dans mon heureux pays On ne sait déjà plus ce que c’est qu’un marquis : Mais, des marquis en vain l’on a perdu la trace, Hélas ! […] Dès son début, aussi, Gosse est victorieux ; De ses lauriers futurs c’est un présage heureux : De nos trésors nombreux augmentant les richesses, L’auteur du Médisant nous tiendra ses promesses. […] Chénier avait dit de Louis XIV dans sa belle épître à Voltaire : Cet heureux potentat Qui de l’éclat des arts empruntait son éclat. […] Ne doit-on pas s’étonner que de ces tribunes tutélaires il ne se soit pas élevé une seule voix en faveur de l’indépendance légale de l’art dramatique ; de cet art vraiment national, qui a tant d’influence sur l’opinion et sur les mœurs ; qui plus que tout autre a besoin de liberté, etauquel on n’a pas même daigné accorder le bienfait d’une loi d’exception, qui pût au moins lui laisser entrevoir dans l’avenir un temps plus heureux.
Le succès le plus heureux couronna ses efforts. […] Si Molière n’a pas été heureux dans les dénouements de toutes ses pièces, dans plusieurs aussi il a triomphé de toutes les entraves que l’art semble avoir créées pour le désespoir des hommes ordinaires, et qui servent souvent à augmenter la gloire du génie. […] Il doit même, comme nous en avons plusieurs exemples dans Molière, tendre à faire connaître le caractère principal, par les nouveaux contrastes qu’il crée : c’est ainsi que dans le Tartuffe, dans les Femmes savantes, par l’heureux mélange que Molière a su faire de ces deux espèces d’intérêt, l’avarice de Trissotin et la scélératesse de Tartuffe ressortent davantage. […] Ce n’était pas assez pour Molière d’attaquer nos vices, de les poursuivre jusque dans leurs derniers retranchements, et de les livrer à la risée publique ; il ne pouvait pas s’arrêter là, il devait donner une leçon à la vertu même, lui apprendre à être heureuse au sein de la plus extrême corruption, en conservant encore sa pureté. […] C’était un moment heureux pour les hypocrites : car rien n’est plus facile que de tromper par de faux dehors de religion.
Il n’est pas de galant homme qui ne s’estimât heureux d’avoir pour femme Lucile elle-même, malgré le soufflet donné, et surtout Henriette, Marianne ou Angélique. […] Comme dut être heureux, s’il assistait à cette représentation, le vieillard du parterre qui avait jeté naguère à notre auteur une si encourageante apostrophe ! […] Malheureusement le mariage de Molière ne porta pas d’heureux fruits : Ariste eut à se repentir d’avoir épousé Léonor. […] Celte pièce abonde en détails heureux, en scènes excellentes, et d’une portée plus haute que ne paraît le comporter la bouffonnerie du sujet. […] C’est là un nom heureux !
Heureux si par mes efforts j’ai pu contribuer à rétablir quelquefois la vérité ! […] Leur début fut heureux, et les actrices surtout furent trouvées bonnes. […] Baron a toujours été un de ces sujets heureux qui touchent à la première vue. […] Chapelle était heureux en semblables aventures. […] Heureux, s’il eût borné là sa vengeance !
Il se résignerait, je crois, à n’être pas aimé, pourvu que personne ne fût plus heureux que lui. […] Il est convenu que Célimène mentira de temps en temps, et sa pauvre victime se tiendra trop heureuse. […] Il ne s’écrie pas : Et pour nous rendre heureux perdons les misérables. […] Son devoir est de s’estimer trop grand pour se contenter de ce qui n’est pas infini ; son devoir est d’être heureux.
Madame, l’heureux naturel ! […] O trop heureux Forlise ! […] ) O trop heureux Dumont ! […] O trop heureux Dumont ! […] Trouvons d’abord un titre heureux : Le parfait Domestique.
Heureux & mille fois heureux l’Auteur dont les ouvrages peuvent ainsi contribuer aux plaisirs des Rois, & les soulager pendant quelques instants du poids de leur grandeur !
elle en est si sûre que, dérogeant une fois, par une exception heureuse, à sa largeur d’esprit et à sa réserve habituelles, elle a indiqué d’avance et imposé sa solution avec la question. […] Quand Goethe déclare que « Klopstock n’avait aucun goût, aucune disposition pour voir, saisir le monde sensible, et dessiner les caractères », quand il trouve ridicule cette ode où le poète suppose une course entre la Muse allemande et la Muse britannique, quand il ne peut supporter « l’image qu’offrent ces deux jeunes filles courant à l’envie à toutes jambes et les pieds dans la poussière » : à ce moment-là Goethe est moins content, moins heureux, il jouit moins du plaisir de vivre, du bonheur de sentir que madame de Staël, qui traduit avec enthousiasme cette même ode, et déclare fort heureux tout ce que Goethe trouve ridicule.
Plus heureux qu’un Monarque au faîte des grandeurs, J’ai vu mes jours dignes d’envie : Tranquilles, ils couloient au gré de nos ardeurs : Vous m’aimiez, charmante Lydie. […] Heureuse également, en des liens si doux, De perdre ou de passer la vie !
Tiberio Fiurelli, qui s’incarna dans ce caractère, était déjà venu en France en 1639 et en 1640 ; il lui arriva à cette époque l’heureuse aventure que voici : « Un jour qu’il était avec Aurelia (Brigida Bianchi) dans la chambre du dauphin qui fut depuis Louis XIV, le prince, qui avait alors deux ans, fut de si mauvaise humeur que rien ne pouvait apaiser sa colère et ses cris. […] Elle composa et publia à Paris, en 1659, une comédie intitulée : L’Inganno fortunato overo l’Amata aborita (« l’Heureuse tromperie ou l’Amante abhorrée », un titre à l’italienne, s’il en fut jamais). […] On pense bien, toutefois, qu’à ce moment où il entrait dans la carrière du théâtre, Molière avait prêté une vive attention aux Italiens, ses trop heureux concurrents. […] « Première conclusion : Il n’est rien de plus dangereux Que l’étude et que la science, Et rien ne nous rend plus heureux Que la paresse et l’ignorance.
La voilà qui croit toucher au moment d’être heureuse. […] Et que me diriez-vous, Monsieur, si c’étoit moi Qui vous eût procuré cette heureuse fortune ? […] Je trouve une grande différence entre l’une & l’autre : la derniere produit une révolution subite, la premiere ne fait que l’annoncer, & le public a besoin de voir la scene entiere pour savoir si la révolution sera heureuse ou malheureuse.
