Dans cet état de choses, à dix ans, il perdit sa mère. […] Aussi voyez, lorsque Le Vayer perdit son fils ( 1664 ), comme il lui écrivit : Aux larmes, Le Vayer, laisse ces yeux ouverts : Ton deuil est raisonnable encor qu’il soit extrême ; Et lorsque pour toujours on perd ce que tu perds, La sagesse, crois-moi, peut pleurer elle-même. […] que de science perdue là où il suffirait d’un regard... […] Mais Molière était touché de voir un jeune homme né avec d’aussi belles qualités, perdu aux mains de ces gens. […] À l’heure qu’il est nous perdrions la gloire d’une telle action, la calomnie dirait que nous étions ivres.
Les têtes trop foiblement organisées vous croiront perdu, parcequ’elles vous perdront bientôt de vue ; mais les autres, assez fortes, assez clairvoyantes pour vous suivre dans votre vol, diront : Il a commencé comme ses maîtres, c’est beaucoup : voyons présentement quels seront ses progrès, & comment il finira.
N’y en aura-t-il pas un qui atteigne la maturité et la vieillesse sans perdre tout ce qui faisait sa valeur de jeune homme, sans acquérir rien de ce qui fait la dignité du vieillard ? […] À peine trouve-t-on dans tout le théâtre de Molière deux pères qui prononcent quelques paroles dignes de ce titre : le père de don Juan, qui vient se faire insulter inutilement par un fils perdu de débauche686, celui d’Hippolyte, qui vient donner à un jeune homme perdu d’amour d’inutiles conseils de modération687. […] Mais non : sans doute qu’en devenant maris et pères, ils perdraient aussitôt leur bon sens, leur esprit et leur cœur. […] Apprenez enfin qu’un gentilhomme qui vit mal est un monstre dans la nature ; que la vertu est le premier titre de noblesse ; que je regarde bien moins au nom qu’on signe, qu’aux actions qu’on fait, et que je ferois plus d’état du fils d’un crocheteur, qui seroit honnête homme, que du fils d’un monarque, qui vivroit comme vous713. » Devant cette cour infatuée de noblesse, devant ces grands seigneurs qui ne voulaient pas qu’il mangeât à la même table qu’eux, il fait parler un honnête homme justement fier de ses ancêtres roturiers, et aimant mieux perdre sa maîtresse que se déshonorer par un titre usurpé. […] Dans les Précieuses ridicules, ce sont deux valets qui laissent la livrée pour endosser les canons et l’épée721, et perdre sous le bâton leur marquisat de Mascarille et leur vicomte de Jodelet 722 : ce ne sont que deux valets rossés ; mais l’habit est rossé aussi, et il est impossible de ne pas songer que les faux marquis ne méritent pas seuls ce traitement.
de l’Empyrée amoureux d’une beauté imaginaire qui l’a charmé par les vers ingénieux qu’elle met dans le Mercure ; lorsqu’il croit les Muses attristées parcequ’il a perdu ses tablettes ; lorsqu’il se déclare malgré lui pour l’Auteur de la piece nouvelle ; sur-tout lorsqu’il seche dans l’impatience d’apprendre le succès de son ouvrage. […] Ces deux scenes, ainsi que celles dont nous venons de parler, ont pris naissance de la manie poétique, puisque c’est pour représenter une piece de Francaleu que Lisette s’est déguisée, & que par une suite de ce déguisement elle a causé la méprise de Dorante ; mais en voyant, ou en lisant ces deux scenes, je perds de vue les Poëtes qui sont les héros de la piece, & je vois seulement le Poëte qui l’a faite. […] On peut voir aisément ; par les pieces à caractere de Moliere, la différence qu’il y a d’une comédie qui laisse perdre de vue le héros ou le sujet promis, avec celles qui, dans chaque scene, développent aux yeux du spectateur le travers, le vice ou le ridicule annoncé par le titre. […] A peine le héros paroît-il, nous le perdons de vue. […] & l’avons-nous perdu nous-mêmes un seul instant de vue ?
Cet homme devoit se trouver à l’audience, sans quoi il couroit risque de perdre un procès. — Vous êtes de mes amis, me dit-il, aidez-moi un moment. — Moi ! […] Voyant un Président, je lui parle d’affaire ; S’il avoit des procès, qu’il étoit nécessaire D’être toujours après ces Messieurs bonneter ; Qu’il ne laissât, pour moi, de les solliciter ; Quant à lui, qu’il étoit homme d’intelligence, Qui savoit comme on perd son bien par négligence ; Où marche l’intérêt, qu’il faut ouvrir les yeux. […] non, Monsieur, dit-il, j’aimerois beaucoup mieux Perdre tout ce que j’ai que votre compagnie, Et se mit aussi-tôt sur la cérémonie. […] Il se garde bien de négliger l’endroit sublime où le fâcheux, après avoir balancé entre le risque de perdre son procès ou le plaisir de jaser avec un inconnu, abandonne enfin généreusement sa cause. […] pourquoi n’a-t-il pas tiré parti de ce fâcheux qui aime mieux perdre sa fortune que d’abandonner son martyr ?
Voilà tout ce qu’on vous demande, et non pas des dissertations et de la rhétorique à perdre haleine. […] Mon maître, a perdu tant d’honnêtes femmes que je puis bien avoir une inclination ! […] Avertir de sa ruine, Don Juan qui se perd ! […] Je ne veux pas de ce jargon de femme-de-chambre à propos de la vertu perdue ! […] … Perdre ton amour (c’est la première fois qu’elle lui parle !)
ce fut justement à ce moment-là de son triomphe (derniers moments du bonheur poétique, moments sacrés de cette pure joie des beaux-arts ; pour ces moments-là le dernier bandit des Abruzzes aurait de l’enthousiasme et du respect), qu’un homme caché, perdu dans la foule, attendait mademoiselle Mars, le poignard à la main. […] Mais si quelques gens de cœur n’avaient pas été, pour ainsi dire, les gardes de mademoiselle Mars, il y a longtemps que le Théâtre-Français l’eût perdue : et comptez donc combien de grands hommes, combien de grands drames qui n’auraient pas vu le jour ! […] Ingrat public, qui ne comprend pas tout ce qu’il va perdre ! […] elfe a retrouvé l’urbanité française, qui s’était perdue dans les tempêtes, et voilà par quelles couronnes nous la récompensons !
Que ce nom, dont tu viens ici m’entretenir, Est un nom dont je veux perdre le souvenir. […] Que je perde la vie, Si jamais contre vous la moindre jalousie... […] La Comtesse rentre, en cherchant & en demandant la boîte qu’elle a perdue ; Marton n’a garde de la lui rendre. […] Ai-je perdu l’esprit ? […] Je crois qu’à tous moments il va perdre l’esprit.
