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5. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

Le monde est plein d’artistes qui font cela tous les jours, sans eau bénite. […] Il lui plaît d’oublier parfaitement que le monde a marché. […] En 1694, le monde supportait encore l’expression nue de la vérité. […] Jugez-vous là-dessus, vous qui prétendez juger le monde !  […] Sa haine du monde n’est point la haine chrétienne, toujours pleine de charité.

6. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

Étudions ces caractères, et quand nous nous serons ainsi formé un idéal, nous chercherons par le monde la femme qui le réalise : nous la trouverons assurément. […] Elle lui reproche son ajustement, son amour du monde, l’éducation qu’elle donne à ses enfants, ses propos les plus innocents. […] Peut-être que la moitié dont j’aurais besoin pour me parfaire n’est plus en ce monde depuis longtemps ; peut-être n’y est-elle pas encore. […] Il n’y met qu’une condition, c’est qu’elle quittera le monde avec lui. […] Mais en homme qui connaît le monde et les femmes, il les a mises aussi quelquefois dans un beau jour.

7. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIII » pp. 237-250

Cette dame, alors âgée au moins de 60 à  ans, d’une santé très délicate, ne voyait du monde que chez elle, et c’est sans doute pour cette raison qu’il en est peu parlé dans les écrits concernant les grandes sociétés de cette époque. […] On n’écrivait que les contrats de mariage ; de lettres, on n’en entendait pas parler. » Vers 1665, parut dans le monde une femme d’un autre genre, moins brillante, mais probablement plus aimable. […]         Propos, agréables commerces, Où le hasard fournit cent matières diverses ;         Jusque-là qu’en votre entretien La bagatelle à part : le monde n’en croit rien.         Laissons le monde et la croyance. […] La maison de madame de Coulanges était ouverte à moins de monde que celle de madame de Richelieu, mais elle recevait une société plus choisie parce qu’elle était moins nombreuse.

8. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Ceci dit, et le portrait à peine achevé, et tout d’un coup, ce monde éclatant, ce monde éternel, s’en va et disparaît dans l’abîme ! […] Elle domine, de sa grandeur, les passions environnantes… à peine si demain, le monde saura le nom de cette Muse ! […] Ainsi va le monde. Le monde n’a jamais que trente-six ans. […] , ne laissant après eux que de faibles traces de ce talent qui agitait le monde !

9. (1686) MDXX. M. de Molière (Jugements des savants) « M. DXX. M. DE MOLIÈRE » pp. 110-125

M. de Molière est un des plus dangereux ennemis que le siècle ou le monde ait suscité à l’Église de Jésus-Christ J’entends ce monde que J. […] Il s’est appliqué particulièrement à connaître le génie des grands, et de ce qu’on appelle le beau monde, au lieu que les autres se sont souvent bornés à celle du peuple. […] C’est par ce moyen qu’il a su réformer, non pas les mœurs des chrétiens, mais les défauts de la vie civile, et de ce qu’on appelle le train de ce monde, et c’est sans doute tout ce qu’a voulu louer en lui le P. […] Il faut avoir une envie étrange de se munir du nom des auteurs graves, et de se donner des garants d’importance, pour vouloir nous persuader par l’autorité de quelques critiques de réputation qui ont eu de l’indulgence pour Molière, que ces vices qu’il a corrigés fussent autre chose que des manières extérieures d’agir et de converser dans le Monde. […] J’entends ce monde que J.

10. (1909) Deux ennemis de la Compagnie du Saint-Sacrement : Molière et Port-Royal (Revue des deux mondes) pp. 892-923

Tous ces gens-là se servent du nom de Dieu pour faire leurs affaires et tromper le monde. […] Sans doute, pour aucun des personnages dont ils nous apprennent qu’il fut question, rien de ce que nous savons de ces personnages ne nous donne le droit d’insinuer qu’ils méritassent le moins du monde l’injure d’une comparaison avec l’imposteur bafoué par Molière. […] Leur but est le même : purifier, réformer, renouveler cette Eglise, et faire « régner » Dieu dans le monde. […] Singlin qui l’atteste : « Vous connaissez aussi bien que moi M. d’Andilly, écrit-il, — sa candeur, son innocence, son intégrité… S’il y a quelqu’un qui pût demeurer innocemment dans le monde, c’était lui, sûrement. Et pourtant, M. de Saint-Cyran croyait qu’il lui manquait encore encore quelque chose, et en mourant il lui a laissé par testament son cœur, à condition qu’il se retirerait du monde.

11. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre II. — De la poésie comique. Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul » pp. 97-110

Le mépris calme du monde est l’âme de son sérieux génie. […] Il protège les sots contre le bourreau comique qui leur enfonce aux applaudissements des sages, ses coups d’épingle dans le corps, et lui arrachant l’épingle, il la plonge agrandie et transformée en glaive de feu dans le sein du bourreau, et dans celui des sages qui applaudissent129. — L’humoriste installe sa propre personne sur le trône130, parce que le petit monde intérieur, plus vaste que le vaste monde extérieur, ouvre à l’imagination un champ infini ; mais s’il élève son moi, c’est pour l’abaisser et l’anéantir poétiquement comme le reste de l’univers. — Il déborde de sensibilité131 : lorsque, planant sur le monde, il se balance dans sa légère nuée poétique, ses larmes brûlantes tombent comme une pluie d’été qui rafraîchit la terre. […] Tantôt elle reflète le monde réel dans sa nudité prosaïque. Tantôt elle reflète le monde artificiel dans sa mensongère élégance. […] Car elle aiguise sur la glace son poignard de Melpomène, et sur la glace la plus dure qui soit au monde, je veux dire la vie raffinée des salons168. — La comédie française n’est qu’une épigramme prolongée169.

12. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Le reste du monde nous regarde comme des gens perdus et nous méprise. […] Le cœur d’Alceste est un trésor encore vierge que le monde n’a pas entamé. […] reprit Jupiter, le monde est donné. […] Dans Racine, tous les héros ont le même langage, le langage idéalisé d’une société d’élite; dans Molière, l’homme du monde parle en homme du monde, et le paysan s’exprime en patois. […] Non, Molière joue le monde tel qu’il est; or dans le monde il n’est pas rare que des enfants indignes soient le châtiment d’un père avili.

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