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129. (1910) Rousseau contre Molière

Le voyez-vous tel que nous le rêve Rousseau ; il est irrité contre, d’une façon générale, les défauts universels des hommes ; mais il ne s’en plaint pas dès qu’il en souffre et il suffit qu’il en souffre pour qu’il ne s’en plaigne pas. […] Or, il y a urgence, car le coquin qui a mis ce papier aux mains de l’avocat se plaint des lenteurs, réclame la pièce et annonce qu’il arrive pour la reprendre. « Oh ! […] Vous n’avez consulté pour cela que mes parents ; ce sont eux proprement qui vous ont épousé, et c’est pourquoi vous ferez bien de vous plaindre toujours à eux des torts que l’on pourra vous faire. […] Tantôt George Dandin se plaint de son infortune à ses beau-père et belle-mère, et à Angélique elle-même, et à toute la terre ; tantôt il reconnaît, déclare et proclame qu’elle est naturelle, méritée et qu’il n’y a rien à dire : « Tu l’as voulu, George Dandin Ah ! […] Ne visez pas plus haut, vous seriez un sot, vous seriez battu et vous ne seriez ni plaint ni estimé par les gens raisonnables et droits.

130. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. » pp. 251-273

Au reste, vous n’avez pas sujet de vous plaindre, car vous nous avez mariés vous-même, vous-même vous avez signé les articles du contrat.

131. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Quant aux philosophes qui font définie, il faut, non les féliciter, mais les plaindre, si le sentiment du beau n’est pour eux que le résultat problématique d’une opération logique, et si le fantôme de leur formule abstraite les poursuit durant la lecture du Misanthrope. […] Ses maîtres lui avaient rempli la tête d’idées fausses, puériles, sur les conditions de la tragédie parfaite, et elle ajoutait foi à ces doctorales niaiseries non seulement avec candeur et soumission, mais avec l’ardeur fanatique d’un jeune esprit encore très ignorant, qui, ne voyant qu’une chose, plaint un peu et méprise beaucoup ceux qui ne la voient point.

132. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

Elle paraît assez pudique, Et pourtant elle est si publique, Que bien des gens vont sans mentir : Avec elle se divertir ; Afin de la voir avec joie, On ne plaint argent ni monnoie, Car sans distinction d’humains, Elle reçoit de toutes mains, Elle fait toutefois la grâce, À plusieurs Messieurs du Parnasse, En contentant leurs appétits, De leur faire plaisir gratis. […] « [*]Après la quatrième scène, Sganarelle restait seul, il se plaignait d’une pesanteur de tête insupportable, et se mettait dans un coin du théâtre pour dormir ; pendant son sommeil, il voyait en songe ce qui forme les deux premières entrées du ballet. » Première entrée : La Jalousie, les Chagrins, les Soupçons. […] À n’en point mentir, sans le voir, On ne saurait bien concevoir, Comment ces ragotins s’acquittent Des jolis endroits qu’ils débitent, Et (sans à faux en discourir) Tout Paris y devrait courir ; Car je ne crois pas que personne Plaignit l’argent que l’on leur donnea.

133. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE X. Du Père, de la Famille, de l’Etat. » pp. 193-216

On trouve dans Molière la juste critiqué des utopistes qui se plaignent que la patrie ne les nourrisse pas dans quelque prytanée où ils puissent rêver à leurs orgueilleuses chimères745 ; des pédants, qui s’imaginent dans leur petite vanité.

134. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VII. De l’Amour. » pp. 121-144

Dieux, princes, bergers, bourgeois, gentilshommes, valets, on en trouve partout sans qu’on songe jamais à s’en plaindre : Célie, Hippolyte, Lucile, Elvire, Isabelle, Agnès, Lucinde, Eliante, Mariane, Elise, Julie, Eriphile, Psyché, Zerbinette, Hyacinthe, Henriette, Angélique, je vous aime, avec vos Lélies, vos Léandres, vos Erastes, vos Valères, vos Horaces, vos Orontes, vos Sostrates, vos Cléontes, vos Octaves, vos Cléantes, et vos Clitandres, doux noms et charmants souvenirs, aimables figures qui venez, au milieu des farces les plus risibles ou des peintures de caractère les plus hardies, apporter la grâce riante de vos jeunes amours !

135. (1825) Notices des œuvres de Molière (IX) : La Comtesse d’Escarbagnas ; Les Femmes savantes ; Le Malade imaginaire pp. 53-492

Chrysale est raisonnable, quand il se plaint de la tyrannie que Philaminte exerce sur lui ; et il le serait encore davantage, s’il savait se résoudre à secouer ce joug humiliant. […] Vos parties sont un peu grasses, monsieur l’apothicaire, et je m’en plaindrai à monsieur Turbon.

136. (1765) Molière dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (compilation) pp. 2668-16723

Ce qui manque à la plûpart des peintres de caractere, & ce que Moliere, ce grand modele en tout genre, possédoit éminemment ; c’est ce coup d’oeil philosophique, qui saisit non-seulement les extrèmes, mais le milieu des choses : entre l’hypocrite scélérat, & le dévot crédule, on voit l’homme de bien qui démasque la scélératesse de l’un, & qui plaint la crédulité de l’autre. […] Horace s’en plaint, & dit nettement qu’il y avoit de la sotise à vanter ses bons mots & la cadence de ses vers ; mais ces deux défauts n’empêchent pas qu’il ne soit le premier des comiques latins.

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