Madame de Montespan, par ses plaintes, par ses insinuations, faisait varier sans cesse, non l’estime et l’affection du roi pour la gouvernante, mais son accueil et son humeur : celle-ci, confiante et dépitée tour à tour, suivant que les influences de la maîtresse s’exerçaient pour ou contre elle. […] « Madame de Richelieu a reçu des lettres du roi si excessivement tendres et obligeantes, qu’elle doit être plus que payée de tout ce qu’elle a fait. » Le roi, dont l’amour s’était ranimé par l’absence, par la contradiction et par l’ivresse d’une campagne glorieuse, était bien aise que sa maîtresse fut toujours considérée à la cour, et l’entrée en grâce près de la reine. […] « Il est certain que l’ami (le roi) et Quanto (madame de Montespan) sont véritablement séparés ; mais la douleur de la demoiselle (madame de Montespan) est fréquente et même jusqu’aux larmes, de voir à quel point l’ami s’en passe bien, Il ne pleurait que sa liberté et ce lieu de sûreté contre la dame du château. » Il ne pleurait, pendant la séparation, que la liberté qu’il trouvait dans la maison de la maîtresse, et un lieu où il pouvait échappera l’ennui que lui causait la société de la reine.) « Le reste (l’intimité de sa maîtresse), par quelque raison que ce puisse être, ne lui tenait plus au cœur. […] L’absence, les lettres, raniment l’amour du roi pour sa maîtresse.
Elle ne veut point être maîtresse, mais amie d’un prince à qui il faut faire perdre l’habitude des plaisirs désordonnés et apprendre ceux de l’amitié. […] Je vous dis le fait sans aucune paraphrase. » Les maîtresses de François Ier, de Henri II, les Châteaubriant, les duchesses de Valentinois, n’ont pas poussé l’impudence aussi loin. […] Elle n’ignorait pas la correspondance qui, nonobstant le jubilé, s’était établie entre le roi et sa maîtresse. […] Il est impossible de pousser l’impudence plus loin que d’affronter tout ensemble, et la maîtresse qu’on a trahie et supplantée, et la reine, qu’on a outragée et que l’on doit outrager encore.
Marton vient sur le théâtre pour respirer, elle est lasse de voir pleurer ses deux maîtresses. […] Dans la premiere, Dave demande à Mysis des nouvelles de l’Andrienne ; elle répond que sa maîtresse appréhende de voir casser son mariage, & que cette crainte redouble son mal. […] Mysis, seule, déplore l’infortune de sa maîtresse. […] Elle vous en soutiendra bien d’autres, si vous l’écoutez, dit-il ; elle vous dira que sa maîtresse est citoyenne. […] Misis regarde Dave comme un monstre déchaîné contre sa maîtresse : il lui dit qu’il n’a feint que pour donner plus de vraisemblance à ses discours.
Durval croit tenir des témoins convaincants de l’infidélité de sa femme ; il appelle à grands cris son beau-pere, son ami, toute la maison, leur distribue les lettres : il se trouve enfin qu’elles sont de lui, & qu’une de ses maîtresses les a renvoyées à sa femme. […] Il se méprend aussi sur la cause de la rondeur énorme de sa Zamante : elle dénoue un cordon, la terrine tombe, le beau Liandre demande excuse d’un emportement que sa méprise rendoit excusable, baise les chers tessons de la bénite terrine qui lui a conservé sa maîtresse, & l’épouse. […] Juliette, chargée de la faire accepter, veut pousser sa maîtresse à bout, change le texte, & feint de lire ce qui suit : ACTE II. […] M. le Président, peu sensible à son riche embonpoint, lorgna celle d’une jeune Marton qui fut cruelle, avertit sa maîtresse, & l’instruisit si bien, qu’elle surprit son vieux perfide prosterné humblement aux pieds de la fripponne, & lui présentant sa tendre requête.
L’accord qu’ils font entre eux de se dire les marques d’estime qu’ils recevront de leurs maîtresses est une adresse de l’auteur qui prépare la fin de sa pièce, comme vous le remarquerez dans la suite. […] Ils le laissent avec sa maîtresse qui paraît, et se retirent. […] Son chagrin, qui l’oblige à se promener et rêver, le fait retirer dans un coin de la chambre, où il voit aussitôt entrer sa maîtresse accompagnée de l’homme avec qui il a eu démêlé pour le sonnet. […] Ils sont interrompus par la prude, et par les marquis qui apportent chacun une lettre qu’elle a écrite contre eux : ce que l’auteur a préparé dès le troisième acte, en leur faisant promettre qu’ils se montreraient ce qu’ils recevraient de leurs maîtresses. […] Clitandre et Adraste, à la faveur de leur déguisement, trouvent le moyen d’en tenir leurs maîtresses en particulier, quoique Sganarelle et Dom Pèdre, soient sur la scène.
Vous avez beau remonter à l’origine des choses et des idées ou à l’A B C de la grammaire et de la rhétorique, suivre un à un les pas de la logique ou faire appel au sens commun simplement, mettre en avant la raison ou, ce qui vaut mieux, la nature ; au fond de toutes vos théories littéraires il y a un sentiment, pas autre chose, analogue, non point au sentiment large d’un homme libre de préjugés qui trouve belles toutes les belles fleurs et belles toutes les belles femmes, chacune dans son genre de beauté, mais au sentiment étroit d’un petit propriétaire qui n’a d’yeux que pour les fleurs de ses plates-bandes et de ses pois, ou d’un jeune amoureux prêt à rompre les os au premier qui osera dire que sa maîtresse n’est pas la plus belle femme du monde. […] Taine, sorti de l’école historique, prétend réduire toutes les facultés d’un artiste à une seule faculté maîtresse, toutes les facultés maîtresses de tous les artistes d’un même peuple à une grande faculté générale qui sera, par exemple, le génie oratoire pour Rome, enfin les divers génies des peuples issus d’une souche commune à l’unité de la race, et ainsi, d’abstraction en abstraction, il raréfie la critique littéraire.
Et ensuite, comment madame Scarron aurait-elle pu croire que si la maîtresse du roi avait eu des enfants d’un autre que lui, on se fût adressé à elle pour élever ces enfants destinés à être les rebuts Ce tout le monde ; que les ducs de Richelieu et de Vivonne, et le marquis de Louvois se fussent entremis pour procurer une gouvernante comme elle à d’ignobles bâtards ? […] Elle avait besoin de cette garantie contre le reproche de s’être dévouée à la maîtresse du roi, et d’être entrée en quelque sorte au service de ses amours. […] Par la piété, il est vrai, elle put à la suite combattre la faiblesse du roi pour madame de Montespan ; mais par l’emploi de ce moyen, elle s’interdisait de profiter de ses succès, en combattant l’habitude des maîtresses par la religion, et ne prenait pas le chemin de le devenir. […] Les arrangements qui eurent lieu pour l’éducation des deux premiers enfants du roi et de sa maîtresse, en 1670, ne doivent pas être confondus avec ceux qui, comme nous le verrons, se firent deux ans plus tard, en 1672, lorsque leur nombre fut double.