Le Joueur est une piece où il y a un joueur qui joue, qui perd, qui gagne. […] Nos charges nous ont rendu ennemis : j’ai toujours eu envie de perdre Tchao, mais je ne pouvois en venir à bout. […] Arrivé à Genes, & ne pouvant voir Claudia, qui, croyant avoir perdu son amant, ne sortoit plus, il trouve le secret de s’introduire auprès d’elle sous le nom & l’habit d’une servante. […] Le prologue est une espece d’enfant perdu qu’on envoie reconnoître l’ennemi, & qui souvent en essuie le premier feu ; ou, pour parler plus clairement, c’est un petit ouvrage que l’on fait précéder la comédie, dans lequel un Auteur cherche à se rendre favorable le parterre. […] Mais, toute réflexion faite, pourquoi perdre du temps & du papier à mettre sous les yeux du public les mêmes idées en deux langues différentes ?
La Cour ne lui fit pas perdre le goût qu’il avait pris dès sa jeunesse pour la Comédie : ses études n’avaient même servi qu’à l’y entretenir. […] Le Jeu de ces comédiens fut d’autant plus goûté, que depuis quelque temps on ne jouait plus que des pièces sérieuses à l’Hôtel de Bourgogne ; Le plaisir des petites Comédies était perdu. […] Ce qui fait bien connaître que le Théâtre comique était alors bien négligé ; et que l’on était fatigué de mauvais Ouvrages avant Molière, comme nous l’avons été après l’avoir perdu. […] Il prit fantaisie à Chapelle en descendant d’Hauteuil, de lui faire perdre cette prérogative, et de le faire monter derrière son carrosse. […] Le reste du monde nous regarde comme des gens perdus, et nous méprise.
Florente perd en sortant une de ses manchettes. […] Le Roi lui demande ce qu’il a perdu : Florente le lui dit. […] L’exposition italienne est simple ; la françoise est un roman qui ne finit point, & dans lequel on se perd. […] Il est vrai qu’il eût été ridicule sur notre théâtre de voir un homme perdre sa manchette ; mais il auroit été facile de substituer un gant à la manchette. […] Je trouve d’ailleurs que le héros Italien, en tremblant au moment de pousser sa maîtresse à bout, en craignant de la perdre peut-être pour toujours, en se persuadant quelquefois qu’elle peut être innocente malgré les apparences, est beaucoup plus intéressant que Don Garcie, qui, sans frémir sur le bord du précipice où il se trouve, ne balance seulement pas, n’est point alarmé des menaces d’Elvire, & consent, sans hésiter, à la perdre en la forçant de se justifier.
Qu’il sache, quand il perd, d’une ame non commune, A force de savoir, rappeller la fortune ? […] Il n’en est pas de même de la piece que Regnard a imitée, le Chevalier Joueur, comédie en cinq actes, & en prose, de Dufresny : il y a une Comtesse & un Marquis si bien liés au caractere principal, qu’on ne peut les retrancher sans perdre en même temps tout ce qui caractérise le plus un homme possédé du démon du jeu. […] Pour moi, on me permet de perdre ma centaine, & je la risquerai... […] si je pouvois recouvrer le bonheur que j’ai perdu !
Si, par malheur, un jour son livre étoit perdu, A le chercher bien loin, Passant, ne t’embarrasse, Tu le retrouveras tout entier dans Horace. […] Nous observerons sur-tout beaucoup d’ordre dans notre marche, sans quoi nous le perdrions de vue ; ou du moins la finesse de ses opérations échapperoit à nos regards.
Si le Capitaine qui est sur la scene voit le Chevalier qui va paroître déguisé en muet, tout est perdu. […] Moyennant cette petite précaution de l’Auteur, le théâtre ne reste point vuide, parcequ’on a vu Frontin avant que d’avoir perdu de vue le Capitaine. […] Quel dommage que nous eussions perdu la confession du célebre Scapin !
C’est une suite de traits dont aucun n’est perdu; celui-ci est pour moi, celui-là est pour mon voisin ; et ce qui prouve le plaisir que procure une imitation parfaite, c’est que mon voisin et moi nous rions du meilleur cœur du monde de nous voir ou sots, ou faibles, ou impertinents, et que nous serions furieux, si on nous disait d’une autre façon la moitié de ce que nous dit Molière. […] Quant à la lecture de Trissotin, elle est bien éloignée de pouvoir perdre aujourd’hui de son mérite. […] Il était adoré de ses camarades, quoiqu’il leur fit du bien; et il mourut presque sur le théâtre, pour n’avoir pas voulu leur faire perdre le profit d’une représentation.
Quelques années avant, elle avait perdu, comme nous l’avons dit, son second fils, mort de la peste entre ses bras. Elle perdit son mari en 1653. En 1654 elle perdit son fils ainé, tué à l’âge de 31 ans, à la bataille de Nortlingen.
Le reste du monde nous regarde comme des gens perdus, et nous méprise. […] Molière qui n’avait en vue que de détourner ce jeune homme de la profession de comédien, redoubla ses raisons pour le faire ; et enfin il lui fit perdre la pensée de paraître sur les planches.
, Alceste ne s’en soucie point et s’écrie, le naïf : Perdez votre procès, madame, avec constance Et ne ménagez pas un rival qui m’offense ! […] Oui, oui, je perds la tête, prenez garde à moi ! […] … avez-vous perdu le jugement ? […] Quand il a trouvé, il n’a pas perdu sa journée et, pour me servir d’une expression familière, il ne revient pas bredouille. […] On mettait sur la scène des hommes et non des théories, et les pièces n’y perdaient pas, ni les spectateurs non plus.
que te voilà perdue, impuissante et vieillotte ! […] Il est perdu ! […] chers auditeurs, pardonnez la comparaison, mais ce n’est pas moi qui l’ai faite ; et d’ailleurs, tout n’est pas encore perdu. […] Orgon, allait être perdu par sa dévotion. […] Alceste l’honnête homme, perdu au milieu de ces jeunes fats, aux pieds de cette coquette, se sera trompé de porte.
La femme peut perdre les qualités de la femme, mais elle ne peut acquérir celles de l’homme. La femme sans cœur est un monstre qui a perdu sa nature et sa forme par quelque corruption : le secret du mépris qu’elle nous inspire est dans la dégradation que nous sentons derrière sa dureté. […] Il ne veut pas À force d’attentats perdre tous ses remords. Il ne s’écrie pas : Et pour nous rendre heureux perdons les misérables.
