Molière sera forcé de rester immortel sans souscription.
Il achemine donc Molière à un dénouement tout autre que celui de l’Inavvertito, où Bellorofonte retrouvait une sœur de Celia qu’il avait autrefois aimée, Laudomia, mais où Mezzetin (Trufaldin) restait sans famille comme auparavant.
Ce sont moins des écoles que trois différents esprits de la critique, et, pour ainsi dire, trois moments par lesquels doit passer successivement la pensée de tout homme qui, dans ce siècle où chaque chose est mise en question, examine la question de la critique littéraire : 1º le moment dogmatique (l’esprit humain affirme d’abord) ; 2º le moment critique (c’est vraiment la crise de l’intelligence ; nous ne croyons plus : resterons-nous sceptiques ?)
Silvio n’en veut rien croire : il voit Arlequin, & lui demande jusqu’à quelle heure son maître a resté avec Béatrix la nuit derniere : Arlequin répond, jusqu’au jour. […] Hé bien, restez dans votre erreur, puisque vous ne voulez pas écouter ce qui peut me justifier...
La famille de Molière ne fit pas moins d’efforts pour le détourner de cette carrière qu’elle n’en avait fait naguère pour le déterminer à rester ignorant. […] La nature lui départit le don de paraître toujours jeune, mais évidemment, en 1658, elle était loin d’avoir déjà besoin de ce privilège, car elle put rester au théâtre jusqu’en 1685, et elle vécut jusqu’en 1706. […] Peut-être nous eût-il révélé le secret de son art, cet immortel génie qui depuis deux siècles est resté sans rival, comme il avait été sans modèle. […] Ce poème restait toujours ouvert sur la table, et celui des convives auquel il échappait dans la conversation une faute de langage était, suivant la gravité de son délit grammatical, condamné à en lire quinze ou vingt vers. […] Celle des auteurs dramatiques que la fin du dix-septième siècle et le dix-huitième tout entier ont vus naître est restée à une immense distance de la sienne.
Quelque rare, en effet, que soit leur mérite, combien ces écrivains restent encore au-dessous de lui ! […] Habile à saisir les nuances délicates du cœur des femmes, il excelle dans leur peinture, et, sous ce rapport, plusieurs de ses ouvrages, Les Fausses confidences, entre autres, resteront certainement au répertoire. […] Non, la raison ne veut pas que vous vous retiriez; elle veut, au contraire, que vous restiez parmi vos semblables, mais sans exiger d’eux une droiture, une honnêteté qu’ils ne peuvent tous posséder. […] Donc, Tartuffe dans cette scène, comme dans toute la pièce, est resté fidèle à son caractère. […] Tous les jours, au contraire, on en voit des exemples nombreux, et si l’on veut bien tenir compte de cette observation, on reconnaîtra sans doute que, dans la peinture du faux dévot, Molière n’est pas resté, tant s’en faut, au-dessous de La Bruyère.
Ce texte est donc resté fixé de la sorte dans toutes les éditions aussi bien qu’au théâtre, où cependant il est de tradition d’ajouter sur la fille aux pâles couleurs quelques vers qui rappellent un peu la longue tirade qu’on remarquera dans le livret de Rouen.
Il nous paraît bien représenter le type dans son caractère général : il a dans son vêtement l’ampleur que Pierrot a conservée jusqu’à nos jours ; il porte le sabre de bois qui resta propre à Arlequin ; il est coiffé du chapeau souple, susceptible de revêtir les formes les plus étranges, rendu célèbre notamment par le fameux pitre Tabarin.