Marton se confirme dans l’idée où elle étoit que sa maîtresse aime Lindor. […] Il vouloit avoir une jolie maîtresse, & un excellent cheval de bataille ; il se regardoit dans une glace faisant l’exercice à la Prussienne. […] Ta maîtresse est assez bien ; mais a-t-elle cette taille, cet air leste, cette fraîcheur, cette gentillesse ? […] Pour Philis . . . ma maîtresse. […] Mais cette comparaison-là effraiera ma maîtresse . . . . . .
Il veut épouser la maîtresse de son fils, pourvu qu’il y trouve quelque bien. […] Frosine a beau flatter Harpagon, en vantant sa fraîcheur, ses manieres, en lui peignant les charmes de sa maîtresse, l’amour qu’elle a pour lui, les avantages qu’il en retirera en l’épousant : tout cela est inutile ; elle ne peut en obtenir le moindre petit secours. […] Harpagon, obligé de donner à souper à sa maîtresse, recommande à Dame Claude de ne pas frotter les meubles trop fort, crainte de les user, & lui promet de rabattre sur ses gages toutes les bouteilles qui se casseront. […] Il a été autant avare avec sa maîtresse, & plus, qu’avec tous les autres personnages : & c’est son avarice seule qui, durant toute la piece, a vivifié l’action.
L’un d’eux parle ainsi : Le jour qu’on n’entendoit rien que hautbois sonner, Et les sons des flageols par les bois résonner, Le pâtre sauter d’aise avecque sa maîtresse, Folâtrer, baisotter, il faut que je confesse Que je ne cessai point d’accoller ma catin, Jusques à serre-nuit dès le fin grand matin. […] Fortunian a même l’avantage de conserver par-là les jours à sa maîtresse, qui, soupçonnée d’avoir écouté l’Amour, alloit être immolée à Diane. […] Sa maîtresse lui fit infidélité : il vole chez la perfide, qui lui répond : Fontenelle, lorsque je vous pris, c’étoit sans contredit le plaisir que je cherchois : j’en trouve plus avec un autre : est-ce au moindre plaisir que je dois donner la préférence ?
Comment l’opinion publique contestera-t-elle à un tel roi le droit d’avoir une maîtresse, quand il y a peu de femmes qui ne désirassent de l’être ? Néanmoins, quand la maîtresse du roi ne fait pas scandale dans la société, la société est plus corrompue que le roi, parce que, en l’imitant, elle n’a pas comme lui l’excuse de mariages formés par la politique, au lieu de l’être par les convenances morales.
Tu sais quelle amitié de tout temps fit paroître L’époux de ta maîtresse au pere de mon maître ; Qu’ils étoient grands amis, n’étant encore qu’enfants, Et qu’il y peut avoir déja près de huit ans Que ton maître, embarqué sur mer pour ses affaires, Fut pris, & chez les Turcs vendu par des corsaires. Tu sais que ta maîtresse en eut peu de douleur, Et très patiemment supporta ce malheur ; Que loin de rechercher, craignant sa délivrance, Elle le tint pour mort, & prit le deuil d’avance. […] C’est de tous ses secrets l’unique confident, Et de ses actions le directeur prudent : Il le choie, il l’embrasse ; & pour une maîtresse, On ne sauroit, je pense, avoir plus de tendresse. […] Entre nous, j’entrevois Que ma maîtresse l’aime ; & cependant je crois Qu’il ne doit pas long-temps compter sur sa tendresse ; Car avec de l’esprit, du sens, de la sagesse, Des graces, des attraits, elle n’a pas le don D’aimer avec constance. […] Patience pour cela, mais ce sera encore à recommencer quand sa maîtresse aura accouché, quand le jour de la naissance de l’enfant viendra, quand il sera initié aux grands mysteres : enfin à toutes les bonnes fêtes on donnera à l’enfant, & ce sera la mere qui en profitera.
Ces deux années amenèrent enfin le dénouement des difficultés qui compliquaient la situation de madame de Maintenon, de madame de Montespan et des maîtresses. […] Madame de Montespan veut absolument que je cherche à être sa maîtresse (du roi). […] De plus, Sa Majesté va très souvent passer deux heures de l’après-dîner dans la chambre de madame de Maintenon, à causer avec une amitié, un air libre et naturel qui rend cette place la plus désirable du monde. » Telle était la jalousie de madame de Montespan pour madame de Maintenon, qu’elle prenait à peine garde à la maîtresse en titre, madame de Fontanges, dont pourtant le roi s’appliquait à manifester le règne par une ostentation et des profusions sans exemple. […] Laissons aux âmes communes (et madame de Montespan était du nombre, malgré la distinction de son esprit la satisfaction de penser, ou de le dire, que madame de Maintenon mit en œuvre tous les manèges de la coquetterie pour se faire aimer du roi, et elle qui, pouvant devenir sa maîtresse, le ramène à ses devoirs de mari. Qu’on l’accuse de s’être faite dévote et d’avoir fait manœuvrer des prêtres pour se faire épouser, elle qui avait acquis le cœur du roi et obtenu sa renonciation aux maîtresses, durant la vie de la reine plus jeune qu’elle !
J’exige qu’elle s’explique, elle insiste ; je la presse, elle finit par s’écrier avec des torrents de larmes : O ma Maîtresse ! […] Faire mourir notre belle maîtresse, Peut-être un jour elle nous fra du bien.
Timon ruiné, abandonné ensuite par ses amis, trahi par sa maîtresse, fuit d’Athenes la rage dans le cœur, & la bêche à la main, travaille la terre pour y chercher de quoi vivre. […] donnez, je vous prie, un heureux accouchement à ma maîtresse, & faites que si la sage-femme doit faire quelque faute, elle la fasse plutôt sur d’autres que sur elle. […] Courons de ce bonheur informer ma maîtresse.
Le jeune homme se retira avec une joie extrême d’avoir reçu des assurances de l’amour de sa maîtresse, & des présents magnifiques qu’il lui montra de loin en passant sous ses fenêtres. […] Le pere, étonné d’une pareille nouvelle, fait à ce fils des reproches sanglants, l’oblige d’aller trouver sa maîtresse, & de lui demander pardon de ses importunités : le fils, qui soupçonne la ruse, obéit. […] Il a des maîtresses ; je lui donnerai de l’argent pendant que je le pourrai. . . . . […] Une fille maîtresse & coquette suprême !
