/ 210
22. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. » pp. 20-52

Brighel leur épargne cette peine. […] Quant à la façon dont ces mêmes scenes sont traitées, on croira sans peine que Moliere l’emporte sur l’Auteur Italien. […] Il ne m’aveugle pas si fort que je ne voie avec peine votre ingratitude. […] Oui, mon amour pour vous sans doute étoit extrême, Je vivois tout en vous ; &, je l’avouerai même, Peut-être qu’après tout j’aurai, quoiqu’outragé, Assez de peine encore à m’en voir dégagé : Possible que malgré la cure qu’elle essaie Mon ame saignera long-temps de cette plaie ; Et qu’affranchi d’un joug qui faisoit tout mon bien, Il faudra me résoudre à n’aimer jamais rien. […] L’amante Italienne a soin de nous dire ce qu’elle y fera ; l’amante Françoise ne se donne pas cette peine.

23. (1856) Les reprises au Théâtre-Français : l’Amphitryon, de Molière (Revue des deux mondes) pp. 456-

Jupiter se donne la peine de tromper le mari d’Alcmène ; Louis XIV en agissait autrement avec les seigneurs de sa cour. […] Les négligences qu’un œil exercé découvre sans peine dans cet ouvrage peuvent servir à expliquer un juge ment de La Bruyère qui serait pour nous une énigme impénétrable, si nous ne consultions que le Misanthrope et les Femmes savantes.

24. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. La Chaussée, imitateur de Regnard, d’un Auteur Espagnol, d’un Auteur Italien, d’un Romancier François, &c. » pp. 262-276

Nous ne nous épuiserons pas en longs raisonnements pour cela, les exemples nous en éviteront la peine, & nous opposerons les deux uniques comédies de la Chaussée, toutes les deux très mauvaises, toutes les deux imitées, au meilleur de ses drames dû pareillement à une imitation, mais plus heureuse, parcequ’elle étoit plus facile. […] Ce dernier n’a pas eu beaucoup de peine en transportant l’un & l’autre sur la scene. […] Quelle peine a-t-on à faire passer tout cela dans une piece ?

25. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Quoi, ce faible écho, si faible que mon oreille a peine à le saisir, c’est donc tout ce qui reste des grands bruits d’autrefois ? […] Convenez cependant que ce n’était pas la peine de vivre si longtemps, pour si peu. […] Que de fois a-t-elle dû prendre en pitié l’obstination, la peine, et la gloire de mademoiselle Mars ! […] En trente vers, l’huissier Loyal est récompensé de sa peine ! […] c’était cette aimable fille qui était une dupe de se donner tant de peine, pour te retenir dans ses liens !

26. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. De la Diction. » pp. 178-203

Si vous n’avez ni égard, ni considération, ni justice pour l’innocence ; si vous exercez contre les bons tant de rigueur & de dureté ; enfin si vous prenez plaisir, si vous trouvez des délices dans les peines, dans les malheurs des ames pures & qui détestent l’iniquité, comment punirez-vous les impies, les infames, & les scélérats ? […] Un grand rocher s’éleve au milieu de l’étang, Où les cinquante sœurs, faites de marbre blanc, Portent incessamment les peines méritées D’avoir en leurs maris leurs mains ensanglantées ; Et souffrant un travail qui ne sauroit finir, Semblent incessamment aller & revenir. […] L’une monte chargée ; & l’autre, qui descend, Semble aider à sa sœur sur le degré glissant : L’une est prête à verser, l’autre reprend haleine : L’œil même qui les voit prend sa part de leur peine. […] Les esprits justes, les esprits vrais ne souffrent qu’avec peine que l’on préfere aujourd’hui des comédies composées de saillies & d’épigrammes ou de déclarations amoureuses, aux bonnes comédies, qui ne sont parées que d’une action simple & naturelle.

27. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Je me suis donné toutes les peines, j’ai pris tous les soins nécessaires pour atteindre à ce but. […] La raison répond sans peine à ce reproche d’une philosophie chagrine et sophistique. […] Les peuples nouveaux n’ont rien qu’ils lui puissent opposer : eux-mêmes le reconnaissent sans peine. […] Il sollicita, et il obtint de ses parents, non sans beaucoup de peine, qu’ils le fissent étudier. […] Il est certain qu’il n’épargnait ni soin, ni peine, pour exceller dans sa profession d’acteur.

28. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Elle donne un choc à l’esprit, et de ce choc dangereux, l’esprit a peine à se remettre ; il se souvient longtemps du spectacle animé de ces licences ; il y revient complaisamment, il les médite, et c’est pourquoi Tertullien appelle le théâtre : « l’Église du diable : Ecclesia diaboli !  […] Vous avez beau crier, une comédie dont Henriette d’Angleterre accepta la dédicace, dont Boileau a fait l’éloge, une œuvre agréable et charmante, qui faisait rire aux éclats Louis XIV et sa cour, dont Molière a pris la défense, non pas sans succès, dans un intermède écrit tout exprès contre ses censeurs, une pareille comédie vaut bien la peine qu’on en parle. […] À l’aspect de ce bel instrument au repos, ne vous êtes-vous pas pris de tristesse en songeant à toutes les misères musicales que contenait cette âme en peine : les sonates de la petite demoiselle au retour de sa pension, les romances du faiseur de romances, les opéras-comiques des grands prix de Rome, les roulades des chanteurs et des chanteuses, tout ce menu fretin des mélodies de pensionnat et de salon ? […] Aujourd’hui, prenant ses ébats sur les gazons fleuris, le jour d’après marchant à grand peine sur le théâtre, et déchirant ses petits pieds aux clous d’un tapis poudreux ! […] Elle était ainsi la femme déclassée, et l’on dirait que Pascal lui-même a voulu tracer le portrait de cette créature malheureuse : « Le peu de temps qui lui reste l’incommode si fort et l’embarrasse si étrangement, qu’elle n’essaye qu’à le perdre : ce lui est une peine insupportable de vivre avec soi et de penser à soi ; ainsi, tout son soin est de s’oublier soi-même et de laisser couler ce temps, si précieux et si court, sans réflexion, en s’occupant de choses qui l’empêchent d’y penser.

29. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Choix du lieu de la Scene. » pp. 76-93

  J’ai peine à comprendre sur quoi Vous fondez les discours que je vous entends faire ;   Et si vous vous plaignez de moi,   Je ne sais pas, de bonne foi,   Ce qu’il faut pour vous satisfaire. […] Ne t’en ai-je pas fait une expresse défense, Sous peine d’essuyer mille coups de bâton ? […] sans vous donner la peine de chercher des raisons valables pour les introduire, Regnard vous apprendra à les loger dans un hôtel garni, ou dans une maison commune, comme il a fait dans le Joueur & dans le Distrait.

30. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. De l’Amour. » pp. 367-384

A peine à mes transports mes sens peuvent suffire : Le discours est trop foible, & je n’en puis former. […] Moi-même, de ma peur j’ai peine à me remettre. […] Je ne m’en défends point, dans cette peine extrême,    Oui, Tircis, je vous aime.

31. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. » pp. 5-19

Il faut jetter les yeux sur quelqu’un qui porte l’argent destiné à la délivrance de la musicienne ; car pour vous, Monsieur, il n’est ni nécessaire ni à propos que vous vous donniez cette peine. . . . . . […] Mascarille, dans le dessein de servir son maître, se met au service de son rival, comme Philipin au service de la mere & de la maîtresse de son Etourdi : mais Mascarille motive fort plaisamment sa sortie de chez son premier maître en disant qu’il lui a donné des coups de bâton, & Philipin ne se donne pas cette peine. […] Il donna cette lettre au filou, avec de l’argent pour faire son voyage, & pour la peine qu’il avoit eue de lui apporter une si bonne nouvelle, quoiqu’il lui témoignât beaucoup plus de regret de la mort d’un si bon frere, que de sa bonne succession.

32. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. » pp. 397-410

Elle avoit remarqué que son mari s’endormoit difficilement, mais qu’étant une fois endormi, il dormoit profondément : elle fit savoir à son amant de venir à sa porte vers minuit, avec promesse de l’aller trouver aussi-tôt que le mari seroit endormi : & comme sa chambre donnoit sur la rue, elle l’avertit que pour être informée de son arrivée elle mettroit un fil à la fenêtre dont un bout pendroit dans la rue à hauteur d’homme, & l’autre demeureroit dans sa chambre pour se l’attacher au pied d’abord qu’elle seroit couchée ; qu’il n’avoit qu’à tirer ce fil ; que si le jaloux étoit endormi elle laisseroit aller son bout, & iroit lui ouvrir ; mais que s’il ne l’étoit pas, elle le retiendroit, afin qu’il n’eût pas la peine d’attendre inutilement. […] A peine l’avoit-il fait, que le cavalier arrive à la porte, & tire le fil un peu plus fort qu’à l’ordinaire, & le fait rompre ; ce que le cavalier expliquant favorablement, il attendit tranquillement sa belle. […] Je ne sais ce que vous voulez dire, répondit la belle avec beaucoup de sang froid, & j’ai de la peine à croire que mon époux se plaigne de moi.

33. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

., et autres frais… 180 3 À Paysan, pour la poudre, pommade, y compris ses peines, celles de ses garçons, et les frais de leur voyage à Chambord… 210 » Pour toutes les voitures généralement quelconques… 9008 » Pour trois bannes qui ont servi à couvrir les charrettes où étaient les habits… 50 8 Pour tous les Suisses qui ont servi, tant à Chambord qu’à Saint-Germain, à garder les portes du théâtre… 153 » Au sieur de Lulli, pour ses copistes, leur entretien et nourriture, la somme de… 800 » Pour les ports, rapports et entretiens d’instruments… 196 » Pour les dessins et peines du sieur Gissez… 483 » Pour les peines d’avertisseurs, huissiers et autres gens nécessaires… 300 » Aux concierges de Chambord et de Saint-Germain, à raison de 100 liv. chacun… 200 » Pour tous les menus frais imprévus, suivant le mémoire ci-attaché… 403 » Somme totale du contenu au présent état… 49404 18 Nous, Louis-Marie d’Aumont de Rochebaron, duc et pair de France, premier gentilhomme de la chambre du roi, certifions avoir ordonné la dépense contenue au présent état, et l’avoir arrêtée pour Sa Majesté à la somme de quarante-neuf mille quatre cent quatre livres dix-huit sous.

34. (1692) Œuvres diverses [extraits] pp. 14-260

SATIRE IIÀ MONSIEUR DE MOLIÈRE Rare et fameux Esprit, dont la fertile veine Ignore en écrivant le travail et la peine ; Pour qui tient Apollon tous ses trésors ouverts, Et qui sais à quel coin se marquent les bons vers. […] Bienheureux Scuderi dont la fertile plume Peut tous les mois sans peine enfanter un Volume : Tes écrits, il est vrai, sans art et languissants, Semblent être formés en dépit du bon sens ; Mais ils trouvent pourtant, quoi qu’on en puisse dire, Un Marchand pour les vendre, et des Sots pour les lire ; Et quand la rime enfin se trouve au bout des vers, Qu’importe que le reste y soit mis de travers ?

35. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

Si l’on a bien dans la mémoire l’ensemble des œuvres du comique français, on discerne sans peine l’élément important que lui a transmis la double veine, littéraire et populaire, de l’art italien ; élément important, non par le fonds des idées satiriques et morales, mais par l’abondance des moyens d’expression ; élément en quelque sorte matériel, artificiel, mis à la disposition du grand ouvrier. […] vraiment, tu prends beaucoup de peine De tout mon cœur, bonjour.

36. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. De l’Exposition. » pp. 139-164

Valere a pris la peine de leur dire que sa mere étoit malade ; il a même poussé la politesse plus loin, il leur a exposé la cause de sa maladie. […] Les cherchant avec soin, & les trouvant sans peine, Après quelques efforts, sa victoire est certaine. […] Tout ce que ce pauvre misérable a pu épargner de son petit ordinaire, & en se refusant jusqu’à la moindre chose, elle le raflera tout d’un coup, sans penser seulement à toutes les peines qu’il a eues à le gagner. […] Que le lecteur soit sincere : il a surement cru que Géta, touché des prieres de son maître, alloit le tirer de peine en lui remettant l’argent qu’il a reçu de Dave ; & il s’ensuit de là qu’il veut beaucoup de mal à l’Auteur de l’avoir annoncé, ou à Géta de ne l’avoir pas remis, & d’aller chercher bien loin des expédients pour procurer à Phédria une somme qu’il a entre ses mains.

37. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XI. De la Religion. Principe et Sanction de la Morale de Molière. » pp. 217-240

Les mêmes sentiments expliquent ses railleries contre les superstitions dont le mélange fâcheux déshonore la religion, railleries qui ne furent point comprises d’abord et le firent accuser d’irréligion, si bien qu’il fut obligé de supprimer ce curieux passage du Festin de Pierre : SGANARELLE Voilà un homme que j’aurai bien de la peine à convertir. […] Il faut bien reconnaître qu’en fait de morale effective, qui ne soit point une théorie éphémère acceptée par quelques esprits distingué, mais une règle des mœurs fixe et universelle il n’y a que deux morales : l’une est celle de la religion, qui impose, au nom d’une révélation divine, des préceptes formels, dont l’observation ou la violation entraîne des peines ou des récompenses positivement promises ; l’autre, qui au fond donne les mêmes préceptes, est la morale naturelle, que nous trouvons dans notre nature même, c’est-à-dire dans la constitution de notre être, dans nos instincts, nos désirs et nos passions, dans notre conscience. […] Ce genre de dénouement n’est ni moral, ni vrai, ni vraisemblable : il est simplement pratique, et s’il est volontiers accepté par le public, c’est parce qu’il répond au désir secret qu’éprouve chacun de voir le bonheur des bons et le châtiment des méchants : il répond à notre sens moral, mais il ne peut aucunement être accepté. comme une sanction morale ; car, au contraire, la morale serait détruite, si chaque bonne ou mauvaise action entraînait immédiatement récompense ou peine ; la liberté disparaîtrait, et l’homme, esclave d’une crainte continue, n’aurait plus d’autre conscience que l’intérêt immédiat et la conservation. […] Ce qui justifie cette conjecture, c’est que dans sa Préface, il parle « des corrections qu’il a faites, et qui n’ont de rien servi. » Plus loin il ajoute : « Il suffit ce me semble que j’en aie retranché les termes consacrés, dont on auroit eu peine à entendre faire mauvais usage. » Or ce sont ici des termes consacrés, puisque ce sont ceux du Pater.

38. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. » pp. 144-179

J’ai pitié des gens neufs comme vous : notre ville Ne vous est pas connue, autant que je puis voir :   Vous croyez donc qu’il faille avoir Beaucoup de peine à Rome en fait que d’aventures ? […] Il n’eut le temps que de changer d’habit, & de dire adieu à sa femme, lui ordonnant, sous peine d’offenser Dieu, & de lui déplaire, d’observer exactement, en son absence, la vie des personnes mariées. […] Une bourgeoise, femme de médiocre condition, qui demeuroit vis-à-vis de la maison de Don Pedre, charitable de son naturel, & prenant grande part aux peines de son prochain, s’apperçut bientôt & de l’amour de l’étranger, & du peu de progrès qu’il faisoit auprès de sa belle voisine. […] Le madré Cordouois eut toutes les peines du monde à la désabuser & à lui persuader qu’elle étoit trompée, & que la vie des personnes mariées étoit toute autre. […] « Ma mort est sure « Si tu ne prends pitié des peines que j’endure.

39. (1706) Lettre critique sur le livre intitulé La vie de M. de Molière pp. 3-44

Pour moi, je ne m’en étonne point du tout, et je ne vois pas même qu’il y ait lieu de s’en étonner : nous avons de Molière tout ce qui doit nous toucher, ce sont ses Ouvrages ; et je me mets fort peu en peine de ce qu’il a fait dans son domestique, ou dans son commerce avec ses amis ; nous nous passons de la Vie de bien d’autres personnes illustres dans les Lettres ; nous nous serions aussi bien passés de la sienne. […] Mais n’en parlons plus, aussi bien cela n’en vaut pas la peine, et ne mérite d’être relevé que pour accuser l’Auteur d’imprudence, d’être entré dans des choses si communes, qu’il nous avait pourtant promis d’écarter. […] Ainsi soyez fidèle à notre amitié ; car j’aurais peut-être bien de la peine à me retenir, si l’Auteur me maltraitait par une Réponse ; et nous pourrions donner aux Gens de lettres des Scènes qui tourneraient à notre confusion.

40. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « PRÉFACE. Du Genre & du Plan de cet Ouvrage. » pp. 1-24

En second lieu, mon amour-propre me persuada sans peine que puisque l’Académie avoit jugé l’extrait de ma Poétique digne de servir aux progrès de la bonne comédie, le corps même de l’ouvrage pourroit, à plus forte raison, être de quelque utilité. Je l’ai relu avec mes amis, je l’ai livré à l’impression ; mais je puis protester que je cede au desir d’aider mes jeunes rivaux dans leur travail, de leur épargner les peines que j’ai prises, & non à l’orgueil de faire voir que je connois les regles d’un art dans lequel je m’exerce. […] Quant à nos jeunes actrices, que le méchanisme de leur coëffure a, comme de raison, occupées bien plus que le méchanisme d’une piece ; quant aux comédiens qui, montés depuis peu sur le théâtre, sont aussi surpris qu’embarrassés d’avoir à prononcer sur les productions du génie, on voit aisément combien il est utile pour eux & pour les Auteurs, qu’on leur offre un livre dans lequel, sans peine & sans autre science que celle de lire, ils pourront apprendre l’art de juger une piece, puisque le malheur veut qu’ils soient les arbitres nés du goût.

41. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. » pp. 125-143

Le Poëte raconte qu’il a eu toutes les peines du monde à se défaire d’un fâcheux. […] Je pestois contre moi, l’ame triste & confuse Du funeste succès qu’avoit eu mon excuse, Et ne savois à quoi je devois recourir, Pour sortir d’une peine à me faire mourir ; Lorsqu’un carosse fait de superbe maniere, Et comblé de laquais & devant & derriere, S’est avec un grand bruit devant nous arrêté ; D’où sortant un jeune homme amplement ajusté, Mon importun & lui courant à l’embrassade, Ont surpris les passants de leur brusque incartade ; Et tandis que tous deux étoient précipités Dans les convulsions de leurs civilités, Je me suis doucement esquivé sans rien dire ; Non sans avoir long-temps gémi d’un tel martyre, Et maudit le fâcheux, dont le zele obstiné M’ôtoit au rendez-vous qui m’est ici donné. […] Moliere n’a pas fait comme ces Architectes ignorants & sans goût qui mêlent à un bâtiment moderne les débris d’Herculanum, sans se donner la peine de les réparer ou de les rajeunir.

42. (1819) Notices des œuvres de Molière (I) : L’Étourdi ; Le Dépit amoureux pp. 171-334

Molière doit à l’auteur de L’Inavvertito, avec le sujet de sa pièce, la plupart des incidents qui en forment l’intrigue ; mais on me croira sans peine, lorsque j’affirmerai qu’en général il les a disposés avec plus d’art, qu’il les a quelquefois modifiés très heureusement, et que toujours il les a embellis par une exécution plus vive, plus ingénieuse et plus comique. […] Les peines et les plaisirs que leur font éprouver les autres, ne peuvent égaler en vivacité ceux dont la source est en eux-mêmes, et par conséquent ils ne sauraient nous toucher autant : cette observation morale, convertie en règle dramatique, est un des plus heureux secrets de l’art, et la découverte en est due à Molière, comme celle de beaucoup d’autres.

43. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. M. DE SAINT-FOIX. » pp. 288-296

A peine fut-elle en liberté avec la blonde, que d’abord elle vint au fait : elles ne se cacherent rien ; la conclusion fut qu’il falloit faire une piece à ce perfide, à ce traître qui les jouoit. […] Nous vous mettons sur les voies ; vous lui ferez le compliment amoureux que vous jugerez à propos ; nous ne sommes pas en peine de la façon dont vous jouerez votre rôle.

44. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIX » pp. 319-329

Est-il possible que M. et madame de La Fayette ne s’en payent pas et qu’ils aient peine à croire que j’aie supplanté mon amie ? […] Le 20 juin, naquit le comte de Vexin : ce fut un accroissement de peines pour la gouvernante que la mort de madame la duchesse venait de soulager.

45. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. M. DE CHAMFORT. » pp. 420-441

A peine eus-je dit ces mots, des pleurs roulerent dans ses yeux. […] Tout cela se suppose sans peine dans un riche Marchand de Venise, dans un jeune homme passionné, & dans une fille de dix-huit ans qui n’alloit pas malgré elle à ses noces. […] Il restoit à délivrer le Marchand de Venise, qu’on n’eut pas de peine non plus à retrouver.

46. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. » pp. 500-533

Il y rencontre les apprêts de tout ce qu’il craint ; il y voit venir l’indigne rival que le caprice d’un pere oppose aux tendresses de son amour ; il le voit triomphant, ce rival ridicule, auprès de l’aimable bergere, ainsi qu’auprès d’une conquête qui lui est assurée ; & cette vue le remplit d’une colere dont il a peine à se rendre le maître. […] Je ne m’en défends point, dans cette peine extrême ;    Oui, Tircis, je vous aime. […] Un petit mot d’écrit que, pour charmer sa peine, Mon maître attend de vous. […] S’il est vrai, je ne sens ma douleur qu’à demi ; Car, Monsieur, je vois bien que vous êtes brave homme ; Vous aurez de la peine à souffrir qu’il m’assomme.

