Quand Virgile, Horace, Tibulle, firent tant d’honneur à Rome, cette capitale étoit florissante & goûtoit les douceurs du repos sous le gouvernement d’un Prince qui aimoit le mérite. […] Il offroit sa protection au vrai mérite, lui enlevoit la honte de la mendier, & sur-tout celle d’avoir pour concurrents des rivaux indignes de cet honneur : le talent étoit alors un patrimoine. […] « Parceque mille abus se sont glissés à la comédie, me répondra-t-on, parceque les ouvrages dans le mauvais genre y sont seuls en crédit, parceque la cabale, la protection y tiennent lieu de mérite ». […] Admettons un second théâtre, donnez-y votre ouvrage sous un autre titre, un jugement nouveau appréciera son juste mérite. […] Les Opéra de Quinault ont cependant quelque mérite.
Il n’est pas question du Glorieux dans ce bout de scene : comme elle n’est composée que de quatre vers très inutiles à la piece, elle ne mérite pas que nous y fassions grande attention. […] Enfin, pour ébaucher en deux mots sa peinture, C’est l’homme le plus vain qu’ait produit la nature : Pour ses inférieurs plein d’un mépris choquant : Avec ses égaux même il prend l’air important : Si fier de ses aïeux, si fier de sa noblesse, Qu’il croit être ici-bas le seul de son espece : Persuadé d’ailleurs de son habileté, Et décidant sur tout avec autorité ; Se croyant en tout genre un mérite suprême ; Dédaignant tout le monde, & s’admirant lui-même : En un mot, des mortels le plus impérieux, Et le plus suffisant, & le plus glorieux. […] Il met à la porte la Fleche, il l’accuse d’être un filou : mais nous ignorons si la Fleche mérite réellement cette épithete ; & c’est vers le milieu de la scene seulement que l’avarice d’Harpagon paroît à découvert. […] Il ne mérite pas cette mercuriale ; Car il prodigue tout, & sans cesse il régale.
Mais pour retourner au fameux comédien dont vous m’avez parlé, ses ouvrages n’ayant pas tout le mérite de sa personne, vous me permet trez de ne vous en dire rien autre chose, sinon que c’est un fort galant homme. […] Mais comme ceux qui croient avoir du mérite ne manquent jamais de vanité, il rend tous les repas qu’il reçoit, son esprit le faisant aller de pair avec beaucoup de gens qui sont beaucoup au-dessus de lui. […] Je suis toutefois obligé d’avouer, pour rendre justice à ce que son Auteur a de mérite, que cette Pièce est un Monstre qui a de belles parties et que jamais l’on ne vit tant de si bonnes et de si méchantes choses ensemble. […] Après le succès de cette Pièce, on peut dire que son Auteur mérite beaucoup de louanges pour avoir choisi, entre tous les sujets que Straparole lui fournissait, celui qui venait le mieux au temps, pour s’être servi à propos des mémoires que l’on lui donne tous les jours, pour n’en avoir tiré que ce qu’il fallait et l’avoir si bien mis en Vers et si bien cousu à son sujet, pour avoir si bien joué son Rôle, pour avoir si judicieusement distribué tous les autres et pour avoir enfin pris le soin de faire si bien jouer ses compagnons que l’on peut dire que tous les Acteurs qui jouent dans sa Pièce sont des originaux que les plus habiles Maîtres de ce bel Art pourront difficilement imiter.
De huit frères qu’ils étaient, aucun n’entra dans le parti de la Ligue6 ; mérite qui appartient peut-être qu’à cette famille, toute nombreuse qu’elle était. […] Ajoutez ici un grand fait qui mérite d’être observé, c’est qu’à la fin du xvie siècle et au commencement du xviie , un besoin général de communications sociales plus intimes et puis variées se faisait sentir dans les classes aisées de la capitale. […] À ces causes s’en joignait une autre encore plus pressante, c’était l’émulation établie entre les sexes par leur mélange dans les sociétés particulières, depuis que Louis XII et Anne de Bretagne avaient relevé les femmes de cette infériorité qui subsiste encore en Angleterre et en Allemagne ; émulation de mérite et de vertu pour les nobles héritières des traditions d’Anne de Bretagne ; émulation de galanterie pour les élèves de l’école de François trop bien soutenue par ses successeurs. […] Peu de gens ignorent le mérite des écrivains qui formèrent la société de Rambouillet dans la première période de son existence.
Ce mérite et la gaieté du rôle de Mascarille ont soutenu cette pièce au théâtre, malgré tous ses défauts. […] Boccace et d’Ouville en ont fourni les situations principales ; mais ce qu’on emprunte d’un conte diminue seulement le mérite de l’invention sans ôter rien au mérite de l’ensemble dramatique, dont la difficulté est sans comparaison plus grande. […] Un sieur de Saumaise fit les Véritables Précieuses ; car il est bon d’observer qu’originairement ce mot, bien loin d’avoir une acception désavantageuse, signifiait une femme d’un mérite distingué et de très-bonne compagnie. […] C’est là sans doute le mérite qui avait frappé Louis XIV lorsqu’on représenta devant lui le Bourgeois gentilhomme, que la cour ne goûta pas, apparemment à cause de la mascarade des derniers actes. […] Il eut même ici un mérite particulier, celui d’une intrigue plus intéressante qu’aucune autre qu’il eût faite.
La Précieuse à tes bons mots A reconnu son faux Mérite. […] Despréaux persuadé de cette espèce de mérite de Molière, du moins autant que le P. […] Il prétend au contraire que l’on n’a bien reconnu son mérite qu’après qu’il eut joué le dernier rôle de sa vie, et que l’on a beaucoup mieux jugé du prix de ses pièces en son absence, que lorsqu’il était présent.
Mais j’entends que vous avez un de ces gros mérites qui vous emportent tout de haute-lutte. […] Mon mérite est médiocre, Monsieur ; croyez-moi, je sais me connoître. […] Cela me faisoit peine de vous voir mollir ; & je suis ravi de vous trouver un brave homme : car enfin vous avez du mérite d’ailleurs. […] Les caracteres que Dufresny fait entrer dans sa piece, & qu’il doit à la nature seulement, ajoutent à la gloire qu’il mérite pour avoir transporté sur la scene, avec décence, l’histoire d’un scélérat.
Quoique mariée à un homme âgé qui ne l’apprécie pas, elle ne songe plus à être regardée, et cette modestie est le couronnement de tous les autres mérites qui font d’elle une femme accomplie357. […] Les autres ont beau faillir, elle ne faiblit jamais ; ils ont beau méconnaître ses mérites et attaquer sa conduite, jamais de sa bouche ne sort un mot de blâme ou d’aigreur : aux injures de Mme Pernelle, elle n’oppose qu’un doux et digne silence361 ; à l’impudente déclaration de Tartuffe, elle ne répond qu’avec le mépris serein de la véritable vertu, assez forte pour se défendre sans colère362. […] Quel mérite n’est-ce point que d’avoir seul, sans modèle ancien ni exemple contemporain, su voir et dépeindre avec tant de finesse.et d’énergie ce que doit être la femme : pure, simple, franche, douce, naturelle gracieuse ! […] Cette raison, qui explique en partie pourquoi le théâtre féminin de Molière, est généralement moral, peut amoindrir un peu son mérite au point de vue de l’intention ; mais il ne reste pas moins grand, quand on songe à tant d’excellents préceptes et de leçons délicates sur des sujets qu’il est peut-être impossible de traiter parfaitement dans des livres ou dans des sermons.