Jourdain, lui voler une bague & lui faire régaler sa maîtresse, se souciant fort peu de passer pour le Mercure du bourgeois : qu’on mette, dis-je, aujourd’hui un pareil intrigant dans une piece, & les gens du bel air vont lapider l’Auteur. […] Chez moi je suis maîtresse, & l’hymen contracté, Lisette étant pour nous, tout est en sureté. […] Ce n’est pas, je le répete, que le grand monde n’ait ses intrigues : ses héros, sans parler de ceux qui déshonorent leur rang, s’ingénient continuellement, les uns pour supplanter un rival en faveur auprès du maître, les autres pour se souffler des amants ou des maîtresses ; ceux-ci pour se mystifier, ceux-là pour se faire des noirceurs atroces.
Dorine persiste à dire de lui tout le mal possible, & à soutenir que sa jeune maîtresse n’est pas l’affaire d’un bigot. […] Lisette prie Pasquin de lui peindre le caractere de son maître, & dévoile en échange celui de sa maîtresse. […] Si Cléon, qui s’annonce si bien, se soutenoit toujours sur le même ton, la piece seroit une des meilleures que nous ayons au théâtre ; mais bientôt, & dans la même scene, il se fait prier pour prêter à sa maîtresse une somme qu’elle a perdue au jeu : je ne reconnois plus là le Dissipateur.
Bientôt rebuté par une maîtresse trop exigeante, il en chercha une plus facile. […] Il le trouva plus aveuglé que jamais pour sa nouvelle maîtresse, & dans la ferme résolution de faire rompre son mariage. […] Une de ses maîtresses, piquée d’être dédaignée, renvoya les lettres de l’époux à l’épouse.
« maîtresse. […] Tu reconnoîtras facilement ce caractere ; c’est celui de ma maîtresse. […] Il sent qu’il ne mérite plus le pardon de sa maîtresse ; mais il ne peut vivre sans elle : il leve la main pour se délivrer de la vie ; Delmire l’arrête, en lui criant que ses jours ne sont pas à lui. […] Dans Moliere, lorsque le Prince croit voir un homme entre les bras d’Elvire, c’est par la faute d’Elise, qui laisse une porte entr’ouverte en allant avertir sa maîtresse. […] Je trouve d’ailleurs que le héros Italien, en tremblant au moment de pousser sa maîtresse à bout, en craignant de la perdre peut-être pour toujours, en se persuadant quelquefois qu’elle peut être innocente malgré les apparences, est beaucoup plus intéressant que Don Garcie, qui, sans frémir sur le bord du précipice où il se trouve, ne balance seulement pas, n’est point alarmé des menaces d’Elvire, & consent, sans hésiter, à la perdre en la forçant de se justifier.
Mais ce n’est ni pour une maîtresse ni pour une femme que Corneille, Racine, Molière, furent ce qu’ils furent. […] C’est que nous sommes ainsi faits ; l’amour le plus pur prend les confidents les plus méprisables451 ; le cœur le plus respectueux pour sa maîtresse manque de respect à son père452 ; l’âme la plus ferme, la plus sage, se désespère d’une chimère ou d’un doute453 : pauvres amoureux, comme les voilà pour rien inquiets, jaloux, brouillés, perdus ! […] Il sera pur463 : jamais un amant, qui aime de l’amour peint par Molière, ne songera à faire sa maîtresse de son amante, ou plutôt ce mot de maîtresse deviendra chaste dans sa bouche et dans sa pensée ; il sera toujours ému de respect devant celle en qui il vénère sa propre dignité et son honneur même.
À la fin de la pièce, une foule de masques viennent se joindre aux musiciens pour chanter tous ensemble à Louis XIV, à ses deux maîtresses, à sa cour : Soyez toujours amoureux, C’est le moyen d’être heureux. […] En 1668, année de la première représentation d’Amphitryon, la marquise de Montespan était véritablement maîtresse en titre. […] Mme de Montespan, dont l’avènement datait de 1668, était maîtresse du roi en même temps que Mlle » de la Vallière, qui allait s’enfuir au couvent pour la seconde fois en 1671. […] Molière fait allusion à ces hésitations entre les deux maîtresses et à ce retour vers la première dans la première entrée de Ballet du troisième intermède, où se trouve une petite scène intitulée Dépit amoureux, qui consiste uniquement dans la traduction gracieuse de l’ode d’Horace : Donec gratus eram tibi (Lib.
Harpagon demande à Maître Jacques ce qu’il faudra pour un souper qu’il veut donner à sa maîtresse. […] Notre jeune amoureux n’avoit donc d’autre consolation que de repaître ses yeux, de suivre sa maîtresse, & de l’accompagner quand elle alloit chez ses maîtres de musique, & de la ramener chez elle. […] Albert, qui tremble à l’approche de tout homme, & qui craint sans cesse qu’on lui enleve sa maîtresse, répond brusquement : Albert.
Turcaret se pique du fol orgueil d’avoir pour maîtresse une femme de condition qui le joue, le hait, le méprise, le pille, & le trompe pour un chevalier ; lorsqu’il envoie un billet au porteur, excellent, & de fort mauvais vers à sa maîtresse ; lorsqu’il veut faire jetter sa maison trente fois à bas pour la faire construire de façon qu’il n’y manque pas un Iota, & qu’il ne soit pas sifflé de ses confreres ; lorsqu’il prétend être connoisseur en musique parcequ’il est abonné à l’Opéra ; lorsqu’il admet à sa table un Poëte qui ne dit rien, mais qui mange & pense beaucoup ; lorsqu’il vend des emplois ; lorsqu’il en donne aux rivaux qui l’embarrassent ; lorsqu’à la priere de sa maîtresse il fait un commis de ce laquais naïf qui prie la dame de se servir toujours du même rouge, afin de plaire à son protecteur, & ne pas le mettre dans le cas d’être révoqué ; lorsqu’il refuse de payer à sa femme une modique pension & qu’il se ruine pour une fripponne à laquelle il donne pour dix mille francs de porcelaines, un carrosse, une maison de campagne, &c.
Les femmes, jusqu’à présent souveraines maîtresses, ne vont plus être que les très humbles esclaves de l’amour. […] le roi Louis XIV est tremblant devant sa maîtresse, implorant un regard qu’il n’obtient pas toujours ; — quoi ! […] que sa prétendue est la maîtresse du prince. […] Lauzun. — « Un roi doit avoir une maîtresse. […] Ce Bragelone est toujours le même ; il faisait planter du chèvrefeuille au premier acte, il n’ose pas toucher aux reliques de sa maîtresse !
« Pour un petit dîner que j’ai donné au Procureur, à sa maîtresse, à sa femme & à son clerc, pour les engager à veiller aux affaires de Monsieur le Marquis, cent sept livres. […] La scene généreuse de Leuson avec Charlotte est dans l’anglois ainsi que celle où Stukéli veut persuader à Madame Béverley que son époux a donné ses diamants à une maîtresse. […] Jarvis réfléchit sur les vertus de sa maîtresse, sur le bonheur dont son maître eût pu jouir : il le voit venir pâle, défiguré.