Qu’elle soit indulgente, polie ; qu’elle n’aille point perdre son temps dans ces conversations où le prochain est toujours attaqué ; qu’elle apprenne à être sage sans aigreur, et à avoir de l’esprit sans médire381. […] Peu à peu, les petites intrigues se nouent391 ; le temps et le cœur s’usent à ménager les prétendants, et à tenir la balance égale entre tant de gens qui s’enhardissent pour la faire pencher de leur côté392 ; la vanité, l’audace grandit à mesure que le cœur s’amoindrit ; les vrais amis s’éloignent discrètement pour faire place aux faux amants ; on finit par se perdre soi-même au milieu de ses propres ruses, et par être impitoyablement humiliée par ceux-là dont on croyait s’être fait des esclaves en se compromettant393 ; et quand il n’en reste plus qu’un seul, celui qu’on a tourmenté sans pitié par tous les raffinements de la coquetterie, et qui pourrait seul rendre le bonheur avec l’honneur, celui-là, on n’est plus capable de l’aimer ; on le réduit au désespoir par une exigence indigne394 ; et l’on demeure perdue à l’amour qu’on n’a point connu, au monde qui met autant de froideur dans ses dédains qu’il apportait d’ardeur dans ses flatteries : heureuse encore si l’on n’est pas perdue au repentir, et si, dans l’âme desséchée, il reste encore de quoi aimer la vertu autrement que par nécessité : après cette jeunesse de Célimène, la triste chose \ de finir en Arsinoé !
Il faut que la diction d’une comédie soit, comme toutes ses autres parties, assujettie aux regles de la nature & de la vraisemblance, qui, devant régler & conduire l’action d’une fable, sans perdre un instant de vue l’intrigue, les caracteres, le dénouement, &c. ne doivent pas moins présider l’une & l’autre à la diction. […] Mon pere a perdu l’esprit. […] Ce bruit & ce travail charment tant les esprits, Qu’on perd tout souvenir, tant l’on en est épris. […] Bon, ce coup-là sans doute a percé sa jaquette : Bon, le voilà perdu : bon, me voilà sauvé, Car de ce premier coup son œil droit est crevé. […] Il résulte de tout ce que je viens de dire dans ce chapitre, qu’un poëte comique doit parler la langue de toutes les nations, & savoir prendre à propos le ton du bourgeois, de l’homme de Cour, du savant, de l’ignorant ; & malheur à tout Auteur dramatique, de qui la diction fait perdre de vue l’action & ses personnages, pour nous montrer l’Auteur dans son cabinet.
Un an après avoir perdu sa fille, la marquise de Rambouillet, âgée de quatre-vingt-deux ans, succomba elle-même à sa douloureuse vieillesse. […] « Cette calomnie, dit le président Hénault, en parlant de la lettre glissée dans le lit de la reine, fit perdre au mari et à la femme leur emploi… La duchesse fut obligée de se défaire de sa charge de dame d’honneur de la reine en faveur de madame de Montausier, pour 150 000 liv. » Hénault ajoute que le duc et la duchesse de Navailles étaient les plus honnêtes gens de la cour.
Un comique de mots perd son sel avec sa nouveauté, & finit même par devenir fade, insipide : celui qui naît d’une situation, se renouvelle, & rajeunit toutes les fois que la situation est mise en action sur le théâtre. […] Je suis perdu, je suis assassiné, on m’a coupé la gorge, on m’a dérobé mon argent. . . . . . . . . . . . . . . . . […] & puisque tu m’es enlevé, j’ai perdu mon support, ma consolation, ma joie ; tout est fini pour moi, & je n’ai plus que faire au monde.
Aussitôt qu’il se sentit en cet état, il tourna toutes ses pensées du côté du Ciel ; un moment après il perdit la parole, et fut suffoqué en demie heure par l’abondance du sang qu’il perdit par la bouche. […] Après la mort de Monsieur de Molière, le Roi eut dessein de ne faire qu’une Troupe de celle qui venait de perdre son Illustre chef, et des Acteurs qui occupaient l’Hôtel de Bourgogne ; mais les divers intérêts des familles, des Comédies n’ayant pu s’accommoder, ils supplièrent sa Majesté d’avoir la bonté de laisser les Troupes séparées comme elles étaient, ce qui leur fut accordé ; à la réserve de la Salle du Palais Royal qui fut destinée pour la représentation des Opéras en Musique.
La comédie des Femmes savantes est bien meilleure sans contredit que celle du Malade imaginaire ; cependant le dernier ouvrage est certain de plaire chez un plus grand nombre de nations que le premier, parcequ’il est par-tout des hommes à qui l’amour de la vie inspire la crainte de la perdre, & un desir trop violent de la conserver ; au lieu qu’il n’y a peut-être qu’en France des femmes qui méritent cette apostrophe de Chrisale. […] Mais aucun ne perd de vue le manteau de l’affectation, sous lequel il peut convoiter plus surement le bien & la femme de son prochain.
Allez-vous-en lui faire faire un petit tour de jardin, afin de préparer les humeurs, tandis que j’entretiendrai ici son pere : mais sur-tout, ne perdez point de temps. […] Vous perdez le sens. […] Nos bons Auteurs ont suivi assez exactement ce précepte, excepté dans les occasions où, pour leur propre intérêt, ils auroient dû le perdre de vue moins que jamais ; c’est lorsqu’ils ont joué leurs confreres. […] C’est un homme qui n’a rien à perdre. […] Quand vous serez assez heureux pour rencontrer des protecteurs illustres, réellement amis des arts & de ceux qui les cultivent, que leurs bontés ne vous fassent point perdre de vue la distance qu’il y a d’eux à vous.
Le desespoir de l’Avare lorsqu’il a perdu sa cassette, ne le cede en rien au desespoir de Philotecte à qui on enleve les fleches d’Hercule. […] On disputoit à Adisson que le Paradis perdu fût un poëme héroïque : hé-bien, dit-il, ce sera un poëme divin. […] La muse d’Aristophane ressemble à une femme perdue ; celle de Ménandre à une honnête femme. […] Le comique n’étant qu’une relation, il doit perdre à être transplanté ; mais il perd plus ou moins en raison de sa bonté essentielle. […] Le secret de ces miroirs seroit-il perdu depuis Moliere ?
Elle est aussi peu prévue que l’autre, surprend un plus grand nombre de personnages fortement intéressés à l’action, fait sur eux différentes impressions, & bouleverse tout, puisqu’Arnolphe, qui pense triompher de son rival, est obligé de lui céder sa maîtresse ; & qu’Agnès & Horace, qui se croient perdus, voient tout d’un coup combler leurs vœux. […] La curiosité qu’on fait lors éclater, Marque un secret plaisir de s’en ouir conter : Et je trouve à propos que, toute cachetée, Cette lettre lui soit promptement reportée, Afin que d’autant mieux il connoisse aujourd’hui Le mépris éclatant que mon cœur fait de lui ; Que ses feux désormais perdent toute espérance, Et n’entreprennent plus pareille extravagance. […] Madame, tout est perdu !