En 1658, ses amis lui conseillèrent de s’approcher de Paris, en faisant venir sa Troupe dans une Ville voisine : C’était le moyen de profiter du crédit que son mérite lui avait acquis auprès de plusieurs personnes de considération, qui s’intéressant à sa gloire, lui avaient promis de l’introduire à la Cour. […] L’estime dont sa Majesté l’honorait augmentait de jour en jour, aussi bien que celle des Courtisans les plus éclairés ; le mérite et les bonnes qualités de Monsieur de Molière faisant de très grands progrès dans tous les esprits. […] Ainsi il se fit remarquer à la Cour pour un homme civil et honnête, ne se prévalant point de son mérite et de son crédit, s’accommodant à l’humeur de ceux avec qui il était obligé de vivre, ayant l’âme belle, libérale ; en un mot, possédant, et exerçant toutes les qualités d’un parfaitement honnête homme.
Scudéry lui reprochait d’avoir imité dans Le Cid un ouvrage du théâtre espagnol ; il ne voyait en lui qu’un traducteur de Guilain de Castro ; il prononçait que Corneille était tout à fait dénué du mérite de l’invention. […] On se persuade qu’on peul suppléer à la nouveauté des assertions ou racheter ce qu’elles oui de suranné parle mérite d’une rédaction plus énergique, et qu’on est plus énergique quand on est plus absolu et plus outré.
Il supprima la derniére piéce, quand il crut que le mérite de la premiére avoit été reconnu ; sans cette adresse, le misantrope devenoit la victime de l’injustice ou de l’ignorance. […] La finesse du dialogue, & la peinture vive de l’amour dans un amant italien & dans un amant françois, font le principal mérite de cette piéce, qui étoit ornée de musique & de danses. […] Elle confondit cette piéce avec celles qui n’ont d’autre mérite que de faire rire. […] Le maréchal duc de Vivonne vivoit avec lui dans cette familiarité, qui égale le mérite à la naissance. […] Celui dont Charpentier, fameux compositeur de musique a été témoin, & qu’il a raconté à des personnes dignes de foi, est peu connu, & mérite d’être rapporté.
Ils sont plus ingrats, parceque si vous réussissez à peindre si bien la laideur de votre modele, que les originaux disparoissent, votre ouvrage ressemble aux portraits qui n’ont plus de valeur dès que la personne qu’ils représentoient est morte, à moins que le Peintre n’ait réuni au mérite de la ressemblance celui du dessein, du coloris, & des autres parties de son art, & qu’il ne captive par-là le suffrage des connoisseurs : c’est ce qui fait survivre, comme nous venons de le dire, les Précieuses de Moliere aux héroïnes de la piece. […] Il a fallu un temps assez considérable pour constater le mérite de l’Ecole des Femmes, de l’Avare, du Misanthrope : ces trois chefs-d’œuvre n’ont pas réussi dans leur nouveauté.
C’est le sort de toutes les maisons ouvertes par des personnages distingués, de recevoir parmi les gens de mérite, des esprits subalternes, mais obséquieux. […] L’estime de Montausier pour lui persuade qu’il n’était pas sans mérite.
Les productions de Molière sont d’une nature et d’un mérite si différents, qu’on peut à peine y reconnaître le même écrivain, et pourtant on les confond toutes ensemble, lorsqu’on parle du genre de talent particulier à cet auteur comique, et des progrès dont l’art lui est redevable. […] Nous commencerons par établir, une fois pour toutes, que nous laissons aux critiques français à estimer le mérite du style et de la versification. […] Les comédies de Boursault, qui du reste ne manquent pas de mérite, sont trop longues et trop diffuses. […] Un genre sérieux, héroïque, et qui devrait même aspirer à l’idéal, le grand opéra, ne nous offre qu’un seul poète digne d’être cité, c’est Quinault, qui pour être presque oublié de nos jours, n’en mérite pas moins les plus grands éloges. […] Mais mérite-t-on ce titre, lorsqu’on n’a pas une intelligence parfaite des conditions, des moyens et du style d’un art ?
Cependant il faut bien constater que le conseil municipal n’a pas à lui seul le mérite de doter Paris du nouvel édifice. […] C’est fournir matière à la réflexion et à l’émulation que de rapprocher ainsi le point d’où l’homme est parti et celui qu’il a atteint, de mettre en comparaison, face à face, les circonstances au milieu desquelles s’écoula sa vie humaine et l’apothéose que son mérite lui a valu. […] C’est là le propre du talent, de savoir s’élever au-dessus des circonstances même désavantageuses au milieu desquelles il est appelé à se produire ; c’est savoir gagner sa bataille dans une position peu favorable; le mérite en est plus que doublé.
Quant aux suffrages des Athéniens, un peuple ennemi de toute domination devoit craindre sur-tout la supériorité du mérite. […] C’est ainsi que dans un dénouement qui a essuyé tant de critiques, & qui mérite les plus grands éloges, il a osé envoyer l’hypocrite à la greve. […] Le comique bas, ainsi nommé parce qu’il imite les mœurs du bas peuple, peut avoir, comme les tableaux Flamands, le mérite du coloris, de la vérité & de la gaïeté. […] On a soupçonné Lélius & Scipion l’Africain d’avoir perfectionné ses pieces, parce que ce poëte vivoit en grande familiarité avec ces illustres romains, & qu’ils pouvoient donner lieu à ces soupçons avantageux par leur rare mérite & par la finesse de leur esprit. […] De retour à Paris, il établit une troupe accomplie de comédiens, formés de sa main, & dont il étoit l’ame : mais il s’agit ici seulement de le considérer du côté de ses ouvrages, & d’en chanter tout le mérite.
La précieuse à tes bons mots A reconnu son faux mérite. […] Despreaux, aussi persuadé du mérite de Moliere que le P. […] Il prétend, au contraire, que l’on n’a bien reconnu son mérite qu’après qu’il eut joué le dernier rôle de sa vie, et que l’on a beaucoup mieux jugé du prix de ses pièces en son absence que lorsqu’il étoit présent. […] On doit rendre justice au mérite dans quelque sujet qu’il se trouve, en mettant dans tout leur jour les excellens ouvrages des plus illustres auteurs et y substituant à la place de la fiction toutes les aparences de la vérité par une charmante illusion. […] C’est une des premieres actrices qui ayent joué en femme sur le théâtre, car auparavant il n’y avoit que des hommes ; c’est en quoi consistoit son plus grand mérite.