Est-ce l’heureux amant sur ses pas revenu, Ou quelque autre rival qui m’étoit inconnu ? […] Il lui apprend que la paix est faite, que le bruit des tambours, des timbales, des trompettes, & celui de l’artillerie annonçoit, cette heureuse nouvelle, & que l’hymen de son Altesse & du Roi de Valence sera le gage de la bonne intelligence qui regnera désormais entre Valence & l’Aragon. Delmire béniroit cette heureuse journée, si elle ne craignoit la jalousie du Prince. […] Jusques-là le changement est heureux ; mais quelle peine ne faut-il pas pour deviner comment le Roi de Castille a pu persuader à ses sujets que Don Silve étoit Don Alphonse son fils ? […] Marmontel l’a fait dans un de ses Contes moraux, & a tiré grand parti de ce changement heureux.
Trente ans plus tard, sous ce thème pilier des halles, vint au monde un des plus heureux et des plus beaux esprits dont se soit parée la comédie, un grand poète appelé Regnard, l’auteur du Joueur et des Ménechmes. […] Le poète a déjà vingt-trois ans, et bien vite il a pris son parti d’obéir aux inspirations de la comédie, et de mener la vie heureuse des enfants sans souci. […] Heureux, dans la paix, et dans la guerre, et dans tous les beaux-arts, celui qui porte un nom facile à retenir, facile à prononcer ! […] Un jour, tout ce monde heureux, charmant, épanoui, qui ne savait pas comment était fait le nuage, accepta l’invitation du surintendant Fouquet d’accompagner, dans sa maison de Vaux, Louis XIV… qui s’était invité lui-même ; et pensez donc à la fête, au voyage, au contentement de toute cette jeunesse ! […] Heureuse foule !
Ce qui prouve bien que, dans cette heureuse opposition des deux sœurs, la pensée de Molière a été uniquement de montrer toute la supériorité morale et intellectuelle de celle qui a su se conserver simple, vraie et modeste dans ce milieu tout d’affectation et de pédantisme, et non pas de glorifier l’ignorance et de la présenter comme la condition normale et désirable des filles ; c’est qu’au contraire, dans le rôle si charmant d’Agnès de son École des femmes, il s’est appliqué à faire ressortir les dangers que peut faire courir à l’innocence la plus pure un manque absolu de lumières. […] Si heureuses et si délicates que puissent être les reprises pratiquées dans une belle étoffe, ce n’en sont pas moins des reprises qui en diminuent la valeur et la solidité. […] Tel est cependant l’ascendant de la bonté unie à la grâce que ce rôle d’Éliante, tout effacé qu’il semble, produit à la scène la plus heureuse impression, quand il est rempli par une actrice faite pour le comprendre et le représenter dignement. […] Et cette Toinette, du Malade imaginaire, quelle heureuse et fine nature !
Atys est trop heureux , répondit le roi, en citant un vers de la quatrième scène du deuxième acte. […] La fermeté tranchante du duc de Montausier pouvait n’être pas déplacée dans un homme de sa profession et surtout de son caractère ; mais la longue expérience de Bossuet et sa profonde connaissance du cœur humain lui avaient appris que la douceur, la patience et les exhortations évangéliques sont les véritables armes a un évêque pour combattre les passions et qu’elles servent plus souvent à en triompher que ces décisions brusques et absolues qui obtiennent rarement un si heureux succès. […] M. de Beausset aurait peut-être dû se défier de l’intérêt qui rattachait à la gloire de Bossuet, et surtout de l’aversion qu’il a dû reconnaître dans le duc de Saint-Simon pour madame de Maintenon ; il n’aurait pas refusé à cette femme illustre un témoignage mérité de son heureuse influence sur le retour du roi à des habitudes régulières, pour l’attribuer exclusivement au prélat qui avait tant d’autres titres à ses hommages.
Son esprit languissait sans culture, lorsqu’une heureuse circonstance vint lui révéler sa vocation. […] Il était heureux : enfin il mettait le pied dans la lice où il devait laisser ses nombreux rivaux si loin derrière lui. […] sont devenues deux de ces formules heureuses dont on peut à tous moments faire l’application. […] Baron a toujours été un de ces sujets heureux qui touchent à la première vue. […] Cette foire fut aussi heureuse pour Raisin que la première.
Boileau, en parlant de Regnier, avait dit : Heureux si, moins hardi dans ses vers pleins de sel, Il n’eut jamais mené ses muses au bordel. Il a changé ces vers en ceux-ci : Heureux si ses discours craints du chaste lecteur Ne se sentaient des lieux que fréquentait l’auteur.
On croit que cette affectation était pour dire : Je suis mieux que jamais. » Mais peu après cet heureux jour, nouvelle crise. […] Et cependant madame de Maintenon n’était point heureuse : on devinera aisément pourquoi, en lisant ce qu’elle écrivait à son frère après un nouveau séjour à Maintenon, « Maintenon, dit-elle, est fort embelli ; en entrant dans la galerie, la première chose que j’ai vue, c’est le portrait du maréchal d’Albret : j’ai pleuré.
« Ô l’heureux temps,écrivait-il un jour à ses amis, ô l’heureux temps où nous nous moquions de la comédie que joue le monde entier, où nous philosophions ensemble, où nous avions le plaisir de dire souvent : nous sommes seuls, nous pouvons, sans craindre les envieux, nous appliquer sérieusement à la recherche de la vérité ! […] Chaque jour il se plaisait davantage aux sourires de la petite Armande (c’était son nom); et l’enfant, de son côté, n’était heureuse qu’avec Molière. […] L’École des Maris avait été l’œuvre d’un homme heureux, content tout au moins. […] Ces propos furent rapportés à Molière; il en fut si heureux, que tout de suite il écrivit à son jeune élève, à Dijon, où il était alors, une lettre très affectueuse pour l’engager à revenir. […] Et que d’heureuses circonstances !
On est heureux, en mettant une pincée de sel dans son œuf à la coque, de penser qu’on subvient, pour sa petite part, aux frais du culte de Corneille, de Racine et de Molière : si tout l’argent public était assuré d’un aussi bon emploi, on ne réclamerait aucun dégrèvement. […] Et ce n’est pas seulement Le Legs et Les Fausses Confidences que je ferais jouer pour mon plaisir, si j’en avais le pouvoir, mais La Surprise de l’amour et La Seconde Surprise, La Double Inconstance, L’École des mères, L’Heureux stratagème, Les Sincères et Les Sermens indiscrets… Il ne coûte rien de former des vœux, ni d’exprimer des regrets : pourquoi n’en accorder qu’à Marivaux ? […] Heureux Beaumarchais, l’année dernière ! […] Heureux Regnard, cette année !