Le premier discours est en partie le résumé, et en partie le développement d’une conversation sur la grandeur du caractère romain ; Balzac y peint, d’après Polybe et Tite-Live, l’âme d’un citoyen de la république ; après l’avoir montré impénétrable à la vanité, à la peur, à l’avarice, ensuite sensible à la faveur de l’étranger, ou d’un usurpateur, il le fait voir à la dernière épreuve de sa vertu ; c’est l’injustice de la république à son égard. « La république, madame, ne le peut perdre, quelque négligente qu’elle soit à le conserver ; il souffre non seulement avec patience, mais encore avec dignité, ses mépris et ses injustices. […] Ils ne se soucient ni de paye, ni de butin, ni de récompense ; ils ne songent ni aux fêtes de Rome, ni aux délices d’Italie ; ils ne veulent, ils ne demandent que le général ; ils appréhendent la fin de la guerre, de peur de le perdre à la paix ; ils murmurent contre le sénat qui le rappelle, et ne se peuvent consoler de la victoire qui leur ravit le victorieux. […] Les grâces parurent encore sous les empereurs, mais elles parurent seules, car la majesté des paroles se perdit avec la liberté. » L’auteur rapporte les paroles de Cassius à Brutus avant les ides de mars : « Ces paroles, madame, sont les dernières que prononça la république avant de rendre l’âme… C’était le caractère de l’esprit de Rome, citait la langue naturelle de la majesté. » L’auteur finit par des observations sur les monuments qui restent de la conversation et des mœurs privées des Romains ; il exprime ses regrets sur leur rareté.
Voltaire l’indique à l’année C’est plus de deux ans trop tard, « Dès l’an 1669, dit-il, madame de La Vallière s’aperçut que madame de Montespan prenait de l’ascendant sur le roi. » Si la liaison du roi avec madame de Montespan n’avait commencé qu’en cette année, deux événements principaux de la période que nous parcourons, perdraient leur caractère et leur importance, savoir : la maladie dont est morte madame de Montausier, et la représentation de l’Amphitryon de Molière. […] La nouvelle de cette mort, arrivée à la suite de trois années de retraite et de maladie, se perdit dans le mouvement et dans le bruit de la cour et du monde. […] Combien cette mort fait perdre de son esprit et de sa gaîté à l’Amphitryon de Molière !
Inutile de dire que ses progrès y furent rapides et qu’il eut bientôt racheté le temps perdu. […] Le reste du monde nous regarde comme des gens perdus et nous méprise. […] puisqu’à la solitude de la pensée s’ajoutait la solitude de l’exil, et sa voix s’est perdue dans le vide. […] Les bons y gagnent; tant pis pour ceux qui y perdent. […] Leur crédit y avait gagné; mais leur caractère y avait perdu.
Cherea, frere de Phædria, l’a vue, en est devenu passionné, l’a suivie ; un fâcheux est cause qu’il l’a perdue de vue : il prie Parmenon de lui dire où elle est : Parmenon imagine de le présenter à Thaïs à la place de l’Eunuque qu’elle attend, & de le mettre à portée par-là de voir celle qu’il aime. […] Thaïs annonce à Chrémès que Pamphila est cette sœur qu’il a perdue dès sa plus tendre enfance. […] Il est vrai que le public y perdra beaucoup, & que tu as de belles choses à dire. […] Il y a, sans contredit, du mérite dans le Muet ; mais nous nous garderons bien de le citer comme un modele d’imitation ; les divers matériaux dont la piece est composée n’ont pas perdu l’air de leur pays natal en passant par les mains des Auteurs François. L’exposition & le dénouement sont tout-à-fait à la latine : une fille perdue & retrouvée en fait tous les frais, l’intrigue est tout-à-fait à l’italienne.
En 1628, elle avait perdu Malherbe, âgé de soixante-treize ans. […] Nous avons vu qu’en 1631, la peste régna à Paris ; que madame de Rambouillet y perdit son second fils, le vidame du Mans, âgé de 7 ans, et qu’elle et sa fille Julie, alors âgée de 24 ans, ne quittèrent le malade que quand la mort lui eut fermé les yeux, bien que tous les amis de la maison s’en fussent éloignés.
O Timon, tu n’as plus rien perdu !.... […] C’est ce qu’on va tenter, & de la part du nôtre, Sans perdre un seul moment, je m’en vais trouver l’autre. […] Enrique combattit & sur mer & sur terre, Et laissa les trois quarts de son corps à la guerre ; Car il perdit un œil à Gand, le fait est sûr ; La cuisse droite à Mons, le bras gauche à Namur.
Une fois que nous aurons trouvé un sujet susceptible de comique & de morale, ne perdons jamais ce double but de vue, afin de ne pas imaginer une seule scene, de ne pas arranger une seule situation, de ne pas introduire un seul personnage qui puisse nous en écarter. […] Mais plus nous nous éloignons du temps où on le fit, plus il perdra de son prix. […] Point du tout : ils y perdent au contraire, puisqu’on instruit les honnêtes gens qu’ils pourroient tromper, à rendre leurs ruses inutiles. […] Le poëte tragique fut désespéré de perdre le cœur de son héroïne favorite. […] Bellecour & de son mari que lorsque nous les aurons perdus.
On a beau dire que les Anciens étoient les Anciens, que leurs regles étoient bonnes pour eux : la raison ne vieillit pas : ses loix ne perdent jamais de leur force : il est du dernier ridicule de vouloir faire passer avec quelque ombre de vraisemblance sous les yeux des spectateurs assemblés pendant trois heures seulement, ce qui pourroit s’exécuter à peine dans plusieurs années. […] Nos premiers poëtes François étoient aussi dans ce goût-là, & les modernes ne l’ont pas tout-à-fait perdu. […] Si le fils réussit, le pere doit nécessairement échouer : si le pere vient à bout de son dessein, le fils est perdu.
Arlequin lui dit qu’il perd son temps. […] Il se met à pleurer, se lamentant parce qu’il a perdu beaucoup d’argent au jeu de cartes. […] Infortunée, pourquoi perdre plus de temps à servir ce cruel ?
Elle sent bien alors qu’elle est perdue si elle discute. […] Mais, loin d’y perdre, la peinture de son avarice ne fera qu’y gagner. […] Aussi, dès qu’il l’aura perdue, tous ses instincts de nature prendront-ils une irrésistible revanche. […] S’il se jette à corps perdu dans les dettes, c’est donc la faute de son tyran plus que la sienne. […] S’il a perdu ses droits, c’est parce qu’il a tout le premier manqué à ses devoirs.
Aussi ses doctrines ont perdu pour lui leur autorité singulière et absolue. […] Il y a des maladies qui nous font perdre partiellement la mémoire. […] Prenons un exemple, et supposons que trois naturalistes, bons logiciens, aient perdu à la suite d’une maladie le souvenir net et complet de la nature. […] Uranie cependant ne perd pas courage. […] Schlegel la contredit, seulement pour n’en pas perdre l’habitude ; Jean-Paul l’écoute, et oublie l’une après l’autre toutes ses métaphores ; Hegel, sans le savoir, s’instruit à son école.
