/ 139
76. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Lovelace est le type odieux et blafard des plus malhonnêtes gens qui aient déshonoré le caractère du peuple anglais. — Les uns et les autres, de Lovelace à Brummel, ils ne se doutent pas qu’ils ont pour aïeul… Don Juan ! […] Sganarelle, c’est l’enfant du peuple, homme timoré et de bon sens, croyant et crédule, honnête dans le fond, quelque peu fourbe dans la forme, qui pour gagner sa vie, beaucoup par curiosité, et un peu parce que le spectacle et le langage du vice lui plaisent et l’amusent, suit son seigneur et maître dans ce hardi et merveilleux sentier d’esprit, d’orgies, de doute, de libertinage et de débauche. […] Si pourtant Molière, le poète ami du peuple, n’eût pas tenu si fort à nous montrer dans cet appareil funèbre, la statue absurde et sublime, elle pouvait rester fort paisiblement à cheval sur son tombeau ! […] nous avons effacé, de nos annales et de nos remords ce jour de malédiction et de misère, ce jour de notre honte éternelle, ce jour où le triomphe fut un crime, où le supplice fut suivi d’une récompense éternelle, le deuil honteux, le deuil des nations libres et des peuples intelligents, le deuil abominable du 24 janvier ! […] Il lui reproche d’avoir dévoré le peuple et d’avoir bu ses sueurs. : « Un million de soldats ont versé leur sang pour payer vos lauriers, un million de paysans sont morts à la peine pour vous bâtir Versailles. »Il lui reproche ses peintres, ses poètes, ses prêtres, ses architectes ; il finit par lui prédire très clairement la révocation de l’Édit de Nantes, et le règne de madame de Maintenon.

77. (1769) Idées sur Molière pp. 57-67

Horace conclut de son poème de l’Iliade, que les peuples paient toujours les sottises des rois : c’est la conclusion de la plupart des histoires.

78. (1802) Études sur Molière pp. -355

[Introduction] Dans les pays les plus barbares, chez les peuples les plus voisins de la simple nature, un arbre, une pierre, quelques caractères gravés sur le roc, décèlent au voyageur le berceau du mortel qui se distingua. […] Elle le pressa de mettre à son tour, sur la scène, un sujet si propre à séduire le peuple ; et Molière ne pouvant résister aux sollicitations réitérées de ses camarades, fît paraître son Dom Juan, ou le Festin de Pierre, sur le théâtre du Palais-Royal, le 15 février. […] Le dénouement. — Bien propre à frapper un peuple superstitieux, aussi la scène se passe-t-elle en Sicile. […] Jusques à quand, cher peuple, toi, qui parais si poli, si raisonnable, si paisible lorsque tu es seul ; jusques à quand, enfin, te montreras-tu en public le plus imbécile des vieillards ?  […] Quelques commentateurs ont cru devoir excuser Molière, ils lui font dire : « Je suis comédien aussi bien qu’auteur, il faut réjouir la cour et attirer le peuple ; et je suis quelquefois réduit à consulter l’intérêt de mes acteurs, aussi bien que ma propre gloire. » Selon moi, Molière eût pu se permettre de demander, mes farces sont-elles bien exposées ?

79. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

Ses amis le blâmèrent de refuser un emploi si avantageux; il leur répondit que chacun avait son rôle en ce monde, que le sien était d’amuser le peuple, de divertir les princes, mais non de les servir. […] Ici plus d’intrigues, plus de saillies; mais seulement la conversation reproduite des sociétés du temps ; or, la conversation, dans le beau monde où l’on avait pour règle de parler autrement que le peuple, en était arrivée à un degré de puérilité difficile à croire. […] Sans cesser de plaire au peuple qu’il aimait, il sut charmer les hommes éclairés. […] Qui, plus que lui, a vulgarisé le bon sens et fortifié le sentiment du vrai dans le peuple ? Aussi le peuple ne l’a-t-il jamais oublié.

80. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Le peuple et la bourgeoisie aiment jusqu’à ces fêtes splendides que le Roi leur donne, parce qu’il comprend qu’à les divertir et à les attacher à sa personne, il les annihile ou tout au moins les neutralise. […] C’est une passion très naturelle ; on la trouve à chaque instant dans le peuple. […] Le petit peuple lui-même de ce qu’il rit d’un homme sous lequel on écarte la chaise où il allait s’asseoir et qui s’étale, n’en conclut aucunement que celui qui l’a retirée soit adorable. […] Le bon sens naturel, soit du peuple, soit de la Cour avec la connaissance de la vie, voilà les deux choses où en appelle toujours Molière. […] Elle est peuple, avec de l’esprit et de l’élégance bourgeoise.

81. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLII. De l’art d’épuiser un Sujet, un Caractere. » pp. 493-503

Gens du peuple, artisans, porte-faix & vilains, Vous, de qui la vengeance est toujours dans vos mains !

82. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

Elle eut un succès qui passa ses espérances : Comme ce n’était qu’une pièce d’un seul Acte qu’on représentait après une autre de cinq, il la fit jouer le premier jour au prix ordinaire, mais le peuple y vint en telle affluence, et les applaudissements qu’on lui donna furent si extraordinaires, qu’on redoubla le prix dans la suite ; ce qui réussit parfaitement à la gloire de l’Auteur, et au profit de la Troupe.

83. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

Voltaire, qui, à la vérité, avait une bonne raison pour ne pas aimer que l’on décriât les femmes savantes (c’était son attachement pour la marquise du Châtelet), observe fort judicieusement et en homme de l’art, que dans la pièce dont nous parlons, « Molière attaque un ridicule qui semblait peu propre à réjouir ni la cour, ni le peuple à qui ce ridicule paraissait être également étranger, et qu’elle fut reçue d’abord assez froidement.

/ 139