L’indulgent Philinte qui, sans aimer ni censurer les hommes, souffre leurs défauts, uniquement par la nécessité de vivre avec eux, & par l’impossibilité de les rendre meilleurs, forme un contraste heureux avec le sévére Alceste, qui, ne voulant point se prêter à la foiblesse de ces mêmes hommes, les hait & les censure parce qu’ils sont vicieux. […] Moliere avoit été moins heureux, lorsqu’il avoit voulu introduire une autre nouveauté dans le stile de la scéne comique. […] On fut forcé de convenir qu’une prose élégante pouvoit peindre vivement les actions des hommes dans la vie civile ; & que la contrainte de la versification, qui ajoûte quelquefois aux idées, par les tours heureux qu’elle donne occasion d’employer, pouvoit quelquefois aussi faire perdre une partie de cette chaleur & de cette vie, qui naît de la liberté du stile ordinaire. […] On sçait que le bruit des heureuses dispositions du jeune Baron, alors âgé d’environ onze ans, avoit déterminé Moliere à demander au Roi un ordre pour faire passer cet enfant, de la troupe de la Raisin,70 dans la sienne. […] Plus heureux dans le commerce de ses amis, il les rassembloit à Auteuil, dès que ses occupations lui permettoient de quitter Paris, ou ne l’appelloient pas à la cour.
Pour rendre cette distinction plus sensible, comparons un moment Molière et l’un de ses plus heureux successeurs, Regnard. […] La tentative fut heureuse, puisque nous lui dûmes un chef-d’œuvre ; mais le poète ne la renouvela pas. […] Ce sujet était Molière et son génie : je m’estimerai trop heureux si l’image que j’en ai tracée n’est pas jugée tout-à-fait indigne du modèle. […] — Non, Molière n’est pas non plus un Anglais. — C’est fort heureux 1 « Mais, enfin, qu’est-il donc ? […] La postérité ne sera heureuse qu’à demi.
Les incidents ont beau naître d’un sujet, être accrochés les uns aux autres, ou terminés naturellement, ils ne donnent point une marche rapide à l’action, s’ils n’ont pas le mérite de la variété, c’est-à-dire, s’ils ne sont alternativement heureux & malheureux. […] De toutes les qualités que doivent avoir les incidents heureux, celle de concourir au dénouement est la plus essentielle.
Oui, tout m’attache ici : j’y goûte avec plaisir Les charmes peu connus d’un innocent loisir : J’y vis tranquille, heureux, à l’abri de l’envie. […] voilà des mots très heureux & qui valent, à mon sentiment, la tirade du Philosophe marié. […] Scene de dix vers dans lesquels on dit à Cléante qu’il est bien heureux de n’avoir pas entendu les discours que Madame Pernelle a tenus à la porte.
Nous ne nous épuiserons pas en longs raisonnements pour cela, les exemples nous en éviteront la peine, & nous opposerons les deux uniques comédies de la Chaussée, toutes les deux très mauvaises, toutes les deux imitées, au meilleur de ses drames dû pareillement à une imitation, mais plus heureuse, parcequ’elle étoit plus facile. […] Je serois trop heureux de n’avoir à pleurer Qu’une si douloureuse & si triste infortune : Cette perte après elle en entraîne encore une : On n’éprouva jamais un revers plus affreux. […] Le changement n’étoit pas bien difficile ; mais il est heureux.
Valère constate le fait; et, dans un moment de veine heureuse, il y voit un singulier avantage pour les pauvres roturiers. […] Était-il moral, d’ailleurs, de montrer sur la scène un avare heureux, et de le douer de cette sorte de philosophie ou de cynisme qui lui fait braver la vindicte publique ? […] Il est pur, élégant, élevé, plein d’énergie et de passion; il abonde, en outre, en traits heureux, fins, piquants et comiques. […] Les saillies, les mots heureux y abondent et sont toujours d’accord avec l’esprit et le caractère des personnages. […] C’est quelque sort qu’il faut qu’il ait jeté sur toi, Et tu seras cent fois plus heureuse avec moi.
L’Amphitryon de Plaute et l’heureuse imitation qu’en a faite Molière, Le Songe d’une nuit d’été, La Tempête et la plupart des comédies de Shakespeare, rentrent dans le genre poétique. […] Dans la comédie de caractère, Molière a été plus indépendant et moins heureux. […] Heureux qui peut avoir un domestique de la sort e80 ! […] Je ne suis pas heureux tant que vous pourriez croire ; Quel diable de plaisir ! […] La place m’est heureuse à vous y rencontrer.
Il ne fut pas heureux dans son intérieur. […] Cette association n’ayant pas été heureuse, Molière qui en était aussi, proposa à ses camarades de courir la province. […] Son voyage ne fut pas heureux : des joueurs le débarrassèrent de ses fonds à Valladolid, mais des comédiens le recueillirent à Valence ; puis il fut directeur d’une troupe en Allemagne, et enfin il vint débuter à Paris. […] Il est heureux pour lui que Molière se soit moqué de son débit emphatique ; cette mention, qui n’est pas très honorable, l’a sauvé de l’oubli. […] Au reste, un homme un peu plus habile que de Villiers, Montfleury fils, ne fut pas plus heureux en répondant à Molière : L’Impromptu de l’hôtel de Condé est la plus pauvre rhapsodie qu’on puisse voir.
En vous est mon espoir, mon bien, ma quiétude : De vous dépend ma peine, ou ma béatitude ; Et je vais être enfin, par votre seul arrêt, Heureux si vous voulez, malheureux s’il vous plaît. […] Et je vais être enfin, par votre seul arrêt, Heureux si vous voulez, malheureux s’il vous plaît. […] Tartufe, enhardi par une réponse adroite qui semble lui promettre un sort heureux, doit se livrer, comme il fait, & présenter avec volubilité, dans une tirade plus longue que la premiere, tout ce qu’il croit capable d’excuser son audace, & de la faire préférer à tout autre.
Le spectateur ne veut plus s’amuser de leurs fleurettes, il demande des incidents qui avancent ou retardent l’instant heureux. […] Les scenes amoureuses de Jupiter & d’Alcmene, dans Amphitrion, deviennent plaisantes par la bonne foi d’Alcmene, qui croit toujours parler à son mari, & par la délicatesse du Souverain des Dieux, qui veut que sa maîtresse, en le rendant heureux, oublie entiérement l’époux pour tout accorder à l’amant. […] Vous ne concevez point qu’un cœur bien amoureux Sur cent petits égards s’attache avec étude, Et se fait une inquiétude De la maniere d’être heureux.
