Croyez-vous que j’aie pu lui répondre le moindre mot, ou que j’aie eu quelque raison à lui alléguer, bonne ou mauvaise ? […] Les Scudéri, les Desmarets ont fait passer sur notre Théâtre l’emphase ridicule des mauvais Auteurs Italiens & Espagnols, & on les a admirés : grands Dieux ! […] Je n’aime point la mort parcequ’elle est camuse, Et que sans regarder qui la veut ou refuse, L’indiscrete qu’elle est, grippe, veut-il ou non, Pauvre, riche, poltron, vaillant, mauvais & bon. […] Doncque bien loin de moi la peur & ses glaçons, Je veux être de ceux qu’on dit mauvais garçons. […] plaise au Seigneur qu’il soit sot à tel point, Qu’il me tienne mauvais, & ne se batte point !
Persuadons-nous bien qu’il est beaucoup plus difficile de tirer un parti très médiocre d’un mauvais sujet, que de faire une excellente piece d’un sujet passable. […] Ascagne est enchantée de la promesse de Valere, quand sa joie est troublée par l’arrivée de Lucile, qui, outrée des mauvais procédés d’Eraste, vient s’en plaindre à Ascagne, qu’elle croit toujours son frere, & lui apprend qu’elle veut désormais chérir Valere. […] Je me flatte d’avoir suffisamment prouvé, par le Dépit Amoureux, que si le pere du Tartufe n’a pu faire qu’une mauvaise piece d’un mauvais sujet, les jeunes Auteurs ne doivent pas avoir la vaine présomption de se croire plus adroits.
Si la gaieté de l’Auteur, si les choses agréables que l’acteur dit ou fait, ne tiennent pas au fond de la piece, ne nous apprennent pas des choses ou ne nous préparent pas à d’autres, la gaieté, les madrigaux, le jeu de théâtre, tout devient mauvais puisqu’il n’est pas à sa place. […] La Coquette, persécutée par une tante prude, desire qu’elle fasse quelques sottises pour se procurer des armes contre ses mauvais propos. […] Il est donc mauvais, sur-tout dans un cinquieme acte34. […] « Quatrièmement, ces scenes amphibies, ces especes de monologues dialogués, comme celui que fait Sosie avec sa lanterne, sont mauvais. » Point du tout.
La premiere de mes pieces n’a pas réussi, & c’est parceque j’avois apparemment fait pis que les plus mauvais Artistes. […] Vous, qui, loin de disposer votre sujet, votre intrigue, vos caracteres, dans les premieres scenes, & de bâtir ensuite là-dessus, offrez des choses qui ne sont pas étayées, ou qui le sont si mal qu’elles entraînent la chûte entiere de l’édifice, devez-vous être étonnés que le public fasse un si mauvais accueil à vos monstres dramatiques ? […] Indépendamment du mauvais personnage qu’un homme, peu instruit des regles de la comédie, doit faire nécessairement dans un temps où tout le monde parle spectacle, où les cercles, les toilettes, les boudoirs même retentissent des mots pompeux de comédie larmoyante, comédie bourgeoise, comédie sérieuse, haut & bas comique, &c. indépendamment, dis-je, du rôle insipide qu’il joue en se voyant forcé de se taire ou de montrer son ignorance, je crois très agréable pour la propre satisfaction d’un homme, quel qu’il soit, de connoître toutes les finesses d’un art que nous faisons contribuer à notre amusement, puisque notre plaisir suit nécessairement le progrès de nos connoissances. […] Nous verrons quelles sont les précautions qu’un Auteur doit prendre avant que de se déterminer ; nous raisonnerons sur ce qui constitue les bons & les mauvais sujets. […] Nous examinerons la maniere dont les bons & les mauvais Auteurs les ont traités ; & nous citerons toujours des exemples tirés des Théâtres de tous les âges, & de toutes les nations.
Le public sait aussi mauvais gré aux acteurs qui l’ont abandonné pour rien, qu’il est content d’eux quand ils mettent le temps à profit, & que l’intrigue va toujours son train. […] Cet entr’acte est donc bon ; & par la même raison, celui que je vais citer est mauvais. […] Notre musique est faite pour l’étourdir sur la durée de l’entr’acte : d’ailleurs, il est bon ou mauvais : s’il est mauvais, il dure toujours trop ; s’il est bon, & qu’il pique la curiosité du public, ce même public croira toujours attendre trop long-temps ce qui doit le satisfaire. […] Je ne décide point si les entr’actes d’Eugénie sont bons ou mauvais ; mais il m’ont paru très contraires au goût, tout-à-fait hors de la nature & de la vraisemblance, d’autant plus dangereux que l’Auteur les établit avec adresse, & qu’avec beaucoup d’esprit on peut non seulement persuader, mais éblouir les personnes qui ne veulent pas se donner la peine de réfléchir, ou qui ont encore de meilleures raisons pour n’en rien faire.
Elle prie son frere de l’accompagner pour que Carlos ne lui fasse pas un mauvais parti. […] Cet acte est le plus mauvais de la piece. […] L’intrigue est une mauvaise copie de celle de Pourceaugnac. […] Cela ne vaut rien, mon gendre : voilà de mauvaises manieres. […] La femme aura pris le temps de l’ivresse du mari pour exécuter son mauvais dessein.
Scapin trouve mauvais que sa sœur soit dans la rue ; il la querelle & lui dit ensuite qu’il veut la marier, lui ordonne de choisir un époux ; elle répond que le choix est fait. […] Je n’aime point la mort parcequ’elle est camuse, Et que, sans regarder qui la veut ou refuse, L’indiscrete qu’elle est, grippe, vousit ou non, Pauvre, riche, poltron, vaillant, mauvais & bon. […] Doncque bien loin de moi la mort & ses glaçons ; Je veux être de ceux qu’on dit mauvais garçons. […] plaise au Seigneur qu’il soit sot à tel point, Qu’il me tienne mauvais & ne se batte point !
. — Mauvais procédés de la marquise de Montespan envers madame Scarron. — Embarras du roi. — À la fin de l’année, nouveau don de 100 000 f. à madame Scarron. […] Tous mes petits princes y sont établis, et je crois pour toujours : cela, comme toute autre chose, a son bon et son mauvais côté : je suis assez contente. […] Le roi avait donné une marque de bienveillance à madame Scarron, la maîtresse le trouvait mauvais ; elle maltraitait la gouvernante en particulier et la calomniait dans l’esprit du roi, à qui elle reprochait de la rendre insolente et insubordonnée. […] ce mot suppose qu’elle avait été en bonne intelligence avec lui ; l’indifférence ne se brouille point. « Elle me dit sur tout cela de très mauvaises raisons et nous eûmes une conversation assez vive, mais pourtant fort honnête de part et d’autre.
Dira-t-on que ces ouvrages sont mauvais ? […] Mais que fais-je donc tant, Monsieur, ne vous déplaise, Pour trouver ma conduite à tel excès mauvaise ? […] Ils prétendent que loin de corriger les mœurs, elle est plus propre à nous en inspirer de mauvaises. […] Dira-t-on que cette piece donne de mauvaises leçons, & que les enfants de famille y apprennent à commercer avec les usuriers ? […] Il a fourni de bons & de mauvais exemples.
La nature avoit enrichi cette femme de tous les avantages qui font aimer une personne : la fortune n’avoit pas pris le même soin de son établissement, & sa mauvaise étoile avoit voulu qu’elle fût mariée avec un artisan, qui n’avoit d’autre mérite que beaucoup de biens. […] Comme de pareilles poursuites exposent ordinairement une honnête femme à des bruits fâcheux auxquels elle n’a pas contribué, j’ai eu quelquefois envie de lui faire dire par mes freres, que je trouve fort mauvais qu’il en use de cette maniere ; mais considérant qu’il s’ensuit souvent des réponses dures, & que des duretés on en vient ordinairement aux mains, j’ai mieux aimé, crainte de scandale, m’adresser à vous, dont il est peut-être l’ami, & qui êtes en droit, par votre caractere, de lui faire des réprimandes. […] Elle-même s’est plainte à moi de vos importunités : au reste, je vous avertis que vous ne tirerez aucun fruit de votre mauvaise intention, que cette femme est la vertu & la sagesse même : ainsi je vous prie de la laisser en paix pour votre honneur ». […] Léandre paroît comme un fantôme : il dit au Capitan qu’il est l’esprit du meilleur de ses parents, qu’il est venu pour garder son honneur pendant son absence : il embrasse la femme en présence du mari qui ne le trouve pas mauvais, & disparoît. […] Déméa trouve mauvais que Micio soit assez bon pour recevoir une chanteuse chez lui.