Il fut porté par terre, roué de coups, & y auroit perdu la vie, si Montufar, par une présence d’esprit admirable, n’eût pris sa protection, le couvrant de son corps, écartant les plus échauffés à le battre, & s’exposant même à leurs coups. […] Après avoir dit ces paroles avec une fausse douceur, il s’alla jetter, avec un zele encore plus faux, aux pieds de son ennemi, & les lui baisant, non seulement il lui demanda pardon, mais aussi il alla ramasser son épée, son manteau & son chapeau, qui s’étoient perdus dans la confusion. […] Oui, mon cher fils, parlez, traitez-moi de perfide, D’infame, de perdu, de voleur, d’homicide ; Accablez-moi de noms encor plus détestés, Je n’y contredis point, je les ai mérités ; Et j’en veux, à genoux, souffrir l’ignominie, Comme une honte due aux crimes de ma vie. […] J’ai entendu dire par plusieurs personnes que Moliere ne jugeant pas la piece du Dépit amoureux digne de rester au théâtre, & ne voulant point perdre sa plus belle scene, l’avoit transportée dans le Tartufe. […] Pour moi, je pense Que vous perdez l’esprit par cette extravagance ; Et je vous ai laissé tout du long quereller, Pour voir où tout cela pourroit enfin aller.
Je ne sais s’il faut attribuer ce changement à Louis XIV ; mais ce qui parait évident, c’est que chez les écrivains de la seconde génération l’inspiration est devenue moins originale et moins puissante, que la langue, plus délicate et plus souple, a perdu ce caractère de mâle vigueur qu’elle possédait chez Pascal et chez Corneille, qu’elle a conservé chez Bossuet et chez Molière, qu’elle a perdu avec Racine et Fénelon. […] Qu’on se l’appelle le mot si souvent cité de Mmede Sévigné sur la conversion de Racine : « Il aime Dieu comme il a aimé ses maîtresses. » Mmede Champmeslé d’abord, et la religion ensuite, voilà peut-être les deux influences les plus profondes qu’il dut subir : non qu’il faille méconnaître l’ascendant que Louis XIV exerçait sur le poète, puisque Racine ne put se consoler d’avoir perdu, par une bonne action, la faveur royale et que sa disgrâce le tua. […] Plus tard, après la mort de Colbert, ces pensions furent considérablement réduites, et l’on sait que Corneille, près de mourir, aurait perdu la sienne sans l’intervention de Boileau ; mais, dans l’année où elles atteignirent le chiffre le plus élevé, la dépense totale ne dépassa pas 100,000 livres, savoir : 53,000 livres pour les nationaux, 16,000 pour les étrangers, et le reste en gratifications. […] La facilité de gagner augmente chez nos contemporains la passion de s’enrichir : l’art d’écrire est trop souvent devenu une industrie où beaucoup de talent se perd, se gaspille chaque jour.
La Cour ne lui fit pas perdre le goût qu’il avoit pris dès sa jeunesse pour la Comedie ; ses études n’avoient même servi qu’à l’y entretenir. […] Il prit fantaisie à Chapelle en descendant d’Hauteüil, de lui faire perdre cette prérogative, & de le faire monter derriere son carrosse. […] On se contente, dit-il, de leur donner une drogue, que l’on nomme du Pouss, pour leur faire perdre l’esprit, afin qu’ils soient hors d’état de former un parti. […] Le reste du monde nous regarde comme des gens perdus, & nous meprise. […] Les efforts qu’il fit furent si grands qu’une veine se rompit dans ses poumons : un moment après il perdit la parole & fut suffoqué en demie heure par l’abondance du sang qu’il perdit par la bouche.
Tandis que la tradition burlesque régnait presque souverainement sur la scène italienne, et que les types, inventés une fois pour toutes, y reproduisaient chaque ridicule dans son expression générale, nos bouffons ne perdaient pas l’habitude de regarder autour d’eux, de peindre sur le vif un caractère particulier, de saisir l’actualité au passage, d’exercer enfin l’esprit observateur et satirique propre à la nation. […] La tendance qu’avait Gros-Guillaume à singer les travers des gens finit, comme on sait, par le perdre.
Molière ne l’a-t-il placé là que pour la rime, ou voulait-il faire allusion à quelque usage dont le souvenir s’est perdu ? […] Le reste du monde nous regarde comme des gens perdus, et nous méprise. […] La traduction de Molière est perdue : on ne connaît de celle d’Hesnault que l’invocation à Vénus. […] Je laissai donc tout à ce peuple circoncis, jusqu’à ma fièvre quarte, que je perdis avec mon argent. […] Molière n’avait que cinquante-un ans un mois et deux jours lorsque la France le perdit.
On ne voulut pas sentir, enfin, que, s’il est des sujets qui gagnent à recevoir les ornements de la versification, il en est d’autres qui doivent y perdre ; que le sujet de L’Avare pouvait bien être de cette dernière espèce, et que probablement le même lançage qui embellit les nobles boutades d’Alceste, ne ferait que gêner, affaiblir, altérer les saillies plus populaires d’Harpagon1. […] Il ressemble au savetier de la fable qui perdit la gaieté, l’appétit et le sommeil, Du moment qu’il gagna ce qui cause nos peines. […] Enfin, lorsqu’il s’agit de choisir entre sa cassette et sa maîtresse, de perdre l’une ou de renoncer à l’autre, il n’hésite pas, la cassette est préférée. […] Ce Shadwell dit en propres termes, que nos meilleures pièces, maniées par les plus mauvais auteurs de son pays, y gagnent toujours ; qu’on peut juger, d’après cela, si L’Avare a perdu à passer par ses mains ; qu’au reste, s’il a eu recours à Molière, ce n’est ni faute d’esprit ni faute d’invention, c’est simplement par paresse. […] Le roi, par ce traité, renonçait à sa nouvelle conquête, sans en perdre la gloire, et il conservait, du consentement même de l’Espagne, tout ce qu’il avait conquis précédemment sur elle dans les Pays-Bas.
voilà tout le mal ; c’est cela qui nous perd. […] Répétés, ils perdent tout leur effet, ou n’obtiennent plus qu’un froid sourire de réminiscence. […] Comme il perdait toujours au jeu le peu d’argent qu’il avait, la maison de Molière et des Béjart devint la sienne. […] La troupe de Molière avait tout perdu. […] Boileau regrettait qu’on eût perdu cette farce.
Mais est-il naturel qu’on consulte un médecin pour découvrir où est un chien perdu, & pour savoir si l’on est aimé d’une fille ou non. Je consens pour un instant que l’Auteur transporte son action dans un siecle tout-à-fait ignorant : Lise & Grand Simon, simples au point de consulter un médecin pour savoir où est un chien perdu, & ce que pense une fille, le seront-ils jamais au point de prendre les pilules qu’il leur ordonne ?
D’ailleurs, si l’on donne carriere à son imagination, les acteurs, grands ennemis de la dépense, ne veulent pas se charger de la piece : si l’Auteur, gêné par leurs mesquineries, resserre ses idées, il ne pourra pas soutenir l’admiration du spectateur ; & lorsqu’on cesse, dans ces pieces, de le surprendre, tout est perdu. […] L’amante de ce même Officier se déguise en homme pour le suivre : il est accusé de rapt par les parents de la demoiselle ; il est cité devant un Tribunal qui va le condamner à perdre la vie, quand Arlequin change le Tribunal en moulin à vent : les quatre Juges paroissent attachés aux quatre voiles, & tournent avec elles.