Sganarelle nous fait honte de la jalousie dans le ménage ; il nous rend moins chatouilleux aux apparences, et nous rassure pleinement sur notre mérite. […] Sganarelle, Arnolphe, donnaient même à Molière le droit de faire finir leurs pupilles malhonnêtement, car l’égoïsme mérite l’ingratitude, et le désordre doit être le fruit d’une absurde contrainte. […] Emportés par une action, ils n’ont pas le temps de s’écouter parler ; ils ne parlent que pour attaquer ou se défendre ; et ce feu d’esprit de la conversation oisive, où l’on n’a d’autre objet que de plaire en pariant, et de laisser à l’interlocuteur quelque impression de son mérite, n’est pas plus d’usage dans cette comédie que dans la vie dont elle est l’image. […] Il diffère de Tartufe en ce qu’il est dupe tout le premier de son travers, et qu’il a cette confiance du sot, Qui fait qu’à son mérite incessamment il rit19. […] Outre la morale qu’il a sauvée en se passant du confessionnal, quel mérite d’invention n’y a-t-il pas à remplacer le confesseur de Boccace par un tuteur égoïste et dur, et la dame tant soit peu effrontée de Florence, par une jeune fille claquemurée dans la maison d’un jaloux, qui veut se sauver de son tyran et se marier honnêtement ?
Le succès de cet ouvrage, que l’auteur reconnaît être fort défectueux, « fut, dit-il, surprenant ; il donna lieu à l’établissement d’une nouvelle troupe de comédiens malgré le mérite de celle qui était en possession de s’y voir l’unique ». Toutefois, cet ouvrage qui, selon Corneille, peint si naïvement la conversation des honnêtes gens, et qui par ce mérite obtint tant de succès, paraîtrait aujourd’hui un peu recherché.
Ces incidents n’ont certainement pas le mérite des autres : il seroit pourtant ridicule de vouloir les bannir de la scene ; mais il faut que le poëte, en s’en débarrassant, ait du moins grand soin de les dénouer d’une façon naturelle. […] Les incidents ont beau naître d’un sujet, être accrochés les uns aux autres, ou terminés naturellement, ils ne donnent point une marche rapide à l’action, s’ils n’ont pas le mérite de la variété, c’est-à-dire, s’ils ne sont alternativement heureux & malheureux.
Quelque soit le mérite d’Amphitryon, je suis loin de le ranger parmi les meilleurs ouvrages de l’auteur. […] Quant à Rotrou, chacun sait qu’il a plus d’une fois parlé une langue aussi belle, aussi précise que celle de Corneille, et ce mérite reconnu de tous, lui assigne un rang considérable dans notre littérature dramatique.
Le vulgaire des courtisans comprend les hommes dénués de mérite et pétris de vanité, qui, tourmentés du besoin d’importance à défaut de considérai ion, sollicitent, et se contentent de recevoir à genoux quelques reflets de la puissance suprême. […] Ils n’ont pas voulu plaire au roi ambitieux et guerrier ; c’est leur mérite.
Madame est une personne de qualité, (à part) [c’est ma cousine germaine] qui m’estime cent fois plus que je ne mérite. […] (à part) [Ne lui dites rien de notre dessein.] que sa bienveillance pour moi est ce qui fait tout mon mérite ? […] Comme j’ai promis d’appuyer tout ce que je dirois par des exemples ; comme je veux que mes lecteurs puissent juger par eux-mêmes de l’effet que de pareils aparté pourroient produire, je vais leur rapporter une histoire qui m’en a fait sentir tout le mérite.
On ne te trouve plus, chez nous, que dans les drames ; L’égoïsme, insensible à la voix du malheur, Aux pleurs de la pitié ferme toujours son cœur ; Et la philosophie et sa douce influence N’ont pu, de son exil, tirer la bienfaisance : Le cri de l’infortune est à peine écouté ; L’homme d’esprit sourit au mot d’humanité ; Le mérite caché languit dans la misère, Et l’intrigant, hélas ! […] insensible au branle de ta roue, Le mérite naissant, loin du monde caché, Fier d’être utile un jour, à l’étude attaché, Mûrit dans le travail et sa jeune éloquence, Et son besoin de gloire, et son indépendance : Protégé par lui seul il se doit ses progrès, Et sans remords, au moins, jouit de ses succès. […] Si le mérite est rare il est plus précieux : Pour consoler Thalie il lui reste Andrieux, Qui, d’un style élégant, tour à tour sacrifie Aux grâces, au bon goût, à la philosophie.
Que valent tous ses autres mérites, s’il n’est capable de donner à sa femme et à sa patrie des enfants dignes de lui, s’il ne peut remplir ce rôle saint par lequel l’homme ressemble le plus à Dieu ? […] Immoler au parterre 715 l’orgueil du nom et de la race pour y substituer l’orgueil du mérite, faire de l’acte royal qui conférait des duchés-pairies la cérémonie du mamamouchi, c’était un acte de courage dans un temps où, à nos yeux, l’esprit de justice et de liberté était représenté par le duc de Saint-Simon, si indigné de voir des bourgeois dans les charges. […] D’ailleurs, ce qu’il y a de particulièrement juste dans cette guerre à la noblesse dégénérée, ce n’est pas la critique des prétentions vaniteuses de ceux qui ne voient dans les mérites de leurs ancêtres qu’un droit à morgue et à privilèges : c’est l’affirmation formelle des devoirs qu’imposent une naissance et une fortune distinguées. […] En un mot, on y trouve la grande conception de l’égalité des hommes, tous chargés de devoirs réciproques, et incapables d’acquérir dans la république aucune dignité ni aucune estime, si ce n’est par le mérite personnel et par les services rendus à la patrie.
On peut assurer cependant qu’il a peu de pièces où brille davantage le mérite de la véritable invention comique, et qu’il n’en a peut-être pas une seule dont l’exécution porte un caractère si marqué d’originalité. […] À cette époque, on ne connaissait pas la méthode de combattre la bête fauve à coups de fusil comme une bécassine : on l’attaquait corps à corps ; il y avait un peu plus de mérite et de courage. […] Mais il serait inconnu actuellement, s’il n’eût pas composé des comédies dont plusieurs ont au moins le mérite d’être fort plaisantes. […] Le génie de Molière n’a donc à revendiquer, dans Le Mariage forcé, que le mérite de l’exécution. Ce mérite est faible, en ce qui regarde l’action, la conduite de la pièce, et l’on en doit être peu surpris.
Il éleva et il forma un autre homme qui, par la supériorité de ses talents, et par les dons singuliers qu’il avait reçus de la nature, mérite d’être connu de la postérité. […] Un autre trait mérite plus d’être rapporté. […] Molière pour ne point heurter de front le sentiment des critiques, et sachant qu’il faut ménager les hommes quand ils ont tort, donna au public le temps de revenir, et ne rejoua L’Avare qu’un an après : le public, qui à la longue se rend toujours au bon, donna à cet ouvrage les applaudissements qu’il mérite. […] Molière lui-même avait été joué aussi cruellement sur le théâtre de l’hôtel de Bourgogne, et n’en fut pas moins estimé : le vrai mérite résiste à la satire. […] Cette pièce ne fut jouée qu’à la cour, et ne pouvait guère réussir que par le mérite du divertissement et par celui de l’à-propos.