Desronais la voit, & l’aime ; la jeune Demoiselle est sensible à son tour, & le lui apprend en refusant de nommer un enfant avec lui, parcequ’elle entend dire que les mariages entre compere & commere ne sont pas heureux. […] Mariane & Desronais ne doutent plus que ce contrat ne soit celui qui doit les rendre heureux. […] Que l’état de Meûnier est heureux ! […] Puisqu’un Meûnier est si heureux, qui diantre voudroit être Roi ?
Jamais Poète comique ne rencontra des circonstances si heureuses. […] Ce Maître, si heureux en Disciples, était Gassendi, vrai Sage, Philosophe pratique, immortel pour avoir soupçonné quelques vérités prouvées depuis par Newton. […] Heureux s’il conçoit quels services il peut rendre. […] Mais quelle heureuse licence !
En vérité, Molière naturellement froid dans ses démonstrations, comme tout homme d’une sensibilité véritable et profonde ; Molière, doué de cette mélancolie qui accompagne naturellement le génie de la réflexion et qui souvent est le fruit funeste de l’observation attentive du cœur humain (quoi qu’en disent les consolantes doctrines de Droz, dans son Art d’être heureux) ; Molière, qui de son coup d’œil observateur avait embrassé notre pauvre nature humaine et a « pénétré le fond de tant de cœurs cachés18; » Molière, « Dont la gaîté souvent fut voisine des pleurs 19, » et qui, suivant l’heureuse expression de Sainte-Beuve, au milieu des applaudissements et des rires qu’il provoquait, habitait ordinairement « dans les tristes ombres de lui-même, » — n’est pas sans ressemblance avec le Misanthrope. […] De l’heureuse alliance de ces deux éléments naît cet ensemble de vérité idéale et de vérité de nature qui constitue la perfection de l’art dramatique. […] Quoi de plus naturel au poëte que de mêler aux créations de son génie des allusions prises à la réalité tantôt triste, tantôt heureuse et riante de sa propre existence ?
Donc, contentez-vous d’être un homme de l’esprit que vous avez, si vous êtes un des heureux et des privilégiés de ce bas monde, et sachez vous en servir habilement, honnêtement. […] Du Croisy, qui comptait avoir le rôle de la statue, et qui était tout fait pour ce rôle, n’en a plus voulu, et il s’est trouvé heureux de jouer un petit rôle de marchand. […] Il s’est mis à cheval sur cet âne immortel que montait Sancho Pança de son vivant ; heureux âne qui porte dans sa besace cent fois plus de philosophie qu’Aristote n’en portait dans sa tête. […] Non, mais par hasard il passe devant la tombe du Commandeur ; il s’arrête, encore tout chaud du combat qu’il vient de livrer, et très heureux d’avoir un nouveau rendez-vous d’amour pour le soir. […] Cette mise en scène ne fut pas heureuse ; — M.
Heureux cent fois celui qui dans le fond d’un bois... […] Si de ce scélérat, par quelque heureux moyen, Je pouvois... […] Pamphile raconte à Dave les changements heureux qui sont arrivés dans sa fortune : Dave lui parle du mauvais traitement qu’on lui a fait, il l’oublie en voyant son maître content. […] Nous avons remarqué combien il étoit ridicule & contre nature, que l’amant heureux ne volât pas vîte aux pieds de sa maîtresse pour partager avec elle sa félicité, & qu’il s’amusât à faire deux scenes avec des personnes qui devoient bien moins l’intéresser. […] Nous ne ferons pas ici une récapitulation des fautes qu’il a conservées, des changements heureux qu’il a faits ; nous avons pris soin de les remarquer à mesure qu’ils passoient sous nos yeux.
Il montre à sa femme un porte-feuille valant cent mille écus, qui sont le produit d’une entreprise heureuse dans le commerce. […] Stukéli a su que la fortune rit à Béverley, il vient le féliciter, lui conseille de ne plus jouer, & tâche de lui en faire naître l’envie par une peinture séduisante des heureux retours du sort : il l’entraîne chez Vilson en lui disant qu’il y trouvera les personnes auxquelles il doit. […] Elles volent vers la prison porter cette heureuse nouvelle à Béverley : mais il s’est déja empoisonné : il a d’ailleurs vendu & perdu l’héritage de son oncle : la mort de ce bon vieillard ne fait qu’accroître son désespoir : quand Stukéli, feignant de le plaindre, vient l’accuser d’avoir assassiné Leuson.
Cette année, à pareil jour, les sociétaires du Théâtre-Français ont eu l’heureuse idée de célébrer le 225e anniversaire de la naissance de Molière par une autre ovation non moins éclatante, quoique toute littéraire, par la reprise (on pourrait dire par la résurrection) d’un de ses chefs-d’œuvre, le Festin de Pierre. […] Grace donc à cette heureuse pensée, conçue et menée à bonne fin par la Comédie-Française, nous avons pu voir, enfin, représenter avec tout l’éclat, tout le talent, toute la pompe même de décorations et de costumes qu’un spectacle aussi singulier exige, le pur et vrai Don Juan de Molière, ce drame en prose et pourtant si poétique, où la réalité s’unit au merveilleux, la fantaisie à l’observation, l’ironie sceptique à la crédulité légendaire ; drame sans modèle en France et resté sans, postérité comme le Cid, et dont les beautés irrégulières font clairement prévoir ce qu’aurait produit en ce genre la muse française, s’il avait pu lui convenir de puiser plus fréquemment aux sources romantiques. […] En résumé, respectons l’œuvre de Thomas Corneille entreprise dans une intention louable et exécutée avec une dextérité de versification souvent heureuse ; mais replaçons-la pour toujours dans nos bibliothèques, et étudions, au grand jour de la représentation, la vraie, la poétique, la profonde création du maître.
Peu de temps après, un mot tout à fait inattendu, que le roi prononça tout simplement et comme par habitude, marqua l’époque d’un changement heureux dans la condition de la gouvernante. […] Quanto joue en robe de chambre avec la dame du château (avec la reine) qui se trouve trop heureuse d’être reçue, et qui souvent est chassée par un coup d’œil qu’on fait à la femme de chambre »(à la darne d’honneur, madame de Richelieu). […] Madame de Montespan fut au-devant de ce joli prince avec la bonne abbesse de Fontevrault et madame de Thianges : je crois qu’un si heureux voyage réchauffera le cœur des deux amies. » 10 novembre.
Les peines et les plaisirs que leur font éprouver les autres, ne peuvent égaler en vivacité ceux dont la source est en eux-mêmes, et par conséquent ils ne sauraient nous toucher autant : cette observation morale, convertie en règle dramatique, est un des plus heureux secrets de l’art, et la découverte en est due à Molière, comme celle de beaucoup d’autres. […] Tous deux lui ont également fourni le sujet d’une comédie ; mais il a fait au premier un honneur dont l’autre apparemment ne lui a pas semblé digne, celui d’emprunter son dialogue dans plusieurs scènes et de n’en être que l’heureux imitateur.