Belle, mais naturellement froide et maîtresse d’elle-même, elle se livre fort peu ; elle a eu assez de tact et de raison pour se maintenir en très bons termes avec les membres divers de cette famille, où sa position de belle-mère était si délicate vis-à-vis d’un fils et d’une fille déjà nubiles. […] Comme elle aime et protège adroitement sa jeune maîtresse ! […] Comme elle prend à cœur les intérêts de la famille, et particulièrement de sa jeune maîtresse qui ne sait que se désoler et parle de se donner la mort si on la violente : Fort bien, c’est un recours où je ne songeais pas : Vous n’avez qu’à mourir pour sortir d’embarras, répond-elle.
Le Docteur exhorte Colombine à découvrir ce qui afflige sa maîtresse. […] Colombine, pour soulager l’ennui de sa maîtresse, cherche par-tout Fédéric : elle le rencontre enfin, le prie de venir voir Victoire, l’entraîne en appellant Victoire, qui vient déclarer sa passion au faux Fédéric. […] Colombine copie la scene de sa maîtresse avec Flaminio, interrompt quelque temps Brighella, toutes les fois qu’il veut parler, & lui pardonne enfin : ils entrent. […] Tout cela ne vaut pas les lettres d’un amant chéri & d’une maîtresse adorée, déchirées dans un moment de dépit, avec la chaîne de laiton, le demi-cent d’aiguilles de Paris, le fromage que Marinette & Gros René se jettent au nez.
C’est maintenait, s’il veut approcher de sa maîtresse, qu’il faut au jeune Adraste un peu d’esprit et beaucoup d’amour. […] Or cette entrée d’Adraste, chez sa jeune maîtresse, est cent fois préférable à l’entrée du comte Almaviva chez Rosine. […] L’ami qu’il avait rêvé, il ne l’avait pas plus trouvé que la maîtresse qu’il avait aimée. […] Célimène elle-même, oui, sa déloyale maîtresse, entendez-vous comme il la traite ? […] La Fontaine lui-même, qui appartenait à cette école sensualiste, lui qui a fait le conte de La Courtisane amoureuse, n’était pas capable d’imaginer l’adorable faiblesse d’Alceste pour sa maîtresse.
Elle ajoute que telle personne pourroit l’aimer, qu’il changeroit bientôt : le Prince assure que la liberté sera toujours son unique maîtresse. […] Une femme qui a le dépit de voir manquer les armes qu’elle croit les plus puissantes pour ranger un homme sous ses loix, la contrainte d’un amant qui est forcé de cacher les progrès que l’amour & les talents de sa maîtresse font sur son cœur, tout cela auroit-il paru à Moliere indigne d’attacher le spectateur ? […] Une fête que cet amant a fait préparer, doit décider de son sort ; s’il ne peut rendre sa maîtresse sensible, il est résolu de partir, afin de tâcher de se guérir par l’absence.
Dans Cyrano, Granger pere est amoureux de la maîtresse de son fils ; par conséquent, il ne veut pas consentir à leur mariage : on lui persuade de jouer une comédie. […] Il entre en désespoir, sa maîtresse de même. […] Colombine exhorte sa maîtresse à prendre du courage.
L’ordre des temps exige que nous examinions ici les rapports qui s’établirent entre les hommes de lettres et la société polie, lorsque ses progrès et les préférences que madame de Maintenon obtenait du roi sur ses maîtresses même, furent devenus très sensibles ; en d’autres mots, les nouveaux rapports qui s’établirent entre les mœurs devenues dominantes et la littérature. […] La Fontaine faisait des vers en l’honneur de toutes les belles, de toutes les femmes célèbres par la galanterie, de toutes les nièces du cardinal Mazarin, dispersées alors par leurs fredaines ; à la duchesse de Mazarin, établie à Londres ; à la princesse Colonna, en Italie ; à la comtesse de Soissons, en Flandre ; à toutes les maîtresses du roi ; à madame de Montespan, et par occasion à madame de Thianges sa sœur ; à madame de Ludres ; à madame de Fontanges, dont il a vanté jusqu’à l’esprit, bien qu’elle eût la réputation d’être sotte comme un panier. […] Il n’excepta des faveurs poétiques prodiguées aux maîtresses du roi, que la plus intéressante de toutes, madame de La Vallière ; mais il faut lui tenir compte de cette exception, parce qu’elle avait pour cause le malheur de Fouquet qu’il attribuait à cette ancienne favorite.
Elle est aussi peu prévue que l’autre, surprend un plus grand nombre de personnages fortement intéressés à l’action, fait sur eux différentes impressions, & bouleverse tout, puisqu’Arnolphe, qui pense triompher de son rival, est obligé de lui céder sa maîtresse ; & qu’Agnès & Horace, qui se croient perdus, voient tout d’un coup combler leurs vœux. […] Serai-je étonné de voir Sganarelle conduire son rival vers sa maîtresse ?
Au milieu des fêtes mémorables de l’année 1666, c’était toujours madame de La Vallière que la cour regardait comme l’heureuse maîtresse du maître. […] Bussy-Rabutin, dans ses Amours des Gaules 61, raconte comment il arriva que madame de Montespan, sous les yeux, dans la société intime de madame de La Vallière, devint sa rivale préférée, longtemps avant que cette amante passionnée s’en doutât, longtemps encore après qu’elle en eût la certitude ; le roi se trouvant alors partagé entre la maîtresse qu’il n’aimait plus, celle qu’il commençait à aimer, et la reine, dont il affligeait la tendresse, toutefois sans déserter sa couche.
Wycherley, dit M. de Voltaire, qui fut longtemps l’amant déclaré de la maîtresse la plus illustre de Charles II. […] Il a un ami sage et sincère, dont il se défie, et une maîtresse dont il est tendrement aimé, sur laquelle il ne daigne pas jeter les yeux ; au contraire, il a mis toute sa confiance dans un faux ami, qui est le plus indigne homme qui respire, et il a donné son cœur à la plus coquette et à la plus perfide de toutes les femmes. […] Cependant le véritable honnête homme, dont il se défie tant, s’embarque avec lui, et la maîtresse qu’il n’a pas seulement daigné regarder se déguise en page, et fait le voyage, sans que le capitaine s’aperçoive de son sexe, de toute la campagne. […] Le père, étonné d’apprendre une pareille nouvelle, fait à ce fils des reproches sanglants, et l’oblige d’aller trouver sa maîtresse, et de lui demander pardon de ses importunités ; le fils, qui soupçonne la ruse, obéit ; la scène se passe en présence du vieillard même, et de la belle-mère prétendue ; il se jette aux genoux de sa maîtresse, qui lui pardonne, et lui donne sa main à baiser ; mais un instant après, et dans la même scène, il lui dit tout bas qu’il n’est pas content de lui avoir baisé la main, et qu’il souhaiterait aussi de l’embrasser. […] Comment se peut-il faire, auront-ils dit, qu’Éraste, qui n’a pas le temps de voir sa maîtresse, puisse se raccommoder avec elle dans l’intervalle de l’acte ?
