1775, Anecdotes dramatiques, tome III, p. 347 Perrault dit, dans ses hommes illustres 160, que le père de Molière, fâché du parti que son fils avait pris d’aller dans les provinces jouer la comédie, le fit solliciter inutilement par tout ce qu’il avait d’amis, de quitter cette pensée. […] Voici la version de Perrault : Son Père bon bourgeois de Paris et Tapissier du Roi, fâché du parti que son fils avait pris, le fit solliciter par tout ce qu’il avait d’Amis de quitter cette pensée, promettant s’il voulait revenir chez lui, de lui acheter une Charge telle qu’il la souhaiterait ; pourvu qu’elle n’exerçât pas ses forces.
Six caracteres se sont présentés à son imagination, il nous les propose ; c’est à nous à les décomposer, à voir le parti que nous en pourrons tirer. […] Nous devons cependant des remerciements à l’Académicien célebre qui nous les a indiqués, parceque si nous savons peser leur juste valeur & les placer comme il faut, nous tirerons parti de tous. […] Quel parti prendra le Petit Seigneur pour se donner un air de considération, & pour éblouir la famille avec laquelle il veut s’unir, s’il ne feint d’être bien chez les Princes, les Ministres, & d’avoir du crédit dans les Bureaux ? […] Moliere a bravé les partis des Beaux-Esprits, des Prudes, des Femmes Savantes, des Tartufes, tous réunis contre lui : il les a attaqués & combattus avec une noble audace, dont on ne sauroit assez le louer ; mais il se fût perdu s’il eût été au-delà du ridicule des Marquis. […] Le Magnifique tire malgré cela très grand parti de l’entrevue.
Il exigea d’elle qu’elle lui promît par écrit de l’épouser lorsqu’il auroit prouvé clairement qu’il étoit libre ; &, sur cet écrit, il prit le parti le plus extravagant qu’un homme de sa sorte pût choisir. […] Vous savez de quelle maniere je vous ai épousée ; il y a eu des nullités essentielles dans notre union ; &, comme nous ne sommes pas liés ensemble par des nœuds indissolubles, je vous prie de prendre votre parti sans bruit, & de vous retirer dans tel endroit qu’il vous plaira. […] Il n’y eut pas une personne de considération qui ne prît sans balancer le parti de la Marquise, & qui n’allât lui offrir sa bourse & ses amis. […] Je me flatte, j’espere Que vous ne prenez pas le parti de mon pere.
On ne peut se faire une idée de la fureur du parti dévot, quand il vit s’élever contre lui sur la scène un nouvel adversaire, non moins habile et non moins redoutable que n’avait été Pascal. […] On a, comme on sait, disserté à perte de vue sur cette fameuse scène ; on a répété à satiété que le parti des scrupuleux, comme disait tout à l’heure Thomas Corneille par euphémisme, n’osant s’en prendre ouvertement au cinquième acte, où on l’attaquait de front, se rabattit, sur la scène du pauvre et la fit supprimer dès la seconde représentation. […] le parti dévot ? […] Mme Volnys, chargée du personnage sacrifié d’Elvire, qui ne paraît que deux fois pour faire d’amers reproches ou donner d’austères conseils à son amant, mérite des éloges tout particuliers pour le parti que son talent a su tirer de cette tâche.
Le Prince prie sa sœur de faire coucher avec elle Bélise ; la sœur dit en raillant qu’il faut savoir si le parti convient à son amie. […] Le Prince est pétrifié ; il croit voir un fantôme ; il ne sait quel parti prendre. […] Allons, déterminez-vous promptement ; si vous ne prenez pas votre parti, le mien est déja pris. […] Madame, arrêtez ; j’ai pris mon parti. […] Marmontel l’a fait dans un de ses Contes moraux, & a tiré grand parti de ce changement heureux.
Mais quand, dans le reste de la scene, Micio a la patience de se dire à lui-même que ce fils n’est pas son fils, qu’il est à son frere, que ce frere a une humeur tout-à-fait opposée à la sienne ; que lui Micio a toujours vécu à la ville d’une maniere douce & tranquille, qu’il a pris le parti des gens qui aiment le repos & qui font consister le bonheur à ne pas se marier ; que son frere au contraire a passé ses jours à la campagne, qu’il a pris une femme dont il a eu deux fils : quand Micio se dit qu’il a adopté l’aîné ; quand il se fait une récapitulation de tout ce qu’il lui donne, des bontés qu’il a pour lui, des querelles qu’il essuie de son frere par rapport à cela, &c. quand il a la bonté de se régaler de quarante-cinq vers pour se rappeller tranquillement une chose qu’il n’a surement pas oubliée, je m’écrie, voilà qui n’est pas vraisemblable ; &, d’après cela, je conclus hardiment que l’exposition est mauvaise. […] Quel parti prendre pour les faire savoir au public ? […] Géta, souffrirons-nous que ce malheur arrive à celui qui, comme tu m’as dit, vient de prendre mon parti avec tant d’honnêteté ? […] Un parti qui causa quelque émeute civile, Dont il fut seulement soupçonné dans sa ville, (De fait, il n’est pas homme à troubler un Etat) L’obligea d’en sortir une nuit sans éclat. […] Vous leur aurez ouï leur disgrace conter, Et leur aurez fourni de quoi se racheter : Mais que parti plutôt pour chose nécessaire, Horace vous chargea de voir ici son pere, Dont il a su le sort, & chez qui vous devez Attendre quelques jours qu’ils y soient arrivés.
Ménage, qu’on trouve toujours prenant le parti de Molière, quoiqu’il ait eu plus d’une fois à se plaindre de lui, Ménage ne craignit pas de déclarer à M. de Lamoignon que Le Tartuffe était une pièce dont la morale était excellente , et qu’elle ne contenait rien dont le public ne pût faire grandement son profit. […] » Quoique, d’après ces détails, on puisse présumer qu’en effet Molière a tiré parti, de quelque anecdote, de quelque trait venu à sa connaissance, tout doit se réduire à ceci : il a trouvé son sujet où il l’avait dû chercher, dans l’étude de l’homme et dans l’observation de la société ; mais dans ce sujet il a trouvé un chef-d’œuvre, et c’est là ce qui, dans les arts, constitue le génie créateur. […] Ces deux partis rentrent l’un dans l’autre, et n’en forment qu’un seul. […] Plaute était loin d’avoir tiré du double Sosie un aussi grand parti que du double Amphitryon. […] Molière est, sans contredit, de tous nos poètes comiques celui qui a le plus souvent et le plus gaiement tiré parti de l’espèce de ridicule attachée à certaine disgrâce qui menace les maris, et que désignait de son temps une expression naïve repoussée par la délicatesse actuelle du langage.
D’un autre côté, le parti de l’amitié n’est point pris nettement ; tant de beauté encore et tant d’orgueil se réduisent difficilement à la seconde place. […] Il y avait du bon esprit à prendre ce parti.