Phalante me parloit de l’amour qu’il me porte : Que si je veux fléchir mon cœur trop rigoureux, Ses biens me pourront mettre en un état heureux. […] Souffrez, pour vous parler, Madame, qu’un amant Prenne l’occasion de cet heureux moment, Et se découvre à vous de la sincere flamme...
Ne cessons de le dire; le naturel est le charme le plus sûr et le plus durable; c’est lui qui fait vivre les ouvrages, parce que c’est lui qui les fait aimer; c’est le naturel qui rend les écrits des anciens si précieux, parce que maniant un idiome plus heureux que le nôtre, ils sentaient moins le besoin de l’esprit; c’est le naturel qui distingue le plus les grands écrivains, parce qu’un des caractères du génie est de produire sans effort; c’est le naturel qui a mis la Fontaine, qui n’inventa rien, à côté des génies inventeurs; enfin c’est le naturel qui fait que les lettres d’une mère à sa fille sont quelque chose et que celles de Balzac, de Voiture, et la déclamation et l’affectation en tout genre sont, comme dit Sosie, rien ou peu de chose. […] Ceux dont il considérait les travers et les faiblesses étaient souvent bien plus heureux que lui.
Que si elles avaient le défaut de faire de l’amour un délire de l’imagination, elles eurent aussi le mérite d’élever les esprits et les âmes au-dessus de l’amour d’instinct, et de préparer cet amour du cœur, ce doux accord des sympathies morales si fécond en délices inconnues à l’incontinence grossière, cet amour qui donne tant d’heureuses années à la vie humaine, appelée seulement à d’heureux moments par l’amour d’instinct.
Les images consacrées par l’art aux grands hommes n’ont qu’un but : compléter l’impression laissée par leurs œuvres ; le buste de la Comédie-Française l’atteint tout à fait ; il est, selon l’heureuse expression de M. […] Plus tard, il est l’amant heureux ou malheureux de Mlle du Parc, que Racine lui enlève, et de Mlle de Brie, pourvues l’une et l’autre de maris philosophes. […] Et toujours, à la sincérité, à l’effusion du poète, on devine qu’il n’y a point là développement heureux des lieux-communs du théâtre, mais expression de sentimens personnels. […] En province, il s’obstine et n’est pas plus heureux : il parait qu’on le siffle à Limoges et qu’on lui lance des pommes cuites à Bordeaux. […] Nous sommes trop heureux de l’avoir pour ne pas le prendre tel qu’il est, en toute sincérité d’admiration ; mais j’essaie de l’expliquer en m’éclairant d’une notion sur le caractère et les tendances de son auteur, reconnaissant que cette notion est une des moindres dont il faille tenir compte, mais estimant que l’on aurait tort de la négliger tout à fait.
D’un seul commandement que je fais aux trois Parques, Je dépeuple l’état des plus heureux monarques. […] Molière ne fut pas si heureux dans le Prince jaloux, ou D. […] Il n’y a point d’auteur qui fasse plus rire et qui fasse plus penser : quelle réunion plus heureuse et plus sûre! […] Est-il possible, par exemple, de peindre mieux l’effet que produit le phébus et le galimatias dans la conversation comme dans les livres, que par ce vers si heureux ? […] Ceux dont il saisissait les travers et les faiblesses étaient souvent bien plus heureux que lui : j’en excepterais les jaloux, s’il ne l’avait pas été lui-même.
Les grands écrivains eurent alors leur style propre ; de grandes et d’heureuses variétés de style charmèrent les esprits polis, surtout par leur appropriement aux choses, aux temps, aux personnes. […] Le petit Dictionnaire des Précieuses de Somaise renferme, parmi une multitude de locutions rebutées, un grand nombre d’images qui, de son temps, étaient réputées précieuses, et qui sont aujourd’hui réputées justes et heureuses.
les gens d’esprit subtilisent sur la piece, jugent ses vers & ses détails : les bonnes gens, qui ne connoissent que Plaute, Térence & Moliere, secouent la tête, ne disent mot, & attendent une révolution heureuse dans la littérature. […] Jadis, dit-il, on vit sous les regnes de Yao & de Chun un mouton qui avoit aussi l’instinct de découvrir les criminels ; serois-je assez heureux pour voir sous mon regne quelque chose de semblable ? […] Tu ne me répetes que ce que j’ai vu dans tant d’autres prologues : je suis las de cette monotonie ; en un mot, je veux du neuf, & si tu n’as pas l’imagination assez fertile pour trouver & pour mettre en œuvre quelque idée heureuse, ingénieuse, délicate, qui me plaise, ne me dis rien du tout : ce long préambule que tu me veux faire essuyer, va m’indisposer contre toi, peut-être à n’en pas revenir..... . . . . . . . . .
O trop heureuse mere ! […] Après dix ans d’esclavage, une heureuse fortune nous rendit notre liberté, & nous retournâmes dans Naples, où nous trouvâmes tout notre bien vendu, sans y pouvoir trouver des nouvelles de notre pere. […] O le plus heureux de tous les hommes qui sont sur la terre !
C’est tout comme ici… Et les femmes sont-elles heureuses, seigneur, dans votre empire ? […] Il faut parler toujours sans rien dire pour sembler spirituelle ; rire sans sujet pour paraître enjouée ; se redresser à tout moment pour étaler sa gorge ; ouvrir les yeux pour les agrandir, se mordre les lèvres pour les rougir ; parler de la tête à l’un, de l’éventail à l’autre ; donner une louange à celle-ci, un lardon à celle-là ; enfin, badiner, gesticuler, minauder 60 . » L’arrivée du printemps, qui amène le départ des officiers, jette le désarroi dans le monde des promeneuses, et les force à se rabattre sur les robins et les petits collets fort peu demandés en hiver : Heureux les bourgeois de Paris, Quand le plumet court à la gloire ! Du beau sexe ils sont tous chéris, Sans combattre ils chantent victoire ; Heureux les bourgeois de Paris !
