l’esprit, de civilité et de politesse, attestaient aux moins clairvoyants la tendresse et les soins de sa mère. […] Il cachait son esprit avec grand soin, peut-être par respect pour sa majesté. […] Elle entourait de tous les soins d’une mère tendre cette santé chétive.

79. (1800) Des comiques d’un ordre inférieur dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VII) pp. 294-331

Les soins inutiles que j’ai pris de l’imiter m’ont appris qu’il est inimitable, et c’est beaucoup pour moi que la gloire d’avoir été souffert où il a été admiré. » Boursault, qui s’était bien trouvé des pièces à tiroir, et qui apparemment se sentait plus fait pour les détails que pour l’invention et l’ensemble, voulut mettre encore une fois Esope sur la scène, et ne mit pas dans cette nouvelle pièce plus d’intrigue et de plan que dans l’autre. […] On ne voulut pas non plus qu’Esope récitât devant lui les vers suivants, adressés à Crésus : Par des soins prévenants, votre âme bienfaisante En répand sur un seul de quoi suffire à trente ; Et ce qu’un seul obtient, répandu sur chacun, Vous feriez trente heureux, et vous n’en faites qu’un. […] Voici comme il se peint : «Zelmis est un cavalier qui plaît d’abord; c’est assez de le voir une fois pour le remarquer; et sa bonne mine est si avantageuse, qu’il ne faut pas chercher avec soin des endroits dans sa personne pour le trouver aimable; il faut seulement se défendre de le trop aimer. » Passe pour l’éloge, puisqu’il faut qu’un héros de roman soit accompli; mais sa bonne mine, qui est si avantageuse, et les endroits de sa personne ne sont pas une prose digne des vers du Légataire et du Joueur. […] Je te garde avec soin, mieux que mon patrimoine, D’un vin exquis, sorti des pressoirs de ce moine Fameux dans Auvilé plus que ne fut jamais Le défenseur du Clos vanté par Rabelais.

80. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. De la Diction. » pp. 178-203

Les Romains cependant reconnurent mal ses soins, & blâmerent son affectation à ne parler que le langage des Grands. […] Voilà ce que marquoient les troubles de mon ame ; Ce n’étoit pas en vain que s’alarmoit ma flamme : Par ces fréquents soupçons, qu’on trouvoit odieux, Je cherchois le malheur qu’ont rencontré mes yeux ; Et malgré tous vos soins & votre adresse à feindre, Mon astre me disoit ce que j’avois à craindre. […] N’est-il pas bien payé de ses soins ?

81. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE X. Du Père, de la Famille, de l’Etat. » pp. 193-216

Des domestiques si précieux et si rares, s’ils existent, sont produits lentement, à force de soins et d’exemples, par l’esprit de famille : c’est un fruit que les enfants doivent aux vertus des parents, aux traditions d’ordre et de bonté des aïeules et des mères ; et si l’on n’en trouve plus de tels aujourd’hui, c’est que l’esprit de famille s’en est allé de notre société, par notre faute, et aussi par celle de Molière. […] Qu’on se rappelle les pères de Térence707, et même quelques pères de Plaute708, et qu’on dise s’il n’y a pas plaisir à voir la discrète assiduité, l’inquiète sollicitude avec laquelle ils suivent la conduite de leurs fils entrant dans la vie ; si l’on n’est pas touché de la sage ardeur qu’ils déploient à les rendre bons et heureux ; si l’on ne respecte pas le soin jaloux qu’ils mettent à s’entourer pour leurs vieux jours d’une famille aimante ? […] Est-ce parce que dans son ménage il ne trouva guère affection ni soins constants que de la part de Laforêt ?

82. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

À notre sens, le vieil amateur fait bien de l’honneur au théâtre d’autre fois de s’en occuper avec tant de soins et tant de zèle. […] Molière, notre père, avait soin de nourrir ses enfants. […] Il est étranger, il a étudié avec un grand soin, avec un rare esprit notre vieux théâtre. […] Étudiez-le avec soin ; le théâtre est toujours un peu en avant de l’époque qu’il amuse, et voilà justement pourquoi c’est un grand art. […] D’Ancourt, lui, ne prend pas tant de soins pour dissimuler la bassesse de son chevalier.

83. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Pieces à scenes détachées, dans lesquelles une Divinité préside. » pp. 61-74

Feuilletez avec soin tous nos Auteurs fameux ; Mes traits les plus frappants sont tirés d’après eux. […]   Mille tendres sornettes Que l’on a soin d’orner de mots à double sens ;  Parler éloquemment cornettes,  Et prononcer sur des rubans ; De tout ce qui paroît juger sans connoissance,  Hors de propos prodiguer son encens,  Et placer bien sa médisance :  Voilà des aimables du temps Ce qui fait le mérite & toute la science.

84. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. Des Comédies Allégoriques. » pp. 75-90

Nous donnerons donc le titre de comédie allégorique aux pieces dans lesquelles l’Auteur, mettant continuellement sur la figure de Thalie le masque de l’allégorie, change le nom des choses, défigure même les personnes, & laisse au spectateur intelligent le soin de développer le sens caché. Nos premiers Dramatiques cachoient dans leurs pieces allégoriques une moralité ; ils s’y érigeoient en médecins spirituels ; quelques-uns bornoient leurs charitables soins à la santé du corps : peu à peu devenus moins pieux, moins zélés pour le bien de leur prochain, ils ont fait servir l’allégorie à couvrir des images ou des propos indécents.

85. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

Qu’il lise avec soin ce volume, qu’il y apprenne enfin la vie de Molière, et il verra si ceux qu’il critique se sont mépris, lorsqu’ils ont soutenu la thèse qu’il combat. […] L’argent comptant est toujours ce que les pères, devenus tuteurs, tâchent de dissimuler avec le plus de soin, lorsque l’inventaire est dressé. […] La naissance d’un second fils, les soins qu’elle devait à sa fille, seule enfant qui survécut à Molière, ne l’attachèrent pas beaucoup plus à ses devoirs. […] Jonsac fit sentir à la Molière le prix d’un pareil soin de la part d’un mari maltraité. […] Mais M. de Grignan, que les soins de son gouvernement rappelèrent bientôt en Provence, ne put assister à la première représentation du Festin de Pierre.

86. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

Ces faits sont entièrement faux, comme quelques autres de même nature, que j’ai déjà eu occasion de démentir ; et j’emploierai, pour le prouver, le même moyen dont je me suis servi, l’autorité incontestable du registre de la troupe de Molière, tenu par le comédien La Grange, qui était chargé de ce soin, et s’en acquittait avec une exactitude scrupuleuse. […] Dans Pourceaugnac, comme dans les comédies de Plaute et de Térence, un personnage subordonné par sa condition, mais supérieur par l’audace et les ressources de son esprit, anime tout, conduit tout ; et, se réservant en entier le danger et la gloire de l’entreprise, ne laisse à ceux qui en ont fait les frais, que le soin d’en recueillir les fruits. […] Mais il n’y avait pas là d’intrigue, de nœud, de dénouement, conséquemment pas de pièce ; il en fallait trouver une, et c’est Molière que ce soin regardait : la chose était en bonnes mains. […] Dans les deux comédies, une grande princesse, dont la main est disputée par des rivaux à qui leur naissance permet d’y aspirer, et dont le cœur est en secret épris d’un jeune guerrier couvert de gloire, mais d’une condition obscure, qui l’adore en secret lui-même, s’en remet à cet amant du soin de choisir pour elle entre ses prétendants. […] Le principal rapport des deux pièces consiste dans l’intervention d’un personnage subalterne, mais assez bien venu à la cour, ici à titre de fou, là en qualité de bouffon, et qui, prenant en main les intérêts d’un amant timide, emploie tout ce que les prérogatives de son office lui donnent d’accès et de privauté auprès d’une princesse, pour sonder son cœur, s’assurer s’il ne renferme pas le germe d’une passion réciproque ; l’y déposer, s’il est nécessaire ; le développer par ses soins, et forcer enfin le double orgueil du rang et du sexe à confesser sa défaite.

87. (1892) Vie de J.-B. P. Molière : Histoire de son théâtre et de sa troupe pp. 2-405

L’inclination qu’il avait pour la poésie le fit s’appliquer à lire les poètes avec un soin tout particulier. […] André Mareschal a soin de nous avertir que ces comédiens du duc d’Épernon étaient destinés seulement aux plaisirs de Sa Grandeur. […] Ce soin, vous le savez, hélas ! […] Comme j’avais l’argent des menus plaisirs de ce prince, il me donna ce soin. […] Une source avait été détournée par les soins d’un consul de cette petite ville, M. de Laurès, et, confondue avec un ruisseau, avait été conduite dans un réservoir à l’usage du public.

88. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. Des Pieces intriguées par une Soubrette. » pp. 135-150

Il prie son esclave de réparer le mal qu’il a fait, & d’avoir soin de ses affaires. […] De quoi voulez-vous que j’aie soin ?

89. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Regnard imitateur de Moliere. » pp. 51-80

Vous êtes le bras droit du grand Dieu du tonnerre : Votre peine est utile aux hommes comme aux Dieux ;   Et c’est par vos soins que la Terre Entretient quelquefois commerce avec les Cieux. […] Peut-être même pourrions-nous l’accuser de plagiat, puisqu’on reconnoît le plagiaire au soin qu’il prend d’étayer la stérilité de son imagination & de son génie, en transportant dans ses ouvrages les idées des grands maîtres, sans avoir l’art de déguiser ses larcins & de les embellir. […] J’aurai soin, dans ce dernier volume, de lui ménager quelquefois ce plaisir.

90. (1898) Molière jugé par Stendhal pp. -134

envers lui, comme envers votre père, Laissez agir les soins de votre belle-mère. […] Il lui manque une vingtaine de corrections dans le style, et d’être jouée plus lentement et avec soin. Les acteurs négligent les meilleures pièces, parce qu’elles n’ont pas besoin de leurs soins. […] Dandin et qui aurait la dose de bon sens naturel de ce personnage, quitterait sa femme, s’absenterait en prenant soin qu’elle ne pût toucher aucun revenu. […] Va-t’en, et dis à M. le vicomte que j’aurai soin de rendre son billet.

91. (1735) Moliere (Supplément au Grand Dictionnaire historique) « MOLIERE, (Jean-Baptiste Poquelin) poëte comique, etc. » p. 82

On eut soin même de lui faire obtenir la survivance de la charge de valet de chambre tapissier chez le roi ; mais son aversion pour sa profession, et son penchant pour l’étude l’engagèrent à solliciter son grand-père qui le menait quelquefois à la comédie à l’hôtel de Bourgogne, de porter son père à le faire étudier.

92. (1730) Poquelin (Dictionnaire historique, 4e éd.) [graphies originales] pp. 787-790

On fit appercevoir 10 Moliere, que le grand soin qu’il avoit de plaire au public lui ôtoit celui d’examiner la conduite de sa femme ; & que pendant qu’il travailloit pour divertir tout le monde, tout le monde cherchoit à divertir sa femme. La jalousie reveilla dans son ame la tendresse que l’étude avoit assoupie ; il courut aussi tôt faire de grandes plaintes à sa femme, en lui reprochant les grands soins avec lesquels il l’avoit élevée ; la passion qu’il avoit étouffée ; ses manieres d’agir, qui avoient été plûtot d’un amant que d’un mary ; & que pour recompense de tant de bontez, elle le rendoit la risée de toute la Cour. […] Les soins que l’on prit pour appaiser la Moliere furent inutiles : elle conceut dès ce moment une aversion terrible pour son mary ; & lors qu’il se vouloit servir des privileges qui lui étoient dus par le mariage, elle le traittoit avec le dernier mepris.

93. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XI. De la Religion. Principe et Sanction de la Morale de Molière. » pp. 217-240