On a dit que ce fut cette pièce qui inspira à Milton, voyageant quelques années plus tard en Italie, la première idée du Paradis perdu. […] Giovanni-Battista Andreini perdit son père vers cette époque.
Aussi-tôt qu’il se sentit en cet état, il tourna toutes ses pensées du côté du ciel : un moment après il perdit la parole, & fut suffoqué en demie heure par l’abondance du sang qu’il perdit par la bouche. » Pour ne rien dissimuler, j’avertis ici mon Lecteur, que si l’on en croit d’autres Ecrivains, Moliere n’eut pas la force d’assister à la representation jusques à la fin ; il falut l’emporter chez lui avant que toute la piece eût été jouée. […] Elle contrefit du mieux qu’elle put la personne affligée, mais tout ce qu’on employa ne servit de rien : il mourut en fort peu d’heures, après avoit perdu tout son sang, qu’il jettoit avec abondance par la bouche.
Je pense qu’à la fin je perdrai patience. […] Bien qu’il m’ait voulu perdre, un point d’honneur me presse De secourir ici l’oncle de ma maîtresse. […] Une petite bagatelle à scenes détachées peut échapper à un homme d’esprit, même à un homme de génie ; il la donne alors sans prétention ; c’est un enfant perdu qu’il livre au caprice du public : s’il fait plusieurs actes, l’ouvrage acquiert pour lors une certaine consistance qui le fait juger avec sévérité.
L’Agent Dont il se sert toujours pour ce petit négoce, Dit qu’ils perdent moitié. […] Dit qu’ils perdent moitié. […] Si Cléon, qui s’annonce si bien, se soutenoit toujours sur le même ton, la piece seroit une des meilleures que nous ayons au théâtre ; mais bientôt, & dans la même scene, il se fait prier pour prêter à sa maîtresse une somme qu’elle a perdue au jeu : je ne reconnois plus là le Dissipateur.
Vous perdez le sens. […] Vous perdez le sens. […] Je connois très bien les beautés inestimables de cette piece ; & s’il étoit question d’en faire l’éloge, je saurois peut-être dire avec emphase, comme tout autre, qu’elle est l’ouvrage le plus parfait de tous les Théâtres ; que Moliere a eu pour objet la critique universelle du genre humain ; qu’on ne perd jamais de vue le Misanthrope, & qu’il est le centre d’où partent les rayons de lumiere qui éclairent tous les autres personnages : mais je parle à des jeunes gens, & je dois les exhorter à ne pas se laisser éblouir par un ouvrage qui cache continuellement, sous les plus grandes beautés, les défauts de la grande machine. […] » J’ai déja dit, je crois, qu’il falloit travailler avec autant de soin le plan d’une seule scene que celui d’une piece entiere ; &, je le répete, parceque c’est une vérité très essentielle, si, comme le dit le Pere Brumoi, l’intrigue d’une piece est un labyrinthe qui va & revient sur lui-même, dans lequel on aime à se perdre en cherchant à en sortir, le plus petit de ses détours doit, à mon avis, avoir une entrée agréable, & nous conduire, par un sentier fleuri, vers une issue qui nous rejette dans le centre.
Elvire l’arrête, lui reproche de l’avoir trompée, de l’avoir entraînée dans le précipice ; lui demande si elle a perdu son cœur pour toujours. […] Le maître a perdu connoissance : le valet, plus robuste, confie Don Juan à la jeune fille, & court vers quelques cabanes voisines, pour demander de quoi faire revenir son patron. […] Arlequin répond sans perdre un coup de dent. […] L’endroit que vous me demandez là me feroit perdre six bouchées. […] Un joueur perd tout son bien : il est persécuté par plusieurs créanciers.
Mais les soins que j’ai pris, je les ai perdus tous. […] J’aurai le plaisir de perdre mon procès. […] Ne conviendrez-vous pas qu’il vaut encore mieux empêcher une injustice, si l’on peut, que d’avoir le plaisir de perdre son procès? […] Qu’il est adroit d’avoir donné ce défaut à un mari d’ailleurs beaucoup plus sensé que sa femme, mais qui perd, faute de caractère, tout l’avantage que lui donnerait sa raison ! […] Il était adoré de ses camarades, quoiqu’il leur fît du bien ; et il mourut presque sur le théâtre, pour n’avoir pas voulu leur faire perdre le profit d’une représentation.
. — Ainsi donc ces fruits du génie, ayant perdu le duvet et la fleur, nous sont vainement offerts : si quelques autres, de même qualité environ, restent dans le fruitier, qui s’en aperçoit ? […] La Princesse d’Élide (disparue du théâtre depuis 1757) ne réussit jamais à la ville aussi bien qu’à la cour ; le Mariage forcé, de même, eut son plus beau succès le premier. — C’est que de toutes ces pièces, même des meilleures, même de celles qui se passeraient le moins malaisément de secours étrangers, Molière eût dit volontiers ce qu’il disait de l’Amour médecin, dans son Avis au lecteur : « Il serait à souhaiter que ces sortes d’ouvrages pussent toujours se montrer à vous avec les ornements qui les accompagnent chez le roi. » Cependant, à ses moments perdus, ce fournisseur de Sa Majesté composait pour lui-même et pour le vulgaire quelques autres pièces, comme l’École des femmes, Don Juan, le Misanthrope, Tartufe (dont les trois premiers actes, il est vrai, furent d’abord essayés à Versailles quelques jours après le divertissement de l’île enchantée), enfin les Femmes savantes. […] L’Amour partira-t-il « du bord du théâtre, et, après avoir fait un tour en volant, se perdra-t-il » dans les frises ?
Françoise perdit sa tante ; quelque temps après, elle perdit sa mère. […] Elle la perdit en 1666, à la mort de cette princesse.
Elles attisent sans cesse chez lui l’ardeur de les accroître, et le font vivre dans de perpétuelles angoisses par la crainte qu’il a de les perdre. […] C’est pour avoir trop perdu de vue cette importante vérité que tant d’auteurs se sont fourvoyés, qu’ils ont négligé l’étude des mœurs et se sont jetés dans la comédie romanesque, sentimentale et larmoyante. […] Cela n’était nullement supposable, et il a fallu toute l’imminence du danger qui menaçait sa famille, l’avenir perdu de la pauvre Marianne, et enfin l’impossibilité de détromper son mari par d’autres moyens, pour qu’elle s’y résignât. […] La passion amoureuse de Tartuffe est opposée à son caractère, et c’est cette passion qui le perd, cela est évident. […] Il lui demande ’ la grâce de son fils, de ce fils ingrat qui l’a voulu perdre en l’accusant injustement.