Comme ces deux grands moralistes, il a sans doute eu le tort de condamner, d’une manière trop absolue, un art dont l’utilité, en beaucoup de cas, ne saurait être niée raisonnablement ; de lui contester tous les heureux succès, en lui imputant tous les accidents fâcheux ; enfin de ne pas séparer l’abus de l’usage, et surtout de ne pas distinguer assez l’impuissance qui tient à l’inexpérience, à la présomptueuse impéritie des hommes, de l’impossibilité qui résulte de la nature éternelle des choses. […] Il avait vu la pièce qu’il louait, son éloge était positif, et l’heureuse excursion du jeune poète tragique dans le domaine de la comédie pouvait inquiéter celui qui avait quelque droit de s’en regarder comme le possesseur. […] Il est insensé, car il préfère obstinément à une femme aimable et vertueuse qui l’aime et qui le rendrait heureux, une coquette perfide qui le tourmente, le bafoue et le trahit. […] Le roi voulut bien s’en contenter ; et Molière, heureux d’en être quitte à ce prix, abandonna sans peine un ingrat et fade sujet qu’il n’avait sûrement pas entamé sans répugnance.
Nous y allons voir des imitations heureuses, mais toutes ne le sont pas également. […] Il seroit trop heureux si ce bien peu commun... […] Seras-tu trop heureux si ton frere t’embrasse, L’enfermé ? […] Représentons-nous les Doyen, les Vanloo, les Greuze, les Loutherbourg, les Vernet depuis l’instant où ils mériterent l’éloge de leurs maîtres en copiant des yeux, des oreilles, des nez, jusqu’aux jours heureux où nos sallons sont embellis de leurs chefs-d’œuvre : chacun de leurs progrès est dû à l’imitation d’un bon modele ; & ils ne seront redevables de l’immortalité, qu’à la perfection avec laquelle ils auront imité la nature.
Une tirade heureuse, une scène bien venue, sont peu de chose au théâtre ; un caractère vrai, une action qui donne l’illusion de la vie, sont tout, et, de quelques élémens empruntés ou repris que soit formée cette création, il n’importe guère. […] Cette réconciliation, en effet, si heureuse en elle-même, devait être funeste à Molière et l’on peut y voir une des causes de sa mort prématurée. […] Heureux, il se crut guéri, et, ne voulant pas imposer à sa femme la triste société d’un valétudinaire, il se remit à la viande, rouvrit sa maison, reprit son existence d’autrefois. […] Elle était jeune encore, plus belle que jamais ; elle n’avait pas été heureuse dans son premier mariage ; la vie lui devait un dédommagement. […] Ce qui prouve bien que, dans le premier, tous les torts n’étaient pas de son côté, c’est que, devenue la femme de Guérin, elle vécut parfaitement heureuse et que sa conduite ne donna plus lieu à aucun bruit fâcheux.
Si toutes leurs imitations ne sont pas également heureuses, Moliere lui-même n’en a-t-il pas de mauvaises ? […] Le pere, aveuglé par sa tendresse, excuse ses enfants, ne se repent pas de sa libéralité ; il est seulement fâché de n’être plus assez riche pour faire un sort heureux à la belle Angélique, fille d’un homme auquel il doit lui-même sa fortune & la vie.
Le succès de ses études fut tel qu’on pouvait l’attendre d’un génie aussi heureux que le sien. […] Les commencements de cet établissement ont été heureux, et les suites très avantageuses ; les Comédiens compagnons de Monsieur de Molière ayant suivi les maximes de leur fameux Fondateur, et soutenu sa réputation d’une manière si satisfaisante pour le Public, qu’enfin il a plu au Roi d’y joindre tous les Acteurs et Actrices des autres Troupes de Comédiens qui étaient dans Paris, pour n’en faire qu’une seule Compagnie.
Il vous a pris du bon côté, et vous seriez bien heureux d’en être quitte pour l’imaginaire.
Le poète espagnol a la gloire d’avoir imaginé un sujet heureux et d’en avoir tiré de grandes beautés : Molière a le mérite d’avoir presque toujours perfectionné dans sa copie un bon original. […] L’Heureux Stratagème, de Marivaux, est une véritable copie de La Princesse d’Élide ; toutes ses autres pièces semblent en être des réminiscences ; et, en particulier, le Dubois des Fausses Confidences est visiblement une contre-épreuve de Moron. […] Du reste, il a mis dans ces changements toute la discrétion, toute la réserve, toute l’absence de prétention personnelle, que commandait le grand nom de Molière à un écrivain digne de l’admirer ; et, comme ces artistes adroits qui rendent une seconde vie aux chefs-d’œuvre du pinceau, en les transportant sur une toile nouvelle, et en réparant les outrages qu’ils ont reçus du temps, il a, si je l’ose dire ainsi, mis sa versification au ton de celle de Molière, évité soigneusement tout ce qui pouvait déceler une touche trop moderne, et mérité qu’en plus d’un endroit on pût attribuer au maître lui-même l’heureux travail de l’élève.
La Princesse d’Elide, Comédie-Ballet, en cinq actes & en vers, comparée pour le fond & les détails avec el Desden con el desden, Dédain pour dédain, comédie espagnole ; Ritrosia per ritrosia, Rebut pour rebut, comédie italienne ; les Amours à la chasse, comédie de Coypel ; l’Heureux stratagême, comédie de Marivaux ; avec quelques vers de Virgile, du Pastor fido, & de la Phedre de Racine. […] Les peres sont contents, les amants sont heureux ; & l’Amour, glorieux de sa victoire, la fait célébrer par des chants & des danses qui terminent le divertissement & la piece. […] L’heureux Stratagême, comédie en trois actes & en prose.
. — Décidément ce bel esprit, cet amoureux transi, qui fit treize ans la cour à sa femme, ce courtisan heureux, ce complaisant, — fi ! […] Ils me sont chers, à moi, mes défauts ; ils me rendent heureux ; ils sont moi-même ; je vous laisse jouir, des vôtres, laissez-moi jouir des miens. […] Encore, dis-je, qu’il verse là dans ses exagérations accoutumées et rende même l’indignation comique, — n’importe, la cause est juste, l’indignation est de bon aloi, non contre la nature humaine, mais contre Tartuffe, Grippeminaud et Brid’Oison, — trop heureux, comme je le disais tout à l’heure, que nous n’ayons plus aujourd’hui affaire à ces Messieurs et soulagé de penser que si Alceste revenait au monde, il gagnerait infailliblement son procès. […] Au contraire, dis-je ; je me serais couché ensuite, satisfait et gaillard, et convaincu d’avoir mis en évidence, autant que possible, la leçon que Molière nous a voulu donner : à savoir que quand on est bâti comme Alceste, on n’a qu’une chose à faire, c’est de s’en aller ; et de s’en aller tout seul, — trop heureux encore s’il ne trouve pas que c’est trop de compagnie ! […] tout de suite. » Et le misanthrope est heureux, et il s’écrie : « Enfin !