47. (1845) Œuvres de Molière, avec les notes de tous les commentateurs pp. -129

A peine fut-il représenté sept fois. […] Godemer, accoutumé aux caprices que le vin causait à son maître, ne se mit pas beaucoup en peine d’exécuter ses ordres. […] Passe pour sa morale ; mais le reste ne vaut pas la peine que l’on y fasse attention. […] Molière n’était pas le seul de ses amis à qui sa conduite fit de la peine. […] ils n’auraient pas été à la peine de se rétracter, et désavouer faibles connaisseurs en ouvrages.

48. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVIII. Du Comique, du Plaisant, des Causes du rire. » pp. 463-473

Regnard, né plaisant, & ne se donnant pas la peine de méditer, d’approfondir, fait toujours rire par le mot seulement. […] En vous est mon espoir, mon bien, ma quiétude ; De vous dépend ma peine, ou ma béatitude ; Et je vais être enfin, par votre seul arrêt, Heureux si vous voulez, malheureux s’il vous plaît.

49. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. » pp. 180-200

Aglante promet d’obéir, mais avec peine. […] Le Comte de Barcelone voit avec autant de peine qu’eux l’indifférence de sa fille : il exhorte les amants à faire leurs efforts pour la vaincre. […] A peine est-elle entrée chez Lélio, que Scapin, qui l’a introduite, prie tout bas son maître de lui donner quelques coups de bâton.

50. (1801) Moliérana « Préface »

On le suivra avec plaisir au milieu de la société, où il épie les ridicules pour les mettre en scène, et on le verra avec peine, dans l’intérieur de sa maison, tourmenté par une femme acariâtre et galante en même temps, qui jeta le dégoût et l’amertume sur ses jours, et les abrégea.

51. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXV. Du contraste des Caracteres. » pp. 386-397

des mœurs du temps mettons-nous moins en peine, Et faisons un peu grace à la nature humaine ; Ne l’examinons point dans la grande rigueur, Et voyons ses défauts avec quelque douceur. […] D’ailleurs, loin de penser que Moliere soit l’ami des contrastes, je l’en crois l’ennemi capital ; du moins ai-je de la peine à trouver un contraste parfait dans une seule de ses pieces à caractere.

52. (1871) Molière

mon Dieu, monsieur, ne soyez point en peine. […] Le jeune homme, intrépide et caché, dont nous suivons la trace à grand peine, apprend en voyage les mœurs, l’accent, et la libre allure de la bourgeoisie. […] comme il est récompensé de toutes les peines qu’il se donne ! […] Il n’était pas jusqu’à ce débauché de Chapelle, qui s’est attaché à-tant de célébrités, ses contemporaines, à force d’ivrognerie et de bel esprit, qui n’aidât Molière à porter les peines de sa jalousie.

53. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

C’est la meilleure de celles qu’a aimées Molière ; c’est le refuge de ses péchés et de ses peines ; si douce et si paisible, qu’à son âge, elle joue Agnès au naturel et qu’à soixante ans, quand elle voudra cesser de le jouer, le public refusera d’y entendre la du Croisy et ira lui-même, à grands cris, chercher la de Brie pour lui rendre la vraie Agnès. […] Arnolphe reparaît ; Agnès le suit ; notre homme s’est à-propos rappelé son Plutarque ; il contient son courroux ; il interroge doucement, et s’efforce même de prendre part à la peine d’Agnès, qu’émeut encore le trépassement du petit chat. […] il en sait donc là-dessus plus que vous ; Car à se faire aimer il n’a pas eu de peine. […] Écoutez-la s’expliquer elle-même dans sa lettre : Je veux vous écrire, et je suis bien en peine par où je m’y prendrai. […] En vérité, je ne sais ce que vous m’avez fait, mais je sens que je suis fâchée à mourir de ce qu’on me fait faire contre vous, que j’aurai toutes les peines du monde à me passer de vous, et que je serais bien aise d’être à vous.

54. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. Des Pieces d’intrigue en général. » pp. 123-124

La peine inutile que les uns prennent pour arranger cinq à six scenes sans suite & sans dénouement, l’estime, la vénération que les autres ont pour ces ouvrages décousus, prouvent assez que l’envie fait parler les premiers, & que leurs admirateurs ne connoissent ni les difficultés ni le mérite du genre qu’ils méprisent.

55. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. Des Comédies Allégoriques. » pp. 75-90

Souper n’est condamné qu’à porter des poignets de plomb pour l’empêcher de mettre trop de plats sur la table : il lui est défendu aussi d’approcher du Dîner plus près que de six lieues sous peine d’être pendu. […] A peine trouve-t-elle une place à se mettre ; Son mal la prend par-tout.

56. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVII. Du titre des Pieces à caractere. » pp. 417-432

A peine encor majeur, Il accepta son legs comme un très grand honneur,  Sans pourtant y mettre de faste. […] Oui, Monsieur a raison : Ce qu’on apprend ainsi, s’apprend toujours sans peine.

57. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. D’Ancourt imitateur, comparé à Moliere, la Fontaine, Saint-Yon, le Sage, Montfleury, &c. » pp. 133-184

Don Juan a toutes les peines du monde à se déterminer : Don André triomphe de ses scrupules. […] D’Ancourt n’a pas voulu se donner la peine de composer la scene la plus plaisante de cette farce ; il l’a copiée des Façons du temps de Saint-Yon. […] Quelle peine ! […] J’ai peine à croire qu’elle soit sans fondement, je vous l’avoue. […] Ne vous boutez pas en peine ; pargué, je nous en allons bien rire.

58. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVI. Des Caracteres nationaux. » pp. 268-283

Les spectateurs, en démêlant sans peine le ridicule des personnages, auront encore assez de peine à y reconnoître le ridicule qui peut être en eux.

59. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

Ce sera l’honneur de la critique d’avoir protégé et défendu, obstinément, cette illustre artiste ; tant sur la fin de sa vie elle avait peine à se défendre contre les impatients qui se fatiguent d’entendre dire : — « Aristide est juste », — ou bien : « Mademoiselle Mars est la plus grande artiste de son temps !  […] Il prend un air malheureux qui fait peine à voir ; il se trouble, il hésite, il est prêt à vous dire en frappant du pied, comme cet amateur homme d’esprit qui, jouant le rôle d’Alceste, prit la fuite au beau milieu du rôle en s’écriant : — Ce n’est pas ça !

60. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXI » pp. 220-221

Cependant, en considérant la position de Molière, et le plaisir que le roi prenait à diriger son talent, on se persuaderait sans peine qu’en approchant l’oreille des rideaux du roi, on sur prendrait quelques paroles dites à demi-voix, pour désigner à Molière ce caractère qui, bien que respecté au fond du cœur, avait quelque chose d’importun pour les maîtresses et pour les femmes qui aspiraient à le devenir.

61. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Regnard imitateur de Moliere. » pp. 51-80

Vous êtes le bras droit du grand Dieu du tonnerre : Votre peine est utile aux hommes comme aux Dieux ;   Et c’est par vos soins que la Terre Entretient quelquefois commerce avec les Cieux. […] Vous le croyez sans peine ; on est fait d’un modele A prétendre hypotheque, à fort bon droit, sur elle ; Et vouloir faire obstacle à de telles amours, C’est prétendre arrêter un torrent dans son cours. […] Vous prenez trop de peine.