On a voulu remettre, il y a quelque temps, la Coquette du même auteur, très mauvais ouvrage qui n’a eu aucun succès. […] Il lui savait mauvais gré de s’être brouillé avec Molière, et c’est en effet le seul tort que Boursault ait eu. […] Tel est le roman qu’a brodé Regnard sur sa captivité d’Alger, et qui n’est pas plus mauvais que beaucoup d’autres. […] Il suppose que ce grand satirique vient de mourir du chagrin que lui a causé le mauvais succès de ses derniers ouvrages. […] On joue quelques pièces de Hauteroche : son Esprit follet est un mauvais drame italien, écrit en style de Scarron, et fait pour la multitude, qui aime les histoires d’esprits et d’apparitions.
La répugnance d’un homme déjà mûr, et prêt à se marier avec une jeune fille, sa répugnance, dis-je, pour un nom de si mauvais augure, n’a donc rien que de très naturel. […] messieurs, leur dit-il, ne nous déplaçons jamais ; je suis passable auteur, si j’en crois la voix publique ; je puis être un fort mauvais secrétaire. […] Il était temps que le pauvre enfant sortît de sa prison, où il était si mal à son aise depuis cinq ou six heures, que l’épinette en avait contracté une mauvaise odeur. […] C’était, disait-on, un homme sans mœurs, sans religion, mauvais auteur. […] Vous y étiez, reprit mon père, et je n’y étais pas ; cependant je n’en croirai rien, parce qu’il est impossible que Molière ait fait une mauvaise pièce.
Mais, nous l’avons déjà dit, à l’hôtel de Rambouillet il y avait du mélange, non de mœurs, mais d’esprits ; et qu’elle est la société où il ne se rencontre pas des gens de mauvais ton et de mauvais goût, parmi les personnes qui en sont le plus exemptes ? […] L’anarchie se mit dans le bel esprit et dans les usages de bienséance ; les mauvaises copies de l’hôtel de Rambouillet eurent la prétention de devenir modèles. […] La guerre finie, leur régné devait commencer, leurs sociétés fleurir et se faire remarquer, prendre un nom et s’attirer tout à la fois deux réprobations, de deux côtés opposés, celle des mœurs dominantes ou des mauvaises mœurs, et celle du goût qui s’épurait malgré la corruption des mœurs, le goût et l’incontinence publique marchant ensemble sous la bannière du goût.
Ce filou, en fort mauvais équipage, & couvert seulement avec de vieux haillons qui lui servoient de chausses, vint trouver le marchand drapier, à qui il dit qu’il avoit une bonne & une mauvaise nouvelle à lui dire. La mauvaise étoit celle de la mort de son frere Philippe d’Estampes, & la bonne, que n’ayant point d’enfant, il étoit son héritier, & qu’il l’avoit laissé exécuteur de son testament. […] Avec cette lettre il arrive à Chartres ; il la présente à Philippe d’Estampes, qui fut bien marri d’apprendre une si mauvaise nouvelle ; &, sachant que cet homme étoit venu exprès de Paris, envoyé par sa belle-sœur, il lui fit faire bonne chere, lui disant qu’il s’en retournât le lendemain au matin avertir sa belle-sœur qu’il s’alloit faire habiller de deuil, & que dans deux jours il l’iroit trouver, & lui donna un mot de lettre.
Elle lui demanda souvent quel étoit le sujet de sa jalousie : mais elle n’eut pour réponse que les mauvaises raisons qu’on a coutume d’alléguer en pareil cas. […] Ne sachant comment se tirer d’un si mauvais pas, elle se leva en diligence, & crut avoir trouvé de quoi se disculper. […] Vous verrez qu’étant ivre à son ordinaire, il est allé coucher avec une femme de mauvaise vie, & qu’après son réveil s’étant trouvé le fil au pied, il a fait les extravagances dont il vous a parlé, l’a battue, lui a coupé les cheveux, & a cru m’avoir fait tout cela. […] Si j’en avois été crue, on vous auroit mariée, ma fille, à un homme de votre qualité, & vous n’auriez jamais été femme de ce faquin, qui, par reconnoissance des bontés qu’on a eues pour lui, va crier à minuit que vous êtes une femme de mauvaise vie.
Chappuzeau semble n’avoir refait sa piece que pour prouver la différence qu’il y a d’un bon à un mauvais imitateur. Moliere fait d’un mauvais original une copie qui est un petit chef-d’œuvre ; & Chappuzeau qui refait son ouvrage d’après cette copie, n’en apperçoit pas les beautés, & ne sait y voir d’autre mérite que celui d’avoir substitué des valets à son Pensionnaire.
Cette société faisait cause commune avec la cour contre le mauvais langage et les mauvaises manières, et eut peut-être la plus grande part à leur réprobation ; mais elle faisait cause commune avec les bonnes mœurs de sa préciosité contre la licence de la cour et contre celle des écrivains nouveaux et elle eut la plus grande part à leur défaite.
Si tout ne prouve pas qu’il s’est altéré sur la route, que nous avons enfin une bonne et mauvaise tradition, et que la dernière est par malheur la plus accréditée ? […] Les changements, les retranchements que les acteurs se permettent, tiennent aussi à une bonne ou à une mauvaise tradition ; et cette bonne ou mauvaise tradition, nous la devons aux comédiens qui aiment, qui connaissent leur art, ou à ceux qui le ravalent au talent du singe et du perroquet. […] cela sent mauvais et je suis tout gâté ; Nous sommes découverts, tirons de ce côté. […] Oui, mais sans ses mauvais procédés il devenait époux comme son frère. […] À vous, merveilleux de tous les siècles, qui rendez les conversations si pitoyables en y prodiguant les turlupinades, les mauvaises plaisanteries, les insipides calembours.
Il attaqua encore les mauvais Médecins par deux Pièces fort Comiques, dont l’un est le Médecin malgré lui, et l’autre le Malade imaginaire. On peut dire qu’il se méprit un peu dans cette dernière Pièce, et qu’il ne se contint pas dans les bornes du pouvoir de la Comédie ; car au lieu de se contenter de blâmer les mauvais Médecins, il attaqua la Médecine en elle-même, la traita de Science frivole, et posa pour principe qu’il est ridicule à un Homme de vouloir en guérir un autre.
Toutefois on ne peut dénier que Molière n’ait bien de l’adresse ou du bonheur, de débiter avec tant de succès sa fausse monnaie, et de duper tout Paris avec de mauvaises pièces. […] Où en serions-nous, s’écrie l’auteur, si Molière voulait faire des versions de tous les mauvais livres étrangers ? […] Les observateurs qui aiment à comparer les époques ne liront pas sans profit, et peut-être les nouveaux tartufes ne me sauront pas eux-mêmes mauvais gré de leur avoir fait connaître ce petit chef-d’œuvre. […] Quand la ferme volonté du roi et les applaudissements du public eurent réduit au silence l’esprit de persécution, il se replia sur la critique littéraire ; il se mit à accuser de plagiat celui qu’il n’avait pu convaincre d’athéisme ; il accordait d’abord assez volontiers à Molière le talent et l’invention comique, pour le mieux damner comme impie ; plus tard, ne pouvant le faire brûler comme mauvais chrétien, il se mit à le condamner comme mauvais auteur. […] Elle le sera bien moins encore si le personnage n’en fait que de mauvaises, puisque alors ce n’est plus un honnête homme, c’est un imposteur.