Rien n’y est vraisemblable ; et plus le spectateur est dépaysé, plus la pièce est heureuse. […] Heureux le génie à qui il a été donné de l’exciter ! heureux le spectateur qui se dilate au théâtre ! […] Tout à l’heure le père ne soutiendra pas le mari, et il sera fort heureux pour Henriette que son oncle Ariste imagine un stratagème qui rend Trissotin odieux même à Philaminte, en faisant voir en lui un pédant malhonnête homme. […] Tantôt la même scène, déjà heureuse dans l’original, le devient plus encore dans l’imitation, par le changement d’un rôle.
Nous voyons en troisième lieu dans cette société d’élite un mélange heureux de personnes des deux sexes ; nous y remarquons la parité, je dirais volontiers la domination ou au moins la supériorité s’établir du côté des femmes dans les nouvelles relations dont l’hôtel de Rambouillet est le centre.
Jamais piece ne m’a fait sentir aussi bien que le Bourru bienfaisant combien il est utile pour un Auteur comique d’être à l’affût des traits qui échappent aux divers caracteres répandus dans la société, de les recueillir avec un soin extrême, de les mettre chacun dans leur case pour les en retirer au besoin ; sur-tout combien il est heureux d’être amené par les circonstances dans les lieux & dans les instants les plus favorables pour prendre la nature sur le fait, & faire une ample moisson. […] Là, je vous marie, soyez heureux, & ayez meilleure opinion de mon cœur une autre fois, bêtes que vous êtes. » Je ne sais si le lecteur sera de mon avis ; mais il me semble, je le répete, que ces trois scenes remaniées, retournées par la main habile de M.
N’est-ce pas une chose bien plus noble que l’indigne prospérité des heureux ? […] Mais ils trouvèrent un fonds si heureux, que d’abord le bon esprit fut chez eux une chose populaire.
Mais l’ordonnance de ses Comédies est toujours défectueuse en quelque chose, et ses dénouements ne sont point heureux. » Il ne faut pas confondre ce Poète avec un autre Molière, qui vivait en 1620 et qui a composé diverses Pièces de Théâtre, la Polyxene, des Épîtres, etc.
C’est quelque sort qu’il faut qu’il ait jetté sur toi, Et tu seras cent fois plus heureuse avec moi. […] Et je serois bien heureux si Hortense vous ressembloit : je l’épouserois d’un grand cœur ; & j’ai bien de la peine à m’y résoudre. […] Que vous êtes heureuse de n’aimer rien, & de mépriser l’amour ! […] Je voudrois bien savoir de quelle façon on pourroit l’ajuster pour le rendre plaisant ; & si, quand on le berneroit sur le théâtre, il seroit assez heureux pour faire rire le monde.
C’est faux ; le poète est là en opposition formelle avec la raison et avec lui-même, quand il peint l’amour si beau693, le mariage si excellent694, et qu’il ne représente jamais une famille honnête ni heureuse, où les parents aiment leurs enfants avec intelligence et dévouement, où l’expérience et l’âge aient raison contre la fougue des passions juvéniles. […] Qu’on se rappelle les pères de Térence707, et même quelques pères de Plaute708, et qu’on dise s’il n’y a pas plaisir à voir la discrète assiduité, l’inquiète sollicitude avec laquelle ils suivent la conduite de leurs fils entrant dans la vie ; si l’on n’est pas touché de la sage ardeur qu’ils déploient à les rendre bons et heureux ; si l’on ne respecte pas le soin jaloux qu’ils mettent à s’entourer pour leurs vieux jours d’une famille aimante ? […] Ce fut un renfort pour Molière, qui dut être heureux de voir ses idées si nettement développées : il y a même un passage traduit : Ce long amas d’aïeux que vous diffamez tons Sont autant de témoins qui parlent contre vous ; Et tout ce grand éclat de leur gloire ternie Ne sert plus que de jour à votre ignominie.
[90, p. 134] L’auteur fécond et célèbre des Singularités de la nature 284, nous a appris une allusion très heureuse au trait plaisant du Pédant joué, que diable allait-il faire dans cette galère ?
L’Exempt qui fait rentrer Orgon dans tous ses biens, me cause bien plus de joie qu’un messager qui apporteroit la nouvelle d’un heureux mariage. […] Voilà Eraste délivré d’un rival ; mais il n’est pas heureux, il n’a pas le consentement d’Oronte.
Mercure se rend aux raisons de la Vérité, & lui promet d’aller apprendre aux Mortels qu’elle a banni sa rigueur, & qu’ils trouveront dans la douceur de ses conseils des moyens infaillibles pour devenir heureux. […] La Vérité le compare à un oiseau qui après avoir passé des jours heureux & tranquilles dans un bois écarté, se laisse séduire par un esclavage brillant.
Heureux ! […] Il disoit : Heureux, si, moins hardi dans ses vers pleins de sel, Il n’avoit pas traîné les Muses au B....
Je vous le garantis défunt dans le temps que je dis ; & je n’aurai pas longuement à demander pour moi au Ciel l’heureux état de veuve. […] Ils débuterent le 18 Mai, par l’Heureuse Surprise.
Elle lui écrivait d’Anvers, le 18 avril 1674100 : « Madame, notre voyage a été fort heureux, et le prince se porte aussi bien que la marquise de Suger, tous deux également inconnus, tous deux très fatigués, tous deux fort surpris de ne pas trouver ici vos ordres. […] Je serais la plus heureuse personne du monde dans un pays où, pour peu qu’on ait de grandeur on en a toujours plus que de bonheur… J’ai beau renoncer à tous mes goûts, à tous mes sentiments, on m’accuse de choses horribles. » Plus loin : « On fera la Saint-Hubert à Villers-Cotterets ; on m’a donné 400 louis pour mes habits. » Ces lettres sont postérieures à l’établissement des enfants à Versailles, c’est-à-dire à 1674.
Il est essentiel que nous analysions ces especes diverses ; que nous voyions combien il y a de différence de l’une à l’autre, & que nous sachions apprécier les richesses que chacune en particulier peut nous fournir, afin de ne pas décider en aveugles, si nous sommes assez heureux pour avoir un choix à faire.
Adieu, Moncade ; vous ne serez peut-être pas toujours ni si habile, ni si heureux. […] Je voudrois bien savoir de quelle façon on pourroit l’ajuster pour le rendre plaisant, & si, quand on le berneroit sur le théâtre, il seroit assez heureux pour faire rire le monde. […] Quand vous serez assez heureux pour rencontrer des protecteurs illustres, réellement amis des arts & de ceux qui les cultivent, que leurs bontés ne vous fassent point perdre de vue la distance qu’il y a d’eux à vous.