L’un mérite de figurer sur la scene, & l’autre en Greve. […] Marquis, tu vois, tout rit à ton mérite ; Le rang, le cœur, le bien, tout pour toi sollicite : Tu dois être content de toi par tout pays : On le seroit à moins. […] Nous voyons dans ces deux couplets les mêmes mots, les mêmes idées ; les deux personnages y ont les mêmes prétentions, les mêmes fatuités ; tous les deux vantent la beauté de leurs dents, de leur jambe, la finesse de leur taille, la délicatesse de leur goût & de leur esprit, leur talent singulier pour séduire les femmes ; tous les deux concluent qu’avec leur mérite on peut être content de soi dans tous les pays. […] Celle de Regnard est plaisante, mais celle de Moliere l’est autant : elle a de plus le mérite, comme nous l’avons déja dit, de servir à la piece, puisque les coups de bâton que Maître Jacques reçoit de l’Intendant amenent une infinité de choses, au lieu que la scene de Regnard ne sert qu’à peindre un mêlange confus de poltronnerie, d’extravagance & d’invraisemblance.
Il s’occupa de reproduire le modèle incroyable qu’il avait sous les yeux, laissant aux lecteurs à venir, le soin de juger du mérite et de l’intérêt de la ressemblance. […] comparez ce chapitre tout nouveau du mérite personnel, avec le même chapitre des mœurs et des caractères de ce siècle ! […] L’âge mûr est le creuset de tes mérites, et le monde, étonné de tes cheveux blancs, va savoir enfin ce que tu vaux par toi-même, ou si vraiment tu étais assez bien doué pour atteindre à la palme ardue et difficile ! […] Il n’était pas un artiste de quelque mérite qui ne regrettât vivement ce modèle inimitable qui inspirait, tant d’émulation et si peu de jalousie, aux comédiens de ce temps-ci. […] » Pour une personne de cette popularité et de ce mérite quitter le théâtre, en effet c’était quitter la vie.
On ne prétend rien diminuer du mérite & de la gloire de Moliere, en disant que le fond de la fable de sa Comédie de l’Avare est pris en partie de l’Aulularia de Plaute, & en partie de la Sporta del Gelli, qui a suivi le Poëte latin ; que le premier Acte est imité d’une Comédie Italienne à l’inpromptu, intitulée l’Amante Tradito, & jouée à Paris sous le nom de Lelio & d’Arlequin, valets dans la même maison : que la premiere Scene du second Acte est tirée du Dottor Bachettone, Canevas Italien ; que la Scene 5me. […] Riccoboni dont je tire cet article, un ouvrage aussi singulier & aussi difficile, car je suis presque certain qu’il a plus coûté à Moliere que deux Comédies de son invention, mérite l’attention, & même l’admiration des connoisseurs. […] Colbert feront ce qu’il leur plaira, dit-il brusquement ; mais à moins que le Roi ne m’ordonne expressément de trouver bons les vers de Chapelain, je soutiendrai toujours, qu’un homme, après avoir fait la Pucelle, mérite d’être pendu.
Cela produit de l’effet : sans doute, mais surtout l’effet de nous donner dans la pratique moins d’horreur pour les vices réels auxquels nous cédons, en nous excusant sur la compensation que nous établirons par des mérites et des vertus possibles, dont nous n’avons pas même l’intention. […] On doit comprendre qu’il ait été offusqué par les audacieuses plaisanteries de Scapin, comme par la gracieuse luxure des Contes, qui ne lui permettait pas de bien voir le mérite transcendant des Fables. […] IX, § 2), qui met trop de bonne volonté à trouver une morale à cette farce : « Sganarelle nous fait honte de la jalousie dans le ménage ; il nous rend moins chatouilleux aux apparences, nous rassure pleinement sur notre mérite. » — J.
La pièce italienne mérite de préférence que nous la mettions en comparaison avec la française. […] Dès ce moment, les ennemis de Molière ne parurent pas terrassés par le mérite de son ouvrage, mais par la toute-puissance. […] Mais nous la traiterons plus favorablement, n’eût-elle que le mérite de verser à grands flots le ridicule sur le pédantisme de la fausse philosophie, et sur le jargon vide de sens qui régnait dans nos écoles. […] Je l’écoute avec les égards que mérite sa noble audace ; hélas ! […] Nous aurons encore à réfléchir sur les inquiétudes de Molière, assez modeste pour ne pas croire au mérite de sa nouvelle production, avant l’approbation de Louis XIV.
Rien n’y mérite de nous occuper. […] « Profitez du moment « & faites vos efforts « cet odieux jaloux « Que je ne le voie plus, « & que je retrouve, « soumis & rempli « que mérite une « trop éprouvé A qui donc écrit-on un billet de la sorte ? […] « Que je ne le voie plus, je vous en conjure, « & que je retrouve, s’il est possible, Moncade tendre, « soumis & rempli de toute la confiance « que mérite une personne dont il n’a que « trop éprouvé les bontés. […] La Comtesse mérite des épithetes que je ne puis décemment lui donner ici. […] Son maître n’a pas le temps de le traiter comme il mérite : ils sortent.
Des exemples de l’une & de l’autre espece rapprochés, vont nous faire apprécier leur juste mérite, à raison de l’effet différent qu’ils produisent. […] Une noble hardiesse, sans être heureuse, mérite des éloges, quand l’amour seul des beaux arts l’a produite, & non la sotte présomption. […] Dans le cinquieme acte, Milord reconnoît ses torts, épouse Eugénie : tout est réparé : la piece est applaudie, & le mérite.
C’est encore Fénelon qui le dit21 : « La beauté ne peut être que nuisible à moins qu’elle ne serve à faire marier avantageusement une fille ; mais comment y servira-t-elle, si elle n’est soutenue par le mérite et par la vertu ? […] Célimène a gardé ses travers parce qu’aucun des hommes qui la recherchent ne possède un mérite assez grand pour agir sur son esprit ; mais reconnaissant dans son vainqueur une âme au-dessus du commun, elle subira sa domination et se pliera pour se conformer à lui. […] Mais elle ne fait qu’apparaître ; elle se montre assez pour se faire aimer, trop peu pour nous permettre d’apprécier tout son mérite. […] Je ne dirai pas que c’est son principal mérite, parce que j’aurais l’air de la dénigrer, et l’honnêteté est de nos jours assez rare au théâtre pour qu’on sache gré à un auteur d’y être resté fidèle. […] C’est dans cette scène et dans la façon dont elle est amenée que se montrent avec le plus d’éclat l’art du poète et le mérite d’Elmire.
Après son départ, Léonor dit à sa confidente qu’elle est fâchée de ne pas l’aimer, qu’il le mérite, mais que Don Garcie regne sur son ame. […] Don André lui dit que l’action de Don Garcie n’étant pas d’un galant homme, il faut le traiter comme il mérite, & saute par-dessus la muraille de son jardin, pour l’assassiner chez lui. […] Cela avoit son mérite au moins ; car il ne faut point d’air à la campagne, il ne faut point de vue : vous avez raison. […] Avouons cependant qu’il a quelque mérite d’avoir lié le dénouement à l’intrigue par le déguisement de M. […] D’Ancourt mérite encore des éloges pour l’adresse avec laquelle il a peint dans la conduite de son Bailli celle du Lieutenant Particulier de Châtillon, qui gagne des témoins pour certifier la mort de la Pivardie.