Il consiste donc, non dans l’opposition du bon et du mauvais principe, de Dieu et de Satan, de l’esprit et de la chair, mais dans la contradiction de deux bons principes, également moraux, légitimes et sacrés, manifestations partielles l’un et l’autre de l’Esprit divin qui est dans l’homme. […] La comédie est un symbole moins clair, moins magnifique, de la Vérité morale, que la tragédie ; mais, puisqu’elle est un art et un art important, je puis affirmer a priori qu’elle la représente à sa manière, que certainement elle ne la contredit pas, et que si des poètes comiques l’ont contredite, ce sont de mauvais comiques et de mauvais poètes. […] Shakespeare ne met pas un mauvais sujet sur la scène, sans l’enrichir généreusement de toutes les grâces de l’imagination poétique, de la raison solide et de l’esprit. […] Une bonhomie fine, un abandon mesuré, dans les rapports du poète comique avec son public, ne sont pas choses mauvaises. […] Si Shakespeare se contentait de pleurer, pendant que Voltaire paraît pleurer, Shakespeare serait un mauvais poète .
Du reste, il ne s’éprenait pas en mauvais lieu. […] Molière eût, bien ri de ces révélations de poètes, alléchant le public avec les soi-disant blessures de leur cœur, et s’en consolant en mauvais lieu. […] bons ou mauvais, il y a toujours dedans une pensée, un labeur, une espérance. […] Il y a de mauvais vers que le temps a rendu bons. […] Quel est, je vous prie, le devoir d’honneur, l’obligation morale qui force à trouver un sonnet mauvais ?
« Je remarque d’abord que le contraste est mauvais dans le style. […] « Je ne sais quel jugement on portera du Pere de famille ; mais s’il n’est que mauvais, je l’aurois rendu détestable en mettant le Commandeur en contraste avec le Pere de famille, Germénil avec Cécile, Saint-Albin avec Sophie, & la Femme-de-chambre avec un des Valets. […] Pour le prouver, jettons les yeux sur une des plus mauvaises, sur l’Etourdi.
Le mauvais temps nous importune ; Demain sera nouvelle lune. […] « Pour vous dire le vrai, je n’ai point grand goût pour cet auteur25. » Le changement qui s’opéra dans le goût de Voiture me paraît remarquable comme témoignage de celui qui dominait à l’hôtel de Rambouillet, et me semble prouver que les principaux personnages de cette société, au lieu d’être des modèles de mauvais langage, contribuaient à corriger et à épurer les ridicules qui depuis L’Astrée s’étaient propagés parmi les beaux esprits.
Il appréhendait le mauvais compliment du courtisan prévenu. Il envoyait seulement Baron à la découverte, qui lui rapportait toujours de mauvaises nouvelles. […] Rousseau attaque Molière, comme favorisant les mauvaises mœurs, comme immolant l’honnêteté sotte et ridicule au vice ingénieux et élégant. […] De ces deux avares, celui qui l’est le plus, est un aussi mauvais père qu’Harpagon ; et c’est celui-là même qui a un aussi mauvais fils que Cléante. […] Ainsi, Molière, faisant toujours sortir une grande moralité de la peinture des plus mauvaises mœurs, place, à côté d’un vice, le vice même qui en est, à la fois l’effet et le châtiment.
Il applaudit si elle lui plaît : il la siffle impitoyablement s’il la trouve mauvaise. […] Si le public entroit dans les bons ou les mauvais procédés des Auteurs, & qu’il eût quelque égard pour les prologues qui les lui exposent, il auroit dû porter Dufresny aux nues, & jetter des pierres à Regnard : cependant la piece du dernier triompha ; pourquoi. […] Au bout de ce temps-là je vais à la cour, & je dis publiquement au Roi : Prince, il y a ici un traître qui a de mauvais desseins contre votre vie. […] Non vraiment ; ils siffleront ma piece, s’ils la trouvent mauvaise.
Puisque cela est ainsi, je conclus, & je dis hardiment, n’en déplaise au goût du siecle, que ces reconnoissances sont mauvaises. Comment mauvaises ! […] Je n’entreprendrai pas de discuter, dans cet article, les droits de Thalie ; je n’examinerai pas si ce mêlange de comique & de tragique est bon ou mauvais, & s’il convient, comme le dit Scarron, de mêler la crême & la moutarde. […] & qu’elle a l’air mauvais !
« Parceque mille abus se sont glissés à la comédie, me répondra-t-on, parceque les ouvrages dans le mauvais genre y sont seuls en crédit, parceque la cabale, la protection y tiennent lieu de mérite ». […] N’est-il pas en notre pouvoir de jouer ce que nous voulons, de recevoir les mauvaises pieces, de condamner à l’oubli les bonnes, de favoriser les Auteurs médiocres, de dégoûter ceux qui pourroient soutenir la scene » ? […] — Parceque n’ayant pas de concurrent, il se refroidira bientôt ; son ambition sera d’avoir un double afin de se faire desirer, & de l’avoir mauvais pour mieux ressortir. […] De cette façon une troupe excellente ne peut que devenir mauvaise ; & le public, qui perd de vue tout objet de comparaison, est complice sans s’en appercevoir.
» Et quant au mariage, voici Pasquariel, libraire, qui vend un livre, lequel ressemble de bien près à notre vieux livre des Quinze joyes, ce sont : « Les Agréments et les chagrins du mariage, en trois tomes ; le chapitre des agréments contient la première page du premier feuillet du premier tome et le chapitre des chagrins contient tout le reste. » Bon ou mauvais, vrai ou faux, tout cela ne nous vient pas d’au-delà des monts. […] Mais, à propos de banqueroute, tenez-vous que cela puisse rétablir les mauvaises affaires d’un homme ? […] Vous ne trouverez pas mauvais, monsieur, que je vous présente les trois meilleurs amis que j’aie au monde et les trois plus riches hommes de Paris. […] « On dirait, remarque Colombine, que là se tient le marché aux maris, comme celui aux chevaux se tient de l’autre côté. » Madame de la Ferdaindaillerie (Arlequin déguisé) approuve philosophiquement cette idée : « Il ne serait pas mauvais qu’il y eût à Paris un pareil marché aux maris.
Les deux Majestés, à Chambord, Ont reçu tout de plein abord, Harangues mauvaises ou bonnes, Des plus magistrales personnes. […] Il se passa cinq ou six jours avant que l’on représentât cette pièce pour la seconde fois, et pendant ces cinq jours, Molière tout mortifié se tint caché dans sa chambre : il appréhendait le mauvais compliment du courtisan prévenu : il envoyait seulement Baron à la découverte, qui lui rapportait toujours de mauvaises nouvelles. […] Molière était en peine de trouver un mauvais ouvrage pour exercer sa critique, et M. […] Voici ses termes : « Il attaqua (Molière) encore les mauvais médecins par deux pièces fort comiques, dont l’une est Le Médecin malgré lui, et l’autre Le Malade imaginaire. On peut dire qu’il se méprit un peu dans cette dernière pièce, et qu’il ne se contint pas dans les bornes du pouvoir de la comédie : car au lieu de se contenter de blâmer les mauvais médecins, il attaqua la médecine en elle-même, la traita de science frivole, et posa pour principe qu’il est ridicule à un homme d’en vouloir guérir un autre.
Ces farces dont le sujet éternel est le train de vie des gens de mauvaises mœurs, sont autant contre les regles que contre les bienséances. […] On se lasse de la mauvaise compagnie sur le théâtre comme dans le monde, & l’on dit des Auteurs qui font de pareilles pieces, ce que Despréaux dit du satyrique Regnier. […] vous, femmes de mauvaise vie !