Pourquoi, des trois grands poètes dramatiques du xviie siècle, Molière a-t-il le moins perdu au théâtre ? […] Si la race en est perdue, il est tels maîtres aujourd’hui qui la ressusciteraient. […] Alceste a un procès : cela arrive à tout le monde ; mais il l’aurait eu plus tard, et avec moins de chances de le perdre, s’il ne s’était pas entêté à vouloir que la justice soit l’équité. […] Le plus modéré, le sage de la pièce, Cléante, est toujours près de perdre patience ; Damis éclate dès le commencement ; Dorine, pour dire trop haut ce qu’elle a sur le cœur, risque à chaque instant de se faire chasser. […] Plus tard, marié et malheureux, mais n’ayant pas perdu l’espoir de ramener sa femme, il se servait du rôle d’Elmire, dans Tartufe, pour la toucher par le spectacle d’une femme d’honneur qui défend sa vertu contre la séduction.
Les amoureux : Valère, Lélie, Horace, Léandre, ne perdirent que la terminaison italienne de leurs noms ; il en fut de même des amoureuses, surtout de celles qui n’avaient point de physionomie très caractérisée : Célie, Isabelle, Angélique, Lucinde, Zerbinette. […] Toute cette tradition comique, qui semblait ne rien produire que d’éphémère, ne fut ainsi ni inutile ni perdue ; et Molière, en la faisant contribuer à son œuvre, fit rejaillir sur elle un peu de l’éclatante lumière dont celle-ci est éclairée.
Je consens à croire que les contemporains découvriraient dans ces admirables compositions des allusions, des portraits qui sont perdus pour nous ; mais le plus grand mérite de Molière est d’avoir mis constamment la vérité humaine, c’est-à-dire la vérité de tous les âges, au-dessus de la vérité locale et passagère. […] Il y a des moments où sa voix ne s’entend plus ; l’oreille la plus attentive ne saisit qu’à peine un son qui semble être perdu dans le lointain. […] Heureusement il se défend par lui-même ; autrement sa cause serait perdue. […] Cependant je ne crois pas inutile de réclamer, car la cause du bon sens est toujours bonne à défendre ; perdue aujourd’hui, qui sait si elle ne triomphera pas demain ?
Un sot a tout perdu ; mais l’Etat n’y perd rien. […] Perdez-vous la raison ? […] Je ne croyais pas vous rattraper à Paris ; mais il paraît que vous avez perdu du temps… — Oh ! […] A un certain degré d’outrance grotesque, le comique perd son venin, comme à un certain degré d’hyperbole, le tragique généreux perd ou perdrait tout son pouvoir d’excitation à l’enthousiasme. […] … Force-t-on vos filles à perdre leur temps en niaiseries ?
Les siècles ont transformé la société, ils ont enseveli les pompes fastueuses de Versailles; il n’y a plus ni roi, ni cour; mais l’homme n’a point changé; nos travers ont pris un autre nom, un autre habit sans rien perdre de leur nature, et en riant des Sganarelle, des Géronte, des Trissotin, des Purgon, des Orgon, de M. […] On nous avait ravi Clémence Isaure, réduite par la critique moderne à l’état de simple mythe ; nous risquons fort de perdre bientôt la Laure traditionnelle de Pétrarque, cette belle Laure de Noves qui se croyait immortelle et que l’on est en train de remplacer par une autre Laure, nouvellement découverte. […] On s’est bien souvent demandé si notre littérature avait plus gagné que perdu à quitter sa voie naturelle, ses traditions propres, sa libre allure, pour se mettre au service de l’imitation et n’être plus qu’un reflet, plus ou moins brillant, de l’antiquité grecque et romaine. […] C’est alors qu’a lieu cette incomparable scène de l’affolement du drapier, qui, retrouvant à l’audience, en robe d’avocat, ce Patelin qu’il a laissé à l’agonie et délirant, perd la tête, confond ses moutons et son drap, interpelle Patelin et le berger, brouille tout, met le juge en confusion et finalement se fait envoyer hors de cour avec dépens. […] Le génie de notre nation se trouve comme accablé, pendant près d’un siècle, par l’étourdissement que lui cause l’irruption subite des auteurs de l’antiquité; la phrase française prend d’autres allures et cherche à se calquer sur la phrase latine ; le vocabulaire même se modifie, nombre de mots se perdent, d’autres naissent plus ou moins heureusement de l’imitation.
Nous perdons ce beau moment où Léonor, forcée par son époux de parler à son amant à travers le mur, attend de sa réponse la vie ou la mort. […] Il perd toutes les filles de réputation ; je vous l’avois bien dit. […] Madame, vous me perdez. […] Ne perdons point de temps : allons, viens, Lucas. […] Plusieurs de ses petites pieces, comme le Fonds perdu, la Désolation des Joueuses, la Maison de campagne, la Gazette, la Foire de Bezons, les Eaux de Bourbon, la Loterie, &c.
On le reconnoît, on lui donne des coups de bâton, on le garde à vue ; on va chercher Moncade, qui paroît un instant après, qui laisse voir toute sa perfidie & perd sa maîtresse. […] Assurément, tu perds l’esprit, Lisette.
Ouvre, me dit-il, n’appréhende rien ; tu verras un petit enfant qui est tout mouillé & qui s’est perdu dans l’obscurité. […] Elles se leverent toutes deux, sauterent du lit en criant, nous sommes perdues : elles se calmerent quand elles virent que les langes tenoient bien ; elles reprirent leurs places : je les menaçai de leur faire l’affront de m’endormir ; elles ne me répondirent qu’en m’insultant sur les bonnes fortunes que je perdois.
Supposons-la perdue pour le roi dans une vaine galanterie, comme la précédente ; perdue pour madame de Montespan, dans les tourments d’une ambition réprimée et dans les fureurs d’une jalousie sans amour.
Tout passe, tout est bon, tout est vrai, les critiques perdent leur temps. […] Par les emplois, par les arts, par l’Église, la bourgeoisie prenait le pas de tous côtés, et de tous côtés la noblesse le perdait. […] Il faut l’entière et rare imbécillité de ce bourgeois pour que le fourbe ne perde pas aussitôt tout crédit. […] Un grand péril de l’Église qu’ils viennent de découvrir à l’instant : on veut perdre la religion, on la perd, elle est perdue s’ils ne se hâtent. […] On n’est pas tous les jours disposé à perdre une cause pour la seule beauté du fait !
Remarquons, cependant, qu’il y eut chez lui plusieurs La Forest successives, dont l’une, de son vrai nom Louise Lefebvre, mourut en 1668 ; suivant un usage qui n’est pas perdu, lorsqu’il changeait de cuisinière, il donnait à la nouvelle le nom de l’ancienne. […] Il ne perd jamais une occasion de célébrer l’amour simple et complet, celui qu’inspire la bonne loi naturelle. […] Six ans avant Psyché, un de ses amis, La Mothe Le Vayer, qui faisait profession de philosophie et de force d’âme, avait perdu un fils de trente-cinq ans, homme d’une grande distinction. […] Paul Mesnard conjecture qu’il pourrait bien y avoir ici une allusion aux inquiétudes éprouvées par le poète pour un fils, son premier-né, qu’il perdit quelques semaines après. […] On peut se demander toutefois si, en se séparant ainsi de ses contemporains, Molière n’a point perdu quelque chose.