Du reste, la comédie de Quinault est dénuée de toute espèce de mérite. […] Les règles d’une bonne critique permettent-elles de donner, pour l’original d’une scène dont le développement et le style constituent le principal mérite, une situation indiquée seulement dans quelque obscur scenario ?
La première, que j’aie convenu de juges touchant son mérite, et m’en sois rapporté au sentiment de ceux qu’on a prié d’en juger. […] Sans vouloir diminuer le mérite d’un poème dramatique, nous avons marqué exactement les critiques qu’on en a faites, le rapport de ce même poème avec les autres plus anciens. […] Si personne jusqu’ici n’a rien tenté de semblable, c’est l’effet d’une prudence qui mérite des éloges. […] « Je suis toutefois obligé d’avouer, pour rendre justice à ce que son auteur a de mérite, que cette pièce est un monstre qui a de belles parties, et que jamais l’on ne vit tant de si bonnes choses ensemble. […] M. de Visé dans ses Nouvelles nouvelles, tome III, p. 236 et 237, avance un fait au sujet de cette comédie, qui tout faux qu’il est, mérite d’être placé ici, pour faire connaître l’envie et la jalousie de cet auteur contre Molière.
Le privilege qu’ils ont de n’être pas sujets aux fluxions de poitrine, comme le dit leur Polichinel, leur mérite-t-il cet honneur ? […] Un Auteur aura beau vous soutenir dans une préface que le genre prétendu nouveau & philosophique mérite la préférence sur celui de Plaute, de Térence, de Moliere ; croyez qu’il ne le pense pas, & dites-lui avec Dorine 24 : Non, vous avez beau faire, On ne vous croira pas. […] D’un souverain pouvoir, il brise les liens Du contrat qui lui fait un don de tous vos biens, Et vous pardonne enfin cette offense secrete Où vous a d’un ami fait tomber la retraite : Et c’est le prix qu’il donne au zele qu’autrefois On vous vit témoigner en appuyant ses droits : Pour montrer que son cœur sait, quand moins on y pense, D’une bonne action verser la récompense ; Que jamais le mérite avec lui ne perd rien, Et que, mieux que du mal, il se souvient du bien.
Comment croire, enfin, que Molière ait été irrité de ce qu’un homme, dont l’opinion n’était pas sans influence sur les jugements publics, avait pris la défense de sa pièce attaquée par tant de gens qui n’en sentaient pas ou qui affectaient d’en méconnaître le mérite ? […] Où donc est le mérite du Médecin malgré lui ? […] La seule pièce, après celles-ci, où Molière ait employé le patois des paysans, est Le Médecin malgré lui, c’est-à-dire une farce, une comédie populaire, où la vérité naïve est le premier de tous les mérites, où toutes les bienséances et toutes les conventions de l’art peuvent être sacrifiées au dessein de faire rire. […] Dans la distribution des madrigaux que Benserade adressait aux nobles acteurs de son ballet, Molière eut pour sa part ce méchant quatrain : Le célèbre Molière est dans un grand éclat ; Son mérite est connu de Paris jusqu’à Rome.
Il a, sur-tout, connu tout le mérite de leurs scenes de dépit ; il a non seulement pris de cette piece les dépits amoureux d’Eraste & de Lucile, mais encore ceux de Marinette & de Gros René, qui parodient leurs maîtres à l’exemple de Brighella & de Colombine. […] Laissez-moi du moins finir ce que j’ai à vous dire, & vous me condamnerez ensuite si je le mérite. […] Je vous ordonne, pour votre pénitence, de m’aimer autant que je le mérite ; & puisque mon pere est sorti, ramenez-moi dans ma maison ; nous chercherons ensemble les moyens de nous unir bientôt. […] D’Ouville a fait, avant Moliere, une comédie sur le même sujet, intitulée Aimer sans savoir qui ; mais elle ne mérite point d’être opposée au Dépit amoureux.
Le mérite ne va plus décider ici du rang des Auteurs, ce sera la date de leur premiere entrée chez l’une ou l’autre Thalie. […] C’est lorsque l’Auteur repose sous la tombe, qu’on juge sainement ses productions ; jusques-là les petites haines particulieres, les rivalités, ou les enthousiastes, répandent un nuage trop épais sur le vrai mérite de l’artiste.
Le poète espagnol a la gloire d’avoir imaginé un sujet heureux et d’en avoir tiré de grandes beautés : Molière a le mérite d’avoir presque toujours perfectionné dans sa copie un bon original. […] Il fut fait à cette infâme diatribe deux réponses, dont une, en forme de lettre, mérite seule qu’on en fasse quelque mention. […] C’est à ce mérite, si brillant dans l’ouvrage, que Molière semble avoir sacrifié tous les autres ; c’est là qu’en quelque sorte il a placé la compensation de tous les défauts originels du sujet, et de ceux qu’il s’est vu contraint d’y ajouter lui-même.
Il l’a placée entre deux autres qui ne peuvent qu’ajouter à son mérite. […] Je sais qu’à moins d’une couronne sur la tête, je ne saurois seconder votre mérite. […] Edme Boursault, si cruellement turlupiné par Moliere, avoit pourtant du mérite.
C’est un mérite tel quel que n’ont pas toujours nos auteurs dramatiques. […] Que Molière ait su allier à ce caractère odieux une élégance chevaleresque, une audace juvénile42 qui empêchent que l’horreur ne nous prenne trop vile, et qui intéressent encore au héros, si méprisable qu’il soit ; qu’il ait agréablement mêlé à l’intrigue les traits et les situations les plus comiques, pour rester dans le domaine de la comédie, et ramener le rire chez le spectateur prêt à subir des émotions moins gaies, c’est une habileté d’auteur qu’on doit admirer, et qui ajoute grandement au mérite d’une pièce si difficile à rendre attrayante sans rendre le vice lui-même attrayant. […] L’hypocrisie, Molière l’avait en horreur75 : c’était pour lui le comble de la scélératesse76 ; et il était d’avis sans doute que, dans une débauche ouverte, il y a encore un certain mérite de franchise, un espoir quelconque de repentir, qui ne se trouvent plus quand le criminel a pris enfin le parti de se couvrir du manteau de Dieu.
Colbert feront ce qu’il leur plaira, dit-il brusquement : mais à moins que le roi ne m’ordonne expressément de trouver bons les vers de Chapelain, je soutiendrai toujours qu’un homme, après avoir fait la Pucelle,198 mérite d’être pendu ».
Son mérite l’éleva dès 1669 à la place importante de général des galères de France, et en 1675 il fut fait maréchal de France.
Molière devait lire une traduction de Lucrèce* en vers français, chez un ami, où étaient Boileau et plusieurs autres personnes de mérite.