Eraste est encore dans le trouble le plus grand en croyant sa maîtresse infidelle, quand Marinette vient lui donner, de sa part, un rendez-vous pour le soir même. Eraste, outré, déchire, aux yeux de la soubrette, l’écrit de la maîtresse, & sort : son valet le suit, en donnant toutes les femmes au diable ; & Marinette, surprise avec raison, s’écrie : Ma pauvre Marinette, es-tu bien éveillée ?
Il va chez Scapin qui le reconnoît, lui dit que son ami est à la campagne, que sa maîtresse est sur le point de se marier ; mais il lui promet en même temps de faire son possible pour rompre ce mariage : il le fait entrer dans sa maison. […] La suivante sort pour aller chercher quelqu’un, dit-elle, qui emporte sa maîtresse.
« Seulement, dans cette foule brodée de l’Œil-de-Bœuf qui bourdonne incessamment à son oreille, parmi ces jeunes et galants oisifs qui font l’amour pour s’en vanter, et qui se parent d’une maîtresse nouvelle, comme d’un justaucorps à brevet, Célimène finit par découvrir le plus honnête des gentilshommes, le plus vrai des amoureux. […] Or, le parterre de ce temps-là, sage et plein de réserve, trouvait très naturelle cette héroïque persévérance ; il applaudissait, de la façon la plus loyale et la plus sincère son unique comédien ; seulement, un jour que ce jeune homme de quatre-vingts ans était aux pieds de sa maîtresse, et comme ses deux laquais tardaient à le venir relever, quelques étourdis du parterre se mirent à rire un peu trop haut.
« Les froideurs qu’on (le roi et sa maîtresse) a pour moi ont augmenté depuis votre départ. […] Le roi avait donné une marque de bienveillance à madame Scarron, la maîtresse le trouvait mauvais ; elle maltraitait la gouvernante en particulier et la calomniait dans l’esprit du roi, à qui elle reprochait de la rendre insolente et insubordonnée.
Cependant, en considérant la position de Molière, et le plaisir que le roi prenait à diriger son talent, on se persuaderait sans peine qu’en approchant l’oreille des rideaux du roi, on sur prendrait quelques paroles dites à demi-voix, pour désigner à Molière ce caractère qui, bien que respecté au fond du cœur, avait quelque chose d’importun pour les maîtresses et pour les femmes qui aspiraient à le devenir.
Moliere a su mettre ordre à tous ces inconvénients ; il a rendu sa fable vraisemblable, &, sur-tout, beaucoup plus piquante, en donnant un double nom au Seigneur Arnolphe, & en le faisant assez jaloux pour cacher sa maîtresse dans une maison éloignée de la sienne, crainte que les gens qu’il est obligé de recevoir chez lui ne voient Agnès & ne deviennent ses rivaux. […] Arnolphe prête de l’argent à son rival pour l’aider à triompher de sa maîtresse. […] La vieille damnée ne perdit point de temps, se fit introduire par les sottes servantes auprès de leur sotte maîtresse, sous prétexte de lui faire voir des hardes à vendre ; loua sa beauté, la plaignit d’être si-tôt séparée de son mari, &, aussi-tôt qu’elle se vit seule avec elle, lui parla du beau gentilhomme qui passoit si souvent devant ses fenêtres. […] « Toute la courtoisie enfin dont je vous presse, « C’est que je puisse voir votre belle maîtresse. » Georgette, le poussant.
» Et Madelon, dans sa vanité coupable, en arrive à espérer que sa mère a pu devenir la maîtresse de quelque prince charmant : « Je crois que quelque aventure un jour me viendra développer une naissance plus illustre. » Comme nous la comprenons alors, cette fureur de Gorgibus, s’indignant contre la préciosité, le bel esprit, qui ont empoisonné l’âme des deux jeunes filles, et envoyant à tous les diables ces « sottes billevesées, amusements des esprits oisifs, romans, vers, chansons, sonnets et sonnettes ». […] Qu’Elmire, cessant de penser, de vouloir par elle-même, d’obéir à son honnête naturel, laisse se substituer à sa propre conscience celle du directeur : elle tombera bientôt dans l’adultère, avec cette consolation, il est vrai, d’être la maîtresse d’un homme d’une dévotion extrême, qui s’est chargé de son plaisir en même temps que de son salut. […] Sa maîtresse vient d’être malade, elle l’a soignée, elle a passé la nuit à son chevet, elle raconte tout cela à Orgon qui rentre de voyage et songe bien moins à s’étonner de la mauvaise santé de sa femme qu’à s’extasier sur le bon appétit de son pauvre Tartuffe. […] Il laissera sa fille Élise exposée aux entreprises de Valère. — Monsieur Jourdain, en proie à la folie des grandeurs, délaisserait sa femme et donnerait sa fille au grand Turc, sans y attacher d’autre importance. — Un amoureux au désespoir, une fille cloîtrée, une autre déshéritée, deux frères brouillés, une intrigante maîtresse du logis !
Est-il un accessoire plus propre à mettre en jeu, à faire valoir et en même temps à punir les folles prétentions de cette provinciale, que la naïve rusticité de ces deux valets, qui, n’ayant pas fait le voyage de Paris, parlent et agissent tout comme auparavant, ne peuvent plus comprendre leur maîtresse, et ne savent plus comment la servir ? […] Enfin, Martine, avec ses mots estropiés et ses phrases villageoises, imite exactement le langage de Marotte, qui n’a pas appris, comme ses maîtresses, la filofie dans le grand Cyre , et demande qu’on lui parle chrétien . […] A l’appui de cette vaine supposition, on a rappelé que la mort de madame de Montausier, la grande maîtresse de l’ordre des précieuses, avait précédé d’un an la représentation des Femmes savantes. […] La pédanterie d’Armande est un mélange hypocrite de platonisme et de sensualité ; c’est celle d’une sœur jalouse de sa cadette, qui ne s’est peut-être faite savante que pour complaire à sa mère, maîtresse absolue au logis, et qui est toute prête à sacrifier son horreur pour la matière au désir de rattraper l’amant qui lui échappe. […] Elle pourrait, comme un autre, flatter sa maîtresse, sous qui tout tremble au logis ; mais, par droiture d’esprit, comme par générosité de cœur, elle est du parti de ce pauvre mari, qui a toujours raison et à qui l’on donne toujours tort.