Il regrettait fort qu’on eût perdu sa petite comédie du Docteur amoureux, parce qu’il y a toujours quelque chose de saillant et d’instructif dans ses moindres ouvrages.
Les arts ont pour but de plaire : être utile, instruire, moraliser, sont choses accessoires qui peuvent manquer dans les œuvres d’art sans qu’elles perdent pour cela rien de leur valeur artistique3. […] — « Il ne me soucie guère que le théâtre soit une succursale du temple ou une annexe de l’école, et, sans lui donner une mission si haute, je me contente de le trouver un lieu commode pour y passer agréablement quelques bonnes heures d’un temps bien perdu, sans remords ni regrets. » Galien-Arnoult, Réponse au remerciement de M. […] Il faut avouer que ce grand homme a bien perdu sa peine ; il a fait là vraiment deux fameux élèves. » Molière, act.
Puisque vous le voulez, que je perde la vie Lorsque de vous parler je reprendrai l’envie. […] Mais alors qu’on les aime, on ne peut en effet Se résoudre à les perdre ; & vous, vous l’avez fait. […] Nous perdrions le droit du libre arbitre. […] Doncque, si de parler le pouvoir m’est ôté, Pour moi, j’aime autant perdre aussi l’humanité, Et changer mon essence en celle d’une bête.
« Je laissai donc à tout ce peuple circoncis jusqu’à ma fièvre quarte que je perdis avec mon argent. […] Le mardi 11 octobre 1672 il perdit son petit garçon. […] C’est que le luxe est comme l’esprit : il perd d’un côté ce qu’il gagne de l’autre. […] C’était presque toujours du bien perdu : des perles dans du fumier ; des trésors enfouis comme des morts à six pieds sous terre. […] D’ailleurs, les femmes de Molière ne croyaient pas perdre leurs droits à la vertu pour avoir aimé Molière.
Le premier tremble de perdre ce qu’il aime, il hésite longtemps avant de se décider. […] L’exposition. — Trop compliquée ; elle n’offre qu’un roman dans lequel on se perd, et qui rend la marche la contexture du drame assez fatigantes. […] Ses amis prévoyaient, depuis longtemps, qu’il perdrait enfin patience. […] ne figurerait-elle pas, sans rien perdre de sa beauté, dans toutes les pièces où il y a deux amants ? […] Une précaution de plus, et la leçon serait perdue.
La calomnie n’y perdra rien. […] Molière ne perdit aucun de ses gestes, aucun de ses propos. […] Dans toute cette bagarre, il avait encore perdu son premier titre : Don Juan. […] Elle se perdit, à force de monter. […] L’un était pour jamais perdu, l’autre devait survivre.
1775, Anecdotes dramatiques, tome I, p. 559-560 Les hypocrites avaient été tellement irrités par le Tartuffe, que l’on fît courir dans Paris un livre abominable, que l’on mit sur le compte de Molière pour le perdre.
Les villes d’université comme Bologne enfantèrent tout naturellement le docteur, le pédant ridicule, dont chaque mot est une délicieuse ânerie ; les modèles n’étaient pas rares dans un temps où l’engouement pour les lettres grecques et latines dégénérait aisément en folie ; c’était l’époque où Philelphe le Florentin et Timothée entamaient, à propos de la force d’une syllabe grecque, une querelle acharnée, dans laquelle le dernier jouait et perdait sa grande barbe et en mourait de chagrin. […] Quant aux fourbes, les Napolitains en particulier n’en laissaient pas perdre la race, ils étaient bien capables d’enrichir la fertile lignée des valets intrigants et impudents du théâtre antique3.
De ce moment, le théâtre italien prend aux yeux de l’histoire un intérêt d’une autre sorte ; mais il perd celui qu’il offrait pour le sujet qui nous occupe principalement ; ou plutôt la thèse se retourne pour ainsi dire : les Italiens nous imitèrent à leur tour. […] Il y avait, à cette dernière date, un peu plus d’une année que la troupe italienne avait perdu le fameux Dominique.
« La comédie de La Princesse d’Élide, dit Voltaire, quoiqu’elle ne soit pas une des meilleures de Molière, fut un des plus agréables ornements de ces jeux, par une infinité d’allégories fines sur les mœurs du temps, et par des à-propos qui font l’agrément de ces fêtes, mais qui sont perdus pour la postérité. » Il faut croire que Voltaire, lorsqu’il écrivit ces lignes, n’avait conservé de la pièce qu’un souvenir peu fidèle. […] Lorsqu’il semble braver avec quelque audace l’avertissement que le ciel lui donne en faisant mouvoir et parler une statue, son assurance n’est que de la forfanterie, son courage n’est autre chose que la crainte de paraître céder à des terreurs qu’il a toujours eu l’air de mépriser : au fond de l’âme, il ressent un effroi véritable, et la religion à laquelle il insulte est loin d’avoir perdu sur lui tout son empire. Molière excepté, tous les imitateurs de Tirso de Molina ont, comme lui, fait de don Juan un de ces hommes qui ne sont au fond ni croyants ni incrédules, un de ces libertins de mœurs plutôt que d’opinions, à qui une vie toute de désordres a fait perdre de vue les principes religieux, sans que jamais leur esprit se soit appliqué à les combattre.
Le peuple a perdu son caractère primitif, il n’a plus ce naturel si précieux qui seul peut distinguer le faux du vrai ; seulement l’éducation ne l’ayant pas poli, il a conservé quelque chose du langage grossier de ses pères. […] Mais si le peuple a perdu cet amour du naturel, fondement de tous les arts, il n’en est pas de même des enfants, trop jeunes pour être parfaitement imbus de nos idées sociales : partout ils reconnaissent la nature. […] De tous les vices qui dégradent l’homme, lui font perdre l’estime de ses semblables, le rendent digne du mépris général, celui contre lequel la société entière doit réunir tous ses efforts, qu’elle doit attaquer et poursuivre continuellement, c’est l’hypocrisie.
C’est un transport si grand, qu’il n’en est point de même ; Et vous pouvez juger de sa puissance extrême, Puisque, seule, à cette heure, elle est venue ici Me découvrir, à moi, son amoureux souci, Me dire absolument qu’elle perdra la vie, Si son ame n’obtient l’effet de son envie ; Que depuis plus d’un an d’assez vives ardeurs Dans un secret commerce entretenoient leurs cœurs, Et que même ils s’étoient, leur flamme étant nouvelle, Donné de s’épouser une foi mutuelle. […] J’ose même penser que, de cette façon, le comique ne perdra rien de sa vivacité, puisque Sganarelle rit toujours d’un malheur qu’il essuie, & presse également un hymen qui le mettra au désespoir.