Il naît d’une conformité des âmes, qui sentent, par un penchant dominateur, qu’elles sont faites de manière à être heureuses ensemble : une vue intérieure fait découvrir à chacune d’elles que l’autre possède les qualités nécessaires pour le bonheur commun ; et un irrésistible attrait les pousse à se chercher et à s’unir pour la vie. […] Ses amoureux sont autant d’heureux exemples du cœur humain suivant naturellement un de ses plus précieux penchants ; et, de tous ces tableaux vivants, ressort doucement la figure de l’amour vrai, naturel, partant moral. […] Je ne puis qu’être heureux quand j’aurai son appui.
De province en province il entraîne joyeuse La troupe qu’il attache à sa jeunesse heureuse ; Pour des cœurs de vingt ans quel plus riant destin ? […] A la table royale il le convie un jour ; Il fait plus : à Versaille, entouré de sa cour, Avec cette princesse, alors heureuse et belle Qu’un cri de Bossuet devait rendre immortelle15, De Molière outragé, que son grand cœur défend, Sur les fonts de baptême il veut tenir l’enfant, Et le fils d’un acteur, malgré l’intolérance, A reçu devant Dieu le nom du roi de France. […] Pourtant, toujours en proie à ce conflit brûlant Qui consumait sa vie et doublait son talent, Il n’était pas heureux ; car la gloire et la haine Sont un double fardeau qui pèse à l’âme humaine ! […] Une enfant gracieuse et belle16, Gomme Agnès ou comme Isabelle, Sous ses regards avait grandi ; Partout il plaça son image : Heureux en lui rendant hommage De voir son modèle applaudi.
Molière, heureux par ses succès et par ses protecteurs, par ses amis et par sa fortune, ne le fut pas dans sa maison. […] Le dénouement, que fait Villebrequin, est un des moins bien ménagés et des moins heureux de Molière. […] On a depuis représenté la Princesse d’Élide à Paris ; mais elle ne put avoir le même succès, dépouillée de tous ses ornements et des circonstances heureuses qui l’avaient soutenue. […] Le Bourgeois gentilhomme est un des plus heureux sujets de comédie, que le ridicule des hommes ait jamais pu fournir. […] Il faut encore convenir que Molière, tout admirable qu’il est dans son genre, n’a ni des intrigues assez attachantes, ni des dénouements assez heureux, tant l’art dramatique est difficile.
Ils viennent tous en riant et en complimentant Tebaldo de l’heureuse issue qu’il a donnée à l’événement. […] Un acteur vient dire aux spectateurs que tous les personnages sont heureux ; que Fabio, en voyant madonna Lelia dans son costume féminin, en a été charmé ; que Flaminio épouse Virginia, et que l’on va célébrer les deux noces. […] La pièce italienne intitulée Le Gelosie fortunate del prencipe Rodrigo (les heureuses jalousies du prince Rodrigue) est du poète florentin Giacinto-Andrea Cicognini ; celui-ci aurait lui-même, pour cette pièce comme pour la plupart de ses nombreux ouvrages, suivi un original espagnol.
Quelle heureuse rencontre ! […] Il reçoit un message amoureux sous un autre nom que le sien ; il conclut de là qu’il ressemble à quelque heureux mortel.
Nous avons assez parlé des parties de la comédie & de ses différents genres, pour savoir apprécier les changements heureux ou malheureux que notre guide fera, & pour nous instruire en même-temps dans l’art de l’imitation, art si difficile, que lui seul l’a connu supérieurement : c’est ce que nous prouverons encore en plaçant quelquefois Moliere imité à côté de Moliere imitateur, & en mettant sous les yeux du public les imitations de tous nos Auteurs, depuis Moliere jusqu’à nous.
Enfin s’il s’agissait de se faire l’idée d’une comédie parfaite, il me semble qu’aucun des comiques anciens ne fournirait autant de traits que Molière ; il a ses défauts, j’en conviens ; par exemple, il n’est pas souvent heureux dans ses dénouements ; mais la perfection de cette partie est-elle aussi essentielle à l’action comique, surtout quand c’est une pièce de caractère, qu’elle l’est à l’action tragique ?
Mais l’ordonnance de ses comedies est toujours defectueuse en quelque chose, & ses denouemens ne sont point heureux. » Sa vie a été donnée au public par M.
Il faut convenir cependant que, même dans les chefs-d’œuvre de Molière, on souhaiterait un langage plus épuré, et des dénouements plus heureux. […] Il vous a peint du beau côté, en ne faisant de vous qu’un Cocu Imaginaire : vous seriez bien heureux d’en être quitte à si bon marché ». […] Quelques Auteurs joignirent aux talents que ce genre exige, celui de semer leurs Pièces de vers heureux. […] M. de Marivaux surtout, en a très bien profité dans l’Heureux Stratagème. […] Il faut convenir cependant que, même dans les chefs-d’œuvre de Molière, on souhaiterait un langage plus épuré, et des dénouements plus heureux.
Je serais donc heureux d’être en état de faire quelque chose qui pût être utile à M. […] Je serais heureux de joindre mon suffrage au leur. […] Les Français sont bien heureux que cela ait paru avant leur siècle de bégueulisme. […] On pouvait peindre Valère heureux, s’inquiétant peu de l’avenir et cherchant à consoler Élise par sa gaieté, et le tableau de ses espérances. […] De noir, d’un ton doux, vérité de la peinture, heureux mélanges des petites circonstances et des plus profondément observées.
Eh bien, maintenant, prenez-le dans ses années glorieuses : est-ce que vous croyez qu’il est plus heureux et plus tranquille ? […] En thèse générale, cette alliance de la poésie et de la politique n’est pas heureuse ; la politique n’y gagne pas grand-chose, et la poésie y perd presque toujours. […] On ne peut pas interdire aux femmes de se piquer de critique philosophique, incidemment du moins, et d’une façon aussi heureuse que madame de Staël. Mais, ces exceptions une fois établies, c’est évidemment aux hommes, à nous, qu’il appartient par nature d’être lettrés, érudits, savants, géomètres, jurisconsultes ; et aux femmes, suivant l’heureuse et juste expression de Molière, qui n’en a guère rencontré de plus heureuses, « d’avoir des clartés de tout ». […] Heureuse légèreté qu’il est si difficile d’acquérir et si aisé de perdre !
Se croient-ils heureux ?... Quelque heureux qu’ils parussent, combien leur manquait-il de choses pour l’être ? […] Comment ne serait-on pas heureux de se venger d’un pareil homme ? […] Les « zélés indiscrets » qui le tourmentent devraient s’estimer trop heureux. […] Il n’est point pacifique, il est indifférent et heureux.