Il s’agit pour Éraste, tout simplement, de ne pas manquer au rendez-vous que lui a assigné sa maîtresse, et il se trouve assassiné de fâcheux qui le retardent et se cramponnent à lui sans qu’il puisse les éconduire. […] N’est-ce pas une chose admirable, eu effet, que de vouloir forcer un amoureux attendant sa maîtresse, à donner son opinion sur les chances du pique ou du carreau ? […] Louis XIV, qui au fond était un prince médiocre, eut du moins un éclair d’esprit et de goût dans sa jeunesse amoureuse ; il perdit tout avec La Vallière, maîtresse qui valait mieux que lui. […] Parmi les nombreuses maîtresses de Louis XIV, La Vallière, en vérité, est la seule à laquelle on prenne intérêt, parce que l’amour purifia ses faiblesses. […] Ces deux imbéciles maris, croyant satisfaire les caprices de leurs maîtresses futures, font honneur, sans s’en douter, aux dettes de leurs femmes, qu’ils ne voulaient pas acquitter.
Molière a été pleuré par ses amis, Regnard a été pleuré par ses maîtresses. […] voilà maintenant la maîtresse qui parle comme parlait la soubrette tout à l’heure. […] L’instant d’après arrive le grison de Cidalise, qui apporte de la part de sa maîtresse, une agrafe en diamants et une lettre. […] Il a trois maîtresses qui se ruinent pour lui. […] Dimanche ne sait pas comment est fait l’argent de Don Juan et de ses maîtresses… Vous savez avec quelle monnaie est payé M.
Il achete une petite fille nommée Pamphila, qu’on avoit prise dans l’Attique, & la donne à la mere de sa maîtresse. […] Le Chevalier paroît vêtu en muet : Marine le trouve bien fait, le conduit chez sa maîtresse, & Frontin s’applaudit d’avoir enfermé le loup avec la brebis. […] Ne voyons-nous pas tous les jours un pere, une mere, permettre à son fils d’avoir ce qu’on appelle une maîtresse, & lui donner même de quoi contenter les caprices de cette beauté commode ?
Dans le Mercure galant le héros ou son valet s’amusent aux dépens des divers personnages qui se succedent sur la scene ; le spectateur n’y rit que de leurs ridicules : ici la chose est bien différente, chaque fâcheux empêche Eraste ou d’aller joindre une maîtresse adorée dont il est attendu avec impatience, ou de s’informer si elle lui est réellement infidelle, ou de s’excuser d’une perfidie dont on l’accuse. […] Bien qu’il m’ait voulu perdre, un point d’honneur me presse De secourir ici l’oncle de ma maîtresse.
Silvio, amoureux de Rosaura, le menace de le tuer s’il ne lui cede sa maîtresse. […] Sceledre, esclave du soldat, cherche un singe sur les toits & voit la maîtresse de son patron en tête-à-tête amoureux dans le jardin voisin ; il raconte ce qu’il a vu à Palestrion son compagnon de servitude, & confident des amants, qui, comptant sur la fausse porte, invente sur-le-champ un stratagême adroit pour persuader à son camarade qu’il s’est trompé.
De son côté le Marquis, joueur aussi déterminé que le Chevalier, mais plus adroit, ne paroît que pour gagner à celui-ci son argent, ses bijoux, le portrait de sa maîtresse, le seul contrat qui lui reste, & cinq ou six cents louis sur sa parole. […] Mais lorsque nous verrons Harpagon avare avec ses enfants, ses domestiques, l’entremetteuse de ses amours, avec sa maîtresse elle même, avec le Commissaire, auquel il veut donner un homme à pendre en paiement de ses écritures ; lorsque nous le verrons préférer sans balancer sa cassette à ses amours, & exiger qu’on lui fasse un habit neuf pour les noces de sa fille & de son fils, écrions-nous hardiment : En tout cela, tout est de Bacchus.
Celui-ci s’empresse d’aller trouver la maîtresse du logis, et, guidé par celle-ci, il conduit Isabelle vers une logette qui se trouve au fond du jardin. […] Or, la logette où est entrée Isabelle est le galetas du jardinier Burattino ; et l’amoureux Oratio, dont la maîtresse du logis est complice, s’y tient caché.
Le règne des maîtresses continua. […] » Trois personnes furent jalouses de la princesse de Condé, la maîtresse en titre ; la marquise de Verneuil, la reine, le prince de Condé.
Il s’est ménagé encore le plaisant qui naît de la bassesse de ce Courtisan intéressé qui ne rougit pas de passer dans l’esprit de Jourdain pour son Mercure, pourvu que le Bourgeois lui prête de l’argent & régale sa maîtresse.
Mais qu’Harpagon, avare, cède sa maîtresse pour avoir sa cassette, ce n’est qu’un trait d’avarice de plus, sans lequel toute la comédie ne laisserait pas de subsister.
Le vieillard enrage ; mais, crainte de déplaire à sa maîtresse, il n’ose contredire Scapin. Dans la Piece Italienne, la scene est fausse & mal-adroite, puisque Magnifico est un prodigue, & que par conséquent il ne doit pas souffrir en donnant une bague à sa maîtresse. […] Pantalon & le Docteur sont rivaux ; ils se querellent ; ils en viennent aux mains : Scapin les sépare à plusieurs reprises, les prend l’un après l’autre à l’écart, leur demande la raison pour laquelle ils se querellent, & termine pour un temps la dispute, en persuadant à chacun en particulier que son rival lui cede sa maîtresse. […] Valere, aimé d’Elise, s’introduit chez Harpagon, pere de sa maîtresse, à titre d’intendant : il prêche sans cesse l’économie, pour flatter l’humeur avare d’Harpagon, qui lui accorde toute son amitié ; mais, en revanche, Maître Jacques, cocher & cuisinier de la même maison, a pour lui la plus grande haine.
Dans Sganarelle, l’amant et sa maîtresse, Lélie et Célie, se trouvent mal à point, et l’un après l’autre, pour que Sganarelle, en recueillant Célie chez lui, donne à sa femme le soupçon qu’il la trompe, et pour que celle-ci, à son tour, en venant au secours de Lélie, fasse croire à Sganarelle qu’il est ce qu’il craint si fort d’être. […] En cherchant bien autour de certains fils de famille qui se sont ruinés galamment, et qui vivent sur le bien des autres, toujours courant derrière une maîtresse ou devant un créancier, vous trouveriez quelque Mascarille, vicieux comme son maître et par la faute du maître, larron pour vivre, et toutefois attaché, non par dévouement, mais parce qu’il n’y a pas deux hommes plus près d’être des égaux qu’un libertin ruiné et son valet. […] On demandait, au lieu de ces travers bourgeois que le poète châtie, soit en donnant un violent dépit à un fantasque, soit en rendant un jaloux ridicule, et qui ont pour effet d’inquiéter un couple amoureux, de faire craindre à l’amant qu’on ne lui enlève sa maîtresse, à la maîtresse qu’on ne la marie de force ; on demandait la représentation d’un vice à la fois redoutable et ridicule, qui scandalisât la société tout entière, en mettant le malheur dans une maison. […] C’est que le fils de l’Avare fait des cadeaux à sa maîtresse aux frais de son père ; c’est que l’Avare est amoureux, et qu’il ne sait ni reprendre ni laisser à Mariane son diamant : c’est que Pantalon est généreux, et qu’Harpagon est avare.
