Le plaisant de ces deux traits naît du contraste qui se trouve entre la situation malheureuse des deux originaux, & les faveurs de la fortune dont ils prétendent disposer.
La bonté est le fond de son caractère, comme le bon sens est la règle de son esprit ; il aime le vrai, c’est-à-dire la mesure, et il essaye d’y ramener ceux qui l’écoutent en leur présentant sous un aspect plaisant ce qui s’en écarte.
J’ai vu des tragédies plaisantes, & des comédies lugubres, de la dévotion à un opéra, de la gaieté à un sermon.
« Il contrefaisait d’abord les marquis avec le masque de Mascarille, dit un des interlocuteurs de La Vengeance des Marquis 42 ; il n’osait les jouer autrement, mais à la fin il nous a fait voir qu’il avait le visage assez plaisant pour représenter sans masque un personnage ridicule. » Il faut entendre ces mots en ce sens que Molière, la première fois qu’il contrefit les marquis, dans Les Précieuses ridicules, eut recours au travestissement de Mascarille, le valet de L’Étourdi et du Dépit amoureux, rôles qu’il aurait joués avec le masque, suivant l’étymologie du nom (maschera, mascarilla).
Le principal personnage tient de l’étourdi proprement dit et du généreux, ce qui le rend très sympathique tout en le laissant très plaisant. […] Celui-ci, à la vérité, n’est pas un fol proprement dit ; Molière l’appelle, dans sa didascalie, un « plaisant de cour ». Il est assez plaisant en effet. […] Son indifférence à l’égard des règles est magnifique : « Vous êtes de plaisantes gens avec vos règles, dont vous embarrassez les ignorants et nous étourdissez tous les jours. […] Messieurs, je ne croyais pas être Si plaisant que je suis.
Quant au pétulant marquis de Mascarille, il n’était autre que Molière lui-même dont Madame de Villedieu, témoin oculaire, a décrit comme il suit le costume59 : « Le marquis entra dans un équipage si plaisant que j’ai cru ne vous pas déplaire en vous en faisant la description. […] Parmi les nombreux legs plus ou moins plaisants faits par l’auteur du Roman comique, qui donne, par exemple, à sa femme Françoise d’Aubigné, depuis Mme de Maintenon, le pouvoir de se remarier, dont elle fera bon usage ; à tous les auteurs, ses confrères, les qualités ou les ridicules dont ils sont déjà riches ; à Loret, Ma pie qui des mieux caquette Aussi pour joindre à sa gazette ; Item, par libéralité, Cinq cents livres de gravité À l’un et à l’autre Corneille, etc. […] Laisse gronder tes envieux : Ils ont beau crier en tous lieux Qu’en vain tu charmes le vulgaire, Que tes vers n’ont rien de plaisant ; Si tu savais un peu moins plaire, Tu ne leur déplairais pas tant. […] Le marquis aujourd’hui est le plaisant de la comédie ; et, comme dans toutes les comédies anciennes on voit toujours un valet bouffon qui fait rire les auditeurs, de même, dans toutes nos pièces de maintenant, il faut toujours un marquis ridicule qui divertisse la compagnie. »Et c’était en face de la cour, c’était à cette noblesse empanachée et enrubannée qui servait à décorer le Versailles de Louis XIV, c’était à ces grands seigneurs impertinents et vaniteux, que le comédien osait jeter ces âpres paroles ! […] Je voudrais savoir de quelle façon on pourrait l’ajuster pour le rendre plaisant ; et si, quand on le bernerait sur un théâtre, il serait assez heureux pour faire rire le monde.
Après cela il voit apparaître mille chimères dansant autour de lui : la jalousie, les chagrins, les soupçons, plaisants et goguenards. […] Molière, devenu le divertisseur du roi, y joua le rôle de Moron, plaisant de la princesse. […] Il y joua, néanmoins, le rôle de Clitidas, plaisant de la princesse.
Ce sujet avait fourni à la vivacité italienne quelques saillies bouffonnes et quelques lazzis plaisants ; le génie de Molière y a trouvé une suite de situations comiques qu’il a développées dans un dialogue plein de verve, et sa pièce, quoique éloignée aujourd’hui du théâtre, est restée en possession d’exciter le rire et de dérider les fronts les plus mélancoliques.