Destouches pour donner à cette comédie tout le mérite que l’on y trouve. […] Mais si tu es assuré de sa vertu, que te faut-il davantage, & qu’est-ce que mes soins ajouteront à son mérite ? […] Anselme comprend par ce billet que Lothaire a parlé, il en est enchanté ; il répond froidement à l’avis de sa femme : elle en est piquée, fait attention au mérite de Lothaire. […] Malgré ce que je viens de dire, convenons que nombre d’Auteurs auroient peut-être imité plus mal la Nouvelle espagnole, & que la comédie ne mérite pas l’épigramme suivante faite par quelque malin après les trois ou quatre premieres représentations : On représente maintenant Le Curieux impertinent.
La peine inutile que les uns prennent pour arranger cinq à six scenes sans suite & sans dénouement, l’estime, la vénération que les autres ont pour ces ouvrages décousus, prouvent assez que l’envie fait parler les premiers, & que leurs admirateurs ne connoissent ni les difficultés ni le mérite du genre qu’ils méprisent.
La manière moderne de prendre des noms possibles vaut bien mieux quoiqu’il n’y ait nul mérite à l’avoir inventée. […] Deux mérites ici : Cela peint. […] Il s’appelle Scapin, c’est un homme incomparable, et il mérite toutes les louanges qu’on peut donner. […] Le dénouement romanesque a au moins le mérite d’être court et clair, mérite qui manque par exemple à celui de l’Avare. Cette pièce a au suprême degré le mérite de la vivacité.
C’est un homme gonflé de l’amour de soi-même : Son mérite jamais n’est content de la cour, Contre elle il fait métier de pester chaque jour ; Et l’on ne donne emploi, charge, ni bénéfice, Qu’à tout ce qu’il se croit on ne fasse injustice. […] Que de son cuisinier il s’est fait un mérite, Et que c’est à sa table à qui l’on rend visite. […] Mais quel sujet si grand contre lui vous irrite, Vous à qui j’ai tant vu parler de son mérite ?
L’on refuse la sépulture à un homme qui mérite des autels.
A mesure qu’il travaille, la sécheresse, l’ingratitude de son sujet font naître mille difficultés, qu’il est besoin de vaincre ou d’écarter l’une après l’autre : de là ces scenes tout-à-fait décousues ou préparées avec effort ; de là ces expositions continuelles ; de là ces pieces monstrueuses, qui, quoique remplies de ces écarts de l’esprit, de ces traits de lumiere qui décelent de grands talents aux yeux des connoisseurs, déplaisent cependant au grand nombre, & se voient sacrifiées, avec quelque justice, à ces drames sans feu, sans imagination, & qui ne doivent tout leur mérite qu’au choix heureux d’un sujet pris dans un roman. […] Plus ils auront de mérite, plus ils se feront un plaisir de nous communiquer leurs lumieres.
Mille tendres sornettes Que l’on a soin d’orner de mots à double sens ; Parler éloquemment cornettes, Et prononcer sur des rubans ; De tout ce qui paroît juger sans connoissance, Hors de propos prodiguer son encens, Et placer bien sa médisance : Voilà des aimables du temps Ce qui fait le mérite & toute la science. […] Comme M. de Boissi semble d’abord avoir voulu saisir tout ce que ce dernier genre a d’avantageux pour réunir l’utile à l’agréable, la morale la plus saine au comique le plus piquant & le plus varié, en critiquant alternativement les modes, les usages, l’esprit & le cœur ; comme, dis-je, l’Auteur semble n’avoir apperçu tous les ressorts de ce dernier genre que pour nous les indiquer & pour ne les employer que superficiellement ou avec gaucherie, sa piece aura pour nous le mérite d’un double exemple.
Ils nous apprennent que « dans le palais de Mademoiselle, ou faisait accueil au mérite, et que tout ce qu’il y avait de beaux esprits, y trouvaient leur place comme chez Mécénas. » Les mémoires de la princesse et son petit roman allégorique de la princesse de Paphlagonie renferment les portraits d’une multitude de personnes célèbres par leur esprit. […] Ses lettres au comte de Bussy-Rabutin la placent entre les talents épistolaires ; elle avait des amis d’un rang et d’un mérite très distingués.
tu t’étonnes, préférant l’argent à tout, de n’inspirer à personne une affection que tu ne mérites pas ! […] Tout simplement sot, il ne mériterait pas, il ne vaudrait pas les tours sanglants qu’on lui joue ; et l’extrême facilité qu’on trouve à le berner, nous ferait trouver peu de plaisir à en être les témoins : mais sot avec présomption, avec jactance, et plaçant tout de travers sa confiance ou ses soupçons, il nous amuse de ses infortunes, dont sa suffisance est toujours étonnée ; il nous divertit de ses fureurs, qu’exalte toujours l’idée du mérite qu’il possède et des égards qu’on lui doit. […] Si l’on jugeait du mérite d’un ouvrage d’après le nombre des imitations qu’il a produites, Pourceaugnac serait le chef-d’œuvre de Molière. […] Il excellait, à la vérité, dans l’art de faire des allusions délicatement hardies aux intrigues politiques ou galantes de la cour ; et, comme dit le privilège pour l’impression de ses œuvres (car la grave chancellerie elle-même ne crut pas se commettre en libellant l’éloge des petits vers de Benserade) : « La manière dont il confondait le caractère des personnages qui dansaient, avec le caractère des personnages qu’ils représentaient, était une espèce de secret personnel qu’il n’avait imité de personne, et que personne n’imitera peut-être jamais de lui. » Molière, il n’en coûte rien de l’avouer, n’avait pas au même degré ce genre de mérite. […] Après le mérite de faire un bon ouvrage, il y en a un autre, moins brillant sans doute, mais peut-être encore plus rare, c’est de reconnaître qu’on en a fait un mauvais.
Elle lui dit toutes ses vérités et ajoute qu’il ne mérite pas une femme comme elle. […] Transcrivons les stances suivantes d’Isaac du Ryer, non pour leur mérite poétique, mais comme témoignage de l’admiration qu’inspirait cette actrice.
Mais l’un ne mérite pas qu’on fasse grace à l’autre. […] Damis, par exemple, jeune Conseiller, doit tout son mérite à sa bouquetiere & à son parfumeur : les filles à talent dictent ses arrêts dans leur alcove ou dans leurs boudoirs. […] La comédie de la Femme Juge & Partie eut un succès prodigieux, non pas tant à cause de son mérite, que parcequ’on crut y reconnoître l’histoire du Comte de ***, qui avoit vendu sa femme à un Corsaire.
Soulié, en 1863, a eu le mérite de faire faire un troisième pas à l’histoire critique de la vie de Molière, en soumettant le grand comique aux dépendances de la « race » du « milieu », du « moment ». […] Je ne dis rien d’Horace : parmi les « amoureux » du répertoire de Molière, il n’y en a pas de plus insignifiant, dont le mérite se réduise plus étroitement à celui de sa perruque blonde, qui soit d’ailleurs plus digne d’Agnès. […] Le sujet est donc important, et mérite un examen approfondi. […] Mon cœur pour sa défense a tout votre mérite, appuyé du secours d’une reconnaissance où le Ciel m’engage envers vous. […] Le « secours d’une reconnaissance où le ciel engage Elise envers Valère », ce « secours » appuyant ce « mérite », et ce « mérite » suffisant à « la défense de ce cœur », sont de pur galimatias.
