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24. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE II. La Débauche, l’Avarice et l’Imposture ; le Suicide et le Duel. » pp. 21-41

Mais c’est, peu de voir cet homme dégradé par la famélique et honteuse lésine 95, bafoué et haï par ses gens, sans ami, soupçonneux, et avec cela amoureux : la vraie morale de l’Avare est dans ses enfants. […] Si l’on trouve chez Molière quelque idée de suicide amoureux, c’est seulement dans les intermèdes et les opéras : tout cela est très-léger, et souvent ironique. […] Le Dépit amoureux, act. […] « On ne saurait signaler (dans le Dépit amoureux) aucune intention de satire contemporaine, si ce n’est peut-être le passage où un bretteur du nom de La Rapière vient offrir ses services à Eraste qui les refuse avec mépris. Un des meilleurs services qu’ait rendus le prince de Conti aux états de Montpellier, moins de deux ans avant l’époque de la représentation du Dépit amoureux à Béziers, était d’avoir obligé non sans peine la noblesse de Languedoc à souscrire la promesse d’observer les édits du roi contre les duels. » A.

25. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Molé, à son début, était un automate. — Deux jeunes gens amoureux l’un de l’autre, vont manquer tout à fait la scène charmante du Dépit amoureux ; eh bien ! […] dit la princesse au prince amoureux. […] race oisive et terrible des penseurs de profession, des écrivains par métier, des amoureux et des amoureuses condamnés aux travaux forcés de la poésie et du drame ! […] Il a guéri une jeune femme amoureuse du Soleil ! […] Charles est à mon sens un pauvre amoureux.

26. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Ces pièces sont toutes fondées sur des intrigues amoureuses. […] Cinthio et Oratio sont en rivalité auprès d’Isabelle ; Isabelle à son balcon demande à l’un et à l’autre quelles sont les qualités qui l’ont rendu amoureux. […] Un gentilhomme de Venise amoureux de la jeune fille veut l’enlever ; il est tué par le père et des bravi apostés. […] Le capitan a excité la jalousie de Flaminio ; mais il affirme à Flaminio qu’il est amoureux per fama d’une jeune Vénitienne nommée Ortensia. […] Or, la logette où est entrée Isabelle est le galetas du jardinier Burattino ; et l’amoureux Oratio, dont la maîtresse du logis est complice, s’y tient caché.

27. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

Les érudits citent respectueusement Les Docteurs rivaux, Le Maître d’école, Le Médecin volant, Le Docteur amoureux, La Jalousie de Barbouillé. […] Un des grands secrets de l’art, qu’il a emporté presque tout entier avec lui, c’est d’intéresser le spectateur aux jeunes filles sur le mariage desquelles l’intrigue de sa comédie est fondée ; c’est ce que Regnard, Dancourt et beaucoup d’autres n’ont jamais fait ; leurs amoureuses sont des coquettes commencées ou achevées ; Quoi de plus aimable et de plus vertueux que les amoureuses de Molière ? […] Tous ses jeunes amoureux ont une physionomie d’honnête homme, tandis que souvent ceux de ses successeurs sont des fats ou des chevaliers d’industrie. […] La Grange a toujours joué au gré du public ; et, quoique parvenu à un certain âge, il remplissait les rôles d’amoureux d’une manière aussi noble qu’aisée. […] Le prologue des Folies amoureuses de Regnard présente également le personnage de mademoiselle Beauval, et cette actrice y est caractérisée au mieux.

28. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Boileau a regretté la perte du Docteur amoureux. […] Léger et ouvert, il dit à toute la nature qu’il est amoureux. […] En peintre amoureux de son modèle, il en a caché les défauts. […] Songez qu’Henriette est amoureuse et que Clitandre n’est pas là. […] toute charmante, toute amoureuse.

29. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

À Paris, chez Pierre Menard, 1633. » Bruno explique lui-même qu’il y a dans sa pièce trois personnages principaux : Boniface, l’amoureux ridicule, l’alchimiste Bartolomeo, avare sordide, et Mamfurio, le pédant imbécile, « desquels, ajoute-t-il, le premier n’est pas non plus sans ladrerie ni imbécillité, le second n’est pas sans niaiserie ni ridicule, et le troisième n’est pas moins sordide que sot ». […] Nous ne parlerons que du troisième, de Mamfurio, à qui Métaphraste, du Dépit amoureux, a emprunté l’étymologie du mot magister, « trois fois plus grand, tre volte maggiore ». […] Les valets balourds et poltrons en arrivent de bonne heure à se ressembler sur les deux scènes comiques : ainsi le Zucca de L’Interesse (l’Intérêt ou la Cupidité), comédie régulière de Nicolo Secchi, Zucca qui est devenu le Mascarille du Dépit amoureux, était un véritable Arlequin poltron et balourd dont Molière n’a pas complètement effacé les traits, tandis que le Mascarille de L’Étourdi n’était autre, comme on le verra plus loin, que le rusé Scappino, le Scapin-modèle emprunté à Beltrame, l’un des plus fameux artistes et écrivains de la commedia dell’arte. […] Il n’est pas besoin de dire que les amoureux sont semblables de part et d’autre ; ils sont à peu près les mêmes toujours et partout.

30. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. » pp. 5-19

Gélio, fils de Pantalon, & promis à la fille du Docteur, est amoureux de Turqueta. […] Mon maître, lui dit-il, est amoureux de cette maudite esclave, je voulois la lui enlever pour qu’il fût tout entier à votre fille. […] Il est amoureux de l’esclave, il l’achete, & se trouve ensuite son frere, & fils de Trufaldin, marchand d’esclaves. […] Voici mon sentiment : il faut que vous délivriez la joueuse de flûte, comme si c’étoit pour votre plaisir, & comme si vous en étiez passionnément amoureux. . . . . […] Finette s’intéresse aux amours de Dorante : pour le servir en piquant l’indocilité de sa maîtresse, elle conseille à Francaleu de lui défendre d’aimer précisément ce même Dorante, qui est, dit-elle, fort amoureux.

31. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. M. DIDEROT. » pp. 317-332

D’Orval laisse entrevoir qu’il est amoureux de Rosalie, & qu’il part pour ne pas manquer à son ami Clairville. […] D’Orval veut savoir la cause de son combat ; Clairville se fait prier, & dit enfin qu’il s’est battu contre deux hommes, dont l’un disoit que Constance aimoit d’Orval, & l’autre que d’Orval étoit amoureux de Rosalie. […] Sans cette circonstance, la fuite de son pere aux Isles reste sans fondement : d’Orval ne peut ignorer qu’il a une sœur, & qu’il vit à côté d’elle : il n’en deviendra pas amoureux : il ne sera plus le rival de son ami. […] Pantalon, établi à Milan, est obligé de faire un voyage à Venise, & d’y mener sa fille Flaminia : Lélio la voit, en devient amoureux, & s’en fait aimer. […] Tandis que Lélio se trouve dans cette déplorable situation, Silvia, fille du Docteur & sœur de Mario, devient amoureuse de l’ami de son frere, quoiqu’elle soit promise au Comte Octavio, cavalier de grande considération.

32. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXX. Des Surprises. » pp. 490-502

Arnolphe, qui est amoureux d’Agnès, exhorte au contraire le pere d’Horace à ne pas se laisser gouverner par son fils, à presser malgré lui l’hymen projetté ; alors on le surprend, en lui disant : ACTE V. […] Dans le Dépit Amoureux de Moliere, Mascarille, valet de Valere, déclare à Polidore, pere de son maître, le mariage secret qu’a fait son fils. […] Angélique quitte le lit de son époux pour aller à un rendez-vous amoureux. […] Encore moins : je connois son amour & les licences amoureuses qu’elle a déja prises.