Notre nature est mauvaise, disait le Christianisme : c’est de la prière, de la souffrance, de l’obéissance, qu’il faut attendre le salut. […] Ils croient que tout cède à leur perruque blonde Et pensent avoir dit le meilleur mot du monde Lorsqu’ils viennent, d’un ton de mauvais goguenard, Vous railler sottement sur l’amour d’un vieillard. […] « S’il suffit de sacrifier les siens pour être éternellement heureux », s’est dit Orgon, « qu’à cela ne tienne. » Et il a négligé sa femme, il a brutalement mis son fils à la porte, il a rudoyé son frère et va sacrifier sa fille… Tels sont les dangers qu’un mauvais directeur fait courir à une famille, et c’est bien le directeur que Molière condamne, celui que le catholicisme prétend substituer au père dans la direction morale de l’épouse et des enfants, et qui, pour être dévot, n’en sera pas moins homme. […] Il comprendra la nécessité d’un nouveau « principe réprimant », faute duquel tous les instincts mauvais ne tarderaient pas à se déchaîner. […] Sa maîtresse vient d’être malade, elle l’a soignée, elle a passé la nuit à son chevet, elle raconte tout cela à Orgon qui rentre de voyage et songe bien moins à s’étonner de la mauvaise santé de sa femme qu’à s’extasier sur le bon appétit de son pauvre Tartuffe.
En 1660, le Palais voyait, et d’un fort mauvais œil sans doute, se renouveler, auprès des « principaux magistrats, »— par les amis intimes du premier président Lamoignon,— des instances pour l’interdiction de cette « cause grasse » du carnaval, où s’escIaffait depuis le moyen âge la gaité des robins. […] On reprit encore une autre ingénieuse idée des commencemens de la Compagnie : créer, « pour servir dans les cures négligées, »des « vicaires ambulans. » On persista, malgré le mauvais succès, à harceler les curés et les évêques pour qu’ils contraignissent les médecins à faire confesser les malades. […] Aussi bien faut-il chercher ailleurs que dans un envahissement des Jésuites et de leurs partisans la raison de ses mauvais rapports avec le Jansénisme, mauvais rapports antérieurs, du reste, à la grande bataille de 1650-1661 entre les Jésuites et les Jansénistes et aux décisions d’Innocent X (1653) contre les disciples de Saint-Cyran. […] Sur un programme commun, il y eut entre les Jansénistes et la Compagnie « diversité d’opinions ; »il y eut, sur l’exécution de ce programme, « mauvaise émulation. » De l’association du Saint-Sacrement et de la famille des « disciples de saint Augustin » le point de départ est le même : une vue nette, une douleur vive de l’état où est l’Eglise de France au commencement du XVIIe siècle. […] S’il n’est pas mauvais que les personnes de piété se groupent, c’est moins pour l’expansion et la propagande que pour l’oraison solitaire.
« Quelques curieux, dit-il, page 11. ont conservé deux Pieces de Moliere dans le genre du mauvais Théatre Italien ; l’une est le Médecin volant ; & l’autre, la Jalousie débarbouillée. […] Habert de Montmor de l’Academie Françoise ait souffert qu’on lui ait dedié une si mauvaise Piece, & des injures atroces contre un des plus beaux génies de la France.
N’imitons pas les mauvais acteurs qui ne le perdent pas plus de vue que le livre du souffleur. […] Si l’Auteur n’avoit pas pris cette précaution, la contrainte de l’acteur muet paroîtroit tout le temps que dure le couplet de l’autre ; & leurs aparté seroient aussi mauvais qu’ils sont bons, mais par la faute du Poëte seulement. […] Celle-ci, piquée qu’on eût osé la faire épier, persuade au Marquis de se venger, de la venger elle-même ; lui dit, pour l’y engager, que le Comte a tenu de fort mauvais propos contre lui, & elle fait si bien que dès le lendemain, au point du jour, l’amant de quartier quitte le champ de Vénus pour voler sur celui de Mars, y fait appeller son adversaire, & lui alonge un coup d’épée au travers du bras.
Votre empressement est louable, & vous justifie bien des mauvais soupçons que l’on vouloit insinuer à votre égard. […] Tel est son caractere : elle a très mauvaise opinion des hommes. […] Un mauvais plaisant (où n’en trouve-t-on point ?)
J’avois un certain frere, un mauvais garnement, Et dont, depuis quinze ans, je n’ai nouvelle aucune. […] De telles comédies sont fort bonnes sur un théâtre où tout est sacrifié au personnage burlesque, qui seul attire le monde, où les lazzis & les tours de passe-passe sont comptés pour autant de beautés : mais sur un théâtre où les bons Auteurs ne cherchent pas à faire briller un personnage aux dépens des autres, où il faut des choses & non des mines, des situations bien marquées & non des grimaces ; sur un tel théâtre, dis-je, toute comédie, dans laquelle un seul acteur jouera, sans nécessité, deux rôles, sera jugée très mauvaise, à moins qu’on ne lui fasse la grace de la regarder comme une farce, ou bien comme une comédie épisodique. […] Les mauvais plaisants soutinrent que l’Auteur avoit bien rempli le titre de sa piece, puisqu’en la composant il avoit fait une rude Méprise.
Nous ne nous épuiserons pas en longs raisonnements pour cela, les exemples nous en éviteront la peine, & nous opposerons les deux uniques comédies de la Chaussée, toutes les deux très mauvaises, toutes les deux imitées, au meilleur de ses drames dû pareillement à une imitation, mais plus heureuse, parcequ’elle étoit plus facile. […] Dans ces deux pieces, les deux meres prévenues pour un fils très mauvais sujet lui sacrifient leurs autres enfants, & finissent par recevoir de lui les chagrins les plus mortifiants. […] Mais nous avons fait voir que ces titres étoient dus seulement à ceux qui transportent sur la scene de petits incidents pris dans la société, qui ne font que dialoguer des romans, qui pillent de bons ouvrages pour en parer de mauvais ; ceux enfin qui font passer sur notre théâtre les pieces de nos voisins ou des anciens avec tous leurs défauts.
Si cette détestable leçon était donnée d’une manière formelle, peut-être serait-elle moins démoralisatrice ; mais grâce aux ridicules d’avarice, d’égoïsme, de routine, d’abus d’autorité attribués libéralement aux vieillards ; grâce aux qualités de cœur accordées surabondamment aux jeunes gens, il n’y a rien qui choque, à première vue, dans cette continuelle révolte des cheveux blonds contre les cheveux blancs : la raison, la morale même semble l’approuver ; et de là sort enfin une telle habitude de dénigrement pour l’autorité paternelle,.qu’on doit peut-être attribuer à Molière une part de notre Révolution dans ce qu’elle a eu de plus mauvais, une part dans l’opposition systématique aux droits du père qui règne jusque dans nos codes actuels. […] On objectera en vain qu’au dix-septième siècle il avait des abus d’autorité paternelle consacrés par les lois et par les mœurs, et que Molière a entrepris une réforme utile en attaquant et en ridiculisant ces abus : ce n’est pas en détruisant qu’on réforme, et je ne pense pas que personne puisse aujourd’hui accepter cette mauvaise excuse, qui est celle de tous les méchants quand ils déclarent la guerre aux bons, de tous les tyrans quand ils étouffent la liberté. […] Molière, avec une grande liberté de génie attaqua la société d’alors dans ce qu’elle avait de plus mauvais et de plus redoutable, la noblesse oisive. […] et la pièce où l’on fait aimer le fils insolent qui l’a faite en est-elle moins une école de mauvaises mœurs ?
Encore une fois, c’est un mensonge, cette morale en pleine bouffonnerie, en pleine licence, en plein exercice de l’amour, de la colère, de la tromperie, de la gourmandise et des plus mauvais instincts du cœur humain. […] Comptez aussi, et pour beaucoup, pour ces mauvais résultats (en bonne comédie et en bonne morale) de l’art dramatique, l’intervention directe de la comédienne et du comédien, dans ces fables et dans ces histoires qui enseignent à pécher10. […] Il y avait même des gens au parterre, des moralistes comme vous, qui disaient que c’était grand dommage de livrer cette petite fille à ces licences, à ces hasards ; et les reproches de pleuvoir sur le père de cette enfant, qui était un très mauvais poète, un très bon comédien et qui s’appelait Monvel. […] Aujourd’hui, cette enfant accueillie à ses débuts de ces mauvais présages, s’appelle mademoiselle Mars ! […] Moïse, Homère, Platon, Virgile, Horace ne sont au-dessus des autres écrivains que par leurs expressions et par leurs images : il faut exprimer le vrai pour écrire naturellement, fortement, délicatement. » Il disait encore :« Amas d’épithètes, mauvaises louanges ; ce sont les faits qui louent et la manière de les raconter.