Cette pièce ne fut jouée qu’à la Cour et ne pouvait guère réussir que par le mérite du divertissement et par celui de l’à-propos. […] Elle confondit cette pièce avec celles qui n’ont d’autre mérite que de faire rire. […] Molière s’est suffisamment justifié de cela par une harangue qu’il fit au public, deux jours avant la première représentation de sa pièce : et puis ce prétendu original de cette agréable comédie ne doit pas s’en mettre en peine, s’il est aussi sage et aussi habile homme que l’on dit, et cela ne servira qu’à faire éclater davantage son mérite, en faisant naître l’envie de le connaître, de lire ses écrits, et d’aller à ses sermons. […] Mais pour bien juger du mérite de la comédie dont je parle, je conseillerais à tout le monde de la voir, et de s’y divertir, sans examiner autre chose, et sans s’arrêter à la critique de la plupart des gens qui croient qu’il est d’un bel esprit de trouver à redire. » Un passage de M. […] Les extraits qu’il donna amplement de la harangue de M. l’abbé Dangeau nous font juger qu’on s’arrêta peu sur le mérite du prédécesseur, et qu’il semblait qu’on marchait sur la braise à cet endroit-là.
On en a parlé dans le dictionaire historique éditions de 1725. et de 1732. mais son article mérite les corrections et les additions suivantes.
On sera bien aise d’apprendre ce que devint après la mort de Moliere la troupe de Comédiens dont il avoit été le Chef (I) : cela peut fort servir à faire connoître le mérite de cet Acteur. […] Voilà des obstacles qui ne nous permettent point d’admirer ce Poëte selon son mérite, ni en Grec, ni en Latin, ni dans les Versions Françoises les plus fidelles, & les plus polies, qu’on nous en puisse donner. […] Cette troupe avant que d’être établie au Palais Roial, avoit fait connoître son mérite à Paris sur les fossez de Nesle, & au quartier de saint Paul, à Lion, & en Languedoc.
On nous dit : si Arnolphe est berné par Agnès et si Horace la lui enlève, il n’a que ce qu’il mérite, c’est sa juste punition. […] Il vaudrait peut-être mieux, plutôt que d’attendre deux cents ans pour découvrir dans un ouvrage des mérites qui ne s’y trouvent pas, reconnaître tout de suite et admirer ceux qui s’y trouvent. […] Il n’appartient à personne de grandir Molière, et, lorsqu’on a dit de lui qu’il est le premier et peut-être le seul poète comique, on lui a rendu un hommage suffisant, celui qu’il mérite.
Voilà encore un titre qui annonce un caractere composé, & promet en même temps une piece dont le héros seroit intérieurement pêtri de fatuité & auroit l’extérieur d’un homme qui ne connoîtroit pas son mérite. […] Il est au dessous de lui de solliciter un emploi dans les Finances, il ne peut courir après un bénéfice ; les postes dans le militaire ne se donnent qu’à l’ancienneté ou bien au mérite ; il faut avoir réellement de l’argent pour acheter des charges ; il faut se procurer cet argent par quelque moyen : un riche établissement est le meilleur ; c’est le seul commerce où l’on puisse impunément être faux & frippon. […] Il peut fournir autant de comique que de moral : il a le mérite d’être à la portée de tous les rangs, de tous les états, de tous les âges, de toutes les nations ; cependant je ne craindrai point de dire que ce sujet est extrêmement difficile à traiter : premiérement, parceque le Défiant est un caractere qu’on peut lier à une infinité d’autres ; un jaloux est défiant ; une mere qui veut conserver l’honneur & la réputation de sa fille est défiante ; un philosophe qui connoît les hommes est défiant ; un méchant est défiant, parcequ’il redoute dans les autres les méchancetés qu’il est capable de faire, &c.
Une certaine verve comique, et quelquefois une rapidité entraînante, voilà son seul mérite théâtral, et c’est aussi le seul que Molière ait daigné s’approprier. […] Et s’il désavoue ces rumeurs, ne ressemble-t-il pas toujours un peu à ces jeunes gens qui, soupçonnés d’être bien reçus par une jolie femme, paraissent, dans leur désaveu même, vous remercier d’une opinion si flatteuse, et n’aspirer en effet qu’au mérite de la discrétion ? […] Cet art qui manque aux satires de Boileau, de tracer une ligne nette et précise entre le vice et la vertu, la raison et le ridicule, est le grand mérite de Molière.
Là, sa vertu éclate avec tous ses autres mérites ; là, nul soupçon d’intérêt personnel ne peut l’atteindre ; là fut même pénible sacrifice de ses sentiments, s’il est vrai, comme on n’en peut douter et comme le disait sa clairvoyante rivale, qu’elle aimât ce roi dont elle remettait la reine en possession, et que les désirs qu’elle reconduisit vers la couche conjugale, s’étaient allumés ou éveillés pour elle. […] Elle le dut à la réunion des mérites dont la société des femmes d’élite était l’assemblage, à l’émulation d’esprit, de raison, de bienséance qui régnaient entre elles, au désir de se conserver dignes les unes des autres. […] Elle semblait leur payer une dette en s’élevant par le mérite qu’elle avait acquis dans leur commerce et leur intimité ; et cette société illustre se sentait dignement récompensée de l’honnêteté de ses mœurs, de la culture de ses facultés, par le prix qu’en recevait une d’elles.
Une tradition: plus sérieuse, et qui mérite un examen attentif, nous apprend que les contemporains de Molière; crurent reconnaître dans Alceste le duc de Montausier. […] Saint-Simon nous représente le duc de Guiche avec « moins d’esprit qu’il est possible de l’imaginer, peu de bon sens, une parfaite ignorance, payant de grandes manières et de sottises ; » à peu près comme Alceste nous dépeint Clitandre n’ayant pour tout mérite que sa toilette et sa fatuité14. […] Restent quelques personnages secondaires : Cléonte, qui trouve toujours « L’art de ne vous rien dire avec de grands discours, » Damon « le raisonneur, » Timante « l’homme tout mystère, » Géralde « que la qualité entête, » Bélise « le pauvre esprit de femme, » et l’orgueilleux Adraste, et le jeune Cléon « qui s’est fait un mérite de son cuisinier, » et Damis, que l’amitié même de Célimène ne protège pas contre les traits de sa médisance33.
Prompt à reconnaître le mérite de l’orateur, il se rendait indulgent pour ses défauts. […] tout est au-dessous des louanges qu’il mérite ! […] Là, il a montré par excellence sa profondeur, sa connaissance du cœur de l’homme, son courage, sa sincérité, son habileté, tous ses mérites et toutes ses vertus. […] Il prit donc soin de ne livrer sa pièce aux lecteurs que munie, en guise de préface, d’un compte rendu destiné à en faire goûter le mérite. […] Molière est le premier en mérite des écrivains célèbres nés à Paris.
Le comique qu’une ressemblance bien annoncée & bien ménagée fournit à un Auteur ingénieux, mérite quelque indulgence. […] Eh bien, si Philocomasie est au logis, & que je te la fasse voir sortant de notre porte, n’est-il pas vrai que tu mérites d’être traité à coups de verge ou de bâton ?