Ils étoient jeunes, François, indiscrets par conséquent : Damon avoua qu’il venoit d’un rendez-vous amoureux : Clitandre lui rendit confidence pour confidence ; &, de confidence en confidence, ils passerent à l’éloge de leur maîtresse. […] Sainval resta quelque temps comme pétrifié ; mais, trop prévenu en sa faveur, ou peut-être aveuglé déja par le Dieu dont il alloit prendre les chaînes, il se remet bientôt, & soutient qu’il est aimé, qu’il est certain de posséder sans partage le cœur de sa maîtresse.
Les scenes amoureuses de Jupiter & d’Alcmene, dans Amphitrion, deviennent plaisantes par la bonne foi d’Alcmene, qui croit toujours parler à son mari, & par la délicatesse du Souverain des Dieux, qui veut que sa maîtresse, en le rendant heureux, oublie entiérement l’époux pour tout accorder à l’amant. […] Le Baron exhorte Lucile à servir l’amour du Marquis, à se charger d’une lettre pour sa maîtresse.
Cette maîtresse chérie de son ami est Flaminia qu’il a connue à Venise, qu’il aime & dont il est aimé. […] Cependant Lélio, sentant qu’il ne peut éteindre sa passion pour Flaminia, ni éviter les persécutions de Silvia, se résout à mourir plutôt que de trahir son ami & de lui enlever sa maîtresse : il charge son valet de se préparer secrètement à partir de Milan ; mais différents obstacles l’empêchent d’exécuter ce dessein.
« Tu as acheté ma maîtresse sous couleur qu’elle fût ma sœur, dit-il à son valet, et j’ai acheté ma sœur croyant acheter une maîtresse. » Polipo revient donc à Flavia, qui lui a montré de la tendresse et du dévouement, et qui se trouve être la fille d’un voisin et ami de Polidoro.
Leur maîtresse est-elle noire ?
Harpagon aime la maîtresse de son fils, & veut l’épouser ; Harpin est amoureux de Climene amante de Clitandre, & veut lui donner la main. […] Béatrix porte un billet doux de la part de sa maîtresse à Don André ; celui-ci, accoutumé à de pareils messages, accepte le rendez-vous qu’on lui donne, & cajole la messagere, en lui disant qu’il seroit charmé de n’y trouver qu’elle. […] Le reste de l’acte est tout-à-fait semblable au précédent ; nous verrons à quoi d’Ancourt fera servir Béatrix, sa maîtresse, le billet doux, le rendez-vous donné & accepté. […] L’Epine, valet de Clitandre, rencontre Julien & l’engage à dire, sans le vouloir, le nom de sa maîtresse.
Argentine s’en charge : un moment après elle trouve sur la table celui de l’objet qu’elle aime en secret, celui de son cher Arlequin ; elle l’admire, elle le baise, lorsque Scapin la surprend : il est jaloux, fait grand bruit, a cru voir le portrait d’Arlequin ; mais Argentine lui persuade le contraire en lui montrant celui de Celio qu’elle a ordre d’apporter à sa maîtresse.
Léandre me fait sourire en perdant une de ses bottes, en jettant sa montre au lieu de son tabac, en trempant sa plume dans le poudrier, en proposant un régiment à sa maîtresse ; mais il ne m’instruit ni ne me corrige. […] Je consens, si l’on veut, que les soubrettes soient autorisées à dire des sottises à leur maîtresse : elles peuvent avoir été dans des confidences qui leur donnent ce droit, & qui ne permettent pas à la maîtresse de se plaindre, quelque grande dame qu’elle soit.
Regnard fut évalué, on ne conçoit pas trop pourquoi, beaucoup plus cher que sa maîtresse; ce qui pourrait faire naître des idées peu avantageuses sur la beauté qu’il avait choisie, quoiqu’il la représente partout comme une créature charmante. […] Il est bien intrigué et bien dénoué : se servir d’une prêteuse sur gages pour amener le dénouement d’une pièce qui s’appelle le Joueur, et faire mettre en gage par Valère le portrait de sa maîtresse à l’instant où il vient de le recevoir, est d’un auteur qui a parfaitement saisi son sujet : aussi Regnard était-il joueur. […] Un trait d’habileté dans l’auteur, c’est d’avoir donné au Ménechme officier, non seulement une jeune maîtresse qu’il aime, mais une liaison d’intérêt avec une vieille folle dont il est aimé.
avec Madeleine Béjart, les servantes maîtresses, les fortes en gueule qui ont aujourd’hui quitté la famille pour tenir maison chez elles ? […] Et puis il espérait bien n’être qu’un cocu imaginaire ; en effet Mlle de Brie semblait bien plutôt la sœur de Molière que sa maîtresse. […] La femme était l’esprit, la maîtresse était le cœur ; Molière s’obstinait à vaincre l’esprit, mais dans ses défaites il lui était doux de trouver au moins l’esprit du cœur. […] Racine fut accusé d’avoir empoisonné sa maîtresse « pour lui avoir donné un enfant ». […] aussi jamais maîtresse d’école n’eut une plus rude tâche.
Au lieu de courir chez sa Maîtresse avec les transports d’un Amant, il fait appeler le Tailleur du Prince, et lui filoute un habit galonné ; il escroque à son Banquier un sac d’argent, à un Juif une bague, etc ; et toute l’intrigue roule sur le chagrin que tous ces gens-là causent au véritable Amphitrion pour les dettes contractées par le Dieu ». […] Tabarin promet à Rodomont de le faire entrer dans la maison de sa Maîtresse ; et il lui persuade, pour que les voisins ne s’en aperçoivent pas, de se mettre dans un sac. […] Rodomont dit à sa Maîtresse qu’il a enfermé dans ce sac un voleur, qui en voulait à ses biens et à son honneur. […] Il a substitué un bouquet de fleurs au présent du moineau que Mirtil donnait à sa Maîtresse. […] Le Régent101, dont Mademoiselle Desmares était la Maîtresse.
La 7e de 1661 à 1670, qui comprend depuis la nomination de madame de Montausier à la place de gouvernante de M. le dauphin et le commencement du règne des maîtresses du roi, jusqu’à la nomination de madame Scarron à la place de gouvernante des enfants naturels du roi.
Elle était un des premiers sujets de l’école de Julie d’Angennes ; il y avait de la différence sans doute entre la place de gouvernante des enfants de France et celle des enfants naturels : il y avait aussi de la distance entre Julie d’Angennes, duchesse de Montausier, et Françoise d’Aubigné, veuve Scarron ; mais les traditions de la cour, depuis François Ier, l’élévation et l’insolence des maîtresses avouées, l’élévation, l’insolence et la turbulence des bâtards avaient habitué à regarder les légitimations de ceux-ci comme à peu près équivalentes à la légitimité.