L’auteur fut obligé de retirer sa comédie après la septième représentation : l’usage était alors de versifier les pièces en cinq actes, et le public sut mauvais gré à Molière d’avoir dérogé à cet usage. […] Il était temps que le pauvre enfant sortit de sa prison, où il était si mal à son aise depuis cinq ou six heures, que l’épinette en avait contracté une mauvaise odeur. […] Je sais que cette histoire n’est pas tout-à-fait de mon sujet, mais elle m’a paru si singulière, que je ne crois pas que l’on me sache mauvais gré de l’avoir donnée. […] C’était un maître et un oracle quand il parlait : et ces comédiens avaient tant de déférence pour lui, que Baron n’osa lui dire qu’il était retenu ; et la Duparc n’avait garde de trouver mauvais que le jeune homme lui manquât de parole. […] Tout cela était un rêve pour un enfant de douze ans, qui était depuis longtemps entre les mains de gens durs, avec lesquels il avait souffert ; et il était dangereux et triste qu’avec les favorables dispositions qu’il avait pour le théâtre, il restât en si mauvaises mains.
Il est des scenes dans lesquelles ces deux qualités réunies feroient le plus mauvais effet, & dont le dialogue ne brille que par des qualités tout-à-fait opposées. […] Dira-t-on que le dialogue en est mauvais, parcequ’il n’est pas coupé ? […] Mais mon goût, ou celui du siecle, ne fait rien à la chose : c’est le caractere des interlocuteurs, & leur situation, qui doivent alonger ou raccourcir les couplets ; &, d’après cette regle, dictée par la raison, je critique ce que la plupart des comédiens, grands amateurs de tirades, parcequ’elles sont toujours applaudies par le grand nombre, ont ajouté après la mort de Moliere à la cinquieme scene du troisieme acte de l’Avare, & qu’on débite hardiment sur le premier Théâtre de l’Europe, qu’on trouve même dans les mauvaises éditions.
Molière, en introduisant le bon goût sur la scène comique, n’avait pu en bannir entièrement le mauvais ; il était obligé d’encenser quelquefois l’idole qu’il voulait renverser. […] Le déchaînement était si grand, que Molière n’osait se montrer : il envoyait seulement Baron* à la découverte, qui lui rapportait toujours de mauvaises nouvelles. […] Molière était en peine de trouver un mauvais ouvrage pour exercer sa critique, et Despréaux lui apporta le propre Sonnet de l’Abbé Cotin* avec un Madrigal du même Auteur, dont Molière sut si bien faire son profit dans sa Scène incomparable. […] Cependant je n’en croirai rien, parce qu’il est impossible que Molière ait fait une mauvaise Pièce ; retournez-y ; et examinez-la mieux » […] Molière, en introduisant le bon goût sur la scène comique, n’avait pu en bannir entièrement le mauvais ; il était obligé d’encenser quelquefois l’idole qu’il voulait renverser.
s’écrie-t-il, nous avons vaincu la mauvaise fortune, in ultimo habbiamo vinta ! […] Beltrame va se réfugier chez un de ses amis à Rome ; Lucrezia l’implore pour qu’il l’emmène avec lui, en promettant d’être plus sage à l’avenir, et dans la mauvaise comme dans la bonne fortune, il ne sait pas résister aux caresses de sa chère moitié.
mon frère, arrêtez, Et ne descendez point à des indignités ; À son mauvais destin laissez un misérable, Et ne vous joignez point au remords qui l’accable. […] Ce genre de dénouement n’est ni moral, ni vrai, ni vraisemblable : il est simplement pratique, et s’il est volontiers accepté par le public, c’est parce qu’il répond au désir secret qu’éprouve chacun de voir le bonheur des bons et le châtiment des méchants : il répond à notre sens moral, mais il ne peut aucunement être accepté. comme une sanction morale ; car, au contraire, la morale serait détruite, si chaque bonne ou mauvaise action entraînait immédiatement récompense ou peine ; la liberté disparaîtrait, et l’homme, esclave d’une crainte continue, n’aurait plus d’autre conscience que l’intérêt immédiat et la conservation. […] On aura accusé Molière d’avoir parodié l’Oraison dominicale, et il se sera vu obligé de remplacer un vers admirable par un mauvais vers. Ce qui justifie cette conjecture, c’est que dans sa Préface, il parle « des corrections qu’il a faites, et qui n’ont de rien servi. » Plus loin il ajoute : « Il suffit ce me semble que j’en aie retranché les termes consacrés, dont on auroit eu peine à entendre faire mauvais usage. » Or ce sont ici des termes consacrés, puisque ce sont ceux du Pater.
Pour cet acte, aucun Auteur ne le réclamera, il est trop mauvais : nous ne comparerons pas les situations à la nature, puisqu’il n’y en a pas une seule : quant aux entrées & aux sorties des acteurs, on voit bien qu’aucune n’est motivée. […] Marton & Pasquin sont deux mauvais bouffons, Damis & le Marquis deux sots inutiles à la piece. […] Bon ou mauvais, n’importe ; il faut tout éprouver. […] Pamphile raconte à Dave les changements heureux qui sont arrivés dans sa fortune : Dave lui parle du mauvais traitement qu’on lui a fait, il l’oublie en voyant son maître content. […] « Ce n’est point assez que les mœurs du théâtre ne soient point mauvaises, il faut encore qu’elles soient instructives : il peut y avoir un ridicule si fade & si indifférent, qu’il n’est ni permis aux Poëtes d’y faire attention, ni possible aux spectateurs de s’en divertir ».
« La vertu d’une femme, dit Molière, ne consiste pas dans les grimaces… L’affectation en cette matière est pire qu’en toute autre, et je ne vois rien de si ridicule que cette délicatesse d’honneur qui prend tout en mauvaise part, donne un sens criminel aux plus innocentes paroles et s’offense de l’ombre des choses2. » C’est dans cette mesure que je me tiendrai ; peut-être les prudes, s’il y en avait, ne seraient-elles pas toujours contentes ; mais les oreilles pudiques n’ont rien à craindre. […] Vous les reconnaîtrez à leur embonpoint qui marque une vocation manquée ; car, suivant un poète célèbre3 : La vertu seule est grasse, et les mauvais sujets Ont beau manger et boire, ils n’engraissent jamais ; Les autres courent le monde, cherchant ce qu’ils appellent de l’expérience, croient en amasser beaucoup, reviennent chez eux, se marient, et sont tout surpris de rencontrer dans leur femme une variété mauvaise ou bonne que rien ne leur avait fait prévoir. […] Mauvais moyen ! […] Elle possède d’ailleurs des connaissances véritables, quelque mauvais usage qu’elle en fasse. […] Ils croient que tout cède à leur perruque blonde, Et pensent avoir dit le meilleur mot du monde Lorsqu’ils viennent, d’un ton de mauvais goguenard, Vous railler sottement sur l’amour d’un vieillard ; Et moi, d’un tel vieillard je prise plus le zèle Que tous les beaux transports d’une jeune cervelle35.
On n’en savait pas encore assez pour trouver le sonnet d’Oronte mauvais. […] On lui a reproché encore ses mauvais dénouements.