62. (1874) Leçon d’ouverture du cours de littérature française. Introduction au théâtre de Molière pp. 3-35

— Marie répond : Nous trouverons bien les moyens De vivre, sans que y mettons peine : En teinture de soie et laine. […] Sans doute, le langage littéraire est alors fort imparfait; car notre idiome, au sortir des dialectes provinciaux, se dégage avec peine de ses langes; mais si, par ce côté, notre ancien théâtre s’est rendu à jamais illisible, que de beautés éparses pourtant dans ce fatras obscur et que d’éclairs dans cette nuit! […] Maître drapier à la fin est vaincu, non sans peine; il se sauve, persuadé que le diable est venu, sous la figure de Patelin, prendre son drap : ... […] Nous avons franchi, non sans peine, les origines confuses de notre théâtre; nous aurons nous dédommager en admirant notre aise les immortelles créations de Molière.

63. (1765) Molière dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (compilation) pp. 2668-16723

Il est vrai que la perspective du théatre exige un coloris fort & de grandes touches, mais dans de justes proportions, c’est-à-dire telles que l’oeil du spectateur les réduise sans peine à la vérité de la nature. […] Il est des vices contre lesquels les lois n’ont point sévi : l’ingratitude, l’infidélité au secret & à sa parole, l’usurpation tacite & artificieuse du mérite d’autrui, l’intérêt personnel dans les affaires publiques, échappent à la sévérité des lois ; la comédie satyrique y attachoit une peine d’autant plus terrible, qu’il falloit la subir en plein théatre. […] Mais il faut avoüer que la plûpart de ces peines ont moins été prononcées contre des comédiens proprement dits, que contre des histrions ou farceurs publics, qui mêloient dans leurs jeux toutes sortes d’obscénités ; & que le théatre étant devenu plus épuré, on a conçû une idée moins desavantageuse des comédiens. […] Ce n’est pas qu’il n’eût pu s’il eût voulu, réformer en partie ce caractere du peuple, en ne le flatant pas également dans tous ses vices ; mais l’auteur lui-même les ayant tous, il s’est livré sans peine au goût du public pour qui il écrivoit. […] A peine fut-il enterré, que la Fontaine fit son épitaphe, si naïve & si spirituelle.

64. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [43, p. 73-77] »

Godemer, accoutumé aux caprices que le vin causait à son maître, ne se mit pas beaucoup en peine d’exécuter ses ordres.

65. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

. — À quoi bon, dira-t-on, et n’est-ce pas là une peine bien placée, écrire avec tant de zèle et tant d’ardeur une feuille éphémère, une chose qui dure à peine une heure et qu’emporte le vent du soir ? […] Suivez-moi donc, car je prétends, pour ma peine, marcher le premier, quand vous devriez me pousser à grands coups de pied ! […] Le reste ne vaut pas la peine qu’on s’en inquiète. […] Bulwer fait parler la mère Agnès qu’il appelle l’abbesse, car il n’a pas voulu se donner la peine de savoir le nom de ce collaborateur de Bossuet : Entre, dans le couvent, le roi suivi de Lauzun. […] En voilà un qui se donne toutes les peines imaginables !

66. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

Les critiques français abandonnent sans peine ses pièces empruntées de l’espagnol, ses pastorales, ses tragicomédies qui n’étaient calculées que pour le plaisir des yeux, et même trois ou quatre véritables comédies de sa jeunesse, qui sont pourtant écrites en vers et par conséquent travaillées avec plus de soin. […] Les esprits vifs et enjoués qui se vouent maintenant à ce genre sont peu connus hors de Paris, et ne s’en mettent guère en peine. […] Ce sophiste spirituel fait des incursions dans le domaine de la critique avec une précipitation si désordonnée, que la moitié de ses coups portent en l’air. il confond tellement ce qui est vrai et ce qui est erroné, ce qui est connu et ce qui est nouveau, ce qui est essentiel et ce qui est insignifiant, qu’en résultat, le plus grand éloge qu’un puisse lui donner, c’est de dire qu’il vaut pourtant la peine de débrouiller tout ce chaos. […] Dans la haute comédie, le raffinement de la société française assure aux acteurs de cette nation une grande supériorité ; mais quant à la déclamation tragique, il faut que l’acteur cherche moins à faire briller son talent qu’à entrer dans l’esprit de la composition, et il est douteux que ce soit le cas en France, Les poètes du siècle de Louis XIV surtout, auraient je crois assez de peine à reconnaître leurs tragédies telles qu’on les joue aujourd’hui. […] Chez lui, au milieu du cercle de ses relations bourgeoises, Colomb passe pour fou, à la cour il n’obtient qu’avec peine un bien faible secours, et enfin sur son vaisseau une émeute est prête à éclater lorsqu’on aperçoit les côtes désirées et que le cri de : terre !

67. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Représentez-vous la peine que nous avons. […] Plusieurs semblent avoir écrit d’instinct, sans se rendre compte de ce qu’ils faisaient, et parmi ceux qui ont réfléchi, il n’en est qu’un petit nombre qui aient pris la peine de nous dire leur secret. […] Mais il en a pris sans trop de peine son parti. […] Il est vrai ; mais est-il nécessaire qu’à la fin d’une œuvre dramatique se fasse une distribution de peines et de récompenses, dont chacun sorte payé selon ses mérites ? […] Pour nous, qui sommes à distance, qui pouvons sans peine placer le Tartuffe dans l’ensemble de l’œuvre de Molière, n’aura-t’il pas une autre signification ?

68. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Les situations sont souvent risquées, choquantes à un point qu’on a peine à se figurer. […] Niccolo Barbieri dit Beltrame, dans sa Supplica, nous explique une amélioration que nous aurions, sans lui, quelque peine à comprendre.

69. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. » pp. 357-396

Mais il est à sa place dans la comédie, il est mesquin dans la tragédie : ce n’étoit donc pas la peine de l’y transporter. […] Je ne sais si tout le monde sera de mon avis ; mais je crois qu’Harpagon s’indignant aux premieres propositions qu’un homme opulent lui auroit faites d’épouser sa fille, Harpagon faisant des réflexions sur l’avidité des gens riches qui n’épousent que pour le devenir davantage, Harpagon craignant qu’Anselme n’ait découvert son trésor, Harpagon songeant aux dangers qu’on court en s’alliant à plus puissant que soi, ne cédant enfin avec peine, qu’après s’être assuré de la probité d’Anselme, de la promesse qu’il lui fait de prendre Elise sans dot, après avoir calculé les ressources que son avarice pourra se ménager avec un gendre si généreux ; je crois, dis-je, fermement qu’Harpagon auroit dans ce moment déployé son caractere avec autant d’énergie que dans toutes les autres situations où il se trouve, & que l’Auteur auroit pu, dans cette scene, faire briller toute sa philosophie : de cette façon, le rôle d’Anselme, qui est mauvais, seroit devenu bon & nécessaire à la piece. […] il prend fort bien la peine de lier la gueule du soufflet . . . . pour empêcher que pendant son sommeil, le soufflet ne perde un peu de son vent. . . . . . . . […] Quelqu’un de mes Lecteurs se donnera peut-être la peine de fouiller dans les originaux italiens ; je dois l’avertir de ne pas être surpris s’il y trouve quelquefois des personnages qui ne portent pas le nom que je leur donne.

70. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [74, p. 108-114] »

On ne vous consulte pas sur cela, répondit Molière à Chapelle*. « Représentez-vous, ajouta-t-il, en s’adressant au jeune homme, la peine que nous avons ; incommodés ou non, il faut être prêts à marcher au premier ordre, et à donner du plaisir quand nous sommes souvent accablés de chagrin ; à souffrir les grossièretés de la plupart des gens avec qui nous avons à vivre, et à captiver les bonnes grâces d’un public qui est en droit de nous gourmander261 pour son argent.

71. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

Malgré tout, il n’y eut entre eux ni brouille ni refroidissement : lorsque Chapelle quittait Paris pour aller passer quelques jours chez des amis de campagne, il envoyait à Molière d’excellents pâtés, fabriqués exprès pour lui ; dans l’occasion, il se montrait sérieux et de bon conseil : c’est à Chapelle que le mari d’Armande confie ses peines ; c’est Chapelle qui décide les deux époux, quelque temps séparés, à reprendre la vie commune. […] Lorsque la fièvre de la bataille fut tombée, Molière n’eut pas de peine à lui persuader que cette attaque ne visait pas l’auteur du Cid et, par ses bons procédés, il effaça jusqu’au souvenir de la blessure. […] Spéculant sur la piété d’Anne d’Autriche, on le représentait comme un parodiste des choses saintes, on l’accusait de « lasser tous les jours la patience d’une grande reine continuellement en peine de faire réformer ou supprimer ses ouvrages. » C’est à la même Anne d’Autriche qu’il dédie sa défense, et, de la sorte, il se fait une alliée de celle qu’on veut lui susciter comme ennemie. […] Peu à peu, en effet, son existence et ses travaux avaient accumulé en lui une immense lassitude dont il soulageait le poids, dès qu’il le pouvait, par le repos et le silence ; il faisait rire les autres au prix de tant de peines, qu’après avoir répandu sa gaîté au dehors, il ne lui en restait plus pour lui-même. […] Molière, lui, mourut en fonctions et à la peine.

72. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [29, p. 54-59] »

Écoute, mon cher Molière, tu as de l’esprit ; vois si nous avons tort : fatigués des peines de ce monde-ci, nous avons résolu de passer en l’autre : la rivière nous a paru le plus court chemin pour nous y rendre, ces marauds187 nous l’ont fermé.

73. (1732) Moliere (Grand Dictionnaire historique, éd. 1732) [graphies originales] « article » pp. 45-46

On eut toutes les peines du monde à obtenir qu’il fût enterré en Terre-Sainte.

74. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

ma foi, si se rompt (Cicéron), si se casse, ou si se brise, je ne m’en mets guère en peine ; mais tu m’écouteras, ou je te vais casser ton museau doctoral. […] On sait toutes les peines que l’auteur du Misanthrope eut à faire jouer son nouveau chef-d’œuvre ; chacun voulait s’y reconnaître. […] Le seigneur Jupiter lui dore la pilule avec grâce, mais il a de la peine à la diriger. […] Il ne se serait pas donné la peine de faire une étude pareille, et d’offrir en quelque sorte un tableau de la comédie antique, pour complaire uniquement à la foule. […] La poésie n’est pas le côté fort de Dancourt, et ses pièces en vers, ainsi que ses poèmes lyriques, ne valent guère la peine d’être lus.

75. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Dufresny imitateur comparé à Moliere, à Champmeslé, son Mariage fait & rompu comparé à l’histoire véritable du faux Martin-Guerre, & à la nature. » pp. 81-99

C’est une peine que d’avoir affaire à des Intendants : il n’est rien tel que de s’adresser aux Maîtres. […] Cela me faisoit peine de vous voir mollir ; & je suis ravi de vous trouver un brave homme : car enfin vous avez du mérite d’ailleurs.

76. (1886) Revue dramatique : Les Fâcheux, Psyché (Revue des deux mondes) pp. 457-466

C’étaient, si vous le préférez, des cadres, où des figures de danse avaient été enfermées : ces figures évanouies, les cadres demeuraient précieux ; il valait la peine de les exposer tout seuls. […]  » Six mois après, Psyché est représentée sur la scène du Palais-Royal, à peu près avec « même éclat, mêmes agréments. » Qu’on nous la rende ainsi ornée, aujourd’hui que nous connaissons l’opéra, il est à craindre, selon la remarque de Voltaire, « que si la tragédie est belle et intéressante, les entr’actes de musique en deviennent froids ; et que, si les intermèdes sont brillants, l’oreille ait peine à revenir tout d’un coup du charme de la musique à la simple déclamation.

77. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. Des Tableaux. » pp. 422-425

Non sans doute, & je gage que le spectateur ne feroit nulle attention aux diverses attitudes qui le composent, si le Marquis ne prenoit la peine de les lui faire remarquer.

78. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

Je ne sais quelles étaient les notes que Guilleragues transmit à Molière ; mais, sans beaucoup de peine, on pourrait, je crois, les recomposer. […] A peine un grand est-il débarqué, qu’il l’empoigne et s’en saisit. […] A peine consacra-t-il une phrase de sa Critique, pour répondre aux anathèmes qui pourtant tonnaient fort et tombaient de haut sur lui. […] Il se sentait embarrassé vis-à-vis de Molière, et, comme il est naturel en pareil cas, il lui faisait porter la peine de sa propre gène. […] Pour tous, disposés de façon à ne pas se gêner et à se succéder, sans trop de peine, il ne prit que le temps de changer de costume.

79. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Représentez-vous la peine que nous avons. […] Supportant avec peine le chagrin qu’il ressentait de l’affront qui lui avait été fait, il cherchait l’occasion d’amener Boissat à un combat singulier et de se venger ainsi. […] Il consentit avec peine à différer la vengeance de son amour. […] Naturellement sérieux et rêveur, ces peines domestiques le jetèrent dans la mélancolie. […] « Passe pour la morale, répondit Molière ; mais le reste ne vaut pas la peine que l’on y fasse attention : n’est-il pas vrai, mon père ? 

80. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. » pp. 274-278

Je lui répondis là-dessus que j’avois peine à croire qu’une aussi belle piece que celle-là, en cinq actes, & dont les vers sont fort beaux, eût été faite en aussi peu de temps : il me répliqua que cela paroissoit incroyable ; mais que tout ce qu’il venoit de me dire étoit très véritable, n’ayant aucun intérêt de déguiser la vérité ».

81. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Il dit, de la gloire, qu’elle expose ses amoureux à la calomnie, et des plaisirs, qu’ils donnent, trop de peine. […] Voilà comment, de chute en chute, depuis la retraite de mademoiselle Mars, et quand elle ne fut plus la reine de ce théâtre abandonné, pour donner le ton du beau langage et l’air du beau maintien, cette femme élégante, et quand une révolution nouvelle eut envahi ce monde à grand peine rétabli sur sa base fragile, il arriva que nous vîmes un beau jour, dans une cave étroite, naguère consacrée aux plus vils funambules, s’établir en gloussant… ô monstruosité du haillon vide et de la parole creuse, une incroyable réunion intitulée — eh ! […] eut grand peine à se faire entendre ; on n’entendait ce soir-là, ou pour mieux dire, on ne voyait que mademoiselle Mars, attirant à elle toute l’attention, toutes les sympathies. […] l’homme heureux qui se passe de moi, qui avais tant de peine à me passer de lui !  […] Maintenant, disent les messieurs et les dames, qu’elle vive ou qu’elle meure, ou bien que cette âme en peine remplisse son silence et sa solitude de ses regrets et de ses douleurs, que nous importe ?

82. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

Les titres de ces essais font deviner sans peine que la Faculté de médecine fut de bonne heure le but des malices de notre auteur ; il lança contre ce respectable corps ses premiers et ses derniers traits. […] Quelques personnes regardent Le Sicilien comme le premier essai d’opéra-comique : les scènes de cet ouvrage sont très bien coupées pour le chant et pour la danse ; les plaisirs et les peines de l’amour s’y trouvent présentés sous le point de vue le plus favorable à la musique. […] Les courtisans, incapables d’apprécier l’homme de génie, affectaient du mépris pour le comédien ; le monarque s’en étant aperçu, fit un jour asseoir Molière à sa table, en présence de la cour, et le traita avec des égards que toutes ces vanités subalternes eurent de la peine à comprendre. […] On a peine à croire que l’homme qui poursuivit de railleries si vives la jalousie conjugale, fut lui-même un mari ombrageux ; mais telle est la faiblesse humaine ; il ne suffit pas de connaître un écueil pour l’éviter. […] Les spectateurs, blasés par Montfleury et les autres comédiens de son temps, qui se permettaient l’exagération la plus extravagante, eurent quelque peine à s’accoutumer à la noble simplicité de Baron, qui ne déclamait jamais, parlait la tragédie, et employait des gestes et des attitudes que l’on regardait alors comme trop voisins de la familiarité.

83. (1892) Vie de J.-B. P. Molière : Histoire de son théâtre et de sa troupe pp. 2-405

Somme puisse être censée peine comminatoire. […] On y respirait un air libre que nous aurions peine à supporter aujourd’hui. […] Cette troupe est remplie de fort honnêtes gens et de très bons artistes qui méritent d’être récompensés de leurs peines. […] La pièce eût été bien nouvelle, et, comme nous l’avons dit, on a peine à croire que le voyageur n’en eût fait aucune mention. […] Il le garda résolument, et ce ne fut pas sans peine qu’il réussit à s’y maintenir.

84. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

« On devait partir aujourd’hui pour Fontainebleau, où les plaisirs devaient devenir des peines par leur multiplicité : tout était prêt. […] Mais ce n’est pas sans scrupule, et j’ai de la peine du côté de la cour, à presser des gens de me faire des grâces, quand je pense que ce n’est que pour les quitter.

85. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Regnard imitateur comparé avec la Bruyere, Plaute, & la nature. » pp. 5-50

C’est ce que j’ai à vous dire ; donnez-vous la peine d’écouter. […] A peine pourrois-je rapporter en un an les prodiges, les monstres qui s’y font voir tous les jours. […] Le pauvre homme a bien de la peine à retenir ses larmes : cela fait pitié ! […] Heureusement pour lui le valet de son frere survient, le prend pour son maître, le délivre & lui demande la liberté, que Menechme perdu lui accorde sans peine ; aussi agit-il avec son véritable patron, comme s’il étoit libre ; il soutient qu’il vient d’être affranchi par lui.

86. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. Pieces intriguées par une chose inanimée. » pp. 199-203

Je ne citerai aucun exemple des pieces intriguées par une lettre ; tout le monde sait qu’un Auteur pourroit sans peine faire dix actes par le secours d’un billet sans dessus.

87. (1759) Moliere (Grand Dictionnaire historique, éd. 1759) [graphies originales] « article » pp. 604-605

On eut toutes les peines du monde à obtenir qu’il fût enterré en terre sainte.

88. (1800) Des comiques d’un ordre inférieur dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VII) pp. 294-331

Arrivés à Tornéo, qui est la dernière ville du globe du côté du nord, ils s’embarquèrent sur le lac du même nom, qu’ils remontèrent l’espace de huit lieues, arrivèrent jusqu’au pied d’une montagne qu’ils nomment Métavara, et gravirent avec peine jusqu’au sommet, d’où ils découvrirent la mer Glaciale. […] On l’enivre d’eau-de-vie pendant deux ou trois jours, et nos voyageurs, pendant ce temps, lui enlèvent son tambour et son marteau, qu’il pleure amèrement à son réveil, comme le bon Michas pleure ses petits dieux 1Le tambour et le marteau n’étaient pourtant pas des pièces assez curieuses pour être apportées en France, et ce n’était pas la peine d’affliger ce bon Lapon et de le priver de son démon familier. […] La douleur de la jeune personne ne pouvait pas être risible, et on l’aurait vue avec peine humiliée et chagrinée par les duretés et les brusqueries du campagnard; aussi Regnard ne la laisse-t-il dans l’erreur que pendant une seule scène, et se hâte-t-il de l’en tirer.

89. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. M. DORAT. » pp. 463-467

A peine suis-je seule avec elle, elle gémit, pleure, sanglote, & feint le plus affreux désespoir.

90. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre premier. Préliminaires » pp. 1-8

Par la suite des siècles, quand tout ce qui a précédé et préparé les créations du génie a disparu dans l’oubli, les œuvres éminentes, les monuments qui restent seuls debout, apparaissent à une hauteur inexplicable, et telle qu’on s’imagine avec peine qu’ils aient été construits par des hommes.

91. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Prologues. » pp. 118-138

Plaute s’épargnoit quelquefois, avec raison, la peine d’en faire, témoin son Curculion qui n’en a pas ; mais peu de ses pieces ont cet avantage. […] Les personnes qui n’entendent que le françois seront de mon avis : les autres, qui sont en bien plus petit nombre, n’ont qu’à recourir aux originaux s’ils soupçonnent le traducteur de mauvaise foi : ils méritent cette peine pour prix de leur incrédulité.

92. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. » pp. 106-124

A peine est-il parti, que la Belle va retrouver le Moine, & lui dit, après plusieurs doléances : « Je reviens ici, mon Pere, pour vous avertir que je vais éclater, & que je ne saurois plus souffrir les insolences de votre ami. […] A peine fut-elle sortie que le Cavalier arriva.

93. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX & dernier. Des causes de la décadence du Théâtre, & des moyens de le faire refleurir. » pp. 480-499

Sachez l’amuser, il vous donnera la préférence, & le goût triomphera sans peine de la futilité la plus déshonorante pour la nation59. […] Les drames qui ne se traîneroient qu’avec peine jusqu’à la troisieme représentation, seroient retirés pour toujours ; ceux qui fourniroient franchement cette courte carriere, seroient suspendus jusqu’à l’hiver.

94. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Mais dans le ménage il faut avoir de certaines complaisances ; et cent mille écus plus ou moins à une maison ne valent pas la peine de faire piailler une femme. […] Dans les commencements, on avait un peu de peine à s’y accoutumer ; mais présentement tout le monde s’en fait honneur.

95. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. » pp. 436-488

A peine étions-nous entrés en bateau pour passer de la porte de Nesle au quai de l’Ecole.... […] Moliere s’est emparé de toutes ces richesses ; mais elles sont entourées de choses qui les déparent, que Moliere a très bien apperçues, & qu’on ne trouve point dans son imitation, quoique les deux scenes paroissent tout-à-fait semblables aux personnes qui ne se donnent pas la peine de les détailler. […] si d’amour tu ressentois l’atteinte, Tu plaindrois moins ces mots qui te coûtent si cher, Et qu’avec tant de peine il te faut arracher ; Et cette avare Echo, qui répond par ta bouche, Seroit plus indulgente à l’ennui qui me touche. […] D’ailleurs l’intrigant a bien plus de peine pour arracher une somme considérable à un seul avare qu’à deux qui se cotisent.

96. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. De l’Art de prévenir les Critiques. » pp. 309-313

Tout ce qu’Elmire dit dans cette scene, est généralement d’un ton qu’une femme honnête doit avoir beaucoup de peine à prendre.

97. (1821) Notices des œuvres de Molière (VI) : Le Tartuffe ; Amphitryon pp. 191-366

Si ces attaques n’avaient été dirigées contre lui que par de faux dévots, l’histoire en serait bientôt faite : on n’y verrait que de simples représailles, et l’on concevrait sans peine comment un poète, qui avait annoncé et effectué le projet de démasquer toute une classe d’hommes non moins nombreuse que puissante, dut se trouver exposé aux plus violents effets de leur ressentiment : mais la question n’est pas si simple ; et, à moins qu’on ne veuille confondre dans une même catégorie les vrais et les faux dévots que Molière lui-même a si bien eu le soin de distinguer, on doit être forcé de reconnaître que des hommes sincèrement pieux furent alarmés de sa comédie au premier bruit qui s’en répandit, et s’empressèrent de la combattre dès qu’elle eut paru. […] Qu’il ait blâmé les logomachies et les subtilités galantes du rôle de Jupiter, je le conçois sans peine : son goût pur et sévère put ne voir que la faute, sans daigner considérer qu’elle était peut-être inévitable, et que, d’ailleurs, il en résulte nombre d’agréments qui la rachètent. […] Dans cette phrase, « Son extrême délicatesse pour les choses de la religion ne put souffrir cette ressemblance du vice avec la vertu », on a substitué aux mots ne put souffrir , ceux-ci, eut de la peine à souffrir  ; et cette autre phrase, « Il la défendit pourtant en public, et se priva soi-même de ce plaisir, etc. »a été changée en celle-ci : « Il défendit cette comédie pour le public, jusques à ce qu’elle fût entièrement achevée, et examinée par des gens capables d’en juger, pour n’en pas laisser abuser à d’autres moins capables d’en faire un juste discernement. » Ces changements, faits après coup, ont évidemment pour objet de transformer en une suspension momentanée la défense absolue et définitive qu’avait faite Louis XIV.

98. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Lapommeraye, qui a pris la peine de le suivre pied à pied et d’opposer à chacune de ses affirmations une réponse péremptoire et nette. […] Il n’y avait pas tant de peine à se donner autour de Sganarelle. […] Mais Molière ne s’est pas donné la peine de le justifier par la conduite tout entière de sa comédie. […] Alceste n’est pour lui qu’un désagréable original, qui ne valait guère la peine d’être peint, n’étant qu’une assez peu plaisante exception. […] L’auteur n’a pas même pris la peine de le dire.

99. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre III » pp. 30-37

Du fait seul que telle chose était du goût de l’adversaire qui a succombé, elle doit être réprouvée sous peine d’être accusée de complicité avec les desseins funestes que la défaite a fait avorter.

100. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

Ce n’est pas que je sache, si ceux qui ont jugé du Cid en ont jugé suivant leur sentiment, ou non : ni même que je veuille dire qu’ils en aient bien ou mal jugé, et que peut-être je l’aurais justifié, sans beaucoup de peine, si la même raison qui les a fait parler ne m’avait obligé à me taire. » Au-devant d’Horace et de Cinna sont les passages latins de Tite-Live et de Sénèque d’où ces sujets sont tirés ; et une lettre de M. de Balzac, imprimée dans la seconde partie de ses Lettres choisies, livre III, lettre IX, qui contient l’éloge de la dernière de ces tragédies. […] Il finit par des remerciements à M. de Zuylichem (Constantin Huygens), secrétaire des commandements du prince d’Orange, qui, sans le connaître, s’était donné la peine de composer deux épigrammes, l’une latine, et l’autre française, pour louer cette comédie. […] Mon homme a toutes les peines du monde à croire qu’une femme de bien puisse faire de pareils tours ; mais, pour l’en convaincre mieux, cette honnête dame devient amoureuse du petit page, et veut le prendre à force ; mais comme il faut que justice se fasse, et que, dans une pièce de théâtre, le vice soit puni ou la vertu récompensée, il se trouve à la fin du compte que le capitaine se met à la place du page, couche avec son infidèle, fait cocu son traître ami, lui donne un bon coup d’épée au travers du corps, reprend sa cassette, et épouse son page. […] Quoique ce changement paraisse extrêmement impie en soi, il est pourtant vrai que les connaisseurs en sentiront sans peine la difficulté. […] On ne trouve rien de remarquable dans cet ouvrage, si on en excepte quelques personnalités contre Molière, qu’on appelle Elimore, qui est l’anagramme de son nom : et ces personnalités ne méritent pas la peine d’être relevées.

101. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

On y voit un portrait naturellement représenté de ce que les amants font tous les jours en de semblables rencontres ; le Misanthrope paraît d’abord aussi emporté que jaloux ; il semble que rien ne peut diminuer sa colère, et que la pleine justification de sa maîtresse ne pourrait qu’avec peine calmer sa fureur ; cependant, admirez l’adresse de l’auteur : ce jaloux, cet emporté, ce furieux paraît tout radouci, il ne parle que du désir qu’il a de faire du bien à sa maîtresse : et ce qui est admirable, c’est qu’il lui dit toutes ces choses avant qu’elle se soit justifiée, et lorsqu’elle lui dit qu’il a raison d’être jaloux. […] Nous en voyons souvent qui ont bien de la peine à le garder pendant le cours d’une comédie ; mais si, comme j’ai dit tantôt, celui-ci a fait connaître le sien avant que de parler, il fait voir en finissant qu’il le conservera toute sa vie en se retirant du monde. […] « Toute cette pièce est traitée de la même sorte que le sieur Molière a de coutume de faire ses autres pièces de théâtre, c’est-à-dire qu’il y représente avec des couleurs si naturelles le caractère des personnes qu’il introduit, qu’il ne se peut rien voir de plus ressemblant que ce qu’il a fait, pour montrer la peine et les chagrins où se trouvent souvent ceux qui s’allient au-dessus de leur condition ; et quand il dépeint l’humeur et la manière de faire de certains nobles campagnards, il ne forme point de traits qui n’expriment parfaitement leur véritable image. […] En quoi il n’eut pas beaucoup de peine, puisque c’était une de ces petites pièces, ou approchant, que la troupe avait représentée (en province). […] Le public n’a point regretté que l’auteur ait négligé de finir cet ouvrage, il est dans un genre qui n’était point celui de Molière, quelque peine qu’il eût prise ; les grands efforts d’un homme d’esprit ne remplacent jamais le génie. » *.

/ 210