« Ce n’est pas, ajoute-t-il, qu’il ne valût beaucoup mieux que tous les autres ; mais il était en prose, et c’était alors une nouveauté sans exemple. » Le critique oublie le théâtre entier de La Rivey, le Pédant joué de Cyrano, les Précieuses, et tant d’autres exemples. […] Un avocat au parlement de Paris, un sieur de Rochemont, s’oublia jusqu’à remontrer au roi, dans un odieux libelle, « que l’empereur Théodose condamna aux bêtes des farceurs qui tournoient en dérision nos cérémonies, dans des pièces qui n’approchoient point de l’emportement qui paroît au Festin de Pierre 3. » On aimerait à rencontrer, dans les écrits contemporains, des renseignements exacts sur cette lutte du génie contre les mauvaises passions, lutte qui commença par le Festin de Pierre, et dans laquelle jamais Molière ne faiblit, ni, ce qui est plus admirable encore, ne dépassa les justes bornes. […] Le brave frère de Pierre Corneille, dont les vers, pendant tant d’années, avaient protégé et fait oublier la prose de Molière, cette prose exquise, quoi qu’aient dit à l’encontre Fénelon et La Bruyère9, est devenu, à son tour, victime d’un de ces revirements de l’opinion publique qui poussent le droit jusqu’à l’injustice. […] Remarquons, en passant, que, par suite de l’ancienne habitude de jouer la pièce en vers, les acteurs ont eu à surmonter, en cette circonstance, une difficulté qui se présente bien rarement ; ils n’ont pas eu seulement, comme toujours, des rôles à composer et à apprendre : ils ont eu, ce qui est peut-être plus difficile, des habitudes à perdre et des rôles à oublier. […] Jetons un voile sur ces tristes aberrations de goût, et tâchons d’oublier que Fénelon a déclaré l’Avare « moins mal écrit que les pièces de l’auteur qui sont en vers, » et que La Bruyère impute au style de Molière, vers et prose, d’être entaché « de jargon et de barbarisme. » 10.
On oublie que la société française, au xviie siècle, était profondément monarchique, que la nation ne connaît encore que ses rois, ne connaît que le Roi, et les écrivains ne pensent pas autrement que la nation. […] On oublie encore que le xviie siècle est profondément religieux, et en effet, c’est bien à une époque religieuse que peut se produire une œuvre comme Tartuffe, lorsque la dévotion et la crédulité sont arrivées à leurs dernières limites et que le directeur de conscience a toutes ses aises pour imposer sa domination. […] Il ne faut pas que j’oublie de vous dire qu’Arnolphe a passé la quarantaine. […] Nous avons aujourd’hui une école historique qui charge volontiers la Convention de tous les crimes, de toutes les fautes et de toutes les erreurs ; le plus grand reproche que lui fassent les femmes, c’est de les avoir complètement oubliées. […] Il ne faut pas oublier non plus les intentions, les visées moralisantes de notre vieux théâtre, et son sincère désir et sa ferme résolution de réaliser l’ancienne devise : castigat ridendo .
Arnolphe, dans la pensée de Molière, est un homme très digne d’estime, très digne d’affection, dont le seul travers est d’oublier son âge et de croire qu’une fille de seize ans peut aimer un homme de quarante ans. […] Il n’oublie qu’une chose, c’est qu’Arnolphe, se moquant de lui-même, échappe à la moquerie et n’est plus un personnage de comédie. […] À quoi bon inviter les comédiens à ne pas oublier les limites naturelles de leur domaine ? […] S’ils ne saisissent pas ou s’ils oublient l’enchaînement des idées, ils se dédommagent en créant, en exprimant des intentions qui ne s’accordent pas avec la nature du personnage. […] Le Théâtre-Français, il ne faut pas l’oublier, n’est pas seulement un lieu de divertissement : c’est en même temps une institution littéraire.
Il ne faut pas oublier Corneille en cette éclatante manifestation de la comédie et du drame. […] Ce nouveau Parisien nous consolera de la mort de Molière, et la ville, charmée, oubliera, un instant, le divin Poquelin. […] En vain, on les cherche à Paris : Paris, qui oublie assez souvent même la gloire, les a complètement oubliés ; on les cherche en province, on ne les trouve guère plus que les héros du Roman comique ; M. […] N’oublions pas, dans cette galerie incomparable, madame de Valentinois, sœur du duc de Guiche ; mesdames de Créquy, de Châtillon, de La Trémouille, et madame de Lafayette. […] Il oubliait, dans ces divertissements d’un jour, que Molière était railleur du Tartuffe, du Misanthrope, et des Femmes savantes.
Ce n’est qu’une scene de liaison ; d’ailleurs il est à parier que Madame Pernelle n’a pas oublié Tartufe dans le discours qu’elle a tenu à la porte, & il eût été très facile à Moliere de nous le dire. On soutient que la brouillerie & le raccommodement de Valere avec Marianne font oublier Tartufe. […] Ils ont oublié le Glorieux. […] Voilà encore une fois le Glorieux oublié.
Elle lui répondit la lettre suivante, le 15 novembre : « Ne vous alarmez pas de ma dévotion, mon pauvre abbé ; rassurez l’hôtel de Richelieu ; on n’oublie pas dans la solitude des amis à qui l’on en doit tous les agréments. […] Quand elle charge l’abbé Testu de dire à l’hôtel de Richelieu : qu’on n’oublie pas dans la solitude des amis à qui l’on en doit tous les agréments, elle disait une chose sérieuse, qui se rapportait à la grande et belle habitation de Vaugirard, et à l’influence que madame de Richelieu exerçait sur la bienveillance de madame de Montespan et sur celle du roi. […] J’ai oublié de comprendre cette maison entre celles qui étaient ouvertes à la société d’élite.
Il pardonna, mais n’oublia point. […] N’oublions pas de nommer mademoiselle de Scudéry, du même âge que Julie d’Angennes, 17 ou 18 ans.
Loin de passer le médiocre en faveur du beau, on ne l’en juge que plus sévérement, & le mauvais fait oublier le bon. […] Si la scene qui termine l’acte suit des scenes brillantes, elle doit être très courte ; si elle vient après des scenes foibles, elle doit être assez brillante elle-même pour faire oublier au spectateur les défauts qui ont pu le choquer, & pour le laisser dans une espece d’enthousiasme qui contribue à rendre ses réflexions favorables à l’ouvrage. […] Cette scene est courte : elle doit l’être, parceque ne pouvant éclipser celle qui la précede, elle ne doit pas la masquer, & la faire oublier au spectateur.