Il me semble évident que quand madame Scarron se retira de la société qu’elle fréquentait, sans dire pourquoi, et se retira dans une grande maison isolée, avec des gens et un carrosse, il se trouva quelque mauvaise langue qui répandit, à petit bruit, ou que madame Scarron était grosse, qu’elle l’était du fait du roi, qu’elle avait fait cet affront à madame de Montespan, ou qu’après avoir cédé au roi, dans l’espérance de supplanter madame de Montespan, elle avait été déçue ; que le roi ayant passé sa fantaisie, était retourné à madame de Montespan avec plus d’ardeur qu’avant, et que le roi avait donné à la belle abusée une maison pour y cacher son dépit, sa honte, le repentir de son ingratitude envers sa bienfaitrice, et qu’elle cachait sa honte et son ingratitude dans une maison que le roi lui donnait en attendant qu’elle allât expier sa faute et cacher son infamie dans quelque refuge comme la Trappe. […] Mais voyant que je fais bâiller et que le fais bâiller les autres, je suis quelquefois prête à renoncer à la dévotion. » Sans doute, l’abbé Testu, afin qu’on ne le soupçonnât pas d’avoir eu part aux mauvais propos, faisait dans sa lettre des remontrances sur l’inutilité d’une réforme.
Boileau fait allusion à cet empressement, dans ce vers de la troisième satire où il fait la description d’un mauvais repas.
[82, p. 127277] Molière ne s’est pas borné à peindre dans son Avare, l’Avare amoureux, l’Avare mauvais père, l’Avare usurier ; son Harpagon est tout cela ; il ne s’est pas contenté de saisir une seule branche de l’avarice, il les a embrassées toutes.
Je suis, dit-il, un acteur passable, et je serais peut-être un fort mauvais secrétaire.
Chez Moliere comme chez Plaute, Mercure s’amuse à rosser Sosie, à lui voler sa ressemblance, à lui prouver qu’il est le vrai Sosie, à le renvoyer au port sans le laisser entrer chez Alcmene ; mais Moliere se garde bien de leur faire débiter toutes les mauvaises plaisanteries que le Comique Romain a mises dans leur bouche. […] aurois-je effectivement lâché une mauvaise odeur ? […] Les amateurs de l’antiquité ont beau dire que cette scene, ne se passant qu’entre deux personnages subalternes, est mauvaise, puisqu’elle interrompt l’intrigue des principaux acteurs. […] Ne vous embarquez nullement Dans ces douceurs congratulantes ; C’est un mauvais embarquement : Et d’une & d’autre part, pour un tel compliment, Les phrases sont embarrassantes.
Cette comédie-là est de fort mauvais exemple. […] De mauvais vers & de bonne musique. […] Si l’on remplit bien ces conditions, quelque part qu’on prenne un sujet, on est un bon imitateur : par la même raison, si on les remplit mal, on est un mauvais imitateur. […] Les différentes réflexions que nous avons faites sur les imitations bonnes & mauvaises de Moliere nous ont donné lieu de détailler insensiblement la plus grande partie des qualités réunies qui constituent une bonne imitation.
Mais si le 3e acte n’est pas irréprochable, le second acte renferme quelque chose de plus mauvais encore, c’est la liaison ou plutôt l’absence de liaison entre la scène des avocats et les scènes qui précèdent. […] Dire qu’il y a eu négligence ou mauvaise contexture, ne suffit pas. […] Le païsan, importuné de tous ces avis, se retire et quitte la place aux bateliers. » Dans le dernier acte « on voit le païsan dans le comble de la douleur par les mauvais traitements de sa femme. […] En plus de l’anecdote du gentilhomme campagnard, qui aurait servi à Molière pour dessiner son Pourceaugnac, on raconte aussi l’histoire d’un apothicaire qui, appelé par de jeunes gentilshommes, en toute hâte, pour donner & un malade un lavement bien chaud, se vit saisir par les jeunes fous; on lui administra de force le lavement bouillant qu’il apportait, et on le força de boire et de danser, si bien qu’on craignit qu’il es « crevât. » La comédie inspira peut-être cette mauvaise plaisanterie au lieu de l’avoir copiée.
Il y a une mauvaise piece de Chappuzeau, qui a paru sous différents titres : elle a d’abord été intitulée l’Avare dupé, ou l’Homme de paille, & ensuite la Dame d’intrigue, ou le Riche vilain. […] cet encens-là sent mauvais : l’affamé flaire mon or. […] Soit : puisque l’affaire est sérieuse, je ne suis pas assez mauvais pere pour empêcher la fortune de ma fille : je vous la promets donc. […] Mégadore, je vous jure, par Pollux, que je n’en ai pas la moindre pensée ; & même, quand j’y penserois, il ne me seroit pas possible d’exécuter un si mauvais dessein. […] Je ne sais si tout le monde sera de mon avis ; mais je crois qu’Harpagon s’indignant aux premieres propositions qu’un homme opulent lui auroit faites d’épouser sa fille, Harpagon faisant des réflexions sur l’avidité des gens riches qui n’épousent que pour le devenir davantage, Harpagon craignant qu’Anselme n’ait découvert son trésor, Harpagon songeant aux dangers qu’on court en s’alliant à plus puissant que soi, ne cédant enfin avec peine, qu’après s’être assuré de la probité d’Anselme, de la promesse qu’il lui fait de prendre Elise sans dot, après avoir calculé les ressources que son avarice pourra se ménager avec un gendre si généreux ; je crois, dis-je, fermement qu’Harpagon auroit dans ce moment déployé son caractere avec autant d’énergie que dans toutes les autres situations où il se trouve, & que l’Auteur auroit pu, dans cette scene, faire briller toute sa philosophie : de cette façon, le rôle d’Anselme, qui est mauvais, seroit devenu bon & nécessaire à la piece.
Brécourt fut un très grand comédien et un très mauvais sujet. […] Hors de la scène, Brécourt, à ce qu’il paraît, se fit souvent de mauvaises affaires, et ne s’en tira pas aussi bien que d’une scène assez longue qu’il joua en 1678, à la chasse du roi, avec un sanglier qui l’atteignit à la botte, et le tint quelque temps en échec. […] Lemercier lui attribue trois meurtres ; c’est bien assez d’un ; la réputation de Brécourt est déjà suffisamment mauvaise. […] Les comédiens de l’hôtel de Bourgogne, moins piqués de quelques traits qu’il avait lancés contre eux, que jaloux des succès toujours croissants du théâtre dont il était le fondateur et le soutien, cherchèrent un champion capable de bien servir leur ressentiment ; et ils crurent l’avoir trouvé dans Boursault, auteur encore obscur de quelques mauvaises comédies, à qui Molière n’avait peut-être jamais songé, mais qu’une des plus perfides suggestions de l’amour-propre avait porté à se reconnaître dans le personnage de Lysidas. […] Après la vengeance des comédiens, vint la vengeance des marquis ; c’est sous ce titre même que de Villiers, mauvais acteur de l’hôtel de Bourgogne, et plus mauvais auteur, donna une pièce en un acte et en prose, dans laquelle ce galant homme, reprochant à Molière l’usage des personnalités, s’en permit des plus outrageantes à son égard, et poussa l’impudence satirique jusqu’à dire, dans les termes les moins ambigus, qu’il était en réalité ce qu’un de ses Sganarelles n’est qu’en imagination.
Vous y étiez, reprit Racine, et moi je n’y étais pas ; cependant je n’en croirai rien, parce qu’il est impossible que Molière ait fait une mauvaise pièce ; retournez-y : et examinez-la mieux.
Lucile est de ce genre, mais Lucile se sent encore de la mauvaise compagnie où le théâtre avait vécu jusqu’à elle. […] Les gens qui la trouve mauvaise ne doivent pas se la permettre: d’ailleurs Boursault avait osé donner à un théâtre rival son Portrait du peintre. […] Le jeune Baron fit le succès de cette pastorale, et causa même de la jalousie à Mlle Molière qui eut pour lui de mauvais procédés. […] Valère ne nous est pas présenté comme un modèle à suivre, mais comme un exemple de la mauvaise éducation que les fils de pères comme Harpagon, doivent naturellement recevoir. […] Ce quatrain-là n’est pas trop mauvais : il ferait déshonneur à tout autre ; mais il est joli pour vous, je vous en réponds.
Il envoyait Baron à la découverte, qui lui rapportait toujours de mauvaises nouvelles.