Argant ; elle apprend qu’elle ne l’est point, & qu’elle passe pour sa maîtresse. […] Je regarde, & je lui demande pourquoi il me retient : il me dit qu’on lui a défendu de laisser entrer personne chez sa maîtresse ; que Chrémès venoit d’y entrer avec Sophrona, & qu’il étoit encore avec elles.
Tabarin promet à Rodomont de le faire entrer dans la maison de sa maîtresse ; & il lui persuade, pour que les voisins ne s’en apperçoivent pas, de se mettre dans un sac. […] Rodomont dit à sa maîtresse qu’il a enfermé dans ce sac un voleur qui en vouloit à ses biens & à son honneur. […] Tabarin aimoit les sacs, comme on peut le voir ; mais c’est particuliérement de sa derniere farce que Moliere a pris l’idée de la seconde scene du troisieme acte de ses Fourberies de Scapin, puisque Scapin conseille à Géronte de se mettre dans un sac, afin qu’il puisse le porter dans sa maison, sans qu’il soit apperçu de ses ennemis ; & que dans la farce Tabarin persuade aussi à Rodomont de se mettre dans un sac pour venir chez sa maîtresse, sans être vu des voisins. […] Il entend Arlequin ; il lui persuade qu’il est dans un sac enchanté, que d’abord qu’on y est enfermé, on a le pouvoir de faire venir sa maîtresse.
Maîtresse, amis, parents, puisque tout est pour vous, Aimez donc bien Lucile, & soyez son époux.
L’homme qui a une passion maîtresse est toujours animé par elle ; il est toujours sous pression. […] Ce directeur excite, pour l’exploiter, son idée maîtresse ou sa passion maîtresse, le souci de son salut. […] Par exemple l’expérience que veut tenter Elmire pour prouver de visu à Orgon que Tartuffe veut faire d’elle sa maîtresse, et la facilité avec laquelle Orgon accepte cette expérience, c’est cela qui pourrait étonner. […] Comme tons les exploiteurs de Molière il prend les gens par leur faible, par leur passion maîtresse pour leur faire faire une sottise qui lui sera profitable. […] Il y a deux genres de coquettes, puisque la coquette a deux facultés maîtresses.
Pris pour l’un des conjurés d’une conspiration qu’on vient de découvrir, il se réfugie dans le palais habité par Christine (celle qu’il aime, la fille du ministre), mais sa présence pouvant compromettre sa maîtresse, il déclare être le conspirateur que l’on cherche, et se constitue prisonnier. […] Ainsi la dégradation de sa maîtresse ne le fait pas désespérer d’elle; il lui ouvre la voie du repentir, il l’exhorte à la suivre, et pour peu qu’elle y consente, il sera heureux de l’absoudre de toutes ses fautes. […] Alceste n’a pas, certes, pour sa maîtresse l’aveuglement commun à presque tous les amants et dont Eliante fait une si piquante peinture : L’amour, pour l’ordinaire, est peu fait à ces lois, Et l’on voit les amants vanter toujours leur choix. […] Alceste, lui, ne se fait aucune illusion sur ceux de sa maîtresse. […] Après avoir, comme Alceste, prodigué à sa maîtresse les épithètes les plus dures sur sa trahison, Arnolphe lui dit : Hé bien!
Les dernières amours de Henri IV, à cinquante-six ans, sa malheureuse passion pour Charlotte de Montmorency, qu’il avait mariée au prince de Condé, les jalousies de Marie de Médicis, les intrigues de sa cour contre les maîtresses du roi, le souvenir d’une guerre qu’on avait vue prête à s’allumer contre la maison d’Autriche pour ravoir la princesse de Condé, que son mari avait conduite à Bruxelles, dans la vue de la soustraire aux poursuites du roi, tout cela avait inspiré à toutes les âmes délicates un profond dégoût pour cette scandaleuse dissolution, dont la cour et la capitale offraient le spectacle, et les avait disposées à favorablement accueillir la continuation de L’Astrée.
Son maître est retenu par l’amour auprès d’une maîtresse qu’il adore ; pendant ce temps là son régiment est commandé pour aller à l’ennemi ; il apprend cette nouvelle, craint avec juste raison d’être déshonoré, & veut se tuer : Arlequin le transporte en un clin d’œil au milieu du camp, où l’on murmuroit déja de son absence.
Il voulut qu’on représentât deux Princes qui se disputeroient une maîtresse en lui donnant des fêtes magnifiques & galantes....
Nous avons déja vu dans le second volume de cet ouvrage, Chapitre XIII, des pieces intriguées par les Maîtres, que, dans les Fausses Infidélités, un fat maussade, nommé Mondor, entreprend de subjuguer les maîtresses de deux de ses amis ; qu’il leur écrit ; qu’elles se montrent les lettres ; qu’elles veulent punir l’original par un feint retour ; que l’un des rivaux de Mondor est jaloux ; que l’autre ne fait que rire d’une pareille rivalité ; que le premier reproche à son ami son sang-froid ; que le second le raille sur sa jalousie, &c.
Ainsi les trois personnages principaux, Jupiter, Alcmène, Amphitryon, ont pu égayer les courtisans et leur rappeler la mésaventure du marquis de Montespan, sans que Molière eût songé au mari mécontent de la nouvelle maîtresse.
Ils prirent à tâche de le prémunir contre les favoris et de décider son inclination pour quelque maîtresse qui augmentât leur crédit.
I, p. 14) : « La marquise d’Heudicourt était la complaisante de madame de Montespan, et lorsqu’on faisait encore un mystère de l’existence du duc du Maine et de son frère, cette marquise avait à la cour un petit appartement où la maîtresse et la gouvernante se rendaient en secret.
Griffon est usurier, il trafique avec des courtiers ; mais il dépense de l’argent pour faire donner une sérénade à sa maîtresse : ce trait seul, qui jure avec son caractere, le place bien loin de son modele. […] Harpagon cede sa maîtresse, & couronne les amours de ses deux enfants, à condition qu’on lui rendra sa chere cassette qu’on lui a volée.
Elle ôtait de nature fort complaisante ; car on la voit, en 1658, marraine de l’enfant illégitime dont accouche à vingt ans sa fille Madeleine, alors maîtresse du sieur de Modène. […] Mais un nouvel athlète parut, et celui-là vit la fin du règne des maîtresses royales, c’était Bourdaloue. […] Ils l’emportèrent sur les courtisans, sur les maîtresses, sur les bouffons, ces prêtres qui surent être tout ensemble si grands orateurs et si bons citoyens. […] Mme de Montespan était là, maîtresse déclarée, mère de nombreux enfants doublement adultérins, que leur père voulait audacieusement légitimer. […] Et que tout cela avait bien gêné le roi et les maîtresses !