33. (1775) Anecdotes dramatiques [extraits sur Molière]

Ce Compliment fut fort bien reçu, et la petite Comédie du Docteur Amoureux très applaudie. […] Molière a substitué un Vieillard au Confesseur ; et, au lieu d’une femme mariée, il a pris une jeune pupille dont le vieillard amoureux se trouvait le tuteur. […] Il avait ce que les Comédiens appellent l’emploi des grands Amoureux, tragique et comique. […] Harpagon ( L’Avare) : Père de Cléante et d’Élise, et amoureux de Marianne. […] Cléonte ( Le Bourgeois gentilhomme) : amoureux de Lucile.

34. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Du Choix d’un Sujet. » pp. 25-38

Pour nous convaincre de cette grande vérité, supposons quelqu’un qui connoisse tout Moliere 6, excepté son Dépit Amoureux ; & mettons sous ses yeux les scenes les plus belles de cette comédie. […] Eraste & Valere sont amoureux de Lucile. […] L’homme que nous avons supposé ne manquera pas de s’écrier que le Dépit Amoureux est une des plus belles pieces de Moliere, puisqu’il en est peu où l’on trouve un si grand nombre de beautés ; & il sera tout étonné quand on lui dira que c’est une des moins bonnes. […] Je me flatte d’avoir suffisamment prouvé, par le Dépit Amoureux, que si le pere du Tartufe n’a pu faire qu’une mauvaise piece d’un mauvais sujet, les jeunes Auteurs ne doivent pas avoir la vaine présomption de se croire plus adroits.

35. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. Des Monologues. » pp. 261-273

Elle a déja entre ses mains une lettre amoureuse de la fausse prude, & elle l’engage à aller au bal à l’insu de son mari. […] Valere, dans le Dépit amoureux, s’est marié secrètement Mascarille, son valet, craint que l’affaire n’éclate, & qu’on ne le punisse d’avoir gardé le secret : il nous apprend par un monologue, qu’il a tout révélé. […] Ils font que Pasquin, dans son ivresse, trouve la lettre amoureuse de la prude, & la livre au mari, qui par-là reconnoît la fausseté de sa femme, & par conséquent la raison qu’elle avoit pour l’indisposer contre sa niece, puisqu’elle est amoureuse de son amant.

36. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. De la Catastrophe ou du Dénouement. » pp. 503-516

Clitandre, amoureux de Lucinde qui feint d’être malade, s’introduit auprès de Sganarelle, pere de la belle, sous l’habit d’un Médecin. Il dit au bon-homme que la maladie de sa fille n’a d’autre principe que le desir d’être mariée : il ajoute que, pour donner plus surement à ses remedes le moyen d’opérer, il a persuadé à Lucinde qu’il n’étoit pas un Médecin, mais un jeune homme amoureux d’elle ; qu’il venoit la demander en mariage ; qu’il faut la confirmer dans cette idée, & lui faire croire que l’homme qui écrit ses ordonnances est un Notaire. […] Mille pieces en finissant me laissent inquiet sur le sort de quelque acteur : dans le Tartufe, par exemple, le fils d’Orgon m’a dit dès le premier acte, qu’il est amoureux de la sœur de Valere ; je voudrois bien qu’un mot m’apprît au dénouement si ses feux seront couronnés. […] Moliere est dans ce cas, dans son Dépit Amoureux.

37. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

Qui ne serait charmé de voir les lettres qu’elle écrivait étant encore mademoiselle de Chantai, à Ménage, son maître de latin et d’italien, qui était devenu amoureux d’elle, et dont elle ne voulait ni enivrer la folle passion ni rebuter les soins dignes de sa reconnaissance ? […] Madame de Coulanges en augmentait la bonne compagnie Monsieur de Barillon, amoureux de madame Scarron, mais maltraité comme amant, fort estimé comme ami, n’était pas ce qu’il y avait de moins bon dans cette société. « Le cardinal d’Estrées, monsieur de Guilleragues, aussi amoureux de madame Scarron, faisaient partie des cercles de Richelieu. » On voit tous ces détails dans les Souvenirs de madame de Caylus, p. 140 et 141. […] Nous avons vu madame Cornuel dans la société du maréchal d’Albret, qui en fut amoureux.

38. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. » pp. 294-322

Silvio est amoureux de la fille de Magnifico, autrement dit Pantalon. […] Pantalon a une fille nommée Argentine, qui est amoureuse de Célio. […] Don Gilles est chargé de l’éducation d’un jeune homme de famille, qui suit une intrigue amoureuse avec une jeune personne du voisinage. […] Damis a surpris Tartufe faisant sa déclaration amoureuse à Elmire : il entreprend de démasquer le faux dévot aux yeux de son pere, comme le Gentilhomme de Madrid a voulu démasquer son hypocrite devant les habitants de Séville. […] J’ai entendu dire par plusieurs personnes que Moliere ne jugeant pas la piece du Dépit amoureux digne de rester au théâtre, & ne voulant point perdre sa plus belle scene, l’avoit transportée dans le Tartufe.

39. (1734) Mémoires sur la vie et les ouvrages de Molière (Œuvres de Molière, éd. Joly) [graphies originales] pp. -

L’étourdi reparut à Béziers avec un nouveau succès, le dépit amoureux & les précieuses ridicules y entraînérent tous les suffrages ; on donna même des applaudissemens à quelques farces qui, par leur constitution irréguliére, méritoient à peine le nom de comédie, telles que le docteur amoureux, les trois docteurs rivaux, & le maître d’école, dont il ne nous reste que les tîtres. […] Les incidens du dépit amoureux Le Depit amoureux, comédie en cinq actes en vers, représentée à Paris sur le théatre du petit Bourbon, au mois de décembre 1658. […] Mais l’éclaircissement du même Eraste & de Lucile, qui a donné à la piéce le tître de dépit amoureux, leur brouillerie & leur réconciliation, sont le morceau de cet ouvrage le plus justement admiré. […] Il semble que la misantropie soit incompatible avec l’amour ; mais un misantrope amoureux d’une coquette, fournit à l’auteur des ressources nouvelles pour développer plus parfaitement ce caractére. […] Le peu de rapport entre l’humeur d’un philosophe amoureux, & les caprices d’une femme légére & coquette, répandit, dans la suite, sur ses jours bien des nuages, dont on abusa pour jetter sur lui le ridicule qu’il avoit si souvent joué dans les autres.

40. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

« Seulement, dans cette foule brodée de l’Œil-de-Bœuf qui bourdonne incessamment à son oreille, parmi ces jeunes et galants oisifs qui font l’amour pour s’en vanter, et qui se parent d’une maîtresse nouvelle, comme d’un justaucorps à brevet, Célimène finit par découvrir le plus honnête des gentilshommes, le plus vrai des amoureux. […] Que vient-il chercher dans ce monde de courtisans, de flatteurs, de beaux esprits, de grandes coquettes, de futiles amours, d’intrigues folles, et pourquoi donc cet amoureux s’est-il épris de cette coquette ? […] Mais arriver à un spectacle avec l’intention formelle de lancer à l’idole, sa petite couronne ; tenir cette couronne honteusement cachée au fond de son chapeau, et puis, quand la reine en question a fait sa dernière pirouette ou déclamé son dernier vers, lui jeter obscurément la servile guirlande, c’est là tout à fait le métier d’un laquais, d’une maman, ou d’un amoureux de bas étage. […] Lui, cependant, Baron, fidèle à ses rôles, et sachant très bien qu’en fin de compte le parterre ne s’intéresse qu’à la passion dans la comédie et dans le drame, il jouait, jusqu’à la fin, le rôle des beaux jeunes gens amoureux que Molière avait écrit tout exprès, il y avait soixante ans, pour ce jeune Baron.

41. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Molière sa fait avare dans tout le détail de l’avarice ; mais il l’a fait amoureux. […] L’avare n’est jamais amoureux. Voit-on que Plaute ait fait amoureux son Euclion ou Balzac amoureux son Grandet ? […] Cependant Molière nous a donné son Harpagon comme amoureux et, bien plus, comme amoureux d’une fille sans aucun bien. […] Un jour il tombe amoureux et l’amour a raison, partiellement, de l’inhibiti

42. (1735) Moliere (Supplément au Grand Dictionnaire historique) « MOLIERE, (Jean-Baptiste Poquelin) poëte comique, etc. » p. 82

Poquelin qui prit alors le nom de Moliere faisait de petites comédies pour les provinces, Le docteur amoureux, Les trois docteurs rivaux, Le maître d’école, et quelques autres qui n’ont point été imprimées. […] Il la représenta à Lyon en 1653 et il fit aussi en province, et y joua, Le Dépit amoureux et Les Précieuses ridicules, en présence du prince de Conti qui tenait les états de Languedoc à Beziers.

43. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V.*. Destouches imitateur, comparé à Moliere, Plaute, Regnard, Shakespeare, &c. » pp. 185-218

Tu veux que je fasse l’amoureux de ta femme, & qu’à force de présents & de soins je tâche de la corrompre & de m’en faire aimer ! […] Cependant Léonelle, se voyant la confidente de sa maîtresse, ne se gêne plus, fait venir dans sa chambre un jeune homme dont elle est amoureuse. […] Damon répond que c’est pour plaire à son ami Léandre ; il est fâché de n’avoir pu fuir Paris, il est secrètement amoureux de Julie que Léandre est sur le point d’épouser par ses soins. […] Mais, dans la comédie, le personnage fait pour intéresser est déja amoureux de Julie lorsque son ami le prie de feindre auprès d’elle. […] C’est une femme qui aime son mari de bonne foi : l’ingrat se refroidit pour elle ; mais il la voit dans un bal, déguisée en Vénitienne, & il en devient passionnément amoureux.

44. (1800) Des comiques d’un ordre inférieur dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VII) pp. 294-331

Cependant la critique, même en mettant de côté le vice du genre, peut y trouver des défauts très marqués : le plus grand est d’avoir fait Esope amoureux et aimé, deux choses incompatibles, l’une avec sa sagesse, l’autre avec sa figure. […] Le roi d’Alger (quoiqu’il n’y ait point de roi à Alger) se trouve au port, à la descente des captifs, et ne manque pas de devenir tout d’un coup éperdument amoureux d’Elvire. […] Je crois qu’il se trompa quand il crut que Démocrite amoureux pouvait être un personnage comique : il y en a peu au théâtre d’aussi froids d’un bout à l’autre. […] Les Folies amoureuses sont dans le genre de ces canevas italiens où il y a toujours un docteur dupé par des moyens grotesques, un mariage et des danses. […] La principale scène, où les deux sœurs se demandent pardon toutes deux et se mettent à genoux l’une devant l’autre, est une copie de la scène des deux vieillards dans le Dépit amoureux de Molière, et le fond de l’intrigue est un déguisement de valet, comme il y en a dans vingt autres pièces.

45. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. La Chaussée, imitateur de Regnard, d’un Auteur Espagnol, d’un Auteur Italien, d’un Romancier François, &c. » pp. 262-276

Cette piece est imitée des scenes que Strabon fait avec Cléanthis dans Démocrite amoureux Nous l’avons remarqué dans le premier volume de cet ouvrage, Chapitre XXIII, des Reconnoissances. […] Il l’avoit épousée par inclination ; on prétendoit même qu’il l’avoit enlevée ; &, depuis son mariage, il avoit toujours eu pour elle toutes les attentions possibles, lorsque, malheureusement pour Madame de Lon... il devint passionnément amoureux de la veuve d’un Officier subalterne sur les galeres. […] Le Marquis d’Ormancé perd ses parents, se fait appeller le Marquis d’Orvigni, croit Mélanide morte, & devient amoureux de Rosalie, fille de Dorisée. […] Il étoit amoureux de sa femme, il n’osoit l’avouer, il lui donnoit des rendez-vous dans une petite maison.

46. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. D’Ancourt imitateur, comparé à Moliere, la Fontaine, Saint-Yon, le Sage, Montfleury, &c. » pp. 133-184

Bernard, amoureux & tuteur d’Angélique, veut absolument l’épouser, & la tient renfermée dans sa maison de campagne. […] Bernard, & amoureux de Lisette suivante d’Angélique, est un second espion. […] Il a eu aujourd’hui l’audace de me dire qu’il est amoureux de moi. […] pargué, cet amoureux de Colette & son valet Monsieu de l’Epine. […] N’est-ce pas là le valet de ce houberiau qui fait l’amoureux de ma chere Colette ?

47. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. » pp. 251-273

Lucinde est amoureuse de Clitandre : elle est dans une langueur mortelle. […] Dans Cyrano, Granger pere est amoureux de la maîtresse de son fils ; par conséquent, il ne veut pas consentir à leur mariage : on lui persuade de jouer une comédie. […] Lélio, amoureux de Rosaura, vient prier le Docteur Onesti d’entretenir de lui sa belle malade, & de le servir auprès d’elle. […] Elle la voit rire toutes les fois qu’on lui parle de son Médecin : elle conclut que la malade en est amoureuse. […] Lélio, toujours amoureux de Rosaura, se place devant la porte de Pantalon, pour apprendre des nouvelles de la malade.

48. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. De la Gradation. » pp. 342-351

La scene de Marinette & Gros René qui, dans le Dépit amoureux, suit celle d’Eraste & de Lucinde, est dans ce cas ; je l’ai déja citée ailleurs. […] Valere quitte Paris pour aller recueillir sa succession, termine ses affaires, est prêt à revenir dans la capitale, quand son valet Crispin, & Lisette, suivante de la veuve, qui sont amoureux l’un de l’autre, forment le dessein d’unir leurs maîtres. […] Mais l’explication n’en est pas difficile : J’étudierois vos yeux, adorable Lucile ; Tout à la fois timide, amoureux, incertain, Je verrois dans ces yeux quel sera mon destin ; Je verrois si je dois vous taire mon martyre, Ou, sans vous offenser, si je puis vous le dire.

49. (1911) L’Étourdi de Molière et Le Parasite de Tristan L’Hermite (De Jodelle à Molière) pp. 292-302

Entré chez le marchand d’esclaves, l’amoureux Lélie « s’oublie étrangement auprès de Célie » et commet mille imprudences : de même Fulvio près d’Angélique dans l’Angelica de Fabritio de Fornaris (acte IV, sc. 4). […] Il est reconnu de Manille, veut faire pendre Lisandre, et enfin consent à unir les deux amoureux. […] Le succès étourdissant qu’obtenait Coquelin dans ce récit nous peut fournir une première explication : on aimait, au temps de Molière, les longs monologues où un acteur s’essoufflait et gesticulait, comme Gros-René dans le Dépit amoureux, et Molière, qui jouait Mascarille, a pu se ménager par ce récit un succès semblable à celui de Coquelin.

50. (1794) Mes idées sur nos auteurs comiques. Molière [posthume] pp. 135-160

LE DÉPIT AMOUREUX. […] La scène troisième du deuxième acte est jolie, et Mélicerte et Myrtil y parlent comme des bergers bien amoureux et bien naïfs. […] La première scène, où Pasquin demande son congé à son maître ; la quatrième, où Pasquin et Lisette ont peine à retenir l’amoureux Colin ; la dixième, où Lisette, déguisée en veuve, attrape l’officier, et le dénouement : voilà ce qu’il y a de plus joli. […] LES FOLIES AMOUREUSES.

51. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. » pp. 144-179

Etant ainsi ces deux amants conjoints d’un amour réciproque, cependant qu’ils étoient en ces propos amoureux, voici venir Maître Raimon, qui frappe à la porte. […] Le jour ensuivant venu, Nérin retourna vers Jeanneton : cependant qu’ils étoient en plaisirs amoureux & propos gracieux, le mari arriva. […] Comme ils passoient leurs temps en plaisirs & propos amoureux, le mari retourna au logis, tellement que Jeanneton, se voyant ainsi surprise, ouvrit incontinent une garde-robe qui étoit assez grande, & qui étoit dans sa chambre, & cacha dedans Nérin. […] Je m’en allai où loge la Dame que vous savez ; & ainsi que j’étois en propos amoureux avec elle, le mari survint ; lequel, après avoir cherché & tracé par toute la maison, a mis le feu aux quatre coins de la chambre, & a brûlé tout ce qui étoit dedans. […] La vieille alla trouver son impatient amoureux, & lui rendit compte de ce qu’elle avoit avancé, elle souriant d’un souris d’enfer, & lui sautant de joie.

52. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

De cette différence entre les deux héros l’explication est bien simple : l’un est un honnête homme amoureux à la façon des honnêtes amours ; l’autre est un scélérat et un égoïste. […] — Et quand nous passions du sceptique à l’amoureux, notre étonnement redoublait. […] Quel Amphion a construit la comédie à machines, afin que les plus beaux rêves amoureux d’un roi de vingt ans soient réalisés sur un théâtre ? […] À la voir, ainsi parée à la mode de son pays, la dentelle mêlée à la soie, le corail mêlé aux diamants, on eût dit une apparition de l’ancienne Espagne, quand toutes les Espagnes frémissantes battaient des mains à ce fier gentilhomme, à cet ardent amoureux, à cet impétueux duelliste, à ce chercheur d’aventures amoureuses, à ce damné Don Juan. […] En voilà un qui est jaloux, qui est triste, qui est gai, qui est pensif, qui est amoureux pour tout dire !

53. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

Mais un misanthrope amoureux d’une coquette fournit à l’auteur des ressources nouvelles pour développer plus parfaitement ce caractère. […] Ce n’est pas qu’avec ces discours, il ne paraisse aussi amoureux que les autres, comme nous verrons dans la suite. […] Le Dépit amoureux, comédie en cinq actes, en vers, représentée sur le théâtre du Petit-Bourbon, 1658. […] Le Docteur amoureux, joué depuis à Paris en 1658*. […] On disait que Molière, qui était amoureux de Mlle Béjart, avait épousé sa propre fille, mais elle était née en Languedoc avant qu’il eût fait connaissance avec sa mère.

54. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII.*. M. PIRON. » pp. 277-287

Personne n’ignore que M. de l’Empyrée y est amoureux d’une Bretonne qui lui adresse des vers tendres dans le Mercure, à laquelle il répond réguliérement tous les mois, & qu’il veut absolument épouser, lorsque M.  […] Destouches se signala, il fit sa déclaration amoureuse à Mademoiselle Malcrais de la Vigne. […] Ce qu’il y a de fort plaisant, c’est que tous trois sont amoureux de cette même Angélique qui, grace au mensonge de Nérine sa suivante, passe dans leur esprit pour un parti très noble & très opulent.

55. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

La seconde Comédie de M. de Molière fut représentée aux États de Béziers, sous le titre du Dépit amoureux. […] Ce compliment dont on ne rapporte que la substance fut si agréablement tourné, et si favorablement reçu, que toute la Cour y applaudit, et encore plus à la petite Comédie, qui fut celle du Docteur Amoureux. […] Cette Troupe dont Monsieur de Molière était le Chef, et qui, comme je l’ai déjà dit, prit le titre de la Troupe de MONSIEUR, commença à représenter en public le 3 Novembre 1658 et donna pour nouveautés L’Étourdi et Le Dépit amoureux, qui n’avaient jamais été joués à Paris.

56. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

D’abord quelques changements eurent lieu dans le personnel de la troupe : Mario Antonio Romagnesi, fils de Marc Romagnesi et de Brigida Bianchi (Aurelia), débuta dans les seconds rôles d’amoureux sous le nom éclatant de Cintio del Sole. […] Nous avons vu ce dernier présenter comme prototype du Dépit amoureux, non pas L’Interesse, imprimé en 1581, mais La Creduta maschio (la Fille crue garçon) que Riccoboni déclare lui-même avoir arrangée pour sa groupe alors qu’il jouait à l’Hôtel de Bourgogne pendant la minorité de Louis XV. […] Les deux filles de Dominique, Françoise et Catherine Biancolelli débutèrent en 1683, l’une comme première amoureuse sous le nom d’Isabelle, l’autre comme soubrette sous le nom de Colombine.

57. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

La troupe s’était adjoint Andrea Zanotti, second amoureux sous le nom d’Ottavio, Ursula Corteza, seconde amoureuse sous le nom d’Eularia, et un second zanni, Domenico Biancolelli, né à Bologne, en 1640, jouant sous le nom d’Arlequin ; en tout dix personnages, qui sont le nombre indispensable, dit Angelo Costantini, pour jouer une comédie italienne. […] -Parce qu’il en est amoureux. […] Scaramouche est chargé de l’éducation d’un fils de famille qui suit une intrigue amoureuse avec une jeune personne du voisinage.

58. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Vers & de la Prose dans les Comédies. » pp. 103-117

Un homme vraiment poëte peut dialoguer aussi vivement en vers qu’en prose ; témoins les vers suivants : LE DÉPIT AMOUREUX. […] Le mien me fait ici épouser ses inquiétudes ; &, parcequ’il est amoureux, il faut que nuit & jour je n’aie aucun repos. […]   Le mien me fait ici  Epouser ses inquiétudes ;  Et, parcequ’il est amoureux, Il faut que nuit & jour je n’aie aucun repos.

59. (1759) Moliere (Grand Dictionnaire historique, éd. 1759) [graphies originales] « article » pp. 604-605

Pocquelin, qui prit alors le nom de Moliere, faisoit de petites comédies pour les provinces, le docteur amoureux, les trois docteurs rivaux, le maître d’école, & quelques autres qui n’ont point été imprimées. […] Il fit aussi en province, & y joua, le Dépit amoureux & les Précieuses ridicules, en présence du prince de Conti qui tenoit les états de Languedoc à Béziers.

60. (1871) Molière

Les uns et les autres, à peine ils eurent touché à l’ancienne comédie, ils trouvèrent qu’elle était impuissante à satisfaire leur fantaisie, et Poquelin, pour leur plaire, inventa Le Docteur amoureux, Le Maître d’école et Les Trois Docteurs. […] Amoureux d’Isabelle, il lui tendra tous les pièges : il serait honteux de se fier à l’honnêteté d’une fille bien née ; il se fait son espion et son geôlier. […] Ainsi, l’amoureux Sganarelle est un pantin dont cette aimable fillette, en riant, tient tous les fils ; et jugez de l’étonnement de ce triste sire, en voyant comme on s’est amusé de sa vaine sagesse ! […] Théâtre complet de Chevalier, comédien de la troupe du Marais. 3 vol. petit in-12, v. f., contenant dix pièces, savoir :Le Pédagogue amoureux, comédie (5 a. v.). […] Paris, Pierre Bienfait, 1662. — Les Galants ridicules, ou les Amours de Guillot et de Ragotin, comédie (id., id.). ibid., id., 1662. — Les Barbons amoureux et rivaux de leurs fils, comédie (2 a. v.).

61. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXII. Des Pieces à caractere. » pp. 253-258

Don Juan partage ses soins entre Dona Luisa & Dona Léonor ; il feint d’être amoureux de la premiere qui est très riche, parcequ’il veut arranger ses affaires en l’épousant ; il est réellement épris de l’autre dont il n’a vu que le portrait. […] Il y réussit, il est écouté favorablement : il fait une seconde tentative ; mais au lieu de Léonor, c’est sa gouvernante Maria qui se trouve au tour, écoute les propos amoureux du galant, croit qu’ils s’adressent réellement à elle, & y répond avec la plus grande bonté.

62. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Prologues. » pp. 118-138

Lionetto devint amoureux de Claudia, fille d’un certain Albert, qui dans ce temps-là étoit dans sa ville ; mais l’ayant vu partir peu de jours après, avec la belle Claudia, pour Genes, il brise la cassette de son pere, emporte l’argent, les bijoux, & s’embarque pour suivre ce qu’il aime. […] D’un autre côté Fulvio devient amoureux de Livia, sœur de Claudia, & est du dernier bien avec elle, lorsqu’Americo arrive pour l’épouser. […] Regnard a trouvé que c’étoit peu de faire précéder ses Folies Amoureuses d’un prologue, il l’accompagne d’un épilogue ; trop semblable en cela aux Auteurs qui, non contents de gâter leur ouvrage avec une préface, l’achevent par une post-face. […] Oronte la voudroit en vers : Licandre dit que les comédies sont plus parfaites en prose, parcequ’il n’est pas naturel qu’on y parle en vers, à moins que la scene ne fût au Parnasse, & qu’on n’y fît parler Clio ou l’amoureuse Erato avec Virgile, le Tasse ou lui.

63. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. » pp. 436-488

Rossi devient amoureux de Giliole sa voisine ; &, n’osant le lui avouer, il lui disoit, toutes les fois qu’il la rencontroit, tic. […] Voilà l’amoureux qui ne peut contenir sa joie. […] Arlequin, fort amoureux d’Argentine, prie Scapin de lui céder sa place. […] fâcheuses nouvelles pour un cœur amoureux ! […] Phédria, fils de Chrémès, devient amoureux d’une chanteuse.

64. (1739) Vie de Molière

Molière joua devant lui l’Étourdi, le Dépit amoureux, et les Précieuses ridicules. […] Le roi agréa l’offre de Molière, et l’on joua dans l’instant le Docteur amoureux. […] Il n’y a qu’un seul nœud dans Le Dépit amoureux. […] On a admiré dans Le Dépit amoureux la scène de la brouillerie et du raccommodement d’Éraste et de Lucile. […] Le grand succès de ce petit ouvrage lui attira des critiques, que l’Étourdi et le Dépit amoureux n’avaient pas essuyées.

65. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

Molière y donna, soit au mois de novembre, soit au mois de décembre 1656, la première représentation du Dépit amoureux. […] La voici  : Artabaze, capitan, — Amidor, personnage extravagant, — Filidan, amoureux en idée, — Phalante, riche imaginaire, — Mélisse, amoureuse d’Alexandre le Grand, — Hespérie, qui croit que chacun l’aime, — Sestiane, amoureux de la comédie. — La scène ii de l’acte II, entre Hespérie et Mélisse, a donné sans doute à Molière l’idée de ses scènes entre Henriette, Armande et Bélise. […] Ont-ils vu des avares, des amoureux, des hypocrites ? […] Je passe rapidement sur ses premières pièces  : l’Etourdi, le Dépit Amoureux, les Précieuses ridicules, Sganarelle, l’Ecole des Maris. […] Je ne dis rien d’Horace : parmi les « amoureux » du répertoire de Molière, il n’y en a pas de plus insignifiant, dont le mérite se réduise plus étroitement à celui de sa perruque blonde, qui soit d’ailleurs plus digne d’Agnès.

66. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

Mon sentiment n’est pas qu’on prenne la méthode De ceux qu’on voit toujours renchérir sur la mode, Et qui, dans cet excès, dont ils sont amoureux, Seroient fâchés qu’un autre eût été plus loin qu’eux. […] Démocrite, retiré dans une solitude, y devient amoureux de Criseis sa jeune éleve. […] LES FOLIES AMOUREUSES. […] Jourdain amoureux, en pure perte, d’une Marquise, trompé par le frippon de Comte qui lui vole un diamant & lui emprunte de l’argent, est un exemple merveilleux. […] Moliere, amoureux de sa femme, pouvoit regretter son cœur comme celui d’une maîtresse chérie ; mais il étoit trop philosophe pour se croire déshonoré par le bois que Vulcain mêloit aux lauriers d’Apollon.

67. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. Des Pieces intriguées par une Soubrette. » pp. 135-150

Je ne me mêle point de conseiller personne : Les plus sages conseils, les meilleures leçons, A gens bien amoureux, Monsieur, sont des chansons. […] Damis revenant de Bourdeaux, où il a été voir sa sœur, devient amoureux de Julie, jeune veuve qui voyage avec lui. […] Mnesiloque est amoureux de Bacchis, lorsque Nicobule son pere lui ordonne d’aller à Ephese pour y recevoir douze cents philippes.

68. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

Il continua donc les représentations du Dépit Amoureux. […] Cependant, une partie du comique dans le Dépit Amoureux repose encore sur les saillies des valets. […] Cette première représentation se termina donc par le Docteur Amoureux. […] Molière, qui l’avait écouté avec calme, lui demanda s’il avait jamais été amoureux. […] - Raisonnable et amoureux !

69. (1850) Histoire de la littérature française. Tome IV, livre III, chapitre IX pp. 76-132

. — L’Étourdi, Sganarelle, le Dépit amoureux, les Précieuses ridicules. […] Il y a un écrivain de génie dans L’Étourdi, le Dépit amoureux, les Précieuses ridicules, Sganarelle ; il y a une comédie parfaite en son genre, il y a un théâtre. […] Au retour d’Arnolphe, la simple Agnès est amoureuse ; ses honnêtes gardiens ont reçu de l’argent du galant. […] Il vient chez elle des gens de cour, ou simplement de bonne compagnie, non épris, mais galants ; ou s’ils sont amoureux, par esprit de rivalité seulement. […] C’est que le fils de l’Avare fait des cadeaux à sa maîtresse aux frais de son père ; c’est que l’Avare est amoureux, et qu’il ne sait ni reprendre ni laisser à Mariane son diamant : c’est que Pantalon est généreux, et qu’Harpagon est avare.

70. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

Voyez les scènes des amants dans le Dépit amoureux, premier élan de son génie; dans le Misanthrope, entendez Alceste s’écrier: Ah! […] Il n’y en a pas moins dans le Dépit amoureux : le sujet est absolument incroyable. […] Mais il fallait chasser cet amoureux désir. […] L’amour même ne le rend pas libéral, et la flatterie la mieux adaptée à un vieillard amoureux n’en peut rien arracher. […] Remarquons encore que Tartufe, tout amoureux qu’il est d’Elmire, est en garde contre elle autant qu’il peut l’être.

71.

Treize vaisseaux de guerre, il ne demande pas moins pour la représentation de sa Seigneuresse ; et, comme tout le monde se récrie, il offre aussitôt par contraste La Mégère amoureuse. […] Marianne et Damis vont chuchoter à l’écart, comme deux amoureux, qu’ils ne sont pas, Dieu merci ! […] Il est à peu près certain que la première édition du Dépit amoureux fut imprimée en province. […] Eraste attend, comme Juliette, la réponse à un message amoureux. […] Son fils Marc Antonio dit Cinthio (1633-1706), débuta en 1667, succédant à Valerio dans l’emploi des premiers amoureux, qu’il tint jusqu’en 1697.

72. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VIII. Les Fedeli » pp. 129-144

Domenico Bruni jouait les rôles d’amoureux sous le nom de Fulvio, et Diana Ponti, actrice et poète, jouait les rôles d’amoureuse sous le nom de Lavinia.

73. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIX » pp. 207-214

Il était sage conseiller du roi quand il lui montrait ses flatteurs à La Cour du Lion, leur lâcheté envers Le Lion devenu vieux, leur bassesse dans Les Animaux malades de la peste ; le danger des maîtresses dans Le Lion amoureux ; l’esprit des courtisans, les uns à l’égard des autres, dans Le Lion, le Loup et le Renard ; le danger des petits ennemis dans Le Moucheron et le Lion ; la dissimulation des gens prudents à la cour des rois méchants, dans La Cour du Lion. […] Racine était courtisan quand Titus, se séparant de Bérénice, retraçait à Louis XIV le courage qu’il avait montré, l’empire qu’il avait eu sur lui-même, en éloignant Marie Mancini, dont il était fort amoureux et qu’il avait en la fantaisie l’épouser ; mais par cet acte de courtisan, il remplissait habilement un devoir de citoyen, et concourait avec Bossuet à dégager le jeune prince des chaînes de madame de Montespan, et à l’armer de sa propre vertu contre une passion désordonnée.

74. (1697) Poquelin (Dictionnaire historique, 1re éd.) [graphies originales] pp. 870-873

On n’y a point raporté un fait que bien des gens m’ont assûré, c’est qu’il ne se fit Comedien que pour être auprès d’une Comedienne dont il étoit devenu fort amoureux. […] Moliere qui avoit écouté son ami avec assez de tranquillité, l’interrompit pour lui demander s’il n’avoit jamais été amoureux : ouï, lui répondit Chapelle, je l’ai été comme un homme de bon sens doit l’être, mais je ne me serois pas fait une si grande peine pour une chose que mon honneur m’auroit conseillé de faire, & je rougis pour vous de vous trouver si incertain. […] Il devint amoureux de cette femme, & en fut aimé, & l’attira dans sa Troupe.

75. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIX. Des Méprises, des Equivoques & de ce qu’on appelle quiproquo au Théâtre. » pp. 474-489

Manzelle Zirzabelle est amoureuse du beau Liandre. […] Comme la Dame est beaucoup plus jeune que la Demoiselle, il fait une méprise ; il la croit encore à marier, il en devient amoureux, & écrit une lettre fort tendre, qui, étant adressée à Mademoiselle Cléonte, parvient à la vieille folle : celle-ci est enchantée de sa conquête ; elle paroît tenant dans sa main la réponse au billet doux qu’elle a reçu. […] Angélique meurt de dépit, quand Sainville vient savoir quel effet a produit son billet amoureux.

76. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

L’intrigue amoureuse se dénoue avec facilité, le jeune homme qui a usurpé trop tôt les droits du mariage, se trouve être le neveu du vieux célibataire, et celui-ci de son propre gré se retire et lui cède la place. […] La principale différence qu’on observe entre l’avare de Plaute et celui de Molière, c’est que l’un n’aime que son trésor et que l’autre est amoureux. Un vieillard amoureux est ridicule en lui-même, un avare inquiet l’est aussi. […] Un vieillard amoureux et un avare peuvent voir Harpagon au théâtre, et s’en aller satisfaits d’eux-mêmes ; l’avare se dira : du moins je ne suis pas amoureux ; et le vieillard amoureux : du moins je ne suis pas avare. […] C’est pourquoi, depuis Molière et sans doute aussi avant lui, le rôle d’un vieil avare amoureux a été un des lieux communs de la comédie à masques et de l’opéra buffa des Italiens ; à dire le vrai, c’est là que ce rôle est à sa place.

77. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. De la Décence & de l’Indécence. » pp. 314-341

Le Capitaine étoit venu dans le dessein de troubler l’acquisition du procureur ; il change d’avis en faveur de la fille de ce même procureur dont il est amoureux. […] Une femme mariée qui déteste son mari, qui est amoureuse d’un autre, doit naturellement jouer à son pauvre époux des tours qui lui valent des injures ; tout cela se suit, & coule de source. […] Eraste vient d’apprendre que Moncade a fait une déclaration amoureuse à sa sœur, il se flatte de les voir unis, il vient lui en témoigner sa joie. […] Dufresny, dans le prologue de son Négligent, introduit un poëte qui, moyennant trente pistoles, conduit une intrigue amoureuse.

78. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Regnard imitateur de Moliere. » pp. 51-80

J’ai sur certaine femme Jetté, sans y songer, quelque amoureuse flamme. J’ai trouvé la matiere assez seche de soi ; Mais la belle est tombée amoureuse de moi. […] Géronte cede Isabelle, dont il a été amoureux, à son neveu Eraste, à condition qu’on lui rendra le porte-feuille qu’on lui a volé. […] Monsieur Grifon, amoureux de Léonor, permet que Valere son fils l’épouse dans l’espoir de rattrapper un collier de quatre mille écus qu’on lui a dérobé.

79. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Choix du lieu de la Scene. » pp. 76-93

Ils étoient jeunes, François, indiscrets par conséquent : Damon avoua qu’il venoit d’un rendez-vous amoureux : Clitandre lui rendit confidence pour confidence ; &, de confidence en confidence, ils passerent à l’éloge de leur maîtresse. […] En Espagne, la plupart des intrigues amoureuses se trament dans les Eglises ; plusieurs pieces y roulent sur des mysteres de la Religion : aussi les Espagnols ne sont-ils pas surpris qu’un Auteur place la scene dans une Eglise. […] Je veux croire qu’il y a grand plaisir à pousser des soupirs amoureux auprès d’une tombe fraîchement faite, & galamment couverte d’un tendre feuillage ; mais jusqu’ici nos belles dames n’ont pas mis cette galanterie à la mode, & un Auteur ne doit pas brusquer ainsi les mœurs & les coutumes de sa nation, pour présenter un spectacle très désagréable.

80. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. M. PALISSOT. » pp. 297-316

Lélio est amoureux d’Isabelle, fille de M.  […] Almanzor est amoureux de Zulime fille du Cadi. […] Le Barbier se doute qu’Almanzor est amoureux de Zulime.

81. (1858) Molière et l’idéal moderne (Revue française) pp. 230-

Molière et l’idéal moderne J’assistais, il y a quelque temps, au Théâtre-Français, à une représentation du Dépit amoureux. […] Pour en revenir au Dépit amoureux, que du reste nous n’avons pas quitté (car les querelles et les réconciliations remplissent Molière : sou œuvre entière pourrait être intitulée le Dépit amoureux), j’y entends un mot qui révèle le caractère de ce poète : « Je veux être fâché, » dit Gros-René.

82. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VI. Les Femmes. » pp. 103-120

Il n’y a pas lieu non plus d’être sévère pour les personnages chimériques et irréalisables comme les esclaves de l’Etourdi et de l’Amour peintre 401, ou l’étrange garçon du Dépit amoureux 402. […] Le Dépit amoureux, Frosine ; le Mari confondu, Claudine ; l’Avare, Frosine ; M. de Pourceaugnac, Nérine. […] Le Dépit amoureux, Frosine ; l’École des Femmes, act.

83. (1692) Œuvres diverses [extraits] pp. 14-260

Un Sot en écrivant fait tout avec plaisir : Il n’a point en ses vers l’embarras de choisir : Et toujours amoureux de ce qu’il vient d’écrire, Ravi d’étonnement, en soi-même il s’admire. […] Contemplez de quel air, un Père dans Térence Vient d’un Fils amoureux gourmander l’imprudence ; De quel air cet Amant écoute ses leçons, Et court chez sa Maîtresse oublier ces chansons.

84. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Brueys & Palaprat, imitateurs, comparés avec Térence, Blanchet, un Auteur Italien, & la nature. » pp. 100-132

Guillaume marchand drapier, est amoureux d’Henriette, & qu’il vole son pere pour lui faire des présents. […] Le Chevalier est amoureux de Zaïde, il la suit & peint son amour à Frontin, qui lui promet de l’habiller en muet, de l’introduire chez la Comtesse à la place de Simon, & lui jure encore de faire servir ce déguisement à l’unir avec Zaïde, de l’aveu même de son pere. […] Il paroît avec une robe & une barbe, feint de deviner que le Chevalier est amoureux de Zaïde, & conseille au Baron de faire ce mariage bien vîte, s’il veut conserver son fils, & s’il ne veut pas devenir paralytique lui-même. […] C’est ainsi que Moliere imitoit, quand encore novice dans son art il composa l’Etourdi & le Dépit amoureux.

85. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Mais en 1680, à Versailles, le prince galant et libertin était affligé ; le prince aimable et amoureux était aimé, il savait l’être, et il n’était pas désespéré. […] Sans doute, après la mort de Marie-Thérèse, la religion, qui faisait encore obstacle aux désirs du roi, lui offrait aussi le moyen de les satisfaire mais ce n’était pas la religion qui l’avait rendu dès longtemps amoureux de madame de Maintenon. […] Enfin elle avait encore tant de charmes que tout le monde pensa qu’il était impossible que le roi la vit si souvent et dans une telle intimité sans en être passionnément amoureux. […] Mais ce n’était point là l’état des choses : le roi était amoureux, et madame de Maintenon résistait ; elle opposait la religion.

86. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Katia est une jeune fille qui devient amoureuse, mais passionnément amoureuse de son tuteur. […] Arnolphe est amoureux, mais il est en même temps philosophe. […] Charlotte a un amoureux qui l’adore à la bonne franquette, et à qui elle est depuis longtemps fiancée. […] Laugier le joue comme il joue Albert des Folies amoureuses. […] Elle suit d’un œil maternel les ébats de ces deux jeunes amoureux qui se fâchent et qu’elle raccommode.

87. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. De l’Entr’acte. » pp. 289-308

Bélise, malgré tout ce que Valere a pu lui dire, sort très persuadée qu’il est amoureux d’elle, & non de Henriette. […] Un peintre habile offre aux yeux le beau côté de son modele & les traits qu’il croit le plus propres à frapper les connoisseurs, à parer l’ordonnance de son tableau, à en caractériser chaque partie & l’ensemble : un Auteur ingénieux met en action ce qu’il croit plus digne d’être offert aux yeux du spectateur, de captiver plus agréablement son imagination, de concourir à la beauté de ses scenes, de sa piece, & jette dans les entr’actes les redites qui seroient ennuyeuses à entendre, & les actions qui ne seroient pas agréables à voir ; par conséquent on ne sauroit trop louer la prudence des poëtes qui placent derriere la toile les déclarations amoureuses, quand elles doivent être fades, les collations, les donations, & mille autres ressorts très nécessaires à la comédie, mais très ennuyeux à voir. […] Le Lord Comte de Clarandon voit dans le pays de Galles, Eugénie, fille du Baron Hartley, en devient amoureux, & s’insinue si bien dans l’esprit de Madame Murer, tante de sa maîtresse, qu’elle lui permet d’épouser sa niece en secret, même à l’insu du pere.

88. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

En l’un des bouts de la salle était élevé un grand théâtre de six pieds de hauteur, de huit toises de largeur et d’autant de profondeur ; en bas était une grande nuée qui cachait toute la scène, afin que les spectateurs ne vissent rien jusqu’au temps nécessaire. » Les principaux comédiens faisant partie de la troupe qui vint à Paris en 1645, étaient Tiberio Fiurelli jouant le personnage de Scaramouche ; Domenico Locatelli jouant le personnage de Trivelin ; Brigida Blanchi, fille du directeur, première amoureuse sous le nom d’Aurelia ; Marc Romagnesi, son mari, premier amoureux sous le nom d’Oratio. […] Le fils du docteur faisait les seconds amoureux sous le nom de Virginio.

89. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. M. DE SAINT-FOIX. » pp. 288-296

Nous vous mettons sur les voies ; vous lui ferez le compliment amoureux que vous jugerez à propos ; nous ne sommes pas en peine de la façon dont vous jouerez votre rôle. […] Quand tout cela fut fait, la blonde me dit : Vraiment il ne s’agit pas de faire une piece à un gentilhomme, il est bien question d’une autre scene : nous sommes amoureuses de vous, & comme nous craignons que l’une de nous ne vous enleve à l’autre, nous sommes convenues que nous vous posséderions tour à tour ; ainsi nous venons coucher avec vous sans façon.

90. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XI » pp. 89-99

Faire de Julie une amoureuse ridicule, c’est faire de Montausier un amoureux plus ridicule encore.

91. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

Non, sans doute, car il n’en est guère de moins compliqué; elle est toute dans l’opposition du caractère d’Alceste avec sa passion amoureuse, et dans le choix de la personne que Molière lui fait aimer. […] Dans Tartuffe, le principal ressort de la pièce est encore la passion amoureuse de ce misérable mise en opposition avec son caractère. […] La chute en est jolie, amoureuse, admirable ! […] En un mot, Tartuffe amoureux n’est-il plus Tartuffe ? […] La passion amoureuse de Tartuffe est opposée à son caractère, et c’est cette passion qui le perd, cela est évident.

92. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

Voici l’amoureux qui paraît. […] Arnolphe est en humeur de rire ; il plaint l’amoureux qu’il suppose déconfit ; il le plaint, l’hypocrite, et le raille, entre cuir et chair : Un grès ! […] Ainsi dit l’amoureux, affolé de joie, et il s’enfuit, chercher l’échelle, sans doute. […] Ecoute seulement ce soupir amoureux, Vois ce regard mourant. […] Il n’y a rien d’amusant comme cette éternelle confidence de l’amoureux au jaloux.

93. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

On comprend qu’un homme ainsi bâti n’ait jamais pu s’imposer au public dans les amoureux tragiques ; mais, mieux fait et avec des traits plus fins, aurait-il réussi complètement dans la comédie et dans la farce ? […] Boileau, surtout, trouva le moyen de rester également uni aux deux poètes, séparés par les deux plus fortes causes de ressentiment qu’il y ait au monde : une rivalité amoureuse et une antipathie de métier. […] Je n’essaierai point de refaire l’admirable page de Port-Royal, où Sainte-Beuve a défini la tristesse de Molière ; il me suffira de dire qu’ayant commencé par la gaîté exubérante et sans arrière-pensée dans l’Étourdi et le Dépit amoureux, le poète s’achemine peu à peu vers la gaîté réfléchie et raisonneuse. […] Ce serait seulement après tous ces échecs qu’il se serait résigné à revenir au comique, et les deux pièces qu’il rapportait de province, l’Étourdi et le Dépit amoureux, lui auraient enfin valu le succès. […] J’ai consulté à ce sujet plusieurs comédiens d’expérience, et tous me disaient que, hors Paris, ce titre sur une affiche de théâtre est « un repoussoir. » A ce caractère incertain du Misanthrope, nous pouvons attribuer, entre autres causes, le désir chez Molière de se tailler lui-même un rôle d’amoureux où il pût déployer ses qualités méconnues, se faire applaudir dans une action sérieuse, exciter un frisson de terreur dans des scènes presque tragiques, comme la grande explication du quatrième acte, où Alceste marche sur Célimène, la menace à la bouche et le bras levé.

94. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Ses liaisons amoureuses : Madeleine Béjart ; il est rebuté par mademoiselle Du Parc et consolé par mademoiselle De Brie. […] Va à Béziers pour les états ; Le Dépit amoureux. — 1657. […] Succès de L’Étourdi et du Dépit amoureux. — 1659. […] Ce nom cité entre tous prouve que La Grange avait été mis au courant de la chronique amoureuse de la cour. […] Le mari, repentant et toujours amoureux de sa femme, revient se jeter à ses pieds.

95. (1686) MDXX. M. de Molière (Jugements des savants) « M. DXX. M. DE MOLIÈRE » pp. 110-125

M. de Molière a donc fait un grand nombre de comédies, tant en vers qu’en prose que l’on a partagées en sept volumes, dont le premier en comprend 4. savoir, Les Précieuses ridicules, Le C[ocu] imaginaire, ou Sganarelle, L’Étourdi ou Les Contretemps, et Le Dépit amoureux. […] Au contraire il n’y a rien de plus propre pour inspirer la coquetterie que ces sortes de pièces, parce qu’on y tourne perpétuellement en ridicule les soins que les pères et les mères prennent de s’opposer aux engagements amoureux de leurs enfants.

96. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. Des Pieces intriguées par un Valet. » pp. 125-134

A peine elle a seize ans que Stalinon & Cuthinic son fils en deviennent passionnément amoureux. […] Il est au siege d’Eleusipolis en Arabie, lorsque Toxile, son esclave, qu’il a laissé dans Athenes, devient éperdument amoureux de Lemniselene, courtisanne qui loge chez Dordale, fameux M......

97. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Introduction » pp. 3-17

Vous avez beau remonter à l’origine des choses et des idées ou à l’A B C de la grammaire et de la rhétorique, suivre un à un les pas de la logique ou faire appel au sens commun simplement, mettre en avant la raison ou, ce qui vaut mieux, la nature ; au fond de toutes vos théories littéraires il y a un sentiment, pas autre chose, analogue, non point au sentiment large d’un homme libre de préjugés qui trouve belles toutes les belles fleurs et belles toutes les belles femmes, chacune dans son genre de beauté, mais au sentiment étroit d’un petit propriétaire qui n’a d’yeux que pour les fleurs de ses plates-bandes et de ses pois, ou d’un jeune amoureux prêt à rompre les os au premier qui osera dire que sa maîtresse n’est pas la plus belle femme du monde. […] Vous faites comme notre amoureux de tout à l’heure, qui, s’il adore une femme aux yeux d’un bleu tendre et aux cheveux d’un blond cendré, s’écrie avec l’accent de l’enthousiasme et de la foi : « Voilà le fond d’une vraie beauté ! 

98. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [82, p. 127] »

[82, p. 127277] Molière ne s’est pas borné à peindre dans son Avare, l’Avare amoureux, l’Avare mauvais père, l’Avare usurier ; son Harpagon est tout cela ; il ne s’est pas contenté de saisir une seule branche de l’avarice, il les a embrassées toutes.

99. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [62, p. 100] »

Il regrettait fort qu’on eût perdu sa petite comédie du Docteur amoureux, parce qu’il y a toujours quelque chose de saillant et d’instructif dans ses moindres ouvrages.

100. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. » pp. 357-396

Ergaste, fils d’Amidor, riche, mais fort avare, est passionnément amoureux de Corine, fille d’Argine, qui plaide pour une grosse succession, & qui, faute d’argent, ne peut finir ce procès : Ergaste en cherche de tous côtés. […] Mettre un vieillard amoureux aux prises avec une intrigante, qui le cajole, qui flatte son amour propre & sa tendresse ridicule, qui le prend par l’endroit le plus foible chez tous les hommes ; faire enfin sortir du combat l’avare vainqueur & triomphant, c’est-à-dire, sans délier sa bourse, tout cela me paroît autant de coups de pinceaux sublimes, qui peignent l’avarice poussée au dernier point. […] Célio est amoureux de Léonora. […] Magnifico est amoureux d’une jeune étrangere. […] Mégadore est amoureux de Phædrie, fille d’Euclion, & la demande en mariage : il offre de la prendre sans dot.

101. (1885) La femme de Molière : Armande Béjart (Revue des deux mondes) pp. 873-908

On se rappelle la situation ; dans une de ces ravissantes scènes de dépit amoureux, souvent reprises par le poète et toujours traitées avec le même bonheur, Cléonte s’excite à la colère contre Lucile : « Donne la main à mon dépit, dit-il à son valet Covielle, et soutiens ma résolution contre tous les restes d’amour qui me pourroient parler pour elle. […] Dans ceux-ci elle trouvait un partenaire accompli en la personne de La Grange, le type du parfait amoureux, tel qu’on le voulait alors : tendre avec noblesse, empressé avec respect, d’une simple et grande politesse, comme le Cléonte du Bourgeois gentilhomme, à l’occasion dédaigneux ou hautain, d’une fine ironie ou d’une insolence méprisante, comme le Clitandre des Femmes savantes. […] Elle prend une entremetteuse en titre, la Châteauneuf, et ne refuse aucun des nombreux amans que cette matrone lui présente « pendant qu’elle fait languir une infinité de sots qui la croient d’une vertu sans exemple. » Ne voilà-t-il pas deux choses assez difficiles à concilier, « l’éclat » d’une vie galante et une cour d’amoureux transis ? […] Mais cette déclaration voilée ne suffit pas au poète ; il voulut écrire pour sa déesse une tragédie dont elle jouerait le principal rôle et où il se représenterait-lui-même sous les traits d’un de ces vieillards amoureux qu’il dessinait d’une touche si fière. […] La demeure commode et vaste qu’il avait choisie, il s’efforça de la rendre agréable à Armande : il y déploya un grand luxe, il y porta des recherches et des attentions d’amoureux, combinant le choix de l’ameublement, la disposition des tentures, l’harmonie des couleurs, la distribution des pièces pour la commodité et l’agrément de sa femme.

102. (1884) La Science du cœur humain, ou la Psychologie des sentiments et des passions, d’après les oeuvres de Molière pp. 5-136

C’est en vain qu’Arnolphe, après s’être aliéné le cœur d’Agnès, cherche à le saisir par des protestations amoureuses. […] Un amoureux chez lequel la passion dominante est l’amour, ne s’apercevra pas des défauts de sa maîtresse, à moins que ces défauts ne blessent son amour. […] Quel est l’époux amoureux de sa femme qui dans une situation semblable ne penserait pas de même ? […] Jeannel blâme également Molière d’avoir allié chez la plupart de ses jeunes amoureux des ruses honteuses, dégradantes, à la noblesse de l’amour qui les anime. […] L’imagination inspirée par cette passion lui représente tous les hommes amoureux de sa personne, et leurs actes les plus insignifiants comme étant des interprétations détournées de leurs feux.

103.

Le Troisième Théâtre français a joué Le Dépit amoureux, Le Misanthrope, et l’à-propos en vers de l’an dernier : Molière et Montespan, par M.  […] En tête de sa traduction du Dépit amoureux se trouve un sommaire, suivi de jugements, d’anecdotes, etc. […] La jolie scène des amoureux au deuxième acte, et les scènes capitales entre Elmire et Tartuffe nous ont paru à peu près parfaites. […] Il existe trois traductions littérales du Dépit amoureux, l’une par M.  […] On y trouve aussi un avoué, Wagg, et un certain Spruce, qui sont des réminiscences du Mascarille et du Jodelet des Précieuses ridicules, et un argument emprunté au Gros-René du Dépit amoureux.

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