Il se passa cinq ou six jours avant que l’on représentât cette piece pour la seconde fois ; &, pendant ces cinq à six jours, Moliere, tout mortifié, se tint caché dans sa chambre : il appréhendoit le mauvais compliment du courtisan prévenu : il envoyoit seulement Baron à la découverte, qui lui rapportoit toujours de mauvaises nouvelles ; toute la Cour étoit révoltée.
[94, p. 138-139] L’abbé Dubos287 admire dans la scène 7 du troisième acte288 du Misanthrope, la saillie de ce même personnage, qui rendant un compte sérieux des raisons qui l’empêchent de s’établir à la cour, ajoute, après une déduction des contraintes réelles et gênantes qu’on s’épargne en n’y vivait point : « On n’a point à louer les vers de messieurs tels. »289 Cette pensée devient sublime, dit-il, par le caractère connu du personnage qui parle, et par la procédure qu’il vient d’essuyer, pour avoir dit que des vers mauvais ne valaient rien.
Il a de plus été le poète d’insignes mauvais sujets, tels que le duc de Vendôme, le prince de Condé, le comte de Fiesque. […] — À quoi bon m’étaler cette bizarre école Du mauvais sens, dis-tu, prêché par une folle ? […] Enfin le poète suppose à sa précieuse une docte demeure, toujours ouverte aux beaux esprits, où se tiennent les bureaux du faux bel esprit, où s’étale une école de mauvais sens prêché par une folle ; aucun de ces traits n’est applicable à madame Deshoulières, qui n’était point une folle, qui ne tenait point école, qui n’avait point de maison, point de cercle, qui était fort pauvre, allait dans le monde chercher le monde, et passait une grande partie de son temps à l’hôtel de Nevers.
Qu’ils sont mauvais, Et qu’un homme est pendable après les avoir faits199.
« Si l’on ne connaît de maux aux hommes que ceux qu’ils sentent et qu’ils confessent, on est trop mauvais médecin de leurs maladies. […] Croyons que ceux qui vont étudier la morale dans les pièces de Molière n’en sortent pas plus mauvais : de bonne foi, en sortent-ils meilleurs ? […] On se figurera que j’ai mes vues, et que je tends à mes fins : on empoisonnera mes plus saintes actions : on donnera à mes plus droites intentions un mauvais tour, et l’on en rira. […] Il nierait moins l’humanité, le libre arbitre et la Providence ; mais ses comparaisons seraient encore très mauvaises et très sottes. […] Une marque signalée de ce fonds, malheureux et mauvais de notre premier poêle comique, c’est la peinture générale qu’il fait des femmes.
que vous ai-je fait, cruelle Mélicerte, Pour traiter ma tendresse avec tant de rigueur, Et faire un jugement si mauvais de mon cœur ? […] Ne pas diminuer, mais centupler, au contraire, cette terreur que les Français ont du ridicule est donc d’une très mauvaise morale. […] On voit qu’il va, pour se venger un peu du mauvais accueil et du souper manqué, dauber sur l’infortuné compère. […] Et la pièce où l’on fait aimer le fils insolent n’est-elle pas une école de mauvaises mœurs ? […] Je vois bien que vous voulez dire que la Cour ne se connaît pas à ces choses ; et c’est le refuge ordinaire de vous autres, Messieurs les auteurs, dans le mauvais succès de vos ouvrages, que d’accuser l’injustice du siècle et le peu de lumière des courtisans.
La vraisemblance est le fondement de toutes les pieces de théâtre ; elle est le caractere général auquel on doit reconnoître un bon & un mauvais Drame. […] Elle dit, pour s’excuser, que Valere, rebuté de ses rigueurs, a renoué avec sa sœur, avec qui jadis il avoit été bien ; qu’ils se sont fait une promesse de mariage, & que, pour achever de convenir de leurs faits, à l’insu d’Ariste, sa sœur l’a priée de lui prêter sa fenêtre pour parler à son amant ; qu’elle n’avoit pu lui refuser cette grace, & qu’elle alloit, lorsqu’il l’a surprise, chercher Lucrece, pour ne pas jouer un mauvais rôle durant toute cette intrigue.
Madame de La Sablière regarda d’abord cette distraction, cette désertion ; elle examina les mauvaises excuses, les raisons peu sincères, les prétextes, les justifications embarrassées, les conversations peu naturelles, les impatiences de sortir de chez elle, les voyages à Saint-Germain où il jouait, les ennuis, les ne savoir plus que dire ; enfin, quand elle eut bien observé cette éclipse qui se faisait, et le corps étranger qui cachait peu à peu tout cet amour si brillant, elle prit sa résolution, le ne sais ce qu’elle lui a coûté. […] « On était hier, dit-elle, sur votre chapitre chez madame de Coulanges, et madame Scarron se souvint avec combien d’esprit vous avez soutenu autrefois une mauvaise cause, à la même place et sur le même tapis où nous étions.
Mais n’allons pas plus loin : les prêtres de Saint-Eustache manquèrent à leur premier devoir en ne se rendant pas à son appel ; le curé de la paroisse et l’archevêque firent preuve d’une mauvaise volonté où l’inintelligence avait autant de part que l’observation des lois de l’église, mais, franchement, ni les uns ni les autres n’avaient tout à fait tort en refusant de voir en lui un chrétien. […] Un moment peut-être il avait pu le saisir, mais, chose étrange, c’était lorsque dans une existence misérable, il tirait tout de lui-même et que, pauvre comédien errant, malgré les mauvais jours et les déboires, il avait la jeunesse, l’espérance et l’avenir. […] Si Molière fut mauvais acteur tragique, il excellait dans le comique, et tous les genres de comique, le plus élevé comme le plus bas. […] J’ai essayé, d’autre part, de retrouver, derrière la statue solennelle du grand écrivain, l’homme lui-même, avec sa trempe morale, ce mélange de bon et de mauvais qui est dans toute créature humaine. […] Cette liberté d’esprit n’engendra, du reste, chez lui, ni l’imprudence, ni le parti-pris, ni les mauvaises manières, ni l’indulgence pour soi-même que l’on rencontre chez les écrivains du XVIe siècle et surtout chez ceux du XVIIIe ; dans une profession et des circonstances également difficiles, ce grand homme fut, en même temps, un brave homme.
1775, Anecdotes dramatiques, tome I, p. 285 La comédie de l’École des femmes attira à Molière une nuée de critiques toutes plus mauvaises les unes que les autres ; plusieurs personnes même la frondèrent237 ouvertement.
Une mauvaise cause connue pour telle, gagnée, augmente le crédit. […] fichue scène, d’autant plus mauvaise qu’elle redouble le vice auquel l’ouvrage ne penche déjà que trop. […] Il me semble évident que Boileau était un mauvais juge de la gaieté. […] celui d’avoir un mauvais jugement littéraire ? […] Derniers abois, dernière mauvaise ressource de Tartuffe.
Ici, lorsque Trissotin croit Henriette sans bien, & qu’il se retire, Clitandre, aussi généreux que l’autre est lâchement intéressé, offre de réparer le mauvais destin de toute la famille, & ce bon procédé réunit sur lui tous les suffrages. […] Non assurément ; mais je sais très bien la mauvaise fortune qui m’est arrivée depuis que je vous ai vu.
Voltaire aussi le déclare mauvais poète, mais homme fort savant, et, ce qui est étonnant, bon critique. […] Plus tard, M. de La Rochefoucauld étant devenu goutteux et madame de La Fayette maladive, leur mauvaise santé les rendit nécessaires l’un à l’autre. « Je crois, disait madame de Sévigné, que nul amour ne peut surpasser la force d’une telle raison. »Madame de Sévigné date des lettres à sa fille, tantôt de chez M. de La Rochefoucauld où était madame de La Fayette, ou de chez madame de La Fayette où était M. de La Rochefoucauld.