Le désintéressement de l’amour de Dieu, qu’il faut aimer par-dessus toute chose751, est exprimé eu action par le Pauvre qui « prie le ciel tout le jour, et qui est bien mal reconnu de ses soins, dit don Juan, puisqu’il est dans la plus grande nécessité du monde, et que, le plus souvent, il n’a pas un morceau depain à mettre sous les dents. » Pourtant, entre un louis d’or et un péché, il n’hésite pas ; et malgré le diable qui le tente et Sganarelle qui l’encourage, « il aime mieux mourir de faim752. » L’amour du prochain, qu’il faut aimer comme soi-même pour l’amour de Dieu753, quand a-t-il été pratiqué d’une manière plus touchante que par done Elvire, qui, trahie de la façon la plus injurieuse par un amant aimé, revient trouver ce scélérat, ce perfide, qu’elle a menacé de « la colère d’une femme offensée754, » pour adresser à ce cœur de tigre les paroles qui tirent des larmes à Sganarelle : «  Je ne viens point ici pleine de ce courroux que j’ai tantôt fait éclater ; et vous me voyez bien changée de ce que j’étois ce matin. […] Pour trouver des expressions qui en fassent sentir la haute moralité, on ne peut que citer Molière lui-même, quand il fut obligé d’implorer la puissance royale pour obtenir le droit de dire tout haut qu’un hypocrite est un scélérat et qu’un tartuffe est un sacrilège : J’ai mis tout l’art et tous les soins qu’il m’a été possible pour bien distinguer le personnage de l’hypocrite d’avec celui du vrai dévot ; j’ai employé pour cela deux actes entiers à préparer la venue de mon scélérat ; il ne tient pas un seul moment l’auditeur en balance ; on le connaît d’abord aux marques que je lui donne ; et d’un bout à l’autre il ne dit pas un mot, il ne fait pas une action qui ne peigne aux spectateurs le caractère d’un méchant homme, et ne fasse éclater celui du véritable homme de bien que je lui oppose772. […] Point de cabale en eux, point d’intrigues à suivre : On les voit, pour tous soins, se mêler de bien vivre.

94. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Enfin, nul autre ami n’a autant de soin et d’attention que le roi en a pour elle : et ce que j’ai dit bien des fois, elle lui fait connaître un pays tout nouveau, je veux dire le commerce de l’amitié et de la conversation, sans chicane et sans contrainte ; il en paraît charmé. » Cette lettre du 21 juin renferme tout le secret de la faveur dont jouissait madame de Maintenon, et de celle où elle devait parvenir. […] « Nul autre ami, dit-elle, n’a autant de soin et d’attention que le roi en a pour elle. […] Puisque les conséquences ultérieures de cette fortune ne sont plus de notre sujet, et que nous nous arrêtons ici dans l’histoire de la société polie, jetons un dernier regard sur les personnages qui la composent en 1680, rassemblons-les dans notre pensée : leur aspect suffira pour nous faire entrevoir l’avenir que nous laissons à d’autres le soin de décrire.

95. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Pieces à scenes détachées. » pp. 45-60

Il est vrai, d’un côté mes soins ont réussi, Cet adorable objet enfin s’est adouci : Mais d’un autre on m’accable ; & les astres séveres Ont contre mon amour redoublé leurs coleres. […] Oui, j’ai su que ma niece, en dépit de mes soins, Doit voir ce soir chez elle Eraste sans témoins.

96. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Flaminio, laissant à d’autres, comme il le dit, le soin de tracer le dialogue, s’est borné à reproduire le scénario des pièces, à l’usage des comédiens qui voudraient s’exercer sur les mêmes sujets. […] Flaminio Scala a soin d’indiquer en tête de chaque pièce les accessoires qui sont nécessaires pour la représenter.

97. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. » pp. 357-396

Il faut, qui que ce soit qui ait fait le coup, qu’avec beaucoup de soin on ait épié l’heure ; & l’on a choisi justement le temps que je parlois à mon traître de fils. […] Ce très cher & très précieux or, que je gardois avec un soin si extraordinaire, & à qui je pensois à tout moment.... […] Quant aux scrupules que vous avez, votre pere lui-même ne prend que trop de soin de vous justifier à tout le monde ; & l’excès de son avarice, & la maniere austere dont il vit avec ses enfants, pourroient autoriser des choses plus étranges. […] Il laisse à son gendre le soin d’acheter tout ce qu’il faut pour le festin, encore est-il fâché qu’il ait fait apporter beaucoup de vin : il soupçonne qu’on a dessein de l’enivrer pour lui voler ensuite son trésor, & projette de boire de l’eau toute pure.

98. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

Et il l’a fait élever selon sa politique, c’est-à-dire ; … Ordonnant quels soins on emploierait Pour la rendre idiote autant qu’il se pourrait. […] Par malheur il a eu soin de choisir, pour veiller sur son innocente, deux valets aussi simples qu’elle ; et ces deux naïfs, disputant à qui n’ouvrira pas, laissent pester leur maître un bon quart d’heure à la porte. […] La Providence, qui veut qu’Arnolphe soit berné selon ses mérites, prend toujours soin de lui adresser le jeune éventé : et instruit par lui de toutes choses, ce routier de la galanterie ne peut cependant parer aux ruses naïves d’une innocente ! […] — Et les obligations que vous m’avez, les soins que j’ai pris de vous ? […] Je dis l’Arnolphe de Molière, car nous ne sommes pas ici dans la même incertitude que pour Alceste ; nous savons comment Molière jouait le rôle ; il a pris soin de nous en instruire lui-même dans la Critique ; et les indications que. j’ai mises sous vos yeux dans mon compte rendu de la première, sont tirées des contemporains.

99. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Peut-être cette entreprise vous surprendra chez un homme qui n’est point de votre corps, et que quelqu’un de vous dira que je devrais laisser ce soin aux auteurs qui en sont, etc. » Ceci s’adressait à la jalousie de Molière, jalousie qui n’était que trop fondée, ainsi que beaucoup de gens pouvaient l’attester. […] Nous avons eu occasion de remarquer que le mariage étant une des choses les plus importantes de la vie, il serait bon d’y regarder de près, et que par une bizarrerie incroyable, la plupart des hommes donnent plus de soin à des bagatelles fugitives, qu’à cette indissoluble convention dans laquelle pourtant ils mettent leur honneur. […] On a beaucoup débattu, dans ces derniers temps, la question de savoir si le sentiment populaire était resté, parmi le grand monde, vivace au fond du cœur de Molière, et cela ne paraît pas douteux pour qui lit ses œuvres avec soin. […] Dégoûté du théâtre vers l’année 1718, il le quitta pour se retirer dans sa terre de Courcelles-le-Roi, en Berri, et là il ne s’occupa plus que du soin de son salut. […] Nous avons recherché d’abord avec soin, dans les œuvres de Dancourt, dont l’édition la plus complète est sous nos yeux, quelques souvenirs de Molière.

100. (1788) Molière (Dictionnaire encyclopédique) « article » pp. 588-589

On sait que Molière fut frappé à mort sur le théâtre, en contrefaisant le mort dans le Malade imaginaire, circonstance qui a fourni des épigrammes, tandis que l’événement devait arracher des larmes ; on sait qu’il mourut dans les bras de la piété, et qu’il s’en était rendu digne par sa charité ; il donnait l’hospitalité à deux de ces pauvres religieuses qui viennent quêter à Paris pendant le carême ; elles lui prodiguèrent par devoir et par reconnaissance, les consolations et les soins dans ses derniers moments ; on sait jusqu’à quel point la rigueur de nos usages (qu’il ne s’agit pas ici de juger) fut adoucie en sa faveur à la prière de Louis XIV.

101. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Je me suis donné toutes les peines, j’ai pris tous les soins nécessaires pour atteindre à ce but. […] Je les ai rédigées avec le plus grand soin ; j’ai désiré qu’elles pussent du moins procurer à l’esprit cette espèce de satisfaction qui naît d’une grande précision unie à une grande clarté, dans l’exposition des matières didactiques. […] Béline, femme cupide et dénaturée, est un exemple effrayant pour les hommes opulents qu’un soin excessif de leur santé met dans la dépendance des êtres intéressés qui s’empressent autour d’eux. […] Il est certain qu’il n’épargnait ni soin, ni peine, pour exceller dans sa profession d’acteur. […] Je me garderai bien de figurer l’orthographe surannée et vicieuse de cette pièce : on ne prend un tel soin que pour les écrits qui sont des monuments du langage.

102. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Rappelons seulement les soins qu’il prodigua au jeune Baron, qui devait, par légèreté, le payer d’une étrange ingratitude; et la manière dont il faisait l’aumône. […] Comme chacun songe à épouser sa pupille, ils les élèvent avec des soins très particuliers. […] Peut-être même est-il bon à toute femme d’étudier avec plus de soin une branche ou une question spéciales. […] À la femme le soin d’empêcher que la source ne tarisse, et d’en verser l’eau pure dans la coupe du travailleur fatigué. […] Elle continuait à n’y être que la ménagère ; son esprit y languissait, uniquement adonné à des soins vulgaires et prosaïques.

103. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. » pp. 397-410

Les Comédiens, pour ajouter à l’illusion, ont soin de faire mettre un bassin d’eau dans la machine qui représente le puits : de cette façon le spectateur, entendant le bruit que la pierre fait en tombant dans l’eau, n’est pas surpris de la crédulité du mari. […] Elle en usa avec si peu de précaution, que le mari en ayant eu connoissance, ou par soi-même, ou par quelque rapport, & devenu le plus jaloux de tous les hommes, demeura chez lui, & donna tous ses soins à bien garder sa femme.

