Cette liaison lui donna lieu dès-lors de connoître le célébre philosophe Gassendi qui lui apprit la philosophie ; de même qu’à ses deux compagnons, & sous lequel il continua de s’instruire lorsqu’il fut sorti du collége.
C’est un défaut d’autant plus blâmable, que rien ne l’empêchait de placer son Ésope dans un cadre dramatique, et de lui conserver son costume de philosophe et de fabuliste. […] Celui de Laponie mérite une attention particulière : c’est le seul où il paraisse avoir porté plutôt l’œil observateur d’un philosophe que la curiosité distraite d’un voyageur. […] Peut-être la crainte de dégrader un philosophe célèbre a-t-elle empêché l’auteur de le rendre propre à la comédie; peut-être à toute force était-il possible d’en venir à bout; mais ce qui est certain, c’est que Regnard y a entièrement échoué.
VI, section 1 : « Molière est certainement le premier des philosophes moralistes… Ses comédies bien lues pourraient suppléer à l’expérience, etc. » — Auger, Discours préliminaire aux Œuvres de Molière (1819) : « Le but de la comédie est de corriger, son moyen est de faire rire. »— Goldoni, Molière, act. […] Gassendi, saint prêtre et éminent philosophe, n’a jamais été matérialiste ni épicurien que pour ceux qui ne l’ont pas lu sérieusement.
Le philosophe grec a-t-il aperçu entre la comédie et la tragédie je ne sais quelle profonde et secrète identité ? […] Leurs erreurs peuvent intéresser l’historien littéraire ; mais comment pourraient-elles ébranler l’inébranlable vérité de la théorie, et de quelle autorité m’empêcheraient-elles, moi, critique philosophe, de considérer la comédie non dans des tragédies manquées, mais dans la pureté de sa véritable essence ? […] Mais si une petite cité voisine avait choisi pour elle les institutions parfaites de la République, et que sa conduite fut restée conforme à cet idéal supérieur, quels n’auraient pas été à son aspect les sentiments de ces philosophes étrangers qui voyageaient par toute la terre pour trouver un modèle de législation ? […] Je ne lui demanderai qu’une chose, c’est de sauver la gaieté du péril qu’elle court au milieu de ces comédies chaussées du cothurne tragique, dopées d’un manteau de philosophe et coiffées d’un bonnet de colon. […] Ainsi, dans L’École des femmes, la meilleure et la plus gaie des grandes comédies de noire auteur94, Arnolphe reçoit les conseils d’un ami philosophe, un peu moins édifiant toutefois, rendons-lui cette justice, que la plupart de ses collègues du nom d’Ariste ou de Cléante.
Le spectateur, forcé d’écouter Alceste, pour rire ensuite avec le fagotier, sentit peu à peu tout le mérite du premier, et le philosophe moral lui parut enfin digne d’occuper la scène, sans le secours du bouffon. […] Molière, philosophe profond, a surtout donné une nouvelle force à la moralité de sa pièce, en nous faisant voir ce que l’hypocrisie est par elle-même, et ce qu’elle peut devenir, à l’aide des vices auxquels elle ne s’allie que trop souvent. […] Malheur au comédien si, dans toutes ses expressions, dans tous ses mouvements, dans tous ses gestes, il ne laisse échapper le sentiment avec autant de facilité qu’il s’échappait du cœur et de la plume de notre philosophe amoureux ! […] Le poète et le musicien allaient ensemble travailler à Auteuil, lorsqu’un pauvre à qui Molière avait, par mégarde, donné un double louis courut après lui pour le lui rendre ; notre philosophe, en le lui laissant, s’écria : « où la vertu va-t-elle se loger ! […] La comparaison n’est pas juste : Térence défendait sa propre cause, en tâchant d’amortir les coups que lui portait son ennemi ; Molière, plus généreux, plus philosophe, a voulu servir l’humanité, en démasquant des charlatans auxquels il n’avait jamais recours.
Point de milieu, elles sont toutes indécentes, comme George Dandin, & Amphitrion ; ou bien l’Auteur a été obligé d’appeller à son secours des personnages étrangers, & de se sauver par une double intrigue, comme Destouches, dans le Philosophe marié, & la Chaussée, dans le Préjugé à la mode.
Cet homme, sensualiste comme un Italien, amoureux comme un Espagnol, est tour à tour, et selon la position présente, un poète, un soldat, un philosophe, un paysan, un bretteur, un dévot, un médecin, un esprit fort, un hypocrite ; il ne devient un hypocrite qu’à la fin du drame, et quand il faut absolument pousser jusqu’au bout, par cet exemple, la perversité humaine. […] Gens longtemps redoutés et redoutables, dont le philosophe s’est occupé aussi bien que le romancier, dont le poète comique a fait sa pâture tout autant que l’orateur chrétien dans sa chaire, et qui ont cependant fini par être discrédités, comme tout le reste, par la raison que dit encore Bossuet « que les libertins et les esprits forts passeront, parce qu’un jour viendra où tout sera tenu dans l’indifférence, excepté les affaires et les plaisirs ». […] Hamlet est un philosophe dans son genre, comme Don Juan ; Hamlet est un philosophe triste, Don Juan est un philosophe gai ; l’un et l’autre ils doutent ; — ils font plus que douter, ils ne croient pas ; et de ce doute, qui leur pèse, ils veulent se rassurer par les mêmes moyens. […] Laissez venir seulement ces deux corrupteurs de la morale et de l’innocence, laissez venir Louis XV et Voltaire, alors Don Juan le scélérat, ne sera plus qu’un homme à bonnes fortunes, un philosophe ; il s’appellera M. le duc de Richelieu, pendant qu’en Angleterre, dans la patrie d’Hamlet, on verra ce même personnage de don Juan changer de nom, de costume, et s’appeler Lovelace ! […] Lauzun donne son congé à madame de Montespan, de la part du roi : — « Notre gracieux roi vous permet de quitter Versailles. » Bragelone déclame contre les vanités de la vie et de l’amour : — « Quel grand philosophe que la vie !
Philosophe, il a pressenti le scepticisme moderne. […] Ariste sait se plier même à la mode, cette divinité changeante ; il est de l’avis de La Bruyère ; il pense aussi qu’un philosophe doit se laisser habiller par son tailleur. […] L’ancien disciple de Gassendi en remontre aux pédants et aux prétendus philosophes. […] Alceste sans transports et philosophe réformateur aurait été interrompu dès les premiers vers. […] Geoffroy s’est laissé emporter par sa rage contre les philosophes.