Aussi l’abbé Cotin, décrié par Boileau comme prédicateur et comme poète, fut joué sur le théâtre, par Molière, comme un mauvais poète, comme un pédant, et ce qui ne peut être jamais permis, à moins que la personne ne soit infâme, comme un mal honnête homme, du moins comme un homme sans délicatesse, et même sans principes.
Il est juste qu’on gagne une mauvaise cause, Puisqu’à perdre la bonne en plaidant on s’expose. […] Ne nous laissons jamais séduire par le mauvais exemple que les Poëtes étrangers nous donnent.
Elles voient une nuance, elles cherchent un titre ; & quand leur imagination a arrangé deux ou trois mauvaises scenes à peine propres à faire un proverbe 39, elles pensent avoir enfanté un chef-d’œuvre.
) Apprenez que vous êtes un mauvais railleur. […] Peste soit la sincérité, c’est un mauvais métier ; désormais j’y renonce, & je ne veux plus dire vrai. […] Si l’on puise quelquefois chez un compatriote & chez un contemporain, c’est lorsque ses productions, reconnues pour mauvaises, laissent cependant entrevoir quelque beauté qu’il est bon d’enlever à l’oubli.
L’éloquent Chrysostome, dans un discours sur l’hypocrisie même, a dit : « Le libertin ne manque jamais de se prévaloir de la fausse piété, pour se persuader à lui-même qu’il n’y en a point de vraie, ou du moins qu’il n’y en a point qui ne soit suspecte, et pour affaiblir par le reproche qu’elle semble lui faire continuellement de son libertinage. » L’ingénieux Augustin a dit : « L’hypocrisie est cette ivraie de l’Évangile, que l’on ne peut arracher sans déraciner aussi le bon grain. » Louis XIV, qui n’était pas un faux dévot, et qui n’avait pas lu les Pères de l’église, Louis XIV, au milieu d’une fête voluptueuse donnée à la première et à la plus chérie de ses maîtresses, fut frappé des mêmes conséquences, lorsque, parlant du Tartuffe, il craignit qu’une trop grande conformité entre ceux qu’une véritable dévotion met sur le chemin du ciel et ceux qu’une vaine ostentation des bonnes œuvres n’empêche pas d’en commettre de mauvaises, ne fît prendre la vertu et le vice l’un pour l’autre par les personnes incapables d’en faire un juste discernement 3. […] Les Sosies sont une espèce de traduction de l’Amphitryon latin ; mais l’auteur a eu le goût d’en écarter les plus mauvaises plaisanteries de l’original, et le talent d’y ajouter quelques plaisanteries excellentes dont Molière s’est emparé pour les rendre meilleures encore. […] Voici textuellement le passage de la description des Plaisirs de l’Île enchantée : « Le soir, Sa Majesté fit jouer les trois premiers actes d’une comédie, nommée Tartuffe, que le sieur de Molière avait faite contre les hypocrites ; mais, quoiqu’elle eût été trouvée fort divertissante, le Roi connut tant de conformité entre ceux qu’une véritable dévotion met dans le chemin du ciel, et ceux qu’une vaine ostentation des bonnes œuvres n’empêche pas d’en commettre de mauvaises, que son extrême délicatesse pour les choses de la religion ne put souffrir cette ressemblance du vice avec la vertu qui pouvaient être pris l’un pour l’autre ; et, quoiqu’on ne doutât point des bonnes intentions de l’auteur, il la défendit pourtant en public, et se priva soi-même de ce plaisir, pour n’en pas laisser abuser à d’autres, moins capables d’en faire un juste discernement. » Cette citation est tirée de l’édition originale publiée, en 1665, par Ballard, et plusieurs fois réimprimée du vivant de Molière. […] Molière plaît assez, son génie est folâtre, Il a quelque talent pour le jeu du théâtre, Et, pour en bien parler, c’est un bouffon plaisant, Qui divertît le monde, en le contrefaisant ; Ses grimaces souvent causent quelques surprises ; Toutes ses pièces sont d’agréables sottises ; Il est mauvais poète, et bon comédien ; Il fait rire, et, de vrai, c’est tout ce qu’il fait bien.
Il savait, en effet, par expérience, quelles tribulations, quelles vicissitudes leur mauvais vouloir et leurs caprices font éprouver à ceux qui les dirigent. […] Peu lui importe d’ailleurs que ces entreprises soient bonnes ou mauvaises, elle n’achète pas les actions pour les garder, mais seulement pour les revendre. […] il pose là un principe qui sans doute est très bon en lui-même, mais dont on ne doit jamais faire indistinctement l’application, sous peine de le rendre très mauvais. […] Toujours véhément, toujours passionné, sourd, aux plus sages remontrances de l’amitié, il n’obéit qu’à ses emportements, et demeure inébranlable dans ses mauvaises résolutions. […] qu’ils sont mauvais, Et qu’un homme est pendable après les avoir faits.
Si le personnage se fait de sang froid une longue récapitulation de ce qu’il sait déja, la mal-adresse de l’Auteur perce ; l’exposition est mauvaise, parcequ’il n’est pas naturel qu’un homme se fasse confidence à lui-même d’une chose qu’il n’ignore pas : mais l’exposition est bonne, si les événements passés causent à ce même personnage assez de joie ou de chagrin pour que ses transports le forcent comme malgré lui à se les rappeller. […] Mais quand, dans le reste de la scene, Micio a la patience de se dire à lui-même que ce fils n’est pas son fils, qu’il est à son frere, que ce frere a une humeur tout-à-fait opposée à la sienne ; que lui Micio a toujours vécu à la ville d’une maniere douce & tranquille, qu’il a pris le parti des gens qui aiment le repos & qui font consister le bonheur à ne pas se marier ; que son frere au contraire a passé ses jours à la campagne, qu’il a pris une femme dont il a eu deux fils : quand Micio se dit qu’il a adopté l’aîné ; quand il se fait une récapitulation de tout ce qu’il lui donne, des bontés qu’il a pour lui, des querelles qu’il essuie de son frere par rapport à cela, &c. quand il a la bonté de se régaler de quarante-cinq vers pour se rappeller tranquillement une chose qu’il n’a surement pas oubliée, je m’écrie, voilà qui n’est pas vraisemblable ; &, d’après cela, je conclus hardiment que l’exposition est mauvaise. […] Fais donc : tu es le seul qui puisses le tirer de ce mauvais pas.
Il ne faudroit pas s’étonner qu’il ait si bien réussi à representer les desordres des mauvais menages, & les chagrins des maris jaloux, ou qui ont sujet de l’être ; car on assûre qu’il savoit (C) cela par expérience autant qu’homme du monde. […] Il y avoit long-temps qu’il se trouvoit fort incommodé, ce qu’on attribuoit au chagrin de son mauvais menage, & plus encore au grand travail qu’il faisoit.
En vain notre prétendu Philosophe feint, durant toute la piece, de vouloir cacher son mariage par rapport à son pere, à son oncle ; il nous trompe & se trompe lui-même : c’est une mauvaise honte qui le guide. […] Toutes les expositions dans lesquelles le héros fait son portrait de dessein prémédité, sont mauvaises : il faut qu’il se peigne sans le vouloir.
Ce mauvais procédé me touchant de dépit, je résolus de les faire monter sur le théâtre à Pézenas, et de leur donner mille écus de mon argent plutôt que de leur manquer de parole. […] Il fut même, dit-on, surpris en tendre conversation, et obligé, pour échapper à de mauvais traitements, de sauter par une fenêtre. […] Loret, qui n’était pas une mauvaise tête, s’exécuta largement avant tous les autres. […] On serait assez malin pour lui donner un mauvais jour si nous nous noyions à l’heure qu’il est. […] Si la plaisanterie est excellente, en est-elle moins punissable, et la pièce où l’on fait aimer le fils insolent qui l’a faite en est-elle moins une école de mauvaises mœurs ?
Mon dessein est de suivre, pour ainsi dire, sa main dans les différents larcins qu’il fait à Térence, à Plaute, à Lopès de Vega, à Calderon, aux Farceurs Italiens, aux Romanciers de tous les pays, même aux mauvais Auteurs ses contemporains.