104. (1794) Mes idées sur nos auteurs comiques. Molière [posthume] pp. 135-160

Sganarelle, qui va porter à Valère la déclaration d’amour, ensuite le billet, ensuite le conseil d’enlever Isabelle ; la scène quatorzième de ce deuxième acte, dans laquelle Sganarelle mène Valère devant Isabelle qui s’explique en sa présence sur ses véritables sentiments, et le trompe sous ses propres jeux ; l’acte qui finit par le dessein d ‘épouser le lendemain Isabelle, ce qui rompt tout ce qu’elle a fait, et oblige de recommencer la pièce au troisième acte, où le jaloux va lui-même chercher le notaire pour les unir ; la scène sixième où il sermonne Artiste ; enfin le dénouement qui est superbe, qui se tait par les soins du jaloux, qui satisfait tout le monde. […] La première scène du premier acte, où la vieille mère Pernelle, en grondant toute sa famille, expose si plaisamment et la pièce et le caractère de chacun ; la cinquième, où Orgon s’informe de la santé de Tartufe, et oublie sa femme et ses enfants, malgré les railleries de Dorine ; la sixième sur les faux dévots entre Orgon et Cléante, scène admirablement écrite ; la quatrième du deuxième acte, où les amants se brouillent par un malentendu, et se raccommodent par les soins de Dorine ; la deuxième du troisième acte, où Tartufe s’annonce ; la troisième, où il fait sa déclaration à Elmire ; la sixième, où Orgon lui demande pardon à genoux pour son fils qui l’a accusé ; la cinquième du quatrième acte, où Orgon est sous la table, scène si singulière, si belle et si hardie : voilà les principales beautés d’un ouvrage que l’Europe admire avec raison.

105. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Voulant être distinguée du roi, lui être agréable, parce qu’elle l’aimait, mais voulant son estime et conserver le respect d’elle-même, pouvait-elle employer des moyens à l’usage des femmes ordinaires, mettre en pratique cet art de plaire, cet art de la cour, qui comprend l’art de nuire à tout ce qui n’est pas soi ; à intriguer contre une favorite a qui et le doit sa place ; à lui tendre des pièges, à lui opposer d’autres femmes dont elle pourra avoir bon marché, à rechercher les occasions de s’introduire près du maître, de surprendre ses regards, de les attirer par des soins et des parures qui déguisent son âge ; à se faire vanter, célébrer par des prôneurs ; à se distinguer tantôt par la finesse de la louange, tantôt par son enthousiasme, toujours par l’à-propos ; à rappeler d’une dis tract ion, à faire revenir d’un caprice par des bouderies, par des querelles, par des minauderies ; en un mot, à pratiquer le manège d’une coquetterie subalterne ? […] Un directeur était un parasite, « jaloux d’obtenir le secret des familles, aimant à trouver les portes ouvertes dans les maisons des grands, à manger souvent à de bonnes tables, à se promener en carrosse dans une grande ville, et à faire de délicieuses retraites à la campagne, à voir plusieurs personnes de nom et de distinction s’intéresser à sa vie, à sa santé, et à ménager pour les autres et pour lui-même tous les intérêts humains…, couvrant tous les intérêts du soucieux et irrépréhensible prétexte du soin des âmes ».

106. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. M. ROCHON DE CHABANNES. » pp. 381-412

Madame Lisban, connoissant le danger qu’elle a couru, dit à son époux : Comptez que je prendrai tout le soin nécessaire Pour sauver ma vertu d’un lâche attachement : Mais si je me pouvois oublier un moment, Personne ne sauroit, en ce malheur extrême, Plus à mon gré, Monsieur, survenir que vous-même. […] Oui, Madame ; jé ferai plus, j’aurai soin dé vous le noter. […] Il s’introduit chez elle à titre de valet : il n’ose lui parler de son amour ; mais il peint sa passion dans de petits ouvrages qu’il a soin de faire tomber sous sa main.

107. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. Des Tableaux. » pp. 422-425

Les Tableaux font un grand effet sur le théâtre, aussi voit-on que nos Auteurs ont grand soin d’en placer dans leurs pieces.

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