Sa comédie du Pédant joué obtint assez longtemps les applaudissements du public ; mais elle n’a guère d’autre mérite que celui d’avoir fourni deux scènes aux Fourberies de Scapin. […] Ce succès est plus que suffisamment justifié par la supériorité de ces comédies sur celles du répertoire d’alors ; il pourrait l’être également par leur mérite réel. […] Personne mieux que ce dernier n’appréciait tout le mérite de La Fontaine. […] doucement, répondit Molière, ce n’est point ici une affaire à entreprendre mal à propos ; c’est la dernière action de notre vie, il n’en faut pas manquer le mérite. […] Nous avons tout lieu de croire que celui qui le premier a mis cette charge sur le compte de Molière n’a pas même le mérite, assez triste, il est vrai, de l’avoir inventée.
On ignore quel jour vit paroître cette comédie pour la premiere fois : on sait seulement qu’elle n’eut que sept représentations dans sa nouveauté, & qu’elle fut redonnée avec tout le succès qu’elle mérite le 9 Septembre 1668. […] Ces deux scenes paroissent d’un égal mérite, si on les sépare des ouvrages auxquels elles tiennent : mais, dans la Piece Italienne, Pantalon fait présent de sa bourse à celui qui lui porte de bonnes nouvelles ; dans la Piece Françoise, Harpagon ne donne rien à Frosine. […] En vérité, Euclion, je vois bien qu’à cause que je ne suis pas fort loin de la vieillesse, vous me croyez propre à être votre dupe : cependant il me semble que je mérite mieux que cela. […] Les Italiens ont une comédie très ancienne, que Moliere n’a vraisemblablement pas connue, puisqu’il n’en a pas tiré une scene qui, selon moi, est de toute beauté, & qui auroit surement ajouté un nouveau mérite à sa piece.
Il a trop de mérite pour brailler à un barreau ; et c’est un vol qu’il fait au public, s’il ne se fait prédicateur ou comédien.
doucement, répondit Moliere : ce n’est point ici une affaire à entreprendre mal-à-propos ; c’est la dernière action de la vie, il n’en faut pas manquer le mérite.
Bien qu’il ne soit pas toujours divertissant, avec ses gronderies, ses gourmades et ses tirades, elle est pourtant plus sensible qu’elle ne se l’avoue à des mérites supérieurs que tout le monde vante, et qu’elle ne voudrait pas voir déserter son escorte. […] Après tout, cet éloge était provisoirement mérite : car, malgré son orgueil, Louis XIV n’avait point encore perdu l’équilibre et commis les fautes irréparables. […] La sympathie ne sait guère à qui s’attacher dans cette fable où nul personnage, sauf Marianne, ne mérite estime ou affection. […] Sa copie honore l’original, ou le fait oublier ; et son théâtre mérite ainsi d’être à son tour une source commune où les maîtres de la scène ne cesseront pas de puiser l’inspiration147. […] Gentilhomme pauvre, mais qui ne fera jamais un trafic de son blason, il aime la fille d’un riche roturier ; mais je suis certain qu’il n’a pas même pensé à sa dot : il n’a souci que de la personne, et n’est séduit que par son mérite.
J’attendois là mon Lecteur : sa réplique nous menera loin ; elle mérite d’être approfondie. […] Il faut y réfléchir, & cela le mérite.
A-t-on plus ou moins de mérite à le traiter, à le mettre en action sur notre scene, à l’assujettir aux regles, aux bienséances du théâtre, à l’accommoder aux usages, aux mœurs de son pays, à faire ressortir du fond même une morale qui soit propre aux hommes de sa nation ? […] lisons la scene IX, acte III du Bourgeois Gentilhomme : l’Auteur a non seulement imité les caprices que sa femme lui faisoit essuyer, les brouilleries, les tendres dépits, les raccommodements qui s’ensuivoient ; il y copie la taille, la façon de parler, la conversation, les manieres, les traits d’une épouse qu’il adora toujours, & qui, par des infidélités redoublées, sembla s’étudier à prouver que le génie n’est pas le mérite le plus estimé des femmes, ou du moins le plus propre à les fixer. […] Une peinture, dans quelque genre qu’elle soit, est bien foible quand elle nous laisse le sang-froid de la juger par comparaison : il faut qu’elle nous transporte dans le temps & le lieu où l’action s’est passée : il faut que nous pensions la voir de nos yeux ; que nous partagions, par exemple, les malheurs d’Orgon & ceux de toute sa famille ; que nous craignions de voir échapper Tartufe aux châtiments qu’il mérite.
De son petit mérite il est fort entêté. […] Vous êtes un homme dé mérite ; vous avez des talents, des connoissances : jé né suis pas un sot, un ignorant. […] J’ai trop de modestie pour vous le nommer : mais voici un petit placet où vous trouverez, avec ses mérites détaillés, ses noms & demeure.
Voyons donc si, même à ce point de vue assez peu élevé, le règne de Louis XIV mérite sa réputation. Remarquons d’abord qu’il est parfaitement faux de dire, comme on le répète chaque jour, que, le premier, Louis XIV eut le mérite de dérober les gens de lettres à la protection humiliante des grands seigneurs, en leur donnant des pensions, qui les faisaient dépendre, non plus d’un particulier, mais de l’état incarné en sa personne. […] Si les pensions ont le don que bien des gens leur supposent, celui d’éveiller le génie, au moins celles de Louis XIV n’ont pas eu ce mérite-là.
L’arrivée du Marquis, & sur-tout une arrivée annoncée, peut-elle jetter les personnages de la scene dans un trouble assez grand pour qu’il mérite d’être peint ?
En 1828, deux revues qui venaient de se fonder à Londres, la Foreign Quarterly Review et l’Athenœum contiennent chacune un article qui mérite d’être cité parmi les hommages les plus éclatants rendus à Molière par des étrangers. […] Vous avez tiré cette infortunée d’un précipice où son mérite l’avait jetée, et vous avez remis sur le théâtre un des beaux personnages qu’il ait portés. […] Deux ou trois de ces places avaient été, par hasard, louées à Jérôme Vachier de Robillas ; Boissat néanmoins les obtint toutes sans difficulté, à cause de son mérite, de son crédit et de la distinction des femmes qu’il devait amener. […] Toutefois, plus d’un épisode du récit des deux Parisiens mérite d’être retenu, si l’on songe que Molière avait les mêmes tableaux, les mêmes personnages sous les yeux. […] Les critiques du temps, pour diminuer le mérite de l’auteur, prétendaient du reste que Molière avait en portefeuille tous ces portraits qui lui avaient été fournis par ceux-là justement dont ils étaient la ressemblance.
Il ne s’ensuit pas de ce que j’ai dit, qu’il vaille mieux avoir fait le Malade imaginaire que les Femmes savantes ; mais je soutiens que si l’Auteur s’étoit donné autant de soins pour la premiere de ces pieces que pour la derniere, elle lui auroit fait plus d’honneur, & qu’à mérite égal le choix du sujet lui auroit valu la préférence.