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5. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [29, p. 54-59] »

Mon cher ami, répondit J… en l’embrassant ; la vie est un pauvre partage : quittons-la, pour ne point séparer d’aussi bons amis que nous le sommes ; allons nous noyer de compagnie ; la rivière est à notre portée. […] Ces pauvres gens se sauvent la plupart chez Molière, qui, voyant ce vacarme, dit à ces furieux : Qu’est-ce 186 donc que ces coquins-là vous ont fait, messieurs ? […] que je ne vous assomme, dit-il à ces pauvres gens, paraissant en colère ; je vous trouve bien hardis de vous opposer à de si belles actions.

6. (1847) Le Don Juan de Molière au Théâtre-Français (Revue des deux mondes) pp. 557-567

Tout au plus s’est-elle permis quelques innocentes chuchoteries sur la suppression de la scène du pauvre, dont on parlait encore avec mystère dans ma jeunesse, comme d’un morceau de très haut goût et de grande hardiesse philosophique. […] On a, comme on sait, disserté à perte de vue sur cette fameuse scène ; on a répété à satiété que le parti des scrupuleux, comme disait tout à l’heure Thomas Corneille par euphémisme, n’osant s’en prendre ouvertement au cinquième acte, où on l’attaquait de front, se rabattit, sur la scène du pauvre et la fit supprimer dès la seconde représentation. […] Pour n’avoir pas trop à rougir devant le pauvre honnête homme, il lui jette la pièce d’or, en ajoutant avec un peu d’emphase : « Je te la donne pour l’amour de l’humanité. » A qui, je le demande, appartient ici le beau rôle ? […] N’est-il pas, par exemple, bien remarquable que la plus belle scène de Don Juan, celle qui vient d’être saluée d’applaudissements unanimes, soit précisément cette scène du pauvre, conçue et exécutée par Molière dans le sentiment le plus juste et le plus vrai du drame romantique16 ? […] En se montrant aussi éloquent interprète de l’honneur du gentilhomme que de la conscience blessée du pauvre, il serait bien certain de doubler nos plaisirs et son triomphe.

7. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Que vous ont-elles fait, ces pauvres grandeurs ? […] Ô pauvre cervelle en proie ail désordre ! […] Pauvre Monrose ! […] Pauvre homme ! […] Charles est à mon sens un pauvre amoureux.

8. (1846) Quelques pages à ajouter aux œuvres de Molière (Revue des deux mondes) pp. 172-181

Ces reliques, au reste, nous le confessons tout d’abord, ne sont pas d’une bien haute portée littéraire ; il ne faut pas qu’on s’attende à une scène originale, hardie, digne des ciseaux de la police, à un pendant, par exemple, de la scène du pauvre, si longtemps absente du Festin de Pierre. […] Avec Diafoirus et fils, Argan qu’il nomme Orgon, Purgon qu’il transforme en Turbon (car son oreille néerlandaise n’avait retenu ni compris les noms propres), ce pauvre hère fabriqua la plus plate, la plus fade, la plus triste comédie du monde, preuve éclatante de ce que vaut le style, même au théâtre. […] Cette parodie d’une formule de la liturgie catholique ( in nomine Hippocratis benedictam ) égale, ce me semble, si elle ne surpasse, le fameux « je te le donne par l’amour de l’humanité » de la scène du pauvre. […] J’ajouterai un fait non moins singulier, c’est que ce même Nic. de Castelli a donné dans le Festin de Pierre la traduction exacte de la scène du pauvre, absolument conforme au texte le plus complet.

9. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

Prenez, puisqu’il vous les donne, et en outre ce manteau pour le restituer à son pauvre maître. […] La Madonna est dans le ciel, et moi je suis une pauvre pécheresse, et ainsi il ne convient pas de m’appeler madonna. […] Par l’amour que je porte à ma pauvre âme, je vous dis en vérité que j’ai cherché dans toute la ville, et n’ai trouvé personne qui pût vous convenir. […] L’avocat lit l’acte qu’elle lui remet avec tant de gravité, con si mirabile prosoppopea , que de plus en plus Donnola a honte de ses pauvres mocenighi.

10. (1843) Le monument de Molière précédé de l’Histoire du monument élevé à Molière par M. Aimé Martin pp. 5-33

Marseille n’oubliera pas Belzunce ; Lyon n’a point oublié Jacquard, le pauvre ouvrier qui l’enrichit. […] Au riche en l’égayant on arrache un peu d’or, Et le pauvre a sa part du modeste trésor. […] Une pauvre vieille femme surtout se lit remarquer : toute tremblante, elle déposa son obole en détournant la tête et en s’essuyant les yeux, car elle avait vu Caillié tout enfant et elle disait : celui-ci était le camarade de mon fils ; il était le dernier parmi nous, et voilà qu’aujourd’hui il est le premier. […] Je sens bien que je finis, mais il y a là cinquante pauvres ouvriers qui n’ont que leur journée pour vivre, que feront-ils si je ne joue pas. […] Il expira au bout de quelques heures entre les bras de deux sœurs de Charité qui quêtaient pour les pauvres et auxquelles il donnait l’hospitalité chez lui.

11. (1865) Les femmes dans Molière pp. 3-20

Noël, a raconté, dans un petit livre charmant, les souffrances morales du pauvre grand homme. […] À quelles tortures ne livre-t-elle pas le pauvre homme quand elle lui raconte ce ruban qu’Horace lui a pris, et qu’à sa demande, s’il n’a point exigé d’elle d’autre remède, elle répond : Non, vous pouvez juger, s’il en eût demandé, Que pour le secourir, j’aurais tout accordé. […] s’écrie ce pauvre Alceste. […] Chose singulière, c’est au moment même des infidélités les plus poignantes de cette pauvre Alcmène qu’on l’honore et qu’on l’adore le plus comme un modèle de décence et de fidélité, comme l’épouse la plus pure, la plus gracieuse, la plus tendre, la plus désirable enfin que l’on puisse rêver. […] Aussi, que de bon sens dans le parler grossier, mais si juste de la brave et franche Martine, dont le bonhomme Chrysale fait tant de cas, et que, pour obéir à sa femme, il chasse malgré lui en lui disant : Va-t-en, ma pauvre enfant .

12. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Pauvre homme ! […] La pauvre fille est esclave, son maître l’a mise à prix. […] Pauvre Jean-Jacques ! […] Il est pauvre, il est fier. […] Pauvre Molière !

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